Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Journal de rase campagne (2) : com’ fuchsia, candidats culottés et Loos ébranlé

J-9 semaines avant le premier tour des élections municipales à Strasbourg. La semaine a été marquée par un premier sondage TNS – Sofres évaluant les rapports de forces à deux mois du scrutin. Alors que Fabienne Keller (UMP) et François Loos (UDI), en campagne depuis des mois, ne percent pas, Roland Ries (PS), sortant et favori, se lance enfin dans la campagne à coup de com’ fuchsia.

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.

Journal de rase campagne (2) : com’ fuchsia, candidats culottés et Loos ébranlé

Portrait au pochoir de Roland Ries jeune, réalisé au local de campagne du PS par des militants MJS (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Portrait au pochoir de Roland Ries jeune, réalisé au local de campagne du PS par des militants MJS (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

1 – Oh, le beau local de campagne du PS ! Et le programme ?

Le local de campagne du PS est situé au début de la rue Kageneck, dans le quartier gare (Photo MM Rue89 Strasbourg)
Le local de campagne du PS est situé au début de la rue Kageneck, dans le quartier gare (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Communication au millimètre pour le lancement de campagne du candidat socialiste Roland Ries. Le maire sortant et son équipe, qui parient sur « une campagne ramassée » (courte… ou plantée ?), n’ont pas fait dans l’originalité hier samedi, mais le timing, lui, est parfait. Lancement du site internet, premiers tractages et collages, discours de motivation des troupes, inauguration du local de campagne et découverte du slogan (« Strasbourg, énergies positives ») le même jour. Le tout après un premier sondage sorti mercredi qui donne le candidat PS vainqueur au second tour le 30 mars avec 54% des intentions de votes.

Dix mille exemplaires du premier dépliant de campagne ont été distribué hier par les colistiers socialistes déjà désignés. Dans ce document, le bilan est largement mis en avant, sur 5 pages sur 6. Un bilan dont le maire se dit « fier », même s’il fait l’objet « d’une critique radicale » de la part de ses concurrents. Sur le programme 2014-2020, dont ne sont esquissés que 4 grands axes, Roland Ries s’explique :

« Nous avons été élus en 2008 sur des engagements en terme de vie quotidienne, alors que nos prédécesseurs avaient fait de grands équipements. Nous allons continuer dans ce sens, mais en plus imaginatif. Il y aura de la continuité et un élargissement [des réalisations passées], notamment sur les circuits courts ou la démocratie locale. Nous aurons aussi de nouvelles propositions, sur le numérique ou les technologies médicales par exemple, mais nous les annoncerons au compte-goutte. »

Pas question pour l’équipe sortante de griller ses (nouvelles) cartouches avant de voir ce que va proposer la concurrence. Fabienne Keller, principale opposante, a annoncé la sortie de son programme pour la mi-février, à l’issue d’une série d’ateliers avec les militants et la société civile dans son QG de campagne, l’Atelier, quai des Bateliers.

2 – Inconnu, il veut être sur la liste PS

Qui ne tente rien n’a rien. Ou si, un peu de pub. Selim Degirmenci, « étudiant en droit public et résident du quartier de Cronenbourg », nous a fait parvenir « les éléments de présentation relatifs à [sa] pré-candidature « société civile » en vue d’intégrer la liste de Monsieur le Maire Roland Ries lors des prochaines élections municipales ». Suit une lettre de deux pages dont voici un extrait :

« [Après divers engagements dans la vie associative et] face au constat d’un délaissement généralisé de l’engagement citoyen par de nombreux segments de la jeunesse et réceptif aux appels à la rénovation et à une certaine relégitimation (sic) de la vie publique, j’ai pensé que se présenter dans un scrutin de liste était un défi valant la peine d’être relevé. Il s’agit là de franchir une barrière inhibant (re-sic) d’une manière ou d’une autre l’exposition de points de vue et de propositions issus notamment de la population jeune de notre ville dans toute sa diversité, et ce sans craindre d’être prisonnier d’un quelconque carcan. En somme, à l’origine de la présente démarche se trouve ma volonté de ne pas hésiter à passer le seuil de la représentation locale et demander à avoir voix au chapitre pour tenter de relayer une parole au plus proche des aspirations des Strasbourgeois, sans oublier la nécessaire discipline de groupe. (…) »

Sachant que la liste de Roland Ries est quasi-finalisée (annonce prévue début février) et que les places y sont très chères, avec un renouvellement faible, Selim a une chance quasi-nulle de l’intégrer. Soutenu par des amis du Congrès des étudiants turcs de France, le jeune homme a néanmoins été reçu par Olivier Bitz, élu PS intégré au dispositif de campagne, qui ne lui aurait pas laissé beaucoup d’espoir. Culotté, Selim dit « poursuivre [ses] contacts avec d’autres conseillers municipaux comme Catherine Trautmann, Jean-Jacques Gsell, Serge Oehler, Mathieu Cahn, et le député Philipe Bies ».

