
Dans le plan de rénovation de l’Elsau, le côté pair de la rue Watteau est voué à la démolition. Face au manque d’information, les habitants concernés s’inquiètent : quand mon logement sera-t-il détruit ? Où vais-je aller ? Le loyer sera-t-il toujours abordable ? Rue89 Strasbourg donne des premiers éléments de réponse. Ils seront restitués lors d’une réunion « Quartiers connectés » lundi 28 octobre.
« Nous avons besoin de repères car mon papa a un handicap. Il ne peut pas s’éloigner des épiceries et du tram… » Hüzüme Özdemir s’occupe de son père, sexagénaire, tous les jours. La rénovation du quartier de l’Elsau ajoute un poids à la charge mentale de l’Elsauvienne.
Quand le logement parental situé au 18 rue Watteau sera-t-il détruit ? Où iront-ils après les démolitions ? Sera-t-il toujours à proximité de leur fille? Les transports et commerces de proximité seront-ils suffisamment proches? À l’heure actuelle, les habitants du côté pair de la rue Watteau se posent beaucoup de questions sur leur avenir… Rue89 Strasbourg a tenté de répondre à ces interrogations entendues lors de nos réunions « Quartiers connectés ».
Quand mon immeuble sera-t-il détruit ?
Cet été, les Elsauviens ont reçu dans leurs boites aux lettres un dépliant de l’Eurométropole de Strasbourg. Sous le plan de la rénovation du quartier, une petite pastille indique « Mise en oeuvre 2020-2030 », sans plus de détail. En l’absence de calendrier, les habitants de la rue Watteau s’inquiètent : les destructions vont-elles commencer l’année prochaine ?
Philippe Blech, directeur du bailleur social CDC Habitat Nord Est, rassure les locataires de la rue Watteau :
« Avant que les logements ne soient détruits, il faut que la maison des services publics soit construite pour permettre à la Poste de déménager. Les démolitions des logements rue Watteau n’auront pas lieu avant 2023-2024. »
Où vais-je pouvoir déménager ?
Les personnes qui devront être relogées seront traitées au cas par cas. Mais l’attribution de logements sociaux a été simplifiée récemment. L’Association territoriale des organismes HLM d’Alsace a ainsi mis en place la plateforme demandedelogement-alsace.fr pour harmoniser la procédure au niveau des documents à fournir. Un site internet permet aussi d’observer le délai d’attente et le type de logement social par commune ou par quartier.
Sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, il y a actuellement cinq demandes pour un logement social disponible. Malgré cette crise de l’habitat social, le vice-président de l’Eurométropole en charge de l’habitat, Syamak Agha Babaei, a tenu des propos rassurants pour les Strasbourgeois concernés par les démolitions : « Une filière spécifique à la rénovation urbaine sera créée et ils seront plus accompagnés que le demandeur lambda. »
Comment se passe le relogement ?
Chaque Elsauvien concerné par les démolitions devrait recevoir trois propositions de relogement. Les habitants seront suivis par des « chargés de clientèle » de leur bailleur. Selon Philippe Blech, ces salariés de CDC Habitat « connaîtront les particularités de chacun quand le relogement se fera. Nous avons le temps de travailler très en amont pour proposer de vraies solutions. »
À l’échelle de l’Eurométropole de Strasbourg, plus de 2 000 logements sociaux seront détruits dans les prochaines années. Il faut donc coordonner les efforts de différents bailleurs sociaux « car certains détruisent des immeubles, d’autres non, explique le conseiller municipal Syamak Agha Babaei, d’où la création d’un poste à l’EMS en charge du relogement lié à la rénovation urbaine. »
Combien ça va me coûter ?
Le directeur de CDC Habitat Nord Est l’assure : « La rénovation permettra d’offrir des logements de meilleure qualité pour des prix qui restent abordables. » Face à un loyer trop élevé, « l’Agence nationale de rénovation urbaine et l’Eurométropole financent la minoration des loyers pour que l’effort du ménage soit supportable, voire équivalent », explique Syamak Agha Babaei.
Et si le locataire a récemment investi dans son appartement, dans une cuisine équipée par exemple ? Dans ce cas, le bailleur social ne « ferme pas la porte à une forme de dédommagement, pourquoi pas en posant une cuisine équipée dans le nouveau logement. »
Pourquoi mon immeuble est-il détruit ?
