

Spirochètes borrelia burgdorferi (Centers for Disease Control and Prevention, part of the United States Department of Health and Human Service / wikimedia / CC)
Accusée d’escroquerie par l’assurance maladie, la biologiste strasbourgeoise Viviane Schaller se qualifie de « lançeuse d’alerte ». A nouveau devant les juges la semaine prochaine, elle redira que la maladie de Lyme est bien plus présente qu’on ne le croit, et que l’accepter permettrait d’expliquer bien des pathologies, et accessoirement d’économiser des « milliards » à la Sécurité sociale.
« Je me battrai jusqu’au bout. S’il faut que je me ruine, je le ferai ». La détermination de Viviane Schaller questionne. Accusée d’avoir escroqué la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) en modifiant le protocole de test pour détecter la maladie de Lyme, la biologiste strasbourgeoise, ancienne propriétaire du laboratoire Schaller rue Oberlin, étaye les raisons de son choix.
Un « écueil » dans les techniques de diagnostic
2006, Viviane Schaller explique que des médecins alsaciens l’interpellent parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi des patients ont « les symptômes sur le plan clinique (de la maladie de Lyme, ndlr) alors que les réponses sérologiques sont négatives ». La pharmacienne-biologiste s’intéresse alors de près à cette question.

Érythème migrant typique, mais qui n’apparaît pas toujours pour qui est infecté par la maladie de Lyme. Le taux d’apparition varie beaucoup selon les sources (et les convictions), de 20 à 90%. (Photo Jongarrison / wikimedia / CC)
Pour Viviane Schaller, c’est l’existence de plusieurs souches bactériennes qui provoque des symptômes et des effets différents : tantôt des arthrites, des problèmes de peau, des problèmes neurologiques… Alors qu’aux États-Unis la souche burgdorferi est présente dans 95 % des cas diagnostiqués, l’Europe connaîtrait une quinzaine de souches différentes : afzelii, garinii, spielmani, valaisiana par exemple. La souche borrelia burgdorferi serait présente chez seulement 20% des cas dans nos régions selon la pharmacienne-biologiste.
Une seule souche dans les tests ELISA
Or, Viviane Schaller explique que le test ELISA des laboratoires bioMérieux – très répandus en France – n’utilisaient jusqu’en 2011 qu’une seule souche : borrelia burgdorferi. Pourquoi utiliser qu’une seule souche ? Pour Viviane Schaller, c’est parce que les laboratoires ont fait le choix de produire les « protéines les plus immunogènes, c’est-à-dire constitutives des bactéries et qui provoquent le plus la fabrication d’anticorps de la part du patient », en pensant que cela créerait des « réactions croisées » entre les différentes souches.
Mais pour la biologiste, les souches « sont différentes les unes des autres et entraînent des anticorps spécifiques pour chacune d’elle. Comme on utilisait qu’une seule variété (dans les protocoles de diagnostic ELISA, ndlr), on passait à côté des autres ». Ainsi, Viviane Schaller affirme qu’un patient peut être positif pour une souche donnée et déclaré négatif à la maladie de Lyme pour une autre et être soigné pour d’autres pathologies.
Western Blot : « Une des quatre meilleures techniques au monde »
C’est la raison profonde pour laquelle Viviane Schaller utilise le test Western Blot, commercialisé en France par ALL-DIAG et fabriqué par Mikrogen, un laboratoire allemand. La biologiste en fait l’éloge :
« Je ai utilisé la technique Western Blot dans mon labo, j’ai essayé de comprendre ce qu’elle pouvait apporter pour répondre aux médecins qui me posaient des questions sur la validité des différentes techniques utilisées et cela m’a effectivement permis d’avancer. C’est une technique très sophistiquée, performante et pointue, spécifique à presque 100 %. Étant donné qu’elle est très chère, très coûteuse en temps, en réactif et en matériel, ce n’est pas rentable pour un laboratoire d’analyses d’utiliser la technique Western Blot. C’est pourquoi j’étais l’une des seules à le faire. Bien m’en a pris parce que ça a pris de l’ampleur. J’utilisais une technique très performante et qui donnait des résultats en corrélation avec la clinique pour la première fois ».
BioMérieux ajoute deux nouvelles souches
En février 2009, la biologiste prend contact avec bioMérieux. Le laboratoire français semble intéressé par le problème soulevé par la biologiste. On notera d’ailleurs que dans les échanges d’e-mail qui nous sont parvenus, la CPAM questionne les laboratoires bioMérieux sur la baisse du seuil de positivité opérée par le laboratoire Schaller. BioMérieux, par l’intermédiaire d’une responsable qualité, déclare en 2010 que le laboratoire Schaller a eu une « démarche cohérente », expliquant d’ailleurs que ses remarques ayant pour sujet un manque de réactivité des tests ELISA sont en partie à l’origine de la sortie d’un nouveau test.
