

Au stade de la Meinau, le Racing recevra des équipes de National pour la quatrième saison de son histoire. La dernière ? (Photo : Paolo)
Au Racing, la saison 2014-2015 s’était achevée par un sentiment général de frustration pour avoir manqué de peu la promotion. Au lieu de la Ligue 2, on aura donc encore droit au National en 2016 du côté de la Meinau. Quel bilan tirer du dernier exercice en date ? Sur quelles bases le Racing 2015-2016 s’apprête-t-il à redémarrer ? État des lieux.
C’était il y a presque deux mois, le 22 mai très exactement. Après des semaines de suspense, sur les coups de 21h50, le verdict était tombé : le Racing était finalement privé de Ligue 2, échouant à la quatrième place de National.
Il régnait alors comme une impression de déjà-vu, en témoigne les mésaventures similaires de 2009 et 2011, alors que le club ambitionnait respectivement une promotion en D1 et en D2. Le coup de l’ultime match décisif, ce n’est décidément pas le bon plan, si on rajoute en prime la rétrogradation de 2010 entérinée – devinez-quoi ? – ben, oui, à la dernière journée.
Le Racing n’est pas maudit
Et pourtant, non, le Racing n’est pas maudit, puisqu’en 2012 la finale de la saison avait enfin souri au RCS (promotion en National, arrachée à Epinal), tandis que le maintien en D3 un an plus tard fut même obtenu… après la fin de saison, sur tapis vert, suite à l’affaire Luzenac.
Pour tordre le cou une fois pour toutes à l’hypothèse d’une supposée « malédiction Racing », souvenons-nous aussi de toutes les vraies finales, de Coupe, sur un match sec, remportées par Strasbourg face à Valenciennes (1951), Rouen (1964), Nantes (1966), Bordeaux (1997), Amiens (2001) et Caen (2005).
Ironie du sort, la seule finale de coupe perdue depuis le premier sacre de 1951 était peut-être celle qu’on méritait le plus de gagner, face au grand Paris de 1995 ; à une époque où le PSG n’était pas encore arrosé par les pétrodollars
Prestations souvent convaincantes
Revenons-en à 2014/2015. Comme il est de coutume sur ce blog après chaque saison (en l’occurrence avec un brin de recul), il s’agit de tirer un bref bilan. Il faut tout d’abord reconnaître que les Strasbourgeois ont eu le mérite de présenter un visage pleinement conquérant, à compter du 10 avril : une certaine abnégation, sept succès consécutifs et des prestations souvent convaincantes.
Si dans un dernier billet moi-même et JPdarky pensions que Jacky Duguépéroux avait quelque peu perdu la flamme, un léger mea culpa est nécessaire : à 67 ans, le « Shaq » est encore parfaitement vaillant et sans doute un des meilleurs choix possibles pour ce Racing englué dans les basses divisions.
L’aspect du public est également remarquable. Les chiffres bruts (quoiqu’un peu surestimés) sont impressionnants : 12 829 spectateurs en moyenne à la Meinau et ce dernier match contre Colomiers joué à guichets fermés.
Suite à la liquidation judiciaire de 2011, on craignait que le Racing ne tombe définitivement dans l’anonymat et ne finisse carrément par crever d’indifférence. Au lieu de cela, une génération de supporters s’est spontanément mobilisée pour conjurer la mort du club et croire en une résurrection qui toutefois, d’un point de vue sportif, vient cruellement à tarder.
Manque de régularité
Le Racing a-t-il fait une bonne saison ? Une réponse nette et tranchée est impossible. Sur un plan strictement comptable, le RCS a conquis en moyenne 1,91 point par match, ce qui en général suffit pour atteindre le podium. En comparaison, il y a deux ans en CFA, le club avait fini en tête avec l’équivalent de 1,82 point/match (base de trois points par victoire).
En fait, chaque championnat possède sa réalité propre au-delà de toutes prévisions comptables, si bien que même le Racing de 2010-2011 avait échoué au pied du podium de National avec 1,93 points/match, trois défaites seulement et une Meinau inexpugnable.
Hormis un ou deux points en plus, qu’a-t-il manqué à Strasbourg pour monter ? Assurément, de la régularité sur l’ensemble de la saison. Sur les matches retour, le bilan est pour le moins flatteur : 13 victoires, 2 nuls et 2 défaites. Un vrai rythme de champion, à l’instar du Racing de Laurent Fournier (2010-2011) qui sur la seconde phase avait accumulé 14 victoires et 6 nuls, dans un championnat marathon à 21 clubs.
