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Le musée zoologique de Strasbourg reprend vie après six ans de travaux

Le musée zoologique de Strasbourg rouvre ses portes après six ans de travaux. Le bâtiment passe directement du XIXe siècle au XXIe siècle avec des espaces réinventés pour sublimer une foisonnante collection.

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Le musée zoologique de Strasbourg reprend vie après six ans de travaux
Il aura fallu attendre six ans pour que le musée soit entièrement rénové.

Depuis le boulevard de la Victoire, impossible de rater l’imposant squelette de baleine qui trône fièrement dans le hall d’accueil du Musée zoologique de Strasbourg. À travers la façade vitrée, les passants aperçoivent l’ossature du mammifère marin et les fresques d’époque, auparavant cachées derrière la lourde porte d’entrée. Six ans de travaux ont été nécessaires pour dépoussiérer de fond en comble le bâtiment et le transformer en un musée moderne. Inauguré jeudi 11 septembre, il rouvrira ses portes au public le vendredi 19 septembre.

Le squelette se voit depuis l’extérieur du musée.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

« Le musée zoologique, c’est un objet iconique de Strasbourg, il faut l’assumer. Maintenant, lorsque les gens passent devant, ils le voient. Avant, ce n’était pas le cas », explique Guillaume Aubry, de l’agence d’architecture Freaks, entre deux petits fours. La visite d’inauguration débute par la pièce maîtresse, le « hall de la biodiversité », à l’entrée, dédié à la diversité du vivant. Décloisonné sur trois étages, il laisse apparaître une multitude d’animaux lorsqu’on lève la tête.

Faire un musée du XXIe siècle

Un parquet légèrement grinçant et des vitrines en bois rappellent l’ambiance du cabinet d’histoire naturelle du médecin et naturaliste Jean Hermann (1738-1800). Acheté en 1804 par la Ville de Strasbourg, il devient le noyau de la collection du musée zoologique. Une des pièces de ce dernier, qui n’a pas été conservée, mettait d’ailleurs en scène Hermann dans son cabinet, avec une véracité historique laissant à désirer.

Les éléments d’époque ont été conservés au maximum. Mais l’agencement des lieux a été revu pour donner plus de lisibilité aux 2 000 mètres carrés d’expositions où figurent 1 800 spécimens. Après le lumineux et théâtral hall d’entrée, on pénètre dans les pièces du deuxième étage, faiblement éclairées par les spots des vitrines. La galerie aux oiseaux est l’une des plus impressionnantes avec ses 600 spécimens. Le public appréciera sûrement les sept salles « totems » consacrées aux pièces phares du musée. On y trouve notamment un morse, un loup, un crocodile, un gorille ou le mystérieux coelacanthe.

Des centaines de spécimens ont été sortis des cartons.

Terminées les pièces et vitrines surchargées. Le musée est épuré et moderne, laissant une place importante à l’imagination, dans un esprit inspiré de l’art contemporain. C’est ce qu’illustre Guillaume Aubry, de l’agence Freaks :

« Les stores et les papiers peints ont été faits à la main par FormaBoom, un groupe de graphistes qui travaille beaucoup autour du tag. Ils ont pensé ces décorations dans l’esprit des anciens dioramas, ces papiers peints qui représentent les milieux naturels. »

Chaque zone intègre des « espaces d’oralité » où l’on peut se poser et échanger. Ils sont également prévus pour accueillir des chercheurs et des chercheuses lors de conférences.

La renaissance d’un musée poussiéreux

Cela faisait des décennies que le musée et ses animaux empaillés prenaient la poussière. 1,2 million de spécimens y étaient conservés, dont 95% demeuraient enfermés dans les remises et les combles du troisième étage. Les différentes pièces et vitrines étaient restées telles qu’elles depuis l’époque où le bâtiment a été construit par les Allemands, en 1893. La disposition des salles, en anneaux, avec culs-de-sac et salles contiguës en faisait un labyrinthe aux émanations de formol. En 2018, avant le début des travaux, il était le musée le moins fréquenté de la ville avec 41 646 visiteurs.

« Malgré tout, il y a un attachement très fort des Strasbourgeois à ce lieu depuis des générations. Chacun en garde des souvenirs, des anecdotes, et se souvient de son animal préféré », assure Anne Bocourt, responsable de la communication des musées de la Ville de Strasbourg. Alors, pour en faire un musée flambant neuf, l’Université de Strasbourg a répondu à l’appel à projets de l’État « Opération Campus », destinée à soutenir financièrement la rénovation des campus universitaires. Ainsi, un budget total de 18 556 000 € a été mobilisé, financé à hauteur de 8 770 000 € par l’État et 3 634 000 € par la Ville.

L’humain et son impact sur l’environnement

« Ce n’est pas juste une exposition d’animaux morts. C’est aussi un musée pour penser la place de l’humain dans son environnement », insiste Enrica Zanin, vice-présidente de l’Université de Strasbourg, depuis les marches de grès du hall d’accueil. La rénovation a en effet été pensée pour mettre en avant des enjeux actuels : l’impact de l’humain sur son environnement et le rôle de la recherche scientifique.

Sébastien Soubiran, directeur du Jardin des sciences et Samuel Cordier, directeur du musée zoologique.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

À travers les différents espaces, le visiteur ou la visiteuse est invitée à se questionner. Sébastien Soubiran, directeur du Jardin des sciences de l’Université, prend l’exemple de l’exposition semi-permanente « la nature au laboratoire » :

« Cet espace est dédié à des espèces que l’on connaît bien : les moustiques et les abeilles. Il questionne le rapport de l’homme aux insectes. L’abeille est primordiale, mais avec la récente loi Duplomb et le retour des néonicotinoïdes, l’actualité nous montre bien que le politique n’est pas toujours à l’écoute des discours scientifiques. »

« Le musée n’est pas figé ».

Avec ses salles d’expositions temporaires et semi-permanentes, le musée n’est pas figé, explique Sébastien Soubiran. « Il est voué à se transformer au fil du temps. Les salles doivent pouvoir évoluer au gré des avancées scientifiques et des questionnements de la société ». Le musée zoologique de Strasbourg souhaite ainsi redevenir un lieu vivant. Pas seulement un conservatoire du passé, mais un espace pour interroger l’avenir de l’homme et du vivant.


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