Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Après une nomination ratée au diocèse : « Combien se sont faites avoir avant moi ? »

Après une nomination ratée au diocèse : « Combien se sont faites avoir avant moi ? »
Diane Laugel dans le cloître de l’église Saint-Pierre le Jeune, à Strasbourg, en décembre 2025.

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Muriel Bachelet, cofondatrice de Cancer colère Alsace : « Rien ne m’exposait, sauf les vignes »

Muriel Bachelet, cofondatrice de Cancer colère Alsace : « Rien ne m’exposait, sauf les vignes »
Atteinte d’un cancer du sein, Muriel Bachelet lance une antenne alsacienne du collectif Cancer colère.

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Un notaire et un avocat condamnés pour avoir dépouillé une dame atteinte d’Alzheimer

Un notaire et un avocat condamnés pour avoir dépouillé une dame atteinte d’Alzheimer

Un avocat de Strasbourg a été condamné pour abus de faiblesse sur une personne âgée et isolée. Il l’a notamment poussée à signer des actes pour qu’elle lui cède sa maison, grâce à la complicité d’un notaire.

C’est en plaçant sa mère Georgette âgée de 90 ans à la maison de retraite Sainte-Élisabeth à Strasbourg en 2013 que René, habitant des Vosges, a découvert l’ampleur du détournement : des quelques 300 000€ dont elle disposait après le décès de son mari, il ne lui restait plus rien. Quant à la maison qu’elle occupait, elle est la propriété de… son avocat, membre du barreau de Strasbourg. Ce dernier s’est arrangé pour que Georgette lui cède sa maison de Lingolsheim en nue propriété, et il a utilisé un ami notaire pour faire valider le transfert.

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Attaquée pour ses émissions de poussières, la société Sappe devant le tribunal

Attaquée pour ses émissions de poussières, la société Sappe devant le tribunal
Des poussières de coke de pétrole et d’extraits de vinasse s’échappent du site de l’entreprise Sappe.

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« Face aux PFAS, un suivi médical de la population de Saint-Louis s’impose »

« Face aux PFAS, un suivi médical de la population de Saint-Louis s’impose »
La commune de Saint-Louis, située au sud de l’Alsace, à la frontière avec la Suisse, compte plus de 20 000 habitants.

Dans une lettre ouverte adressée à l’Agence régionale de santé, le président de l’association des riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse demande la mise en place d’un plan sanitaire. Il craint les conséquences de l’exposition aux PFAS des habitants de Saint-Louis et alentours.

Madame la Directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand Est,

Durant le mois d’octobre la couleur rose s’affichait un peu partout par solidarité avec nos mères, sœurs et filles, victimes d’un cancer du sein. Néanmoins, depuis plus de 50 ans on observe une augmentation des cancers du sein, sans aucun doute liée à des pollutions environnementales. Le lien entre l’exposition aux PFAS (polluants éternels) et l’apparition de certains cancers est de plus en plus documenté.

Les habitants de Saint-Louis et environs sont exposés depuis des décennies à une forte concentration de PFAS dans l’eau potable. [Cette pollution vient de mousses anti-incendie utilisées par l’aéroport de Bâle-Mulhouse, NDLR] La filtration au charbon actif mise progressivement en place abaissera la concentration sous la limite réglementaire de 100 nanogrammes par litre (ng/L) pour la somme des 20 PFAS recherchés. Mais de nombreux scientifiques affirment justement que les normes en vigueur sont souvent insuffisantes pour éviter que l’eau n’impacte pas la santé. Les habitants de Saint-Louis sont et resteront possiblement, contaminés à des taux élevés, comme l’a révélé le dosage des PFAS dans le sang de dix volontaires.

À quand la prise en compte des nombreuses études qui décrivent avec précision l’impact des facteurs environnementaux sur la santé publique ? À quoi servent les campagnes de sensibilisation de diagnostic précoce du cancer si les causes réelles ne sont pas prises en compte ? Les patients sont les premières victimes de ce manquement, mais aussi les familles, les aidants, le monde médical, la société….

L’ADRA demande un plan sanitaire pour Saint-Louis

Nous rappelons, que, en plus des PFAS, les riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse cumulent plusieurs sources de forte pollution impactant leur santé : la pollution sonore (bruit) ou la pollution atmosphérique (gaz toxiques et particules ultrafines). Les enjeux à long terme pour la population sont majeurs ; ce « cocktail » favorise de nombreuses pathologies et diminue l’espérance de vie en bonne santé. Tout cela dans un territoire ou l’accès aux soins est rendu difficile par le manque de médecins, de spécialistes et de structures médicales de proximité.

L’association de défense des riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse (Adra) demande à l’ARS Grand Est de mette en place un plan sanitaire comprenant :
• Un accès gratuit à des tests sanguins pour celles et ceux qui le désirent.
• Une étude épidémiologique pour analyser la distribution des maladies dans la population locale afin de déterminer l’influence des PFAS dans l’eau sur la santé.
• Un suivi sanitaire ciblé lorsque les seuils sont élevés ou pour les personnes fragiles.
• Une investigation sur les taux de cancers, maladies auto immunes et malformations potentielles liées aux PFAS, tout en publiant enfin le registre des cancers du Haut-Rhin.

« Une étude épidémiologique s’impose »

Ces mesures sont simplement conformes aux missions des ARS, qui sont :
• La veille et la sécurité sanitaires, ainsi que l’observation de la santé.
• La définition, le financement et l’évaluation des actions de prévention et de promotion de la santé.
• L’anticipation, la préparation et la gestion des crises sanitaires.

Si rien n’est fait pour considérer l’origine des cancers, le nombre de malades sera toujours croissant. Les causes environnementales en font partie, il est urgent d’en tenir compte. Dans ce contexte, un suivi médical et une étude épidémiologique de la population de Saint-Louis et environs s’imposent.

Bruno Wollenschneider
président de l’Adra

Soupçonné de corruption de mineurs, l’abbé Mathieu Hammel suspendu par l’archevêque

Soupçonné de corruption de mineurs, l’abbé Mathieu Hammel suspendu par l’archevêque
L’abbé Mathieu Hammel a aussi été prêtre à Strasbourg.

