

Pour Doc Arnica, l’argent est un parasite dans la relation entre le soignant et le patient (Photo Kiki99 / FlickR / cc)
23 euros, c’est le tarif conventionnel d’une consultation chez un médecin généraliste. Que l’on ait un petit rhume ou un diabète déséquilibré… Et c’est bien ce qui dérange Doc Arnica.
Blandine a 11 ans elle vient avec son papa pour se faire vacciner. Je l’examine, la pèse la mesure et la vaccine, prix de la consultation : 23 euros.
Ismail a 50 ans, il vient pour le contrôle de son diabète, il est déséquilibré, il prend déjà deux médicaments et les consultations précédentes ont déjà pris du temps pour réexpliquer le régime à suivre. Il a perdu 4 kg ces six derniers mois et malgré tout, son HbA1C (le mouchard du diabète) est à 9,1. Il est temps de rajouter de l’insuline à son traitement. La consultation va être longue : explication du principe, démonstration du stylo à insuline et réexplication du contrôle du dextro (glycémie au doigt) . Consultation : 23 euros.
Myriam a 15 ans, elle vient pour un certificat sportif, elle fait du handball en club depuis 3 ans. Je l’examine, la pèse, la mesure, fais un examen orthopédique, prends sa tension. Consultation : 23 euros.
Élodie vient pour un retard de règles, elle a fait un test urinaire : positif. Je ne l’ai vue qu’une seule fois en consultation et pas pour sa contraception. Elle prend la pilule et l’oublie quelques fois comme beaucoup de femmes. Elle ne veut pas du tout de cette grossesse. On prend du temps, l’IVG est la solution qu’elle choisit, je téléphone pour un rendez-vous, et lui fait un courrier. Elle demande à me revoir après l’IVG pour la pose d’un implant. « La pilule c’est pas pour elle ». Consultation : 23 euros.
Inès a un rhume avec un peu de fièvre, je l’examine et lui prescris de quoi supporter ces quelques jours d’inconfort. Consultation : 23 euros.
Isabelle vient me voir avec son enfant de 2 ans parce qu’elle n’en peut plus. Il déménage tout dans sa maison en permanence, jette les objets, n’arrive pas à se concentrer. C’est devenu insupportable. J’ai déjà vu son fils plusieurs fois en consultation et observé son comportement. Il ne sait pas du tout jouer comme les autres enfants de son âge et ne fait que jeter tout ce qu’il prend en main. Il n’obéit à aucune consigne simple ou ne les comprend pas. Je parle longuement à la maman pour finalement qu’elle accepte une orientation en consultation pédo-psychiatrique. Consultation : 26 euros (tarif de la consultation pour les enfants entre 2 et 6 ans ).
Anaïs est un beau bébé de 6 mois que les parents amènent en consultation de suivi de nourrisson. Je vais examiner l’enfant en le mesurant, pesant, contrôlant son périmètre crânien certes, mais aussi en vérifiant son bon développement neurologique par un ensemble de tests, vérifier ses hanches , sa vue , son audition et finir par des conseils aux parents pour la diversification alimentaire qui commence. Consultation du bébé de moins de 2 ans : 28 euros.
Un système de rémunération absurde
Le système de rémunération des médecins généralistes en France me semble très simpliste, voire archaïque. Et le paiement à l’acte totalement déconnecté de la réalité de terrain. Un spécialiste d’organe va avoir une rémunération qui souvent va correspondre à l’examen complémentaire qu’il va réaliser, alors que la plupart du temps si je ne fais pas un acte technique comme une pose de DIU (stérilet), un frottis ou une petite intervention sur un abcès, il ne sera tenu aucun compte du type de travail que je vais effectuer.
Une consultation d’annonce de cancer par exemple qui va être longue et pas évidente sera rémunérée de la même façon qu’un vaccin ou un examen d’aptitude au sport. Une consultation de suivi de grossesse de la même manière sera facturée 23€.
Mes internes sont en général étonnés de me voir facturer presque toujours la même somme quelle que soit la prestation effectuée. Je me fais cette réflexion depuis des années.
