Les oppositions au tram nord ne proviennent pas que des préférences de tracé. Dans ce projet d’urbanisme, le débat est aussi révélateur des différences idéologiques sur la ville et ses fonctions.
Les discussions sur l’extension du tramway vers le nord de l’agglomération peuvent rapidement devenir picrocholines sur le nombre de virages ou la vitesse d’exploitation. Pourtant, le projet vise plutôt à réunir Strasbourg à Schiltigheim, tout en créant trois espaces de vie : l’avenue des Vosges, le parc de la place de Haguenau et la route de Bischwiller à Schiltigheim.
Car ce qui est en débat n’est pas tant le coût au kilomètre mais la place de la voiture en ville, l’espace accordé aux piétons, aux cyclistes et aux espaces à vivre. En charge du projet pour l’Eurométropole, Alain Jund (EE-LV) défend « une transformation de l’urbanité de cette agglomération ». Un vocabulaire d’urbaniste, ce qui n’est pas surprenant pour Alain Jund, mais qui révèle un choix politique : empêcher le trafic de transit entre Schiltigheim et l’avenue de la Paix à Strasbourg, c’est à dire faire disparaître les voitures avenue des Vosges.
Cette ambition, transformatrice pour cette portion du tissu urbain, a bien été comprise par les oppositions, ce qui explique leur intense mobilisation depuis que le projet est entré dans une phase concrète.
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La préfecture du Bas-Rhin a annoncé que 115 interventions auront lieu pendant les trois semaines à venir, menées par environ 3000 forces de l’ordre. L’opération « place nette XXL » vise à « lutter contre les stupéfiants et toutes ses conséquences ».Photo : Rue89 Strasbourg
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Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
L’épicerie solidaire de Caritas au Neuhof tourne notamment grâce à 40 bénévoles.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Caritas a inauguré une épicerie solidaire dans le quartier du Neuhof jeudi 4 avril. L’association y propose des aliments, des jouets, des habits ou encore de la vaisselle à bas prix, pour des personnes dans le besoin.
Après l’épicerie solidaire de Cronenbourg ouverte en 2022, Caritas Alsace inaugurait son deuxième magasin social à Strasbourg, au Neuhof, rue Antoine Heitzmann, jeudi 4 avril : la Maison Saint Ignace. Olivier Coupry, le directeur de l’association, se réjouit de présenter « ce local de 428 mètres carrés, mis à disposition par la paroisse Saint Ignace pour un euros symbolique par an dans le cadre d’un bail emphytéotique ».
En réalité, le magasin a débuté son activité progressivement depuis novembre 2023, comme l’explique Lucie Scherrer, référente de l’épicerie solidaire :
« Les familles doivent être dirigées vers nous par des travailleurs sociaux. Les seuls critères sont d’être en difficulté financière et d’habiter au Neuhof. Depuis le 24 janvier, nous avons 45 foyers inscrits, ce qui correspond à 148 personnes, dont 49 enfants de 0 à 14 ans. On a aussi des hommes et des femmes seules. »
Lucie Scherrer est l’unique salariée de Caritas au niveau de la Maison Saint Ignace.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Payer 10% du coût des aliments
Chaque foyer a le droit de venir une fois par semaine et de récupérer l’équivalent de 30 euros de denrées plus sept euros par personne dans le foyer. Les clients ne payent que 10% du coût des produits, soit une réduction de -90%. Par exemple, une mère célibataire ayant deux enfants peut faire des courses pour 44 euros mais elle ne paye que 4,40 euros.
« Nous proposons des produits variés qui viennent de la banque alimentaire ainsi que des fruits, des légumes et des œufs en provenance de fermes locales », précise Lucie Scherrer. Le directeur de Caritas Alsace Olivier Coupry explique que l’objectif est également « de permettre une dignité alimentaire. Ici les bénéficiaires ont le choix de ce qu’ils souhaitent acheter ».
