
Les témoins en soutien de Viviane Schaller et Bernard Christophe, deux pharmaciens strasbourgeois partisans de méthodes alternatives de détection et de traitement de la maladie de Lyme, ont expliqué au tribunal mardi comment le corps médical était frappé d’immobilisme face à cette maladie. Des témoignages forts mais qui relèvent du débat de santé publique. Poursuivis pour escroquerie et exercice illégal de la pharmacie, les prévenus risquent jusqu’à un an d’emprisonnement avec sursis et 30 000€ d’amende.
Comme prévu, le tribunal de Strasbourg a servi de caisse de résonance mardi aux victimes de la maladie de Lyme, souvent confrontés à un « déni » de la part du corps médical. Une dizaine de patients et médecins se sont succédé à la barre pour soutenir Viviane Schaller et Bernard Christophe, deux pharmaciens strasbourgeois partisans de méthodes alternatives de détection et de traitement de cette maladie. Ils sont poursuivis pour escroquerie à l’assurance maladie et exercice illégal de la pharmacie (voir nos articles précédents).
Viviane Schaller, 66 ans, a systématiquement pratiqué dans son laboratoire d’analyses de Strasbourg un second test Western-Blot, en complément du test Elisa pour détecter la présence de la borréliose de Lyme chez ses patients, contrairement au protocole officiel qui prévoit qu’un second test ne doit être effectué qu’après un résultat positif ou équivoque du premier. Bernard Christophe, docteur en pharmacie, a commercialisé sans autorisation le Tic Tox, un produit à base d’huiles essentielles que plusieurs victimes de la maladie de Lyme ont jugé efficace pour les soulager.
« Le monde médical est autiste face à la maladie de Lyme »
Après avoir entendu les prévenus (voir notre compte-rendu), le tribunal, présidé par Dominique Lehn, a été impressionné par les déclarations du Pr Christian Perronne, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital universitaire de Garches (Hauts-de-Seine) et membre du Haut conseil de la santé publique. Selon lui, le monde médical en France est « autiste » quant à la maladie de Lyme :
« Quand j’ai débuté ma carrière, je faisais des recherches sur le Sida et j’ai vu les protocoles évoluer au fil des ans. Sur la maladie de Lyme, rien n’a bougé depuis 30 ans. Les tests sérologiques ont été étalonnés à condition qu’il n’y ait jamais plus de 5% de résultats positifs et ce dogme n’a jamais été remis en cause depuis. Les tests ne sont pas fiables, ils réagissent sur des souches qui sont souvent américaines, rarement des souches locales. La maladie de Lyme est sous-diagnostiquée depuis des dizaines d’années, et les conséquences sont terribles. Pour les patients d’une part, qui sont souvent mal soignés, pour la prise en compte publique de cette maladie, puisque la prévalence dans la population est sous-évaluée, et pour la recherche puisqu’il est impossible de publier ou d’obtenir un financement pour un programme sur la maladie de Lyme. »
Le Pr Perronne a dressé un sombre tableau du « consensus » médical autour de cette maladie, indiquant qu’une sorte d' »omerta » s’est instituée et que les travaux sur la maladie de Lyme ont bien du mal à être publiés malgré leur sérieux. Outre la prévalence, c’est le caractère chronique de la maladie de Lyme qui n’est pas reconnu par les médecins. Le Pr Perronne a relaté au tribunal, dans une longue et passionnante intervention, comment les bactéries borrelli parviennent à résister aux antibiotiques en s’enkystant dans l’organisme. Il a terminé son intervention en précisant qu’il ne croyait pas à la phytothérapie au début de sa carrière mais qu’aujourd’hui, il constate que les taux de rechute de ses patients sont bien moindres lorsqu’à l’issue d’un traitement antibiotique est associé une phytothérapie.
