Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Des centaines d’étudiants à une distribution alimentaire de rentrée sur le campus

Des centaines d’étudiants à une distribution alimentaire de rentrée sur le campus
Sur le campus, les étudiants peuvent choisir quelques produits gratuits.

400 étudiants se sont présentés à la distribution alimentaire organisée par le syndicat Alternative étudiante Strasbourg mercredi 18 septembre. Certains témoignent qu’ils ne peuvent se permettre de manger qu’un seul repas par jour.

« C’est alarmant. On n’a jamais eu autant de nourriture et elle n’est jamais partie aussi vite », constate Rayyan, du syndicat Alternative étudiante Strasbourg (AES). Deux semaines après la rentrée, il réalise une distribution alimentaire d’envergure ce 18 septembre. Entre 12h et 14h, environ 400 étudiants auront récupéré de quoi manger sur le campus central.

Tout au long de la pause de midi, la file d’attente de plusieurs dizaines de mètres n’aura pas eu le temps de rétrécir. Au bout, les jeunes peuvent choisir deux éléments par catégorie d’article : produits secs (sachets de riz, de pâtes…), sauces ou soupes, petit déjeuner. Des vêtements sont aussi proposés. « 36% des étudiants sautent au moins un repas par jour », précise Simon, membre de l’AES :

« On a envoyé un mail à tous les étudiants de l’Université de Strasbourg pour les prévenir. Mais nous ne demandons aucune info, aucun justificatif, pour ne pas ajouter de la pression. »

Simon, membre de l’AES.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Un stress constant à mêler avec les études

Selma et Yasmina, toutes les deux en deuxième année de licence des sciences du langage, s’accordent à dire que trois euros pour les repas des restaurants universitaires, c’est déjà trop cher pour qu’elles puissent y aller. Venues d’Algérie, elles n’ont pas encore de titre de séjour leur permettant de travailler, ni de possibilité de toucher une bourse. « Je n’ai aucun revenu et je suis obligée de vivre sur des économies pour l’instant, explique Selma. J’espère que ça ne va plus durer longtemps. »

« Notre quotidien, c’est de ne rien manger la journée, peut-être grignoter quelque chose comme des biscuits et de faire des pâtes le soir », raconte Yasmina. Son loyer de 488 euros pour une colocation n’aide pas. Pour elle, la question de savoir si elle va pouvoir s’alimenter est un stress constant. À quelques mètres, Éva, 21 ans, en fac d’arts plastiques, décrit une « fatigue énorme » et des insomnies, liées à sa précarité. « Il faut cumuler ce stress avec des emplois du temps chargés. Je suis censée acheter du matériel qui coûte cher. Parfois je dois choisir entre ça et manger », assure t-elle.

Une longue file d’attente s’est formée avant la tonnelle installée par l’Alternative étudiante Strasbourg.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Sa bourse de 300 euros ne suffit pas et elle n’a pas encore trouvé de job étudiant malgré une recherche active. « Je culpabilise parce que ma mère, qui a aussi des soucis financiers, doit m’aider », se désole t-elle. Une absence de ressources qui conduit à l’isolement selon Éva, car il est difficile de sortir quand on est préoccupé en permanence et qu’on n’a pas d’argent. Ce contexte défavorise aussi forcément les étudiants les plus précaires, qui auront du mal à étudier sereinement.

L’Alternative étudiante Strasbourg n’a pas fixé de date pour la prochaine distribution mais prévoit d’en organiser au moins une tous les deux mois.

Zone à faibles émissions : l’interdiction des véhicules Crit’air 3 repoussée à 2027

Zone à faibles émissions : l’interdiction des véhicules Crit’air 3 repoussée à 2027

Depuis sa mise en place en 2022, la zone à faibles émissions (ZFE) a permis d’améliorer la qualité de l’air et de réduire le nombre de véhicules dans l’Eurométropole. Mais faute de contrôles automatiques, les voitures Crit’air 3 pourront continuer de rouler jusqu’au 1er janvier 2027.

