![[Explicateur] Où en sont les projets de géothermie profonde](https://www.rue89strasbourg.com/wp-content/uploads/2013/06/Geothermie_robinet-770x340.jpg)

En Alsace du nord, le site de Soultz-sous-Forêt est un pilote mondial en matière de géothermie profonde (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Depuis quelques années, Strasbourg est bien décidée à profiter de la chaleur de son sous-sol grâce à la géothermie profonde. Cinq projets de forage font l’objet de demandes auprès de l’État, émanant de deux entreprises spécialisées, ÉS Géothermie et Fonroche. Alors que les enquêtes publiques démarrent dans 6 semaines, la technologie est encore mal connue, voire inquiète certains riverains.
L’Alsace se veut en pointe sur la géothermie profonde : dès 1974, on a prospecté à plus de 3 200 mètres dans le secteur de Cronenbourg, mais le projet a été abandonné en 1980, car la viabilité financière n’était pas assurée face à un pétrole encore relativement bon marché. Depuis 1987, la région accueille une expérience phare à Soultz-sous-Forêts, avec « le programme le plus avancé au monde », à en croire le site internet de ses exploitants, un consortium franco-allemand dont font partie EDF et Électricité de Strasbourg (ÉS).

Les sites de géothermie profonde à haute température dans le Bas-Rhin. Source: DREAL
Après plus de 20 années de recherche et 80 millions d’euros d’investissements, la station produit 1,5 MW d’électricité et 13MW thermiques. Entre temps, des projets ont été déployés ailleurs, notamment en Aquitaine et en région parisienne, où 34 puits alimentent 142 000 logements en chaleur.
Cinq projets en cours dans l’Eurométropole
À Strasbourg, plusieurs projets sont en cours. Des demandes ont été déposées auprès de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), portées alternativement par deux entreprises : Électricité de Strasbourg Géothermie (ESG) et Fonroche Géothermie, dont le siège se trouve à Roquefort (voir le site de la DREAL pour les détails) :
- Groupe ESG : Illkirch-Graffenstaden (haute température) et Mittelhausbergen (basse température),
- Fonroche géothermie : Eckbolsheim, Robertsau, Reichstett/Vendenheim (haute température).
Avec un rendement prévu de 45 GW électriques et 330 GW thermiques par exploitation de géothermie profonde, on est bien loin des 11 000 GW totaux consommés dans l’ensemble de l’Eurométropole. Mais les avantages en termes strictement thermiques sont séduisants, puisqu’il existe déjà des réseaux de chaleur qui fonctionnent aux énergies fossiles, et l’on pourrait notamment utiliser la géothermie pour les Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Des risques de sismicité et de pollution de la nappe ?
L’association Alsace Nature, qui s’est saisie du dossier, apprécie le principe, mais a fait état de ses appréhensions sur les risques et élargit surtout le débat à la politique énergétique en général, comme l’explique le responsable du groupe local d’Alsace Nature dans l’Eurométropole, Christian Ledunois :
« La géothermie profonde a l’avantage de réduire les rejets de CO2, mais elle comporte des risques à cause de la sismicité induite et de l’utilisation d’eau extrêmement salée qui peut polluer la nappe phréatique. Nous nous posons aussi la question du rendement : la géothermie semble efficace pour le chauffage, mais en ce qui concerne la production d’électricité, le bilan est plus mitigé.
L’exploitation d’une source de chaleur en hiver est logique, mais en été, cela l’est beaucoup moins, du coup la géothermie suppose une dépense d’énergie non négligeable pour produire de l’électricité. Mais surtout, nous nous posons la question de l’incitation à la consommation : le développement de sources d’énergies alternatives n’a de sens que dans le contexte d’une réduction générale de la consommation, et pas comme complément aux énergies fossiles. »
« Des technologies plus douces qu’en Allemagne et en Suisse »
Du côté des exploitants, on précise que Strasbourg est le lieu idéal pour déployer la géothermie profonde, en tout cas pour le chauffage. Jean-Philippe Soulé, Directeur de Fonroche, explique :
« D’abord on ne peut pas faire de géothermie partout, mais la plaine d’Alsace s’y prête bien, de par la géologie de son sous-sol. Ensuite, nous rencontrons une attente des collectivités en termes de production de chaleur. Le contexte est donc très positif. Concernant le rendement, il faut raisonner sur une échelle annuelle : en été, le seul intérêt est effectivement l’eau chaude, mais en hiver, plus de 75% de l’énergie primaire est valorisée, ce qui porte le bilan annuel à 50% en moyenne. Nous estimons que la géothermie profonde pourrait répondre à 70% des besoins en chaleur de l’agglomération Strasbourgeoise.
