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Au 1er janvier, les règles de stationnement vont encore changer

Les règles du stationnement changent à partir du 1er janvier 2018. À Strasbourg, si les voitures pourront rester garées plus longtemps, une mesure se trouve sous le feu des critiques : le forfait journalier ne sera accordé qu’aux métiers de bouche, aux artisans et à certaines professions médicales. Tour d’horizon des changements.

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Au 1er janvier, les règles de stationnement vont encore changer

À Strasbourg, le stationnement est un sujet qui fâche. La pétition de Thierry Roos, intitulée « Le racket du stationnement strasbourgeois », a recueilli plus de 2300 signatures depuis la mi-décembre. Le conseiller municipal du groupe d’opposition LR-MoDem-Société civile y dénonce des « nouveaux tarifs prohibitifs ».

Le forfait journalier limité à quelques professions

Passé le 1er janvier 2018, la plupart des travailleurs résidant hors de Strasbourg ne pourront plus acheter le forfait journalier. L’offre leur permettait de garer leur véhicule pour trois euros par jour dans la zone Verte ou pour huit euros dans les zones Orange et Verte (voir la carte ci-dessous). Désormais, seules « les activités qui nécessitent de stationner bénéficieront de ce tarif », assure le service stationnement de la Ville de Strasbourg.

Carte des zones tarifaires à Strasbourg (Document remis / Strasbourg.eu)

Négociations toujours en cours

Seuls les métiers de bouche, l’artisanat et certaines professions médicales sont concernées. À quelques jour de l’entrée en vigueur du dispositif, des négociations sont en cours pour déterminer précisément qui aura droit à la gratuité et qui bénéficiera du tarif réduit permis par ce forfait journalier. Les autres travailleurs devront se satisfaire des 10 000 places en parking public et des 3 100 places en parking relais, qui permettent aux automobilistes de prendre le tram ou le bus.

Thierry Roos dénonce cette réduction du nombre de bénéficiaires du tarif journalier. Selon l’élu d’opposition, la Ville de Strasbourg n’a prévu aucune compensation pour les personnes affectées par cette décision :

« Lorsque je demande aux élus les mesures de compensation prévues, on évoque juste une centaine de places supplémentaires dans le parking relais Robertsau-Boecklin. En réalité, il n’y a aucun projet officiel pour offrir des alternatives à ceux qui ne bénéficieront plus du forfait journalier. »

Pour Pernelle Richardot (PS), adjointe au maire en charge du stationnement, la Ville de Strasbourg ne fait qu’appliquer le règlement du forfait journalier :

« Dès le départ, il n’était proposé qu’à certains corps de métier. Mais des malins ont remarqué qu’on ne demandait pas de justificatifs pour l’accorder. Dès lors, on a vu toute une série de salariés prendre ce forfait et stationner toute la journée pour trois euros en zone verte. Cela ne pouvait plus durer. De mon côté aussi, j’ai des pétitions de résidents qui se plaignent de ne plus pouvoir se garer dans leur quartier. »

La durée de stationnement allongée… et les prix dopés

Sur le site de la ville, une brochure intitulée « Mieux stationner c’est ça l’idée » commence par rassurer : « Tarifs inchangés pour 2 heures de stationnement en 2018 ». Le service stationnement insiste : « Les tarifications ne changent pas. C’est la durée de stationnement autorisé qui a augmenté dans chaque zone et l’heure supplémentaire est plus chère que les précédentes. »

Dès 2018, il sera possible de stationner une heure supplémentaire en zone rouge et deux heures de plus en zones orange et verte. Encore faut-il en avoir les moyens : une voiture garée trois heures en zone rouge, quatre heures en zone orange ou cinq heures en zone verte coûtera 35 euros, soit.. le prix d’une amende si elle n’est pas réglées sous 3 jours.