Généraliste, une spécialité qui attire de moins en moins
L’absence de revalorisation des actes en médecine générale entraîne un très nette baisse de l’attractivité de notre métier de médecin généraliste en libéral et dans les statistiques récentes, 10% à peine des diplômés de médecine générale vont choisir de s’installer. Ils préfèrent nettement le salariat et je les comprends. Le début de carrière d’un médecin généraliste salarié dépasse presque toujours 4 000 euros par mois, alors qu’une installation ne va pas sans risque selon l’endroit et les frais engagés pour la location ou l’achat d’un local ainsi que son équipement. Le rachat d’une clientèle à un médecin en fin de carrière est devenu peu intéressant et souvent cher, ainsi que l’entrée dans une association existante.
Je vois de nombreux jeunes installés déplaquer (se désinstaller) au bout de quelques années de libéral, en raison des difficultés financières ou du nombre d’heures de travail épuisantes effectuées par semaine. Une autre raison de cette désinstallation semble être aussi le manque de reconnaissance de la profession de médecin généraliste en France en raison de cette rémunération qui est la plus basse d’Europe actuellement. Gagner bien sa vie maintenant est au prix du sacrifice de sa vie privée et quelques fois de sa santé mentale. Ils estiment que cela n’en vaut plus la chandelle au bout de 5 à 6 ans d’essai.
Dans mon quartier de plus de 40 000 habitants, je n’ai vu aucune nouvelle installation depuis au moins 7 ans et la plupart des médecins qui sont partis à la retraite n’ont eu aucun successeur ( 3 médecins dans les rues juste adjacentes à mon cabinet cette dernière année).
Pourtant je n’ai pas eu un seul interne en stage à mon cabinet qui n’ait apprécié cette pratique des soins de premier recours et la possibilité de faire sa démarche diagnostique, de suivre le patient , d’administrer un traitement et d’en apprécier les effets. La relation avec chaque patient différent est aussi un gage de grande variété de façons d’aborder la démarche de soin.
Soigner des patients, pas des clients
Ce qui m’a fait choisir le libéral est vraiment important à mes yeux . Le fait d’être son propre patron, de ne rendre des comptes (médicaux) qu’à ses patients est un des éléments qui compte. Il peut peser, évidemment, lorsqu’il s’agit de s’occuper de sa comptabilité ou des choix d’investissement, mais j’avoue qu’il ne s’agit pas (plus) d’un aspect qui me rebutte et que de maîtriser sa situation comptable est même souvent satisfaisant.
Par contre le paiement à l’acte ne m’a jamais emballée, au point que depuis le début de mon installation, j’ai choisi de pratiquer le tiers payant, voire le tiers payant généralisé (quand il est possible sur la carte Vitale), sur toutes les consultations ou presque. Le rapport à l’argent directement avec le patient n’a pour moi que peu de sens dans la mesure où le payeur réel est en dehors de cette relation patient-médecin, et que l’argent peut même la parasiter. Je ne veux pas de relation de clientèle, je ne me sens pas l’âme d’une prestataire de service, mais bien soigner des patients.
J’ai réfléchi dans mon petit coin et en dehors de toute appartenance à un syndicat (j’ai sûrement tort), et je n’ai pas de solution idéale, mais il me semble que le principe de la rémunération au type de pathologie plus ou moins lourde suivie est une piste. Bien sûr, il faudra tenir compte de l’activité de chaque médecin, mais ne pas accepter l’abattage que pratiquent certains confrères qui est la source probable de la faible rémunération à l’acte. Quand je vois des journées de plus de 60 consultations chez certains, je reste comme deux ronds de flan. Il me semble aussi que l’on devrait ne pas voir plus de 25 à 30 patients par jour pour pouvoir prendre du temps avec chacun.
Je vais encore travailler entre 13 et 15 ans selon toute probabilité et j’aimerais voir à nouveau de jeunes médecins heureux de travailler en libéral dans des conditions correctes (avec une secrétaire par exemple que je n’ai jamais eue), être respectés par les autorités de ce pays et rémunérés correctement pour leur travail. Il n’y a que comme cela que les patients pourront garder une médecine de proximité de qualité.
Je pense qu'il est souhaitable de changer le système de rémunération.Le système type forfait ou salaire me semble mieux que le payement à l'acte.