Depuis janvier 2023, certains véhicules n’ont plus le droit de circuler ni de stationner sur le territoire des 33 communes de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS). Cette zone à faibles émissions (ZFE), obligatoire pour les communes dont le seuil de dioxyde d’azote (NO2) était supérieur à la norme européenne, prévoit d’éliminer progressivement les véhicules les plus polluants de ses routes. 80% du NO2 présent dans l’air strasbourgeois est lié au trafic routier. En janvier 2024, ce sont les véhicules classés Crit’air 4 qui ont été interdits. En 2025, ça aurait dû être au tour des Crit’air 3.

20% des véhicules concernés

Mais comme l’a annoncé Pia Imbs, présidente de l’EMS lors d’une conférence de presse mercredi 18 septembre, ces véhicules Crit’air 3 pourront encore circuler jusqu’au 1er janvier 2027. Ou plutôt, « la période pédagogique pour ces véhicules est prolongée de deux ans », précise l’élue. Pour les interdictions des Crit’air 2, « on évaluera ça le moment venu », élude Pia Imbs.

Car à chaque étape d’élimination d’une partie des véhicules, deux phases. Dans un premier temps, pour inciter les particuliers et les professionnels à remplacer leurs véhicules trop polluants, la phase pédagogique. Dans un second temps, la phase d’interdiction, où les contrevenants s’exposent à des amendes… en théorie.

Mais depuis la mise en place de la première phase d’interdiction en janvier 2023, pour les véhicules sans Crit’air, Crit’air 5 puis 4 en 2024, très peu de sanctions ont été relevées par l’Eurométropole. « Nous attendons les contrôles automatiques par lecture de plaque d’immatriculation qui devraient être fournis par l’État en 2027 », explique Pia Imbs, qui avait déjà regretté le retard du ministère des transports en 2022. Ce retard de l’élimination des Crit’air 3 dans les rues strasbourgeoises est donc simplement lié à l’impossibilité de vérifier ces vignettes. La police municipale n’est pas autorisée à s’en charger lors de contrôles routiers.

Les Crit’air 3 représentent un peu moins de 20% des véhicules immatriculés dans l’EMS (47 000 en tout). Selon Pia Imbs, retarder leur interdiction permet de faire preuve de tolérance pour les particuliers et les professionnels qui devront changer de véhicule, voir abandonner le recours à la voiture individuelle au profit d’autres modes de transport.

Des milliers d’euros d’aides

Pour continuer de se déplacer malgré les nouvelles interdictions, l’EMS rappelle que des aides existent malgré le changement de calendrier. 95% des personnes qui ont fait appel à l’Agence du climat, en charge d’aider à obtenir des aides financières, l’ont contactée pour acheter une autre voiture. Les 5% restants ont demandé à abandonner totalement l’automobile au profit du tram ou du vélo par exemple, grâce à un « compte mobilité ».

Le montant des aides est calculé en fonction des revenus des personnes – 4 000 euros au plus pour changer de voiture, 2 500 euros pour le « compte mobilité ». Rien qu’aux deux premiers trimestres 2024, l’EMS a accordé cinq millions d’euros d’aide, selon ses chiffres. Sur l’année civile 2022, 7 000 véhicules de moins étaient immatriculés dans l’EMS.

Des chiffres qui poussent Pia Imbs et ses collègues à se féliciter de leur politique « ambitieuse », menée parallèlement avec d’autres réalisations pour les mobilités – tram ouest, nord, plan Vélo, covoiturage, Réseau express métropolitain…

Une meilleure qualité de l’air

Les résultats des mesure de qualité de l’air sont déjà satisfaisants, selon les analyses d’Atmo Grand Est. Strasbourg est passée sous le seuil des 40 microgrammes par mètres cubes (μg/m3) d’air de NO2, la mesure qui a valu à la capitale européenne et à neuf autres métropoles françaises de contrevenir au droit européen. Cependant, l’Union européenne devrait adopter une prochaine directive réduisant ce seuil par deux.