Mais si le Racing a raté la promotion en 2011 comme dernièrement en 2015, c’est essentiellement pour avoir foiré la phase aller. Ainsi, rater ses débuts signifie toujours hypothéquer ses chances de remplir les objectifs, même avec une remontée spectaculaire.
Avec un tel budget, finir quatrième est un échec
Compte-tenu de son gros budget et de son fort potentiel, le Racing ne peut avoir qu’un objectif en National : monter. Monter et convaincre même, car sans philosophie tactique on se ramasse en général rapidement la tronche dès que la difficulté s’élève un peu. C’est ce qui était arrivé au Racing il y a à peine plus d’un an, relégué piteusement en bas de tableau malgré la promotion enregistrée quelques mois auparavant.
En 2014-2015, bien que les dernières prestations en date aient été intéressantes, finir quatrième est avant tout un échec, un échec d’autant plus rageant que la concurrence directe était loin d’être effrayante.
Quelques instants après RCS-Colomiers, j’ai beaucoup apprécié la dignité de Jacky Duguépéroux, lequel déclarait : « C’est un échec personnel car j’ai toujours pensé qu’il n’y avait aucune autre équipe de ce championnat qui nous était supérieure. »
Précisément, ce championnat était largement abordable, en dépit de bonnes surprises footballistiques comme Bourg-Péronnas (troisième) ou Luçon (cinquième). A contrario, le niveau du Paris FC (deuxième) m’a laissé perplexe bien plus d’une fois, en témoigne par exemple la facilité qu’avait eue le Racing à dominer les Parisiens, en dépit d’un score final étriqué (2-1, fin janvier). Quelques bons matches ne sauvent jamais une saison.
Vaincre et convaincre en 2015-2016
Quoi qu’il en soit, le Racing s’apprête à entamer dans quelques semaines une troisième saison consécutive en National. Mais visiblement, être contraint au surplace ne semble toujours pas pousser à l’autocritique une direction satisfaite d’elle-même, en dépit des échecs répétés et d’une stratégie de développement pour le moins discutable.
Excessivement indulgent jusqu’ici envers Marc Keller et ses amis, le public pourrait commencer à perdre sérieusement patience en cas de nouvelle désillusion. En clair, c’est désormais quitte ou double : la promotion en D2 et le droit de rêver ou l’acceptation d’un redimensionnement à échelle réduite d’un club pourtant mythique.
Pour guider l’équipe, Duguépéroux a finalement rempilé. Il était également important de conserver l’ossature de la deuxième partie de saison, et en particulier parvenir à retenir Ernest Seka et Jérémy Blayac. Avec le recrutement supplémentaire de joueurs comme Eric Marester ou Massiré Kanté, le RCS semble se donner les moyens de ne plus se trouver d’excuse.
Selon Racingstub.com, la première sortie amicale du Racing version 2015-2016 face à la réserve du Bayern de Munich (victoire 1-0) a été « convaincante et réussie ». Reste à présent à enchaîner de la sorte, en cultivant un haut niveau d’exigence. Pour (enfin) monter, il faudra bien vaincre et convaincre.
Quand on connaît le niveau d'exigence du public meinovien, son affluence tout au long de la saison et surtout durant la deuxième partie est davantage l'expression d'une adhésion aux valeurs que prône ce nouveau Racing que d'une indulgence à l'égard de la manière dont le Racing est conduit. Est-ce si difficile à admettre ?
Certainement que oui pour l'auteur, qui s'empêtre tout à coup dans cette contradiction qui saute aux yeux du lecteur mais manifestement pas aux siens : d'abord il avance que "être contraint au surplace ne semble toujours pas pousser à l’autocritique" la direction ; ensuite, au sujet du recrutement (qui dépend pour une bonne part de la direction, ou alors je suis fou), "le RCS semble se donner les moyens de ne plus se trouver d’excuse".
Il faudrait savoir ! Si la direction du Racing se donne les moyens, c'est sans doute qu'elle a mené une autocritique par rapport aux dernières saisons, notamment par rapport aux problèmes structurels qui ont mis leur grain de sable dans la route du retour vers le monde pro, comme les contrats signés en CFA2 (ère Sitterlé) qui ont plombé la première saison en National. De plus, pour rappel, 2015/16 est la première saison depuis 2011 où la masse salariale n'est pas encadrée : est-ce si anodin pour que cela ne soit pas rapporté dans un billet qui se propose de faire le point à l'intersaison ?