Par contre ce que tu as écrit , que pour la "profession de médecin généraliste en France" , la" rémunération qui est la plus basse d’Europe actuellement". Je vais te contredire, une rémunération encore plus basse existe dans d'autres pays de l'Europe dont la Roumanie, où la consultation d'un généraliste vaut de 4 à 10 euros maximum(Et oui! Il y a des charges aussi, loyer et une infirmière payé etc).
mais je me suis endormi! :(
Du genre sujet verbe complément, sans argumentation et point barre...
Les propos de argh sont parfaitement lisibles et de qualité!... et les commentaires moins longs souvent les moins intéressants... La solution idoine ne serait elle pas de proposer des commentaires courts au bas des articles, et d'ouvrir de vrais forums lorsque l'article intéresse et que les lecteurs souhaitent refaire un match, ou prolonger le débat. Ou des commentaires avec plusieurs onglets thématiques...
Je sais bien qu'il s'agit d'un fantasme vu le coût trop onéreux d'une telle opération pour votre rédaction... Mais il pose un débat sur ce qui serait "le bon" et "le mauvais" commentaire et les items permettant de les classer ainsi...
On voit déjà la tendance choisie par les webmedias, la hiérarchie des coms' par liking qui se développe à tout va, qui ne favorise pas nécessairement le contenu, et que vous envisagiez il me semble... Le choix d'une solution technique n'affecte pas que la seule longueur du commentaire, mais aussi la richesse de son contenu, et la fonction que lui assigne une rédaction, une fonction qui produit de l'idée (ou de la non-idée limitée à de l'invective péremptoire)... Pour un média qui revendique une proximité qualitative avec ses lecteurs, j'imagine que ces questions sont l'objet de réflexions approfondies dans votre rédaction...
Plus généralement, la mode du format court... cela me rappelle une discussion passée entre amis: les tenants du format long dans la presse, et ceux qui constatait qu'avec l'habitude de lire des articles courts de presse web, ils étaient désormais incapable de lire désormais un article trop long... La dictature du format,un débat qui existait du temps de la TV et qui se pose de plus en plus avec les webmédias... N'y voyez pas d'attaque, juste une réflexion...
Ils ont intégré les poncifs des boîtes de com'
Pas plus de trois idées à la fois (sans argument), sinon ça fume et il faut aller consulter pour un claquage de cerveau...
Cher confrère loin de moi l'idée de dénigrer quelques spécialités que ce soit. J'expliquais à une patiente qu'un gynécologue était formé à faire de la gynécologie et un médecin généraliste de la médecine générale, qui inclus la contraception, le suivi de grossesse, le dépistage des IST, l'accompagnement de la ménopause, et les gestes techniques qui s'y rapportent.
Les études de médecine ne sont pas faciles les étudiants en médecine sont tout de même mois à plaindre que les travailleurs à la chaîne, les terrassiers et d'autres. Difficulté certes mais toute relative.
Par contre concernant la nécessaire union de tous les médecins, laissez moi rire, la majoration de coordination des soins a été refusée aux médecins généralistes par les syndicats pluri- catégoriels, les mêmes qui avait torpillé l'option médecin référent. La médecine générale a surtout souffert du lobbying des autres spécialistes, pas de la désunion des médecins dont les attentes sont sommes toutes différentes.
Il y aurait beaucoup à débattre aussi sur l'obsolescence de la classe politique mais je manque de place et de temps pour le faire ici. Tout en partageant votre diagnostic d'une classe politique en obsolescence, je diffère sur les solutions à apporter mais c'est un autre débat
si vous avez des patients en consultation "longue" vous en avez également en consultation "courte" qui viennent juste pour renouveler une ordonnance pour un médicament et qui ne sont meme pas 5 minutes en consultation
23 Euros c est la moyenne pour un patient et cela me semble assez correct et vous permet de gagner tres correctement votre vie
Être son propre patron lorsque les recettes sont assurées n'a pas grand chose à voir avec l'entreprise libérale.
Le statut même de libéral me semblerait même pouvoir être questionné.
La facturation à l'acte découle directement d'un système libéral ou la valeur de l'acte est fonction de la demande (de temps, de la technicité) mais aussi de l'offre. Alors adieux la "couverture" par la CPAM d'une valeur ré-ajustée de 23 € et bonjour le capharnaüm en termes de santé publique. A ce propos n'oublions pas le "trou de la sécu" dont la plupart rendent l'hôpital responsable oubliant les frais de santé liés aux ordonnances et arrêts de travail délivrés parfois avec complaisance par quelques uns de vos collègues presque VRP de labos pharmaceutiques.