En 2030, le seuil de NO2 toléré dans l’air par la législation européenne devrait passer de 40 à 20 μg/m3. Certains compteurs, notamment sur le boulevard Clémenceau, mesurent encore des concentrations au-delà. Si elle ne veut pas être à nouveau dans l’irrégularité, Strasbourg devra donc effectivement interdire les Crit’air 3 d’ici là.

Françoise Schaetzel, vice-présidente de l’EMS en charge de la qualité de l’air et de la santé environnementale, précise que le seuil plafond de l’organisation mondiale de la santé est quant à lui de 10 μg/m3. « Notre but est d’atteindre cette valeur pour 2035 », explique l’élue :

« Car ce ne sont pas de simples seuils abstraits. Cette pollution engendre des morts, des infarctus, du diabète, des enfants fragiles et un creusement des inégalités. Les ménages modestes sont plus susceptibles de tomber malades. Descendre en dessous du seuil fixé par l’OMS revient à diminuer de 9% le nombre de cancers du sein. »

Toujours selon les mesures d’Atmo Grand Est, neuf habitants de l’EMS sur dix vivent dans un endroit où il y a moins de 10 μg/m3 de NO2. Mais 7 000 Strasbourgeois sont exposés à une concentration supérieure à 20 μg/m3.

Manifestation « contre le gouvernement Macron-Barnier » samedi 21 septembre

Manifestation « contre le gouvernement Macron-Barnier » samedi 21 septembre
Des milliers de personnes ont déjà défilé à Strasbourg contre « le coup de force d’Emmanuel Macron » le 7 septembre.

Douze organisations de gauche appellent à manifester samedi 21 septembre contre le « coup de force antidémocratique d’Emmanuel Macron », qui a nommé Michel Barnier, un homme de droite, Premier ministre.

Le Nouveau front populaire (NFP, à l’exception du Parti socialiste) et des organisations de jeunesse appellent à manifester au départ de la place Kléber samedi 21 septembre à 14h30, suite à la nomination de Michel Barnier à Matignon. Le cortège doit prendre ensuite la rue des Francs-Bourgeois, rue de la Division-Leclerc, puis les quais Saint-Nicolas, des Bateliers, des Pêcheurs, du Maire-Dietrich, et revenir par l’avenue de la Liberté puis la place de la République.

Pour l’union de la gauche, qui compte le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale depuis les élections législatives anticipées de juillet, ce Premier ministre issu de Les Républicains « n’a aucune légitimité ». Le parti de droite ne comptant que 47 députés tandis que le NFP en a obtenu 193.

« Emmanuel Macron a juste fait en sorte de pouvoir continuer sa politique malgré le résultat des élections », dénonce Flora, membre de l’Alternative étudiante Strasbourg (AES), qui prendra part à la mobilisation :

« Nous sommes très concernés parce que ce gouvernement n’a fait qu’empirer les problèmes des jeunes comme le pouvoir d’achat, de logement, de sélection des étudiants avec Parcoursup… Le vote des Français aurait dû aboutir sur la nomination d’une figure du NFP. »

Flora, membre de l’AES.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Dans leur communiqué commun, les organisations signataires portent également d’autres mots d’ordre, à savoir « un accueil digne de l’immigration, un véritable plan de lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles », des actions pour « les droits des femmes et des personnes LGBT+, répondre à la crise climatique » ou encore « la paix, notamment en Palestine ».

Un rassemblement pour Paul Watson de Sea Shepherd samedi 21 septembre

Un rassemblement pour Paul Watson de Sea Shepherd samedi 21 septembre
Plusieurs rassemblements en soutien à Paul Watson ont déjà eu lieu à Strasbourg cet été 2024.