En 2011, deux nouvelles souches sont ajoutées au test ELISA : borrelia afzelii et borrelia garinii, permettant, selon la biologiste, d’élargir le spectre du diagnostic, en plus de séparer les IgM et les IgG (deux types d’immunoglobulines, donc d’anticorps, qui réagissent à la maladie de Lyme). Dans un courrier, les laboratoires bioMérieux insistent pour que Viviane Schaller utilisent désormais les nouveaux tests « plus en accord avec vos observations cliniques », lui rappelant qu’ils ont été « alertés » par la CPAM du Bas-Rhin sur la « modification des seuils de décision ».
Mais la biologiste n’est pas satisfaite pour autant : « J’ai été déçue parce que me suis aperçue qu’il y avait une meilleure correspondance (avec les diagnostics cliniques, ndlr) mais que ce n’était pas ça ». Sans trop entrer dans les détails techniques, Viviane Schaller estime qu’il manque encore des souches, fréquentes en Alsace : borrelia spielmanii et borrelia bavariensis, tout en estimant que le test ELISA détecte la quantité d’antigènes au lieu de déterminer lesquels avec précision.
À force d’insistance, les relations se dégradent. Sans que l’on puisse attester du témoignage de Viviane Schaller par des documents tangibles, la biologiste explique que la bascule dans la dégradation des échanges s’effectue en 2011 avec l’envoi d’une centaine d’échantillons de sérum destinés à comparer les résultats Western Blot avec les tests ELISA. Les laboratoires bioMérieux auraient considéré les échantillons comme mal conservés donc inexploitables.
Un blocage malgré des prises de contact
En parallèle de cette relation avec les laboratoires bioMérieux, Viviane Schaller dit avoir essayé de prendre contact avec « les responsables de cette pathologie en France » en 2011 à deux reprises, à savoir les professeurs Daniel Christmann, chef du service d’infectiologie au CHRU de Strasbourg et Benoît Jaulhac, responsable de la bactériologie au CHRU de Strasbourg et responsable du Centre national de référence des borrélioses. « Le problème, c’est qu’ils n’ont jamais voulu m’écouter, une fois une heure au téléphone avec Benoît Jaulhac et une autre fois à un congrès à Toulouse (Journées nationales d’infectiologie, ndlr) » précise Viviane Schaller, qui ajoute que ce « n’était pas suffisant pour parler du problème de fond ».
Pas question, pour eux, de changer de protocole de diagnostic affirme la biologiste. Quelle est la raison d’un tel blocage quand le débat fait rage ? « Ils défendent les techniques ELISA de bioMérieux » lance sans ambages Viviane Schaller, qui voit dans la fermeture administrative de son laboratoire, sa suspension par le conseil de l’ordre des pharmaciens et le procès en cours un acharnement dû à ses travaux sur le dépistage de la maladie de Lyme.
Selon Viviane Schaller, Benoît Jaulhac a été chargé de valider les techniques VIDAS Lyme, c’est-à-dire le test ELISA des laboratoires bioMérieux, à deux reprises : une première fois quand la technique ne disposait que d’une seule souche et une seconde fois en 2010, quand les souches afzelii et garinii ont été ajoutées à la souche burgdorferi. Dans une déclaration d’intérêts faite le 23 septembre 2011 à l’Institut de veille sanitaire, le professeur Jaulhac indique un « oui » dans la section « Intervention ponctuelles, rapports d’expertise » pour le test « Evaluation VIDAS Lyme 2 » en 2010. Pour la scientifique, cette déclaration traduit les liens de proximités voire de connivences entre les laboratoires bioMérieux et Benoît Jaulhac.

Déclaration d’intérêts à l’INVS par Benoît Jaulhac. Cliquez pour agrandir (Photo AB / Rue89 Strasbourg)
Contacté, Benoît Jaulhac affirme n’avoir « aucun » lien avec les laboratoires bioMérieux (ou autre). Ce n’est pas lui qui a été rémunéré affirme-t-il, mais son laboratoire, précisant qu’il n’y a rien d’anormal qu’un laboratoire soit rémunéré pour tester des techniques de diagnostic. Il ajoute que ses « comptes sont ouverts à la justice » et « qu’il n’y a eu aucun enrichissement personnel » dans l’opération. Il précise en outre que « le laboratoire de bactériologie de Strasbourg est un de celui qui travaille le moins avec bioMérieux en France ».