Informé d’une procédure judiciaire en cours visant Mathieu Hammel, l’archevêque de Strasbourg a annoncé que l’abbé et chapelain de Marienthal était relevé de ses fonctions dans un mail interne daté du 6 décembre.

« Mmmmm », « beau cul », « la bonne queue »Sur l’un de ses comptes X (ex-Twitter), Mathieu Hammel n’hésitait pas à commenter des photos érotiques, voire pornographiques. Dans la vraie vie, l’abbé alsacien a fait vœux de chasteté. Nommé chapelain de Marienthal depuis le 1er septembre, le prêtre vient d’être relevé de ses fonctions. Comme l’a révélé le blog Riposte Catholique, l’archevêque de Strasbourg Pascal Delannoy a signé le mercredi 6 décembre un mail interne au diocèse annonçant la suspension du père Hammel : « Pour favoriser la sérénité de la procédure en cours, j’ai relevé l’abbé Mathieu Hammel de l’exercice public de son ministère. » Traduction : l’homme d’Église de 48 ans ne peut plus exercer sa fonction ecclésiastique.

La procureure Clarisse Taron a confirmé, auprès des Dernières Nouvelles d’Alsace, qu’une enquête était en cours pour « corruption de mineurs, sollicitation de mineur par majeur pour obtenir des images pornographiques et harcèlement sexuel ».

Aucune alerte selon le diocèse

À France3 Grand Est, le diocèse de Strasbourg a assuré n’avoir jamais été alerté au sujet de Mathieu Hammel. Sur ce point, le blog Riposte Catholique s’interroge face à une mutation que l’abbé a subie en juillet 2024. Alors curé de la communauté de paroisses Saint Pirmin du Haut Florival dans le Haut-Rhin, le prêtre avait annoncé sa nouvelle responsabilité aux fidèles sur Facebook : « Cette mission au pied levé m’éloignera physiquement de vous, mais sachez que vous resterez toujours présents dans mon cœur et mes prières. »

« Afin de ne pas interférer avec le travail de la justice et dans le respect de la présomption d’innocence et des droits des personnes, je ne communiquerai pas davantage », conclut le mail de l’archevêque de Strasbourg. Prêtre depuis l’âge de 33 ans, Mathieu Hammel est originaire du Sundgau, dans le sud de l’Alsace. Il a été successivement vicaire à Brumath, puis dans la communauté des paroisses des collines à Rixheim et alentours, de même que dans le secteur de Saint Louis. En 2021, Il a ensuite été nommé curé dans les paroisses de l’Eau Vive de Huningue, Village Neuf et Roseneau. Il a enfin été curé dans le Haut Florival, avant d’être nommé à Strasbourg au sein de la communauté de paroisses Neudorf – Port du Rhin, puis à Marienthal.

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Rassemblement pour les droits des migrants à Strasbourg samedi 13 décembre

Rassemblement pour les droits des migrants à Strasbourg samedi 13 décembre
Manifestation de solidarité envers les migrant-es, en septembre 2022.

Pour la journée internationale des migrant-es, plus de trente organisations locales appellent à se rassembler samedi 13 décembre à Strasbourg. Elles demandent notamment l’égalité des droits à l’école, à la santé, à la culture, au travail, et la réquisition des logements vides.

« Cette année encore des milliers de personnes sont mortes à cause des fermetures des frontières. » Par ses mots, plus de trente organisations (liste en fin d’article) appellent à se rassembler samedi 13 décembre pour la journée internationale des migrant-es. Le rendez-vous est fixé à 14h place Dauphine à Strasbourg, à côté du centre commercial Rivetoile.

Les associations et collectifs proposeront des stands d’information et des prises de parole. Elles demandent l’abrogation immédiate de la loi Darmanin et des circulaires Retailleau, qui ont encore durci les conditions d’accueil des migrant-es en France ces dernières années. Les militants et militantes revendiquent également l’égalité des droits à l’école, à la santé, à la culture, au travail, la régularisation des sans-papiers, ou la fermeture des centres de rétention administrative (CRA).

Enfin, les organisations réclament la réquisition des logements vides pour loger les sans-abris. Pour rappel, de nombreuses familles migrantes, avec des enfants, dorment dans la rue en ce début d’hiver 2025.

Au tribunal, Pernelle Richardot pointe un « déchainement d’insultes » après un tweet de Rima Hassan

Au tribunal, Pernelle Richardot pointe un « déchainement d’insultes » après un tweet de Rima Hassan
Anne-Pernelle Richardot estime avoir été mise en danger par le message de Rima Hassan.

Est-ce qu’en traitant Anne-Pernelle Richardot « d’islamophobe assumée », Rima Hassan a outrepassé les limites de sa liberté d’expression ? C’est la question à laquelle le tribunal judiciaire de Strasbourg va devoir répondre, après que la conseillère municipale socialiste a attaqué l’eurodéputée de La France insoumise pour injure publique.

Mercredi 10 décembre, le tribunal correctionnel de Strasbourg a été saisi d’une affaire qui remonte au 26 novembre 2024. Ce jour-là, l’eurodéputée de La France insoumise Rima Hassan découvre dans le journal Le Monde qu’Anne-Pernelle Richardot, conseillère municipale socialiste de Strasbourg, se félicite qu’une conférence avec l’eurodéputée ait été interdite par le président de l’Université de Strasbourg.

Sur X, Rima Hassan « tague » alors Anne-Pernelle Richardot, la traite « d’islamophobe assumée » et dénonce l’utilisation des termes « groupuscules islamistes » pour qualifier les organisateurs de la conférence, à savoir le syndicat Solidarité étudiant-e-s et le collectif Palestine Unistras. Elle conclut pour faire bonne mesure avec cet avertissement : « personne n’oubliera ».

« Menaces variées »

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Plus de policiers municipaux, pièges photographiques : Catherine Trautmann déroule son plan sécurité

Plus de policiers municipaux, pièges photographiques : Catherine Trautmann déroule son plan sécurité
Catherine Trautmann, ancienne maire candidate aux élections municipales de mars 2026.

