Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Nouvel An : une mère étrangère reste menacée d’expulsion par le préfet malgré l’innocence de son fils

Nouvel An : une mère étrangère reste menacée d’expulsion par le préfet malgré l’innocence de son fils
Jacques Witkowski alors qu’il était préfet de la Seine-Saint-Denis.

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À Strasbourg, la panique des patients face à la pénurie d’un antipsychotique

À Strasbourg, la panique des patients face à la pénurie d’un antipsychotique
Marie-Agnès craint les conséquences sur elle du potentiel arrêt de son traitement à base de quétiapine.

La quétiapine, un médicament utilisé contre de nombreux troubles psychiques, est en rupture de stock dans toute la France. À Strasbourg, patients et psychiatres s’inquiètent de devoir interrompre des traitements qui fonctionnent. Et de voir réapparaitre des symptômes graves.

« On est en rupture totale, il faut voir comment faire avec votre médecin. » La pharmacienne de la rue du Dôme paraît dépassée ce 13 février. Elle n’a plus que deux boites du médicament à base de quétiapine inscrit sur l’ordonnance de Marie-Agnès. « On passe les commandes mais ça n’arrive pas. Peut-être qu’il faudra que vous changiez de traitement », poursuit-elle derrière le comptoir.

Marie-Agnès est dépitée en sortant de l’officine. Atteinte d’un trouble bipolaire, elle prend de la quétiapine tous les jours depuis dix ans. « Ils n’ont toujours pas de solution », constate-t-elle. Il lui reste des comprimés pour tenir quinze jours :

« C’est fou qu’ils ne communiquent rien. On m’a annoncé qu’il y avait une pénurie à la pharmacie près de chez moi début janvier. J’ai tout de suite fait trois officines au centre-ville pour avoir du stock. »

Équilibre précaire

Si cette sexagénaire met autant d’énergie pour trouver de la quétiapine, c’est qu’elle tient à l’équilibre qu’elle a trouvé grâce à cette molécule. « On a mis du temps à déterminer le bon dosage », explique t-elle :

« J’ai dû accepter de prendre un traitement à vie, avec des effets secondaires lourds, de la prise de poids, de la tachycardie, de la somnolence. Mais je préfère ça que d’entrer dans des phases de dépression avec des idées suicidaires, et des périodes de manie où je suis irritable, je parle très vite, je dépense beaucoup d’argent, j’ai envie de tout détruire… »

Marie-Agnès s’est rendue dans plusieurs pharmacies du centre-ville pour trouver de la quétiapine.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg

Marie-Agnès confie avoir arrêté son traitement sans le dire à sa psychiatre « cinq fois », avant de se retrouver systématiquement à l’hôpital psychiatrique de Brumath. « Je ne dors pas pendant plusieurs jours, et après je peux rentrer dans des états psychotiques délirants, ajoute t-elle. Évidemment, j’ai peur de me retrouver dans cette situation. »

« Pour le moment, on n’a pas vu de choses dramatiques, les patients n’ont pas fini leurs boites », rapporte le professeur Gilles Bertschy, chef d’un service de psychiatrie aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg :

« La quétiapine est très polyvalente, on l’utilise pour les personnes bipolaires, dépressives, schizophrènes, borderline… Si la pénurie continue, on est à la merci de voir apparaitre des ruptures de traitement, et donc des rechutes et la réapparition des symptômes liés à chaque pathologie. »

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Évacuées d’un campement, des familles aussitôt remises à la rue

Évacuées d’un campement, des familles aussitôt remises à la rue
Des enfants à la rue au camp Krimmeri en octobre 2024.

À peine évacuées du parc Eugène-Imbs, plusieurs familles ont été interdites d’accès aux gymnases réquisitionnés. Des voix s’élèvent pour dénoncer le tri des bénéficiaires de l’hébergement d’urgence.

Depuis des semaines, ces familles vivaient dans des tentes installées dans le camp du parc Eugène-Imbs à l’ouest de Strasbourg. Certaines ont passé plus de deux mois à subir le froid, jusqu’aux températures négatives. Évacuées mardi 11 février, plus d’une vingtaine de personnes ont été laissées à la rue quelques heures plus tard. Mobilisée pour l’accueil et l’hébergement des sans-abris, Clara (le prénom a été modifié) décrit une scène qui s’est déroulée aux alentours de 15h30 au gymnase Fischart :

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Des visages et des témoignages d’habitants et d’habitantes des campements. Des révélations sur le business de l’hébergement d’urgence, sur les expulsions de familles par l’État, sur la tension alimentaire à Strasbourg, ou sur la réalité du plan Grand froid, au-delà de la communication préfectorale. L’engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c’est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.

Ces enquêtes et ces reportages ont un prix. C’est le temps de travail de Thibault Vetter et de Camille Balzinger, qui suivent de près, depuis plusieurs années, la problématique du manque d’hébergements d’urgence à Strasbourg et la précarité des personnes sans papier.

D’avance, merci pour votre soutien.

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À Strasbourg, la galère pour couper les cheveux crépus ou frisés

À Strasbourg, la galère pour couper les cheveux crépus ou frisés
Depuis 2002, Patricia Kuntzmann est à la tête de son salon de coiffure rue du Travail, qui s’occupe notamment des coupes afro.

La majorité des coiffeurs ne sont pas formés à couper les cheveux frisés ou crépus en France. Résultat, très peu de salons ont ce savoir-faire à Strasbourg.

