Les soignants de l’hôpital d’Hautepierre ont fait face à deux agressions en un mois, le 7 août et le 7 septembre. Dans les deux cas, les agresseurs étaient des patients ivres, et le premier ne présentait pas de détresse médicale.
« Je n’en ai pas dormi pendant deux jours ». Léo (prénom modifié) est assistant de régulation médicale au Samu du Bas-Rhin. Il se rappelle encore de l’état de stress dans lequel toute l’équipe était, après l’agression aux urgences de Hautepierre survenue le 7 août. Léo ne travaillait pas cette nuit-là, mais tous les agents en ont parlé entre eux les jours suivants :
« Cette nuit-là, les pompiers ont appelé pour une personne en état d’ébriété. Les policiers ne voulaient pas le prendre en charge. Sauf que ce monsieur ne présentait aucune détresse médicale qui justifiait qu’il soit pris en charge à l’hôpital. Les pompiers l’ont emmené par défaut aux urgences. »
Résultat : un patient ivre et violent arrive à l’hôpital et blesse quatre soignants lors de sa prise en charge par les urgentistes de Hautepierre. L’un d’entre eux a subi un traumatisme crânien selon France 3 Grand Est. Plusieurs plaintes ont été déposées selon la CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS). Lorsque Léo a appris l’agression des quatre urgentistes par ce patient ivre, il était sous le choc : « On est sans arrêt à la limite de la survenue d’un drame. Si rien n’est fait, il y aura d’autres agressions à l’hôpital. »
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
Spécialisée dans les polars, la librairie La Tache Noire a débuté une campagne de financement participatif pour sortir d’une impasse économique. À Strasbourg, d’autres librairies indépendantes alertent également sur la précarité de leur situation.
Strasbourg pourrait bien perdre plusieurs librairies indépendantes l’année où elle est sacrée capitale mondiale du livre. Elles sont plusieurs à faire état de leurs difficultés. Vendredi 8 septembre, La Tache Noire, spécialisée dans les romans policiers, a alerté sa communauté : « Nous traversons une période difficile qui pourrait bien hypothéquer notre avenir à court terme. »
Le gérant de la librairie, Éric Schultz, ancien élu municipal, a lancé une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. L’objectif est de réunir au moins 25 000€ pour payer les distributeurs des livres (10 000€), rattraper des retards de loyer (8 000€), relancer les rencontres d’auteurs (5 000€) et redonner des couleurs au stock proposé dans la boutique (2 000€).
Éric Schultz a tout tenté avant d’en arriver là :
« À partir de février, la situation est devenue vraiment complexe : les distributeurs se sont mis à raccourcir les délais de paiement, voire à bloquer nos comptes. Ce qui nous a empêchés de proposer des sorties attendues à nos clients… Pour débloquer une partie de nos comptes, nous avons différé le paiement des loyers. Mais ça n’a pu durer qu’un temps… »
Éric Schultz a besoin d’aide pour sortir de l’ornière Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Une librairie installée et disposant d’une clientèle
Une situation d’autant plus frustrante que le chiffre d’affaires de la librairie est en progression, +5% en 2022 par rapport à l’année précédente qui avait déjà établi un record. Éric Schultz a en outre mené une « gestion prudente » de son affaire, après un prêt initial de seulement 60 000€, pas de quoi plomber les comptes d’exploitation même si le libraire reconnaît que son salaire ne pourra dépasser le Smic que lorsqu’il aura fini de le rembourser. « Heureusement que je suis décroissant », s’amuse Éric Schultz pour qui l’établissement d’une librairie indépendante consacrée aux polars est un geste politique.
Si les comptes de la librairie se sont rapidement dégradés, c’est en raison de l’augmentation du prix des livres suivant la hausse des coûts du papier, et de certains frais, comme le transport, mais aussi parce que le modèle économique d’une petite librairie est intrinsèquement fragile. « Il faut vendre beaucoup de livres pour pouvoir se sortir un salaire », observe Éric Schultz. Avec un prix des livres bloqué, c’est lors des négociations avec les fournisseurs que se décident les vraies marges… Des négociations auxquelles les petites librairies n’ont pas accès. « On doit traiter avec des financiers, déplore Éric Schultz, qui n’ont strictement rien à faire de l’édition, des livres, des dates de sorties ou du rôle social d’une librairie indépendante… »
Une très grande librairie aux multiples rayons
Car Éric Schultz fait remarquer qu’autour de La Tache Noire, une douzaine d’autres petites librairies indépendantes et spécialisées existent : Obscurae sur l’étrange et le fantastique, Les Bateliers sur la littérature et l’art, Manga Koï, Cyclops sur les comics, La Bouquinette sur la jeunesse, etc. « Au total, les libraires de Strasbourg arrivent collectivement à proposer une offre très complète, avec à chaque fois un service personnalisé », dit-il.
Mais l’appel à l’aide de La Tache Noire a mis en lumière d’autres situations économiques fragiles parmi les librairies indépendantes. Ainsi L’Oiseau Rare, petite galerie sur le quai des Bateliers et librairie spécialisée dans la littérature féministe et les beaux livres, a également publié mardi une alerte sur sa page Facebook.
Morgane Albisser espère tenir L’Oiseau Rare jusqu’à Noël (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg
Morgane Albisser, cogérante de L’Oiseau Rare, détaille :
« Avec l’activité de librairie, la galerie d’art, et le café sur le quai, c’est une petite affaire qui peut fonctionner. Depuis quatre ans, notre clientèle se construit peu à peu, grâce à nos efforts sur la sélection et à nos événements mais là, ça fait trois mois que je ne peux plus me payer. On espère tenir jusqu’à Noël. »
Comme Éric Schultz, Morgane Albisser met en avant la hausse de ses frais, toujours le transport, et des marges trop faibles sur les ventes. Mais elle déplore aussi une absence de politique de la Ville de Strasbourg quant au commerce : « Pour l’occupation de la terrasse, on paie la même chose qu’un bar, alors qu’on ne vend pas d’alcool », évoque-t-elle en exemple. « Si on ne veut voir en ville que des franchises et des groupes, alors continuons ainsi. »
Nico Deprez affiche l’indépendance de sa librairie sur sa devanture (Photo PF / Rue89 Strasbourg / cc)Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc
Sur le même quai, Nico Deprez se tient devant sa librairie spécialisée dans la bande dessinée, les bras croisés à la manière d’un tenancier de bistrot. Installé en 2018, lui aussi parle de « nuages noirs » au dessus du Tigre :
« C’est simple, les dépenses ont toutes augmenté et les recettes baissent. Tétanisés par l’ambiance de crise, les clients viennent moins, font état de blocages comme le stationnement… Et ceux qui viennent prennent moins de livres qu’avant. »
Nico Deprez n’entend pas lancer d’appel à l’aide. Mais il a pris des mesures conservatoires, il a réduit l’offre proposée par Le Tigre. « J’ai un peu de vide dans les étagères mais je préfère ça plutôt que de renoncer aux événements, j’aime trop faire ça », conclut-il.
Dans une décision du 14 septembre 2023, la cour d’appel de Colmar a allégé la peine de première instance de l’élu strasbourgeois Serge Oehler (ex-PS). Elle a tout de même confirmé sa culpabilité pour des faits de « violences habituelles » sur son ex-conjointe Marie C.