Catherine Trautmann a déroulé son credo sécuritaire, choisissant la place d’Austerlitz comme symbole d’une ville « qui va mal ». La candidate socialiste aux élections municipales de 2026 promet une police municipale plus visible, un éclairage renforcé et un plan d’urgence propreté.

Au café Berlin, place d’Austerlitz, la lumière tamisée fait briller les tables rouges collantes et les banquettes vertes affaissées. Un décor soigneusement choisi par Catherine Trautmann pour sa troisième rencontre avec la presse depuis le début de sa campagne en octobre 2025. L’ancienne maire de Strasbourg, ancienne ministre et désormais candidate socialiste aux élections municipales de 2026, ne laisse rien au hasard. Comme les autres prétendant·es à la mairie, elle tape sur un registre manifestement incontournable : la sécurité. À Strasbourg, quand ce n’est pas le marché de Noël qui nourrit les discours de campagne, c’est l’insécurité, thème déjà largement occupé par Jean-Philippe Vetter (LR), Virginie Joron (RN) ou encore Thibaut Vinci (PRG). Tout le monde joue la même partition et Catherine Trautmann n’y déroge pas.

Installée au fond du bar, elle explique avoir choisi la place d’Austerlitz parce qu’elle concentre, selon elle, plusieurs symptômes d’une ville « qui va mal »: travaux interminables, incivilités, conflits d’usages… Cette place fait partie de ces lieux que « les gens désertent », dit-elle, à cause des « bousculades avec des vélos, trottinettes, c’est ce qu’il y a de plus fréquent mais aussi à cause d’agressions verbales » et de « gens avinés ». Elle aligne les récits : l’homme qui habite rue du 22-Novembre et qui fréquemment ne sort plus de chez lui à cause des incivilités, les riverains qui déménagent hors de Strasbourg, les nuisances quotidiennes liées aux chantiers… « Ces gens qui ont comme réaction de devoir changer de vie, ça me demande de répondre, de changer les choses. »

Brigade dans les transports

Pour rassurer la population, la candidate défend une police municipale plus visible et plus présente. Elle imagine des antennes de police municipale dans les quartiers, des patrouilles régulières, des élus qui se rendent sur le terrain avec les agents. Elle évoque aussi un réseau de bornes d’appel d’urgence dans l’espace public et la création, dans les transports, d’une brigade dédiée à la prévention des incivilités.« Il faut créer une dissuasion pacifique », répète-t-elle.

Comme Jean-Philippe Vetter, elle souhaite la création d’un conseil des droits et des devoirs des familles. Elle s’empresse toutefois de préciser son orientation : un outil de prévention et de soutien social :

« Le but est d’aider les familles à retrouver une autorité, une crédibilité. C’est une démarche sociale. Un appui pour la famille et les jeunes et un espace pour que les élus rappellent le droit. »

Elle veut aussi rallumer l’éclairage public (une proposition aussi formulée par Pierre Jakubowicz, du parti Horizons) pour sécuriser les déplacements des femmes, dénonçant une politique qui, selon elle, fait peser le risque sur celles qui rentrent tard. « Il faut laisser des trajets lumineux. On peut éteindre dans des parcs pour respecter la biodiversité mais il faut des tracés lumineux partout. » Elle promet également de renforcer le dispositif Angela (un dispositif qui sollicite un réseau de commerces identifiés comme lieux-refuges, où toute personne qui se sent en danger peut demander de l’aide), de former tous les policiers municipaux aux violences sexistes et sexuelles et de verbaliser davantage les outrages sexistes.

Catherine Trautmann, regard tourné vers la place d’Austerlitz depuis le café Berlin. Photo : Eva Chibane / Rue89 Strasbourg / cc

« Sanitairement, on a un problème »

Après la sécurité, la candidate se lance aussi sur la pauvreté. Place d’Austerlitz, elle pointe un mal : les rats. « On les voit régulièrement », dit-elle, en montrant la place où enfants et rongeurs se croiseraient. « Sanitairement, on a un problème. » Elle promet un « plan d’urgence propreté » quartier par quartier et des pièges photographiques pour traquer les auteurs de dépôts sauvages afin de lutter contre l’insalubrité. Une réponse à un sujet devenu l’un des serpents de mer du conseil municipal et débattu pas plus tard que la veille de son point presse, lundi 8 décembre.

Sur le financement de tous ces projets, elle esquive l’écueil des dépenses supplémentaires en s’attaquant à la gestion interne de la Ville et de l’Eurométropole. Elle évoque, avec un sourire en coin et les yeux levés au ciel, des postes qui seraient aujourd’hui « fléchés pour observer des projets de la majorité ». Pour elle, tout pourrait être réglé par « un travail de répartition des moyens ». Et pour la police municipale, même recette : revoir la cartographie des interventions et augmenter les effectifs quand c’est nécessaire.

En fin de conférence, la stratège aguerrie se prête au jeu des photos entre les palissades de chantier et les vélos qui slaloment. La place d’Austerlitz servant de décor à une candidate qui cherche à reprendre la gouvernance d’une ville qu’elle connaît par cœur et dont elle veut écrire – à nouveau – l’histoire.

L’humour de Philippe Poutou, la combativité de Cem Yoldas

L’humour de Philippe Poutou, la combativité de Cem Yoldas
Cem Yoldas entouré de ses soutiens lundi 8 décembre.

Lundi 8 décembre, Philippe Poutou est venu à Strasbourg pour soutenir la liste menée par Cem Yoldas aux élections municipales. La gauche révolutionnaire a présenté ses priorités et critiqué tous azimuts les partis, dont LFI.

Plus d’une centaine de personnes se sont pressées dans la salle de la Maison des associations de Strasbourg, agrémentée des couleurs de la Palestine et de la Kanaky, lundi 8 décembre vers 19 h. Elles et ils sont venus écouter Philippe Poutou, ancien ouvrier syndicaliste de l’usine Ford de Blanquefort en Gironde et ancien candidat à l’élection présidentielle pour le Nouveau parti anticapitaliste (NPA). Désormais conseiller municipal à Bordeaux, il est venu soutenir Cem Yoldas, le candidat pour les élections municipales en tête de la liste « Strasbourg c’est nous ».