La Ville de Strasbourg a allongé les durées de stationnement pour se conformer à la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM), adoptée le 27 janvier 2014. Parallèlement, la tarification des heures supplémentaires décourage fortement l’automobiliste à en profiter. Entre 3 heures et 3 heures 40 de stationnement en zone orange, la facture augmente de 1 euro 60 toutes les dix minutes.

Amende : le nom et le délai de paiement changent

Une autre réforme crispe de nombreux automobilistes : celle de l’amende. Cette dernière change de nom et devient un « forfait post-stationnement » (FPS). La Ville de Strasbourg, comme toutes les communes, a désormais le pouvoir en la matière depuis la même loi Maptam.

Dans la capitale alsacienne, le montant d’une prune reste inchangé : 17 euros. C’est le temps accordé pour payer le FPS qui est fortement réduit. « Avant, le délai de paiement autorisé était d’un mois, s’insurge Thierry Roos, aujourd’hui il faut verser la somme sous 3 jours, sinon la sanction passe à 35 euros. »

Peu dissert sur ce changement de délai, la brochure de la municipalité insiste sur une autre nouveauté : « Le forfait post-stationnement sera diminué de la somme déjà réglée en cas de dépassement et dans la limite de la durée de stationnement autorisée. » Autrement dit : si l’automobiliste a payé 2 euros 10 et laisse sa voiture en zone rouge pendant deux heures (au lieu d’une seule), il paiera non pas 17 euros d’amende mais 14 euros 90 (17 – 2,10).

La ville a l’obligation d’utiliser la somme récoltée par ces paiements pour développer les transports publics et les modes de déplacement doux (marche à pied, vélo, rollers, skate…). En pratique, la somme récoltée sera reversée à la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), dont la dotation est amputée d’autant.

Des contrôles plus fréquents

Ces forfaits post-stationnement risquent d’être distribués plus souvent que les amendes. C’est l’entreprise privée Indigo qui gérera le contrôle des véhicules stationnés. La firme a été expressément mandatée pour vérifier davantage si les automobilistes ont payé leur dû, explique Pernelle Richardot :

« Bien sûr, nous n’avons donné aucun objectif chiffré de verbalisation à Indigo, mais nous nous devons de lutter contre un taux de non-paiement des places en centre-ville qui était de 77% en 2016. Nous savons qu’une zone mieux contrôlée favorise la rotation des véhicules. »

En incitant fortement à se garer le moins longtemps possible, la Ville de Strasbourg espère réduire la pollution de l’air liée aux automobilistes cherchant à se garer. Au niveau national, 30% des trajets dans le centre-ville sont liés à la recherche d’un espace libre pour y laisser son véhicule. Selon le dépliant « Mieux stationner c’est ça l’idée », un stationnement « payant et bien contrôlé » permettrait à chaque place d’être occupée par 4 à 8 voitures par jour, contre deux véhicules lorsque le stationnement est gratuit.

Un premier bilan fin 2018

Un objectif louable, selon Thierry Roos, qui demande néanmoins à la Ville de « mettre en place une vraie politique alternative pour la mobilité : parkings en ouvrage, parkings relais plus nombreux. » Sur ce point, l’adjointe chargée du stationnement concède : « Il manque un parking en ouvrage à l’Est de Strasbourg. Le maire pousse à l’étude d’un projet dans ce sens. » Et Pernelle Richardot d’ajouter :

« Je comprends le mécontentement de certains automobilistes. Mais je tiens à rappeler que les chefs d’entreprises doivent payer 50% de l’abonnement au tram de leurs salariés. Sur le sujet du transport, chacun doit être responsable. »

Les conséquences de ces changements seront analysées par l’« Observatoire du stationnement », mis en place avec l’agence de développement d’urbanisme et de l’agglomération strasbourgeoise (l’Adeus) et la société publique Parcus. Pernelle Richardot s’est engagée à faire un premier bilan auprès des commerçants et des résidents à la fin de l’année 2018.


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