Après sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité et à 24 mois de prison dont 18 avec sursis par le tribunal correctionnel de Strasbourg le 8 décembre 2021, l’élu strasbourgeois Serge Oehler avait fait appel pour demander sa relaxe. Le conseiller municipal et départemental est désormais condamné à 20 mois de prison, tous assortis de sursis, par la cour d’appel de Colmar. Jeudi 14 septembre 2023, la cour l’a donc jugé coupable de « violences habituelles » sur son ex-partenaire, Marie C. (retrouver son témoignage ici), entre 2014 et 2019.
20 mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité
Le 8 décembre 2021, l’élu avait également été condamné à cinq ans d’inéligibilité par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Cette peine en appel est réduite à trois ans. Serge Oehler est toujours élu à la collectivité européenne d’Alsace jusqu’en 2028 ainsi qu’au conseil municipal de Strasbourg jusqu’en 2026. Exclu du Parti Socialiste, Serge Oehler a cependant refusé de quitter ses mandats. Une situation dénoncée par des militantes strasbourgeoises depuis novembre 2021.
Serge Oehler en septembre 2021. Photo : Abdesslam Mirdass
Devant la cour d’appel le 11 mai 2023, Serge Oehler a continué de nier les faits qui lui étaient reprochés malgré les certificats médicaux produits par Marie C. (voir notre reportage à l’audience). D’après l’arrêt de la cour d’appel de Colmar, il reste interdit de rentrer en contact avec son ex-conjointe pendant trois ans – une interdiction déjà prononcée en première instance.
« Il ne pourra plus dire que ça ne s’est pas passé »
Au téléphone, Marie C. est encore sous le choc. « Il ne pourra plus dire que ça ne s’est pas passé », souffle-t-elle. Son avocate Leslie Ulmer précise :
« Ma cliente est contente. Dans le fond, peu importe la peine prononcée, le nombre de mois de prison. Ce qui est important c’est que son statut de victime soit reconnu par la justice, et c’est le cas dans cette décision. »
Le conseil de Marie C. considère que la peine prononcée reste « sévère » malgré son allègement. « C’est surtout l’inéligibilité qui va le pénaliser, c’est tout de même une personnalité publique », conclut Leslie Ulmer.
La maire appelle Serge Oehler à démissionner
Dans un communiqué envoyé dans l’après-midi du jeudi 14 septembre, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, appelle l’élu à démissionner :
« Toute condamnation d’un élu du conseil municipal devrait l’amener à démissionner de ses mandats et à se retirer de ses fonctions. C’est une décision qui devrait être guidée par les principes éthiques de transparence de la vie publique et d’exemplarité des élus. »
Selon le code électoral, c’est au représentant de l’État, donc à la préfecture, de « déclarer démissionnaire » un conseiller municipal ou régional lorsque celui-ci a été condamné à une peine pénale d’inéligibilité. Une décision que la préfète pourra prendre une fois le jugement définitif, c’est-à-dire si Serge Oehler ne se pourvoit pas en cassation.
Caroline Giuela Nguyen veut « de la diversité » sur ses plateaux et dans ses salles. Guidée par son amour du récit, la directrice du TNS compte faire de l’institution un lieu de rencontres et d’échanges.
Troupes amateurs dans les quartiers, discussions philosophiques nocturnes, comédiens de toutes origines et création d’un espace convivial dans le hall du Théâtre national de Strasbourg (TNS). Telles sont les propositions de sa nouvelle directrice Caroline Guiela Nguyen, pour la saison 2023 / 2024 et pour les cinq années, au moins, à venir. Entre une composition de la programmation à quatre mains et le désir d’en bouleverser ses codes, rencontre avec celle qui veut mettre en scène la diversité à tous les niveaux.
Rue89 Strasbourg : Comment se passe cette arrivée à Strasbourg ?
Caroline Guiela Nguyen : Je suis très honorée, et en même temps c’est très concret. Je viens à mon bureau – c’est la première fois que j’en ai un ! – j’écris, je rencontre des gens, j’élabore mon projet avec les équipes… Le TNS est une très belle maison, avec des gens amoureux du théâtre et de son histoire. L’énergie y est donc très forte. Pareil pour l’école. J’ai déjà pu recruter la nouvelle promotion. Ça a été un moment particulièrement émouvant.
Caroline Guiela Nguyen a une longue histoire avec le TNS, puisqu’elle y a fait ses études de mise en scène, dont elle est sortie diplômée en 2008. Photo : Jean-Louis Fernandez / doc remis
De l’école à la direction
Vous avez travaillé en collaboration avec beaucoup de théâtres mais n’en avez jamais dirigé. Qu’est-ce qui vous a amené à ce poste, au TNS, au sein duquel vous avez fait vos études de mise en scène ?
Pendant longtemps, je n’ai pas envisagé de diriger une maison. On me l’a souvent proposé, mais j’étais très bien avec ma compagnie. Pour le TNS, c’est différent. L’histoire que j’ai avec ce lieu et la ville m’a donné envie d’y revenir et d’y développer un projet. J’aime énormément Strasbourg, parce que c’est une ville frontalière dans laquelle j’entends parler plein de langues… Une diversité qu’on retrouve au cœur de mon travail. J’ai adoré le TNS en tant qu’élève, mais j’ai aussi dû me battre contre lui.
Pour que tous les publics se retrouvent dans ce qui se passe sur le plateau, la metteuse en scène tient à « montrer des récits, des visages, des langues et des corps auxquels on n’a souvent pas laissé de place ». Photo : Manuel Braun / doc remis
Vous avez souvent déploré le manque de diversité au TNS. Fille d’une Vietnamienne et d’un pied-noir, vous étiez l’une des seules élèves non-blanche de l’école. Qu’est-ce qui a changé ?
C’était un théâtre extrêmement blanc. Je ne voyais ni dans le public, ni sur scène, ni dans l’école des personnes qui me ressemblaient, qui appartenaient à mon histoire, à mon enfance. Et le pire, c’était que je trouvais ça complètement normal… J’essayais de coller à ce schéma.
De la diversité sur scène et en salles
Le fait de revenir ici et de voir tout ce qui a bougé en si peu de temps, de rencontrer toute une nouvelle génération de jeunes personnes qui ont décidé que les choses devaient absolument changer me réjouit. Aujourd’hui, j’espère que si on voyait toute une promotion sans diversité, cela choquerait.
En travaillant avec des comédiens professionnels et amateurs, en allant les chercher parfois à l’autre bout du monde, comme au Vietnam avec votre spectacle Saigon, vous participez à renforcer cette diversité. Quelle incidence cela a-t-il sur le public ?
Ce qui est génial aujourd’hui, c’est que beaucoup d’artistes se posent la question de l’adresse, ils se demandent à qui ils parlent. Il y a encore dix ans, c’était parfois vu comme de mauvaises questions, qui pouvaient détourner l’artiste de son art. Personnellement, j’ai toujours eu un souci du public. Une de mes principales préoccupations est ce qui se passe dans la salle, pas tant qui il y a sur le plateau.
Je me suis dit qu’en étant au TNS, je ferai en sorte que tout le monde sente qu’il y a des propositions qui lui sont adressées. Cet espace doit être le plus accueillant possible. C’est pour cela que je tiens à montrer des récits, des visages, des langues et des corps auxquels on n’a souvent pas laissé de place.
En janvier, Caroline Guiela Nguyen a sorti un livre manifeste à travers lequel elle revient, avec finesse et poésie, sur sa vision du théâtre contemporain et sa manière de travailler. Photo : Couverture de l’ouvrage Un théâtre cardiaque
Plus précisément, quelles sont les nouveautés que l’on pourra découvrir au TNS ?