Quant aux risques, notre position est d’utiliser des technologies plus douces qu’en Suisse ou en Allemagne, où les lois sont moins strictes qu’en France. La fracturation hydraulique est interdite en France, alors que c’est ce qui a provoqué les séismes à Bâle. Je comprends que certains riverains soient inquiets, mais, par exemple dans le cas de la Robertsau, j’ai l’impression qu’ils sont contre tout projet. Même si on voulait construire une boulangerie, ils seraient contre ! »
Forte opposition à la Robertsau
Si les projets à Illkirch, Eckbolsheim et Mittelhausbergen ne suscitent pas de franches oppositions, c’est en effet le projet franco-allemand porté par Fonroche à la Robertsau qui fait le plus de vagues et qui porte le débat dans l’arène politique, à commencer par un échange de vues assez vif entre partisans et opposants au projet lors du Conseil municipal du 13 octobre 2014 .
Dûment déposé auprès de la DREAL, et doté d’un soutien financier de 17 millions d’euros de la Commission européenne en cas de réussite au-delà de 5 ans, le projet robertsauvien provoque une forte opposition parmi les riverains, pour la simple raison que le site proposé se trouve au beau milieu du Port aux pétroles, soumis à un PPRT (Plan de prévention des risques technologiques), en vigueur dans cette zone à risque de type « Seveso ».
Fonroche a bien déposé une « étude des dangers » à la DREAL, mais le document se contente d’expliquer que « les installations ne présentent pas des dangers susceptibles d’aggraver notablement les conséquences premières en cas de séisme ». Et même si le document reconnait plus loin que « la sismicité induite reste inhérente à tout projet de géothermie profonde », cela ne semble pas être en contradiction avec le PPRT.
A l’Association de défense des intérêts de la Robertsau (ADIR), on est complètement opposé au projet. Outre les aspects techniques, les membres de l’ADIR déplorent un « déficit de démocratie » à propos de prospections qui sont déjà bien avancées. Sur le site de l’association, on peut lire que « jamais les autorités (préfecture, industriels, mairie, CUS…) ne sont venues devant les citoyens pour exposer (…) un projet dans une zone de PPRT ».
Enquêtes publiques repoussées après les Départementales
L’enquête publique prévue par le code minier a été repoussée après les élections départementales – pour épargner les candidats, glissent certains intéressés – mais la loi ne prévoit qu’un mois de délai pour les consultations. Un peu court pour comprendre, débattre et émettre des objections. Jean-Daniel Braun, ingénieur de formation, en charge du dossier à l’ADIR, ne décolère pas :
« Pour nous, c’est simple : nous considérons que la technologie de la géothermie profonde n’est pas mature et, qu’en l’occurrence, dans la zone du Port aux pétroles, on ne connait pas assez le sous-sol. Fonroche parle de « méthode douce », mais nous craignons par exemple l’emploi de fluides explosifs au contact de l’air ambiant lors du forage. Sans parler des séismes ! On a vu qu’à Bâle et à Saint-Gall en Suisse la géothermie profonde, avec la technique de la fracturation, a provoqué des séismes de 3,5 sur l’échelle de Richter. On veut nous faire croire qu’à proximité du Port autonome, il ne s’agira que de « micro-séismes » grâce à une « méthode douce » ? Ce projet est clairement dangereux ! »
Fonroche soigne déjà ses relations avec les riverains de Vendenheim
Future solution de repli ? Lors d’un séminaire sur la géothermie profonde organisé le 5 février au Centre administratif de l’Eurométropole, par le SPPPI (Secrétariat permanent pour la prévention des pollutions industrielles), Fonroche a fait état d’un nouveau site à explorer à proximité de l’ancienne raffinerie de Reichstett, qui, en fait, se situe sur le ban de la commune de Vendenheim.