La maladie de Lyme, mère de tous les maux
Pourquoi une telle ténacité de la part de la biologiste ? La grande conviction de Viviane Schaller, c’est que la maladie de Lyme serait responsable de « très nombreuses pathologies qui expliqueraient sous un tout autre angle les pathologies connues », de « l’autisme au Parkinson en passant par les scléroses en plaque, l’Alzheimer, les polyarthrites rhumatoïdes, les thyroïdites de Hashimoto, les dépressions, les problèmes de fibromyalgie, les problèmes de paresthésie ».
Pour Viviane Schaller, « cette bactérie a la propriété de traverser tous les tissus, y compris osseux ou cartilagineux, quand ça lui prend, quand le terrain est fragilisé », précisant que les porteurs sains existent et peuvent « réveiller la pathologie en cas de traumatisme ou de choc », le système immunitaire « s’affaiblissant et faisant apparaître les premiers symptômes ». Cela, d’autant plus que la maladie de Lyme serait adepte du camouflage et chaque personne réagirait différemment, de quelques douleurs passagères à un handicap chronique :
« Il y a une grande variabilité des symptômes, immédiats, tardifs ou sporadiques qui fait que c’est très difficile à cerner ; la bactérie a une grande capacité à apparaître et à disparaître, toucher tous les organes, sans qu’elle puisse être visualisée dans le sang, capable de changer de taille de 1 à 100, passant sous les microscopes ».
Plus encore, si la bactérie peut traverser les tissus, Viviane Schaller prévient avec gravité : « la maladie peut se transmettre entre une mère et son foetus » (une affirmation que le Pr Jaulhac dément). Si la transmission par le sang est possible, alors on peut craindre un nouveau scandale du sang contaminé, comme le défend également l’association Lyme sans frontières. Et pour en connaître l’ampleur, il faudrait en accepter l’hypothèse argumente Viviane Schaller.
Un nouveau paradigme médical ?
Selon Viviane Schaller, « le corps médical s’est forgé sur des pathologies dont on ne connait pas le cause : ce sont des pathologies dont on va traiter les symptômes. Et ces symptômes sont traités avec des médicaments qu’on a mis au point petit à petit ». Mais il y a un hic : « Aujourd’hui on se rend compte qu’il y a un problème infectieux qui est en train d’exploser, qui provoque toutes sortes de pathologies dont on apprend en fac que ça se traite par les symptômes et que si on ne connait pas l’origine bon… eh bien tant pis. Et maintenant, on apprend que toutes ces pathologies ont peut-être des origines infectieuses, en particulier Lyme ».
Viviane Schaller n’hésite pas à parler de « véritable révolution » :
« Le corps médical, à qui ont a bien enseigné des choses ancrées dans l’esprit, brusquement, voit un truc qui est explosif, qui existe depuis très longtemps, et qui expliqueraient toutes les pathologies qu’il a apprises. Ce n’est pas concevable. Il y a un problème d’acceptabilité du phénomène. Et puis de courage face à cette donnée nouvelle. »
Un « problème de santé public », couplé à un problème financier. Car Viviane Schaller l’assure : si Lyme peut expliquer d’autres pathologies, alors ce serait « des milliards » qui pourraient être économisés par l’assurance maladie, comme elle l’a déjà prétendu à la barre.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : tous nos articles sur la maladie de Lyme et notre dossier.
Soigner le monde entier à perte ! En oubliant les fraudes connues...
Il est logique que les investissement pour soigner les Français ne soient plus possible.
Est le bla bla bla classique affirmant le contraire n'est que propagande comme toujours.
Mais le français mérite sa croix et sa misère santé ne fait que commencer.
L'État à raison tant que ça marchera comme depuis des siècles pourquoi s'arrêter au insignifiant sans dents.
À bon entendeur !
Il y a quelques temps début du moi un professeur philosophe et économiste sur Arte dans un documentaire de la série Que faire à émis de manière magistrale le problème de la diffusion des médicament.
Veuillez m'excuser pour le compte rendu approximatif (je ne trouve pas la vidéo. Si quelqu'un pouvait... le lien est là mais je n'arrive pas à démarrer la vidéo. Je vous fais une résumé sommerait.
http://www.arte.tv/guide/fr/045321-006/que-faire#arte-header
1/ les molécules se trouvaient protégés jusqu'à qu'elles tombent dans le domaine public
2/ Ce qui faisait que l'Inde par exemple en utilisant d'autres protocoles pouvait produire le médicament bien moins cher.