Nous allons penser notre communication en fonction de zones géographiques de Strasbourg. J’aimerais que dans chacune de ces zones, de ces territoires, une troupe amateure bénéficie de l’accompagnement de metteurs en scène invités par le TNS, toute l’année. Ces créations seront présentées lors de « Galas du TNS », en fin de saison. Ce sera également l’occasion d’inviter des projets différents, comme un spectacle porté par un centre socio-culturel qui nous a marqués.
Discussions philosophiques au petit matin
De manière générale, j’imagine un théâtre plus ouvert. Je veux que le hall Koltès devienne un lieu de vie en dehors des représentations, qu’on ait envie de s’y installer, d’échanger autour d’un verre, qu’il puisse accueillir des événements, comme l’enregistrement d’émissions de radio dans la journée. Je réfléchis aussi à un format qui s’intitulerait « envisager la nuit » et qui serait un espace de débat pour aborder des questions de société complexes vers 4 heures du matin.
Et du côté de l’école ?
Je souhaite renforcer les liens entre théâtre et cinéma. Les élèves compléteront leur formation avec la Cinéfabrique de Lyon, pour qu’ils puissent échanger avec des décorateurs, des réalisateurs de bande-son… De quoi penser ces deux arts ensemble, et non côte à côte. Je vais poursuivre les efforts de mon prédécesseur (Stanislas Nordey, NDLR), pour travailler la diversité dans l’école, pas uniquement chez les comédiens, mais aussi dans les chargés de projets comme les metteurs en scène ou les scénographes.
C’était un exercice intéressant, notamment avec Stanislas Nordey. Il y a une cohérence et une complémentarité dans nos choix. Il a programmé Radio Live – la relève, que j’avais également repéré. Et j’ouvre ma programmation avec Le Iench, d’Eva Doumbia, qui a remporté le prix Bernard-Marie Koltès du TNS l’année dernière. (L’oeuvre suit le quotidien d’un jeune garçon originaire du Mali, qui rêve d’avoir la vie que lui vend la télévision, mais qui se heurte au racisme et aux assignations sociales, NDLR) C’est une autrice qui m’est chère, car elle parle réellement d’aujourd’hui.
« Décoloniser les arts »
Quand j’étais jeune metteuse en scène, Eva avait déjà cette préoccupation importante de décoloniser les arts… Moi, je n’étais pas encore arrivée à ces questions-là. Elle fait partie des artistes qui m’ont donné de la force et qui m’ont offert la possibilité de dire, 14 ans plus tard : « Il faut que les choses changent. »
Il y a-t-il un fil rouge qui lie ces premiers choix ?
Non, je déteste qu’on dise que j’ai une thématique, que je choisis les artistes parce qu’ils parlent de l’exil par exemple. Ce n’est pas ça du tout. Je choisis des artistes parce qu’ils sont importants à mes yeux. Parce que j’aime leur travail. Ils racontent le monde à travers un regard que j’ai envie de voir dans le théâtre aujourd’hui. Ils se soucient de la question des récits, de l’adresse…
Stanislas Nordey et Caroline Guiela Nguyen ont présenté conjointement la saison 2023-2024 avant les vacances d’été. La billetterie est dorénavant ouverte. Photo : Jean Louis Fernandez / doc remis
Une préoccupation qui se retrouve dans vos propres œuvres, comme Saigon qui sera rejoué au TNS du 19 au 26 mars ou Lacrima, du 14 au 18 mai ?
J’ai toujours voulu que mes spectacles soient le plus ouverts possibles. J’adore travailler avec des acteurs qui n’en sont pas et des acteurs qui en sont. Cela fait venir des gens qui ne seraient jamais allés au théâtre et qui se retrouvent soudainement sur un plateau.
Poursuivre une démarche de diversification
En devenant directrice, je peux aller encore plus loin dans ma démarche. Par une architecture, un lieu, un dialogue avec le public, l’écriture de programme de salle, en invitant d’autres artistes… Il se passe des choses qui sont importantes, des personnes se battent pour accorder une place à tous, et cela me stimule. Pour moi, le théâtre se porte de mieux en mieux.
Vous défendez un théâtre actuel, qui part du réel et a un effet concret. Pour vous, à quoi doit servir le théâtre en 2023 ?
Je ne répondrai jamais que le théâtre peut changer le monde. On voit bien comment il peut être désarmé parfois… Mais j’ai toujours en tête qu’avant de vouloir changer le monde, il faut qu’on regarde autour de nous, avec les gens qui sont là, ce que ça change pour eux. Par exemple, avec qui on décide de passer trois mois en répétition, qui on fait venir sur un plateau.
Si on réussit à changer les possibilités de rencontre, de partage et d’accueil, si on amène d’autres récits, d’autres langues et d’autres accents… il se passe déjà quelque chose d’important. Moi, je fais du théâtre parce que j’ai besoin de raconter des histoires, de me réapproprier le récit. Et j’ai hâte de pouvoir partager cette passion et ce projet avec les Strasbourgeois.
Pour les spectateurs qui n’avaient pas encore pu voir les créations de Caroline Guiela Nguyen, deux de ses pièces seront jouées cette année. Saigon, en reprise, et la toute nouvelle création Lacrima. Photo : Jean Louis Fernandez / doc remis
À l’occasion de la grève internationale pour le climat, le mouvement Fridays for Future appelle à une mobilisation à l’échelle mondiale. Dans ce cadre, trois mouvements écologistes de Strasbourg organisent une vélorution vendredi 15 septembre.
Les Jeunes écologistes d’Alsace, Fridays for future Strasbourg et Youth for climate Strasbourg proposent une manifestation à vélo vendredi 15 septembre à midi, au départ de la faculté de droit, 1 place d’Athènes, sur le campus de l’Esplanade. Les personnes à pied sont aussi les bienvenues.
Une marche pour le climat à Strasbourg Photo : Alternatiba Strasbourg / doc remis
Dès 11h se tiendra un atelier de confection de pancartes devant le bâtiment du Patio. Le cortège passera par l’avenue de la Forêt-Noire, le lycée Kléber et la place de la République. À 13h, une pause devant la préfecture permettra aux organisateurs de s’exprimer sur plusieurs enjeux – récupération par l’extrême-droite de la question de l’urgence climatique, rénovation thermique… La fin de la manifestation est prévue vers 13h30, devant la faculté de droit.
Un engagement militant fort pour le climat
Cette année, les Jeunes écolos d’Alsace espèrent que le format vélorution attirera plus de manifestants qu’en 2022, explique Enja, membre des Jeunes Écolos d’Alsace :
« Organiser une mobilisation comme celle-ci demande beaucoup d’énergie. L’année dernière, pour la grève pour le climat, on était seulement 200. On a vu que les marches climat ne fonctionnaient pas vraiment, donc on s’est dit qu’à vélo, ce serait plus fun : tu peux te dire, vas-y, j’enfourche mon vélo et y aller. Si on est 900 personnes cette année, ce sera déjà bien, on pourra peut-être réitérer l’évènement plus souvent. »
La municipalité écologiste ne recule devant rien pour convaincre le magnat du pétrole et collectionneur d’art Jean Claude Gandur d’installer son musée à Strasbourg. Elle envisage de mettre à la disposition du milliardaire un site de choix et de mobiliser les moyens de ses musées pour une exposition d’œuvres de la Fondation Gandur en 2026.
