
Six immeubles du quartier à détruire, l’école élémentaire Martin Schongauer à déplacer, une salle de boxe à construire… Du côté de l’Eurométropole de Strasbourg, le programme de renouvellement urbain de l’Elsau est décidé. Le conseil citoyen du quartier sera ensuite consulté avant de soumettre le dossier à l’Agence nationale du renouvellement urbain (Anru) à l’hiver, afin de lancer les travaux.
« Pour l’Elsau, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru) est plutôt d’accord avec ce que l’on propose. » Jeudi 2 août, Mathieu Cahn (PS) reçoit dans son bureau au premier étage du centre administratif de Strasbourg. Le vice-président de l’Eurométropole est en charge du renouvellement urbain.
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Cet article a directement été suggéré à la rédaction par les participants à la conférence de rédaction publique du 12 juillet dans le quartier de l’Elsau.
Il parle avec assurance des changements futurs pour ce quartier sans supermarché ni distributeur automatique de billets, où certaines familles vivent dans des logements insalubres. « La trajectoire est fixée, affirme l’élu, il faut maintenant s’accorder sur le rythme des travaux. »
Immeubles rasés et école Martin Schongauer déplacée
La rénovation urbaine de l’Elsau est aujourd’hui chiffrée à 186 millions d’euros, dont 20 millions pris en charge par l’Anru. L’école élémentaire Martin Schongauer qui accueille 270 élèves sera démolie. La présence d’amiante dans le bâtiment empêche tout rénovation, assure Mathieu Cahn. À moyen terme, le terrain devrait accueillir une soixantaine de logements privés. Dans le projet actuel de l’Eurométropole, l’établissement scolaire doit être reconstruit à la place des deux tours massives d’une douzaine étages situés au 30 de l’avenue Jean-Baptiste Pigalle et au 43 rue Matthias Grunewald.
Au 87 de la rue Martin Schongauer, la barre de cinq étages doit être rasée. Les logements sociaux du 21 au 29 rue Martin Schongauer sur une dizaine d’étages doivent aussi disparaître pour tout ou partie. Une salle de boxe sera construite derrière le Centre social et culturel du quartier.
Dans la rue commerçante et piétonne Watteau, les logements sociaux du numéro 2 au 12, c’est-à-dire l’immeuble qui contient la médiathèque seront aussi détruits. Une partie du terrain débarrassée de ses gravats doit être revendue à un promoteur immobilier.
L’autre sera remplacée par des équipements publics et des espaces verts. L’immeuble du 80 rue Martin Schongauer figure aussi parmi les blocs massifs à détruire. Aucun projet de remplacement ne figure à ce stade sur le projet de l’Eurométropole de Strasbourg.
« Entre 368 et 400 » logements sociaux à détruire
Au total, « entre 368 et 400 » logement sociaux doivent être démolis dans le quartier de l’Elsau qui compte 6 000 habitants. Une partie de l’espace libéré doit permettre d’attirer des promoteurs privés. « C’est une exigence de l’Anru », explique Mathieu Cahn. L’objectif : permettre une mixité sociale plus grande dans le quartier. Pour le vice-président de l’Eurométropole, la destruction est assez simple, mais la revente au secteur privé prendra plusieurs années :
« Aujourd’hui, l’Elsau n’est pas très attractif pour les promoteurs privés. Donc on cherche des solutions : pourquoi pas transférer l’école Martin Schongauer à la place des deux immeubles du 30 avenue Jean-Baptiste Pigalle et du 43 rue Mathias Grunewald ? Pour les autres terrains, en particulier à l’entrée du quartier et à proximité du parc naturel urbain, l’image du quartier dans quatre ou cinq ans aura changé grâce à la rénovation urbaine. Ces espaces pourront alors être vendus. On va donc faire du portage foncier (conserver la propriété de certains espaces en attendant que la revente soit rentable, ndlr) »
Aucune date n’est avancée pour le début des démolitions dans le quartier de l’Elsau. Car au même moment, d’autres logements sociaux doivent être détruits dans les quartiers prioritaires de la Ville (QPV) aussi concernés par l’Anru.
À ce jour, l’Eurométropole planche sur les solutions de relogement offertes aux habitants. D’après les règles de l’Anru, seuls 15% des logements sociaux peuvent être reconstruits dans un même quartier, au côté des nouveaux appartements privés. Mathieu Cahn précise la réflexion en cours :
« Nous devons encore décider quand est-ce que la phase démolition sera enclenchée à l’Elsau. On ne peut pas le faire en même temps que l’on détruit des logements sociaux à Hautepierre par exemple, car il faut trouver des solutions pour reloger les Elsauviens. La problématique ne se gère pas seulement à l’échelle du quartier, mais de toute l’Eurométropole. »
Des barrières pour séparer l’espace public du privé
Pour 48 millions d’euros, 974 logements sociaux actuels doivent être « requalifiés » dans le quartier. « Il s’agit d’améliorer les performances énergétiques des bâtiments », explique Mathieu Cahn. À plus long terme, cette mesure témoigne d’une volonté d’attirer un public plus varié, plus aisé surtout. C’est l’un des fondements des programmes nationaux de renouvellement urbain de l’Anru.