Tout cela est très caricatural me direz-vous, je vous rétorquerai qu'il en est de même de votre écriture factuelle.
Il est de plus en plus nécessaire de construire un système de santé européen fondé sur la répartition.
Il mettrait à bas l'ordre national des médecins, "institution" archaïques qui défend le numérus clausus dans les études ou interdit l'installation de médecins étrangers de grande valeur dans notre territoire pour de sous couvert de formations et compétences de moindre qualité.
Ouvrez les portes, voyez le développement du tourisme de santé, lisez notre démographie... la médecine est une science expérimentale et son exercice en dehors le serment aurait du être revu depuis bien longtemps.
C'est le même problème que pour l'instituteur dont tout l'avenir de l'élève dépend alors qu'on va ultra rémunérer un prof de fac, mono-spécialiste s'adressant à un public averti, éduqué et attentif, qu'il enseigne ou non dans une filière voie de garage qui plus est...
Cette illogisme que seules peuvent se permettre les institutions indépendantes de la performance est l'héritage de notre culture aristocratique masochiste...!
PS : par contre merci de ne pas nous faire pleurer avec les risques d'installation... A moins d'une très mauvaise étude de marché, il n'y en a aucun ! Ça se mesure facilement à la facilité d'emprunt auprès des banques... Savez-vous quels risques doivent prendre des entrepreneurs pour un taux de retour sur investissement bien inférieur sur des marchés où les gens payent avec leur vrai argent...?!
du niveau à partir duquel le libéral estime son activité est une poule aux oeufs d'or... ( ou estime-t-il qu'il doit se situer sur l'échelle de salaire)
Du quartier (sensible ou non), du territoire (rural ou non) et de la patientèle dont le libéral dispose
Du mode de vie auquel il aspire (s'il veux un 4*4, partir tous les ans en vacances aux seychelles plutôt qu'à la côte d'azur, avoir du temps pour éduquer ses enfants)
La moindre variation dans la norme et nous avons un inspecteur.
Le calcul même de la valeur des actes techniques CCAM le démontre : une enveloppe globale , 5 critères pour le définir par rapport aux autres. Résultat : peu importe ce que te coûte un acte, son prix est défini ainsi.
C'est un jeu de dupe car du coup, puisque tu ne peux facturer que deux actes et le 2e l'étant à moitié prix, tu choisis les actes que tu vas facturer en fonction de leur rentabilité pour que les moments où tu travailles à perte soient moins fréquents que ceux où tu gagnes ta vie part ton travail.
Donc, si demain les caisses laissent tomber la rémunération à l'acte, il y aura la même logique sous jacente : ne pas te payer ce que te coûte ton travail.
Encore heureux que les professionnels soient inspectés sur la ventilation de l'utilisation de mes cotisations SECU.
Ne me faîtes pas croire que la sécu dispose d'une armée mexicaine pour effectuer des contrôles sur chaque acte...
Sans généralisation,la fraude à l'ursaff par les entreprise, à la sécu par les professionnels de santé et sans commune mesure avec la fraude des usagers (bien que ce soit systématiquement celle-ci que grossit les médias)...
Je pourrai me sentir un peu solidaire le jour où vous critiquerez le zèle avec lequel les agents CAF fliquent leurs allocataires...
Bon, je connais la chanson. Je l'ai déjà interprétée.
Le problème est le suivant. Quel que soit le système, paiement à l'acte ou à la pathologie, les tricheurs seront toujours les tricheurs. Les bons seront bons, les moyens itou et les mauvais dans le même métal.
Paiement à la pathologie. Pour reprendre ton billet : certains diabétiques ont besoin d'une consultation tous les 6 mois et d'autres tous les mois (du moins pendant un certain temps). On en revient à l'acte.
Si bien que les tricheurs se contenteront des patients sans problèmes et renverront les autres ailleurs.
Les médecins généralistes sont les soutiers d'un système qui les méprise de façon consciente et inconsciente.