Une autre pièce fait office de boutique avec des habits et de la vaisselle de seconde-main.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Dans une pièce voisine, Caritas a installé une boutique avec divers articles comme de la vaisselle, des habits ou des jouets pour enfants, vendus à bas prix. « L’aménagement nous a couté 550 000 euros au total, dont 200 000 euros partagés équitablement entre la Ville de Strasbourg et la Collectivité européenne d’Alsace », détaille le directeur de Caritas Alsace.
Pascale Jurdant-Pfeiffer (à gauche de la photo), élue de la Collectivité européenne d’Alsace, et Jeanne Barseghian (à droite), maire de Strasbourg, ont fait des discours pour l’inauguration de la maison Saint Ignace.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
L’épicerie solidaire se veut en plus un lieu d’accueil et d’échange, pour engager un accompagnement des personnes aidées. Une permanence devrait être disponible tous les jours d’ici quelques semaines. Caritas a par exemple aménagé une cuisine pour organiser des ateliers.
La Ville et la CeA en soutien
L’inauguration a eu lieu jeudi 4 avril en présence de la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (EE-LV) et de la conseillère d’Alsace Pascale Jurdant-Pfeiffer. Le financement du fonctionnement de la Maison Saint Ignace « n’est pas encore définitivement fixé », confie Olivier Coupry : « La Ville et la CeA vont aussi certainement participer. » Caritas Alsace, qui a pris en charge les travaux à hauteur de plus de 300 000 euros ainsi que tout le mobilier, doit assurer le salaire de la référente Lucie Scherrer. Cette dernière est appuyée par une équipe de 40 bénévoles, qui devrait encore grossir, pour assurer les permanences :
« Aujourd’hui, l’épicerie est ouverte le jeudi toute la journée et à partir de la semaine du 8 avril on élargira au vendredi matin. La boutique sera ouverte le lundi et le vendredi après-midi. L’activité augmente petit à petit. »
En Allemagne, la mise en place de l’écotaxe a permis d’investir des milliards d’euros dans les transports sans grever l’industrie.Photo : Markus Spiske / Pexels / cc
Dans une tribune adressée à Rue89 Strasbourg, 17 élus écologistes et socialistes du Grand Est appellent l’État à mettre en place une taxe spécifique pour les poids lourds transitant par la région. Cet appel fait ressurgir l’écotaxe, un dossier assez consensuel chez les élus alsaciens mais qui s’est toujours heurté aux aléas des arbitrages gouvernementaux.
Assez de tergiversation, pas de renoncement !
Pour l’Alsace, pour le Grand Est, le déploiement sans plus tarder de l’éco-contribution poids lourds sera un levier fort d’innovation, de réduction des nuisances, d’amélioration de la santé publique par la qualité de l’air, de déblocage des transports et des mobilités.
L’avenir des transports est décarboné : la fin nécessaire des moteurs thermiques, l’essor des modes ferroviaire et fluvial, la relocalisation industrielle et le déploiement d’une économie circulaire sont les vecteurs de la modernité verte.
La résistance du secteur des transports
Pour réussir cette transition, il faut actionner les bons leviers, mobiliser les investissements financiers, rééquilibrer la compétitivité au profit des modes de transports vertueux. Il faut accélérer les changements en adoptant de nouvelles normes et objectifs cadres, mais également en accompagnant les plus précaires et en développant des aides sociales pour les rendre possibles.
Notre pays accuse une incapacité chronique à engager cette transition : le secteur des transports qui représente le tiers des émissions de gaz à effet de serre. Il est le seul à ne pas les réduire et même le seul à les augmenter depuis 1990.
En première ligne, l’Alsace et la région Grand Est subissent depuis des dizaines d’années cette fâcheuse exception française qu’est l’absence de fiscalité de régulation du trafic de poids lourds, à contre-courant de l’essentiel de nos voisins européens. Les pays frontaliers du Grand Est ont déployé cet outil, l’ont adapté pour qu’il soit viable pour les transporteurs et les acteurs économiques et le renforcent aujourd’hui. D’ailleurs l’Allemagne l’augmente et l’élargit dès ce 1er juillet aux véhicules utilitaires à partir de 3,5 tonnes, avec dérogation pour les artisans.