Autre grand principe de la rénovation à venir : la résidentialisation. Mathieu Cahn explicite le projet :
« Dans ce quartier, il n’y a pas de différence entre l’espace public et l’espace privé à l’extérieur. Il faut donc différentier les espaces à usage privé, à la charge du locataire, et les espaces publics, entretenus par l’Eurométropole. »
En clair, des barrières ou des haies vont être installées autour des immeubles. À Hautepierre, le même procédé a permis de grapiller quelques morceaux d’espace privé ou une place de parking. 974 logements sociaux seront ainsi « résidentialisés ». Coût de l’opération : 4 millions d’euros.
Le problème du supermarché reste entier
À propos des commerces dans le quartier, Mathieu Cahn reste évasif. Dans la répartition de l’investissement pour le renouvellement urbain de l’Elsau, un million d’euros est consacré à « l’immobilier entreprise et [aux] commerces ». Le vice-président de l’Eurométropole ne voit pas de supermarché s’installer dans les anciens locaux du Leclerc :
« La surface actuelle des locaux est trop grande. Il y a une inadéquation entre l’offre et la demande des enseignes. Il faudrait aménager un autre espace, ou des cellules communes aux pieds des immeubles. »
Les dirigeants de la Locusem, la société de l’Eurométropole qui facilite l’installation d’entreprises notamment dans les quartiers difficiles s’étaient dits prêts à intervenir s’ils sont sollicités à l’occasion de cette opération.
Appel à la participation des citoyens
En septembre, le vice-président de l’Eurométropole se rendra dans les conseils citoyens de Strasbourg et environs (Schiltigheim, Bischheim, Lingolsheim, Illkirch-Graffenstaden) concernés par le renouvellement urbain. Mathieu Cahn craint déjà un « timing serré ». Les habitants des quartiers auront jusqu’à la mi-octobre pour élaborer un avis sur le projet présenté. Ils pourront s’exprimer sur les bâtiments démolis, la construction de logement privé, la mise en place d’un square…
Depuis plusieurs mois, un Strasbourgeois s’active pour impliquer les habitants du quartier. Laurent Garczynski appelle les Elsauviens à travailler ensemble pour mettre les « vraies questions sur la table ». Cet architecte de formation, intéressé par les techniques de construction durables, veut saisir l’occasion de ce chantier public pour proposer des solutions écologiques et innovantes. Dans un document rédigé en avril 2018, il offre des pistes de réflexions pour l’Elsau : « combiner la rénovation urbaine et la création d’emplois verts », « désenclaver l’Elsau par des liaisons douces (transports non-polluants, ndlr) » ou s’appuyer sur les jardins partagés pour créer des liens entre voisins.
Une décision de l’Anru entre « décembre 2018 et mars 2019 »
Selon Mathieu Cahn, le comité d’engagement de l’Anru pourrait avoir lieu entre « décembre 2018 et mars 2019. » Les travaux pourront démarrer dès la signature du projet par cette instance. Mais l’élu ne démord pas d’une conviction : les travaux vont changer l’image du quartier, certes, mais à l’instar du maire, il pense que c’est surtout le discours qui doit changer à propos de l’Elsau :
« Il faut arrêter de parler d’abord des choses qui vont mal. L’Elsau a plusieurs points forts : sa proximité avec un cours d’eau et l’entrée du parc urbain, le tram qui mène en 12 minutes au centre de Strasbourg et l’accès à l’autoroute, les cultures urbaines comme le street workout et le label écoquartier. En septembre, nous publierons les résultats d’un sondage sur l’image de plusieurs quartiers. Nous avons consulté ceux qui y résident et ceux qui n’y vont presque jamais. On pourra continuer de changer l’image de ces quartiers. »
Pas sûr que tous les habitants pensent que les seuls problèmes relèvent du domaine de l’image.
Je vis dans ce quartier depsui 15 ans et je contaste une dégradation inquiétante.
L'elsau pourrait être au vu de sa taille et de son environnement naturel un des plus agréable.
Strasbourg Sud Elsau mérite d'être mieux respecté.
Le projet actuel va dans le bon sens et hélas il ne pourra pas contenter la majorité comme c'est le cas dans beaucoup de domaine.
En attendant il faut prendre cette main tendu pour pouvoir aller de l'avant.