3/ Le philosophe souligne un problème intéressant qui est celui de la surpopulation. La surpopulation est due à la faim et aux maladies qui déciment les enfants. Un couple africain a donc tout intérêt à faire le plus d'enfant possibles afin que le survivant puissent s'occuper d'eux vieux. Or cet argument, dit-il ne fonctionne qu'^à court terme. En effet plus d'enfants survivent plus il y a de la surpopulation. La mortalité infantile serait donc une barrièrre contre la surpopulation Mogges appelait cela le pire crime de l'humanité depuis la seconde guerre mondiale et un crime majeur contre l'humanité sans violence et que tout le monde semble prendre comme une fatalité.
Or dit-il : dans un moyen et long terme ont a constaté qu' une amélioration des conditions sanitaires et sociales amenait une baisse de la fécondité ( En France, pas même deux enfants pas couple.)
Or une nouvelle règle (Drisk) vient d'être instituée qui prolonge de 20 ans la molécule indépendament des protocoles.
Il propose de fonder un fond internationnale - au fonction complexe qui non seulement permettrait de motiver l'industrie pharmaceutique à produire aussi de médicaments moins cher pour des maladies qui n'existe plus dans les pays riches avec bénéf pour tout le monde.
La chose étant un peu compliquée et surtout ne retrouvant la viidéo, si certains d'entre vous avaient des pércisions. Cela serait généiale.. Désolé pour la frappe : j'ai égaré mes nouvelles lunettes .
Bonne soirée à tous Germain !
Ces deux commentaires témoignaient d'expériences spécifiques.
Et voilà qu'ils semblent avoir disparu, pour céder la place à un autre plus factuel, et qui va dans le sens inverse des précédents. Mais je viens de remarquer qu'il y a plusieurs articles. Mea Culpa ;-)
.
Ce dont je voulais parler ici, c'est du titre de l'article :
"Viviane Schaller : une « lançeuse d’alerte » déterminée"
(on passera sur la faute d'orthographe dans le titre)
Titre qui tendrait à induire que cette dame mène une lutte contre une institution médicale qui serait obtuse et fermée à toute innovation.
Heureusement que l'article ne reprend qu'en partie cette thèse et tend heureusement à rester objectif en relatant les faits tels qu'ils se sont déroulés aussi bien sur le plan médical que sur le plan juridique.
Mais ce qui m'intéresse encore plus, c'est cette expression récente dans la phraséologie médiatique : lanceur d'alerte !
- V. Assange est-il un lanceur d'alerte ?
- Le soldat Manning est-il un lanceur d'alerte ?
- L'analyste de la CIA (NSA ?) Snowden est-il un lanceur d'alerte ?
- Viviane Schaller est-elle une lanceuse d'alerte ?
Le fait est que la maladie de Lyme est une assez terrible maladie et qui peut handicaper des années durant. La question est maintenant celle-ci : la difficulté des dépistages peut effectivement avoir pour cause des protocoles "orientés" La difficulté de faire admettre de nouveaux protocoles ne tient pas simplement à des considérations d'efficacité mais aussi trop souvent à des affaires de gros sous.
On reproche à cette dame de s'être fait du fric en "modifiant" non pas tant les protocoles que les valeurs de certains instruments de dépistage. Si elle a pu se faire du fric là-dessus cela met effectivement en doute la crédibilité de sa démarche. Mais le protocole existant n'est-il pas susceptible de faire faire du fric à des boites nettement plus puissantes et le protocole n'est-il pas établi en conséquence ? On peut du moins se poser la question ?
Un peu long comme d'habitude, mais intéressant aussi bien sur la notion de "lanceur d'alerte"
C'est surtout votre dernier paragraphe qui m'intéresse.
J'ai un ami qui souffrait depuis de longues années de cette maladie qui épuise aussi bien le corps qu'elle attaque l'esprit et le caractère.
Quand il a découvert le Tic ToX, il a été comme transfiguré ! C'était redevenu l'homme que j'avais connu en ma jeunesse.
Aujourd'hui il est désespéré à l'idée que les douleurs reviennent !
Qu'est-ce qui vaut mieux : des principes reposant sur d'autres principes (comme celui de précaution poussé à outrance) ou une efficacité réelle qui soulage le malade ?
Je me permets de répondre à la place de Bella qu'à mon sens vous exécutez un peu rapidement.