Des mois de traitements inappropriés pour finir en psychiatrie
Autre témoignage marquant, celui de Judith Albertat, présidente de l’association « Lyme sans frontières » :
« Un enfant de 12 ans est arrivé dans un CHU du nord avec un érythème migrant, pourtant l’un des signes les plus visibles de la maladie de Lyme. Mais les tests sérologiques étaient négatifs. Résultats : les médecins ont exclu la maladie de Lyme comme cause possible de ses troubles. La maladie a progressé, atteignant le système nerveux. L’enfant s’est mis à ne plus pouvoir bouger ses membres, à avoir des problèmes d’audition et de vue. Pour les médecins, qui ne trouvaient aucune cause clinique, il s’agissait de troubles psychologiques. Ils l’ont éloigné de ses parents, provoquant un grave traumatisme. Dès qu’on a appris ça, on a foncé au CHU, ramené l’enfant à Garches chez le Pr Perronne où il reçoit un traitement approprié. Son état a commencé à s’améliorer. »
Les malades cités devant le tribunal et deux autres médecins ont fait état de faits similaires, de traitements impossibles à obtenir car les diagnostics, reposant sur des tests peu fiables, sont impossibles à poser. Pour Hélène Schibler, retraitée qui s’est fait soigner en Allemagne après « 12 ans de déni » en France :
« Viviane Schaller et Bernard Christophe sont des lanceurs d’alerte. Le problème de la méconnaissance de la maladie de Lyme, des tests peu fiables et des conséquences sur les malades doit être réglé par la science et non dans un tribunal. »
« Le tribunal ne se prononce pas sur la maladie de Lyme »
La représentante du Parquet, Lydia Pflug, était bien d’accord avec ce dernier témoignage :
« Le tribunal n’est pas là pour se prononcer sur la prise en compte de la maladie de Lyme en France ou sur la réalité de son caractère chronique. Viviane Schaller a manipulé les tests Elisa pour abaisser le seuil de réactivité, elle le revendique, c’est une infraction. Bernard Christophe a vendu un médicament pour lequel il ne disposait pas d’une autorisation de mise sur le marché, c’est aussi une infraction. Point. »
L’assurance maladie, partie civile, affirme que la pratique systématique d’un second test contrairement aux règles de la procédure officielle par Viviane Schaller a conduit à plus de 200 000€ de remboursements indus. Les deux avocats des prévenus ont plaidé la relaxe. Me Catherine Faivre a indiqué au tribunal que le Tic Tox n’avait jamais été présenté comme un médicament et que Bernard Christophe s’était rapproché du conseil de l’ordre des pharmaciens et de l’Agence de sécurité des médicaments pour savoir ce qu’il convenait de faire. Me Cédric Lutz-Sorg a pointé que Viviane Schaller n’a bénéficié d’aucun gain financier suite à sa spécialisation dans la détection de la maladie de Lyme et qu’elle avait alerté les autorités sanitaires de ses doutes sur la fiabilité du test Elisa.
Le jugement du tribunal a été mis en délibéré au jeudi 13 novembre.
Viviane Schaller : « je suis prête pour continuer la recherche »
Me Catherine Faivre : « pas de conciliation possible »
Aller plus loin
Sur Rue89 : En France, la maladie de Lyme souffre de déni médical
Sur Le Point.fr : Maladie de Lyme : des patients en lutte contre les autorités sanitaires
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur la maladie de Lyme et notre dossier.
suivant le protocole indiqué par le laboratoire de Strasbourg où je m'étais procuré les
produits, cela a apporté une nette amélioration de mon état. je trouve ignoble que l'on puisse empêcher des professionnels d'apporter des solutions alors que le système habituel est impuissant, punir des gens qui trouvent des solutions pour soulager c'est empêcher tout progrès, A t'on fait un procès à Pasteur et tant d'autres
tout cela est d'une bêtise et d'une injustice digne du moyen âge
La médecine de toutes façons n'est pas une science, on en a fait une grande machine toute dévouée à la chimie, écartant des progrès de la physique applicables à la santé, mais ne rapportant pas assez d'argent aux vrais décideurs : Dr Knock soyez assez honnête pour concéder que les médecins sont devenus des valets de Big Pharma (la FMC est depuis quelques années totalement et officiellement sous la férule de l'Industrie pharmaceutique) et que la chasse aux sorcières est uniquement affaire de pouvoir et de gros sous, utilisant les "médecins" qui préfèrent porter des oeillères plutôt que de se remettre en question dans leurs connaissances pour les faire évoluer.