Il faut absolument réduire ces grands ensembles pour revenir à des habitations à taille humaine.
Chaque immeuble devra être délimité par des barrières végétales ou par des clôtures, limiter au maximum l'espace public.
Ces habitations devrons être gérés par des gardiens d'immeuble afin de limiter les abus.
Un système de pénalité devra être mis en place pour les familles causant des dégâts ou du tord à l'immeuble voir être relogé dans un autre quartier.
De la rigueur et de la fermeté permettront de rendre le brillant à ce quartier.
Ce quartier doit rimer avec RESPECT PROPRETE CIVISME EDUCATION EXEMPLARITE ET JOIE DE VIVRE
Installez des caméras et verbalisez à distance.
Les commerces,les banques,lieux de vie sont indispensables.
Le marché du mercredi et du samadi n'est que l'ombre de lui même.
Qui gère ce marché honteux personne ne veut venir?
Il est nécéssaire de dévelloper des activités pour nos jeunes.
Une école universitaire
Faite venir des grandes enseignes qui pourrait implanter leur siège dans ce quartier entouré de verdure.
Ouvrez une voie navigable de transports géré par la CTS Fluviale.
Une station essence
Un poste de police?
Un lavage auto
Un bureau de tabac
Une poste digne de ce nom avec des employés dynamique qui ne sente pas l'alcool.
Un peu de professionalisme pour ce quartier, un peu d'excelence serait le bien venu.
Comment se développer avec des nouvelles populations
Comment accepter que des retraités sans voiture sans familles soient dans l'abandon et la souffrance la plus lâche qu'il soit.
Il y a urgence nos enfants souffrent
Il y urgence nos mères souffrent
Il y urgence nos pères souffrent
Il y urgence nos retraités souffrent
Il y urgence nos voisins souffrent
Il y urgence nos mères souffrent
Merci de m'avoir lu.
VIVE INTERNET !
Démolitions de logements sociaux pour y substituer des projets défiscalisés et ce alors que la ville est en tension locative.
L'Elsau s'est développé avec une zone d'aménagement concertée dont plus de 50 % du foncier a été alloué à la construction de résidence particulières.
Je me demande bien quels sont les logements insalubres dont parle Mathieu CAHN ? L'insalubrité a une définition juridique précise. Ce qualificatif ne s'emploie et ne se relaye pas par seule utilité politique.
Mathieu CAHN est bien le second couteau de Philippe BIES, patron de CUS Habitat... grand soutien des filières BTP avec l'adage "quand la construction va tout va"...
Avec ce type de principes, plutôt démolir et reconstruire que réhabiliter, ça permet de plus faire marcher la "machine à béton". Cela dit la "machine à béton" ainsi actionnée elle produit des déchets et un bilan carbone dont tout ce beau monde se moque comme de son premier mandat...
Cette liberté est encadrée par d'autres principes jugés plus forts comme l'insulte ou la diffamation. Or, dans le cas des commentaires, nous sommes co-responsables des propos qui sont publiés sur notre site, donc de notre côté si nous estimons qu'il y a insulte ou diffamation, c'est en effet notre ligne rouge. C'était le cas de votre précédent commentaire que j'ai supprimé.
Les arrêts tram, les dégradation des halles d'entrée, les parking pris pour des garages, les déchets par terre, les caves qui sont des skoites s'est bien les habitants qui crée la problématique. Les lieux ne se dégradent pas automatiquement...
C'est comme partout une minorité fait mal à plus de 2000 habitant..
Si aujourd'hui, nous avions un accompagnements, de l'entraide, de l'éducation mais également de la motivation le "quartier " ne serait pas à l'abondon ou dans cette etat.
Je ne défend pas les décideurs politiques ni les habitants. Chacun a sa part de responsabilité.
Juste un constat d'un habitant de l elsau depuis 25ans.
On va créer des petits Elsau partout dans Strasbourg ? On a bien vu ce que ça a donné "la mixité sociale" au Whirel à Ostwald, d'un quartier paisible où il faisait bon vivre, on est passé à un petit Neuhof où toutes les bonnes familles fuient, grâce "à la mixité sociale", Mais allez donc mettre de la mixité sociale au nord du Neudorf chez les bobos, ou aux Contades ! Dans vos immeubles en auto-promotion ! Là où habitent les décideurs, les politiciens, les bien-pensants !, qu'ils voient ce que c'est la mixité sociale au quotidien, mettez donc vos enfants dans les écoles publiques de l'Elsau, de Koenigshoffen, de la Montagne Verte !
ça change quoi de construire des immeubles de 4 étages ? ça va aller mieux ? Pareil, aller donc aussi au quartier des poteries, une simple extension d'Hautepierre où la moitié des logements sont à vendre malgré un jolie cadre, on se demande bien pourquoi !