3 – Dissident du MoDem, il espère « renverser la table »

Dominique Bézu, "en congé du MoDem", veut présenter une liste aux municipales à Strasbourg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)
Dominique Bézu, « en congé du MoDem », veut présenter une liste aux municipales à Strasbourg (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Le centriste Dominique Bézu, agent immobilier indépendant de 55 ans, a annoncé jeudi à l’Art Café « sa candidature à la mairie de Strasbourg ». Délégué départemental du mouvement Ecologie et démocratie, « en congé » (dissident !) du MoDem et de la vice-présidence de l’association régionale de soutien aux Coop d’Alsace, il compterait une vingtaine de personnes derrière lui, issues quasi-exclusivement de la « société civile » (non-affiliés à un parti). Alors que sa liste qui n’a pas encore de nom – « on est encore en phase de brainstorming » -, Dominique Bézu veut d’ores et déjà en expliquer le sens :

« Normalement, les listes portées par des partis politiques laissent quelques places à la société civile. Nous, nous allons faire l’exact inverse. Notre idée, c’est que les citoyens se saisissent des questions de leur ville et que nous soyons la 4ème liste potentiellement au second tour pour renverser la table (sic) ! Notre démarche de circuit court de la politique est très novatrice, c’est un pari ! »

En revanche, « pas question de donner des noms [de colistiers] aujourd’hui, la casserole est sur le feu ». A feu tellement doux que Dominique Bézu n’est pas contre le fait d’être contacté par des volontaires (au 09 81 65 79 00). Côté programme, le centriste n’a pas lâché grand-chose jeudi sinon de vagues intentions sur un changement de méthode de gouvernance. Des réunions publiques seront organisées autour de 6 axes. Dates et lieux à découvrir sur le site internet… qui n’existe pas encore.

Trois autres « petites » listes

A noter que trois autres « petites » listes pourraient être présentes sur la ligne de départ : une liste d’extrême gauche (POI – Parti ouvrier indépendant) menée par Elisabeth Del Grande, créditée de 3% des suffrages par le sondage TNS – Sofres publié mercredi, une autre menée par André Kornmann (extrême droite), dont la candidature en tête de la liste FN a fait long feu, et enfin une liste « de la diversité », à l’origine de laquelle on retrouverait des membres actifs de la communauté turque. Sur cette dernière liste – sur laquelle nous ne sommes pas parvenus à faire la lumière – les avis autorisés divergent. « Ils ont déjà 65 personnes, dont une élue sortante », assurent les uns. « Ils font ça pour faire pression sur les principaux partis, ça ne donnera rien », jugent les autres.

4 – Se couchera ou pas, le sort de François Loos après le sondage TNS – Sofres

Dans une interview radio accordée à France Bleu Alsace jeudi, à la suite du sondage TNS Sofres publié mercredi, François Loos (UDI) accuse le coup. Crédité de 8% des voix sur les 600 personnes sondées, le candidat centriste, en campagne depuis déjà un an, reconnaît que « Fabienne Keller a largement l’occasion de me dire ce qu’elle pense nécessaire ». En clair, de lui dicter sa conduite d’ici le 1er tour des élections et plus encore entre les deux tours.

Après un premier « meeting » aux côtés de Rama Yade mercredi, qui a marqué sa rentrée politique 2014, le candidat UDI rassemblait son équipe hier samedi matin. Interrogé sur des rumeurs de rencontres avec Fabienne Keller ces derniers jours, il nous confiai hier après-midi :

« Depuis la parution du sondage, nous ne nous sommes pas vus, les rumeurs d’alliance sont nulles et non avenues. Nous n’avons pas créé l’UDI pour aller à l’UMP. L’UDI existe et nous allons à la rencontre des gens avec nos idées. On essaie de faire du mieux possible. Ce n’est jamais qu’un sondage de début de campagne, même si je suis un peu déçu. De toute façon, quelle que soit l’analyse de ce sondage, il faut y aller ! »


#élections municipales 2014

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Plus d'options