Si l’Alsace et le Grand Est traînent à y répondre, les reports indésirables de camions vont nettement s’aggraver et détériorer encore davantage nos routes. Nous en appelons donc à la détermination de la Collectivité Européenne d’Alsace pour qu’elle déploie sans plus tarder son dispositif, sans se laisser impressionner par des contestations convenues : se mettre au diapason de l’Outre-Rhin ne va pas ruiner les acteurs de la logistique, bien au contraire !
Nous en appelons à la région Grand Est pour qu’elle mette en place l’éco-contribution poids lourds sur ses axes structurants comme le lui permet la « loi Climat et Résilience ». C’est ainsi que seront contrés les reports de trafic de passage, que seront favorisés l’optimisation logistique et le report modal, que seront dégagés des moyens pour accompagner la décarbonation des véhicules, les investissements routiers de modernisation. En Allemagne, une part du produit de la LKW-Maut va être dorénavant affectée à l’essor ferroviaire. Prenons exemple sur eux !
L’équation est simple : sans taxation de même niveau que nos voisins, nous continuerons à subir les dégâts, les nuisances ; nous resterons cantonnés dans l’incapacité à réussir la transition des transports de demain.
France, Strasbourg, 05-10-2023. Au parc des Glacis, des tentes sont installées sous les remparts, dans chaque alcôve. Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
Mis en avant au début du mandat de la municipalité écologiste, la promesse de l’habitat intercalaire peine à se concrétiser à Strasbourg. Les projets en cours sont rares et constituent une « goutte d’eau » face au problème croissant du sans-abrisme.
Khatuna et ses deux enfants ont enfin un toit. Après la mobilisation de la communauté éducative du collège Lezay Marnesia pour les deux élèves sans-abris, la municipalité écologiste est parvenue à concrétiser un projet d’habitat intercalaire. Le principe est simple : lorsqu’un bâtiment reste vide et dans l’attente d’une rénovation ou d’une destruction, il peut accueillir des personnes dans le besoin. Début 2024, deux familles ont ainsi pu trouver refuge « dans une grande maison avec jardin dans le quartier Montagne Verte », comme le décrit la présidente de l’association Les Petites Roues, Sabine Carriou.
« Comment ça se passe après ? »
Au départ, cette solution d’hébergement temporaire devait durer jusqu’au 31 mars pour les deux familles. À l’approche de la fin de la trêve hivernale, la Ville de Strasbourg a finalement décidé de prolonger la convention d’occupation jusqu’au 30 juin. Mais la limite de l’habitat intercalaire reste la même. « C’est toujours temporaire. Comment ça se passe après ? Ça sera retour sous tente et à nouveau la galère », résume Sabine Carriou.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Vue de l’école du Conseil des XV.Photo : capture d’écran / Google Maps
Depuis le 30 janvier, une classe de CP de l’école du Conseil des XV à Strasbourg n’a plus d’enseignante. L’Académie de Strasbourg s’avoue incapable de la remplacer.
Depuis le 30 janvier 2024, la maîtresse de la classe de CP internationale de l’école primaire du Conseil des XV est absente pour des raisons de santé. Malgré les alertes des deux représentantes élues des parents d’élèves, l’Académie de Strasbourg ne l’a toujours pas remplacée, laissant une vingtaine d’élèves apprendre à écrire sans enseignant.
L’équipe pédagogique de cette vaste école près de la cité Rotterdam a été mise à contribution, en accueillant dans leurs classes une partie de ces élèves. Mais, pour les parents d’élèves de l’école, cette situation ne peut plus continuer. D’autant qu’ils ont appris au retour des vacances d’hiver que l’enseignante serait probablement absente… jusqu’à la fin de l’année scolaire.
L’Académie de Strasbourg « mobilisée » mais…
Aux parents d’élèves, l’inspecteur d’académie en charge de cette école a répondu que les services de l’Académie de Strasbourg sont « confrontés à des difficultés de remplacement ». Il poursuit :
« Nous ne pouvons surmonter [ces difficultés] en totalité malgré la mutualisation de moyens, dans une logique de solidarité entre circonscriptions et le recrutement de personnels en complément ».
