Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Les dix photos qui ont marqué l’année 2023 en Alsace

Réforme des retraites, débordements et violences policières, école de Cronenbourg incendiée, Clestra, Stocamine… Retour en dix photos sur l’actualité strasbourgeoise et alsacienne de l’année 2023.

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Les dix photos qui ont marqué l’année 2023 en Alsace
Avec une estimation de 10 500 personnes, la préfecture a sans doute sous-estimé la participation à la mobilisation contre la réforme des retraites à Strasbourg.

Janvier : le mouvement contre la réforme des retraites, une mobilisation historique

Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

Le 19 janvier 2023, 18 000 Alsaciens (10 500 selon la préfecture) manifestent dans les rues de Strasbourg contre la réforme des retraites. C’est la première manifestation d’un mouvement social historique qui va durer jusqu’en juin 2023. Malgré ces fortes mobilisations, la loi passe en force à l’Assemblée Nationale grâce à l’article 49.3 engagé par la première Ministre Elisabeth Borne, en mars. Votée dans la foulée par le Sénat, la réforme des retraites est finalement promulguée par Emmanuel Macron le 14 avril, et validée par le Conseil Constitutionnel.

Février : la Maison Mimir part en fumée

Photo : Document remis

Le 9 février, le centre social et culturel autogéré de la maison Mimir est entièrement détruit par les flammes. Aucune victime n’est à déplorer, mais le monde associatif strasbourgeois est sous le choc.

Florian, romancier et bénévole de la maison Mimir réagissait alors, très ému, le jour du drame :

« En ce qui me concerne, c’est 10 ans de bénévolat qui partent en fumée. On faisait des travaux depuis des années. C’est un ancien squat qui a obtenu un bail emphytéotique en moins de deux ans, c’est un record. Au niveau de l’activité, c’était un lieu socio-culturel alternatif comme plein d’autres. C’était la chorale féministe, des cours d’alsacien, une scène slam tous les mois… C’est un vrai deuil affectif. »

Mars : répressions des forces de l’ordre contre les manifestants, l’affaire de la Petite rue des Dentelles

Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Deux mois après le début du mouvement social, les manifestations dégénèrent. Le soir du 20 mars, à Strasbourg, une cinquantaine de manifestants se retrouvent coincés dans la Petite rue des Dentelles, au cœur du quartier de la Petite France. Avec d’un coté et de l’autre, des forces de police. Les manifestants sont gazés à plusieurs reprises et empêchés de sortir du nuage de gaz lacrymogène. Le député de la France Insoumise Emmanuel Fernandes signalera cette nasse qu’il juge illégale à la procureure de Strasbourg.

D’après la reconstitution des évènements par Rue89 Strasbourg, au moins trois manifestants font des malaises, parfois même aux pieds des policiers. Ainsi, sur cette photo de Mathilde Cybulski, on voit un jeune homme en jogging rouge, allongé et inconscient. Il aurait fait une crise d’asthme en raison de la saturation en gaz lacrymogène dans l’air.

Avril : Emmanuel Macron hué et bousculé à Sélestat

Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg

En plein débat national sur la réforme des retraites, et alors que les manifestations continuent partout en France, Emmanuel Macron se lance dans une tournée de réconciliation dans plusieurs villes. Le 19 avril, il se rend à Muttersholtz et Sélestat, où il est copieusement hué et bousculé par des dizaines de manifestants.

Mai : Affaire de harcèlement moral chez Alsace Habitat, le témoignage de Carine

Photo : Emilie Terenzi / Rue89 Strasbourg

Carine fait partie des cinq salariés du bailleur social Alsace Habitat qui portent plainte pour harcèlement moral contre leur ancien directeur général Nabil Bennacer. Des faits qu’elle a signalés au président de la Collectivité européenne d’Alsace dès mars 2020. En vain. Elle tient à témoigner dans Rue89 Strasbourg.

Nabil Bennacer a été mis en examen pour homicide involontaire et pour harcèlement moral en mars 2023. L’un de ses salariés, responsable d’agence à Bischheim, s’est suicidé en mai 2020.

Juin : émeutes urbaines et école incendiée à Cronenbourg après la mort de Nahel

Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Deux jours après la mort du jeune Nahel à Nanterre, tué par un policier lors d’un contrôle routier, les quartiers de France s’embrasent. À Strasbourg, Cronenbourg est particulièrement touché. Dans la nuit du 29 au 30 juin, les émeutiers brûlent des voitures, cassent des portes de collèges, de commerces, et s’infiltrent dans l’école élémentaire Marguerite Perey où ils mettent le feu.