Certains immeubles sont détruits car ils sont trop anciens pour être rénovés. Ce n’est pas le cas du côté impair de la rue Watteau, qui a été réhabilité il y a moins de 15 ans. Les acteurs de la rénovation urbaine (Eurométropole, bailleurs sociaux, agence nationale de rénovation urbaine…) ont simplement fait ce choix urbanistique. Philippe Blech, de CDC Habitat, explique l’intention :
« L’idée c’est d’ouvrir le quartier et d’améliorer les services avec une maison des services publics. On a privilégié une option de long terme avec l’ouverture de l’espace. Si on veut vraiment améliorer la circulation, il fallait détruire cette barre qui coupait l’espace en deux. »

Dans l’épisode précédent de la série consacrée à la Rue Watteau, l’adjoint au maire en charge du quartier Luc Gillmann faisait le lien entre le trafic de drogues et la démolition d’une barre d’immeuble :
« L’ouverture de la rue Watteau sur la place du centre social et culturel devrait mettre fin au trafic dans cette zone. Sans cachette, au milieu d’une grande place, le deal devrait disparaître, même si l’on sait qu’il ne fera que se déplacer. »
Mardi dernier, nous avons vu ou revu la touchante galerie de portraits des habitants de l'Elsau dans le documentaire* produit par la ville de Strasbourg au musée d'art moderne (MAMCS). L'attachement des habitants à leur quartier est y manifeste. Donc pourquoi pas imaginer une rénovation qui permette habitants de rester dans leur quartier joliment rénover ?
Les subventions de l'état permettent de rénover une partie des immeubles déja amortis sans hausse de loyer, d'autres bâtiments bénéficiant de transformation plus luxueuse pour offrir du choix et une diversité parcours résidentiels.
1/ L'EMS en supprimant 400 logements sociaux dans le quartier sans les remplacer bafoue la volonté exprimée par les habitants lors des concertations qu'elle a organisées.
2 et 3/ Jusqu'à preuve du contraire démolir un immeuble ne supprime pas les trafics, pas plus que déplacer 400 familles précaires ne résout la précarité.
4/ Promettre un relogement dans de bonne condition parait intenable vu la capacité financières des foyers déplacés et le coût des loyers des logements neufs ou rénovés.
5/ Démolir pour "ouvrir" le quartier semble une vision très théorique. Vu le coût humain et économique, ce geste mériterait au minimum d'être solidement étayer par des exemples et une analyse transparente.
*Le commerce des certitudes de Laura Zornitta, 2017, Zest, 52’
Plus d'analyses et de solutions sur https://www.conseilscitoyens.fr/conseil/67200-strasbourg-elsau
Ce qui était préconisé par le labo citoyen était la meilleure solution. A la fois pour que les familles restent ici et au prix HLM, et pour ouvrir des perspectives d'avenir pour nos jeunes désœuvrés involontaires. Je vous invite à cliquer sur le lien de Laurent Garczynski
Il serait tout à fait vital d’envisager aller avant les démolitions, non ?
Pour le reste, le modèle économique des bailleurs sociaux publics est tellement associé à celui des groupes du BTP que leur métier premier s’est transformé.
Inéluctablement ils deviennent gestionnaires de biens immobiliers comptable de sa rentabilité et de celle des patrimoines voisins. En résumé, dehors les plus pauvres, les plus « tordus » de notre société qui tourne carré pour que les braves gens puissent faire leurs petites spéculations et les grands groupes gagner un max de pognon.
Mes parents âgés vivent rue Watteau depuis plus de 30 ans et souhaitent rester dans le quartier : ils ont anticipé et fait une demande de logement à l'Elsau sur le site indiqué dans votre article.
On leur a proposé un appartement dans un état pas possible et qui ne leur convenait pas, ils ont alors refusé; seconde proposition accrochez vous bien : un appartement dans un immeuble voué à la démolition, oui on leur propose de quitter leur appartement qui va être démoli pour un autre appartement dans un immeuble qui va être démoli et ce avant le leur!
Bien sûr déménager deux fois en deux ans à 70 ans c'est tellement aisé et puis n'oublions pas s'ils font une demande de logement ce n'est pas pour le plaisir mais parce que le leur va disparaitre!
Quand j'ai pris contact avec CUS Habitat, nouveau nom Ophéa, pour leur indiquer qu'il n'était pas normal de proposer des logements voués à la démolition dans les deux ans, notamment pour des personnes qui souhaitent déménager pour cette raison là, Madame BENTZ m'a tranquillement répondu que les appartements continueraient d'être loués, que mes parents, qui ont donc refusé cette proposition ahurissante avait déjà refusé un premier logement (en même temps c'est leur droit), et que du coup, elle ne pouvait présager d'une autre date d'attribution, alors que plusieurs appartement sont disponibles dans des immeubles qui les intéressent et ce depuis plusieurs mois mais visiblement la rentabilité avant tout, faire partir des gens de chez eux de manière descente n'est sûrement pas dans leur projet!
A titre d'exemple les appartement qui sont vides rue Watteau (ceux destinés à la démolition) ne sont pas reloués, mais CUS Habitat - Ophéa a une autre vision des choses apparemment.
On voit la belle considération qu'ont les bailleurs sociaux pour les habitants de cette rue qui n'ont rien demandé à personne.
Alors les discours de "ceux qui veulent rester à l'Elsau le pourront", "on va les accompagner" etc... ça me fait doucement rigoler et pour être honnête personne n'y croit une seconde.
D'ailleurs, si les habitants ont eu connaissance de ces projets de démolition, c'est grâce à rue89, quand ils ont commencé à poser des question, tout le monde à nié.
Hâte de voir comment ça va passer quand il faudra reloger tout ce beau monde, qui au final n'a rien demandé à personne