« C’est très difficile de trouver un coiffeur », témoigne Stéphane, qui arbore de très courts cheveux frisés en entrant chez Patricia Coiffure, un après-midi de février. Strasbourg ne compte qu’une poignée de salons dans lesquels les professionnels sont formés à couper les cheveux crépus et frisés. De nombreuses enseignes dédiées aux cheveux afro ne font que les coiffer. Et la plupart des salons classiques ne savent pas comment faire.

« La dernière fois, je suis rentré dans un salon un peu au hasard et on m’a refusé, ils ne savaient pas s’occuper de mes cheveux. Je trouve ça gênant, tu es coiffeur, tu es censé savoir coiffer tout le monde », juge Stéphane. Patricia Kuntzmann, la patronne du salon où Stéphane a ses habitudes, s’active au rythme d’un morceau de zouk, issu d’une playlist qu’elle a composé elle-même. Entre ses mains, Nicolas est venu faire reprendre ses dreadlocks. « Je viens souvent ici parce que je reconnais la qualité de son travail. Quand tu sors, tu sais que ça tient, la qualité ça fidélise », analyse cet habitant d’Obernai. « Quand on me trouve, on ne me lâche plus. J’ai su me démarquer, je ne fais pas mal quand je fais des tresses par exemple, c’est quelque chose que les clients recherchent », assure Patricia.

Le temps, c’est de l’argent

Le cheveux crépu, cela demande du temps. Nicolas, confortablement installé, doit bloquer au moins quatre heures pour refaire ses dreads. Une durée qui se répercute obligatoirement sur le coût des prestations. « Les gens viennent ici dépenser un caddie de course », reconnait Patricia. Il faut compter jusqu’à 200 euros et plus de quatre heures pour de longues tresses. « Beaucoup de coupes prennent énormément de temps, si on devait travailler à l’heure, on serait riches », souffle-t-elle. L’entrepreneuse indique fixer ses prix « en fonction du loyer, de l’électricité, des assurances et du coût des produits ».

Un autre salon, légèrement plus cher, se trouve rue des Veaux, dans la Grande Île. Amande’illes affiche une grille tarifaire en fonction du temps nécessaire. Pour des cheveux lisses ou ondulés courts, le coiffeur prévoit un rendez-vous de quarante minutes pour 49 euros. Et pour des cheveux bouclés ou crépus courts, il anticipe d’y passer une heure pour 79 euros.

La boutique a ouvert ses portes en 2020 et, comme Patricia Coiffure, elle s’occupe de tous les types de cheveux, sans le mentionner particulièrement. « Ça nous paraît logique de coiffer tout le monde, donc on n’a pas jugé nécessaire de communiquer spécifiquement », explique Gilles, patron de la boutique aux côtés de sa conjointe, Amandine. « Ça devient exceptionnel de coiffer les cheveux frisés alors que ça devrait être normal », conclu Gilles.

Les cheveux afro ignorés en CAP coiffure

Amande’illes souhaite sortir de la dichotomie « salon afro, salon caucasien ». « On ne voulait pas être catégorisés. De plus, on ne fait que des coupes, pas de tresses ni de tissages, on milite pour une meilleure acceptation de son cheveu naturel », détaille Sophie, coiffeuse au sein de la boutique. Pour pouvoir proposer un accueil adapté à tous, l’équipe s’est auto-formée, « sur le tas, à force de s’entrainer »

Car en France, les CAP coiffure ou les brevets professionnels (BP) n’abordent tout simplement pas les techniques de coiffe des cheveux crépus. « Ils doivent se dire que ce sont des cheveux sataniques », ironise Patricia, désabusée. Devenue incontournable dans le monde de la coiffure des cheveux frisés et crépus à Strasbourg, elle possède une rareté : un diplôme, passé en Martinique au début des années 1990, qui reconnaît son aptitude à couper tous les types de cheveux. « Aux Antilles, on apprend à couper tout le monde », détaille la coiffeuse.

Face au constat d’un « besoin émergent », l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec) a développé un certificat dédié reconnu par l’État. La formation nommée « réaliser des techniques de coiffure pour cheveux spécifiques, bouclés à crépus » a vu le jour en juin 2023.

Transmission informelle

Problème, début 2025, dans toute la France, seuls cinq établissements proposent cette formation optionnelle de 217 heures. « Afin de prétendre intégrer une session de formation, le professionnel doit déjà être titulaire d’un CAP Coiffure, suivi de deux années d’expérience professionnelle dans le domaine de la coiffure ou bien être titulaire d’un brevet professionnel (BP) Coiffure ou encore justifier de quatre années d’expérience professionnelle dans le domaine de la coiffure », précise l’Unec.

« Ils veulent dire qu’il font quand même quelque chose pour les cheveux crépus, mais ce n’est pas suffisant si ce n’est qu’une option », juge Sophie, coiffeuse à Amande’illes. Même si le cheveux bouclé n’est pas au programme des CAP et autres BP, Patricia Kuntzmann intervient à l’Unité de formation d’apprentis (UFA) Oberlin-Geiler de Strasbourg. Il s’agit en réalité de quelques heures pour apprendre aux élèves les techniques de coupe ou de tressage. « Je suis fière de transmettre ces méthodes », confie Patricia. 