Lola Romieux, qui sera sur cette liste, a pris la parole la première pour évoquer quelques points du programme, comme les transports gratuits pour tous et toutes, de nouveaux espaces autogérés pour les jeunes sur le modèle du Molodoï ou une taxation renforcée contre les meublés de tourisme, au bénéfice des logements dont les loyers seraient bloqués.

La salle de la Maison des associations s’est avérée trop petite…Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Charge contre la majorité

La soirée s’est poursuivie avec une charge de la conseillère municipale Soraya Ouldji contre la municipalité écologiste. Nommée adjointe à la maire en charge de la petite enfance, elle a quitté l’exécutif en juin 2024 :

« J’avais proposé que nous mettions en place des cuisines sur dans les établissements pour les cantines. On m’a dit que c’était trop radical, qu’on avait déjà demandé aux industriels d’inclure des produits biologiques… J’ai fait connaissance avec une culture de l’affichage. »

Soraya Ouldji estime avoir été victime de « violence politique », notamment après avoir dénoncé l’Affaire Polesi : « l’accès à mes courriels a été supprimé, mon micro a été coupé… Est-ce qu’on accepte que la politique soit pourrie comme ça ? Nous devons dire stop au fatalisme ! »

Philippe Poutou : « au NPA, on est des professionnels de la défaite »Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

« Les élections, c’est pas notre terrain »

Très attendu, Philippe Poutou s’est ensuite avancé sur le pupitre décoré du logo « Strasbourg c’est nous » sur un fond vert. Une affiche « qui aurait pu être un peu plus rouge », remarque-t-il. Sans notes, Philippe Poutou a improvisé un discours ponctué de petites blagues sur la place d’une liste de gauche révolutionnaire aux élections municipales :

« On est plutôt habitués à manifester, à faire des pancartes, à hisser des drapeaux… Les élections, c’est pas notre terrain. On n’a rien à faire là avec nos gueules qui sont pas toujours terribles… On pense plutôt que ce sont les mobilisations qui peuvent changer les choses. Mais voilà, on vient rappeler qu’on existe dans cet endroit où on n’est pas invités… On ne fait pas peur à grand monde, mais c’est déjà pas mal. »

Philippe Poutou a rappelé avec beaucoup d’humour son expérience à Bordeaux, où il a participé à une liste d’union avec la gauche radicale « Bordeaux en lutte » en 2020 qui a éclaté en 2022 :

« Au NPA, on est des professionnels de la défaite, on se présente à toutes les élections, on est battus et on recommence. Mais en 2020, portés par le mouvement social, on a été élus. Bon je vous préviens, c’est chiant, hein… On finit par discuter de budget comme n’importe quel droitard… pour s’apercevoir qu’il n’y a aucun mot de gauche dedans ! »

Pour autant, Philippe Poutou a plaidé pour une forme d’union avec les autres composantes de gauche :

« Il y a le danger de l’extrême droite tout de même, il faut être vigilant. C’est une menace qui va peser sur nous, les gauchistes, mais aussi sur toutes les personnes précaires, racisées, etc. Donc il faut être radical mais aussi garder le contact avec les autres forces de gauche. On n’a pas les mêmes choses à dire, pas de la même manière, mais il y a des enjeux beaucoup plus grands. Je rappelle que le ministre de l’Intérieur s’est attaqué à un jeu de société parce qu’il a un policier raciste comme personnage ! On peut en sourire mais ils en sont là ! »

Cem Yoldas n’est pas prêt à transiger, même avec LFI.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg / cc

Pas de cadeaux à LFI

Cem Yoldas a terminé la soirée avec un discours moins drôle mais plus axé sur les enjeux strasbourgeois et notamment la crise du logement, « devenue insoutenable pour de nombreuses familles ». Rappelant à Philippe Poutou qu’à la Jeune garde antifasciste, dont il vient, « il y a la culture de la gagne », Cem Yoldas n’entend pas faire de cadeaux à la liste soutenue par La France insoumise. Il avait déjà critiqué sur les réseaux sociaux la proposition de Florian Kobryn de rendre payant l’accès au marché de Noël. À la fin de son discours, il l’a accusé d’être prêt à conclure un accord de second tour avec Jeanne Barseghian :

« Florian Kobryn, c’est un deuxième bulletin Barseghian ! Les 120 pages du programme des Insoumis, elles seront mises à la poubelle dès le 22 mars. Avec nous, pas d’union au second tour sans autocritique de la maire sur son boycott de Médine, sur l’affaire Polesi ou encore sur son inaction face à la situation des enfants à la rue ! »

Cem Yoldas a détaillé ses positions pour que Strasbourg soit une « ville refuge » en terme de sécurité : transformer la police municipale en police de proximité « qui n’hésitera pas à jouer au football avec les jeunes plutôt que les arrêter ». Il a proposé que la Ville de Strasbourg se porte « partie civile à chaque affaire de violences policières. » Quant à l’international, Cem Yoldas a promu la fin du jumelage de Strasbourg avec la ville israélienne de Ramat Gan.

À l’Unistra, 37 étudiants étrangers désinscrits faute d’avoir pu payer leur inscription

À l’Unistra, 37 étudiants étrangers désinscrits faute d’avoir pu payer leur inscription
Une action étudiante en décembre 2023 contre la loi dite asile et immigration.

L’Université de Strasbourg a annoncé à plusieurs étudiants étrangers leur désinscription pour ne pas avoir versé les quelques 4 000 euros de frais d’inscription. Certains ne savaient pas encore que leur demande d’exonération de ces frais différenciés leur avait été refusée. 

À l’évocation de la situation des étudiants étrangers de l’Université de Strasbourg, sa voix se noue. L’étudiante tunisienne, qui préfère garder l’anonymat, est parvenue à payer les 3 941 euros de droits d’inscription réclamés par l’université. Affectée par la situation de ses camarades, la jeune étudiante dénonce « le ton utilisé par les administrations » pour les inciter à payer, et des formulations qu’elle juge « sans considération » à l’égard des étudiants étrangers. « Ces courriers étaient robotisés, brutaux », rembobine-t-elle, au bord des larmes.

