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Au forum de bioéthique, on va poser la question de la mort de la mort

Du lundi 30 janvier au samedi 5 février, le Forum européen de bioéthique de Strasbourg s’intéresse à l’évolution du genre humain, accélérée grâce aux technologies. Les robots vont prendre une place dans notre société, mais laquelle ? Faut-il augmenter les capacités du corps humain par l’adjonction de mémoires ou de muscles artificiels ? Et puis que faire avec la mort ?

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Au forum de bioéthique, on va poser la question de la mort de la mort

Les technologies progressent vite, plus vite que le temps nécessaire à l’Humanité pour réfléchir à leurs conséquences. Mais il y a quand même des espaces, rares, ou ces enjeux sont questionnés, débattus, et le Forum européen de bioéthique à Strasbourg (Febs) en fait partie. Comme chaque année depuis sept ans, le Febs colonisera l’Aubette, place Kléber, dont les salles seront pleines à craquer du lundi 30 janvier au samedi 4 février, pour évoquer le futur et ses conséquences pour le genre humain.

Pour Nadia Aubin, directrice du Febs, cet engouement est le signe que des conférences similaires devraient se dérouler ailleurs et plus souvent :

« À ma connaissance, nous sommes les seuls à proposer chaque année une réflexion globale sur la bioéthique ouverte au public. Il existe de nombreux forums réservés aux professionnels, de la santé par exemple, mais le grand public est tenu à l’écart de ces discussions. Notre objectif est justement l’inverse, nous voulons que les débats soient posés, que les enjeux soient discutés et que chacun puisse se faire son opinion. »

Les organisateurs du Febs ont souvent été accusé de partialité, d’avoir des motifs cachés ou de rouler pour un courant… Nadia Aubin s’en défend :

« Nous invitons régulièrement des gens avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, ni moi ni même l’ensemble du conseil d’administration. Il arrive que ces personnes ne participent pas à nos débats, mais ce n’est pas de notre fait ! Bien souvent, elles sont invitées mais refusent de venir se confronter à leurs contradicteurs et préfèrent le confort de leurs discours devant des parterres de fans. Nous pensons que la bioéthique est trop sérieuse pour que les débats soient confinés. Notre seul objectif, c’est l’information du public. »

Les transhumanistes en guest-stars

Cette année, les invités chargés de mettre un peu de piquant dans les débats sont les « transhumanistes ». Ce courant de pensée verrait d’un bon oeil que les innovations technologiques pallient les faiblesses organiques du genre humain. Pour eux, aucun problème à ce que notre mémoire soit téléchargée dans des corps artificiels… Elle pourrait ainsi être… immortelle. Science-fiction ? Pas tant que ça. Les technologies progressent tellement vite que pour Catherine Dufour, auteur de science-fiction, le genre a perdu son pouvoir prédictif. Elle fait partie de la cinquantaine d’intervenants qui participeront au Febs cette année.

L’association française de transhumanisme (AFT), dont Rue89 Strasbourg vous avait déjà présenté l’unique membre alsacien, sera également présente, notamment via son président Marc Roux, mardi. C’est en soit un événement, les membres de l’AFT goûtent peu l’exposition et rechignent à décortiquer en détail les conséquences de leurs options pour le futur de l’humanité.

Un futur connecté, en réseau

Pour le Pr Israël Nisand, cofondateur du Febs, il ne faudrait pas réduire les discussions sur le futur du genre humain au transhumanisme :

« L’humanité n’est plus la même depuis que l’homme cuit ses aliments… La transformation est constante. Sauf qu’elle s’accélère depuis quelques années, il est important d’en évaluer les conséquences dès aujourd’hui, pour nos enfants. Et ça va au delà du corps, c’est pourquoi nous parlons plutôt de « post-humains » que de « trans-humains ». Ainsi par exemple, un réseau de chercheurs a été mobilisé à l’échelle de la planète pour résoudre un problème. Ce fût une première mais on imagine vers où cette production intellectuelle mondiale peut nous mener… »

Comme chaque année, la mort sera invitée, avec le lot de questions infinies qu’elle suscite. Sauf que cette fois, il s’agira de poser la question de la mort de la mort. Vaste programme qui pourrait sembler anecdotique… si les géants américains de la Silicon Valley ne dépensaient pas des milliards de dollars sur cette question. Et eux, s’ils se posent des questions, elles ne sont pas publiques.

Tous les débats ont lieu à l’Aubette pour des raisons de sécurité. Mais ils seront retransmis en direct sur Rue89 Strasbourg.

Rue89 Strasbourg est partenaire du Festival de bioéthique.


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