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« Contre le GCO, un paysan parle aux paysans »

Agriculteur à Meistratzheim, producteur de céréales, de pommes de terre, de maïs et de luzerne, ainsi que président de la coordination rurale du Bas-Rhin, Paul Fritsch appelle les agriculteurs à manifester samedi dans les rues de Strasbourg contre le Grand contournement ouest (GCO). Ce projet d’autoroute payante de 24 kilomètres est aujourd’hui en sursis.

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« Contre le GCO, un paysan parle aux paysans »

Samedi 30 septembre 2017 à 14h, j’invite tous les paysans à venir manifester à Strasbourg pour le maintien de nos terres nourricières, quelle que soit leur étiquette syndicale, car la préservation du foncier est l’affaire de tous.

Nous ne sommes pas toujours opposés aux grands projets qui entraînent une artificialisation de terres agricoles, pourvu qu’ils soient réellement utiles. Ce n’est pas le cas du Grand Contournement Ouest (GCO – voir tous nos articles) de Strasbourg qui est contre-productif.

Je compte donc samedi sur une profession agricole unie pour empêcher que 300 hectares soient retirés définitivement à l’agriculture. Tous unis ! Et comment pourrait-il en être autrement ?

Double, voire triple peine !

Ces terres sont parmi les meilleures d’Europe, sans compter les terres destinées aux compensations environnementales, et sans préjudice des plans d’urbanisation futurs !

Ce bétonnage aura un impact désastreux sur les espaces naturels et la biodiversité. On peut notamment penser au Grand Hamster. De nombreux agriculteurs, dont moi, se sont engagés en faveur de sa protection, en cultivant de la luzerne par exemple. Tous ces efforts seraient réduits à néant ? Impensable ! Et que penser des pollutions sonores, atmosphériques et visuelles engendrées par cette autoroute ?

Le GCO va être un appel d’air pour toujours plus de camions, et encore plus de produits agricoles venus d’ailleurs, avec des normes et des conditions de production venues elles aussi d’ailleurs…

Quel intérêt ont le agriculteurs à voir le GCO se faire se demande Paul Fritsch ?
(Photo Public Domain via Visual Hunt)

À l’heure du local

À l’heure du produire local, du consommer local, du recycler local, comment des paysans pourraient-ils accepter ce gaspillage de foncier agricole local si précieux ? Comment accepter que l’on facilite le va-et-vient de nourriture alors que de nombreux paysans alsaciens peinent à gagner leur vie ? Veut-on des paysans sans terre ? Comment accepter que l’on détruise les paysages que les paysans ont contribué à façonner et entretenir, et qui sont pourtant une des richesses de notre région ?

Sauvegarder des surfaces agricoles, sur lesquelles travaillent et vivent des paysans et leurs familles, c’est maintenir un tissu rural vivant, des emplois (1 agriculteur = 7 emplois induits), des commerces, des écoles, etc. C’est ce qui fait l’attractivité de nos villages et notre territoire. Maintenir des services locaux, c’est maintenir un équilibre rural et c’est aussi limiter les déplacements !

Des enjeux cruciaux

La perspective des remembrements ou de l’adduction d’eau dans le Kochersberg ne devraient pas faire perdre de vue à certains les priorités et l’intérêt général. En effet, préserver nos terres agricoles est un enjeu économique, environnemental… et stratégique !

Même si le rythme semble heureusement avoir ralentit ces 5 dernières années, la France perd encore trop de surfaces agricoles pour se permettre de continuer.
Et ce d’autant plus que les surfaces prises à l’Agriculture ne lui sont jamais rendues…

Pour nourrir la population, il faut des terres

La population a besoin, et demande, une agriculture de qualité. Et mon métier, c’est de nourrir la population. C’est un noble métier, mais pour l’exercer, j’ai besoin de surfaces à cultiver. La souveraineté alimentaire ne devrait pas être sacrifiée au profit d’intérêts obscurs et particuliers.

Samedi, je manifesterai donc aux côtés de mes collègues, au volant d’un tracteur des années 70, un tracteur d’un autre temps pour faire barrage à un projet autoroutier d’un autre âge.


#agriculture

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