
Le tribunal administratif de Strasbourg a annulé les élections municipales de Sainte-Marie-aux-Mines. C’est un revers pour la nouvelle maire de cette commune du Val d’Argent. La jeune Noëllie Hestin avait détrôné Claude Abel après son 3e mandat à 15 voix près.
Les habitudes ont la vie dure dans le Val d’Argent. Lorsque Noëllie Hestin, 34 ans, s’est présentée contre Claude Abel, 65 ans, élu depuis 1994 et maire depuis 19 ans, pour la mairie de Sainte-Marie-aux-Mines, peu auraient parié sur son succès. Et pourtant, covid oblige, peu de personnes se sont déplacées (47,18% de participation) mais les plus motivés étaient les partisans du changement. Noëllie Hestin a été élue avec seulement 15 voix d’avance sur Claude Abel.

Une élection contestée au tribunal
L’ancien maire ne s’est pas démonté. Il a contesté l’élection devant le tribunal administratif, arguant que sa base électorale, les personnes âgées, ne s’étaient pas déplacées par peur du coronavirus. Devant le tribunal, il a mis en évidence des atteintes au secret du vote, en raison notamment de l’absence de rideau dans l’isoloir, toujours pour des questions de virus.
La décision du tribunal administratif
Le rapporteur général, ainsi que le tribunal administratif, a suivi l’ancien maire de Sainte-Marie-aux-Mines :
« Il ressort de quatre attestations que dans le bureau de vote n° 2, dit Les Lucioles, des personnes présentes dans la salle de scrutin, dont une partie sont identifiés comme des scrutateurs de la liste « Ensemble bâtissons notre avenir », se tenaient à une distance suffisamment proche des isoloirs, dépourvus de rideau en raison des mesures sanitaires prises dans le cadre de la pandémie de covid-19, pour avoir une vue directe sur les électeurs lorsqu’ils mettaient leur bulletin dans l’enveloppe. »
C’est une déception pour Noëllie Hestin, qui ne comprend pas pourquoi ses arguments ont été rejetés par le tribunal :
« On a produit des dizaines de témoignages, y compris d’assesseurs, qui ont expliqué que l’absence de rideau ne remettait pas en cause le secret du vote, qu’on ne pouvait pas voir l’isoloir depuis l’endroit où les scrutateurs étaient placés. C’est d’autant plus choquant que les opérations de vote étaient de la responsabilité de l’ancienne majorité. »

Claude Abel : « Certes, nous avions retiré les rideaux »
Claude Abel de son côté, affirme qu’il y a eu des pressions le jour du vote :
« Tout le monde était déjà assez stressé à cause du coronavirus, nous avions dû annuler notre seconde réunion publique. Certes nous avions retiré les rideaux, mais nous avons remarqué qu’aux différentes heures de la journée, il y avait constamment des gens de l’autre liste dans le bureau de vote… »
Élu au conseil municipal depuis 1994, président de la communauté de commune du Val d’Argent depuis 2014, Claude Abel avait un programme plutôt conservateur pour la vallée tandis que Noëllie Herstin, conseillère en développement durable, a été perçue comme écologiste. La préfecture a classé sa liste « Divers gauche », ce qui l’a peut-être handicapée :
« On est vraiment sans étiquette, on a des gens de partout dans notre liste. Après, nous avions un programme de reconquête territoriale et de transition écologique. Installés en mai, nous avons pu lancer le recrutement d’un deuxième policier municipal et de mettre en route une police territoriale avec la communauté de communes. Nous avons aussi débuté la rédaction d’un plan pluriannuel d’investissements ainsi qu’un plan de mobilité pour la commune, devant aboutir à la mise en place d’un service de transports en commun dans la vallée. »
Noëllie Herstin : « Refaire des élections : pas que ça à faire »
La présidence de la communauté de commune a été laissée à Jean-Marc Burrus, le maire de la commune voisine, Sainte-Croix-aux-Mines. Vice-présidente en charge du développement local, Noëllie Herstin rappelle :
« On a plus d’offres d’emplois sur le territoire que de demandeurs. Alors d’où vient le déclin ? Il y a toute une politique sur l’emploi à mettre en place et nous sommes en plein dedans. Refaire des élections, on n’a pas que ça à faire. »
Noëllie Herstin a un mois pour faire appel de la décision du juge administratif. Elle a indiqué que cette décision serait prise par l’ensemble de son équipe dans les prochains jours.
Aller plus loin
Sur DNA.fr : Noëllie Hestin bat Claude Abel de 15 voix
Sur Intérieur.gouv.fr : le résultat des élections municipales 2020
L'ancien maire qui se plaint de la présence des membres de l'autre liste dans le bureau de vote : ils ont parfaitement le droit d'être là.
L'argument du covid est soit recevable et on annule TOUTES les élections, soit il ne l'est pas. Je penche pour la seconde option : de ce que j'ai vu dans mon bureau de vote, l'age moyen des votants était le même qu'aux élections précédentes, et surtout, on ne peut pas présumer du vote des non votants ou même d'une catégorie d'age (enfin on peut en sociologie, mais pas en droit électoral).
Les problèmes d'isoloir sont de la responsabilité de la majorité, vu le pouvoir des notables en place, ça a plutôt du l'avantager en fait.
Au pire ça ira au conseil d'état au pire qui validera l'élection, le seul argument possiblement valable rendrait caduc tout les votes de France.
Exemple au Val d'Ajol. Recours rejeté.
https://remiremontvallees.com/2020/07/23/le-val-dajol-municipales-2020-le-recours-de-jean-richard-est-rejete/