Cette semaine, la société Fonroche a déjà organisé une exposition sur le sujet dans les locaux de la mairie de Vendenheim, preuve que l’on tient à soigner les relations avec les riverains. Du côté de la mairie de Vendenheim, on n’a pas encore pris de position officielle sur le dossier. Il est vrai qu’un site de géothermie aurait l’avantage de redynamiser un terrain laissé en friche depuis la fermeture de la raffinerie. Mais, là encore, les risques environnementaux et sanitaires sont à évaluer en détail.
Dans l’Ortenau, la droite contre, les écolos pour
Les Allemands, qui ont pourtant décidé de sortir du nucléaire en 2022, n’en sont pas pour autant devenus des fans inconditionnels de la géothermie profonde. En mai 2014, le conseil municipal de Kehl a décidé de porter plainte au tribunal de Fribourg contre un projet de géothermie profonde dans l’Ortenau (la région frontalière de l’Eurométropole), sur la base de « risques pour les humains et pour l’environnement ». Une décision de justice est attendue pour octobre 2015. Mais le débat est aussi hautement politisé, avec une initiative citoyenne initiée par un élu CDU, tandis que les écolos de Die Grünen considèrent que la géothermie est bel et bien une énergie intéressante pour le chauffage, même si les techniques d’exploitation doivent fournir des garanties de sécurité.
Du côté strasbourgeois, la géothermie profonde arrive enfin sur la place publique. Car, si c’est l’État qui pilote les procédures réglementaires, les autorités locales se positionnent sur le dossier de la transition énergétique dans une ville qui s’est fixé pour objectif de produire autant d’énergie qu’elle n’en consomme d’ici 2050.
L’État rendra sa décision à l’automne
En novembre 2014, le Président de l’Eurométropole, Robert Hermann, avait annoncé dans les colonnes de CUS Magazine la nécessite d’un « contrôle démocratique » et un besoin « de pousser les entreprises à la transparence totale », notamment par la tenue de débats publics. Alain Jund, élu EELV et vice-président de l’Eurométropole en charge de la transition énergétique, insiste lui aussi sur la volonté de lancer un vrai débat, en parallèle des enquêtes publiques officielles menées par l’État :
« Nous avons choisi de mettre en place un comité consultatif, car le préalable au déploiement de l’énergie géothermique, c’est la consultation, le débat, la transparence et le principe de précaution. Le comité compte une cinquantaine de personnes, dont au moins un élu de chaque commune concernée et de Kehl, des scientifiques, des universitaires, des associations de riverains et des associations à vocation plus générale.
Deux réunions ont déjà eu lieu et, en mars, nous allons convier les deux opérateurs, ESG et Fonroche pour discuter ouvertement de leurs projets. En mars aussi, nous allons aussi organiser une réunion commune avec les acteurs allemands à Offenbourg pour discuter de géothermie dans l’ensemble du Rhin supérieur. D’ici mai, nous avons pour objectif de déterminer une position et d’examiner les questions en suspens. Sachant que l’État sera amené à prendre une décision à l’automne suite aux enquêtes publiques. Le calendrier est chargé, mais nous prenons le sujet au sérieux. »
Certaines associations de quartiers souhaitent quant à elles s’emparer du sujet avant les élections départementales. Quant à Alsace Nature, l’association a invité Alain Jund pour un débat dans ses locaux (8 rue Adèle-Riton à Strasbourg) ce mercredi soir, avant le lancement de l’enquête publique. Cette soirée est sur inscription (03 88 37 07 58).
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : comment Strasbourg va profiter de la chaleur de son sous-sol
Sur Rue89 Strasbourg : géothermie profonde, des risquent qui inquiètent à la Robertsau
Sur Rue89 Strasbourg : Eurométropole à énergie positive ? En 2050 peut-être…
Merci pour votre article monsieur et vos commentaires mesdames messieurs.
