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Tribune : Pour une gratuité des transports en commun lors des pics de pollution

Jeune habitant de Strasbourg, Ludovic Helbling regrette que les transports en commun ne soient pas gratuits lors des pics de pollution, et de manière générale que les hausses de tarifs n’incitent pas à davantage à les utiliser. Ce membre du mouvement Generation·s interpelle le président de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS), le premier adjoint au maire Alain Fontanel (LREM), sous forme de lettre ouverte que nous publions ici.

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À quand des transports gratuits lors des fréquents pics de pollution à Strasbourg ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)

Cher Alain Fontanel,

Par la présente lettre, je me permets de m’adresser à vous en votre qualité de président du conseil d’administration de la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS), en tant que Premier adjoint au maire de Strasbourg et vice-président de l’Eurométropole. En effet, alors que la France, l’Europe et la planète toute entière suffoquent en raison de vagues de chaleurs incommensurables, un véritable problème subsiste à Strasbourg.

En effet, comment peut-on, lucidement, continuer à proposer des tarifs réduits uniquement pour les billets de bus/tram lors de ces jours de pics de pollution ? La logique ne devrait-elle pas être, coûte que coûte, de préserver notre planète, de préserver la santé publique et ainsi d’encourager au maximum les usagers et les usagères à se détourner de leur automobile en proposant un accès gratuit aux transports ? Le conseil d’administration de la CTS, dont vous êtes le président, doit impérativement considérer cette demande.

Je salue d’ailleurs le combat de la maire écologiste de Schiltigheim, Danielle Dambach, qui vient d’écrire au Président de l’Eurométropole, Robert Hermann pour que les transports soient gratuits lors des pics de pollution. Cette position semble être celle de la raison, et elle devrait alerter le conseil d’administration de la Compagnie des Transports Strasbourgeois.

Les abonnés lesés

Qu’en est-il des usagers et des usagères qui utilisent les transports chaque jour et qui, par conséquent, ont un abonnement ? De quels avantages bénéficient-ils face à leur moyen de locomotion qui est un acte écologique et citoyen ?

S’il faut bien admettre que le réseau de la CTS est extrêmement bien desservi, qu’il ne cesse de se développer, de s’améliorer, l’heure devrait être à une plus grande accessibilité des transports, à un coût qui devrait être réduit et s’approcher le plus proche possible d’une gratuité.

J’ai bien conscience de l’existence de la tarification solidaire qui existe aujourd’hui. Il s’agit d’une mesure dont vous pouvez être fiers et fières car elle permet aux usagers et usagères aux revenus les plus modestes un accès à la mobilité sans être défavorisés. Il faudrait néanmoins penser à étendre à un maximum de personnes un tel dispositif.

Pour des tarifs plus attractifs le reste de l’année

En rendant les transports plus attractifs, en augmentant la fréquence de certaines lignes, cela aurait des conséquences positives sur le nombre de voyageurs. Le bénéfice pour la CTS serait bien plus important que lors des augmentations tarifaires (de 24€20 en septembre 2015 à 26€60 par mois depuis juillet 2017 soit une hausse de 2.40€ pour les moins de 26 ans) qui souvent dissuadent les usagers et les usagères d’utiliser le réseau.

Il est de votre responsabilité morale en matière de politique des transports, de politique environnementale, de politique de santé publique que de favoriser au maximum les mobilités alternatives à l’automobile. Il est indispensable de sensibiliser les citoyennes et les citoyens à cette question.

À quand des transports gratuits lors des fréquents pics de pollution à Strasbourg ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)
À quand des transports gratuits lors des fréquents pics de pollution à Strasbourg ? (Photo Pascal Bastien / Divergence)

Notons par ailleurs le caractère extrêmement discriminatoire des vignettes Crit’Air qui défavorisent les usagers ayant d’anciennes voitures qui, par définition, sont les plus modestes. Leur automobile est parfois leur seul moyen de locomotion. Comment aider efficacement ces personnes autrement qu’en les assignant à résidence ? S’il existe la prime à la conversion des véhicules, celle-ci reste trop faible comparé au coût que représente l’achat d’un véhicule neuf (2500€ de prime) ou d’occasion (1000€ de prime pour les foyers imposables et 2000€ pour les foyers non imposables).

Le non-sens des amendes pour abonnés

Ma colère réside également dans le procès-verbal qui m’a été adressé ce matin car j’ai – pour la première fois en trois ans d’utilisation quotidienne – oublié mon titre de transport que je paye 266€ chaque année. Une amende de 100€ (60€ d’amende et 40€ de frais de dossier) m’a été adressée par l’agent CTS (qui ne faisait que respecter les procédures). Or, il faut bien admettre qu’il y a un non-sens immense que de m’expliquer que je ne serai pas obligé de payer l’amende mais uniquement les frais de dossier si je la conteste rapidement.

J’entends bien que je suis responsable car mon titre de transport était absent. Je trouve néanmoins les conséquences de cela absolument sidérantes. Ne pensez-vous pas, Monsieur Fontanel, qu’il s’agit pas d’une sanction aberrante que d’infliger une amende si élevée à un jeune étudiant qui, pendant ses vacances, se lève tôt pour prendre les transports à 7h du matin pour se rendre sur son lieu de travail ?

Ne pensez-vous pas qu’il serait temps que le conseil d’administration de la CTS donne à ses agents la capacité de vérifier qu’un utilisateur dispose – ou non – d’un abonnement lorsqu’il oublie exceptionnellement son titre de transports et ce pour la première fois depuis trois ans ? Même le paiement des « frais de dossier » me paraît intolérable.

Le drôle de timing des contrôles

Notez par ailleurs que je prends les transports de façon quotidienne pendant presque deux heures et que je n’ai été contrôlé que très peu ces derniers mois. Or, lors du pic de pollution, je l’ai été trois fois en deux jours. Qu’est-ce que cela traduit ?

Je vous demande ainsi de bien vouloir prendre en considération ma demande et je vous prie de réfléchir, pour l’avenir, à une autre façon d’organiser les transports – notamment lors des pics de pollutions – afin de préserver la planète. L’urgence est écologique. Elle est sociale, également.

Veuillez agréer Monsieur le président de la Compagnie des Transports Strasbourgeois, l’expression de ma plus haute considération.

Ludovic Helbling
Membre de Generation·s Strasbourg
Prise de position à titre personnel


#Alain Fontanel

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