Le problème est culturel, pas économique, comment expliquer qu'au fin fond de la Thailande, les gens soient plus éduqués et civilisés qu'une portion élevée de gens qui vivent à l'Elsau ?
Pourquoi il n'y a plus de vitre sur les stations de tramway de l'Elsau mais plus que des grillages ? Pourquoi les gens lancent des cailloux sur les rames de tramway ?
Plutôt que d'injecter encore des centaines de millions d'€ à perte dans ce quartier, allez donc injecter de l'éducation et de la civilisation.
meme si on injecte de l argent dans ces quartiers rien ne changera
a moins d expulser hors du quartier les personnes qui n ont pas de civisme
L'article et les commentaires disent bien la complexité du projet.
Les techniques de désamiantage interfèrent avec les logiques foncières qui interfèrent avec la qualité future des espaces publics des berges de l'Ill. Deux exemples proches pour illustrer les conséquences de ces arbitrages. Une réussite, l'espace vert qui borde l'Ill rue des Carolingiens à la Montagne verte. Un mauvais exemple récent, l'absence de retrait de l'ensemble résidentiel Bel Ill sur la berge de l'Ill à coté du pont Pasteur.
L'article et les commentaires permettent de saisir la responsabilité et l'opportunité que représente la rénovation urbaine de l'Elsau. Les budgets importants permettent de transformer le cadre de vie et les conditions sociales, économiques et humaines de milliers de personnes. Mais l'argent ne suffit pas pour faire de bon projet.
L'article et ses commentaires permettent de saisir la multiplicité et l'imbrication des sujets et les immenses enjeux pour ses habitants et pour la ville. Nul ne peut prétendre détenir la solution. Un bon projet nécessite du temps. Un bon projet naît du terrain. C'est une exigence de l'ANRU. Dans ce contexte, la co-construction du projet semble indiquée. Pour stimuler la réflexion, le document pdf intégré à l'article fait 10 propositions (pages 10 à 19) pour l'Elsau inspirées de réalisations réussies et d'avis de spécialistes reconnus.
Lorsque j'écrirai sur la consultation des différents acteurs de la rénovation, vous serez bien entendu consulté. Vous remarquerez qu'aucun bailleur n'a été interrogé dans cet article. Le but principal était d'informer les Elsauviens du projet qui les concerne. L'article est déjà long. Il aurait été difficile d'ajouter la problématique des bailleurs sociaux, qui ne manquera pas d'être abordée dans un futur article.
En vous remerciant pour votre commentaire et en vous rappelant que l'article intitulé "À l’Elsau, entre cafards et moisissures, des habitants malades de leur logement" n'est pas de ma plume.
G.
Il me semble justement qu'un désamiantage est fait préalablement à une démolition, pour éviter que les poussières d'amiante soient dispersées.
Autre remarque: De tout ce programme, il faut reconnaître que le terrain de l'école est le plus intéressant pour y construire des logements: En fond d'impasse, au bord de l'eau et sans vis-à-vis.
Tout ça est très bizarre et laisse à penser
Lors de notre prochaine entrevue avec Monsieur Cahn, nous ne manquerons pas de soulever ce point.
Pour ce qui est de la construction de logements, les terrains les plus séduisants pour les promoteurs ont en effet été choisis. Comme indiqué dans l'article :
"Pour les autres terrains, en particulier à l’entrée du quartier et à proximité du parc naturel urbain, l’image du quartier dans quatre ou cinq ans aura changé grâce à la rénovation urbaine. Ces espaces pourront alors être vendus."
Merci pour votre commentaire.
G.
Pour les terrains plus intéressants à vendre à des promoteurs privés c'est assumé dans le discours par l'Eurométropole.
Concernant l'amiante, il me semble que ce sont les travaux de désamiantage couplés à une rénovation et au maintien des élèves dans les classes pendant les semaines de cours qui pose problème, davantage qu'un désamiantage "simple" lorsque le bâtiment est vide.
- ceux de surfaces comprenant les isolants types laines et bac de toitures.
Sur ce cas précis il facile de réhabiliter un bâtiment.
- ceux collés à la structure... on en trouve dans les colles de ragréage (sols), dans les flocages de structures, dans les peintures (pour le plomb), dans les joints (fenêtres, plomberie...) toutes ces surfaces demandent à chaque fois une mise en quarantaine complètement étanche à l’environnement extérieur et des personnes qui grattent chaques parties contaminées à la ponceuse... un mur de salle de classe peut prendre une semaine... alors imaginez la facture pour tout un bâtiment. Si en plus on doit refaire l’électricité et les fluides, le bâtiment après avoir était entièrement gratté manuellement devra encore être saigné.... à la fin pour une facture monstrueuse on aura un gruyère avec de beaux plâtres...