Il est vrai - et plus encore depuis que le net a fait se multiplier les sites du genre - que l'automédication devient chose courante au point où certains patients arrivent maintenant chez leur médecin avec par avance le diagnostic trouvé chez doctisssimo, voire même les noms des médicaments qu'il leur faut.
Je n'y connais pas grand chose en médecine.
Aussi aurais-je juste deux questions concernant ce que vous écrivez et que je déchiffre en néophyte. Sans doute pourrez-vous m'éclairer en ayant quelque indulgence pour ma naïveté :
- Vous écrivez : "Un biologiste se doit de changer de technique lorsqu’il estime que celle qu’il met en oeuvre n’est pas adaptée."
Or, la "technique" n'est-elle pas imposée ?
- Ou alors il y aurait une différence entre technique et protocole ? En quoi du coup j'aimerais que vous m'expliquiez en termes accessibles à tous en quoi cette différence consiste.
Pour prendre un domaine que je connais mieux que la médecine (et où la médecine se fout des protocoles, mais où souvent du fait de l'urgence elle progresse notablement, on aurait tendance à dire malheureusement.) c'est le domaine militaire. Là aussi il y a des techniques (les moyens à disposition et leur bonne ou mauvaise mise en oeuvre) et des protocoles ( règles d'engagement). De la bonne coordination des deux dépend le succès ou non d'un engagement. Autrement dit, toutes les règles d'engagement prescrivent une identification explicite et si possible confirmée par des sources multiples de la cible pour pouvoir mettre en oeuvre ensuite les moyens de la traiter. Mais passons...
De fait je voulais réagir à votre remarque ironique à l'égard de Bella.
En rappelant d'abord que toute médecine, tout pharmakon relève d'abord de l'empirique. Ce n'est qu'après que selon des raisons pas toujours liées au seul souci médical, les procédés et médicaments deviennent effectivement utilisables.
Autrement dit, quand Gallien je crois, pratique ce que nous considérons comme la première lobotomie, ce n'est pas parce qu'il suit un protocole mais parce qu'il sent tout simplement qu'il faut faire lâcher la pression sur la boite crânienne de l'enfant qui survivra ainsi durant quelques heures. Durant des siècles, la médecine occidentale a été retardée, tout simplement parce que l'Eglise interdisait l'expérimentation sur les cadavres que les médecins pratiquent en douce et leur risques et périls...
Claude Bernard, Gaston Bachelard et même Karl Popper insistent en les affinant sur les conditions de l'expérimentation scientifique.
Bachelard insistant par exemple sur le fait qui dans l'Histoire des sciences apparaît comme inactuel à un moment donné, peut redevenir actuel à un autre. Karl Popper avec sa critique de l'induction nous prévient des généralisations hâtives et nous conseil de ne jamais tenir un savoir pour définitif.
Quand Freud revient de Paris où il avait suivi les cours du professeur Charcot, il se fait huer par la médecine politiquement correcte viennoise. N'eut-été un certain Breuer. Aujourd'hui on utilise occasionnellement l'hypnose dans les services du Professeur Marescaux.
De même qu'un institut russe exporte dans le monde entier à des fins thérapeutiques...
Tout cela pour dire que le gros problème de toute médecine et de toute science c'est sa tendance à l'inertie !
Ajoutez à cela le principe de précaution poussé à l'outrance par la menace juridique et les intérêts économiques des industries pharmaceutiques.
Mais pour commencer expliquez-moi,svp, cette différence entre technique et protocole. Merci !
P.S. J'ai relu le message de cette dame elle n'est pas dans le ouïe-dire, mais dans l'expérience du vécu d'un ami.
Un petit truc encore. Freud avait été exclu de l'ordre des médecins. Et quoique la neurobiologie apporte des éléments neufs à nos connaissances des mécanismes du psychisme humain. Aujourd'hui la psychothérapie se trouve en partie remboursée par la sécu.
Et erreur ! Le mot tout à l'heure était trépanation bien sûr et pas lobotomie ;-)
Monsieur,
A lire vos commentaires, vous êtes certes un spécialiste, ce que je ne suis naturellement pas et ne prétend pas être.
De même que je ne tiens nullement à fonder une médecine sur la simple foi d'un seul témoignage.
Il n'en reste pas moins que le produit en question a soulagé mon ami. Il est vrai qu'il a peut-être aussi fumé des tonnes de shit (ai-je entendu parler du légalisation à des fins thérapeutiques ?) ce qui n'est vraiment pas son genre. Ou qu'il a bénéficié d'un effet placebo particulièrement efficace.
Quel argument avez-vous à opposer au fait qu'un homme d'un certain âge déjà, qui souffrait depuis des années le martyr et avait de ce fait un caractère de cochon, se trouve soudain soulagé par un médicament non autorisé en France ?
