Mike Messager n’était pas devant le tribunal correctionnel de Strasbourg ce mercredi 26 mai. L’organisateur de nombreuses manifestations contre le projet de loi « Sécurité globale », fin 2020, s’est porté malade, certificat médical à l’appui. Depuis près de deux mois, « Mike en colère » attendait son procès avec crainte. Il savait son dossier délicat. Son casier judiciaire compte déjà huit mentions, dont une pour provocation à la haine dans un stade et une autre pour vol avec violence. Contacté la veille de l’audience, le militant Gilet jaune tentait de rester positif : « Pour mon avocate, je ne vais pas en prison. »
« On déchire tout sur notre passage »
Mercredi vers 8h30, le tribunal choisit de débuter son audience avec les affaires de Mike Messager et de son ancien compagnon de lutte Mathias C.. Le président du tribunal, Philippe Schneider, rappelle les propos incriminés, tenus par les militants Gilets jaunes lors de deux vidéos tournées en direct et publiées sur Facebook le 18 janvier et 2 février 2021 :
« Amène tout ce que tu veux, mortiers, cocktails molotov, bombes artisanales, torches… on pète tout ! 20 février, le mot d’ordre c’est vengeance ! N’oubliez pas, le 20 février, tout ce qui est Police, fachos, toute cette merde là… on la baise ! Et tout ce qui est institutions, Parlement européen, Cour européenne des Droits de l’Homme, Conseil de l’Europe, Banque de France, Mairie, Préfecture (…) tout ça… on déchire tout sur notre passage. »
Dès le 29 janvier, une enquête préliminaire est ouverte et vise Mike Messager : « L’individu connu des services de police et de la justice (…) serait susceptible d’appeler les internautes, en particulier via le réseau social Facebook, (…) à venir armés lors d’une manifestation prévue le 20 février 2021 à Strasbourg. »
« C’est une menace pour l’État de droit et la démocratie »
Dans son réquisitoire, la procureure de la République, Marie-Claude Weiss, a dénoncé des « propos lâches, dangereux et inadmissibles. Le danger, c’est la provocation. Des personnes peuvent prendre au pied de la lettre cet appel à réduire Strasbourg en cendres. (…) Aujourd’hui, plus personne n’hésite à tirer des mortiers sur les policiers. C’est une menace pour l’État de droit et la démocratie. » Invoquant la situation récidiviste de Mike Messager, notamment sur « l’appel à la haine », elle a requis 18 mois de prison ferme pour le meneur des « citoyens en colère ».
La défense de Mike Messager a tenté de démontrer la nullité de la procédure. Me Sendegul Aras a ainsi soulevé des vices de formes lors de la garde à vue et la saisie des vidéos incriminées. Ces conclusions ont été rejetées par le tribunal. Me Aras et Me Mohamed Aachour, conseil de Mathias C. a plaidé pour une condamnation plus proportionnée :
« Les propos haineux d’Éric Zemmour ne lui ont jamais valu de prison. Et vous voudriez que les gens comprennent que mon client soit condamné ? Si vous voulez attiser la haine des gens, allez-y, condamnez et allez jusqu’au mandat de dépôt. Mais ce n’est pas Mathias C. qui met le plus la nation en danger. »
13 mois de prison ferme
Après une suspension d’audience, le tribunal a condamné Mike Messager et Mathias C. à 13 mois d’emprisonnement ferme avec mandat d’arrêt à leur encontre. Ce dernier était aussi accusé d’avoir lancé une cannette en direction des policiers et d’avoir porté un coup de pied sur le bouclier de l’un d’eux lors de la manifestation du 16 janvier 2021. Il a été condamné en outre à verser 150 euros au titre du préjudice moral et 100 euros de dommages et intérêts à chacun des quatre policiers qui s’étaient portés partie civile.
Contacté à la suite de sa condamnation, Mike Messager reste sans voix : « Ils m’ont anéanti, ils m’ont tué. »
Mike Messager indique qu’il fera appel de ce jugement.
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