Face à un manque de reconnaissance officielle, la transmission informelle est donc privilégiée pour diffuser le savoir. « Beaucoup apprennent à se coiffer eux-mêmes à la maison, c’est un savoir-faire qui se transmet en famille », analyse Nicolas, le client de Patricia. Cette dernière s’entoure régulièrement de jeunes stagiaires et leur présente des techniques qu’ils ne verront pas à l’école. Deux jeunes femmes viennent d’ailleurs de pousser la porte du salon pour savoir si un stage de découverte est possible. « J’aime leur donner une chance », se réjouit Patricia en tamponnant la feuille fournie par le collège.

#coiffeur

De la prison ferme pour les anciens candidats RN en Alsace qui projetaient un attentat

De la prison ferme pour les anciens candidats RN en Alsace qui projetaient un attentat
Un groupe noénazi avec deux membres liés au FN en Alsace ont été arrêtés alors qu’ils préparaient un attentat.

Trois Alsaciens, dont deux anciens membres du Rassemblement national, ont été condamnés ce 14 février à de la prison ferme. Ils planifiaient un attentat contre une loge maçonnique.

Sept personnes, dont trois Alsaciens, membres du groupe néonazi Honneur et nation, ont été reconnues coupables d’association de malfaiteurs terroriste ce 14 février. Ils avaient été arrêtés en 2021 alors qu’ils préparaient le « projet Alsace », nom de code d’un plan d’attentat contre une loge maçonnique à Thionville. Murielle Desheraud, présidente de la 16ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, a cité comme éléments à charge « les contacts téléphoniques, les échanges sur les messageries, les rencontres physiques et les recherches d’armes ».

Deux Bas-Rhinois, Denis Lang, 60 ans, et son gendre Thibaud Rufra, 33 ans, ont écopé des peines les plus lourdes : cinq ans de prison, dont respectivement 29 et 28 mois ferme. Les deux étaient sur la liste du Front national (ex Rassemblement national) aux élections municipales à Haguenau en 2014.

Les enquêteurs avaient retrouvé des armes et de nombreux symboles nazis chez Denis Lang et l’avaient écouté tenir des propos antisémites violents au téléphone. Ils ont déterminé qu’il avait joué un rôle central dans les préparatifs du projet Alsace. Dans un plaidoyer lunaire, il a tenté de se défendre en prétextant qu’il était constamment sous l’emprise de l’alcool au moment des faits.

Peines effectuées à domicile

Les magistrats ont également estimé que les explications de Thibaud Rufra étaient « très vagues » selon les DNA. Ce dernier arbore notamment un tatouage nazi et déclarait en conversation privée sur un réseau social qu’il souhaite « fumer des youtres [qualificatif injurieux pour désigner les juifs] ou des FM [francs-maçons] ».

Le Mulhousien Jérôme Galuppini a quant à lui été condamné à 3 ans de prison avec sursis. Par ailleurs, Sébastien Dudognon, ex-responsable du Front national de la jeunesse en Corrèze, a pris cinq ans dont deux en emprisonnement ferme. Baptiste Cuny, originaire de Charente a écopé de deux ans de prison ferme. Kevin Cruel et Valérie Davis, moins impliqués, ont été sanctionnés de deux ans avec sursis.

Enfin, le huitième prévenu, Robert K., un Lorrain installé en Floride, a été relaxé. Les quatre peines de prison ferme prononcées à l’encontre de ces néonazis seront effectuées à domicile, avec des bracelets électroniques accrochés à la cheville.

Face au scandale des élèves à la rue, la mobilisation citoyenne embarrasse l’État

Face au scandale des élèves à la rue, la mobilisation citoyenne embarrasse l’État
Une cinquantaines de personnes, parents, enseignants, militants et enfants se sont rassemblées lundi 13 janvier pour soutenir l’occupation de l’école Saint-Jean.

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Crise à Sciences Po Strasbourg : une réunion pour rien

Crise à Sciences Po Strasbourg : une réunion pour rien
Mardi 30 avril, une quarantaine d’étudiantes et étudiants de Sciences Po Strasbourg ont bloqué le bâtiment du Cardo.

La direction de Sciences Po Strasbourg a rencontré une délégation d’étudiants mobilisés contre le partenariat de l’institut avec l’université israélienne Reichman jeudi 13 février. Mais aucune sortie de crise n’a pu être trouvée.

La question du partenariat de Sciences Po Strasbourg avec l’université Reichman en Israël continue d’empoisonner la vie des étudiants et du personnel de l’institut d’études politiques de l’Université de Strasbourg. Pour mémoire, ce partenariat avait été supprimé en juin grâce à une mobilisation des représentants des étudiants au conseil d’administration puis rétabli d’autorité mi-décembre par la direction de l’institution. Ce partenariat est devenu un symbole, les étudiants soutenant la Palestine estiment que l’université Reichman est trop proche de l’armée israélienne engagée à Gaza, tandis que la direction refuse de lier la politique internationale à ses choix académiques.

Le 27 janvier, les étudiants mobilisés ont bloqué les accès au Cardo, le bâtiment qui abrite l’institut d’études politiques (IEP) sur le campus de l’Hôpital civil. La direction a envoyé la police mettre fin au blocage le 30 janvier, faisant au moins un blessé parmi les étudiants. Puis le 31, des étudiants ont envahi un amphithéâtre pendant un cours, provoquant la fermeture du Cardo jusqu’au 8 février. Une partie des cours se déroulent à distance depuis cette date et la situation à l’intérieur de l’établissement est très tendue.