Nous avons, je schématise, mauvaise opinion de nous-mêmes sur certains points et une confiance exagérée de nous-mêmes sur d'autres mais je crains que cette vision soit fausse par rapport à ce que pensent de nous les citoyens.
Et n'oublions pas que, quel que soit le système (et j'aime bien personnellement le mélange des genres avec mixité des pratiques), la médecine générale (et l'exercice de la médecine en général) est un métier de chien, envahissant, exténuant physiquement et psychiquement et que les problèmes de conscience qu'il pose quotidiennement seront toujours aussi envahissants pour le reste de la vie (non professionnelle).
Comme tu t'en doutes je n'ai pas de solution.
Médecine générale: 9ans
Pédiatrie gynécologie, ..etc: 10 ans
Chirurgie 11 ans
La différence est que dans cette durée les autres spécialités incluent des gestes techniques.
Prenons l'exemple de la gynécologie que vous citez
Un gynécologue apprend durant ces études à faire des échographies, à faire des colposcopie par exemple. Le temps nécessaire à maîtriser ces techniques correspond à l'année d'étude supplémentaire.
Sa formation se limite néanmoins à l'appareil génital de la femme.
Ces autres spécialités sont utiles et nécessaires pour soigner des maladies plus rares, ou qui nécessitent de maîtriser certains gestes.
Un médecin généraliste a des connaissances lui permettant de soigner un patient quelque soit les organes concernés. Il apprend aussi à prendre en compte le patient est son milieu social ou professionnel.
Ce n'est pas comme ça que nous allons relever la tête dans un pays ruiné par des décennies d'amateurisme politique et administratif et de mépris du travail quel qu'il soit, tout métier confondu, puisque la situation des médecins n'est qu'anecdotique par rapport à la situation extrêmement critique de la majorité de la population française, ce qui nous promet des lendemains difficiles dans un pays surendetté qui vogue tel le Titanic vers les icebergs de la mondialisation. Ce qui est affligeant, c'est qu'on nous tarabuste avec le coût de la santé alors que des erreurs gouvernementales, en politique étrangère par exemple, nous coûtent des sommes autrement gigantesques, ces erreurs n'étant jamais sanctionnées, sans parler des malversations et des comportements privés parfois abominables de ces personnages qui nous donnent des leçons de morale à longueur de journée et qui détruisent jour après jour l'image et le fonctionnement de notre pseudo-démocratie qui a virée en république bananière hystérique et obsessionnelle.
Un rappel : Internat chir ou spé méd + cca ou assistanat indispensable =13 à 15 ans minimum à un rythme que beaucoup ne pourraient pas supporter, avec vie familiale sacrifiée et espérance de vie diminuée, chacun ses choix mais respectons les entre confrères et ne mélangeons pas tout car certaines comparaisons n’ont même pas lieu d’être parce que sinon on peut en arriver à mettre sur le même plan la chirurgie cardiaque, la radiologie interventionnelle par exemple et les rhinites saisonnières... ce ne sont pas les mêmes prises de risque et responsabilités, il faut tout de même rester sérieux sans forcément vouloir hiérarchiser. L’égalitarisme à tout prix c’est la destruction de l’humanité et de son potentiel d’évolution. En matière de destruction on est sur la bonne voie pas la peine d’en rajouter !
S'exciter sur des forums obscurs ne changera rien à la situation mais il faut effectivement commencer par le commencement et débattre entre professionnels de terrain, connaissant réellement les problèmes, contrairement à l'administration qui a sa logique propre, parfaitement absconse et vaine en tout cas pour les scientifiques que nous sommes à la base.
Et oui, 23 €, les tarifs les plus bas d'Europe occidentale, généralistes et spécialistes confondus, résultat de 50 ans de discorde entre médecins, le pouvoir ayant bien compris que diviser les médecins c'est régner. Ce problème de salaire ne concerne pas que les médecins mais l'ensemble des travailleurs, ouvriers, employés du tertiaire, avocats, agriculteurs, ingénieurs..., le pouvoir étant exercé par une classe politico-médiatico-administrative qui n'a quasiment jamais travaillé (à moins d'appeler travail des réunions parfaitement stériles ou des bavasseries télévisuelles) et se comporte comme les marquis et les duchesses de l'ancien régime avec en prime un discours parfaitement pervers et moralisateur enjoignant à chacun de bien rester à sa place sous peine de bannissement administratif ou médiatique, tout en étant aux ordres d'un système financier confiscatoire qui draine la valeur monétaire vers des activités parfaitement inutiles voire nuisibles pour la majorité. Concentrez plutôt vos efforts critiques vers ces catégories de la population que nous ne croiserons jamais et qui se gaussent de nos petits débats provinciaux qu’ils n’entendent même pas, tout occupées qu’elles sont à s’empiffrer sur notre dos.
