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Pourquoi le Racing a besoin d’un stade de la Meinau rénové

Les supporters du Racing Club de Strasbourg, les vrais de vrais, ont accompagné leur club fétiche un peu partout en France. Retour sur les deux derniers déplacements, à Lens puis à Niort, où l’on comprend la différence qui existe entre un stade qui a accueilli un club de Ligue 1 et un stade qui n’en a jamais vu.

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Pourquoi le Racing a besoin d’un stade de la Meinau rénové

La dernière ligne droite de la saison du Racing Club de Strasbourg a proposé deux rencontres à l’extérieur : la première à Lens, bastion du football populaire en déshérence, le second à mille kilomètres de Strasbourg, à Niort, cité davantage connue pour ses assurances que pour son club de foot.

Décalé au lundi soir au mépris du bon sens, à la sortie d’un week-end prolongé, le rendez-vous lensois était attendu depuis plusieurs mois. La prévente organisée à la Meinau a rencontré un franc succès, l’occasion d’écouler près de 1 300 billets en deux heures. Une nuée de véhicules allait escorter la dizaine de cars affrétés, pour l’un des déplacements les plus massifs jamais enregistré autour du Racing, hors derby ou finale de coupe.

Quatre tribunes d’une verticalité saisissante

Le stade Bollaert-Delelis a revêtu ses habits de gala : 38 033 spectateurs bariolés en différentes nuances de sang et d’or, près à s’enflammer mais n’en menant pas large au vu du classement. Vestige de l’ancrage ouvrier du RCL, la tribune Marek rassemble les supporters les plus fervents là où d’autres clubs y caseraient plutôt leurs abonnés premium.

Au-delà de son équipe souffreteuse depuis une dizaine d’années − date de sa descente conjointe avec le RC Strasbourg −, le Racing Club de Lens vaut surtout pour sa majestueuse enceinte. Quatre tribunes indépendantes, d’une verticalité saisissante, permettant une visibilité optimale. Le parcage visiteur épouse logiquement le même axe, de la pelouse au toit.

Adieu Félix

La partie est âprement disputée, Lens faisant étalage d’une belle maîtrise technique jusqu’à la surface de réparation, mais se mettant à trembler dans les vingt derniers mètres. Strasbourg demeure fidèle à son jeu direct, physique, s’efforçant de maîtriser le temps. Dans les tribunes, l’atmosphère orgiaque est bien au rendez-vous, encore décuplée pour célébrer les deux buts.

1-1, on se quitte bons amis, Artésiens sous le coup d’une deuxième gueule de bois après celle de la veille et Alsaciens convaincus d’avoir fait un pas de plus vers la montée. Après une demi-heure de rétention dans le stade désert, les fans bleus et blancs sont encore rassemblés trente minutes supplémentaires devant la lourde porte séparant l’entrée visiteurs des coquets corons voisins. Il est temps pour les 1 800 supporters de se séparer, de prendre la route de l’Alsace que les premiers rallieront vers 4 heures du matin, alors que les derniers ne sortiront du car que le lendemain à midi…

René-Gaillard, le prototype du stade « plat »

À nous deux, mon Gaillard !

À peine le temps de récupérer des émotions lensoises qu’un contingent dix fois moins nombreux s’attaque à un nouveau déplacement, cette fois vers Niort. Une poignée de voitures immatriculées 67 (ou 68) et deux cars rejoignent les expatriés de l’Ouest de la France.

Au stade Bollaert, trois fois rénové depuis 1984, succède à Niort l’archétype du stade obsolète : tribunes en tubulaire, piste d’athlétisme, parking grillagé à la hâte. Un paysage familier pour un public ayant suivi son équipe jusqu’au plus obscur chef-lieu de canton meurthe-et-mosellan. Une enceinte analogue à celles d’Epinal ou Belfort, où le Racing décrocha ses précédentes montées.

Sympathique club de deuxième division, les Chamois niortais ont profité de l’occasion pour convier à René-Gaillard la meilleure équipe de leur histoire, championne de D2 en 1986-87 : on y retrouvait entre autres le gardien Merelle, la paire défensive Steck-Boucher et surtout Abedi Pelé, l’un des meilleurs footballeurs africains du siècle.

La visibilité s’avère comme prévu exécrable depuis la tribune préfabriquée dévolue aux Alsaciens. Ainsi peu d’entre nous comprirent immédiatement que l’arbitre avait accordé un penalty à Strasbourg, faute de distinguer les lignes et les autres surfaces. On voyait mieux les anciennes gloires niortaises durant leur tour d’honneur, c’est dire.

Adieu les pistes d’athlétisme ?

Le temps d’encaisser deux buts gaguesques, un Racing sous courant alternatif arrache le match nul sur une situation guère plus limpide (retourné de Bahoken dévié par un Niortais, prenant le gardien à contre-pied). Les informations en provenance des autres terrains rendent la situation on ne peut plus claire : un succès devant Bourg-en-Bresse enverra Strasbourg en première division. Tout autre résultat fragilisera singulièrement les chances du RCS.

Dans une Meinau qu’on espère incandescente nonobstant la pluie, les larmes couleront forcément vendredi sous les coups de 22h30. Nous saurons alors si nous pourrons délaisser, au moins une saison durant, les stades champêtres à piste d’athlétisme. Si nous pourrons être surpassés par les supporters locaux du point de vue de l’ambiance, à Nantes ou Saint-Etienne par exemple. Si nous pourrons continuer à découvrir de nouvelles enceintes, qui auront cette fois accueilli l’Euro 2016 et non le dernier cross UNSS. Si nous pourrons, en somme, substituer Lens à Niort.


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