

Pour Roland Ries, « une primaire entre le maire sortant et son premier adjoint serait suicidaire ». Autour de lui, Syamak Agha Babaei, Mathieu Cahn et Philippe Bies à la Fête de la rose dimanche (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Ce lundi 9 septembre, s’ouvre une période de deux semaines durant laquelle les candidats socialistes à une primaire interne, qui déterminera en octobre la tête de liste aux élections municipales de 2014, doivent se déclarer. Cette primaire pourrait voir s’affronter le maire sortant, Roland Ries, et son premier adjoint, Robert Herrmann. Un « scénario catastrophe » qui suscite d’intenses négociations au PS.
Maladresse ou calcul ? L’intervention de Roland Ries, sénateur-maire PS de Strasbourg, dimanche à la Fête de la rose au parc de la Citadelle, en a surpris plus d’un. Au mégaphone, devant une soixantaine de militants, élus et sympathisants, le maire a lancé à l’adresse de celui qui a théoriquement été son bras droit pendant 5 ans :
« Je suis hostile à une primaire entre le maire sortant et son premier adjoint, qui serait suicidaire pour nous. J’ai fait des propositions il y a 15 jours à Robert Herrmann, dont j’ai lu le livre [qui sort le 16 septembre]. Je lui ai proposé un pôle dans le domaine des transports, des mobilités et de l’urbanisme. Je renouvelle devant vous cette proposition à Robert et je lui tends la main. »

Les conseillers généraux Eric Elkouby (adjoint des quartiers ouest) et Robert Herrmann (1er adjoint en charge du personnel et du quartier Centre) – parc de la Citadelle (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Alors que des rencontres en interne se tiennent depuis la mi-août entre les cadors de la majorité socialiste, ces propos ont surpris. « Je suis amusé d’avoir été au centre de l’intervention de Roland, c’était sans doute un peu maladroit de sa part », s’amuse Robert Herrmann.
Robert Herrmann, « l’arbre qui cache la forêt »
Adjointe au maire et conseillère régionale proche du député Philippe Bies, Pernelle Richardot, elle, n’a pas du tout goûté ce lavage de linge sale en public :
« Ce n’était ni le lieu ni le moment pour relater des discussions qui se tiennent en petits cercles. Le problème aujourd’hui, ce n’est pas Robert Herrmann – l’arbre qui cache la forêt – mais quelle stratégie collective de conquête et quelle vision le Parti socialiste porte pour la ville, le département et la région pour 2014, mais aussi au-delà, avec les européennes puis les sénatoriales (2014), les territoriales (2015), voire les législatives en 2017 !
Nous ne sommes pas des marchands de tapis qui ne pensent qu’à s’échanger des postes ! Robert Herrmann a mis un coup de pied dans la fourmilière avec son livre, mais si demain lui et Roland ne sont pas capables de s’entendre, on peut envisager un saut générationnel. Ce sera le bain de sang, c’est pour ça qu’on ne veut pas de ça maintenant, mais c’est encore possible ! »

Pernelle Richardot, élue à Strasbourg et à la Région, a porté la campagne du Non au référendum sur la collectivité unique (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Le camp de Philippe Bies en « demande trop »
Une menace à peine voilée à l’adresse de Roland Ries, mais aussi de ses soutiens, Alain Fontanel et Olivier Bitz en tête, ralliés par l’aile gauche du PS, Paul Meyer et Syamak Agha Babaei, idéologiquement éloignés du premier adjoint. Entre la Ries connection et la Bies connection (Philippe Bies, Pernelle Richardot et Mathieu Cahn), le torchon brûle. Pour les premiers, les seconds en « demandent trop ».
Trop de postes dans le prochain mandat – si la gauche gagne face à Fabienne Keller et/ou François Loos – mais aussi pour les élections à venir. « Ils veulent la place de numéro 3 sur la liste de Ries aux municipales pour Cahn ou Bies, glisse-t-on en off, mais aussi les places de n°1 et n°2 sur la liste des sénatoriales pour Jacques Bigot et Pernelle Richardot. Pour elle, ils veulent aussi la tête de liste aux régionales, sans parler des européennes pour Catherine Trautmann… »