Des écologistes peuvent-ils admirer sereinement une collection acquise grâce au business pétrolier ? À Strasbourg, la municipalité verte a tranché. Toujours désireuse d’accueillir un musée proposé par le milliardaire suisse Jean Claude Gandur, la Ville de Strasbourg redouble d’efforts pour séduire le magnat du pétrole, propriétaire d’une vaste collection qui s’étend de pièces de l’Égypte antique jusqu’aux créations modernes et contemporaines. Mais le président de la Fondation Gandur hésite et pourrait pencher pour deux autres villes françaises, Caen et Bordeaux.
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
À l’occasion de l’anniversaire du mouvement de contestation en Iran, né à la suite de l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs iranienne, le collectif Femme, vie, liberté Strasbourg appelle à un rassemblement samedi 16 septembre, place Kléber.
En solidarité avec le peuple iranien et pour rendre hommage à la mémoire de Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs iranienne, le collectif Femme, vie, liberté invite à un rassemblement ce samedi 16 septembre de 15h à 18h, place Kléber. « Ce rassemblement est une occasion de rappeler au monde que la révolution n’est pas morte », annonce le collectif dans un communiqué de presse. Sepideh, membre du collectif Femme, vie, liberté, s’exprime concernant la situation en Iran :
« Nous déclarons haut et fort que nous ne voulons pas de ce régime. Il y a des gens qui se font torturer, violer et se suicident suite à un emprisonnement, même court. Il y a des gens qui sont en train de mourir. »
Sepideh, membre du collectif Femme, vie, liberté
Le groupe de musique franco-iranien pop-rock Jinaband jouera de 16h à 17h, place Kléber. La conseillère municipale déléguée Marina Lafay prendra également la parole.
Le collectif strasbourgeois « Non à la peine de mort en Iran » et l’association iranienne « Conseil soutenant le mouvement démocratique du peuple iranien » appellent aussi à un rassemblement samedi à partir de 15h, mais place du Corbeau.
Manifestations et répression sanglante en Iran
Le 13 septembre 2022, l’étudiante kurde Mahsa Amini était arrêtée et battue à Téhéran pour « port de vêtements inappropriés ». Mahsa est morte trois jours plus tard à l’hôpital. La mort de la jeune femme a marqué le début de la révolution « Femme, vie, liberté ». Ce slogan politique est régulièrement scandé lors des nombreuses protestations qui ont éclaté dans tout le pays. Dépassant la question de l’abrogation des lois strictes sur le hijab, les manifestants et manifestantes se sont soulevés contre la violence du régime théocratique et répressif iranien. Le mouvement a été sévèrement réprimé par la police : plus de 500 morts étaient à déplorer selon le bilan de l’ONG Iran Human Rights (IHR) en avril.
Accédez à nos enquêtes et révélations exclusivesSoutenez une rédaction locale qui appartient à ses journalistesMaintenez une vigie citoyenne sur les pouvoirs locaux
Le contrat de ville 2024 – 2030 va ajouter deux nouveaux « quartiers prioritaires de la ville » à Strasbourg et deux de plus à Schiltigheim et Ostwald.
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) désignent des zones où se concentrent les problématiques liées à la pauvreté des ménages. Après bien des tâtonnements, c’est d’ailleurs le seul critère qui a été retenu pour les créer : une certaine concentration de foyers aux revenus inférieurs à 11 250 euros par an (12 800€ dans l’Eurométropole), dans des quartiers de plus de 1 000 habitants, eux-mêmes dans des agglomérations de plus de 10 000 habitants.
Une fois identifiés, ces quartiers qui remplacent les anciennes Zones urbaines sensibles et Quartiers en contrat urbain de cohésion sociale (CUCS) bénéficient de toute une série d’aides publiques, en provenance des collectivités locales mais surtout de l’État : exemptions de charges et d’impôts pour les entreprises qui s’y établissent, crédits supplémentaires pour les programmes d’insertion et d’éducation, etc. Le « contrat de ville 2030 » de la Ville de Strasbourg réunit 42 partenaires, dont l’Éducation nationale, la Direction régionale des affaires culturelles, la Caisse d’allocations familiales, tous appelés à faire plus d’efforts dans ces quartiers.
Tous les QPV strasbourgeois conservés
Cet article fait partie de l’édition abonnés.
| Déjà abonné ?
Connectez-vous
Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture
Une partie du quartier de l’Esplanade va rejoindre la liste des « quartiers prioritaires de la Ville », des zones où se concentre la pauvreté. Derrière l’acronyme « QPV » se dessine l’histoire d’un quartier lentement déclassé, figé depuis des décennies.
« L’Esplanade, pauvre ? » Au milieu de sa cuisine, Anoush Reihanian-Hadany s’arrête et tourne la tête, pour vérifier la question. « Pauvre, c’est excessif. C’est un quartier populaire, pas pauvre. C’est pas la même chose, il y a de tout ici. » En répondant, elle reprend méticuleusement son geste : étaler des herbes mouillés entre deux torchons, pour les faire sécher. Elle s’arrête, tourne à nouveau la tête :
« On ne peut pas nous confondre avec les quartiers pauvres. On a deux lignes de tram, quatre écoles, les facs toutes proches et un centre commercial. […] Mais de l’autre côté, c’est vrai que c’est différent. »
L’autre côté, c’est le secteur qui s’étend derrière la rue de Londres où elle habite, vers la Citadelle. Sur le quartier entourant le parc et la rue du Jura, l’État appose trois lettres, qui viendront s’inscrire au fer rouge sur la réputation de l’Esplanade : Q-P-V, pour « Quartier prioritaire de la politique de la Ville ». S’appuyant sur des analyses de l’Insee, de l’Agence nationale de la cohésion des territoires, et de la Ville de Strasbourg, l’État intègre cette zone à la liste des QPV strasbourgeois (voir notre article dédié). Cette partie de l’Esplanade va ainsi rejoindre une liste fixée par décret où l’on retrouve à Strasbourg les quartiers du Port du Rhin, Hautepierre ou encore le Neuhof.
Les Galeries gourmandes, petit centre commercial au coeur du quartier. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
Dans le secteur, les habitants rencontrés s’étonnent, s’indignent, essayent de comprendre. Comment la situation sociale d’un quartier résidentiel a pu s’aggraver ainsi ? Dans le même quartier, l’écart entre deux réalités sociales distinctes se creuse.
Quartier coulé dans le béton
Au départ, le quartier se dessine presque sur une page blanche. Après avoir récupéré des terrains militaires désaffectés, la Ville confie en 1957 à l’architecte Charles-Gustave Stoskopf une tâche ambitieuse : édifier sur ces parcelles un quartier neuf et complet, avec de larges tours d’habitation, des écoles et des commerces. Très marqué par les canons architecturaux de l’époque – béton partout – le nouveau quartier résidentiel est achevé en 1969. L’arrière du quartier précède de quelques années cette inauguration : le même Charles-Gustave Stoskopf réalise en 1952 l’ensemble des petits bâtiments d’habitations, situés quai des Belges.
« Dans notre immeuble (situé au milieu de la rue de Londres, NDLR), il y avait beaucoup de professeurs, très diplômés, dont beaucoup étaient propriétaires », raconte Anoush Reihanian-Hadany. Venue d’Iran en 1978, elle finit par s’installer avec sa famille à l’Esplanade, en 1998. Bien avant d’emménager rue de Londres au début des années 2010, elle s’était installée comme locataire dans la grande tour à l’arrière de la rue d’Upsal, toute proche du nouveau QPV.