Référendum contre comité d’examen

Pour trouver une voie de sortie à cette situation, une délégation d’étudiants mobilisés a été reçue par la direction jeudi 13 février. Jean-Philippe Heurtin, le directeur de l’IEP, a proposé aux étudiants qu’un « Comité d’examen des partenariats internationaux » soit mis en place. Les étudiants proposent de leur côté que la question du partenariat avec l’université Reichman soit décidée par un référendum.

Une proposition repoussée par Jean-Philippe Heurtin, pour qui « le conseil d’administration est la seule instance légitime pour émettre des avis sur les partenariats académiques internationaux », selon une note transmise à l’ensemble des étudiants et du personnel. Pour les étudiants, le CA n’a plus de légitimité depuis que le vote d’octobre contre le partenariat n’a pas été respecté. Invectivés et méprisés par la direction selon un communiqué, ils ont mis fin à la réunion.

La direction prévoit désormais de solliciter l’avis de la commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU) de l’Université de Strasbourg sur ce fameux partenariat, au grand regret de Jean-Philippe Heurtin qui y voit une atteinte à « la tradition libérale d’indépendance de Sciences Po Strasbourg ».

La rémission par l’écoute de Nicolas Heyd, entendeur de voix intérieures

La rémission par l’écoute de Nicolas Heyd, entendeur de voix intérieures
Portrait de Nicolas Heyd, atteint de psychose et organisateur du groupe de parole pour des personnes qui entendent des voix, à Strasbourg, le 4 février 2025.

Depuis 2019, Nicolas Heyd organise des groupes de paroles pour les personnes accablées par leurs voix intérieures. Une entreprise de pacification, qui mise sur l’entraide entre malades, souvent psychotiques. Un engagement qui a rendu son estime à cet homme, devenu expert de ce syndrome.

Nicolas Heyd en a entendu de toutes les couleurs. Ses traits sont aussi marqués que son sourire est doux. Le barbu aux cheveux tirés en une fine natte brune l’assume : il est un entendeur de voix. Le Strasbourgeois se mobilise depuis six ans pour décomplexer les personnes qui, comme lui, peuvent souffrir de cette disposition psychique.

Président de l’association Au bon entendeur, il anime une quinzaine de groupes de paroles à travers le Bas-Rhin en partenariat avec des structures de soins en psychiatrie. Mais qu’il n’y ait pas de malentendu : l’entente de voix ne se réduit pas à une pathologie, dédramatise-t-il avec pédagogie :

« On peut entendre trois sortes de voix : la nôtre quand on réfléchit, la pensée intrusive – bonne ou outrageante, et l’hallucination auditive, qui peut s’accompagner d’hallucination visuelle. Selon les études, 7 à 14 % de la population entend l’un ou l’autre de ces types de voix alors qu’autour de 2% seulement sont diagnostiqués schizophrènes, mais aussi bipolaires ou psychotiques. »

À 42 ans, il ne s’en cache plus : lui souffre d’une psychose chronique hallucinatoire, dont il affirme être en rémission :

« J’entends des voix tous les jours, une différente chacun des 365 jours de l’année, toujours malveillantes. Mais j’arrive à les gérer. »

Un système d’alarme dangereux

Même s’il a pacifié cette cohabitation, il subit parfois encore des « crises de tétanie » :

« Les voix agissent comme un signal d’alarme quand je n’ai pas dormi ou que j’ai fait la fête. J’imagine des choses dans la télévision, j’entends des personnes qui me crient dessus à travers les canalisations, dans la pluie. C’est une telle souffrance physique et psychique que je prendrais n’importe quel médicament pour que ça cesse. »

Nicolas Heyd est victime d’hallucinations auditives, souvent malveillantes.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
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Collectivité d’Alsace : les quatre élus de gauche se divisent

Collectivité d’Alsace : les quatre élus de gauche se divisent
À gauche sur la photo, les élus Florian Kobryn (société civile) et Ludivine Quintallet (Les Écologistes). Au centre, en noir, la communiste Fleur Laronze. Il manque Damien Fremont (Les Écologistes).

Les quatre élus de l’opposition de gauche à la Collectivité européenne d’Alsace font face à une crise interne sur la présidence de leur groupe. Un renouvellement devrait être acté ces prochaines semaines.

« Un trotskiste, c’est un parti. Deux trotskistes, c’est une tendance. Trois trotskistes, c’est une scission. » La vieille rengaine militante, mâchouillée et recrachée des dizaines de fois dans les milieux communistes, peut s’utiliser à la Collectivité européenne d’Alsace (CeA). Sur les 80 conseillers qui composent l’assemblée du département, les quatre seuls élus formant l’opposition de gauche concrétisent la blague aux relents staliniens, à cause d’un conflit sur la présidence de leur groupe.

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Gel du Pass culture : les artistes et indépendants alsaciens en première ligne

Gel du Pass culture : les artistes et indépendants alsaciens en première ligne
Image d’illustration

Après l’annonce du gel des crédits alloués au Pass culture collectif, jeudi 30 janvier, les artistes, auteurs, enseignants et journalistes perdent des revenus essentiels contre la précarité de leurs situations et déplorent la suppression de passerelles vers la culture pour de nombreux élèves.

