
Strasbourg veut utiliser ses terrains et bâtiments vides contre la saturation de l’hébergement d’urgence
Après deux projets à Strasbourg, la municipalité pense de nouveau à l’habitat intercalaire pour soulager les centres d’accueil de sans-abris, en utilisant provisoirement des bâtiments ou des terrains inoccupés.
Un hôpital désaffecté qui attend d’être converti en logements, une ancienne usine en attente des travaux qui la transformeront en bureaux… Pendant des mois, voire des années, ces bâtiments restent inutilisés, dans l’attente du début du chantier. Face à la saturation des dispositifs d’hébergement d’urgence, la Ville de Strasbourg mise sur l’habitat intercalaire pour accueillir des personnes sans-abris ou mal-logées. Elle travaille sur plusieurs projets d’habitat intercalaire, tout en précisant qu’il est encore « trop tôt pour communiquer sur le nombre et la localisation des lieux, toujours à l’étude ».
L’habitat intercalaire, synonyme d’un meilleur accompagnement social
Les premières traces d’habitat intercalaire à Strasbourg remontent à 2019, à travers le projet Odylus, au Neudorf. Pendant 18 mois, en attendant le début des travaux qui devaient transformer l’ancienne clinique Sainte-Odile en logements, les associations L’Étage et Horizome ont hébergé et accompagné 94 personnes dans des locaux mis à leur disposition par le promoteur immobilier, Eddy Vingatamarin.

Brice Mendès, directeur des services de L’Étage, assure que cet hébergement intercalaire a permis un meilleur accompagnement social des occupants :
« Les personnes en difficulté locative, à la rue ou à l’hôtel, sont souvent très isolées. Avec l’habitat intercalaire, on les regroupe dans un même bâtiment et on recrée du lien social. De notre côté, ça rend l’intervention sociale différente : les gens sont plus détendus quand on vient les voir à domicile que quand on les convoque dans un bureau. »
À la fin du projet, en octobre 2020, 12 ménages soit 20% des personnes accueillies, sont retournés à l’hôtel. Mais selon Brice Mendès, la qualité de l’accompagnement social reste prioritaire vis-à-vis du nombre d’habitants relogés :
« Le relogement n’est pas la mission première de la formule intercalaire. Parfois, soigner la toxicomanie est plus important que de trouver un logement stable par exemple. C’est l’accompagnement social et pas le type de logement, intercalaire ou pas, qui améliore les situations à la sortie, que ce soit en termes de relogement, d’emploi ou de santé. »
Des projets de constructions modulaires sur des terrains de la Ville
Plus récemment, l’Hôtel de la rue a régularisé sa situation en signant une convention d’occupation avec la Ville, faisant de l’ancien squat la deuxième expérience d’habitat intercalaire à Strasbourg. Alors que l’occupation du bâtiment de Koenigshoffen doit prendre fin en septembre, la Ville de Strasbourg continue d’explorer cette voie, à la fois pour soulager les centres d’hébergement d’urgence, mais aussi pour éviter l’installation de squats dans des bâtiments vides.

« On a identifié des terrains. Même si on ne sait pas encore précisément ce que l’on va en faire, on pense à des constructions modulaires, comme à Lyon, où la métropole a mis des tiny houses à disposition de familles précaires« , explique Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge des Solidarités. « Notre palette de projets va de l’Odylus aux Grands Voisins (à Paris, un ancien hôpital qui accueille entre autres hébergement d’urgence, salle de concerts et recyclerie en attendant sa transformation en éco-quartier, ndlr) ». Si les plans sont encore flous, l’adjointe promet un « coup d’accélérateur » à partir de septembre, avec des évaluations des sols.
Le parc privé, trop important pour être ignoré
Si Floriane Varieras parle de terrains, c’est parce que la plupart des bâtiments inoccupés appartenant à la Ville de Strasbourg sont détériorés et ne permettent pas l’accueil de résidents. Dans ces circonstances, installer des constructions modulaires est « financièrement bien plus avantageux que de rénover des bâtiments parfois destinés à la destruction », explique l’adjointe en charge des Solidarités :
« Il y a bien une pénurie de logements mais les moyens financiers de la collectivité sont limités. On peut financer un accompagnement social mais pas la location de bâtiments. L’objectif est plutôt de développer une sorte de mécénat, que des promoteurs immobiliers prêtent des bâtiments inoccupés, comme ça a été le cas avec l’Odylus. Le privé est une force de frappe trop importante pour être ignorée. »
Pour intégrer des promoteurs immobiliers à la démarche, Floriane Varieras évoque l’idée d’une plateforme de repérage et de recensement des bâtiments vacants à Strasbourg, où les propriétaires pourraient inscrire leurs biens. « Parce que le nerf de cette guerre du logement, c’est l’argent et le bâti », résume-t-elle.
Autre aspect de la question: travailler à un nouveau type d'accueil permanent qui tire leçon des expériences de squatts, coté aménagements et équipements. Et aussi, coté accueil et écoute des sans logis, et de l'hétérogéinité de leurs parcours. Tous ont à un moment besoin d'un hébergement immédiat, mais tous ne veulent pas rester ad aeternam à Strasbourg-EMs: il y a un nomadisme urbain de 20 % dans la popultation globlae, pourquoi en serait il autrement pour celles et ceux qui ont eu un accident de la vie ? un Hotel -pension d'acceuoil gratuit financièrament, mais à gestion coopérative serait une piste à creuser, en plus de l'habitat intercalaire. sinoin ce dernier risque vite de tourner à "surexploitation" d'espaces lorsque le prix de l'immobilier est faible, et en rareté lorsque les prix vont re-augmenter, bref la loi du marché.
Des locaux qui vont être occupés intelligemment au lieu de rester vides et sont trop souvent sujet de dégradations ou/et de vol d'éléments (radiateurs, sanitaire, tuyauterie, câbles électriques)
Je crois que cela pourrait même être l'objet d'un deal "gagnant-gagnant" avec les propriétaires des lieux: Les occupants assurant de fait une garde permanente des biens et le protègent des dégâts du gel.
Examinons le montant des investissements financiers et la capacité cumulée de la Ville et de l' Etat.
Beaucoup d'effets vont dépendre d'une meilleure collaboration encore.
Il faut tenir compte aussi de l' amélioration de la politique d' accueil des demandeurs d'asile et des mineurs isolés.
Et soutenir ( en s'inspirant de leur expertise) les associations qui ont les mains dans le cambouis.
Penser sérieusement à revaloriser le salaire des intervenants sociaux et des éducateurs, souvent très dévoués et exemplaires qui s'épuisent à la tâche, et tenter d'impliquer les professions libérales ,en soutien.
Par exemple au niveau de l'Espace Européen de l'Entreprise à Schiltigheim, certains locaux sont vides depuis que je travaille sur cette zone (soit 7 ans), la construction de l'Hôtel du Roi Soleil sur un emplacement de verdure, à proximité immédiate du lac (et donc du seul espace qualitatif de cette zone économique, très prisé par les sportifs ou les flâneurs pendant la pause méridienne) est pour moi un scandale.