Dans toutes vos proses, je ressens de la peur, de l'incompréhension
Permettez-moi de vous demander; lorsque vous êtes malade allez vous voir un médecin? Pourquoi? Parce qu'il connait son métier!
J'ai été formé pour comprendre le fonctionnement de la Terre, c'est mon métier.
Au delà de ce projet (que je ne maitrise pas), je vous rappelle qu'il n'existe pas d'énergie renouvelable. Que c'est une expression inventé par les gouvernements pour vous berner et le pire c'est que ça marche.
Composition des panneaux photovoltaïque: cuivre, nickel, fer, plomb .... Comment le re-traitrai?
Composition des pales éoliennes: mélange de fibre de verre, de fibre de carbone, des résines polyester ou de résine d'époxy.
Les panneaux solaires, les éoliennes ont une durée de vie. Comment ferons-nous pour recycler tout ça.
Bref...il y a des gens qui aux prix de leur vie cherche à résoudre les questions énergétiques pour votre petit confort...La Géothermie est une des solutions. Et il y a des sites qui fonctionnent à merveille en France et ailleurs.
Le vrai débat écologique: LA SURPOPULATION.
Rentrer chez vous ce soir, pousser l'interrupteur de votre cuisine, allumer la gazinière, faite chauffer votre soupe...chers opposants, vous n'avez à mes yeux aucune crédibilité, juste le plaisir d'être contre une idée naissante.
Je ne suis et ne serais qu'un pauvre citoyen de la terre mais par pitié laissez moi exercer ma passion.
Mon fils est en Master d'Hydrologie à l'étranger, je me suis dépechée de lui poster votre article, il a confirmé mon sentiment: "Un article à la pointe, toutes les infos essentielles sont là, je n'ai rien à rajouter, tout est dit et parfaitement expliqué",
Donc, deux fois BRAVO !
Les connaissances de votre fils pourraient certainement nous être très utiles. S'il revient bientôt à Strasbourg, peut il prendre contact avec moi? Si non merci de me communiquer son mail sur jd.braun@orange.fr pour que je puisse le contacter.
merci JD Braun
Voir lochwillersesouleve.fr
le risque de la polluer? Pour des sociétés dont le seul but est de faire de l'argent? Sachez qu'aucune assurance ne prendra en charge les dégâts causés par ces forages... Les cas de Landau, Staufen, Bâle, et j'en passe, en sont la preuve, sachez aussi que la société Fonroche n'a aucune expérience en matière de forage géothermique! Informez-vous et réagissez! Nos voisins allemands ont bien compris l'enjeu et se mobilisent, mais si nous autres Alsaciens ne réagissons pas, ce sera en vain puisque nous vivons dans le même espace rhénan !
Aux citoyens de
la planete d'ouvrir les yeix et de reagir.Pensons a nos enfants et sensibilisons les.
En l'occurrence, la réduction du pouvoir de décision à une caste de technocrates, certes très spécialisés mais dont la connaissance du monde est limitée, serait un autre débat indispensable (cf. le dernier livre de Corinne Lepage "L’état nucléaire"). Il le serait d'autant plus que ces Messieurs (parfois ces Dames) tirent de ce pouvoir de décision d'énormes avantages qui influent évidemment sur leurs décisions et peuvent contrer l'intérêt commun. (Il semble que le directeur d'EDF reçoit un salaire annuel de deux millions d'Euros, sans parler d'autres avantages qui sont, eux aussi, considérables.)
Je reviens au directeur de Fonroche (présentée comme "entreprise spécialisée", mais spécialisée en quoi? elle n'a encore jamais fait de la géothermie) qui dit:
"(...) en été, le seul intérêt (de la géothermie) est effectivement l’eau chaude, mais en hiver, plus de 75% de l’énergie primaire est valorisée, ce qui porte le bilan annuel à 50% en moyenne. Nous estimons que la géothermie profonde pourrait répondre à 70% des besoins en chaleur de l’agglomération Strasbourgeoise."
Je ne savais pas que l'hiver en Alsace durait six mois.
Par ailleurs, sur quoi est fondée sa dernière affirmation relative aux "70%" ?