Contacté par Rue89 Strasbourg, le rectorat de l’Académie précise :
« L’Académie de Strasbourg est engagée dans une campagne de recrutement de professeurs remplaçants contractuels, en particulier pour pourvoir les postes d’enseignants des écoles du Conseil des XV et Schumann (où une enseignante n’a pas été remplacée pendant quatre semaines, NDLR) dans lesquelles l’offre d’enseignement international rend la situation plus complexe. Ces contractuels bénéficient d’un accompagnement avant leur prise de fonctions. Nous sommes activement mobilisés sur ces deux situations. »
Pour les parents d’élèves élus, cette réponse est inacceptable et s’explique surtout par des restrictions budgétaires. Comme l’explique l’une d’entre elles, Lara Delage :
« On sait très bien que l’Éducation nationale a drastiquement réduit le nombre d’enseignants remplaçants pour faire des économies. On subit aujourd’hui les conséquences de cette politique, a fortiori sur une classe prioritaire comme le CP ! Nous avons été patientes, nous sommes déterminées et prévoyons d’autres actions si l’Académie continue de priver ces élèves d’un professeur. »
Classe de printemps envisagée
Parmi les actions envisagées, Lara Delage évoque la tenue d’une classe devant l’école, menée par l’un des parents d’élèves par ailleurs enseignant à mi-temps. Ce même parent, professeur de l’Éducation nationale en disponibilité, a proposé officiellement ses services à l’Académie de Strasbourg.
Les parents d’élèves élues déplorent une « perte du goût de l’école » chez les enfants de cette classe, puisqu’ils n’ont plus vraiment de rythme de classe, ni de progression. Leur cycle piscine a également été annulé. Elles indiquent en outre étudier de possibles actions en justice contre l’État, pour manquement à ses obligations.
Le procès de l’attentat de Strasbourg s’est tenu au Palais de justice de Paris du 29 février au 5 avril.Photo : Maud de Carpentier / Rue89 Strasbourg
Après cinq semaines de procès, les magistrats de la Cour d’assises spéciale de Paris ont rendu leur verdict jeudi 4 avril. Ils ont condamné le principal accusé à 30 ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes criminelle.
Le 11 décembre 2018, Chérif Chekatt tuait cinq passants en plein Marché de Noël de Strasbourg, et en blessait onze autres. Cinq années ont passé. Le temps long de la justice et de l’enquête est désormais terminé. Ce jeudi 4 avril 2024, c’était enfin celui du verdict. Un verdict attendu par la centaine de parties civiles déjà reconnues par la justice. Une quarantaine ont fait le déplacement pour être présentes ce jeudi soir, dans l’immense salle d’audience spécialement construite pour les procès d’attentats, au sein du Palais de justice de Paris, situé sur l’île de la Cité.
Audrey Mondjehi : coupable d’association de malfaiteurs terroristes
Après avoir délibéré près de dix heures, les cinq magistrats de la Cour d’assises spéciale de Paris ont finalement condamné le principal accusé, Audrey Mondjehi, en retenant l’association de malfaiteurs terroristes criminelle. En revanche il est acquitté pour la complicité d’assassinats et de tentatives d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste. Selon Corinne Goetzmann, la présidente de la Cour, Audrey Mondjehi a été condamné en raison de sa « très grande proximité » avec l’assaillant, et parce qu’il « avait connaissance de [sa] radicalisation violente ».
Il écope de 30 ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté des deux tiers. Peine conforme à ce qu’avaient requis la veille les deux représentants du Parquet national antiterroriste. Selon les deux avocats généraux, l’Ivoirien de 42 ans, à la petite carrière de rappeur en Alsace, « ne pouvait pas ne pas savoir » quel était le projet de son ami Chérif Chekatt.
La Cour a également prononcé l’interdiction définitive du territoire français contre le quadragénaire, qui a accueilli le verdict dans le calme, selon nos confrères des DNA présents à l’audience.