Les frais différenciés ont été mis en place pour les étudiants issus de pays non-membres de l’Union européenne à la rentrée 2019, dans le cadre de la circulaire « Bienvenue en France ». À l’instar d’autres universités, celle de Strasbourg a choisi de ne pas se plier à cette différence de traitement entre étudiants. Mais en 2024, « l’exonération de tous les étudiants n’était plus réglementairement possible », soutient l’Université de Strasbourg, en raison d’un seuil fixé à 10 % d’étudiants exonérés par établissement. Si une dispense des frais d’inscription est accordée aux étudiants de licence, ceux de master sont contraints de payer. 

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#précarité étudiante

L’Université de Strasbourg appelée à respecter sa promesse d’accueillir des étudiants palestiniens

L’Université de Strasbourg appelée à respecter sa promesse d’accueillir des étudiants palestiniens
Mobilisation en soutien à la Palestine, en octobre 2023.

30 organisations ont signé une lettre ouverte destinée à la présidence de l’Université de Strasbourg. Elles demandent la mise en place de mesures permettant d’accueillir des étudiants et des étudiantes réfugiées de Palestine.

« La présidence doit se placer à la hauteur de ses déclarations. » Dans une lettre ouverte (voir ci-dessous) envoyée lundi 8 décembre, 30 organisations, dont des syndicats étudiants, ainsi que des membres du personnel de l’Université de Strasbourg, rappellent l’engagement pris par la présidence de l’Unistra pour l’accueil « des étudiantes et étudiants gazaouis » en juin 2024. Les signataires demandent des mesures concrètes pour rendre cet accueil possible :

    « Des aménagements pédagogiques permettant l’inscription immédiate et la poursuite d’études sans condition, y compris avec l’accès au niveau A0 en français dans les licences et masters de l’ensemble de l’Université, L’exonération systématique des frais d’inscription, L’attribution de bourses et de logements, Un accompagnement matériel et humain dès leur arrivée sur le territoire. »

Les signataires dénoncent que la France demande aux Gazaouis, pour obtenir un visa, « de prouver leur “excellence” » ou « de trouver un financement par une collectivité ou une université, ainsi qu’un logement ». Le texte a été écrit par des étudiants et étudiantes du collectif Poing Levé, ainsi que les syndicats AES, FSE et Solidaires étudiant-e-s. Ces derniers dénoncent par ailleurs dans le texte « la répression des étudiants solidaires avec la Palestine », en mentionnant les interventions policières sur le campus, et l’interdiction des conférences de Rima Hassan ou de la projection du film Fedayin sur la lutte pour la Palestine.

La liste des organisations prenant part à la démarche devrait s’allonger au fil des jours.

Budget 2026, hébergement d’urgence : les principaux points votés lundi 8 décembre

Budget 2026, hébergement d’urgence : les principaux points votés lundi 8 décembre
Le dernier Conseil municipal de la Ville de Strasbourg s’est tenu lundi 8 décembre.

Le dernier conseil municipal de l’année, lundi 8 décembre 2025, a été dense. Point le plus important : le budget de la Ville de Strasbourg pour 2026, adopté malgré des échanges qui avaient des allures de débats entre candidats aux élections municipales.

Un conseil municipal un peu particulier, lundi 8 décembre 2025. Il s’agissait du dernier vote budgétaire du mandat de Jeanne Barseghian avant les élections municipales en mars 2026. L’ordre du jour a débouché sur l’adoption du budget 2026. Une motion a aussi été votée à l’unanimité pour le relogement de 30 personnes au foyer Jean-Jaurès.

Opposition contre le budget

À Strasbourg, le débat budgétaire a pris des allures de répétition générale avant les élections municipales. Dès l’ouverture, la majorité a resserré les rangs avec de nombreuses interventions d’adjoints pour défendre un budget que Jeanne Barseghian, la maire écologiste, présente comme un « cap assumé » malgré les « turbulences ». Elle revendique des investissements massifs dans les écoles, la petite enfance et la rénovation des équipements, au prix de travaux parfois impopulaires : « Personne n’aime les travaux, mais quand on aime sa ville on en prend soin. »

À ses côtés, Syamak Agha Babaei, premier adjoint aux finances a attaqué frontalement l’opposition, en dénonçant « la coalition de ceux qui veulent que rien ne bouge » et en rappelant la philosophie du budget de 2026 : « C’est un budget solide pour fabriquer une ville robuste (…) une ville qui regarde l’avenir sans détourner les yeux : réchauffement climatique, montée du fascisme. »

Face à cette défense, les oppositions, notamment celles candidates aux municipales entrent en campagne. Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) a livré un réquisitoire alarmiste, accusant la majorité d’avoir fait exploser la dette : « Tous les voyants basculent au rouge. (…). Plus de 100 000 euros de plus de dette par jour depuis 2020. Jamais une majorité n’a autant endetté la Ville en si peu de temps. » Pierre Jakubowicz (Horizons) a dénoncé un mandat « qui n’aura jamais trouvé son cap », évoquant « une flamme de la Ville éteinte » et « un dépôt de bilan » politique. Dans l’opposition également, la socialiste Caroline Barrière a accusé la majorité d’être « les fossoyeurs des finances », tandis que Catherine Trautmann (PS) a reproché l’absence de planification sur la transition climatique et l’habitat.

Après plus de trois heures d’échanges, le débat sur le budget 2026 est finalement resté très mince. Difficile dans cette atmosphère largement électorale de mesurer ce qui pose réellement problème sur le plan financier, tant les prises de parole ont glissé vers des déclarations de campagne. La maire a fustigé des prises de parole « démesurées et caricaturales », rappelant que l’opposition avait voté « 75 % des délibérations depuis cinq ans ». Tous les groupes d’opposition ont voté contre ce budget estimant « faire mieux » s’ils gagnaient l’accès à l’hôtel de ville en mars 2026. Le budget a été adopté par 46 voix contre les 18 des groupes d’opposition.