Anoush Reihanian-Hadany, présidente de l’association des résidents de son immeuble. Photo : Roni Gocer / Rue89Strasbourg / cc
« Au départ, on était dans un petit appart de 65 m², au 11e étage de la tour », commence Anoush :
« C’était accessible, pas cher. Quand on a déménagé de l’autre côté par contre, on avait l’impression de franchir un mur. Après l’école Jacques Sturm, les logements sont beaucoup plus riches, on trouve beaucoup de médecins, on est plus proche des transports. »
Deux réalités sociales
Quelques mètres plus loin, au pied d’une tour toute proche, Judicaël Lienhard fait le même constat. Fils d’une famille de concierges ayant vécu pendant vingt ans dans le quartier, il est devenu lui-même concierge – toujours dans le même secteur. Quand il parle de l’Esplanade, c’est avec orgueil :
« C’est un quartier qui était coté, haut de gamme, avec de belles prestations. Certains immeubles ont des services spécifiques, comme un cours de tennis ou une piscine en sous-sol. Il ne faut pas croire, il y a des gens qui ont de l’argent ici. »
Dans ce coin plus riche de l’Esplanade, Judicaël voit surtout deux types de logements : les grands appartements cossus et spacieux, et les studios étudiants. Eux aussi onéreux. Des tours comme Les Lauréades – renommées atrocement « Studéa Winston 2 » – sont construites autour des années 90, avec des studios calibrés pour les étudiants. On y trouve des studios de 20 m² pour un loyer mensuel de 600 euros.
Judicaël Lienhard, concierge ayant grandi dans le quartier. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
Une agente de recensement ayant écumé des bâtiments du quartier pour l’Eurométropole a pu observer la pluralité des situations, d’un bâtiment à l’autre :
« C’est très compartimenté. Dans certaines tours, comme celle au 5 rue de Stuttgart, on retrouve une écrasante proportion d’étudiants et de jeunes qui se partagent 93 logements. En traversant le trottoir, au 17 rue d’Upsal, c’est tout l’inverse : peu d’appartements, mais très spacieux et presque tout le monde est propriétaire. »
L’entrée du 17 rue d’Upsal. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc
De l’autre côté du « mur » que décrivait Anoush, le passage se raréfie. Quelques étudiants, ça et là, des familles surtout. En l’absence de commerce, ou de bureaux, peu de raisons de se promener dans ce coin là du quartier. « Il y a la Citadelle, quand même », commente Camille. Elle est retournée vivre dans le quartier avec sa mère, à la lisière du quai des Belges. « Je n’ai jamais été très difficile, j’ai l’impression qu’il y avait tout ce qu’il fallait dans ce quartier quand j’étais enfant : on avait l’Ares et la Citadelle. » Sur l’état du quartier, et son basculement en QPV, elle hausse les épaules :
« J’ai pas forcément l’impression que ça s’est dégradé. Mais c’est difficile de dire que ça s’est amélioré. J’ai l’impression que la Citadelle a été mieux aménagée pour les enfants, mais à part ça j’aurais du mal à dire ce qui a évolué depuis mon enfance. »
« Ils ont mis un peu de peinture mais je reconnais tout »
En posant son vélo de facteur, Guillaume Lambour se plonge lui aussi dans ses souvenirs d’enfance. Avec sa liasse de lettres en poche, il se faufile dans l’entrée et distribue. Avant d’être facteur, le quadra était un gamin du quartier qui vient de basculer en QPV ; après avoir vécu quai des Belges, ses parents s’installèrent rue de Chamonix. « Toute mon enfance et mon adolescence, je les ai faites ici », commence-t-il en décryptant un nom mal écrit sur une enveloppe. En redressant ses lunettes, il anticipe :
« C’était comment avant ? Comme maintenant. J’ai l’impression que rien n’a changé du tout, à part des petites choses. Comme la barrière qui marque le début de la rue école, devant la primaire Jacques Sturm. Non vraiment, ils ont mis un peu de peinture, mais je reconnais tout. »
En tant que facteur, Guillaume Lambour fait sa tournée dans le quartier où il a grandi. Photo : RG / Rue89 Strasbourg / cc
Même jugement sévère pour Judicaël :
« Tout est resté pareil depuis des années. La seule chose qui a changé, c’est l’arrivée du tram vers Neudorf et la reconstruction du Pont Winston Churchill. Parce qu’avant ça, c’était la catastrophe sous l’ancien pont. »
« On a laissé péricliter cet ensemble »
Quand on l’interroge sur le basculement d’une partie de l’Esplanade en QPV, Samuel Ngue Nogha semble déjà au courant. L’architecte-urbaniste, qui a notamment travaillé sur la rénovation de la place de l’Esplanade, déplore que l’ensemble du quartier soit resté trop longtemps figé :
« On a pu aménager le quartier à la marge, mais on a laissé péricliter cet ensemble, d’un point de vue de sa qualité urbaine. Dès qu’on quitte le périmètre autour du centre commercial, c’est une cité dortoir, il n’y a aucune autre activité que le résidentiel. Il faudrait injecter plus de mixité fonctionnelle dans les habitats, avec des bureaux ou des commerces. »
L’architecte-urbaniste Samuel Ngue Nogha a travaillé sur l’aménagement de la place de l’Esplanade. Photo : RG / Rue89 Strasbourg /cc
Puis l’architecte tempère son propos : un tel projet nécessiterait l’aval de plusieurs syndicats de copropriétaires. Ces derniers sont nombreux à l’Esplanade et tiennent une bonne part des terrains.
« C’est simple : pour faire muter la Ville, il faut être propriétaire des sols. Il se trouve que la municipalité ne l’est pas. La vraie difficulté est là : vous ne pouvez pas travailler sur les espaces extérieurs, les jardins, les trottoirs, les rues, en bref redynamiser et réorganiser si vous n’avez la maîtrise foncière ou la délégation. »
Samuel Ngue Nogha ne voit qu’une issue : que les associations de copropriétaires entament une « réflexion sur le statut des sols » et concèdent du terrain à la Ville. Un vœu pieu.
En janvier 2024, une partie de l’Esplanade jusqu’à la Krutenau sera classée « quartier prioritaire de la ville ». Une mesure qui répond aux statistiques, lesquelles démontrent une augmentation de la pauvreté partout à Strasbourg.
Le périmètre exact du quartier prioritaire de la Ville (QPV) de l’Esplanade n’a pas encore été rendu public et sera actif au 1er janvier 2024. Mais il répond à des statistiques implacables : dans une zone comprise entre la Citadelle et la rue de Lausanne, trop de familles vivent avec moins de 12 800€ par an. C’est pourquoi les quelques 4 500 habitants de cette zone doivent être aidés par l’État, la Ville de Strasbourg et leurs partenaires (voir article sur les QPV).
Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatiquePlongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusivesParticipez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »
Plusieurs structures se mobilisent depuis l’Alsace et Strasbourg pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre au Maroc, le plus important jamais enregistré dans le pays.
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, un tremblement de terre de magnitude 7 a secoué le Maroc. L’épicentre se situe dans la province d’Al-Haouz, plusieurs régions du Sud-Ouest de Marrakech sont ravagées. Lundi 11 septembre, un bilan encore temporaire faisait état d’au moins 2 500 morts et quasiment autant de blessés.