Christian Hoffman et Frédéric Bodein, condamnés
Concernant les trois autres accusés, Christian Hoffmann, qui a reconnu avoir fourni deux armes à Chérif Chekatt – dont l’une était défaillante et l’autre n’a pas été utilisée lors de l’attentat – a été condamné à cinq ans d’emprisonnement, dont six mois avec sursis, pour association de malfaiteurs de droit commun.
Frédéric Bodein, qui avait mis en relation le terroriste Chérif Chekatt avec Albert Bodein – le vendeur du pistolet qui a servi lors de l’attentat, a également été condamné pour association de malfaiteurs de droit commun. Il écope de quatre ans de prison avec un an de sursis probatoire. Peine légèrement plus faible que celle préconisée par le parquet, qui avait requis cinq ans de prison.
Son grand frère, Stéphane Bodein, a quant à lui été acquitté. Lors de l’enquête et des différentes auditions, il est apparu comme étant celui qui avait refusé d’ouvrir la porte à Chérif Chekatt quelques jours avant l’attentat.
Le grand absent de ce procès – outre le terroriste qui avait été tué deux jours après l’attentat, lors d’une chasse à l’homme dans le quartier du Neudorf à Strasbourg – c’était Albert Bodein. L’octogénaire, qui a vendu le pistolet qui a servi lors de l’attentat du 11 décembre 2018, dont l’état de santé est instable, sera jugé ultérieurement.
Au lendemain du verdict, les avocats d’Audrey Mondjehi ont annoncé que leur client allait faire appel de sa condamnation.
Diplômée à Lille en 2012. Après Paris et Marseille, je me suis installée à Strasbourg en 2020. Je suis aujourd’hui indépendante en radio et web, pour Rue89 Strasbourg, Mediapart, Louie Media et France Culture. J’aime les reportages et les enquêtes au long cours, sur les sujets de société et sur notamment sur les violences sexistes et sexuelles.
Mercredi 3 avril, le ministre délégué aux Transports a annoncé qu’un « pass rail » serait mis en place à l’été 2024, permettant de voyager en TER illimité contre 49 euros par mois. La Région Grand Est veut l’étendre aux Länders voisins.
L’offre est réservée aux moins de 27 ans. En juillet et en août 2024, ils pourront voyager de façon illimitée en TER et train Intercités dans toutes les régions de France, exceptée l’Île-de-France. Le « pass rail » coûtera 49 euros par mois et devrait bénéficier à 700 000 jeunes, selon les calculs du gouvernement.
Il s’agit pour 2024 d’un dispositif expérimental, selon le journal La Croix, qui pourrait être renouvelé en 2025. Pendant les étés 2020 et 2021, un titre de transport à 29 euros par mois avait été créé pour « inciter les jeunes à voyager ». Il est financé à 80% par l’État et à 20% par les Régions, dont dépendent les TER.
Une volonté d’étendre à l’Allemagne
Dans un communiqué, le président de la Région Grand Est Franck Leroy a affirmé jeudi 4 avril 2024 vouloir combiner cette offre avec un « pass transfrontalier ». Il permettrait d’utiliser le titre de transport français dans les trois Länders allemands frontaliers – Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Sarre.
Comme le précise France 3 Alsace, la Région Grand Est travaillait déjà à proposer un tarif de transport ferroviaire local et transfrontalier pour les moins de 26 ans sous la forme d’un pass à 29 euros par mois – pour voyager entre les trois Länder et tout le Grand Est. Des négociations « en passe d’aboutir », explique Thibaud Philipps, vice-président de la Région en charge des mobilités à nos confrères.
Une marche silencieuse pour la Palestine aura lieu à Strasbourg samedi 6 avril.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Le collectif Strasbourg Palestine appelle à manifester silencieusement samedi 6 avril, contre les bombardements meurtriers de l’armée d’Israël à Gaza. Le collectif Palestine 67 organise une marche pour les mêmes raisons au même moment.
« On exige un cessez-le-feu immédiat », clame Leila Sihabi, du collectif Strasbourg Palestine, qui donne rendez-vous samedi 6 avril à 14h place Kléber pour une marche silencieuse. Les manifestants feront une boucle dans le centre-ville et finiront au point de départ, place Kléber.
