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Minimalisme, zéro déchet, bio : pourquoi tout faire en même temps

Même si l’on est loin du tsunami, les vagues du bio, du zéro déchet, du minimalisme ou de la simplicité volontaire atteignent gentiment nos cerveaux, à coup de pubs, de blogs, de livres, d’émissions, de discussions entre proches ou collègues, de démarches individuelles ou collectives. Si ces vague(lette)s ont chacune leurs cercles et leurs adeptes, les associer au quotidien apporte de la cohérence à ce qui pourrait, sinon, n’être que des modes passagères.

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Minimalisme, zéro déchet, bio : pourquoi tout faire en même temps

À mon fils, la maman d’un copain compatissante : « Oh, ça ne doit pas être facile tous les jours avec ton écolo de mère »… Ma commerçante bio au marché, sur le défi Sans objet sans déchet : « Avec toi, il y a toujours du mouvement » ! D’amicaux voisins, au détour d’une conversation : « Ah bon, mais comment tu fais sans PQ ? »… Quand j’évoque notre mode de vie sans produit jetable ni appareil électronique sophistiqué, l’incrédulité ou l’interrogation sont généralement au rendez-vous. Vivre sans crédit à la consommation, sans télé, sans virée shopping, sans essuie-tout, congélateur ni smartphone, nous ferait presque passer pour des extraterrestres !

Finis le stress et la peur de manquer

Pourtant, nous n’avons rien de hippies. Nous vivons dans ce qu’une immense majorité de la population mondiale qualifierait de très grand confort, dans un appartement cosy de la Robertsau, jouissons d’une nourriture physique et culturelle variée, partons en vacances plusieurs fois dans l’année (pas en avion, ni « au soleil », certes…). Mais voilà, depuis de nombreuses années, nous adoptons progressivement un mode de vie de plus en plus proche de nos convictions, tentant en permanence de mettre en cohérence nos actes et nos idées. Un mode de vie qui, petit à petit, nous apporte de la paix et de la joie, plutôt que du stress et la peur de manquer.

Matériel zéro déchet corporate Rue89 Strasbourg (Photo MH / SOSD)

Sur internet, dans les entreprises et les collectivités, sur les rayonnages des librairies, l’alimentation bio ou le zéro déchet gagnent (doucement) des parts de marché, misant sur des arguments santé et bien-être, éco-responsables ou économiques. Dans les milieux écolos ou sur les réseaux sociaux, les mouvements de la simplicité volontaire (venu du Québec, à portée individuelle et politique), de la permaculture, du développement personnel (très américain, avec plein de bonnes choses dedans !) ou du minimalisme (inspiré plutôt de la culture asiatique) font de plus en plus de convaincus. Mais souvent, les passerelles entre ces « mondes », entre ces « modes », jugeront certains, n’apparaissent pas.

Le reprise de pouvoir sur sa vie

Un tort, puisque ces différents concepts et styles de vie s’enracinent dans les mêmes constats et souvent les mêmes recettes : mieux mais moins, plus d’être et moins d’avoir, plus de naturel et moins de chimie, etc. Les adopter tous, à son rythme et à sa sauce, permet d’apporter chaque fois une nouvelle pierre à un même édifice : celui de la vie bonne (le buen vivir sud-américain, relation harmonieuse entre l’être humain et la nature), de la bienveillance envers soi et les autres, et de la réduction de notre empreinte écologique. Objectif encore : enrayer la destruction de notre milieu de vie (la seule planète que nous ayons) pour la génération qui nous suit.

Alors, comment faire, ou plutôt, modestement, comment nous faisons à l’échelle de notre petite famille strasbourgeoise, urbaine et « moyenne », pour pratiquer tout ça à notre façon. D’abord, allant à contre-courant du crédo « travailler plus pour gagner plus », nous avons décidé de travailler moins : moi à 30%, mon mari à 80% (un peu plus, un peu moins, c’est variable…). Pas pour gagner moins, même si c’est une conséquence effective, mais pour nous réapproprier notre temps. Un des piliers de la simplicité volontaire : l’autonomisation, la reprise de pouvoir sur sa vie.