L’impact du séisme dans la commune de Tizi N’Test dans la province de Taroudant Photo : Alyaoum24 / Wikimedia Commons / cc
Depuis Strasbourg, plusieurs structures alsaciennes se mobilisent pour venir en aide aux victimes de la catastrophe.
L’association Action solidarité, formée par plusieurs chefs d’entreprises, est mobilisée pour assurer une collecte des dons à partir des mosquées, clubs sportifs, centres socio-culturels, etc. Des camions doivent partir jeudi 14 septembre d’un entrepôt à Reichstett selon le président d’Action solidarité, Youssef El Archi, qui attend les autorisations de Rabat pour partir.
La collecte d’équipement a débuté à Reichstett Photo : remise Action solidarité
Convoi d’Action solidarité, les dons en matériel de premiers secours, vêtements, médicaments et nourriture non périssable sont via plusieurs points de collecte :
Grande mosquée de Strasbourg, Institut Al-Andalous de Schiltigheim, club de foot de Cronenbourg FCK 06, mosquée de Hautepierre, mosquée Salam de la Montagne-Verte…
Entrepôt d’Action solidarité, 3 rue de l’Industrie à Reichstett. Contact : Brahim Ajdi au 06 69 03 15 15.
Investie notamment auprès des chibanis, ces vieux travailleurs maghrébins, l’association Calima ne se lance pas dans une collecte de multiples produits, mais choisit de se concentrer sur l’aide à la reconstruction d’un village, Adassil, à 80% détruit selon Mustapha El Hamdani. « Les gens sur place ont ce qu’il faut en couvertures et abris mais ils ont un besoin de fournitures médicales, notamment de médicaments pour les enfants. »
Reconstruction d’Adassil, contacter l’association Calima au 09 83 08 65 67 ou par mail : calima.alsace@yahoo.fr
Solidariteam récolte des produits d’hygiène et denrées non périssables : les dons peuvent être déposés dans toutes les agences et antennes de leur partenaire Ophéa, tous les jours de 8h à 12h jusqu’au 28 septembre.
L’association Partages échanges organise des collectes de produits d’hygiène, affaires scolaires, couvertures, au centre Échanges au 9 avenue de l’énergie à Bischheim ou au CSC du Marais au 8 rue de Touraine à Schiltigheim.
Il est aussi possible de faire un don d’argent par virement en mettant l’intitulé « Solidarité Maroc » (IBAN : FR76 3000 3023 8300 0501 8936 846). Les dons seront transférés et serviront à acheter sur place des produits de première nécessité.
L’Association générations solidaires (AGS) à Strasbourg – Koenigshoffen a mis en place plusieurs points de collecte. Tenue depuis 24 ans par Mohammed Messaoudi, elle se charge de récolter des biens de première nécessité, chez des particuliers, des magasins ou dans des mosquées, pour les envoyer au Maroc via un premier convoi de trois semi-remorques dont le départ est prévu jeudi 14 septembre. Pour faire un don d’argent par virement bancaire : IBAN FR76 1513 5090 1708 7717 1707 020.
La collecte à Pro-Inter à Illkirch-Graffenstaden a débuté dès samedi Photo : Mohammed Messaoudi / doc remis
Convoi de l’AGS, départ au matin du jeudi 14 septembre du magasin Pro Inter d’Illkirch-Graffenstaden.
Vêtements, nourriture non périssable, médicaments et fauteuils roulants à déposer au magasin Pro Inter, 1 rue du Hoelzel à Illkirch-Graffenstaden aux horaires d’ouverture.
Produits d’hygiène et médicaux au magasin BIM Market, 6 rue Charles-Péguy à Strasbourg – Hautepierre, aux horaires d’ouverture.
Matériel de soins de premiers secours (pansements, médicaments, compresses, produits antiseptiques et désinfectants…) à déposer chez Najat Abddedaïm au 2 avenue des Roselières à Obernai (07 66 52 16 02).
Vêtements, nourriture non périssable, eau en bouteille, produits d’hygiène (savon, couches pour bébés, lingettes), médicaments, antiseptiques et matériel de couchage (tentes, matelas en mousse, couvertures) à déposer à la mosquée d’Ensisheim au 14 rue des Marronniers tous les jours de 17h à 20h et ces mercredi 13 et samedi 16 septembre de 14h à 16h. Les personnes qui viennent prier à la mosquée auront également accès à la collecte lors de chaque prière.
Cet article sera mis à jour au fur et à mesure que les initiatives alsaciennes en faveur des victimes du séisme nous parviendront.
Mercredi 6 septembre, la cour d’appel de Colmar a prononcé la relaxe du professeur Bertrand Pauvert pour des faits de violence et de harcèlement sexuel sur plusieurs étudiantes. Seule la condamnation pour harcèlement sexuel sur un étudiant a été confirmée.
Plus d’un an après sa condamnation à 12 mois de prison avec sursis et une interdiction d’exercer pendant trois ans, le professeur de droit public à l’Université de Haute Alsace (UHA) Bertrand Pauvert a été relaxé par la cour d’appel de Colmar mercredi 6 septembre pour la quasi-totalité des faits de harcèlement sexuel et de violence qui lui étaient reprochés. La cour n’a retenu qu’un seul témoignage de harcèlement sexuel, pour lequel Bertrand Pauvert a été reconnu coupable et condamné à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis et une interdiction d’enseigner pendant un an. L’audience de première instance du tribunal correctionnel de Mulhouse ayant eu lieu à l’été 2022, l’enseignant a purgé cette dernière peine et pourrait donc reprendre ses cours à l’UHA.