« Nous voulons dénoncer le silence complice de la France et de la communauté internationale face aux massacres d’Israël à Gaza, qui sont un génocide pour nous, avec des bombardements quotidiens », précise Leila Sihabi :
« L’impunité d’Israël est insupportable. On attend des actions concrètes de l’État français, des sanctions économiques et diplomatiques. Et que la France arrête de vendre des armes à Israël. Nous demandons aussi des condamnations par la Cour pénale internationale. »
Selon l’Unicef plus de 32 000 personnes sont décédées dans la bande de Gaza depuis le début de l’intervention armée d’Israël en octobre 2023, dont près de 15 000 enfants, mais des dizaines de milliers d’autres seraient portées disparues.
Une autre marche place Dauphine
Le même jour à 14 heures également, le collectif Palestine 67 organise une marche intitulée « Six mois de massacre à Gaza : Halte au génocide ». Au départ de la place Dauphine (en face du centre commercial Rivetoile), elle cheminera jusqu’à la place du Château.
Le collectif exige également un cessez-le-feu immédiat, ainsi que l’arrêt de la vente d’armes par la France à Israël et des sanctions à l’encontre de l’État d’Israël.
Kathia Cohen et Marion Le Roy cherchent à détecter et prévenir des situations sociales qui pourraient dégénérer.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc
À la marge des opérations de maintien de l’ordre, la gendarmerie du Bas-Rhin dispose depuis 2007 d’un service d’intervention sociale. Son objectif est de détecter et prévenir les problèmes sociaux puis d’orienter vers des structures d’aide existantes.
Neuf heures du matin à la caserne Sénarmont, dans le quartier de la Laiterie à Strasbourg. Au rez-de-chaussée du bâtiment de briques rouges, Kathia Cohen et Marion Le Roy sont en pleine discussion. Oreillettes autour du crâne, chacune dans son bureau, l’une rassure une grand-mère, l’autre tente de trouver un hébergement d’urgence à un homme sans-abri et propriétaire d’un chien.
À l’autre bout du fil, des messieurs et madames tout le monde avec lesquelles elles entrent en contact suite à un signalement en provenance des 38 brigades de gendarmeries du Bas-Rhin, « Ça peut être un petit truc, un signe que ça ne va pas, qu’une situation pourrait empirer ou qu’il y a un mal-être », résume Marion Le Roy. En 2023, elles ont pris en charge 3 300 situations.
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Isabelle Kraus, vice-présidente Égalité, parité, diversité à l’Université de Strasbourg.Photo : Catherine Schröder / Université de Strasbourg
En charge de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles à l’Université de Strasbourg, Isabelle Kraus rappelle les actions menées après le retour dans un bâtiment universitaire d’un homme exclu suite à des accusations de harcèlement.
Dans une vidéo publiée mardi 2 avril sur Instagram, le collectif antifasciste Jeune Garde revendique l’exclusion de David (le prénom a été modifié) d’un cours de l’Université de Strasbourg (Unistra). Ancien étudiant, aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années, ce dernier avait fait l’objet de signalements pour des harcèlements sexistes, comme l’a décrit une enquête de Rue89 Strasbourg en septembre 2020. Grâce à l’association féministe Ru’elles, plusieurs témoignages avaient été transmis à la direction de l’Unistra, qui avait fini par prendre un arrêté en octobre 2020. David est depuis interdit de présence dans les bâtiments universitaires strasbourgeois.
Le retour de l’étudiant exclu
Accusé par plusieurs étudiantes de harcèlement entre 2014 et 2019, David n’a pas respecté l’arrêté pris par l’Université de Strasbourg. Mercredi 20 mars, deux étudiantes et militantes de la Jeune Garde reconnaissent David dans une salle de l’Université lors d’une conférence. Elles lui rappellent alors l’arrêté qui lui interdit de s’inscrire et de se rendre dans un bâtiment de l’Unistra. Bientôt assistées par deux agents de sécurité, elles parviennent à faire sortir l’ancien étudiant.
