« Je ne vais pas mentir et dire que c’est le bonheur, que tout est simple. Mais franchement, je ne suis pas malheureux », pose Daniel. En cet après-midi de juillet, la température approche des 40°C. Impossible de rester au soleil, il faut se réfugier à l’ombre des cerisiers, des bouleaux, ou des noyers.

Heureusement, des arbres peuvent pousser dans cette étroite parcelle. Daniel vit sur une bande de terre de 300 mètres de long pour 11 mètres de large. Elle contraste au milieu des cultures intensives de l’Ackerland, juste à côté de Breuschwickersheim. « Je dois avoir une vingtaine d’espèces d’oiseaux, des hiboux, un pic, des mésanges… Ça me fait du bien de les observer, de voir comment elles interagissent entre elles », confie t-il.

Chapeau, lunettes de soleil, tee-shirt et pantalon clairs, il doit s’adapter aux aléas climatiques, entre les hivers rudes et les canicules. Il se distingue avec son univers punk, son quotidien de débrouille sans emploi ni revenus stables, dans une zone géographique où les gens qui sortent de la norme sont rares. À quelques kilomètres à l’ouest de Strasbourg, rien ne dépasse de ces lotissements sortis tout droit du rêve américain, tout le monde semble avoir une vie bien rangée. Chaque terrain agricole ou constructible est prisé et exploité. « Chez moi, c’est une ZAD, une zone à défendre de la gourmandise agricole », estime Daniel.

Terrain grignoté par l’agriculture
Lui a atterri là après avoir sympathisé, à Strasbourg, avec le propriétaire de cette parcelle abandonnée. Désormais décédé, ce dernier lui a proposé d’y habiter en 2015. Elle était grignotée petit à petit par les agriculteurs d’à côté. « Quand je suis arrivé, ils n’y croyaient pas, pour eux ça n’appartenait à personne. Ils pensaient que je squattais. Je les ai invités à vérifier sur le cadastre avec le maire, se remémore Daniel. C’était il y a 10 ans maintenant. »
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