Paul Meyer (aile gauche du PS) et Alain Fontanel (proche du maire), au coude à coude pour faire barrage aux ambitions des proches de Philippe Bies (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
« Non au choix entre la soumission ou la division »
« C’est n’importe quoi », s’agace Philippe Bies, qui souhaite aujourd’hui « discuter directement de tout ça avec le maire et plus avec ses pistoleros » (Fontanel et Bitz). « Je reste convaincu qu’on ne doit pas avoir de primaire, mais qu’il faut que personne ne soit méprisé, ni par le maire, ni par son entourage. » Mathieu Cahn, premier secrétaire fédéral du PS du Bas-Rhin et allié du député, est sur la même ligne :
« Même si je ne veux pas d’une primaire entre le maire et son premier adjoint, qui alimentera le feuilleton médiatique pendant 6 semaines et donnera des arguments contre nous à la droite, je refuse qu’on nous laisse le choix entre la soumission [au maire] et la division. Soutenir Roland Ries ne veut pas dire « silence dans les rangs, je ne veux plus voir qu’une seule tête ». Nous lui avons proposé un pacte de gouvernance, qu’il a accepté. Notre objectif est de rétablir la confiance entre lui et nous. Quand ce sera fait, on pourra s’arranger. »
Et si « rétablir la confiance » entre le maire et le clan Bies ne pouvait passer que par l’éviction de son dauphin, Alain Fontanel, potentiel adversaire de Philippe Bies pour la tête de liste en 2020 ? Là dessus, personne n’est disert. « Alain Fontanel ne s’exprime pas, ça complique les choses », estime simplement Mathieu Cahn. « Alain a raison de ne pas s’étaler sur la place publique, contrairement à d’autres », soutient quant à lui Olivier Bitz, visant le député, particulièrement bagarreur sur Facebook ou dans la presse locale. Alain Fontanel, lui, maintient son cap… et ne commente pas « ces discussions très régulières en interne ».
Jean-Michel Augé encore indécis