L'article dit: "45 GW électriques et 330 GW thermiques par exploitation de géothermie profonde, on est bien loin des 11 000 GW totaux consommés dans l’ensemble de l’Eurométropole." Ne pouvant pas vérifier ces chiffres et n'étant pas "spécialisé" je me trompe sans doute quelque part, mais 330 divisé par un pour cent de la consommation totale donne 3% des besoins en chaleur de l’agglomération Strasbourgeoise.
330 GW thermiques ne sont pas rien mais ces affirmations me rappellent les chiffres dont on jongle en parlant de la réduction des émissions du CO2 grâce au nucléaire. A l'échelle de la planète cette réduction représenterait, par rapport au charbon, gaz et pétrole, environ 2%. On prend d’énormes risques pour si peu alors que grâce aux ressources renouvelables on arrive déjà à diminuer cette pollution en proportion plus significative?
Je n'aime pas le mépris des habitants de la Robertseau exprimé par le directeur de Fonroche. Ni sa présentation malhonnête de la situation. Il omet de préciser que les habitants de la Robertseau ne contestent pas la géothermie en tant que telle, mais n'acceptent pas son implantation dans une "zone Seveso".
Enfin, pourquoi les collectivités publiques, donc les contribuables, doivent-ils co-financer ces projets dont seule une entreprise privée tirera des bénéfices financiers? Ici encore je peux me tromper car peut-être un partage des bénéfices est prévu (je n'en ai pas entendu parler mais cela ne veut rien dire). Cependant cela me rappelle le cas des autoroutes, financées par l’état mais dont les profits tombent dans l'escarcelle des entreprises privées. Et cela me rappelle, bien sûr, l'industrie nucléaire qui se trouve dans le même cas - même si l’état reste l'actionnaire principal de l'EDF. L’état encaisse une partie des résultats financiers mais il aura payé toute la recherche, a contribué à la mise en place des centrales nucléaires et en cas de catastrophe majeure c'est lui (donc nous) qui aura (aurons) à sa (notre) charge la totalité des ennuis. Même sans une telle catastrophe il devra assumer le coût du stockage des déchets radioactifs qu'aucune entreprise privée ne pourra financer.
Il est grand temps de déniaiser le citoyen de base.
Par ailleurs, vous semblez affirmer que le PS veut fermer Fessenheim ? Vous détenez sans aucun doute un scoop !
Quand au bilan carbone de ce projet, au niveau mondial bien sur c'est un coup d'épée dans l'eau. Une filière peut peut-être voir le jour à l'avenir et venir étoffer le portefeuille du renouvelable, augmentant ainsi l'effort collectif. Néanmoins qu'en est-il de l'impact sur la pollution local ? Rien n'est annoncé mais j'ai encore en tête le pic de pollution de l'hiver dernier où pendant plusieurs jours/semaines, les taux de polluants atmosphériques sont restés très haut à Strasbourg (et toutes les villes de France). Y'a-t-il un intérêt à ce moment ? Pas de données ou de chiffres, dommage ...
Et la balance commerciale régionale ? On oublie trop souvent que la France possède une balance commerciale négative en raison de ses importations énergétiques massives, ce qui grève in fine notre croissance (trop d'argent sort du pays, pas assez n'en rentre). Y'a-t-il un potentiel impact sur la balance commerciale locale via ce type de projet et (en projection selon différents scénarii de développement) au niveau national ? Des chiffres ?
Bref, pleins de questions potentiellement intéressantes qui demande sans doutes des réponses détaillées.
- La gestion du volet "risque" de ce dossier revient bien à la DREAL ? Au regard de mes lectures, j'ai le sentiment que les opposants au projet ne font aucune confiance en la DREAL pour la gestion de ce volet du projet. Pour être en contact régulier avec la DREAL moi-même, j'ai du mal à comprendre pourquoi compte tenu de leur approche (scénario du pire, études de danger, inspection régulière, doubles sécurités, ...) ? On peut ne pas leur faire une confiance aveugle, mais de là à les discréditer totalement ...