Le principe de précaution ? C'est marrant ! Cela me fait penser à un autre "médecin" qui a poussé le principe de précaution jusqu'à la justification de la "frappe préventive"
La peur d'effets néfastes à long terme entraînant procès sur procès ?
Pour les médicaments que l'on détournent de leur destination initiale je veux bien. Mais ceux qui sont soi-disant fiables ?
Il est exact que chaque fois que je lis le mode d'emploi d'un médicament, il y a une liste telle d'effets secondaires qu'on est amené à se demander si le médicament ne va pas nous rendre malade plutôt que de nous guérir.
On trouve un peu la même chose d'ailleurs sur tous les modes d'emploi : "ne mettez pas votre chat dans votre micro-onde", "n'utilisez les lunette-loupes que de manière occasionnelle" (tiens avec le prix des lunettes qui augmentent...)
Et pour finir une devinette, encore rapportée par un autre ami :
Comment se fait-il que dans certaines pharmacies certains génériques soient plus chers que le médicament initial ?
Bonne nuit Monsieur !
Je ne peux vous répondre sur tous les points mais je vous rejoins sur le principe de précaution qui, poussé à l'extrême comme nous le faisons, ne nous apportera que déception et manque d'initiative...ce qui ne doit pas nous empêcher d'être lucides quant à l'intérêt de certaines "découvertes".
A propos des guérisons constatées avec tel ou tel produit, n'oublions pas que l'effet placebo, ou tout simplement le temps, sont les premiers capables d'apporter de profonds soulagements...
Il ne m'a pas fallu 5 secondes pour trouver ce type de témoignage à propos du Tic-Tox :
"tix tox dans mon cas agit sur toutes les tensions musculaire et egalement ma chute de cheveux qui a nettement diminué!!!! je precise que je suis fatiguée( le soir pas en journée) depuis que je suis sous tic tox!!! J'ai repris le sport à raison de trois fois par semaine, je fais 10 kilometres de velo+ 15 minutes de steep.Je garde espoir pour une guérisson définitive!!!".
Cela pour confirmer que nous ne pouvons nous baser sur des "constatations" individuelles pour évaluer l'efficacité d'un traitement. Nul doute que si ce traitement est efficace, il resurgira rapidement sous la bannière d'une major pharmaceutique ;-)
Ce que je ne crois pas une seule seconde...
Sariette, camomille, propolis (ce sont les constituants du Tic-Tox !), on se croirait un peu au bord de la roulotte d'un bonimenteur du Far-West !
Bonjour,
Il existe autant de "techniques" que de fournisseurs capables de répondre à un cahier des charges concernant un examen inscrit à la nomenclature des actes de biologie médicale.
Lorsque nous parlons de "technique", ceci signifie "coffret réactif", au delà de la méthode utilisée par le réactif (ELISA par exemple).
Donc oui, en ce qui concerne la maladie de Lyme, plusieurs coffrets réactifs (donc plusieurs "techniques") sont disponibles dans le monde et le biologiste doit adapter sa "technique" en fonction des caractéristiques du réactif et de sa population.
Ainsi, madame Schaller n'étant pas satisfaite du coffret Bio-Mérieux qui n'était fabriqué qu'à partir d'une seule souche initialement (Borrelia burgdorferi au sens strict) a-t-elle demandé au fournisseur d'intégrer des souches plus "locales", souches qui étaient déjà intégrées dans d'autres réactifs à l'époque.
Elle nous a aussi indiqué avoir testé les autres réactifs disponibles, qui ne lui auraient pas donné satisfaction.
Le problème se situe finalement en amont :
- Certains pensent que le Lyme est responsable de beaucoup de syndromes étiquetés "psychiatriques", "psychologiques", voire de certains autismes ou tout simplement de pathlogies d'origine inconnue ou aux frontières floues (fibromyalgie, syndrome de fatigue chronique...).
- D'autres (dont je fais partie) estiment que le Lyme sert de plus en plus de "poubelle" dès lors qu'un patient ne supporte pas qu'on ne puisse donner d'explication rationnelle sur son état.
Les premiers auront naturellement tendance à vilipender les tests de dépistage qu'ils estiment faussement négatifs, allant parfois jusqu'à adopter une interprétation des tests que je qualifierais de toute "personnelle" (les fabricants donnent pourtant des indications claires à ce sujet) .