Depuis février, impossible pour un artiste de proposer un nouveau projet scolaire à une école financé grâce au dispositif collectif du Pass culture. Et pour cause. Le 30 janvier, France Inter découvrait que le budget alloué à cette enveloppe serait gelé à 50 millions d’euros jusqu’à la fin de l’année scolaire. Sur la plateforme Adage, qui fait le lien entre les propositions, les enseignants et les directions de collèges et lycées, puis qui permet de valider les financements, les projets qui n’ont pas été réservés ont disparu de la plateforme.

Une semaine d’ateliers de perdue

« On a perdu une semaine d’ateliers avec un illustrateur de bande dessinée dans un lycée en zone rurale », déplore Philippe Urbain, directeur du pôle culture de la Ligue de l’éducation du Bas-Rhin :

« Quatre classes devaient en profiter, nous avions fait des réunions avec la conseillère principale d’éducation (CPE) et la professeure documentaliste afin d’affiner le projet. Le thème était la non-discrimination, car l’auteur avait sorti un livre à ce sujet. On avait déjà travaillé, il ne manquait plus que la validation. C’est vraiment dommage. »

L’information du gel du financement lui est parvenue par l’établissement scolaire en question. « La directrice m’a dit qu’on devait se dépêcher de tout valider, mais il y a un temps de latence », déplore-t-il. En 24 heures, la plateforme Adage a été prise d’assaut. Philippe Urbain a ainsi pu « sauver » un autre projet avec un collège de Hautepierre, dans le nord de Strasbourg.

Désormais, jusqu’en juin, plus personne ne pourra proposer aux établissements scolaires d’intervenir dans leurs classes grâce à un financement du Pass culture collectif. Ce dispositif prévoit une somme par élève à destination des collèges et lycées, qui peut être utilisée par les professeurs pour organiser des activités culturelles et artistiques. En septembre 2025, 22 millions d’euros seront débloqués pour des projets menés jusqu’à décembre (soit 72 millions d’euros pour l’ensemble des collégiens et lycéens de France pour 2025).

Selon une estimation de Rue89 Strasbourg basée sur les effectifs mis en ligne par le ministère de l’Éducation et les sommes dédiées par le ministère de la Culture par élève, l’Académie de Strasbourg a dû recevoir environ 3,3 millions d’euros du Pass culture pour l’année scolaire 2023-2024.

Une résidence réduite de moitié

Pour Fanny Van Rensbergen, céramiste strasbourgeoise, cela signifie que la résidence qu’elle s’employait à faire financer avec des élèves de CAP de Mulhouse sera, faute de fonds, réduite de moitié. Avec le professeur d’arts appliqués, qui enseigne la métallurgie, elle travaillait depuis septembre à un atelier de 20 heures visant à faire découvrir le monde de la céramique aux élèves :

« Le lycée s’était débrouillé pour trouver des financements à différents endroits, dont 300 euros du Pass culture qui ont été validés. Nous comptions demander 500€ de plus pour intervenir 20 heures en tout. Finalement, nous n’interviendrons que 10 heures et je serai payée 900 euros à la place de 1 400. »

Grâce à ses connexions avec la Haute école des arts du Rhin (Hear), qui a une antenne à Mulhouse, Fanny Van Rensbergen comptait créer des liens permanents entre le lycée et l’École. « Je voulais montrer aux élèves de CAP que la Hear pouvait faire partie de leurs options pour leur orientation, même si l’établissement peut paraître élitiste », note-t-elle.

Pourtant, l’artiste réfléchit tout de même au meilleur moyen de présenter le monde de la Hear à ses futurs élèves. « On va tout de même créer une exposition, aller dans les locaux de l’école pour certains processus de la céramique qui nécessitent des fours spéciaux… Mais si je devais réaliser tout le programme que j’avais prévu pour un atelier complet, c’est sûr que je travaillerai gratuitement », souffle-t-elle, étant précisé que le prix des matériaux et des trajets s’ajoutent aux dépenses.

« Travailler avec ce dispositif ne nous apporte plus aucune garantie »

Fanny Van Rensbergen, céramiste

« Économiquement, travailler avec ce dispositif ne nous apporte plus aucune garantie », conclut la céramiste, qui évolue déjà dans l’univers des artistes plasticiens, particulièrement précaire. Les ateliers scolaires permettent à ces artistes de trouver des formes de rémunérations stables et régulières. « J’ai peur que ces dispositifs disparaissent les uns après les autres. Ce serait comme si nous n’avions aucune légitimité en milieu scolaire en tant qu’artiste », assène-t-elle.

Le professeur d’art appliqué Philippe Derrien, avec qui la céramiste avait prévu le projet, précise qu’à cause du gel, les élèves n’iront pas au musée dans le cadre de cet atelier. « L’établissement disposait d’un budget de 11 000 euros pour l’année scolaire, et là on en perd 2 400 environ », explique-t-il. Habituellement, le lycée utilise tous les crédits qui lui sont alloués :

« Pour les transports jusqu’au musée, on demande des financements à la Région. Mais le Pass culture permet de financer des classes à projets. Ces orientations sont organisées en juin pour l’année scolaire suivante. Là, le Pass ne nous permet plus que de développer des projets en cours d’année, de les adapter en fonction de l’adhésion des élèves ou non. »

Parmi les envies avortées, le professeur cite la réalisation d’une fresque avec un artiste local. « On a perdu tout le budget qui devait payer l’artiste, donc on va devoir faire autrement », explique-t-il :

« C’est irritant car le collège accueille des élèves défavorisés, pour qui l’accès à la culture n’est guère évident, surtout hors du milieu scolaire. Ils retiennent ce qu’ils veulent des projets qu’on monte, mais au moins ils vont au théâtre, au musée, ils rencontrent des artistes… C’est vrai que la culture coûte de l’argent, mais ça ne devrait pas être vu comme un problème. »

L’éducation aux médias réduite…

De son côté, Pierre Pauma, dessinateur de presse, craint pour le futur de l’éducation aux médias (EMI). « Dans mes revenus, les interventions financées par le Pass culture ont pesé pour plus d’un tiers en 2024 », estime-t-il. Depuis fin janvier, il a perdu l’équivalent de 1 500 euros de revenus.