Possible réquisition de l’hôtel Mercure

Annoncée le 5 décembre, une délibération d’urgence prévoit de débloquer 65 000 euros pour accueillir 30 personnes au foyer Jean-Jaurès, confié à l’association Les Petites roues. La Ville précise que l’hébergement sera réservé à des familles dont les enfants sont scolarisés à Strasbourg, en priorité les plus vulnérables. La mesure a été votée à l’unanimité, sans éviter les critiques. Rebecca Breitman (Modem, centre-droit) et Jean-Philippe Vetter (LR, droite) ont rappelé qu’une mesure d’urgence ne peut se substituer à une politique publique solide sur l’hébergement des personnes à la rue. « On a le sentiment d’être constamment en train d’éteindre des incendies », tance Jean-Philippe Vetter.

Pour la majorité, l’action insuffisante de l’État y est pour beaucoup. Jeanne Barseghian détaille :

« L’État a supprimé des places d’hébergement. Et même si on en a créée, il y a un effet de vases communicants. Il faut réformer au niveau national. Vous n’imaginez pas le nombre de courriers que j’ai envoyés au préfet pour qu’on ait un comité avec l’État. Je demandais qu’on puisse anticiper ensemble les besoins, pour qu’avec la CeA, la Ville, la préfecture et les associations de solidarité, on se mette autour d’une même table. »

Ce comité s’est tenu pour la première fois « il y a quelques jours », en présence du nouveau préfet, une « petite avancée » selon la maire, mais qui laisse l’urgence prévaloir. Elle a également proposé la réquisition de l’hôtel Mercure, actuellement vacant, à l’ancien préfet Jacques Witkowski :

« Il est indispensable que l’État réquisitionne un bâtiment. Il faut intervenir avant que les températures retombent. Cette gestion au thermomètre est indigne, absurde. »

En effet, des places d’hébergement en hôtel ne sont financées que lorsque le plan grand froid est déclenché par le préfet, en cas de températures très basses pendant plusieurs nuits de suite, mettant en danger les personnes sans-abri.

Tension autour des animaux liminaires

Vers 16h45, la maire presse d’accélérer le rythme, le conseil n’en étant qu’au point 15 sur les quelques 80 prévus. Les élus doivent voter des subventions pour des projets de sensibilisation des habitant·es des logements sociaux aux animaux liminaires (rats, punaises de lit…). Le débat va finalement durer près d’une heure et provoquer une suspension de séance d’une minute.

Rebecca Breitman (Modem) s’est emportée, en dénonçant le manque d’action de la majorité et raille l’idée qu’il ne faudrait plus qualifier ces animaux de « nuisibles ». Selon elle, Strasbourg ne prend pas le problème des rats au sérieux. Anne-Pernelle Richardot, élue d’opposition du Parti socialiste renchérit : « Rien n’a été fait à la hauteur du problème. »

Au tour de Benjamin Soulet, adjoint de la majorité, de défendre les campagnes de dératisation de la majorité, soulignant la collecte des déchets et l’enterrement des points de collecte comme mesures concrètes. Et de juger ce sujet constamment instrumentalisé. La tension monte, et Jeanne Barseghian accuse Rebecca Breitman de tenir des propos diffamatoires. Ce point aura finalement suscité plus de véhémence que le vote du budget…. Mais aura été voté à l’unanimité.

Le photovoltaïque au vote

Le conseil municipal a mis au vote un autre dossier clé de la séance qui n’a pourtant suscité aucun débat : le contrat de concession confié à la nouvelle Société publique locale (SPL) Strasbourg Énergies Renouvelables Eurométropolitaines (Sere), chargée de produire de l’électricité photovoltaïque. Pour Joris Castiglione (Parti Communiste), « il faut accélérer l’énergie bas carbone », en privilégiant un mix énergétique équilibré. Selon lui, c’est le cas avec ce projet. Syamak Agha Babaei, premier adjoint, a soutenu l’« un des éléments qui nous permettra dans la durée de diminuer notre facture énergétique ».

Le contrat, d’une durée de 30 ans à compter du 1er janvier 2026, prévoit un programme d’investissement initial de 10 millions d’euros, financé par la SPL. Les premiers sites identifiés concernent des toitures d’écoles, des bâtiments sportifs, des dépôts techniques et des parkings équipés d’ombrières, avec la possibilité de développer des installations sur des friches et des zones d’activités, voire de développer des projets d’autoconsommation collective.

50 000 euros pour un centre de santé

Côté santé, la Ville de Strasbourg a adopté une délibération visant à « renforcer l’accès aux soins de premier recours dans les quartiers populaires » en soutenant le Centre de santé communautaire de Cronenbourg. Ce projet, porté par l’association L’Île Aux Santés, proposera des soins primaires accessibles sans dépassement d’honoraires, des actions de prévention et de promotion de la santé, ainsi que des espaces d’accueil pour les femmes et enfants victimes de violences. Situé au 11 rue Augustin-Fresnel, dans un quartier considéré comme « désert médical », le centre va bénéficier d’une première subvention de 50 000 euros pour son projet immobilier, sur un investissement total estimé à près de 500 000 euros.

Lourd silence dans l’hémicycle

À 21h, trois élus d’opposition – Anne-Pernelle Richardot (PS), Rebecca Breitman (Modem) et Nicolas Matt (ex-Renaissance désormais allié de Jean-Philippe Vetter (LR) en vue des municipales de 2026) – ont interrogé l’exécutif sur le rapport Égaé. Dévoilé par Rue89 Strasbourg le 22 novembre, ce document retrace plusieurs mois d’alertes minimisées autour d’Hervé Polesi, ancien adjoint à la maire en charge de la coordination des élus de quartier. Rebecca Breitman interroge la méthodologie de l’enquête, qui n’a fait appel qu’à 16 entretiens.

Ce rapport révèle aussi des propos discriminatoire – à caractère raciste, sexiste, grossophobe ou visant la religion – tenus par des élu·es ou agents de la collectivité. « Qui les a tenus ? », demande l’opposition. Nicolas Matt insiste à de nombreuses reprises. La maire, Jeanne Barseghian, répond qu’elle l’ignore : « J’aimerais le savoir aussi. Si quelqu’un a quelque chose sur la conscience… Je vous écoute », lance-t-elle, provoquant un long silence dans l’hémicycle. Elle rappelle que toutes les alertes visant des élu·es seront désormais traitées de manière spécifique.