Bertrand Pauvert, professeur de droit public à l’Université de Haute Alsace, était poursuivi pour harcèlement sexuel et violence. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
La connotation sexuelle ne suffit pas à caractériser le harcèlement
Dans ce dossier, quinze étudiants, surtout des étudiantes, ont témoigné contre le professeur Bertrand Pauvert. Mais pour la cour d’appel de Colmar, la plupart des témoins ne cumulent pas les trois éléments constitutifs du harcèlement sexuel. Nadia (le prénom a été modifié) a par exemple entendu en cours Bertrand Pauvert lui rétorquer « L’argent vous vous le foutez là où je prenais mon plaisir avant », mais elle n’est pas considérée comme victime de harcèlement selon la cour d’appel, qui affirme dans ses motivations :
« De tels propos sont non seulement particulièrement grossiers mais comportent une connotation sexuelle indiscutable. Néanmoins il n’est pas fait état d’autres scènes la concernant, le caractère de répétition n’étant donc pas établi. Dès lors, l’infraction n’est pas caractérisée. »
Le harcèlement caractérisé pour un seul étudiant
La cour n’a donc confirmé le jugement en première instance que pour le harcèlement sexuel subi par un étudiant, Martin (le prénom a été modifié). L’étudiant avait alors entendu lors d’un échange avec le professeur : « Si je vous mets dans une cave avec sept mecs, qu’ils veulent faire de vous un bilboquet… Vous ne savez pas ce qu’est un bilboquet ? C’est une boule et un trou. » Lors d’un autre cours, après une réponse de Martin, Bertrand Pauvert lui rétorquait : « Oh tu vas trop vite c’est d’ailleurs ce que ta meuf m’a dit hier soir. » Sur ce point, la cour d’appel affirme :
« De tels propos comportent sans contestation possible une teneur sexuelle ainsi qu’un caractère dégradant et humiliant pour Martin. Dans ces conditions, ils n’ont pu que porter atteinte à sa dignité. S’agissant de deux scènes, le caractère de répétition est également établi. Dès lors, l’élément matériel de l’infraction est caractérisé. »
Mimer une sodomie n’est pas une violence pour la cour d’appel
Bertrand Pauvert avait aussi été condamné pour violence en première instance. Le professeur de droit public avait en effet mimé une sodomie derrière un étudiant appelé au tableau. Sur ce fait, la cour d’appel de Colmar estime que la victime n’a pas assez souffert pour que l’infraction de violence soit retenue :
« Les violences ne pourraient résulter que du choc émotif éprouvé par la victime à la suite des agissements de l’agresseur qui n’a eu aucun contact physique avec elle. Or cela ne ressort pas des déclarations de Simon (le prénom a été modifié), qui évoque une gêne ressentie puis avoir été rassuré quand M. Pauvert a demandé aux autres étudiants de ranger leur portable. Ce ressenti apparaît en deça de ce que la jurisprudence exige pour constituer des violences. De surcroît, l’examen médico-légal n’a retrouvé aucun retentissement psychologique chez M. Simon. »
Contacté, l’avocat de Bertrand Pauvert, Me Jonathan Muré, réagit à la décision de la cour d’appel :
« La cour nous a confirmé que les faits de violence reprochés ne sont pas caractérisés et il en va de même pour les faits de harcèlement. Les propos tenus ont un caractère graveleux, parfois un caractère sexuel, mais Bertrand Pauvert n’a jamais cherché à harceler aucune étudiante ou étudiant. Certes la relaxe est quasi-totale, avec une diminution de la peine par rapport à la première instance, mais nous gardons cependant un sentiment d’inachevé car pour un seul étudiant, la cour d’appel a estimé que deux propos à connotation sexuelle suffisent à caractériser un harcèlement. C’est pour cette raison qu’un pourvoi en cassation est en train d’être enregistré. »
Bertrand Pauvert de retour à l’UHA ?
Interrogé sur le retour du professeur Bertrand Pauvert à l’Université de Haute-Alsace, Me Jonathan Muré indique que son client « est en droit d’enseigner depuis la décision de la cour d’appel. Il va se rapprocher de l’université pour connaître les suites qu’elle entend donner à cette décision. M. Pauvert entend bien reprendre ses activités d’enseignant. »
Sollicitée, l’Université de Haute-Alsace n’a pas répondu dans les délais impartis. L’article sera mis à jour dès réception de la réponse de l’UHA, notamment sur le retour du professeur de droit public devant des étudiants de la faculté de droit.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Le plus grand rendez-vous littéraire de Strasbourg, les Bibliothèques Idéales, a lieu du 15 au 24 septembre. L’occasion de rencontrer des auteurs qui abordent des thématiques chères à notre média.
La militante écologiste Camille Etienne au Parlement européen
Le premier week-end des Bibliothèques Idéales, du vendredi 15 au dimanche 17 septembre, est en concurrence avec la Rentrée des luttes de Rue89 Strasbourg et les Journées du patrimoine, qui permettent de visiter des bâtiments culturels et autres institutions, autrement fermés au public. Les événements des Bibliothèques Idéales auront lieu dans l’hémicycle du Parlement européen.
Les rencontres avec les invités du premier week-end, comme la militante écologiste Camille Etienne, se tiendront au Parlement européen. Photo : Bibliothèques Idéales
Un cadre politique et solennel qui conviendra très bien pour recevoir la militante écologiste Camille Etienne qui évoquera comment « Sortir de notre impuissance », samedi 16 septembre à 13h. Autrice de l’essai Pour un soulèvement écologique, elle affirme que « notre impuissance (face au dérèglement climatique) est une construction qui ne nous appartient pas ». Elle reviendra sur ce qu’elle identifie comme des mythes limitants, tels que l’éco-anxiété ou la fracture générationnelle pour apprendre à les dépasser afin d’arriver à se mobiliser pour sauvegarder l’équilibre climatique de notre planète.
Thomas Piketty et Julia Cagé sur l’histoire du conflit politique
Elle est détentrice du prix de la meilleure jeune économiste décerné par Le Monde et le Cercle des économistes et a démontré l’importance d’une information libre et de la nécessité d’une pluralité des médias (abonnez-vous !). Lui a influencé la vision de l’économie et de la répartition des richesses en publiant notamment Le Capital au XXIe siècle, devenu un succès mondial. Julia Cagé et Thomas Piketty regardent tout deux l’économie de manière politique, en mettant au centre la lutte contre les inégalités.
Thomas Piketty et Julia Cagé viennent de publier ensemble Une histoire du conflit politique qui revient sur les comportements électoraux et les inégalités socio-spatiales en France, de 1789 à nos jours Photo : Bibliothèques Idéales
Ensemble, ils viennent de publier un long essai intitulé Une histoire du conflit politique qui revient sur les comportements électoraux et les inégalités socio-spatiales en France, de 1789 à nos jours, grâce à un travail inédit de numérisation de données électorales. Ou comment regarder en arrière pour mieux comprendre les enjeux d’aujourd’hui et de demain. Ils échangeront sur ce sujet, avec pédagogie, au Parlement européen dimanche 17 septembre à 14h.
Rachid Benzine et la quête des origines
De Camus à Colette, la perte d’un parent est souvent le début d’une histoire, d’un périple pour un écrivain. Pour le héros du dernier livre de Rachid Benzine, Les Silences des pères, c’est l’occasion de partir à la rencontre de son paternel qu’il n’a connu qu’entouré de silences. De retour à Trappes, pour trier les affaires du défunt, le jeune homme découvre des cassettes audio, qui l’emporteront sur les traces de son géniteur, des mines de charbon des Trente Glorieuses aux usines d’Aubervilliers, en passant par les camps de harkis en Camargue.
Rachid Benzine vient de sortit Les Silences des pères, sorte de road trip de la mémoire. Photo : Bibliothèques Idéales
Grâce à ce roman, Rachid Benzine passe par le singulier pour réhabiliter une mémoire et des récits qui méritent de sortir du silence pour reprendre leur place dans l’Histoire. Il viendra en discuter mardi 19 septembre à 17h dans la grande salle de l’Aubette.
Un épisode du podcast féministe Les Couilles sur la table
Grand nom du podcast et du féminisme actuel, Victoire Tuaillon vient enregistrer un épisode des Couilles sur la table jeudi 21 septembre à 19h à l’Aubette. Créé en 2017, ce podcast questionne les masculinités grâce à des invités variés, comme l’autrice Virginie Despentes, la journaliste Maïa Mazaurette, le sociologue Didier Eribon ou l’auteur trans Paul B. Preciado. Il y est question de sexualité, de violences sexuelles, d’éducation, de cinéma et de politique.
Victoire Tuaillon vient enregistrer un épisode des célèbres Couilles sur la table le 21 septembre à 19 h à l’Aubette avec l’autrice Neige Sinno. Photo : Bibliothèques Idéales
Depuis mars, Victoire Tuaillon propose un nouveau cycle de discussions intitulé « Nous faire justice » afin de réfléchir, cinq ans après #MeToo, à l’impact des violences sexistes et sexuelles ainsi qu’aux différents moyens de réparations. Pour l’occasion, Victoire Tuaillon recevra Neige Sinno, autrice du livre choc de la rentrée Triste tigre. Elle y raconte d’une manière toue singulière, entre paroles intimes, littérature et analyse, les abus sexuels qu’elle a subi toute son enfance de la part de son beau-père.