- Fracturation hydraulique : là encore à la DREAL de faire respecter les procédures. La synergie DREAL/industriel semble avoir fonctionné pour les forages Ecogi. Et la nuance entre 300 bars et 100 bars, bien qu'utilisant le même outil (pousser de l'eau pour ouvrir des failles), me semble assez différent dans la méthode. Donnez un scalpel à un chirurgien esthétique ou à un garagiste, l'outil sera le même, mais le résultat de son utilisation différent.
- Fluide frigo explosif ou interdit : Si le fluide est interdit sur le territoire de l'UE, aucune chance qu'il puisse être autorisé pour l'usage géothermique. Si le fluide est potentiellement explosif (ATEX), une étude de danger bien mené doit permettre la maitrise efficace de ce risque. Et les arrêtés préfectoraux d'exploitation (si on en arrive là bien sûr) fixeront les obligations à l'exploitant de mettre en application et maintenir tous les moyens de maitrise des risques.
- Financements et risques financier : J'ai cru comprendre que les projets seront en partie cofinancés par un programme européen. Néanmoins il semblerait que la part d'investissement en fond propre de l'exploitant reste largement majoritaire. Le gros du risque financier semble toujours porté par le porteur de projet qui est un opérateur privé en cas de défaillance du projet (ressource insuffisante, incidents qui entraineraient l'arrêt du projet, ...). Par conséquent je ne comprends pas en quoi l'arrêt du projet en cours de route serait à la charge financière du contribuable comme j'ai pu le lire dans certaines parutions.
- CPSE : la CPSE est la charge que nous payons tous sur la facture d'électricité pour couvrir les coûts de rachat des énergies renouvelables. Pensez-vous réellement qu'elle augmentera suite à quelques MW de plus en électricité géothermique ? Sachant qu'à date elle est dû en quasi-totalité aux 10 GW d'éolien et aux 5 GW photovoltaïques, il me semble que l'impact de ces projets sur la CSPE sera une goutte d'eau dans la mer. Si la technologie devait se développer, cependant, j'en conviens les prix de rachat devront baisser. Mais n'est-ce pas le propre de ce mécanisme que d'encourager les filières renouvelables en développement ? Pour baisser le coût de la CSPE (supporté donc par l'usager), on pourrait s'interroger sur le maintien de hauts niveaux de tarifs de rachat pour des technologies qui semblent à présent être matures. Il me semble aussi qu'en leur temps, les développements de l'électricité fossile (charbon/pétrole/gaz) et nucléaire ont aussi bénéficié de divers mécanismes de subventions publiques et privés pour assurer leur développement.
- Géothermie et SEVESO : Ni l'adéquation, ni l'inadéquation des deux n'a a mon sens pu être démontré. Selon le principe de précaution, n'existe-t-il pas des moyens technologiques et opérationnels à mettre en œuvre pour minimiser le risque dans un contexte SEVESO ? Que dire de société comme LANXESS ou la défunte raffinerie qui vive(vivait) littéralement assise sur un baril de poudre et qui semble s'en accommoder tant bien que mal pour l'heure ? Objectivement, des solutions doivent exister pour une cohabitation non ? Ou alors à trouver un site à distance plus importante pour se prémunir du risque d'explosion en chaine. Quant au risque sismique, des notes de calculs basées sur l'état réel (inspection) des cuves à pétroles devraient permettre de statuer ou non sur leur résistance ?
- Quid du gain et de sa mesure ? Il y a beaucoup d'information sur la notion de risque, mais une analyse objective requière de s'intéresser de manière transparente au gain apporté par une telle opération, ceci afin de juger si le jeu en vaut la chandelle ? (quel impact sur la pollution atmosphériques, l'emploi local, le coût de la chaleur revalorisé pour l'utilisateur final, etc ...). Il est dommage que la notion de risque, bien que d’importance indiscutable, prenne à outrance la part sur la notion de gains et étouffe le débat.
Je pense faire partie de ceux qui demandent à avoir un débat plus posé et équilibré, là ou pour l'heure il semble y avoir un affrontement entre promoteurs et détracteurs au projet (dont l'impartialité des discours des uns et des autres peut être remis en question) avant de pouvoir se forger une opinion.