Les élus se déplacent, et l’émotion dans le quartier est vive. La rentrée scolaire en septembre ne peut se faire en l’état. Finalement, les élèves ont pu retourner dans leur école, rénovée et réparée, le 7 novembre.

Juillet : Clestra, de la grève à la fermeture

Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Début juillet, les salariés de l’usine Clestra, qui fabriquait des cloisons de bureau à Illkirch depuis les années 60, entament une grève suite au licenciement d’un de leurs collègues. C’est le début d’un long feuilleton social, que Rue89 Strasbourg va suivre pendant plusieurs mois.

Les ouvriers de Clestra dénoncent une gestion autoritaire et opaque de leur nouveau propriétaire, le groupe Jestia, arrivé en octobre 2022. Depuis le début du mouvement social, le délégué cégétiste Amar Ladraa (en photo ici) accuse régulièrement la direction de mener un « plan social déguisé ». La lutte prend de l’ampleur avec la venue de la secrétaire générale de la CGT, du secrétaire général du Parti Communiste Fabien Roussel et de plusieurs députés de la France Insoumise.

Finalement, après trois mois de grève et malgré deux réunions à Bercy, le PD-G de Clestra Metal annonce fin septembre qu’il dépose le bilan de la société. La liquidation judiciaire de l’entreprise est actée le 3 octobre par le tribunal de commerce de Paris. Les 125 salariés sont licenciés. 62 d’entre eux ont reçu des offres de reclassement dans une filiale du groupe Jestia. Également active dans le domaine des cloisons de bureaux, l’entreprise Mobidecor vient de lancer son activité à Strasbourg.

Août : incendie du gîte de Wintzenheim, 11 personnes décédées

Photo : Roxanne Machecourt / Rue89 Strasbourg

Le mercredi 9 août, un incendie se déclenche dans un gîte privé loué pour des vacances par l’association Oxygène, spécialisée dans les vacances adaptées aux personnes en situation de handicap.

Le gite était occupé par 28 personnes au total. Pourtant, il avait une capacité de 15 personnes. 11 personnes qui se trouvaient au premier étage sont décédées. Parmi elles, dix adultes en situation de handicap mental léger et un encadrant.

Rue89 Strasbourg révèle le lendemain du drame que l’association Oxygène qui organisait le séjour n’avait pas obtenu l’agrément adéquat. Elle avait tout de même maintenu plusieurs séjours en juin, sans agrément. Par ailleurs, le gîte ne répondait pas aux normes de sécurité pour les établissements recevant du public (ERP). En octobre, la gérante du gîte a été mise en examen pour homicide involontaire par le Parquet de Paris.

Septembre : manifestation contre l’enfouissement définitif des déchets à Stocamine

Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Le 23 septembre, environ 300 personnes manifestent à Wittelsheim contre le confinement définitif des 42 000 tonnes de déchets ultimes de Stocamine sous la nappe phréatique. Ils dénoncent le passage en force de l’État malgré les oppositions locales.

Depuis plusieurs années, notre journaliste Thibault Vetter enquête sur l’ancienne mine de potasse d’Alsace, où des milliers de tonnes de déchets sous enfouis sous la plus grande nappe phréatique d’Europe occidentale (Lire son enquête en quatre volets avec la journaliste Bärbel Nuckles, « Stocamine – Comme un poison dans l’eau ») En novembre 2023, le tribunal administratif de Strasbourg a décidé de suspendre l’arrêté préfectoral autorisant l’enfouissement définitif des déchets à Wittelsheim.

Octobre : attaque du Hamas sur Israël et début d’un massacre à Gaza

Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Le samedi 7 octobre, le Hamas lance une attaque contre des civils israéliens, faisant plus de 1 400 morts. Plus de 200 personnes sont kidnappées. La réaction de l’État hébreu est immédiate, avec une large offensive lancée sur la bande de Gaza. À la date du 19 décembre, le conflit aurait fait près de 20 000 morts côté palestinien selon le mouvement islamiste palestinien.

Cette photo a été prise lors du premier rassemblement en hommage aux victimes israéliennes du 7 octobre. 600 personnes se sont retrouvées devant le Conseil de l’Europe, le lundi 9 octobre au soir.

Depuis, malgré plusieurs interdictions préfectorales, de nombreuses manifestations en soutien aux victimes palestiniennes ont également eu lieu à Strasbourg et partout en France.


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