
Une cinquantaine d’associations soutiennent le « défi de janvier », qui consiste à ne pas boire d’alcool pendant un mois. Dans le même temps, le Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace a lancé une campagne publicitaire incitant à continuer à boire du vin, mais avec modération. Addictions France dénonce une communication qui sème la confusion.
Depuis début janvier, dans 30 villes de France, on peut tomber sur les 9 000 affiches publicitaires du Conseil interprofessionnel des vins d’Alsace (Civa), avec des messages qui semblent encourager la modération dans la consommation d’alcool : « Si nos vins sont si uniques, ce n’est pas pour les voir en double », « Si on a 51 grands crus, ce n’est pas pour les boire dans la même soirée ». Les nouveaux slogans du lobby du vin alsacien sont aussi visibles dans la presse magazine et sur les réseaux sociaux.
Pour l’association Addictions France, notamment à l’origine de l’observatoire des pratiques des lobbies de l’alcool, cette campagne de communication est vicieuse car elle détourne l’objectif du « défi de janvier », qui propose de ne pas boire d’alcool tout au long du mois. Philippe Bouvet, directeur marketing du Civa, a notamment déclaré à nos confrères de France Bleu Alsace : « Nous ne voulons pas interdire, comme le Dry January (défi de janvier, NDLR) le prône, mais faire découvrir nos vins. »
Le défi de janvier a été lancé par une cinquantaine d’associations de prévention des risques liés aux addictions, et d’autres organisations consacrées à la santé ou à la précarité comme la Ligue contre le cancer et la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Entretien avec Myriam Savy, directrice du Plaidoyer d’Addictions France.
« Ils troublent notre message »
Rue89 Strasbourg : Que reprochez-vous à cette campagne de communication ?
Myriam Savy : L’objectif du défi de janvier est un arrêt total de la consommation d’alcool pendant un mois. Cela permet aux personnes de se poser des questions sur leur consommation, d’analyser la pression sociale, le jugement des autres, les mécanismes qui amènent vers l’absorption d’alcool. Aussi, les effets bénéfiques sur la santé d’un arrêt réel, total, de l’alcool pendant une période donnée sont bien plus importants.
Le Civa n’a pas lancé cette campagne prônant la modération en décembre, avant les fêtes, mais en janvier, en craignant justement une baisse de la consommation liée au « défi de janvier ». C’est un contre-pied à notre campagne. Ils troublent notre message en semant la confusion : les gens ne font pas forcément la différence sur qui est à l’origine d’une affiche. Le Civa laisse entendre que ce qu’il faut faire en janvier, c’est juste modérer la consommation et non pas arrêter complètement. Nous, la modération, c’est toute l’année qu’on la conseille, pas juste en janvier.
« C’est David contre Goliath »
Pourquoi le lobby du vin alsacien, en particulier, a t-il opté pour cette stratégie selon vous ?
Les vins alsaciens sont souvent un peu plus chers que les autres vins français. Le Civa vise un public qui cherche du haut de gamme, des produits de qualité. Ils mettent en scène les producteurs et souhaitent donner une image éthique, authentique, avec des vins du terroir et écoresponsables. Les Vins d’Alsace ont donc particulièrement intérêt à agir en déployant ces éléments de marketing dans une période comme le mois de janvier, pour marquer cette identité et s’afficher comme proches de nos campagnes. Ils se donnent une image très responsable en encourageant la modération. En plus cela reste flou, tout le monde peut avoir son interprétation de ce qu’est cette limitation. L’effet qu’on craint, c’est qu’ils parviennent à donner l’impression que boire quelques verres de vin d’Alsace, vu sa qualité, ce n’est pas mauvais pour la santé.
Pensez-vous que les campagnes des lobbies alcooliers ont un impact important ?
Vu les moyens mis en œuvre, oui ! Il s’agit notamment de grands groupes industriels qui ont des équipes de communicants. Quand on se compare à eux, c’est David contre Goliath. Toute l’année, ils financent des pubs très visibles à la télévision, à la radio, dans la rue, qui invitent à consommer de l’alcool. En janvier, ils adaptent leur stratégie. Heineken en profite pour faire la promotion de ses bières sans alcool, mais c’est toujours la marque qui fait sa pub pour continuer à vendre. En face, nous sommes des associations avec des moyens limités. C’est forcément moins impactant.

