Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Après plus de deux ans de rénovation, voici le nouveau tribunal

Le palais de justice a été modernisé et agrandi à grands frais, afin d’être maintenu dans la Neustadt de Strasbourg. Mais pour les professionnels, l’aménagement de certains locaux interroge…

Diaporamas

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Après plus de deux ans de rénovation, voici le nouveau tribunal

27 mois de travaux et 34 millions d’euros de travaux, dont 8 grâce au soutien des collectivités locales… Le Palais de Justice de Strasbourg, quai Finkmatt, entre les places de la République et des Halles a terminé sa mue.

Un temps, une nouvelle cité judiciaire a été envisagée du côté du Heyritz. Contrairement à Paris qui déménage son palais de justice de l’île de la Cité vers le XVII arrondissement, c’est finalement une rénovation du bâtiment qui a été choisie à Strasbourg.

Un bâtiment allemand

Construit lors de l’époque allemande en 1898, l’ensemble bénéficiera d’une extension de 2 000 mètres-carrés, soit environ 17% de surface supplémentaire, pour 21 salles d’audience au total. Les services localisés dans l’annexe place d’Islande, qui a vécu 10 ans, vont retrouver le palais de justice.

La lumière s'invite à l'intérieur du palais de justice de Strasbourg (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
La lumière s’invite à l’intérieur du palais de justice de Strasbourg (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Les locaux ont été agrandis de 17% mais ça ne se voit pas... (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Les locaux ont été agrandis de 17% mais ça ne se voit pas… (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)

Plus ouvert

Les modifications les plus visibles sont une plus grande ouverture à la lumière du jour et vers l’extérieur. Les deux sphinx au milieu de la salle des pas perdus et les mosaïques au sol ont été conservés. Les travaux sont l’œuvre de l’architecte napolitaine Daria de Seta et du catalan Jordi Garcès.

Le maire Roland Ries (PS) a d’ailleurs tracé un parallèle avec la bibliothèque nationale universitaire (BNU), non loin de là et aussi rénovée récemment. Des réalisations architecturales largement saluées lors des discours officiels pour la visite du ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas (PS), lundi.

Le mobilier choisi pour les salles d'audience n'est guère accueillant (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Le mobilier choisi pour les salles d’audience n’est guère accueillant (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Attention, bords coupants ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Attention, bords coupants ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)

Des salles d’audience diversement appréciées

Les salles d’audience ont aussi entièrement été refaites, avec des murs blancs et des mobiliers en chêne, composés de petits triangles aux angles aigus, contre lesquels il vaudra mieux ne pas se cogner.

La salle des Assises, où l’on juge les crimes les plus graves, parait bien étriquée, et risque d’être insuffisante si le procès implique beaucoup de participants et de spectateurs.

La salle des Assises interroge par sa capacité à accueillir de nombreux avocats, public et journalistes en cas de grand procès. (photo JFG / Rue89 Strasbourg /cc)

Les étudiants en droit, ou en journalisme, apprécient de pouvoir assister aux audiences. Mais il n’y a pas davantage de bancs pour la presse, comme à la nouvelle cité judiciaire parisienne, dans cette salle plus petite que celle utilisée place d’Islande. Il n’y a pas non plus de réseau Internet sans fil (WiFi) et la réception des réseaux téléphoniques semble aléatoire.

Les lions de la salle des pas perdus ont été conservés (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Les sphinx de la salle des pas perdus ont été conservés (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Les volutes et les mosaïques de la salle des pas perdus sont restés intacts (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Les volutes et les mosaïques de la salle des pas perdus sont restés intacts (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)
Le Palais de Justice est l’un des rares bâtiments de la Neustadt où l’impérialisme allemande a cédé sa place à des symboles intemporels de l’Antiquité disent les amoureux du patrimoine. (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Le patrimoine interrogé

Certains bureaux, plus étriqués que par le passé, ou les longs couloirs blancs sont également accueillis avec un enthousiasme modéré par leurs nouveaux occupants. Au-delà des aspects pratiques, le cadre de travail modernisé ne règle pas tous les problèmes de la Justice, a rappelé le Garde des Sceaux. Malgré une augmentation du budget de 11% obtenue cette année, « il manque 3 postes sur 64, dont un vice-président sur les 19, ou encore 5 greffiers sur 148 à Strasbourg. »

Au revoir boiseries de bureaux ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Au revoir boiseries de bureaux ! (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Les bureaux du personnel ne sont pas toujours bien larges (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)

Quant aux parties boisées des salles d’audience, avec leurs lambris et plafonds stuqués et lambrissés, elles ont été enlevées et sont stockées. Elles étaient pourtant inscrites à l’inventaire des monuments historiques, mais cette simple mesure n’est pas aussi contraignante que le classement.

Une décision qui a valu plusieurs critiques, dont celle des Amis du Vieux Strasbourg, pourtant assez peu virulents d’habitude. Pour l’avocat strasbourgeois Me Renaud Bettcher, ces nouveaux locaux ramassés ont perdu l’aspect solennel qu’on attend de locaux où se rend la Justice. Il n’hésite pas à parler de « scandale architectural » dans le courrier des lecteurs des DNA, conçu par ceux qui ne fréquentent pas les lieux.

La place devant le palais de justice sera aménagée (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
La place devant le palais de justice sera aménagée (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)

Un parvis retrouvé pour Strasbourg

Le démantèlement des bâtiments pré-fabriqués devant l’entrée va permettre de récupérer un peu de place, à l’avant de l’édifice, quai Finkmatt.

À ce sujet, Roland Ries a précisé qu’elle serait réaménagée en un « espace d’accès et convivial ». Peut-être que des musiciens pourraient y interpréter « Les portes du pénitencier », histoire d’égayer ce cadre judiciaire un brin terne et froid.

Dans certains couloirs, les mosaïques au sol ont été conservées (Photo JFG / Rue89 Strasbourg / cc)
Le banc des prévenus, en salle de comparution immédiates (Photo JFG / Rue89 Strasbourg)

Présentation selon les porteurs du projet


#Justice

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles
Plus d'options