On rappellera aussi, puisque ce point est aussi totalement passé sous silence, que les frais fixes du Racing, qui a une structure pro et un centre de formation, sont largement supérieurs à la grande majorité de ses concurrents de National et expliquent l'ampleur de son budget. Dès lors, le seul point valable de comparaison est la masse salariale. En outre, il n'est nulle part évoqué que le Racing avait dû attendre le 15 juillet 14 avant de savoir à quel niveau il évoluerait et de pouvoir bâtir son effectif. Or Dugué le rappelait dans sa récente interview : à Strasbourg comme partout, on ne bâtit pas une équipe en quinze jours, ou alors il faut jouer à Football Manager. De ce point de vue, la première partie de saison a été plutôt réussie malgré le sinistre mois d'octobre. Autre point totalement esquivé (à dessein ?) : la montée de la réserve en CFA2, pourtant cruciale quant aux ambitions du centre de formation comme du club tout entier.
Bref, alors que tous les voyants sont enfin au vert dans le processus de reconstruction, il demeure dans ce billet une certaine dose d'acharnement obsessionnel à ne jamais reconnaître la moindre compétence à ceux qui dirigent le Racing. Comme si ces derniers étaient totalement étrangers au renouveau actuel et qu'il ne fallait jamais au grand jamais leur reconnaître ne serait-ce que l'ombre d'un satisfecit.
Toutefois, je salue le mea culpa sur le cas Duguépéroux, dont la mise en cause il y a quelque temps était franchement croquignolesque.
Je vais essayer de vous répondre rapidement, point par point.
1/ Vous me reprochez un certain « acharnement obsessionnel » ; en réalité je ne fais que diriger ma critique envers les responsables du club qui, en l’occurrence, demeurent les mêmes au fil que les saisons (de National) passent. Ma critique n’est pas gratuite, et à ce propos je vous renvoie à mes précédents billets qui développent un certain nombre d’arguments (pardonnez-moi si je ne démarre pas chaque nouveau billet par un rappel de la liste des choses que je reproche à MK). Vous pouvez me trouver excessif, mais vous devriez alors adresser le même reproche à la plupart des médias locaux qui, a contrario, ne cessent de chanter gentiment les louanges de la direction actuelle, sans jamais une question qui fâche.
2/ J’observe que le public de la Meinau a beaucoup évolué depuis une vingtaine d’années. Réputé dur et intransigeant au début des années 1990, la tendance s’est inversée et force est de constater qu’il n’exprime plus sa déception de manière aussi virulente que jadis. Il y a un certain temps, passer ne serait-ce qu’une saison en D2 était considéré comme une infamie.
3/ Après RCS-Colomiers, je ne crois pas me rappeler que le discours de MK était spécialement empreint d’autocritique. Maintenant si à présent les actes viennent se substituer quelque peu au discours vide, tant mieux. En ce sens, avoir réussi à retenir Seka et Blayac est encourageant. On tirera un premier bilan 2015-2016 après une dizaine de matches, car beaucoup de paramètres comptent.
4/ Les frais fixes que vous évoquez sont peut-être supérieurs au Racing comparé à Luçon, Bourg et compagnie, personne ne le conteste. Mais d’un autre côté, les perspectives de recettes sont infiniment plus importantes à Strasbourg : sponsoring, marketing, billetterie, merchandising, etc. Encore faut-il en tirer profit intelligemment. Et que dire de la manne des subventions publiques…
5/ L’an dernier, le Racing avait en effet dû attendre le 15 juillet pour commencer à bâtir son effectif, vu qu’il n’a été repêché en N que tardivement. Oui, mais la faute à qui ? Etait-ce une mission si impossible que de se maintenir sportivement en National et d’avoir en conséquence le temps de préparer la nouvelle saison ? Si la quatrième place de 2014-2015 est un échec car l’objectif était la montée, alors l’avant-dernière place de 2013-2014 était une débâcle pour Keller(s). A moins (comme vous semblez le suggérer) de rejeter les torts exclusifs sur Sitterlé qui, quoi qu’on en pense, était là pour relever le RCS à l’été 2011, lui…
Nous serons enfin débarrassé de Paolo qui , bien sûr, n'ira plus le voir,
ni ne fera des commentaires insipides
Qu'il se contente d'occuper les ondes durant 2 heures
Des journalistes (?) de cet accabit ne méritent pas Ulule