Le groupe local Grand Est de Sea Shepherd organise un rassemblement ce samedi 21 septembre sur la place Kléber, à partir de 14h. Les manifestants demandent la libération du capitaine Paul Watson, militant emblématique contre la chasse des baleines actuellement retenu au Groenland.

Le capitaine Paul Watson, fondateur de l’ONG Sea Shepherd qui œuvre pour la protection des océans, a été arrêté au Groenland le 21 juillet suite à un mandat d’arrêt émis par le Japon. Il est accusé d’avoir blessé au visage un marin japonais en jetant une bombe puante dans le cadre d’une action contre la chasse à la baleine en 2010. Sea Shepherd affirme de son côté posséder des vidéos montrant que le membre d’équipage qui aurait été blessé n’était pas sur le pont au moment où la bombe puante a été lancée.

La branche Grand Est de Sea Shepherd appelle à un rassemblement statique ce samedi 21 septembre sur la place Kléber de Strasbourg de 14h à 16h, « afin de soutenir Paul Watson et demander à nouveau sa libération » :

« Les missions de Sea Shepherd sous le commandement du capitaine Watson ont permis de soustraire aux harpons japonais plus de 5 000 baleines. L’enjeu est grand pour lui, puisqu’à 73 ans, s’il est extradé au Japon, il risque d’y finir ses jours et d’y mourir incarcéré pour avoir défendu le vivant, les océans. »

L’activiste écologiste restera en détention au moins jusqu’au 2 octobre, jour de son procès. Le ministère danois de la Justice tranchera alors sur la question de l’extradition de Paul Watson au Japon.

Après le fiasco de Châtenois, les projets routiers de Rothau et Lorentzen en suspens

Après le fiasco de Châtenois, les projets routiers de Rothau et Lorentzen en suspens
La Collectivité d’Alsace risque de nouveaux blocages de projets routiers.

La Collectivité d’Alsace retarde le lancement des travaux de ses nouvelles routes. La suspension par la justice du chantier du contournement de Châtenois a laissé des traces, d’autant plus que certains projets impacteraient fortement la biodiversité.

Y aura t-il un avant et un après Châtenois ? Pour la droite alsacienne, la suspension par la justice du chantier de contournement de cette petite ville, en mai 2023, a été un choc. Mais les magistrats du tribunal administratif n’ont fait que rappeler le droit : l’intérêt public de ces destructions d’écosystèmes était insuffisamment justifié. La Collectivité d’Alsace (CeA) a donc été obligée d’accepter d’importantes mesures de compensation écologiques pour obtenir un accord avec Alsace Nature et reprendre les travaux.

Même après cette mésaventure, « il n’y a pas de projet à l’arrêt, assure la communication des Départements alsaciens à Rue89 Strasbourg. Juste des projets qui sont à des stades distincts d’avancement. » Pas question, donc, de renoncer à la liaison A4-Lorentzen, qui raboterait une colline abritant de nombreuses espèces protégées dans le nord du Bas-Rhin. Idem pour le contournement de Rothau, qui impliquerait de couler du béton dans le lit de la Bruche, une zone humide remarquable.

Frédéric Bierry a tout de même annoncé en juin 2024 que cette déviation est repoussée de cinq ans. Et à Lorentzen, malgré l’autorisation de commencer les travaux délivrée fin 2023, aucun appel d’offres n’a été publié et le site est toujours épargné des pelleteuses en septembre. En outre, Alsace Nature a déjà déposé un recours devant le tribunal administratif de Strasbourg pour empêcher les travaux de débuter. Me François Zind, l’avocat de l’association, prévient : « la liaison A4-Lorentzen a encore moins de chances d’être validée par la justice que le contournement de Châtenois ».

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Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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En dressant son bilan, Pia Imbs prépare les mots de sa campagne

En dressant son bilan, Pia Imbs prépare les mots de sa campagne
La présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, lors d’un déjeuner de presse.

La présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, Pia Imbs, a convoqué un déjeuner de presse mardi 17 septembre. Dans son discours, elle tire un premier bilan de ses quatre années à la tête de la collectivité, dans une présentation aux accents de pré-campagne.

Jusqu’au bout, Pia Imbs aura résisté à la question. Malgré plusieurs relances, la maire de Holtzheim n’affirme pas clairement qu’elle souhaite être candidate pour un second mandat à la tête de l’Eurométropole. « Disons que je souhaite la continuité de notre feuille de route », résume-t-elle, esquissant un large sourire qui laisse peu de doutes sur ses intentions.

Tout au long du déjeuner de presse organisé mardi 17 septembre, la présidente de l’Eurométropole n’aura eu de cesse de revenir sur la « feuille de route » de son mandat et ses avancées. Sans afficher clairement ses ambitions pour 2026, son discours ressemble pourtant à un premier discours de campagne.

Cinq chantiers « emblématiques »

À son actif, l’élue souhaite mettre en avant plusieurs réalisations. Des « projets structurants, lourds et chers, dont les retombées se verront au-delà de ce mandat ». Elle cite cinq chantiers et les juge « emblématiques » du mandat :

« On pensait que c’était des chimères, des serpents de mer, mais nous avons réussi avec d’autres à les faire aboutir. »

Pia Imps est également maire de Holtzheim, une commune de la deuxième couronne de Strasbourg.

La présidente de l’Eurométropole évoque ainsi l’acquisition du bâtiment Osmose, dont le succès « renforce la dimension européenne de la Ville et de l’Eurométropole », mais aussi l’ouverture de la gare de Strasbourg à « 360 degrés », en aménageant un accès et un parking à l’arrière du bâtiment. Pia Imbs aborde ensuite la mise en place du Réseau express métropolitaine européen (Reme), puis l’extension du tram ouest de l’Eurométropole. « Les maires d’Eckbolsheim et de Wolfisheim n’y croyaient plus », ironise l’élue, qui finit sa démonstration en évoquant l’extension du stade de la Meinau, qui devrait être achevé à l’été 2025.

Repartir avec la même majorité

Pour la suite de son mandat, comme pour la suite de son parcours à l’Eurométropole, Pia Imbs ne manifeste aucune volonté de toucher à l’ADN de sa majorité, composée d’un groupe d’élus écologistes derrière Jeanne Barseghian et de son propre groupe, « Une Eurométropole des proximités ». « Les écologistes ont leurs sensibilités et nous avons les nôtres », lance Pia Imbs, en insistant sur l’ambiance « positive » au sein de sa majorité : « Je relève que les décisions de l’EMS sont toujours bien votées. »

Si elle affirme que les deux groupes partagent une même prise en compte des enjeux environnementaux, elle concède tout de même des divergences sur le « rythme et la forme » des mesures adoptées.

Bac+ 5 et mal payés, les agents de la Chambre d’agriculture se mobilisent

Bac+ 5 et mal payés, les agents de la Chambre d’agriculture se mobilisent
Les agents de la Chambre d’agriculture d’Alsace se sont mobilisés sur le site de Schiltigheim ce 17 septembre.

Une trentaine de salariés de la Chambre d’agriculture se sont réunis mardi 17 septembre à Strasbourg à l’appel de la CFDT. Ces ingénieurs et conseillers demandent une revalorisation de leurs salaires.

« Je ne suis vraiment pas sûr de rester, lance un jeune employé de la Chambre d’agriculture d’Alsace. On a un boulot passion, c’est pour ça qu’on accepte de gagner peu. Mais j’ai des copains ingénieurs de ma promo qui ont déjà 500 euros nets de plus que moi alors même qu’ils travaillent pour des collectivités dans le public. » Après un bac +5, il est rémunéré 1 800 euros par mois, comme ses collègues en début de carrière réunis à ses côtés, mardi 17 septembre. « On ne peut pas avoir de projet comme acheter un appartement par exemple. Un jeune qui travaille à la Chambre est obligé de se loger en colocation s’il veut vivre à Strasbourg », abonde une employée.