Les autres suivront le protocole de dépistage recommandé, sans perdre de vue les limites des tests (ceux-ci ont cependant gagné en maturité au cours des dernières années). Ils pensent aussi qu'il vaut mieux rendre, rarement, un test négatif et laisser le médecin traiter lorsque les arguments cliniques sont malgré tout très en faveur d'une maladie de Lyme, plutôt que de sortir des sérologies de Lyme positives à tour de bras pour des patients qui ne sont pas atteints par cette maladie.
Le futur apportera la réponse !
Un biologiste se doit de changer de technique lorsqu'il estime que celle qu'il met en oeuvre n'est pas adaptée. Mme Schaller a préféré changer le protocole de dépistage et, ce qui n'est pas dit dans votre article, aurait pris certaines largesses avec l'interprétation du Western Blot de Mikrogen (en déclarant positif des tests qui, au regard des préconisations fabriquant, étaient strictement négatifs ou indéterminés).
1) tous les tests Elisa, sont fabriqués selon le même principe, et font appel à un nombre limité de souches; Alors , que ce soit BMérieux Diasorin, Boehring, ou d'autres, que j'ai testé tour à tour, c'est le même écueil. La Borréliose est due à une quinzaine de variétés de souches différentes.
2)quand une infection bactérienne qui se chronicise, provoque une immunodefiscience, cad une baisse du taux des anticorps(Ac) spécifiques, pourquoi vouloir tenir compte des taux d'Ac, puisque ceux-ci peuvent diminuer voire disparaitre, alors que l'infection est toujours présente. C'est précisément le principal problème de la Borréliose de Lyme, ce qui rend si compliqué sa détection.
3) c'est la raison pour laquelle j'ai mis en route une 2ème technique appelée Western-Blot, qui, malgré son coût en réactif,appareillage,temps de travail (très mauvaise rentabilité), a pour grand avantage de donner une réponse qualitative la plus fiable, la plus sensible et spécifique possible, (car elle fait appel aux 5 souches les plus courantes dans nos régions). Elle a permis de mettre en évidence des Lyme chroniques, pour lesquels le taux d'Ac était tellement bas que les seuils de positivité et même de détection des Elisa étaient inadaptés.
J'espère que la personne qui se targue de savoir comment procéder pour faire des bons diagnostics de Borrélioses prendra dorénavant la peine de se renseigner avant de se prononcer .
Viviane Schaller. Biologiste.à Strasbourg.
Je peux cependant admettre qu'un test ELISA ne soit parfois pas "réactif" vis à vis de certains anticorps, ce qui est également vrai pour le Western Blot (Mikrogen ou autre !) puisqu' aucun n'est fabriqué avec toutes les souches de Borrelia rencontrées dans la nature.
Je suis personnellement plus préoccupé par les tests ELISA positifs qui ne sont pas confirmés après Western Blot. Ceci bien sûr si l'on utilise les critères d'interprétation du fabriquant.
D'ailleurs, utilisiez-vous vous-même les critères d'interprétation de Mikrogen pour les WB de vos patients ? Si oui, il n'est pas possible que vous n'ayez pas constaté de nombreux tests ELISA positifs qui se révélaient négatifs par Western Blot...
Lanceuse d'alerte ou pas, je ne suis pas apte à en juger.
Mais dans la mesure où (certes je ne suis pas votre avocat) il y a une procédure juridique en cours, permettez-moi de vous conseiller (je me mêle certes de ce qui me regarde pas ; un vieux défaut chez moi ;-) ) de ne pas trop vous exprimer en public sur le fond médical de la chose.
Merci du fond du coeur
Par ailleurs, une bonne fois pour toute, avoir un WB positif ne signifie en RIEN que les symptômes vêcus par une personne soient liés à l'infection (souvent ancienne et GUERIE) détectée par ce WB. Nous sommes à peu près tous positifs sérologiquement parlant pour la varicelle, la mononucléose et de nombreuses autres maladies, et ce n'est pas pour autant que nous aurions pour idée d'incriminer ces infections de notre enfance dans tous les maux de notre quotidien. Que le Lyme chronique existe je ne suis pas en mesure de le nier catégoriquement, mais qu'il soit responsable de tous les malheurs de nos concitoyens, certainement pas !
1) Seules les bactéries Borrelia burgdorferi sensu stricto, afzelii et garinii/bavariensis sont isolées de manière régulière de malades atteints, on est donc loin des "15 souches" décrétées ici. D'autant que les antigènes détectés par l'ELISA sont communs aux différentes souches pathogènes.
