Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Au conseil municipal, baisses des dotations aux structures culturelles et polémiques inévitables

Le conseil municipal de décembre devrait entériner une baisse générale des subventions aux structures culturelles. Mais les polémiques sur le campement de migrants de la place de l’Étoile et le financement des cultes vont s’inviter au programme.

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Une bonne partie des structures culturelles strasbourgeoises renouvellent leurs conventions de subventionnement lors de ce conseil municipal du lundi 12 décembre. En 2021, la municipalité écologiste avait demandé à ces structures et associations un effort budgétaire dans le cadre d’une économie générale sur les dépenses de fonctionnement. Le budget Culture est le premier de la Ville de Strasbourg avec 86,6 millions d’euros.

Après quelques crispations et négociations, il a été arrêté une baisse générale de 2,5% des dotations annuelles à partir de 2023, ce qui donne 7 502 945€ pour 13 structures :

Deux structures sont exclues de cette baisse générale : la Laiterie parce que la salle doit fermer plusieurs mois pour des travaux en 2024 et les Percussions de Strasbourg. Quatre structures seront par ailleurs aidées par l'Eurométropole pour la première fois, à hauteur de 50 000€ chacune : l'Espace Django, la Choucrouterie, la Maison Bleue et l'Espace K.

À noter l'apparition d'une nouvelle structure, Relatio, dont l'objectif est de créer un festival biannuel autour du livre et de la littérature à Strasbourg et dont le président est l'avocat strasbourgeois Bernard Alexandre. Relatio, formée par 22 personnes "de la société civile" dont les journalistes Serge Hartmann, Pascal Coquis, Françoise Schöller et François Wolfermann des Bibliothèques idéales, a remporté un appel à manifestation d'intérêts pour organiser ce temps fort, qui s'intégrera en 2024 dans Strasbourg capitale mondiale du Livre. Les grands axes de la programmation de Lire notre monde seront dévoilés au printemps 2023, soit un an avant le début de l'opération.

Le Maillon perd 60 875€ de subvention municipale entre 2021 et 2022, sur un budget annuel d'environ 3,3 millions d'euros Photo : Amélie Schaeffer / Rue89 Strasbourg / cc

Neuf millions européens bienvenus

Lors d'une présentation à la presse jeudi, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (EE-LV) s'est félicitée de l'inclusion d'un "fonds culture" de 9 millions d'euros pour la première fois dans le contrat triennal, un dispositif de 188 M€ de l'État et de la Région Grand Est pour soutenir la vocation européenne de Strasbourg :

"Plus de 40% de ce montant est déjà versé ou fléché... Après 11 dossiers validés pour 411 000€ en septembre, ce sont 27 projets qui seront aidés en décembre pour plus d'un million d'euros. C'est la démonstration qu'il existe à Strasbourg un écosystème dynamique en faveur d'une politique européenne qui s'intéresse au projet européen dans sa globalité."

Parmi ces projets, les programmes de création et de résidence du Centre européen d'actions artistiques contemporaines (Ceaac) et de Central Vapeur qui vont pouvoir s'adresser à des artistes internationaux, ainsi qu'un programme de coopération des écoles d'art européennes. Une partie subventionne la nouvelle saison de la série télévisée Parlement.

Ce fonds culturel à vocation européenne devrait être pérennisé selon Jeanne Barseghian mais l'opposition municipale, par les voix d'Alain Fontanel (Renaissance) et de Pierre Jakubowicz (Horizons) dénonce un "détournement du fonds triennal pour compenser des coupes budgétaires".

Jeanne Barseghian a tenu à rappeler aux journalistes jeudi qu'elle faisait du soutien à la culture un axe fort de sa mandature, ce qui ne va pas de soi après l'émoi provoqué par la fermeture deux jours par semaine des musées de Strasbourg pour des raisons budgétaires, et qu'une partie du secteur culturel peine par ailleurs à se retrouver dans la politique de la municipalité écologiste. Symbole de ces hésitations, le théâtre de Hautepierre, toujours vide et sans gestionnaire malgré plusieurs mois de concertation avec les acteurs culturels et des habitants. Anne Mistler, ajointe à la maire à la Culture, promet sa réouverture avec un projet adéquat avant la fin du mandat (mars 2026).

Le reste de l'ordre du jour du conseil municipal est surtout constitué de délibérations techniques mais il est agrémenté de huit interpellations dont la première, signée Jean-Philippe Vetter (LR) prévoit de revenir sur les jugements du tribunal administratif à propos de la mosquée Eyyub Sultan et de l'évacuation du camp de l'Étoile. Bien que les deux sujets soient très différents, ce sont deux dossiers perdus par la municipalité face à la préfecture du Bas-Rhin, tandis qu'un troisième problème, sur la délibération-cadre des cultes, se profile... La question du conflit entre la préfète du Bas-Rhin et la maire de Strasbourg sera donc inévitablement en débat en fin de ce conseil municipal.


#Conseil municipal

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