Une trentaine d’agents sont assis dans le hall du siège de l’organisation à Schiltigheim, à l’appel de la CFDT dans le cadre d’une mobilisation nationale. Un rassemblement similaire a lieu au même moment sur le site de Sainte-Croix-en-Plaine (Haut-Rhin). Certains sont en grève pour la journée. « Nous demandions une augmentation de 1,25% du point d’indice en juin 2024 mais elle a été refusée, résume Aude Forget, déléguée syndicale CFDT :

« Nous voulions remettre le sujet sur la table la semaine dernière dans une instance de négociation nationale. Mais la direction a refusé d’en discuter sérieusement et a juste mis cette question dans les “points divers” à évoquer rapidement à la fin. Nous avons quitté la réunion. »

Aude Forget, déléguée syndicale CFDT à la Chambre d’agriculture d’Alsace, également mandatée pour des négociations nationales.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Manque de reconnaissance

Carole, chargée de conseiller économiquement les agriculteurs qui sollicitent la Chambre, se rapproche de la fin de sa carrière. Sans donner le montant exact de son salaire, elle affirme que l’augmentation est très lente avec l’ancienneté : « Les perspectives ne sont pas très intéressantes, donc on a du mal à recruter. Cela nous donne une grande charge de travail. » Le salaire médian est de 2 000 euros nets, selon Aude Forget :

« Vu l’inflation, il y a un vrai problème de pouvoir d’achat. On a beaucoup de collègues qui nous en parlent et qui vivent cela comme un manque de reconnaissance. »

Le salaire médian à la Chambre d’agriculture n’est que de 2 000 euros nets alors que beaucoup d’agents ont un Bac+5.Photo : TV / Rue89 Strasbourg

Les syndicats sont d’autant plus remontés contre le refus d’augmentation du point d’indice que la TATFNB, un impôt foncier prélevé aux agriculteurs et qui constitue une grande partie du chiffre d’affaires des Chambres d’agriculture, a été augmenté de 7% en 2024. « Nous avions accepté de ne pas avoir d’augmentation pendant dix ans. En 2023, nous n’avions eu que 1,75%. Et là ils nous refusent 1,25% en 2024 alors que le revenu des Chambres va, lui, augmenter », dénonce Aude Forget. La CFDT assure qu’elle va continuer, avec les autres organisations syndicales, à négocier pour une revalorisation du point d’indice, et à réfléchir à des solutions à l’échelon local pour améliorer les revenus des agents de la Chambre d’agriculture Alsace.

Manifestation de soutien à la Palestine vendredi 20 septembre

Manifestation de soutien à la Palestine vendredi 20 septembre
Manifestation en soutien à la Palestine le 16 décembre 2023 à Strasbourg

Le collectif Palestine 67 organise une manifestation de soutien à la Palestine vendredi 20 septembre à 17h30, après onze mois de bombardements sur la bande de Gaza.

Les semaines passent et la revendication persiste. Vendredi 20 septembre, le collectif Palestine 67 appelle à une manifestation place Kléber dès 17h30 pour demander des sanctions contre l’État d’Israël et l’arrêt des livraisons d’armes. Le Royaume Uni a par exemple partiellement cessé son exportation d’armes.

Depuis le 7 octobre, Israël bombarde presque sans relâche la bande de Gaza après que des terroristes ont tué 1205 israéliens. Entre discussions pour un cessez-le-feu restées majoritairement sans effet et étendue du conflit au Liban, à la Cisjordanie et à l’Iran, les militants et militantes strasbourgeoises mettent un point d’honneur à rappeler le sort des palestiniens et palestiniennes chaque semaine.

