
Le député de La France insoumise François Ruffin a créé l’événement mercredi en venant encourager les opposants au Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, le jour où étaient étudiés des recours juridiques importants contre le projet d’autoroute. Il repart en promettant de parler du dossier aux autres députés de sa famille politique, pour nationaliser voire européaniser le débat sur le transport des marchandises par la route.
François Ruffin (La France insoumise) a fait l’aller-retour à Strasbourg mercredi 19 septembre et en particulier sur les collines de Kolbsheim, en surplomb de l’ancienne forêt et Zad du Moulin, désormais rasée. Pour la première fois un député non-alsacien, s’est intéressé au dossier du Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) de Strasbourg, ce projet d’autoroute payante de 24 kilomètres, dont les travaux ont débuté ce mois-ci.

François Ruffin a d’abord encouragé les opposants au GCO devant le tribunal administratif, avant d’aller à Kolbsheim. (Photo Abdesslam Mirdass)
Prise de connaissance récente
Vers 10h, il est arrivé devant le tribunal administratif au moment où débutait un double recours en référé. Avenue de la Paix, il a encouragé la centaine de manifestants restés devant les grilles : « Ne baissez pas les bras. Parfois, les victoires surgissent au moment où on s’y attend le moins. Cette bataille, vous pouvez la gagner. »
L’élu picard a appris l’existence du GCO avec l’évacuation de la zone à défendre : « Je l’ai appris à la radio, je ne suis ni plus bête, ni plus malin qu’un autre. Et on m’a écrit sur mon adresse e-mail à l’Assemblée. Je n’ai pas une cartographie de tout ce qui passe en France. Je peux intervenir plus en amont sur des dossiers plus près de chez moi, car je suis plus vite informé », a-t-il répondu à Rue89 Strasbourg plus tard dans la journée.
Au-delà de ce mot d’ordre général, il a salué, une fois n’est pas coutume, l’action d’une députée de la majorité, Martine Wonner (LREM), qui s’oppose fortement au projet d’autoroute payante.
À l’écoute d’opposants dans les champs
Il est ensuite allé à Kolbsheim, village symbole de la résistance au projet. Le journaliste fondateur de Fakir a le sens de l’événement. Assis sur un banc dans un champ et avec une table, il a écouté un à un les opposants qui souhaitaient s’exprimer. Ce qu’il a appelé « commission d’enquête officieuse et décentralisée » est filmé et diffusé en direct sur sa page Facebook. Pendant plus d’une heure, il a pris des notes et écouté des opposants et non les promoteurs et concepteurs du projet.
« Mes petits enfants l’appelaient la forêt des dinosaures », lui raconte avec émotion une habitante de 65 ans, « choquée » par l’intervention policière. En contrebas, on entend les tronçonneuses. « Venir sur place permet de faire la différence entre des mots écrits sur une feuille, et des visages et paysages », commente par la suite le député.

Comme tout journaliste, François Ruffin sait écouter longuement des opposants à une cause (photo JFG / Rue89 Strasbourg)
L’Europe des camions
D’un point de vue plus politique, le dossier est selon lui un symptôme de la question du transport des marchandises dans « l’Europe des camions ». Un débat que doit avoir tout le continent selon lui, en prenant en compte les contraintes écologiques :
« Je dis parfois qu’il faudrait mettre un camion au milieu des étoiles du drapeau européen. Les camions sont un mode de transport pas cher qui éloignent les lieux de production des lieux de consommation. Au train, on fait payer le prix du rail, c’est pour cela qu’il n’est pas compétitif. Le prix de la route est externalisé, pourtant un camion abîme la chaussée des milliers de fois plus qu’une voiture. »
François Ruffin a indiqué qu’il reviendra peut-être, « si je peux être utile ». « C’est moi qui compte sur vous. Quand vous manifestez, cela nous donne un porte-voix dans l’hémicycle », a conclu celui qui compte désormais sensibiliser les 16 autres députés de La France insoumise au GCO.
A travers la lutte contre le GCO, refuser l'Europe des camions semble le bon combat. Cette cause est un enjeu majeur pour la transition écologique.
La logistique contemporaine est le bras armé d'une économonie extractive et "liquide" car sans ancrage territoriale. Les acteurs prennent et partent sans le souci des personnes et du patrimoine que représente un territoire.
La logistique contemporaine permet aux acteurs économiques de fuir leur responsabilité sans assumer leurs impacts sur le climat et les ressources.
La logistique contemporaine ruine/freine les efforts pour relocaliser des activités dans les territoires et éviter l'hyper concentration métropolitaine avec toutes ses conséquences sur l'accès au logement, les déplacements et la qualité de vie.
La logistique contemporaine est aussi l'ennemie du développement des circuits courts illustré par les AMAP mais qui recouvre aussi une industrie avec des process moins polluants, "low tech", parfois moins performant mais responsable car ancré et non tributaire du "toujour plus grand".
Merci François Rufin
:)