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Le journaliste strasbourgeois Gaspard Glanz arrêté à Paris, en marge de la manifestation des Gilets jaunes

Alors qu’il couvrait l’acte XXIII des Gilets jaunes à Paris, le journaliste indépendant Gaspard Glanz a été arrêté par les forces de l’ordre, puis présenté à un procureur lundi. En attendant son jugement, il lui a été interdit d’être à Paris les samedis et le 1er mai. Gaspard Glanz a été collaborateur de Rue89 Strasbourg pendant quelques mois.

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Une manifestation a eu lieu à Paris lundi devant le commissariat où Gaspard Glanz a été détenu (Photo Helena Berkaoui)

Journaliste indépendant et fondateur de Taranis News, Gaspard Glanz a une nouvelle fois été arrêté par la police samedi 20 avril, alors qu’il couvrait la manifestation des Gilets jaunes à Paris.

S’estimant visé par un tir de grenade, comme d’autres journalistes particulièrement visés par les forces de l’ordre ce jour-là, Gaspard Glanz est allé à la rencontre des policiers pour demander des explications. Mais il a été interpellé et placé en garde à vue pour « participation à un groupement en vue de commettre des violences ou des dégradations » et « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique, » en raison d’un doigt d’honneur qu’il a brandi face à des policiers. Lundi après-midi, il a été présenté à un procureur de la République qui lui a signifié qu’en attendant son jugement, le 18 octobre, il faisait l’objet d’une mesure de restriction lui interdisant d’être à Paris les samedis et le 1er mai.

Un autre journaliste, Alexis Kraland, a également été arrêté samedi puis relâché dans la soirée. Dans un communiqué, le SNJ-CGT a estimé que le pouvoir cherchait « à intimider les journalistes en les empêchant d’informer les citoyens de ce pays. » Le SNJ s’alarme de son côté que 62 atteintes des forces de l’ordre contre des journalistes ont été relevées depuis le début du mouvement des Gilets jaunes.

Gaspard Glanz, sur le front social depuis 2005

Né à Strasbourg le 22 avril 1987, Gaspard Glanz s’est fait connaître à l’occasion des manifestations contre le CPE. Alors lycéen, il mène la contestation entre 2005 et 2006 contre cette réforme du gouvernement avec un certain succès, notamment au lycée des Pontonniers où il est scolarisé. Le 4 avril 2006, une manifestation devant ce lycée est particulièrement tendue et des insultes fusent, Gaspard Glanz est poursuivi pour insultes et menaces de mort, il sera condamné à une amende de 500€.

Après ses études à Rennes, Gaspard Glanz fonde Taranis News et débute sa carrière de journaliste indépendant. Il filme et diffuse des vidéos sur Youtube avec un talent certain pour être au bon endroit lors des manifestations les plus tendues. Il sera en première ligne lors de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes et dans la jungle de Calais, ce qui lui vaudra l’ire des policiers qui sont parvenus à l’écarter de la zone avec une mesure d’interdiction du département.

Déjà gardé à vue alors qu’il filmait

Gaspard Glanz a collaboré avec Rue89 Strasbourg, Rue89 national et Reporterre ainsi que pour de nombreuses chaînes de télévision. En 2015, alors qu’il filmait une action de militants contre l’évasion fiscale à Strasbourg, Gaspard Glanz s’est déjà fait arrêter par la police, et placé en garde à vue pendant 24 heures, sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui… Une méprise initiale qui a été transformée en punition parce que déjà, Gaspard Glanz avait le don d’énerver les policiers.

En 2016, Gaspard Glanz a découvert qu’il faisait l’objet d’une « fiche S » comme il l’explique à Streetpress, un dispositif normalement réservé aux personnes soupçonnées de radicalisation islamiste, de terrorisme ou membres de la « mouvance anarcho-autonome » comme disent les policiers. C’est sous cette dernière qualification qu’est signalé Gaspard Glanz…

Une manifestation a eu lieu à Paris lundi devant le commissariat où Gaspard Glanz a été détenu (Photo Helena Berkaoui)
Une manifestation a eu lieu à Paris lundi devant le commissariat où Gaspard Glanz a été détenu (Photo Helena Berkaoui)

Son père, Éric Glanz, a mis en ligne une pétition sur Change.org pour exiger que son fils soit libéré et que soit retirée sa fiche S. À l’heure de publier cet article, la pétition compte 17 000 signatures.


#violences policières

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