Moins d’argent et plus de temps

Moins d’argent et plus de temps « à soi », cela permet de s’approvisionner en nourriture autrement qu’une fois par semaine au supermarché, de cuisiner, de récupérer les enfants entre midi et deux, puis à 15h45, de s’épargner une ou deux fois par semaine des transports parfois épuisants, un agenda surchargé et une importante pression sociale (vêtements, gadgets, esthétique…). Le temps de lire, d’écrire, de réfléchir, d’apprendre, de partager… et parfois de ne rien faire.

Panier bio de mon jardin – Août 2016 (Photo Marie Marty / Rue89 Strasbourg)

C’est aussi s’occuper d’un jardin familial, où faire pousser des aromates pour ses tisanes, des arbustes à petits fruits pour les goûters des enfants, quelques tomates et pommes de terre… Le tout, tendant vers la permaculture, forme de jardinage avec la nature et non contre elle. Un moyen économique, ludique et éducatif d’avoir un complément de revenus, une activité au grand air (à 5 minutes du port aux pétroles, bon…) et une relation à la terre, équilibrante et déstressante, qui nous manque tant dans les grandes villes.

Le temps de faire du vélo, de marcher, d’aller dans les bibliothèques et des parcs, plutôt qu’en vitesse faire un peu de shopping à la pause déjeuner. L’opportunité aussi de créer son activité professionnelle en faisant profiter particuliers ou collectifs (associations, entreprises…) de ses compétences théoriques et pratiques.

Limiter ses possessions au strict nécessaire

Minimalistes aussi, nous avons limité nos possessions matérielles au strict nécessaire (une donnée variable d’une famille à une autre, d’une histoire à une autre…), ne stockons rien, donnons beaucoup, vendons parfois. Désencombrer, c’est laisser de l’espace et du vide autour de soi pour trouver de l’espace en soi, de la créativité et de l’énergie pour mener ses propres projets. C’est bien sûr aussi arrêter de faire fonctionner sans fin cette économie du « toujours plus », génératrice de pollution(s) et de déchets. Zéro déchet donc, dans l’alimentation et les produits d’hygiène surtout.

Pourquoi c’est important de mixer les deux : parce qu’être minimaliste et consumériste, à la pointe de la tendance, c’est possible, mais c’est profondément incohérent. On peut n’avoir que trois pantalons mais, conformément à la règle minimaliste du « un qui entre, un qui sort », en acheter un par semaine et en donner/jeter un dans la foulée. De même, on peut appliquer le zéro déchet, mais acheter largement plus que de besoin, occasionnant une ponction inutile sur les ressources naturelles. Avoir ses placards plein de jolis bocaux en verre remplis à ras-bord de 10 céréales différentes, un frigo plein au risque de gaspiller de la nourriture, trois brosses à dents en bois et des fringues (certes d’occasion) pour habiller 5 adultes au lieu d’un, n’a pas beaucoup de sens.

Autant de meubles de rangement achetés en trop, de pièces où stocker ses affaires à louer et chauffer, d’appartements trop grands (et chers) à construire et à acheter, d’augmentation à demander à son patron, d’heures supplémentaires à faire… Minimaliste et zéro déchet ensemble, donc, c’est mieux.

Regarder en soi et accepter de bouger

Dans notre vie de tous les jours, sans être franchement exemplaires, nous tentons de garder en tête ces différents paramètres : du bio et peu de produits animaux (= santé, respect des sols, de l’eau, du vivant…), simplicité et minimalisme (= plus de temps, moins d’argent, circonscription des besoins…) et zéro déchet (limitation de notre empreinte, circuits alternatifs et économie locale…). Pièges à éviter : le bio sur-emballé du bout du monde, les stocks infinis de produits en vrac, les quantités astronomiques de fripes ou le tout-numérique et sa gabegie énergétique. Cohérence, on vous a dit !

Les commerces de vrac, les marchés, les AMAP, les composteurs collectifs, les possibilités de donner ses objets, les jardins familiaux et partagés, ou les associations écologistes sont nombreux à Strasbourg, même s’il manque peut-être une bonne plateforme de prêt. Pour démarrer ou approfondir : questionner ses habitudes, regarder en soi et accepter de bouger !


#écologie au quotidien

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