Le Pass culture collectif permet à Pierre Pauma de vivre de son métier sans devoir le dévoyer pour trouver des sources de revenus subsidiaires, comme le publireportage (des articles payés par les clients). « L’éducation aux médias, dans une économie où les médias payent de moins en moins, me permet de vivre du dessin », explique-t-il, amer : « Si ça devait disparaître, on retournera bosser dans des bars et gagner de l’argent avec d’autres activités, on a l’habitude. »

… dans un monde d’informations en crise

Avec plusieurs collègues strasbourgeois, il a créé le collectif Debout pour l’EMI, qui cherche à mobiliser hors de l’Alsace également. Sa porte-parole, Marine Dumény, est journaliste indépendante. Elle a perdu quatre interventions d’EMI auprès d’établissements alsaciens. « Ce sont de gros projets qu’on devait attaquer en mars, un moment de l’année où les classes ont plus de temps et qui permet d’être cohérent avec les demandes des enseignants en fonction de leur avancée dans l’année scolaire », explique-t-elle.

L’absence de nouveaux ateliers l’inquiète aussi pour les jeunes qu’elle forme sur le journalisme et notamment la nécessité de s’informer à partir d’articles et de vidéos fiables :

« On parle de classes dans lesquelles les élèves s’informent par TikTok, Instagram ou Snapchat. Les élèves rejettent souvent l’image du journaliste, alors que lorsqu’ils en rencontrent une, il peut se créer un lien de confiance. Les élèves comprennent bien mieux notre métier et ses contraintes. Notre présence élargit leur vision du monde et leur fait découvrir des parties de la société qu’ils ne voient jamais sinon. »

L’annulation de ces ateliers non validés à temps met en péril l’équilibre budgétaire de la journaliste indépendante. Certaines interventions sont d’ailleurs à peine rentables pour les professionnels. « Les temps de réunions avant validation ne sont pas payés et les trajets ne sont pas toujours défrayés, donc en fonction de notre temps de préparation, on peut gagner très peu par atelier », souligne-t-elle.

Au niveau national, les mobilisations contre le gel du Pass culture s’organisent via des collectifs mais également par les syndicats. Auteurs, artistes, enseignants… « Il y a une pétition qui tourne également », explique Marine Dumény, qui précise que ce gel est inédit depuis la mise en place du dispositif en 2019.

« Le budget a été sous-doté »

Pierre Pauma, dessinateur de presse

Philippe Urbain, de la Ligue de l’enseignement du Bas-Rhin, a trouvé surprenant que ce budget soit gelé en cours d’année. « Étant donné que le montant est fixé par élève, et que les enseignants sont gestionnaires des enveloppes attribuées en début d’année, cette décision est révélatrice d’un cafouillage dans les calculs du gouvernement », estime-t-il, précisant que c’est la première fois qu’une telle décision a été prise en milieu d’année scolaire.

Pierre Pauma est plus direct :

« 72 millions d’euros pour les 5,6 millions d’élèves de France, ça fait 12,8 euros par élève. Or les sommes qui ont été allouées par le Pass culture collectif aux établissements vont de 20 à 30 euros par jeune en fonction de leur niveau. Ça veut juste dire que le budget a été sous-doté. »

Surtout, le dessinateur de presse déplore l’hypocrisie du gouvernement. « Les enseignants ne font qu’utiliser une ressource à leur disposition et on coupe les fonds en disant qu’il s’agit d’un dérapage budgétaire », souffle-t-il.

Pour le reste, il espère que les autres financements qui lui permettent d’intervenir dans les classes ne seront pas, eux aussi, gelés.

17 contrôleurs de la CTS ne sont pas assermentés

17 contrôleurs de la CTS ne sont pas assermentés
Un bus de la ligne 14.

Le syndicat Unsa de la CTS a révélé que 17 agents ont exercé une activité de police des transports sans la nécessaire assermentation. La CTS évoque des « délais anormalement longs » dans la procédure de justice.

Vendredi 14 février, les deux délégués syndicaux Unsa de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) ont informé leur directeur général, Emmanuel Auneau qu’ils comptent dénoncer un exercice illégal de contrôleurs des titres de transports.

Selon les syndicalistes, « 17 agents exercent une activité de police des transports sans assermentation depuis des mois ». Ils ont donc engagé leur responsabilité pénale, sans droit d’un titre attaché à une profession réglementée. Un délit qui peut être puni d’un an d’emprisonnement.

Doutes sur les procédures engagées

Ils dénoncent l’exposition de ces agents à des poursuites judiciaires, un non respect des méthodes et consignes, une atteinte publique à l’image et à la réputation de la CTS et plus généralement un non respect de la loi par la société des transports urbains de l’Eurométropole.

Les syndicalistes évoquent la question des « conséquences judiciaires pour la CTS des procès-verbaux » dressés par les agents non-assermentés, qui pourraient ne pas être valides.