Responsable de la cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, Isabelle Kraus rappelle l’action de l’Unistra dans cette affaire.
Une exclusion de toutes les universités
Rue89 Strasbourg : Pouvez-vous rappeler la décision de l’Université de Strasbourg fin 2020 concernant l’étudiant accusé de harcèlement par plusieurs étudiantes ?
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
De l’accueil au tribunal à l’organisation du paiement des experts judiciaires, les greffiers et greffières sont présentes à chaque étape du fonctionnement de la justice. Au tribunal judiciaire de Strasbourg, 60 postes ne sont pas pourvus et les promesses d’embauches sont reçues avec scepticisme.
Dans le tribunal judiciaire, quai Finkmatt à Strasbourg, les greffiers et greffières sont partout. Du courrier aux services en passant par les salles d’audience, tous ne portent pas la robe. C’est le cas des trois greffières en charge du Service d’accueil unique du justiciable (SAUJ), situé à droite de l’entrée après des portes fumées grises et coulissantes. Derrière des comptoirs hauts et une vitre équipée d’un micro, elles sont le premier contact avec les services du tribunal une fois passés les agents de sécurité.
Tâches multipliées, travail compliqué
Au SAUJ, les greffières doivent parfois s’armer de patience face aux personnes qui viennent les voir. « Certains arrivent en disant simplement qu’il faut vite qu’ils aient accès à leur dossier, sans donner le numéro », explique Caroline Barthel, greffière et secrétaire régionale de l’Unsa Services Judiciaires :
« On comprend bien que pour elles et eux, c’est le dossier de leur vie. Mais il nous faut plus d’éléments pour pouvoir orienter quelqu’un. »
« Lorsque nous avons tout de suite les réponses qu’il leur faut, les personnes comprennent », appuie l’une des greffières, soulignant que les personnes qui s’adressent à elles peuvent être en détresse. « Parfois les gens s’énervent mais ils reviennent pour s’excuser, ce n’est pas après nous qu’ils en ont ». Lorsque quelqu’un parle mal français ou ne sait pas lire, elles multiplient les solutions de fortune pour aider la personne, sans avoir accès à un interprète. « Ça peut prendre du temps, mais on y arrive toujours, avec une application de traduction ou en faisant des mixes entre plusieurs langues », affirme-t-elle.
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L’Alsace, zone frontalière, a vu s’implanter des réseaux très organisés de trafiquants de drogue.Photo : Rue89 Strasbourg
Le groupe interministériel de recherches contre l’économie souterraine en Alsace a présenté son activité mardi 2 avril. Dans la région, 6,5 millions d’euros de biens ayant un lien avec les trafics ont été saisis en 2022 et 2023.
« En 2022 et 2023, on a eu une trentaine d’opérations judiciaires et une centaine de personnes mises en cause », résume Arnaud Wolff, chef du groupe interministériel de recherches (GIR) de Strasbourg, qui couvre toute l’Alsace. Cette structure vise à lutter contre les réseaux les plus organisés de l’économie souterraine, en partie grâce à des compétences fiscales et une capacité à estimer des revenus issus d’activités illicites.
« Nous sommes onze agents permanents, de la police, de la gendarmerie, du fisc et des douanes », précise Arnaud Wolff, lors d’une présentation du bilan du GIR à la presse, mardi 2 avril. Ces fonctionnaires sont mandatés par les procureurs de la République pour intervenir, par exemple, dans le cadre de perquisitions et de confiscations d’avoirs criminels.
Le but est notamment d’appréhender le blanchiment d’argent, d’identifier les biens en lien avec les trafics, et ainsi de « neutraliser les individus qui vivent de ça ». « Cela permet des mises en cause liées à ces éléments », ajoute Éric Lallement, procureur général près de la Cour d’Appel de Colmar.
Saisies de sacs à main Hermès
« Nous avons réalisé l’équivalent de 6,5 millions d’euros de saisies pénales en 2022 et 2023, poursuit le responsable du GIR de Strasbourg, il s’agit de divers types de biens comme des véhicules servant à la logistique des réseaux, des montres… Les compagnes des trafiquants ont parfois cinq ou six sacs à main Hermès à 6 000 euros. » Arnaud Wolff se souvient également de la saisie d’un « cheval de course il y a deux ou trois ans ».
