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Évacuation du camp des Ducs d’Alsace : un gymnase et un club de tennis réquisitionnés

Une nouvelle évacuation du camp des Ducs d’Alsace a eu lieu mardi 22 octobre. Plus de 150 migrants seront logés pour quelques jours dans le club de tennis de l’Elsau et le gymnase du collège Hans Arp.

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Évacuation du camp des Ducs d’Alsace : un gymnase et un club de tennis réquisitionnés

Lundi 21 octobre, en début d’après-midi, plusieurs agents de la Ville de Strasbourg s’activent autour du gymnase du collège Hans Arp et du club de tennis de l’Elsau, dans la même rue.

« Il y a des migrants qui arrivent mardi », explique l’un d’eux. Selon nos informations, l’évacuation du camp des Ducs d’Alsace est imminente. Près de 200 personnes y vivent dans des tentes malgré la pluie. En attendant une solution d’hébergement plus pérenne et l’étude de leur demande d’asile, ils seront donc mis à l’abri dans ces deux salles de sport, réquisitionnées par la préfecture du Bas-Rhin. Le gymnase de l’école élémentaire Léonard de Vinci sert quant à lui aux démarches administratives.

Lundi 21 octobre vers 15h, une quinzaine d’agents de la Ville de Strasbourg s’activaient entre le gymnase Hans Arp et le club de tennis pour préparer l’arrivée des résidents du camp des Ducs d’Alsace. (Photo Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc)

Un gymnase vide pendant les vacances

La préfecture n’a pas souhaité répondre à nos questions. La Ville de Strasbourg assure que l’occupation des lieux durera « deux à trois jours maximum ». Du côté du collège Hans Arp, cette réquisition intervient au début des vacances scolaires de la Toussaint. Elle ne perturbera donc pas les activités éducatives. Mais la présidente du club de tennis de l’Elsau est plus embêtée :

« Je suis très inquiète pour la suite des événements et pour les membres. C’est un club qui est déjà difficile vu son implantation, on a peu de gens qui viennent à l’Elsau… Les gens ne pourront pas jouer pendant les vacances alors qu’ils viennent de payer. Je crains qu’ils aillent voir ailleurs… »

Dans la salle de tennis, tous les équipements ont été démontés pour accueillir « une centaine de personnes », selon la présidente du club. Des douches et des toilettes sèches ont été installés par la Ville de Strasbourg à l’extérieur. Une soufflerie devrait permettre de chauffer un minimum le bâtiment.

Un processus bien rôdé

En mai, Marie-Dominique Dreyssé, adjointe au maire de Strasbourg (EELV) en charge des solidarités, détaillait le processus désormais bien rôdé :

« La Ville s’occupe de récupérer les personnes, de les conduire dans un gymnase aménagé et accueillant, où les services de l’État étudieront durant toute la journée leurs situations administratives. C’est ensuite à l’État de prendre en charge ces familles et notamment leur hébergement. »

Marie-Dominique Dreyssé, lors de l’évacuation le 15 mai d’un précédent camp aux Ducs d’Alsace.

Selon Gérard Baumgart, bénévole du collectif des Canonniers, la majorité des migrants des Ducs d’Alsace viennent d’Albanie, de Géorgie, et plus récemment de Bosnie-Herzégovine. La plupart des dossiers de demande d’asile seront donc traités en 15 jours. « Lorsque vous avez la nationalité d’un pays sûr, la demande est automatiquement placée en procédure accélérée, dès le guichet unique », indique l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).

La pression des squats ?

Pour des ressortissants de pays en guerre, l’étude de la demande d’asile dure normalement six mois. Les demandes doivent être déposées dans le premier pays de l’Union européenne traversé. L’État va donc réorienter certains demandeurs d’asile, après avoir établi leur situation administrative exacte. Certains obtiendront une solution d’hébergement dans un Centre d’accueil de demandeurs d’asile à Saverne, Mulhouse ou dans le reste de la France.

Gérard Baumgart milite depuis plusieurs années à Strasbourg pour l’accueil des migrants dans des conditions dignes. Selon lui, le camp des Ducs d’Alsace n’avait jamais été aussi peuplé. Il analyse cette évacuation à travers l’actualité des squats qui ont ouvert à Strasbourg ou Eckbolsheim :

« Il est clair que la dynamique des squats change le comportement des autorités. La préfecture est obligée maintenant de suivre davantage les camps, les réfugiés et les SDF. »


#ducs d'Alsace

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