

Les coureurs français s’élancent vers l’Allemagne lors du marathon de Strasbourg. L’inverse est moins vrai (Photo Office des Sports de Strasbourg)
13 des 42,195 kilomètres du marathon de l’Ortenau se courent en Allemagne. Mais seulement 6% des coureurs étaient allemands en 2014. Comment l’expliquer ? Le certificat médical, exigé en France, est un document inconnu outre-Rhin. Le ministère des Sports reste inflexible.
Le marathon de l’Eurodistrict, souvent appelé marathon de Strasbourg, permet une expérience unique. Partir de la rue des grandes Arcades, traverser la passerelle Mimram, longer le Rhin côté allemand vers le sud pendant 13 kilomètres, avant de traverser le pont Pfimlin et retourner place Kléber en passant par la forêt d’Illkirch-Graffenstaden puis Ostwald. 42,195 kilomètres à courir seul, en relais à deux, voire à six (Ekkiden).
Ce seul marathon binational au monde est la meilleure vitrine de l’Eurodistrict, un groupement de 107 communes autour de Strasbourg et de Kehl, créé en 2005, puis renforcé en 2010, mais dont les attributions restent obscures.
Mais voilà, il s’agit de la quatrième édition et l’organisateur, l’association des courses de Strasbourg-Europe (ASCE), peine toujours à convaincre les voisins allemands d’enfiler shorts et baskets le dernier dimanche d’octobre. En 2014, 1 038 courageux ont participé au marathon et un peu plus aux relais en Duo et en Ekkiden. Au marathon, seule une soixantaine de participants étaient allemands. Cette année, l’organisation table sur une augmentation de 15 à 20%, vu le nombre d’inscriptions enregistrées au 13 octobre. Mais la proportion de coureurs d’outre-Rhin devrait être identique.
Le marathon de l’Eurodistrict 2014 filmé avec un drone
39% de coureurs non-alsaciens, 5% d’étrangers mais seulement 60 Allemands
Pourtant, la grande course attire 39% d’athlètes hors d’Alsace, dont 12% d’étrangers en 2014, avec davantage de Belges et de Luxembourgeois, que d’Allemands. L’essor nouveau du « tourisme sportif » réjouit d’ailleurs les hôteliers strasbourgeois. Les vacances de la Toussaint étant une période creuse.
La raison de ce désintérêt est plus simple. En Allemagne, les participants à un événement sportif s’engagent à concourir « à leurs risques et périls ». Alors quand ils veulent s’inscrire à Strasbourg et qu’on leur demande un certificat médical obligatoire daté d’il y a moins d’un an, c’est un peu ein Kulturschock comme on dirait de l’autre côté du Rhin.
Quand bien même l’organisation a mis sur son site un formulaire type, la démarche surprend le coureur non-averti, qui n’a pas l’habitude de demander à son médecin s’il est capable de courir, marathon on pas, compétition ou non. Un organisateur explique aussi la situation par des médecins allemands un peu réticents à signer un tel document :« Si malgré le certificat, un coureur a un accident, l’athlète pourrait très bien se retourner contre son médecin. C’est aussi culturel. »
En France, la signature d’un certificat est rarement accompagné d’un test médical approfondi. Valable un an, un accident après sa signature ne remet pas en cause sa validité. Mais cela permet aux organisateurs de se décharger de poursuites, quand bien même les accidents sérieux sont rarissimes.

A quelques rues près, le parcours du marathon est identique à 2014 : 13 kilomètres en Allemagne et 29 en France, toujours dans l’Eurodistrict. (doc remis)
Moins de supporteurs et bénévoles
Sur le bord de la route, moins de participants allemands se traduit par moins de supporters et de bénévoles allemands. À deux semaines de l’épreuve, l’organisation cherche encore une quarantaine de bénévoles sur 80 pour la partie allemande (400 au total). Côté média, on ne compte qu’une radio allemande partenaire, contre une télévision, une radio et un journal en France.
Malgré des législations différentes, les secours se sont, eux, répartis les kilomètres sans problème : la Croix Rouge et la Croix Blanche assurent les kilomètres français, quand la Bergwacht Schwarzwald s’occupe du tronçon allemand. Pour l’ASCE, tous leurs interlocuteurs allemands pour l’organisation sont « très sérieux et efficaces ».
Au mois de mai, la course des trois pays dont le semi-marathon se court entre la Suisse, la France et l’Allemagne ne connait pas cette barrière à l’entrée du certificat médical. L’arrivée et le départ comme les organisateurs sont suisses et les nationalités des participants plus équilibrées. « La France est un peu une exception culturelle », soupire Claude Schneider, président de l’ASCE, qui aimerait une dérogation pour cette course. En 2014, le maire de Strasbourg Roland Ries (PS) avait envoyé une lettre dans ce sens au Ministère de la Jeunesse et des Sports. En vain.
La lettre de Roland Ries au ministère des Sports en 2014
Pour le Ministère de la Jeunesse et des Sports, il n’a pas été possible de donner suite à cette demande, marathon binational ou pas, la règle est la règle :
« Le point de départ et l’arrivée étant à Strasbourg, cette course est considérée comme une manifestation se déroulant sur le sol français. De ce fait, elle est soumise aux dispositions du code du sport. Cependant, le certificat peut être délivré par un médecin étranger notamment dans sa langue d’origine à la condition que sur celui-ci figure clairement les nom, prénom et adresse professionnelle du médecin. »
Pour les allemands traduisez : Papier und Ordnung bitte ! Pas de dérogation à l’horizon.

