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Boycotter le Crédit agricole, bloquer les travaux… Comment la lutte contre le GCO continue

Malgré la destruction de la ZAD et l’abattage des premiers arbres, les opposants au GCO veulent continuer de lutter contre l’autoroute. Dans la soirée du mardi 11 septembre, plus de 150 personnes ont débattu des suites à donner à la contestation. Parmi les idées évoquées : boycotter les banques qui financent le projet autoroutier, bloquer les travaux ou soutenir financièrement Alsace Nature…

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Boycotter le Crédit agricole, bloquer les travaux… Comment la lutte contre le GCO continue

« Il y a un moment où ça va péter. » Philippe Ployé est en colère depuis l’évacuation de la Zone à défendre (ZAD) du Moulin à Kolbsheim. Le président des « Fédinois [habitants de Vendenheim, ndlr] contre le GCO, » membre du collectif « GCO non merci » ne se résout pas à voir des chênes centenaires abattus. Il était avec environ 150 opposants mardi soir à une « assemblée de lutte » à Vendenheim pour décider des suites à donner à la contestation.

A l’appel du collectif ‘GCO non merci », plus de 150 opposants au projet autoroutier se sont réunis devant la mairie de Vendenheim. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

« Plus d’un seraient prêt à casser les machines »

« Il va y avoir une radicalisation », lâche Philippe Ployé. Le médecin ajoute : « En privé, j’en ai eu plus d’un qui serait prêt à casser les machines (utilisées pour le début des travaux, ndlr). » La réunion débute. Devant la mairie de Vendenheim, l’un explique comment se protéger du gaz lacrymogène. L’autre explique comment réagir en cas d’interpellation : « Vous devez garder le silence et vous demandez un avocat. »

« Quoiqu’il arrive, on continuera de se battre », assure une représentante d’Alsace Nature, fer de lance du collectif GCO Non Merci. Une manifestation devant le tribunal administratif est proposée dans la matinée du vendredi 14 septembre. Une audience doit y avoir lieu pour examiner deux recours en référé contre le viaduc et l’échangeur du GCO. Un homme se lève et incite à faire un don à l’association environnementaliste. Les recours de la députée (LREM) Martine Wonner pour obtenir un moratoire sur le projet sont aussi évoqués.

Le manque de contestataires actifs

Le problème majeur, c’est bien le manque de contestataires actifs. Pour aller bloquer les travaux dans la forêt de Vendenheim le lendemain matin, une vingtaine de mains se lèvent. Juste assez de monde pour empêcher les travaux ici, mais pas à Kolbsheim. Lunettes sur le nez, canne à la main, un autonomiste alsacien et fier adhérent d’Unser Land, se désole : « Où sont-ils les 1,8 million d’Alsaciens pour s’opposer à ce projet ? »

L’arrivée inopinée de Yannick Jadot provoque les applaudissements des participants assis sur la place. Le député écologiste européen incite à « lancer une pétition pour que la commission européenne vérifie la légalité du projet » et à « faire pression sur le nouveau ministre de l’écologie ». Le nouveau ministre de l’Environnement, François de Rugy, devrait accueillir les opposants au projet lors d’une réunion jeudi 13 septembre.

« Taper dans le porte-monnaie »

Puis Michaël Kugler, du groupe local d’Europe Ecologie – Les Verts, anime le débat. Parmi les participants, il trouve un volontaire pour organiser une formation à l’action non-violente. Le militant écologiste annonce la publication prochaine d’une carte interactive sur le site du collectif « GCO non merci ». Elle doit permettre de répertorier les arbres à protéger sur le tracé de l’autoroute.

« Il faut taper dans le porte-monnaie », lâche un participant. Il poursuit :

« Vérifiez que vous n’avez pas un compte au Crédit agricole. Ils financent le projet (ainsi que Banca IMI S.p.A, CaixaBank, KBC, CSOB et AUXIFIP, ndlr) .Vous y allez et vous leur dites : je ferme mon compte parce que vous financez un projet climaticide. »

La nuit s’apprête à tomber. L’assemblée décide d’aller « ramasser les glands des chênes centenaires abattus. » L’occasion d’aller constater les dégâts dans la forêt de Vendenheim. Casquette « Non au GCO » vissée sur la tête, Philippe Ployé craint « qu’il n’y ait déjà plus rien à protéger après-demain… »


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