Par écrit, la CTS précise à Rue89 Strasbourg que :

« Sur la centaine d’agents de contrôle travaillant à la CTS, il y a bien 17 agents en attente de leur assermentation administrative, pour lesquels les demandes ont été transmises en temps et en heure au tribunal et que ce dernier traite avec un délai anormalement long. Ces agents sont donc connus du tribunal et bien identifiés comme faisant partie des équipes de contrôle de la CTS. Cette situation devrait être réglée mi-mars. Ces agents en attente de leur assermentation administrative sont habilités à contrôler et travaillent en équipe avec des agents en possession de leur assermentation. »

À l’Orangerie, la transformation du zoo s’éternise

À l’Orangerie, la transformation du zoo s’éternise
Les anciens bâtiments du zoo doivent être rénovés et réaménagés pour accueillir un centre de sauvetage animé par la LPO

Après la fermeture du zoo de l’Orangerie en 2022, la transformation des locaux en « lieu de découverte et d’observation de la faune » tarde à se concrétiser.

C’était une des promesses de campagne de Jeanne Barseghian : la fermeture du zoo de l’Orangerie. Si celle-ci est bien effective depuis l’été 2022 et semble s’être déroulée dans des conditions optimales pour les animaux, l’ambitieux projet de mutation de cet espace tarde à décoller. 

En mai 2023, un appel à projet est lancé pour trouver les futurs gestionnaires en vue de créer  « un lieu familial de découverte et d’observation de la faune », selon la Ville. Un consortium d’associations l’emporte, emmené par SINE (Strasbourg initiation nature environnement), spécialiste de la nature en territoire péri-urbain et urbain et qui anime l’espace Bussière à la Roberstau. Avec eux : Alsace nature, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et Ethosph’R, une association qui étudie le comportement animal et l’éthique et offre une retraite à des animaux de laboratoire, ainsi que le GEPMA (groupement d’étude et de protection des mammifères d’Alsace). Le processus désigne également un autre lauréat : la Stiftung für Bären, fondation allemande qui accueille des loups, ours ou lynx, blessés, sauvés des zoos ou des cirques – et où ont été transférés Charlie et Catrina, deux lynx anciens pensionnaires de l’Orangerie.

C’est donc maintenant au consortium de prendre possession des lieux du zoo de l’Orangerie, composés de la partie avec les enclos désormais vides et de la partie où se trouvait la mini-ferme pédagogique.

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Bruno Retailleau à Strasbourg : l’Observatoire des libertés dénonce une entrave au droit de manifester

Bruno Retailleau à Strasbourg : l’Observatoire des libertés dénonce une entrave au droit de manifester
Observateur de l’Obslib lors de la manifestation du 1er mai 2024 à Strasbourg.

Suite à deux évènements les 10 et 11 février, l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques, rattaché à la Ligue des droits de l’Homme, dénonce des entraves aux libertés fondamentales à Strasbourg par les forces de l’ordre.

Quel point commun entre la venue du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, au café Brant près du Palais universitaire à Strasbourg lundi 10 février et l’évacuation du camp de sans-abris du parc Eugène Imbs à l’ouest du quartier Laiterie, le lendemain ? Selon l’Observatoire strasbourgeois des libertés publiques (Oslib), ces deux évènements ont été les scènes d’entraves à des libertés fondamentales.

Lundi 10 février, alors que les observateurs bénévoles de l’Oslib se tenaient à quelques mètres du café où le ministre de l’Intérieur rencontrait des militants des Jeunes Républicains du Bas-Rhin, les forces de l’ordre leur ont demandé de partir. Selon le rapport de l’Oslib, ses membres ont vu leurs identités contrôlées. Les forces de l’ordre auraient expliqué que toute manifestation était interdite. Mais les membres de l’Oslib ont vérifié : aucun arrêté préfectoral n’a été pris en ce sens.

Manifester est un droit

Or, les manifestations sont par principe autorisées sur la voie publique et constituent un droit fondamental, lié à la liberté d’expression. Si la préfecture n’interdit pas explicitement un rassemblement, celui-ci ne peut pas être considéré comme illégal. Dans le rapport, l’organisation explicite :

« L’Oslib regrette la confusion qui est encore faite par les forces de l’ordre entre manifestation spontanée qui n’a pas été régulièrement déclarée et manifestation interdite qui nécessite qu’un arrêté constatant le risque de trouble à l’ordre public ait été édicté par le préfet, ce qui n’était pas le cas. L’Oslib rappelle également que la participation à une manifestation spontanée n’est pas constitutive d’une infraction pénale et que les forces de l’ordre ne peuvent dissiper un tel rassemblement que s’il est effectivement constaté un trouble à l’ordre public. »

Par ailleurs, l’Oslib note que toutes les personnes aux alentours du café qui ne semblaient pas s’y rendre ont été contrôlées par la police et qu’il leur a été demandé de quitter les lieux. Étant donné qu’une manifestation n’a pas à être autorisée pour être légale et que les attroupements ne sont dispersables que s’ils constituent un trouble à l’ordre public, l’Oslib voit dans ces évènements une entrave au droit de manifester :

« Cette pratique s’est accompagnée d’intimidations par le contrôle systématique des identités et la prise de photos des documents d’identité et de pressions en utilisant une fausse information, à savoir que la manifestation avait été interdite alors qu’aucun arrêté d’interdiction n’avait été pris par la préfecture du Bas-Rhin. »

Le lendemain, mardi 11 février, le camp de sans-abris du parc Eugène Imbs a été évacué par la préfecture, avec le concours de la police nationale (voir notre article). Alors que les observateurs voulaient simplement remplir leur rôle, ils ont été, comme les journalistes, éloignés du site et n’ont pas pu voir les interactions entre forces de l’ordre et personnes évacuées. L’organisation dénonce, là encore, une atteinte à la liberté des observateurs et observatrices.

