
À quelques jours de la rentrée, six étudiants de l’Université de Strasbourg sont menacés d’expulsion et deux jeunes parents sont interdits de travailler. La cellule de veille et d’alerte pour les étudiants de l’Université de Strasbourg lance un nouvel appel à la préfecture.
La cellule de veille et d’alerte pour les étudiants internationaux de l’Université de Strasbourg assiste dans leurs démarches les étudiants étrangers qui rencontrent des difficultés dans l’obtention d’un titre de séjour, du droit d’asile ou d’une naturalisation. Depuis sa création en 2011, jamais cette cellule n’avait essuyé autant de refus de la part de la préfecture. Sur neuf étudiants suivis, seuls trois ont été régularisés par l’administration.
Début juin, la cellule a présenté neufs dossiers d’étudiants bien scolarisés et soutenus par leurs professeurs à la préfecture du Bas-Rhin pour qu’elle régularise leur situation administrative.
Il aura fallu attendre le 23 juillet une réponse de la direction des migrations et de l’intégration : six des neufs dossiers sont rejetés. Et parmi les trois étudiants qui ont obtenu un titre de séjour, un couple de jeunes parents se voit interdit de travailler.

Michel Koebel, professeur de sociologie et membre de cette cellule d’alerte et de soutien, s’indigne : « C’est incompréhensible, interdire à ce couple de travailler, c’est le condamner au travail clandestin. »
Michel Koebel exhorte les autorités à « prendre en compte la situation humanitaire de ces étudiants » qui ont pour la plupart réussi leur année malgré les difficultés posées par le confinement :
« Mounia (prénom modifié) est arrivée en France 2019 pour fuir un mariage forcé. Pendant le confinement, elle est devenu très fragile. Elle n’osait plus sortir de chez elle de peur de subir un contrôle de police et qu’on lui demande des papiers qu’elle n’a pas. À court de nourriture, elle a passé plusieurs jours sans manger. Elle a réussi sa deuxième année malgré tout. »
Michel Koebel, professeur de sociologie à l’université de Strasbourg
Pascal Maillard, professeur de littérature, annonce que les membres de la cellule envisagent d’autres modes d’action si le silence de la préfecture du Bas-Rhin se poursuit.
Entre temps, le couple a eu le courrier pour retirer leurs cartes de séjour (modulo 2x375€ de timbres fiscaux), cartes qui devraient enfin leur permettre de travailler et payer leurs dettes.
Et pendant ce temps, non seulement les 6 autres cas que la cellule de veille défendait sont encore dans le stress, mais nous voyons arriver des jeunes réfugiés méritants, scolarisés en France souvent depuis 3-4 ans, ayant un bac français, acceptés via Parcoursup dans des filières sélectives... mais qui n'ont toujours pas droit à un statut protecteur, leur permettant d'étudier sans le stress d'une expulsion.
Certes, ils sont devenus majeurs, et le droit international de protection des mineurs ne les protège plus. Il protège d'ailleurs bien mal certains mineurs non reconnus comme tels sous des prétextes divers.
Mais où va-t-on ?