Deux motions votées

La majorité a présenté une motion de soutien au Plant Based Treaty, un appel international qui encourage les collectivités à favoriser une alimentation plus végétale, à protéger les écosystèmes et à soutenir des modèles agricoles plus durables. Elle a été adoptée à l’unanimité. Tout comme une motion pour renforcer la présence humaine dans les gares et rouvrir des guichets à Strasbourg et dans le Grand Est.

En parallèle, Pierre Jakubowicz (Horizons), a demandé au conseil de voter une résolution pour approfondir l’étude d’un rapport publié le 1ᵉʳ décembre 2025 par le Comité science, santé et société (C4S). Ce document alerte sur les difficultés croissantes rencontrées par les soignants, les services d’urgence et les patients dans l’Eurométropole, notamment autour des établissements du centre-ville, en lien avec les évolutions du stationnement, des sens de circulation, les travaux ou encore les restrictions de la zone à faibles émissions. Sa proposition a été rejetée.

#budget 2026

À l’APEI Centre Alsace, de multiples défaillances médicales

À l’APEI Centre Alsace, de multiples défaillances médicales
Le rapport d’inspection de l’ARS et de la CeA relève 25 irrégularités sur les six foyers.

L’inspection de six structures pour personnes handicapées de l’APEI Centre Alsace a révélé des manquements dans la prise en charge médicale liés à un manque de moyens et d’infirmières. Rue89 Strasbourg a eu accès au rapport confidentiel qui décrit ces dysfonctionnements.

L’APEI Centre Alsace gère des foyers pour les personnes en situation de handicap. Les 14 et 15 novembre 2024, l’Agence régionale de santé (ARS) et la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) ont inspecté six de ses structures. Implantées à Châtenois et Sélestat, elles accueillent autour de 200 usagers. Les conclusions de cette enquête se faisaient attendre. Elles ont été transmises fin novembre 2025, un an plus tard, à la direction de l’association. Rue89 Strasbourg a eu accès à ce rapport confidentiel. Il dévoile de nombreuses défaillances dans l’organisation de la prise en charge médicale, à cause d’un manque de personnel qualifié.

Au total, « 25 écarts à des obligations légales ou réglementaires » sont répertoriés par les 13 inspecteurs et inspectrices. L’APEI Centre Alsace a un mois pour répondre à ses financeurs sur sa manière de remédier à ces dysfonctionnements. Si elle ne le fait pas, elle s’expose à des sanctions administratives.

Médicaments périmés

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Vote du budget, soutien aux assos et rapport sur les violences sexistes au conseil municipal

Vote du budget, soutien aux assos et rapport sur les violences sexistes au conseil municipal
La séance, dense, risque de s’étirer tard dans la soirée.

Comme souvent en décembre, l’ordre du jour du conseil municipal de Strasbourg est particulièrement chargé : budget 2026, soutien aux associations, rapports annuels, soutien au photovoltaïque et nombreuses questions diverses, dont une sur l’affaire Polesi et le rapport Égae sur les violences sexistes.

Au cœur des débats du conseil municipal de Strasbourg du lundi 8 décembre, le budget primitif 2026 (point 1), qui fixe les priorités financières de la collectivité pour l’année à venir s’élève à 471,1 millions d’euros en fonctionnement et 216,7 millions en investissement. Près de la moitié des dépenses de fonctionnement est absorbée par les charges de personnel, à hauteur de 228,5 millions d’euros, tandis que les subventions représentent 52,2 millions. L’autofinancement prévisionnel atteint 27,8 millions d’euros. Côté recettes, la fiscalité locale reste le socle principal. Les investissements prévus, très dépendants d’un emprunt de 111,7 millions d’euros, doivent permettre la rénovation du patrimoine municipal et la poursuite des grands programmes urbains. Un point qui devrait largement alimenter les débats, puisque la dette a doublé en six ans et s’allonge assez densément sur cette dernière année 2026.

65 000 euros d’urgence pour loger des familles

Le soutien au tissu associatif constitue un autre volet important du conseil. Annoncée le 5 décembre, une délibération d’urgence sera votée pour débloquer 65 000 euros afin de loger 30 personnes au foyer Jean-Jaurès. Foyer dont la gestion sera confiée à l’association Les Petites Roues, pour assurer l’hébergement de familles dans ce bâtiment vacant de la collectivité. « Les personnes hébergées seront des familles dont les enfants sont scolarisés à Strasbourg, en priorisant les familles les plus vulnérables au regard de l’état de santé, de l’âge des enfants, de l’absence de relais et de la durée d’errance », précise la Ville de Strasbourg.

De nombreuses autres subventions seront votées (point 14, 15, 21, 32, 39, 41, 42, 43, 49, 52, 55 à 58 et 61). Ainsi qu’un certain nombre de conventions pluriannuelles d’objectifs et de moyens censées sécuriser les budgets et « clarifier la gestion des équipements mis à disposition ». Ce soutien représentait 8,17 millions en 2024, un niveau que la municipalité explique maintenir sur la fin du mandat.

Les associations concernées sont très diverses, allant de structures œuvrant contre l’habitat indigne et pour la santé environnementale — comme l’Association pour la prévention de la pollution atmosphérique (3 100 euros) ou la Confédération nationale du logement (2 000 euros) — à celles qui interviennent sur la surpopulation de rongeurs ou les punaises de lit. La Ville apporte également chaque année un soutien aux associations cultuelles et aux projets cultuels dans le cadre du droit local d’Alsace-Moselle, aux associations s’occupant du bien-être environnemental, et surtout aux initiatives relevant de la solidarité, avec un budget de 1,3 million d’euros.

Eau, assainissement, stationnement

Les élus prendront acte du rapport annuel 2024 sur le prix et la qualité des services de l’eau et de l’assainissement dans l’agglomération (point 16). Le document souligne une conformité sanitaire de 99 % et plus de 34 millions de mètres cubes produits pour les 33 communes de l’Eurométropole.