Jean-Michel Augé, challenger putatif (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Si Robert Herrmann venait à rentrer dans le rang, resterait un autre candidat potentiel à la primaire, dont la capacité de nuisance (le poids dans l’appareil du PS) est certes moins importante. Jean-Michel Augé, porte-parole d’une motion minoritaire au PS du Bas-Rhin, « n’a toujours pas pris de décision » quant à son éventuelle candidature. Si lui-même a peu de chance de figurer sur une liste mener par Roland Ries, dont il a été le collaborateur 7 mois en 2008, Jean-Michel Augé pourrait obtenir une place pour l’un ou l’autre de ses proches et faire entendre ses idées sur l’écologie et le social.
30% de renouvellement sur la liste
Au soir du 23 septembre, on connaîtra les noms du ou des opposants à Roland Ries dans l’élection primaire interne qui se déroulera en octobre. Une fois la tête de liste désignée par les militants, une commission aura pour (difficile) mission de constituer la liste, qui, sur 65 places, devrait être renouvelée à hauteur d’environ 30% par rapport à 2008. De la place pour faire rentrer dans la danse des petits nouveaux, comme les attachés parlementaires de Philippe Bies, Renaud Fausser et Jean-Baptiste Mathieu, ou de Roland Ries, Jean-Baptiste Gernet, mais aussi d’autres visages issus de la « société civile » (non encartés au PS). Les militants entérineront cette liste le 21 novembre.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : Roland Ries veut rempiler, les socialistes priés de s’aligner
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur les élections municipales de 2014
Si on virait Bies et Cahn la ville se porterait déjà beaucoup mieux.
Les apparatchiks ne devraient pas avoir si grande tribune dans les partis…
Quelqu’un de gauche assumé ne voterai jamais pour un social-démocrate libéral de la trempe de Roland Ries, surtout quand il n’a pas de projet, un ego surdimenssioné et une brochette de fonctions/mandats en réserve.
Quelqu’un de gauche n’est pas forcément anti-clérical, et en tant qu’adjoint en charge des cultes il est normal qu’Olivier Bitz ait sa place dans ce genre d’événements.
Edifiant !
Toujours cette vraie fausse démocratie avec cette forme de cooptation malsaine.
A ajouter au cumul des mandats et autres subtilités de ces rentiers du système démocratique.
Je plains le militant de base de ces partis politiques ( entendre ici " gauche + droite " ).
Notre modèle politique est à fuir.
mais comment le fuir ?
par l'abstention, le vote blanc, cela ne sert à rien.
ce modèle politique nous dicte des lois qui méritaient des référendums dignes d'une vraie démocratie
On les retrouve régulièrement mêles dans des magouilles et si ce n'est pas eux, se sont leurs enfants.
Il y a un peu plus d un an lors des élections législatives , les militants, les responsables fédéraux, les élus on fait front commun , sans la moindre nuance , cette unité a permis d arracher un poste de député a la droite , qu elle n est pas ma surprise de voir ce député fraichement élu, grâce au travail de tous se lancer dans la bataille de la division avec une telle violence .
Les apparatchiks locaux ,de tous poils, qui savonnent actuellement la planche sur la quelle malgré tout ils sont (pour l instant) confortablement assis porteront une grosse responsabilité .En effet leurs attitudes risquent de voir tomber l’une des grandes villes actuellement a gauche et , détail important , peut être la seule a basculer !
Ce sera une berezina qui rejaillira sur tous les sympathisants , ou électeurs potentiels qui mettaient encore un espoir dans la gauche socialiste Et signera le retour d une droite dure et trop contente de n avoir pas a faire l énorme travail social, urbanistique et financier qu’aura réalisé l’équipe sortante. Le bilan et les reformes courageuses de l équipe sortante seront un socle solide sur lequel Loos ne pourra que surfer !! et ne nous y trompons pas , si Loos gagne cette fois ci , il sera là pour plusieurs mandatures.
Il ne sera déjà pas facile de défendre auprès des électeurs la politique nationale, la tache sera impossible si la guerre fratricide déjà entamée ne cesse pas
Je pense que malheureusement la raison ne saurait l emporter en la matière et que la machine a perdre a déjà bien progressé.
La vision que j'en ai de l'extérieur est assez proche, l'implication affective (et politique) en moins.
Une question suite à cette phrase qui m'interpelle : "...Et signera le retour d une droite dure et trop contente de n avoir pas a faire l énorme travail social, urbanistique et financier qu’aura réalisé l’équipe sortante. Le bilan et les reformes courageuses de l équipe sortante seront un socle solide sur lequel Loos..."
sans ironie de ma part, j'aimerais bien avoir votre vision de ce bilan, de ces réformes courageuses, de cet énorme travail... qui ne sont pas très perceptibles de l'observateur lambda que je suis
si si tout à fait "lambda". Un simple électeur, quadra, installé à Strasbourg depuis 4/5 ans (insuffisant pour en saisir toute la subtilité mais suffisant pour sentir un peu ce qui s'y passe), plutot de sensibilité de gauche (meme si je m'idendifie de moins en moins, j ai l impression que ça ne veut plus rien dire de toute manière).
Par mon activité pro, j ai une vision assez claire de l'action de la municipalité en matière d'urbanisme et dans une moindre mesure culturelle. Pour l'aspect social et financier, je n en sais pas plus que ce qu'on peut lire dans la presse (pas grand chose).
Pour schématiser, ma vision de cette municipalité c'est qu'elle a plutot été dans un mode "service minimum", "on gère les affaires courantes", "pas de vague"... mais donc aussi, pas de souffle, pas de vision.
Comme vous parlez de travail en profondeur, je suis surpris et me dit qu'il y a des actions qui m'ont peut etre échappé (surement même, je ne suis pas un observateur assez assidu).
D'où ma question, qui était sans arrière pensée
vous êtes en service commandé ..
;mais c est de bonne guerre lorsque l ennemi y prête le flanc ...votre discours est mot pour mot composé des éléments de langages diffusés par la droite locale ! alors je vous le redis c est de bonne guerre, mais ça ne trompe personne !
absurdité! que pense donc la sociologie des gens de "sensibilité" de gauche qui ont votés ou voteront dorénavant pour le FN ?
Ils seraient passés à droite ?
mais suis pas plus avancé...
c'est quoi les élements de langage, "service minimum" et la suite? c'est franchement ce que je pense, et c'est plutot soft par rapport à ce que j entends, y compris chez des gens qui ont voté Ries (pour les autres, c'est souvent trash mais bon, c'est assez logique finalement).
Un truc que je ne comprends pas. Je vous demande votre vision des éléments positifs du bilan de Ries, je ne vois pas en quoi ce serait des arguments dont pourraient se servir ses adversaires...
Je serais tout aussi curieux qu'amidusoir de savoir quelles sont les contributions décisives de Rolland Ries à l'avenir de Strasbourg , et très sincèrement j'espère qu'il y en a.
NB: je ne vois vraiment pas en quoi poser ce type de question vous apparente à un sous-marin de l'UMP...
Et pour l instant je n ai pas vu de responsable de gauche attaquer un de ses colistiers en justice ...ce qui n'est pas le cas de vos amis de l UMP.
Traitez un adversaire politique de paranoïaque montre a quel point vous êtes dans le manque absolu d arguments ( a l exception des litanies toutes faites de la droite locale ! )
Pour ce qui est lié à l'urbanisme et que je connais le mieux, je ne suis guère convaincu. Il n'y a rien d'infamant mais il n'y a, à mon avis, rien de bien marquant non plus... j'ai surtout l'impression que les élus font des annonces et les directions techniques font ce qu'elles ont envie de faire (et c'est pas nouveau d'après ce que j'ai compris)
Pour moi, le seul projet qu'on pourrait vraiment mettre au crédit de l'équipe Ries, c'est le projet du Wacken, s'il va au bout...
En attendant, comme c'est laborieux et bizarrement monté.
Pour les pistes cyclables et le tram, faut pas plaisanter, même en étant néostrasbourgeois, on ne va pas me faire croire que c'est du fait de la municipalité Ries (ni de Keller d'ailleurs).
Le centre mondial de recherche médical : en quoi la municipalité peut s'en prévaloir? a t elle participé a son éclosion ? (c'est une vraie question)
Vous parliez initialement de reformes courageuses. ce sont ces réformes qui ont permis de rester à effort fiscal constant? quelles sont ces réformes dont vous parler?
Pour le reste (les attaques et la colère qui semble vous habiter), ça me fait sourire et un peu m'interroger sur le fait que poser des questions puisse être ressenti comme une agressivité d'un adversaire politique. Peu importe
au fait, la gauche, la vraie, elle est où dans tout ce cirque?
profitez en encore tant qu'il est temps..
Je crois qu'il arrivera a rassembler tout ce monde.
Plus on écoute ce genre de déclarations, et moins on a envie d'aller voter.
Si la grande majorité d'élu(e)s l'abandonne pour l'argent et les mondanités, c'est aussi à nous de changer la donne. C'est à nous citoyennes, citoyens de dénoncer et d'arrêter de soutenir... ce qui est, je le pense, une véritable ...imposture.