2) Dans les formes authentiquement chroniques (comme l'acrodermatite chronique atrophiante), la sérologie ELISA standard est TOUJOURS positive, et fortement avec des taux d'IgG très importants. C'est la réponse immunitaire dirigée contre Borrelia qui est responsable des symptômes, pas la bactérie elle-même (qui ne fabrique AUCUNE toxine).
3) Une sérologie positive ne signifie en AUCUN CAS avoir la maladie de manière systématique. Une étude autrichienne à montre que dans une population de chasseurs de plus de 50 ans en pleine santé, 50% des patients ont une sérologie ELISA classique positive. Soit 50% de faux positifs. Et vous osez affirmer que la technique manque de sensibilité ? Quelle mauvaise foi.
Cette désinformation est nuisible est suscité beaucoup de souffrance voire de paranoïa chez des patients qui n'ont pas besoin de ça.
Excusez-moi ! Je vous fais réponse ici sans savoir où le truc ira se placer.
Merci pour vos explications.
Quelques question juste...
Le Lyme se transmet bien par la tique et uniquement pas la tique ?
Connaissez la fabuleuse description de la Tique par Deleuze dans son abécédaire ? Il dit à peu près ceci : Qu'il est fasciné par la Tique parce qu'elle a un monde et que ce monde consiste en trois simples choses :
1/ grimper jusqu'au bout de la branche 2/ attendre 3/ tomber sur sa victime.
Vous écrivez : " le biologiste doit adapter sa « technique » en fonction des caractéristiques du réactif et de sa population."
Le fait que plusieurs "coffrets" sont à disposition lui permettait donc de choisir n'importe lequel ?
"n’étant pas satisfaite du coffret Bio-Mérieux qui n’était fabriqué qu’à partir d’une seule souche initialement (Borrelia burgdorferi au sens strict)" :
Vous considérez donc qu'il était insatisfaisant puisque ne proposant pas une palette assez large. Comme un filet aux maille trop large ?
"a-t-elle demandé au fournisseur d’intégrer des souches plus « locales », souches qui étaient déjà intégrées dans d’autres réactifs à l’époque."
Vous considérez qu'elle aurait du choisir un autre coffret ?
Autrement dit plutôt que de resserrer les mailles du filet que j'ai, je dois choisir un autre filet ?
Pour donner un exemple : l'autre jour une amie devait intégrer des images (des plans) dans un document texte, mais quand elle cliquait sur l'image il l'ouvrait dans un format que l'application texte n'acceptait pas. Je lui ai dit de prendre l'application image de l'ouvrir de prendre dans le menu déroulant le format d'image de son choix (un autre coffret) et de voir lequel marcherait, mais j'aurais aussi bien pu lui dire
de dérouler le menu de l'application jusqu'au bout : tous les formats à la fois. Bon ma comparaison est lacunaire parce que l'application du coup aurait ouvert le format initial. Mais ce que vous reprochez il me semble à Mme Schaller c'est d'avoir fabriqué un coffret tout format ou du coup forcément le document ouvert dirait Lyme ?
Mais du coup, le reproche que vous lui feriez si je comprend bien c'est d'être tombé dans le piège d'un des premiers obstacles épistémologiques dont parle Bachelard sur l'usage abusif de la phrase d'Aristote : "il n'est de loi (scientifique) que du général" La généralisation abusive. Comme le fait scientifique est construit, et que la réalité finalement change en fonction de ces instruments.
Comme on n'est pas mort de la même façon en fonction des instruments dont on dispose pour la constater, miroir, pouls, stéthoscope, cardiogramme, encéphalogramme... Mme Schaller aurait pour ainsi dire inventer un instrument où l'on est toujours mort, autrement dit où on tombe toujours sur la maladie de Lyme ?
Mais là on serait plus dans un préjugé épistémologique que dans une histoire d'escroquerie, non ?
C'est un peu comme ce médecin qui était entrée en coup dans la chambre de la clinique : vous n'arrivez pas à dormir, apnée du sommeil Il vous faut un appareil respiratoire à mettre la nuit.et pouf le bonhomme est reparti. Et moi de crier : "Et je ré(ai) sonne mal aussi la nuit ! "
En vous souhaitant un bon week end !
d essayer de voir le loup que de s'évertuer à chercher ses traces...
"Coûteux" Vous l'avez dit.
"Social progress"
Un ami m'a appris un des sens de cette expression aux USA.
Dans le vocabulaire scolaire, c'est le fait de ne plus faire redoubler les enfants (dans les écoles publiques).
Les lacunes du début ainsi s'accumulent jusqu'à la fin.
Trop coûteux de faire redoubler
Dans la novlangue du politiquement correct cela devient "social progress"