Le conseil présentera également la synthèse de l’activité 2024 des délégations de service public de la ville (point 35). Strasbourg a confié la gestion de neuf services publics à des organismes privés, qu’il s’agisse d’associations ou de sociétés commerciales. Ces services concernent principalement le stationnement — sur voirie et dans les parkings municipaux, notamment aux Halles et aux Ateliers — ainsi que l’action sociale, via les maisons de la petite enfance (MPE) de Cronenbourg, Neuhof, Roberstau et la structure transfrontalière franco-allemande. La gestion du cinéma municipal Cosmos et des Bains municipaux de la Victoire complète le panorama des activités déléguées. Un rapport inclut également une synthèse sur le fonctionnement du port autonome de Strasbourg.

Enfin, comme chaque fin d’année, le conseil examinera les rapports d’activité des sociétés à capitaux mixtes (point 36). Strasbourg détient des parts dans huit entreprises publiques locales couvrant des secteurs allant du logement social à l’aménagement urbain, en passant par la gestion des parkings, avec des structures comme Habitation Moderne, Parcus, la SPL Deux Rives ou Réseau GDS. En 2024, sept de ces sociétés affichent des résultats bénéficiaires et regroupent 616 salariés, tandis que le niveau de participation de la Ville reste stable à 13,41 millions d’euros.

Contrat pour le photovoltaïque

L’un des dossiers importants concerne l’énergie (point 22). Les élus doivent valider le contrat de concession confié à la nouvelle Société publique locale (SPL) Strasbourg Énergies Renouvelables Eurométropolitaines (Sere), chargée de produire de l’électricité renouvelable. Le contrat, conclu pour 30 ans à partir du 1er janvier 2026, prévoit un premier programme d’investissement d’environ 10 millions d’euros, financés directement par la société publique. La collectivité s’engage à acheter l’électricité produite, dans un modèle en quasi-régie destiné à réduire les coûts, sécuriser les recettes et accélérer le déploiement des équipements.

Les premiers sites identifiés concernent principalement des toitures d’écoles, des bâtiments sportifs, des dépôts techniques et plusieurs parkings pouvant accueillir des ombrières. La SPL pourra également développer des installations sur les friches publiques ou les zones d’activités, avec la possibilité de monter en puissance sur des projets d’autoconsommation collective.

L’affaire Polesi évoquée par l’opposition

Comme au conseil municipal de novembre, l’opposition annonce une question en lien avec l’affaire Polesi. Nicolas Matt, comme l’ensemble des élus, ont eu accès au rapport Égae, que Rue89 Strasbourg a dévoilé le 22 novembre. Rapport qui décrit plusieurs mois de défaillances institutionnelles et d’alertes minimisées mais l’élu d’opposition, qui a récemment rejoint Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) en vue des élections municipales de mars 2026, souhaite des précisions sur les propos discriminatoires évoqués et les obligations légales de signalement.

Jean-Philippe Vetter (LR) interpellera la maire sur la baisse de fréquentation du marché de Cronenbourg depuis son déplacement de la place de Haldenbourg vers la rue du Rieth et saisit la découverte d’une arme et de munitions cachés dans un buisson de la Petite France pour questionner la sécurité du Marché de Noël.

Pierre Jakubowicz, élu d’opposition macroniste (Horizons), souhaite attirer l’attention du conseil sur un rapport rendu le 1er décembre 2025 par le Comité science, santé et société (C4S), consacré aux effets des politiques de mobilité sur l’accès aux soins dans l’Eurométropole. Le document pointe les difficultés croissantes rencontrées par les soignants, les services d’urgence et les patients, notamment autour des établissements du centre-ville, en raison des évolutions du stationnement, des sens de circulation, des travaux ou encore des restrictions liées à la zone à faibles émissions.

#budget 2026

Benjamin Chevalier : « Le marché de Noël est un terreau propice pour l’extrême droite »

Benjamin Chevalier : « Le marché de Noël est un terreau propice pour l’extrême droite »
Benjamin Chevalier est enseignant en sociologie politique à Sciences Po Strasbourg.

En l’espace d’une semaine, Strasbourg a été visée par plusieurs actions de déstabilisation en provenance de l’extrême droite : une banderole xénophobe place Kléber et une vidéo contre la mosquée Eyyüb Sultan à la Meinau. Le politiste et enseignant à Sciences Po Strasbourg, Benjamin Chevalier, analyse ce soudain intérêt de l’extrême droite pour Strasbourg.

Benjamin Chevalier est enseignant en sociologie politique à Sciences Po Strasbourg et professeur agrégé de sciences sociales. Spécialisé dans l’étude des mouvements sociaux et du militantisme, il s’intéresse notamment aux formes de « militantisme atypique », que composent, par exemple, les enseignants se revendiquant d’extrême droite. Dans cet entretien, l’enseignant-chercheur revient sur les modes d’actions retenus par l’extrême droite, dans le double contexte du marché de Noël de Strasbourg et de la campagne des élections municipales.

Rue89 Strasbourg : Le déploiement d’une banderole xénophobe en plein marché de Noël fait écho à d’autres actions du collectif identitaire Némésis, dans des lieux fortement fréquentés, comme ce fut le cas à la braderie de Lille en 2023. Comment analysez-vous ces modes d’action ?

Benjamin Chevalier : C’est un moment important dans une année. On voit cette tendance qu’ont les mouvements identitaires qui font un peu de l’agit-prop d’aller chercher les événements et d’avoir quelque chose d’assez itinérant. Pour les mouvements identitaires et plus globalement pour l’extrême droite, l’objectif est de saturer l’espace médiatique : pas tellement par une fréquence délirante des actions mais par la régularité. C’est une rythmique qu’il s’agit d’imprimer dans l’espace médiatique.

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Guillaume Krempp suit de près l’actualité des droites radicales à Strasbourg et en Alsace. Son travail dérange : en 2023, il a été menacé par les hooligans de Strasbourg Offender lors d’un rassemblement organisé par l’Action française.

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