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300 Européens défilent contre l’inclusion du gaz et du nucléaire dans les énergies de transition « vertes »

Environ 300 personnes se sont réunies mardi 5 juillet vers midi devant le Palais Universitaire de Strasbourg pour demander le retrait du gaz et du nucléaire des « activités économiques durables » de l’Union Européenne. Des associations venues de toute l’Europe se sont rendues jusqu’au Parlement européen pour interpeller les députés, qui doivent voter pour ou contre cette classification ce mercredi 6 juillet. 

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300 Européens défilent contre l’inclusion du gaz et du nucléaire dans les énergies de transition « vertes »

Des militants écologistes d’Ukraine, d’Italie, d’Espagne, de Pologne ou encore de Suède se sont déplacés. Devant le Parlement européen à Strasbourg, les chants et slogans en anglais se succèdent. Vers 13h, les députés sortent du bâtiment sont interpellés par jeunes et moins jeunes manifestants. Dans les haut-parleurs, les organisateurs enchainent les prises de parole.

La manifestation anti-nucléaire, devant le Parlement à Strasbourg, le 5 juillet 2022 Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Les activistes veulent convaincre une majorité d’eurodéputés à rejeter la nouvelle classification européenne, dite « taxonomie », des énergies gazières et nucléaires. La Commission européenne propose de flécher ces deux modes de production comme des énergies « de transition », c’est-à-dire incompatibles avec une économie neutre en carbone, mais nécessaires pour atteindre cet objectif en 2050.

Les militants s’inquiètent des répercussions sur la guerre en Ukraine

Jule Pehnt, militante allemande de Fridays for future (FFF) s’insurge qu’une telle décision puisse être envisagée : « Cela montre une fois de plus une fois de plus à quel point nous sommes coincés dans des récits fossiles, préoccupés par le profit pour les plus grandes entreprises et non par la vie des gens. » Les lobbys du nucléaire et du gaz sont pointés du doigts. Pour ces mouvements, voter en faveur de cet acte est hypocrite et favoriserait le « greenwashing ».

Wiktoria Jedvoskoszkowiak, militante polonaise de la même organisation s’inquiète de l’influence de ce vote sur la guerre en Ukraine.

« Si la proposition de la Commission est adoptée par le Parlement, cette décision renforcera la dépendance à l’égard de l’État agresseur (la Russie ndlr), qui devrait être réduite. Alors que les sanctions actuelles laissent déjà des échappatoires aux géants russes de l’énergie, inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie de l’UE leur ouvrira la porte et prolongera le financement de la guerre en Ukraine. »

Wiktoria Jedvoskoszkowiak, militante polonaise de FFF
Les militants européens pour le climat devant le Parlement à Strasbourg, le 5 juillet 2022 Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Un texte réfléchi pour atteindre l’objectif de neutralité carbone de l’Union Européenne

Adopté en 2020, la première version du règlement « Taxonomie » adopte des critères pour favoriser les investissements durables, et prévenir le greenwashing. À l’époque, il n’incluait pas le gaz, ni le nucléaire.

Ce mercredi 6 juillet à 12h, un « acte délégué » à ce règlement, validé par la Commission européenne début 2022, est présenté devant les députés. Il permet donc désormais d’inclure le gaz et le nucléaire dans les activités de transition, ce qui suscite cette opposition à travers l’Europe. 

Manifestation anti-nucléaire à Strasbourg le 5 juillet 2022
La cortège de la manifestation anti-nucléaire, le 5 juillet 2022 Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg
Deux activistes du mouvement européen DieM25, devant le Palais Universitaire à Strasbourg au départ de la manifestation. Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Concrètement, si le texte est adopté, les investissements dans les centrales nucléaires pourraient être classés comme « durables », à condition de présenter des garanties pour le traitement des déchets et le démantèlement des installations. Pour les investisseurs privés, il ne s’agit que d’une manière de tracer l’impact environnemental de leurs choix. En revanche, les aides européennes pourraient ainsi ne concerner que les activités rentrant dans le cadre de cette taxonomie.

La manifestation anti-nucléaire, devant le Parlement à Strasbourg, le 5 juillet 2022 Photo : Lucie Lefebvre / Rue89 Strasbourg

Si les protestations contre le texte vont se multiplier jusqu’à mercredi matin, les partisans de cette mesure comptent aussi s’exprimer. Deux manifestations sont prévues par « Les voix du nucléaire », mardi soir, puis mercredi matin devant le Parlement. Pour cette association, l’énergie nucléaire représente le seul moyen d’atteindre l’objectif de l’UE en 2050. Avec le contexte de la guerre en Ukraine, le vote est annoncé comme serré.


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