Des anciens candidats du RN en Alsace jugés pour un projet d’attentat néonazi

Des anciens candidats du RN en Alsace jugés pour un projet d’attentat néonazi

Huit membres d’une cellule terroriste néonazie projetaient un attentat contre une loge maçonnique. Trois sont d’anciens membres du Rassemblement national. Le Parquet national antiterroriste vient de requérir à l’encontre de ces derniers des peines de quatre et cinq ans de prison.

Le 22 septembre 2021, Sébastien Dudognon est interrogé par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à propos de l’un de ses complices présumés.

« Quelles étaient les idées politiques de Denis Lang ?

— Les mêmes que moi.

— Développez. 

— Il est nationaliste. Comme moi, un peu néonazi aussi. (…) Après, lui, c’était peut-être un peu plus dur.

— C’est-à-dire ?

— Il aurait pu refaire 1939-1945 avec les juifs, ça l’aurait pas dérangé. 

— Développez. 

— Les meurtres de masse, lui, ça ne le dérangeait pas, moi ça me dérangeait quand même un peu. »

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Le nez dans ses moisissures, Batigère promet des rénovations pour deux tours à Lingolsheim

Le nez dans ses moisissures, Batigère promet des rénovations pour deux tours à Lingolsheim
D’imposantes moisissures recouvrent les murs et les plafonds dans des tours appartenant à Batigère, à Lingolsheim.

La Confédération syndicale des familles visite les 120 appartements de deux tours HLM à Lingolsheim. Elle espère obtenir des améliorations concrètes en répertoriant les nombreux signes d’insalubrité des logements.

Une trace de 20 centimètres de moisissure s’étend sur toute la longueur du plafond. Idriss et son épouse passent leurs nuits dans un lit positionné juste en dessous. « Ça goute parfois, dit-il en pointant le coin de la pièce où de l’eau perle. Tous les ans à la fin de l’hiver, je nettoie et je refais la peinture. » Il sort son téléphone pour montrer les demandes transmises à Batigère, son bailleur :

« Ils n’envoient jamais personne. À l’oral ils me disent qu’ils ne peuvent rien faire. Le problème existe depuis qu’on est arrivé ici en 2019. On a deux enfants, et on paye 915 euros par mois. Je donne de l’argent pour ça… »

Ce 11 février, Idriss peut parler de son logement à la Confédération syndicale des familles (CSF). L’organisation souhaite rendre visite à tous les locataires de deux tours au 11 rue du Général-de-Gaulle, à Lingolsheim. « On a d’abord remarqué que, sur la plateforme Histologe, il y avait beaucoup de signalements pour des moisissures, des fuites, des coupures de chauffage et d’eau chaude », explique Grégoire Ballast, chargé de mission de la CSF.

Rentrer dans chaque logement

Le syndicat a organisé une réunion en pied d’immeuble le 16 janvier. Une cinquantaine de locataires ont pu témoigner de l’état de leurs appartements. La CSF a ensuite transmis ces éléments à Batigère. « Le bailleur nous a répondu qu’il a connaissance d’une vingtaine de logements avec des soucis, relate Colin Riegger, secrétaire général de la CSF 67. D’après eux, si les troubles sont plus nombreux, c’est qu’ils n’ont pas l’information parce que les locataires ne leur ouvrent pas. »

La Confédération syndicale des familles a donc décidé de prouver qu’il était possible de rentrer dans tous les logements. « C’est la troisième fois qu’on vient depuis début février. On aura pu entrer dans 100 appartements à la fin de la journée », remarque Colin Riegger :

« On va dresser une liste des problèmes rencontrés qu’on va donner à Batigère à la fin, pour qu’ils se l’approprient. Ils ne pourront plus jouer sur le fait qu’ils ne savent pas tout. »

« Bonjour, on est un syndicat de locataires, on voulait savoir si vous aviez des problèmes de moisissures ou d’humidité chez vous. » Marjorie Hemar, de la CSF, n’a pas besoin d’insister. Mohamed lui ouvre et l’a fait directement entrer dans ses toilettes. Après une intervention du bailleur sur une fuite d’eau à l’été 2024, le mur censé cacher les tuyaux n’a jamais été réinstallé.

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L’UNI suspend sa section strasbourgeoise et son président

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La rédaction de Rue89 Strasbourg enquête sur les extrêmes droites depuis de nombreuses années. Violences commises par un groupuscule de hooligans néo-nazis, combines des nationalistes pour récolter des subventions du Parlement européen, conférences d’une organisation antisémite dans des locaux d’églises catholiques ou protestantes… Grâce à notre travail d’investigation, ces informations ont été révélées au public alsacien.

Guillaume Krempp suit de près l’actualité des droites radicales à Strasbourg et en Alsace. Son travail dérange : en 2023, il a été menacé par les hooligans de Strasbourg Offender lors d’un rassemblement organisé par l’Action française.

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