Mais revenons à nos moutons c’est-à-dire à nous, le problème de l'enveloppe globale c'est qu'elle entretient la discorde de manière tout à fait organisée par le pouvoir (qui commet par ailleurs des erreurs de gestion abracadabrantesques dans tous les domaines et nous promet 5 € d’économies pour 5000 € d’emmerdements) alors qu'il faudrait une hausse des rémunérations les plus basses en prenant exemple sur l'Angleterre où les généralistes ont un train de de vie en rapport avec leur compétence et leur activité. La contrepartie c'est qu'ils sont bridés et dépressifs n'ayant plus aucune latitude dans l'exercice de leur métier. Nous nous avons la même chose sans les compensations financières et c'est en partie de notre faute en raison de notre profonde désunion. La prolétarisation de la médecine générale est actuellement appliquée à tous les domaines rassurez-vous vous n’êtes pas les seuls. Les cotations des actes techniques et des actes chirurgicaux sont également les plus basses d'Europe et le secteur II permet simplement d'avoir un revenu décent par rapport à nos responsabilités et à nos compétences, alors qu'il est systématiquement démonté par un pouvoir au discours démagogique abject. Ne parlons pas des États-Unis où une consultation d'infirmière est parfois à 70 $. Les médias acoquinés aux politiques déversent des torrents de boue non épurée sur les médecins. Et comme le disait Maudrux, même la mafia n'empêche pas les gens de travailler. L'État français le fait depuis 40 ans et nous a mené à la situation actuelle.
Par ailleurs, négliger la dimension commerciale de notre activité c'est à mon avis une erreur car il y a une dimension commerciale dans toute activité humaine et elle n’est pas moins noble que la médecine et se sont les seules activités commerciales et les échanges au sens large du terme qui font progresser l'humanité. Dans l’Antiquité, des commerçants proches-orientaux ont transmis l'alphabet aux Grecs, c’est un exemple pour montrer que ce ne sont pas les fonctionnaires ou les dogmatiques religieux qui font progresser l'humanité, ils ne font que mener à des catastrophes et à des meurtres dès lors qu’ils ne sont plus circonscrits dans leur rôle initial et contrôlés de près par le peuple.
Les médecins sont les témoins de cette évolution dramatique du corps social dont le travail est méprisé par des "élites" autoproclamées, ayant comme activité principale l'exercice et le commentaire du verbe, comme les prophètes, les charlatans ou les publicitaires, activités tout à fait comparables en termes de toxicité mentale pour la population. D'ailleurs les quelques médecins médiatiques verbeux qui sévissent et se transforment en hommes politiques ont tout à fait compris où se trouve le pouvoir et l’argent dans notre société, non pas dans l'ingrat labeur quotidien réservé aux gueux mais dans les médias et nous en connaissons tous de ces Savonarole de l'ère numérique, dont la phraséologie n'est pas en rapport avec leur réelles qualités professionnelles de terrain et leur éthique. Mais peu importe, ce qui compte c'est la couleur de la cravate, le pli de la chemise, la qualité du maquillage et autres injections de botox ainsi que la rigidité de la permanente et ils choisi un autre « métier » par gout ou par lassitude afin de profiter du barnum médiatique parfaitement stupide que nous pouvons observer jour après jour.
Il faut une rotation du personnel politique et administratif imposée et beaucoup plus rapide associée paradoxalement à la durée allongée des mandats pour pouvoir réformer et sortir de ce système d'héritiers et de carrière à vie assurée, afin que des gens porteurs de solutions innovantes installent un réel dialogue constructif avec les professionnels et mettent fin à cet amateurisme dogmatique généralisé, caractéristique de la fonction politique et administrative en France où des discours parfaitement rétrogrades, absurdes et déconnectés s’entendent de part et d'autre, tant à droite qu'à gauche.