« Le GIR permet aussi de récupérer l’argent de l’économie souterraine qui a échappé au fisc, en taxant le revenu criminel », se réjouit il :
« En travaillant sur les systèmes de blanchiment d’argent, nous avons recouvert quatre millions d’euros de manque à gagner de cotisations sociales en 2022 et 2023 en Alsace. »
Si le groupe interministériel de recherches s’intéresse à d’autres composantes de l’économie souterraine, comme le travail dissimulé et la fraude fiscale, la majorité de ses actions concernent quatre types de stupéfiants : la résine et l’herbe de cannabis, la cocaïne et l’héroïne. Arnaud Wolff évoque « des groupes criminels très structurés » :
« En Alsace, on est sur un secteur avec une forte délinquance organisée, liée aux frontières, dont les épicentres sont à Strasbourg et Mulhouse, même si on constate de l’activité en zone rurale. Les organisations se spécialisent dans les différents types de produits. En ce moment, on a une abondance de cocaïne arrivant depuis les grands ports européens. C’est un produit qui rapporte beaucoup d’argent aux trafiquants. »
Les enquêtes du GIR durent souvent environ un an et demi selon Arnaud Wolff. Elles ont permis en 2022 et 2023 la saisie de 1,8 tonne de cannabis, de 11 kilogrammes (kg) de cocaïne et de 70 kg d’héroïne. Mais cette unité vise davantage les capitaux, pour éviter que les criminels parviennent à « accumuler de l’argent ou à en mettre de côté ».
Reportage en 2020 avec Elise, infirmiere liberale.Photo : Abdesslam Mirdass
Le syndicat Convergence infirmières continue la mobilisation pour une revalorisation des tarifs de prise en charge de leurs actes par la Sécurité sociale. Elles organisent une démonstration contre le gaspillage d’argent public mardi 2 avril.
Le syndicat Convergence infirmière organise un peu partout en France des opérations appelées « Balance ton gaspi » lors desquelles les infirmières et leurs soutiens sont invités à rapporter leurs médicaments périmés. À Strasbourg, l’opération est prévue mardi 2 avril de 14h à 16h30, place du Vieux-Marché-aux-Poissons près de la Cathédrale.
Dans un communiqué, Convergence infirmière indique que cette opération vise à « lutter ensemble contre la gabegie de tout ce matériel, sensibiliser la population, limiter l’impact sur notre environnement et de faire des économies importantes qui pourraient être redistribuées afin de valoriser les actes des infirmières libérales ».
Les infirmières libérales sont mobilisées depuis début février pour que les tarifs de leurs actes soient revalorisés, afin que leurs rémunérations puissent évoluer notamment pour compenser les effets de la forte inflation des années 2022 et 2023.
Des bénévoles se forment en Alsace grâce à l’association SOS France Victimes 67.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
L’association SOS France Victimes 67 forme ses premiers volontaires pour encadrer des rencontres entre condamnés et victimes sur la juridiction du tribunal de Saverne. Parmi eux, une quinzaine de bénévoles s’engagent.
Ce matin de mars, huit stagiaires sont au rendez-vous dans les locaux strasbourgeois de l’association SOS France Victimes 67, pour la quatrième et dernière journée de leur formation d’animateurs de rencontres condamnés-victimes. Cette mesure de justice restaurative, enclenchée sur la base du volontariat à l’occasion d’une procédure pénale classique, offre à des victimes et auteurs du même type d’infraction, mais jamais de la même affaire, un espace de dialogue sécurisé. Elle peut se tenir en détention ou en milieu ouvert, selon les auteurs concernés.
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Les agriculteurs alsaciens ont été 33 à demander une indemnisation à cause d’une pathologie liée aux pesticides en 2022.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
L’Alsace fait partie des cinq zones de France avec le plus de demandes de reconnaissance de maladies professionnelles liées à l’exposition aux pesticides en 2022.
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