« L’alcool n’est jamais bon pour la santé »
Même la politique agricole commune (budget de l’Union européenne dédié à l’agriculture) soutient les campagnes de communication des lobbies de l’alcool. Elle a octroyé autour de 220 millions d’euros par an à la promotion du vin en Europe entre 2014 et 2018. Le 20 octobre 2021, dans le cadre de la stratégie « De la ferme à la table », le Parlement européen a réaffirmé la nécessité de promouvoir le vin, en notant que « la consommation modérée de vin fait partie du régime méditerranéen ». Il y a donc, même chez des élus, toujours cette fausse croyance que le vin peut être bon pour la santé. Cela illustre bien la capacité des lobbies de l’alcool à répandre cette rumeur. Non, un verre de vin par jour, ce n’est pas bon pour la santé, dès le premier verre, les effets négatifs l’emportent.
Que demandez-vous aux industriels de l’alcool et aux organismes interprofessionnels ?
Nous aimerions que les lobbies soutiennent la modération toute l’année, et pas seulement quand ça les arrange en brouillant les messages des associations de prévention. De manière générale, on sait qu’ils sont réticents à communiquer sur les effets néfastes de leurs produits. Par exemple, à l’échelle européenne, ils se sont opposés à l’étiquetage sur les bouteilles visant à donner la déclaration nutritionnelle et des informations sur la composition du produit. En voyant que cette position était difficilement soutenable, ils ont finalement proposé d’afficher un QR code sur les bouteilles, donnant accès à ces indications. Et c’est ce qu’ils ont obtenu. Les QR code devront être présents sur toutes les bouteilles fin 2023. C’est simple, l’alcool n’est jamais bon pour la santé, même dans la modération, et il faut que ceux qui en boivent puissent le savoir, qu’on ne leur dise pas l’inverse.
Au niveau mondial, l’alcool est considéré comme le troisième facteur de risque de morbidité, après l’hypertension artérielle et le tabac. La consommation d’alcool provoque des dommages importants sur la santé. Elle peut agir sur le « capital santé » des buveurs tout au long de la vie, depuis le stade embryonnaire jusqu’au grand âge.
La politique publique en matière de consommation d’alcool vise un double objectif de prévention et de prise en charge. Elle est mise en œuvre par le ministère en charge de la santé, s’appuie sur un ensemble d’outils et s’adresse à tous : particuliers, professionnels de santé, intervenants sociaux, éducateurs et acteurs économiques. *
Mais quel poids ces observations sur la mortalité et la morbidité ont -elles face au lobby de l'alcool qui " connaît parfaitement le handicap
commercial de ses produits en termes d’impact sur la
santé. En effet, si la consommation d’alcool est ancienne, l’observation médicale et les études scientifiques
le sont également. Les conséquences sur la mortalité
(49 000 morts par an en France, donc), sur la morbidité
(cancers, maladies du foie, maladies neurologiques...),
sur la part des soins qui leur est consacrée, sur la sécurité routière et les violences sociales ou familiales sont
tellement documentées que leur occultation est impossible. Dès lors, la politique de promotion commerciale
s’accompagne d’une esquive sur les effets de l’alcool
sur la santé et d’une minimisation des risques et des
dommages. C’est cette ligne d’évitement qui structure
toute la communication sur les produits alcooliques,
quels qu’ils soient, ainsi que toutes les opérations
de lobbying frontales ou insidieuses pour affaiblir
l’information indépendante et entraver les mesures
de santé publique perçues non comme une protection
de la santé, mais uniquement comme un frein à une
activité économique. " **
Le lobby de l'alcool a pris le modèle des lobbys du tabac ou de l'automobile et assume, lui aussi, des pratiques cyniques et caricaturales.
L'état empoche les taxes au passage et panse les plaies... en réduisant les lits hospitaliers.
santé! ( c'est la cas de le dire...)
Groënlandais : « Kasugta ! »
Hawaïen : « Kamau ! » (ou « okele maluna ! »)
Hébreu : « Li khaïm ! » (ou « lekhayim ! »)
Hongrois : « Eguèshèguèdrè ! »
Indien : « Aananda ! »
Indonésien : « Selamat ! » (ou « Selamat minum ! »
Iranien : « Salaamati ! »
Irlandais : « Salonge ! » (ou « Slainte ! »)
Islandais : « Santaka na ! »
https://sante.gouv.fr/prevention-en-sante/addictions/article/l-addiction-a-l-alcool#:~:text=La%20consommation%20d'alcool%20repr%C3%A9sente,des%20maladies%20et%20d%C3%A9c%C3%A8s%20pr%C3%A9matur%C3%A9s.
** file:///Users/georgesfedermann/Downloads/625-Texte%20de%20l'article-290-1-10-20200328%20(1).pdf