Espérons que le démarrage des enquêtes publiques et les communications qui semblent se mettre en place apporteront un peu de clarté à un sujet qui le mériterait bien ! Rappelons tout de même l’enjeu stratégique pour la France de développer son autosuffisance énergétique et de réduire son emprunte carbone. La géothermie est peut-être l'un des outils pour y arriver (ou pas). Mais ne lui fermons pas d'emblée la porte sans lui avoir donné une chance de faire ses preuves. Les propos sur-optimiste et sur-anxiogènes ne sont pas de nature à alimenter un débat sain.
Bref, un dossier à suivre dans les prochains mois assurément pour un citoyen moyen qui souhaite se forger une opinion !
Le négoce d'eau minérale va se développer, au cas possible de pollution de la plus grande nappe phréatique de France.
Peut-être partagerais-je ensuite votre position.
Lorsque Mr Soulé parle du bassin aquitain et de la région parisienne, il oublie de dire que la situation géologique est tout à fait différente. Il s'agit de pomper l'eau dans des bassins sédimentaires et non de créer une circulation dans des failles de granit comme dans la vallée du Rhin.
Prétendre que le projet à Bâle a utilisé la fracturation hydraulique est l'un des exemples d' amalgames trompeuses. Les techniques utilisées sont similaires à celles que comptent employer Fonroche et ES à Strasbourg. Ils promettent simplement de limiter la pression de stimulation à 100 bars, alors qu'a Bâle et Landau la pression est montée jusqu'à 300 bars en tête de puits. Mais si ,comme à Cronenbourg, le débit d'eau est insuffisant, qui empêchera les opérateurs, pour sauver leur investissement de plus de 10 millions d'€, (le premier forage) d'augmenter la pression.
Je me suis certainement mal exprimé, mais je n'ai pas parlé de fluide explosif au cours du forage, mais pendant l'exploitation. En effet le fluide frigorigène qui circule dans le circuit secondaire, annoncé par Fonroche, est soit interdit dans l'UE pour l'un, soit hautement explosif mélangé avec de l'air à une pression supérieure à l' atmosphérique pour l'autre.
La production d'une centrale est prévue à 5MW électrique et 30 MW thermique. A Soultz la production électrique n'atteindra que 1.5 MWe avec le débit obtenu après des mois de stimulation des failles.
Les opérateurs potentiels comptent sur l'incompréhension des citoyens pour les techniques utilisées pour faire passer des projets qui n'ont pour seul but que de leur permettre d'engranger des bénéfices, financés par les subventions publiques et la contribution aux charges du service public d'électricité payée pour chaque KWh consommé par chacun d'entre nous.
Les scientifiques s'accordent pour dire que les phénomènes induits ne sont pas encore parfaitement connus et que la technique est non mature. Peut-on accepter que les citoyens assument les risques qu'aucune assurance européenne n'accepte de couvrir?
La puissance est donc de 6MWe (e pour electrique) et 32MWth (th pour thermique) et la production de 45 GWhe (h pour heure et e pour électrique) et de 330 GWh th (h pour heure et th pour thermique)
http://www.connaissancedesenergies.org/on-consomme-des-kw-120228
En bref une puissance s'exprime en Watt, symbole W en majuscule car cela dérive d'un nom propre.
Et une énergie en Joule, symbole J, ou une unité secondaire comme le kWh, MWh ou GWh. C'est le produit d'une puissance par une durée. Et pas non plus kW par heure comme on le trouve aussi parfois.
Pour avoir une idée des ordres de grandeur, une tranche de la centrale nucléaire de Fessenheim délivre une puissance de 900 MW, avec un potentiel de production annuel de 900 x 8800 heures = 7920 GWh. Ce qui est cohérent avec une consommation annuelle de 11000 GWh de l'Eurométropole.
Enfin un rendement est toujours exprimé sans unité.
La phrase "Avec un rendement prévu de 45 GW " doit sans doute se lire "Avec une production potentielle de 45 GWh électrique". C'est en ligne avec la puissance de 6 MW. Mais si même la DREAL se prend les pieds dans le tapis où va-t-on ;-)