Charlotte Pudlowski et Joséphine Tassy face au désir
Longtemps resté un non-sujet, le désir des femmes manque encore de représentation et de récit. Charlotte Pudlowski et Joséphine Tassy, toutes deux invitées le samedi 23 septembre à 18h à l’Aubette, participent à y remédier avec leurs deux derniers ouvrages. Joséphine Tassy, 26 ans, livre un premier roman aussi épatant qu’original avec L’Indésir. Elle emmène son lecteur sur les traces d’une jeune femme, coincée dans sa relation au monde, à elle-même et à son désir.
Charlotte Pudlowski et Joséphine Tassy viennent parler de désir féminin le samedi 23 septembre à 18 h dans l’Aubette. Photo : Bibliothèques Idéales
Pionnière du podcast narratif, Charlotte Pudlowski a proposé à six autrices de poser, sur papier cette fois, une histoire de désir féminin, écrite pour les femmes. Emma Becker, Wendy Delorme ou encore Marina Rollman se sont prises au jeu et livrent des récits érotiques, piquants et féministes pour délier la parole.
Des hommages à Mouloudji, Christophe, Marceau…
En plus de ces rencontres, des spectacles rythmeront ces dix jours. L’occasion de rendre hommage au patrimoine littéraire et musical, avec une soirée samedi 23 septembre qui débutera dès 18h30 avec un concert littéraire autour du chanteur et auteur Marcel Mouloudji. C’est de sa chanson L’amour, l’amour, l’amour qu’est tiré le nom de cette édition des Bibliothèques Idéales : « malgré les grands yeux du néant, c’est pour mieux nous manger enfant et les silences et les boucans, faut vivre ! »
Après la cyberattaque du réseau informatique du groupe hospitalier Saint-Vincent au soir du mercredi 6 septembre, les urgences des Hôpitaux universitaires de Strasbourg ont fait face à une « saturation inhabituelle » jeudi. Vendredi, la situation est redevenue normale.
Mercredi 6 septembre au soir, le groupe hospitalier Saint-Vincent (GHSV) a été victime d’une cyberattaque impactant « l’ensemble des établissements de la fondation », soit plus d’une trentaine de structures médicales dans les Grand Est. Parmi elles, les cliniques Sainte-Anne à Strasbourg et la polyclinique Saint-Luc à Schirmeck, qui disposent toutes deux d’un service d’urgences médicales.
Des urgences « saturées »
Malgré la communication du groupe, assurant une prise en charge « sans perturbation » des patients dans ses cliniques, une communication du syndicat CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) décrit l’arrivée aux urgences hospitalières de trois patients qui auraient dû être envoyés à Sainte-Barbe ou Saint-Luc. Selon nos informations, le Samu du Bas-Rhin aurait essuyé des refus des établissements du GHSV lorsque le service a tenté d’y adresser des patients.
Toujours selon la CGT des HUS vendredi 8 septembre, deux autres personnes ont été déplacées de la clinique Sainte-Anne aux HUS dans la soirée de jeudi. Selon la communication des hôpitaux publics, les urgences hospitalières étaient victimes d’une « saturation inhabituelle avec des délais d’attente peu fréquents » jeudi à partir de 11h. À 18h le même jour, « la situation est redevenue normale », conclut la communication des HUS.
Directeur du groupe hospitalier Saint-Vincent, Frédéric Leyret dément les transferts annoncés par la CGT et assure que les urgences des cliniques du groupe fonctionnement normalement même si elles sont en « sous-activité » : « On aimerait bien que le Samu nous envoie plus de patients », explique-t-il.
Un fonctionnement dégradé jusqu’au 18 septembre
Dans les établissements du GHSV, aucun échange de mail n’est possible, ce qui pose surtout un problème pour la gestion de l’établissement – factures, commandes, approvisionnements… Un retour à la normale est promis pour lundi 18 septembre « au plus tard » selon Frédéric Leyret. « Après l’intrusion, nous avons estimé à dix jours la durée du fonctionnement en mode dégradé de nos services, précise le directeur du GHSV, mais nous devrions disposer d’éléments remis en fonctions dès lundi 11 septembre ».
Le groupe est épaulé dans cette crise par l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est et bénéficie du soutien technique de l’Agence nationale de santé et de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information. « Nos équipes informatiques ont été formées à cette situation, les interruptions du service informatique sont fréquentes », assure Frédéric Leyret.
« Cette fois-ci, ils ont réussi »
L’établissement a porté plainte contre X auprès de la police judiciaire jeudi 7 septembre. « Il y a tout le temps des tentatives d’intrusion dans nos systèmes, rappelle le directeur du groupe hospitalier confessionnel. Cette-fois ci ils ont réussi mais nous avons pu la stopper rapidement ».
Les services d’imagerie médicale situés dans les établissements de santé du groupe Saint-Vincent ne sont pas impactés par l’attaque, explique quant à lui Laurent Sobel, directeur d’exploitation du groupe MIM, qui opère une partie de ces services. « La menace a été identifiée tôt et nous avons coupé tous nos réseaux jusqu’à ce que la menace soit isolée », précise-t-il à Rue89 Strasbourg. « Nous avons notre propre réseau qui est cloisonné et il n’y a aucune violation de donnée », conclut-il.
Contactée, la communication de l’ARS n’a pas donné suite à notre demande d’information à l’heure de publier cet article.
Du 9 septembre au 6 octobre, le journaliste et photographe Adrien Labit expose dans le café et espace de travail partagé Les Compotes. Son projet, intitulé « Ceux qui ne sont rien », redonne un visage à la foule par des portraits pris en manifestation contre la réforme des retraites.
Des photos de manif, oui. Mais des portraits, s’il vous plaît. Alors que les rues strasbourgeoises connaissaient une contestation historique contre la réforme des retraites, Adrien Labit a trouvé sa propre réponse aux mots insultants du président de la République pour designer celles et ceux que la vie n’a pas épargné croisés dans les gares.
Le photographe strasbourgeois, collaborateur régulier de Rue89 Strasbourg et camarade de reportage d’Anne Mellier, a décidé d’amener son flash, ses parapluies réflecteurs et autres boites à lumière en pleine manifestation, avec un objectif : « rendre un visage à la foule des mécontents » en utilisant un matériel « habituellement réservé aux portraits de personnalités ».
Le résultat de la démarche est saisissant. Ces visages éclairés au flash, derrière une pancarte ou une banderole, le poing levé, rendent à la manifestation toute son humanité. Malgré l’issue de ce mouvement social, qui n’est pas parvenu à faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites, cette série de photos rappelle l’essence même de la mobilisation. Par son travail photographique, Adrien Labit rend leur singularité à chaque manifestant. Contester, prendre la rue, exprimer ses revendications, c’est déjà exister, au moins exister.
L’exposition « Ceux qui ne sont rien – Redonner un visage à la foule » a lieu dans le café et espace de travail partagé Les Compotes, dans le quartier Neudorf à Strasbourg. Elle débute le samedi 9 septembre et prendra fin le vendredi 6 octobre. Adrien Labit sera présent samedi 9 septembre à 10h30 pour un vernissage matinal qui prendra fin à la fermeture de l’espace à 13 heures.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.