Le départ et l’arrivée se déroulent rue des Grandes Arcades à Strasbourg. La course est donc considérée de droit français, ce qui pose des soucis aux Allemands pour s’inscrire (Photo Office des sports de Strasbourg)
Vers un certificat médical universel
Le ministère ajoute que pour aller vers un assouplissement, le Sénat a voté un amendement le 6 octobre pour que les certificats soient universels, autrement dit qu’un même certificat puisse servir à l’ensemble des disciplines sportives. L’allongement de sa validité avait aussi fait débat. Reste que pour les Allemands, il faudra toujours faire un papier, ce qui ne devrait pas beaucoup changer la proportions d’inscrits au marathon de l’Ortenau.
Les journalistes allemands semblent un peu étonnés. La situation est connue depuis la première édition et les progrès prennent du temps. « C’est le rôle d’une collectivité comme l’Eurodistrict de faire remonter ce type d’information, mais changer les lois prend du temps », répond la nouvelle secrétaire générale Anika Klaffke.
Pour renforcer la dimension franco-allemande de l’événement, souhait partagé des organisateurs et sponsors, Joachim Parthon, directeur de la Sparkasse, devenu un sponsor principal avec la Caisse d’Épargne, propose d’un peu modifier l’organisation à l’avenir :
« Peut-être faudrait-il faire le départ en Allemagne une année sur deux. »
D’autres pistes sont à l’étude pour rééquilibrer les nationalités comme d’organiser les inscriptions par le biais d’un club sportif de Kehl. Quelques jours après un discours commun d’Angela Merkel et de François Hollande au Parlement européen, la construction européenne se heurte encore à beaucoup de détails administratifs sur le terrain.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Où courir à Strasbourg
Sur Marathon Strasbourg : le site web du marathon de l’Eurodistrict
http://niagarafallsmarathon.com/on-course/
Il y en a sans doute d'autres...
Un départ sur le pont coté allemand serait sans le doute le plus simple pour contourner l'obligation du certificat médical.
Visiblement, la nationalité de l'association organisatrice prime sur le lieu de départ, mais les interprétations divergent.
"dont 5% d’étrangers "
Faut pas retirer mon post, mais corriger votre coquille....
A noter que cette proportion est plus basse pour les DUO et l'Ekiden (environ 1200 participants au total) où chaque membre doit avoir un certificat.
Je constate cependant que le trajet 2015 passe à nouveau par la réserve naturelle d'Illkirch, alors que les manifestations sportives y sont normalement interdites.
Il est dommage qu'aucune alternative n'ait été trouvée (cherchée ?) pour éviter ce secteur et qu'un "passe droit" soit encore accordé à l'organisateur, mais cela personne n'en parle...
Strosburi, Melhuse, Wisseburi, Tsavere...
Pas vraiment allemand n'est-ce pas?
Vous êtes sur que vous comprenez l'alsacien...et l'allemand ?
Strasbourg (Strassburg) vient de l'allemand, Mulhouse (Mülhausen/Mühlhausen) vient de l'allemand, Wissembourg (Weissenburg) vient de l'allemand, Saverne (Zabern) vient de l'allemand, en gros quasiment tous les toponymes viennent de l'allemand, où est le problème, qu'est-ce qui vous chatouille là-dedans ?
D'ailleurs comment prononcez-vous la place Broglie ? Pour moi c'est la place Breuil, comme disaient mes parents, grands-parents et arrières-grands-parents. N'en déplaisent aux nombreux enseignants de "l'intérieur" qui s'échinaient à nous corriger.
Pour moi, l'alsacien n'a ni à être francisé, encore moins germanisé.
Oui je parle comme le bec m'a poussé. Et je n'en tire ni honte ni gêne.
Je sais, c'est plutôt brutal, mais ça aussi c'est alsacien.
Je m'arrête là, nous nous éloignons du sujet... Sans rancune