Ne nous leurrons pas, nous vivons actuellement à crédit et si le crédit disparait c'est l'effondrement total du pays et du système de santé en particulier avec à la clé, l’application du vrai coût des actes et la fin de la quasi gratuité du système actuel au détriment de la population. Le manque de courage politique (car il est évident que les politiques ne peuvent pas tout et il en reste certainement quelques-uns de sincères et volontaires) est aussi dû à l'attitude des Français, opposés à toute réforme et à des lobbys prêts à bloquer le pays pour défendre leurs intérêts.
Les médecins ayant malheureusement trop d'éthique pour la plupart d’entre eux, ils ne sont absolument pas entendus par le pouvoir. Quand un groupe ethnique ou professionnel (ou qui s’auto-désigne comme tel, ce qui est déjà une absurdité dans une république théoriquement unie fondée sur l’égalité totale entre les humains, issue des Lumières, quand nous étions grands et pensants) bloque l'autoroute, la république est humiliée et piétinée sans qu'aucune réaction claire et ferme du pouvoir ne règle le problème rapidement et dignement. Quand des médecins osent élever le ton pour manifester leur réprobation, ils sont traités comme de dangereux terroristes anarcho-autonomes (si cela vous rappelle quelque chose) ou de parvenus arrogants pour ne pas aller vers une comparaison scatologique sans doute plus adaptée. La négociation et les discussions sont dans une démocratie les seules armes dont nous disposons. Malheureusement ces armes sont absolument inefficaces. Personne n'est évidemment pour la lutte armée au sein d'une démocratie mais les politiques actuelles risquent de mener à de réels affrontements. L'exemple des médecins n'est qu'un épiphénomène et on peut l'appliquer à tous les secteurs de l'économie et de la société à part quelques minorités revendicatives toujours épargnées pour des raisons bassement médiatiques. Évidemment il faut une structure étatique mais il faut qu'elle soit équilibrée par des contre-pouvoirs. Actuellement ces contre-pouvoirs sont réduits à néant où sont de simples collaborateurs et relai de la parole sacralisée de ces verbeux professionnels entretenus par nos impôts.
En conclusion syndiquez-vous, ça ne sert à rien de râler dans son coin et de ne pas s'engager aux côtés de vos confrères, toutes spécialités confondues, en mettant de côté les rancœurs et frustrations individuelles, car tout le monde en a!
Des choses que j'apprécie et d'autre moins que dans votre discours...
Mais le trop simpliste, politiques tous pourris,
la supposée désunion du corps médical dans notre pays, que je ne vois pas tant que ça... pour les libéraux en particulier...
Je dis cela, car votre point de vue est celui d'un praticien, respectable, mais vous devriez vous mettre à la place de l'usager...
@doc Arnica
Je ne vois pas où vous placez la rémunération forfait dans vos réflexions (plutôt que les sacro-saints actes de prix différents)...
Dans quelle mesure une politique publique devrait maintenir à tout prix une médecine libérale qui n'attire plus? ... c'est moins une question de sous et de sécu que de changement de la démographie médicale (plus de femmes), et de mentalités dans la profession...? Quant à l'indépendance, excusez-moi, mais certains scandales récents valent bien la gestion étatico-ministérielle du sang contaminé dans les années 80...
Surtout, et que l'auteur de la tribune ne prenne pas ce commentaire comme des attaques:
il est louable de nous faire comprendre vos problématiques de travail et de santé (et souvent je me suis posé ces questions en tant qu'usager avant d'en avoir discuté avec un médecin), mais la bonne oeuvre ne serait elle pas pour le corps médical, et des tribunes de professionnels, de faire un pas vers les usagers et d'écouter leurs revendications vis à vis du système de santé, plutôt que de chercher (quelquefois à tout prix) à nous faire rentrer dans le moules de vos revendications...
Le système de santé, st d'abord la propriété de ses cotisants plus que de ses médecins... rappel de base à mon avis (et des cotisants de mutuelles que je déteste par ailleurs, une spécificité bien française)
Bien sur, le propos pourrait s'appliquer à d'autres institutions publiques et non-marchandes que le secteur médical,je ne fais pas de fixette...