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Philippe parle alsacien à ses enfants, pour « sauvegarder toute une culture »

Philippe Gillig a choisi d’apprendre la langue alsacienne puis de la transmettre à ses enfants. Un combat qu’il ne lâchera pas contre le recul de l’alsacien qu’il qualifie « d’ethnocide ».

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Philippe parle alsacien à ses enfants, pour « sauvegarder toute une culture »

Dans une maison d’Eckbolsheim, Philippe Gillig, 43 ans, est en pleine discussion avec ses enfants, mercredi 13 août. Alice, « 10 ans et demi » et Marius, « 7 ans et demi », demandent s’ils peuvent aller jouer dehors : « In zehn Minüte kennen ‘r drüsse spiele. » Depuis qu’ils sont nés, Philippe leur parle en alsacien, afin qu’ils comprennent la langue de leurs grands-parents et de leurs ancêtres.

Car malgré deux parents locuteurs, Philippe a bien failli ne jamais parler l’alsacien. « Mes parents passaient au français dès que j’étais dans la pièce », se souvient-il. « Je les entendais rire à gorge déployée en alsacien et quand je leur demandais de me traduire, ils me répondaient que ça n’aurait aucun sens. C’était très frustrant alors à 18 ans, j’ai décidé que je parlerai l’alsacien. »

Malgré des études préparatoires déjà exigeantes, Philippe Gillig s’envoie des manuels d’alsacien, lit des alsatiques, se rend à la Revue de la Choucrouterie et s’attache à participer aux réunions de l’association d’Junge fèr’s elsassiche (AJFE) qui met en relation les jeunes locuteurs. Il exige aussi de ses parents qu’ils lui parlent désormais en alsacien.

Une requête qui plonge ses parents dans « l’incompréhension », indique-t-il :

« Pour eux, l’alsacien était un truc du passé. Il y avait une nette fracture générationnelle, qu’ils entretenaient sciemment. Ils sont nés après la guerre, ont grandi avec l’interdiction de parler alsacien à l’école, on leur a dit toute leur jeunesse que l’alsacien était la langue des ploucs, une sorte d’allemand abâtardi, ce qui est faux. Il y avait des affiches “C’est chic de parler français”… C’était un ethnocide, on a cherché à faire disparaître une culture. Et puis l’alsacien étant une langue germanique, elle était associée aux horreurs du régime nazi. »

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