Ceci dit il n'est jamais trop tard pour faire preuve d'intelligence, puisqu'il n'y a que les idiots qui ne se trompent jamais dit on.
gironella
Votre argumentaire fait preuve d'une confondante mauvaise foi. Les médecins "scientifiques" se contentent des faits, et refusent de fonder leur démarche diagnostique et thérapeutique sur des croyances et une intime conviction. Absence de preuve n'est certes pas preuve d'absence, mais encore moins preuve d'existence !!
Ils ne nient pas la possibilité d'existence de symptômes subjectifs secondaires à l'infection par Borrelia (de tels symptômes surviennent après des infections par d'autres pathogènes tels que des virus, EBV et CMV en particulier), mais ils réfutent des élucubrations basées sur des études méthodologiquement inexactes et donc fallacieuses.
Quant à votre digression sur Big Pharma, j'avoue ne pas suivre votre raisonnement. Les gros labos vendeurs d'antibiotiques auraient tout intérêt à ce que des milliers de patients atteints de symptômes subjectifs (fréquents dans la population générale) passent des mois et des mois sous traitement pour leur "Lyme chronique", non ? De quoi doper leur chiffre d'affaire. Ce que refusent de faire les médecins spécialistes de la maladie que vous décriez tant. Quant au Tic-Tox, si ces labos avaient le moindre doute sur une efficacité réelle de cette potion magique, vous pensez bien que son inventeur aurait déjà été assailli de propositions de rachat etc...
Les médecines douces soignent merveilleusement bien l'absence de maladies.
A bon entendeur...
Dans la grande majorité des cas reconnus par la médecine factuelle, il s'agit d'une maladie infectieuse se soignant parfaitement bien par une antibiothérapie adaptée au stade de la maladie, qui peut cependant laisser des séquelles irréversibles si le diagnostic et le traitement tardent.
Les personnes appartenant aux "réseaux" cités dans cet article se battent pour la reconnaissance de tableaux cliniques subjectifs, associant des plaintes fonctionnelles multiples impossibles à objectiver par les moyens pourtant performants de la médecine moderne (fatigue, douleurs, troubles de la concentration...), comme conséquences d'une infection "chronique" par les bactéries Borrelia, alors même que la présence directe de la bactérie n'est jamais démontrée.
Rappelons qu'une sérologie, ELISA ou Western-blot, ne démontre que la présence d'anticorps dirigés contre des antigènes, et absolument pas la présence d'une infection active. En Autriche, une étude à montré que plus de 50% d'une population de chasseurs de plus de 50 ans en pleine santé avaient une sérologie Borrelia positive. Sans être malades le moins du monde ! Drôle de manque de sensibilité, quand même.
Le "Lyme chronique", n'en déplaise à certains, n'a actuellement pas de fondement scientifique, tandis que les atteintes objectives cutanées, articulaires et neurologiques de l'infection par Borrélia (ou l'on parvient à cultiver la bactérie vivante à partir des prélèvements...) se guérissent par des traitements simples, répétons-le.
Assez de désinformation, qui génère hélas des "vocations" parmi certaines personnes fragiles, qui cherchent à tout prix à mettre une étiquette sur un mal-être dont la source se trouve probablement souvent dans leur psyché...
qu'en liront des moins patients que moi ?
"la Vérité a de nombreux visages .."
A force de politiques budgétaires en baisses pour la recherche et laissant le financement de notre recherche au bon vouloir des industries pharmaceutiques et de leur lobby avec pour seule visée le gain et le profit, on arrive à cela.
Pas de rentabilité donc pas de crédits recherches, malade de maladies orphelines ou de trop faible retour sur investissement. Il ne reste qu'à compter sur soi et des personnes comme citées dans l'article pour améliorer les conditions de prise en charge des patients.
Le risque étant de voir se greffer des acteurs sectaires et des pseudo-thérapeutes près a profiter de la fragilité des personnes en situation de souffrance et de non reconnaissance du corps médical.
D'ACCORD !!!
Un rapport avec le lobbying de Servier et les liens d'intérêts qu'il entretient activement jusqu'aux responsables des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg ? Et bien sur à l'ANSM.
La défiance légitime contre la naturopathie et ses charlatans, ne doit pas être aveugle. Les médicaments autorisés sont bien plus inutiles et dangereux que certains interdits.
Plus d'infos sous mon pseudo.
Un président d'association.