À Gaza, territoire de 365 km2, les palestiniens et palestiniennes sont piégées. Depuis onze mois donc, ils et elles sont déplacées au gré des bombardements israéliens, sans certitude que les lieux indiqués sûrs le soient vraiment. Aucun des 625 000 enfants palestiniens n’a pu faire sa rentrée, en septembre 2024, car toutes les écoles ont été détruites.

Au Molodoï, un week-end pour aider la Maison Mimir à construire son avenir

Au Molodoï, un week-end pour aider la Maison Mimir à construire son avenir

Les 21 et 22 septembre, le Molodoï accueille un week-end de soutien à la Maison Mimir. L’avenir du lieu reste toujours incertain après l’incendie qui a ravagé son bâtiment principal en février 2023.

De la musique, des discussions, des ateliers et un grand moment de fête. Samedi 21 et dimanche 22 septembre, le Molodoï accueille l’évènement de soutien de la Maison Mimir, tiers-lieu auto-géré depuis 2013 situé dans le quartier de la Krutenau.

En février 2023, un incendie a détruit son bâtiment principal du 18 rue Prechter. Depuis, le collectif organise de petits évènements, sans eau ni électricité. Il propose toujours un service de baggagerie pour les plus précaires.

En parallèle, les bénévole de Mimir discutent avec la mairie pour reconstruire leur maison après l’incendie du bâtiment qui abritait l’essentiel de leurs activités. Plusieurs scenarii sont étudiés. La mairie est propriétaire du terrain. « Il n’est absolument pas question que la Ville finance une reconstruction », a affirmé le premier adjoint de la Ville de Strasbourg Syamak Agha Babaei en février 2024. Locataire via un bail emphytéotique qui court jusqu’à 2033, l’association derrière la Maison Mimir refuse d’envisager un déménagement.

Réunir tiers lieux et collectifs auto-gérés

Ces deux jours de soutien doivent permettre au collectif de récolter des fonds pour entretenir les locaux restant et pour financer le projet Mimir à plus long terme. En 2020, les bénéfices du week-end d’anniversaire de la Maison avait ainsi permis de survivre financièrement à l’épidémie de Covid-19. Cette fois-ci, l’association espère récolter quelques milliers d’euros.

Si les Mimiriens et Mimiriennes attendent plusieurs centaines de personnes, la fête s’adresse aussi à un public venant de plus loin. Car au-delà de la maison et de ses membres, le week-end entend réunir le réseau de tiers-lieux et de collectifs sociaux et culturels fonctionnant en auto-gestion, tels que le festival Cirkala (Schweighouse) ou Artopie (Meisenthal).

Fête et militance

Le samedi est dédié à la musique. Après l’ouverture des portes à 18 heures, l’emblématique scène slam occupera l’estrade de 19 à 21h30 (inscription sur place). Prendront ensuite le micro les slammeurs Maellan Delgado et Deinos MC. Dès 22h40, les voix laisseront place à l’électonique. DJ sets et live se succèderont jusqu’à 5 heures du matin.

Le lendemain, les portes du Molodoï ouvriront à midi. Repas à prix libre, création d’autocollants, jeux, théâtre, discussion autour de l’auto-gestion et bibliothèque des luttes, conférence gesticulée… L’après-midi enchainera sur trois concerts acoustiques, ponctués de moments de chorale. Il se conclura sur une jam session, jusqu’à 23 heures.

Fidèle à ses piliers de culture et de social, des collectifs agissant sur la lutte contre la précarité ont été conviés pour tenir des stands pendant le week-end afin de réfléchir collectivement à des solutions, le système d’hébergement d’urgence étant largement saturé.

Outre les recettes financières, le week-end vise aussi à recruter les bénévoles, essentiels au fonctionnement et à la réflexion autour du tiers-lieu et de son projet.

Frissons sous stéroïdes pendant dix jours au Festival du film fantastique

Frissons sous stéroïdes pendant dix jours au Festival du film fantastique

En faisant de John McTiernan son invité d’honneur, le Festival du film fantastique de Strasbourg capitalise pour sa 17e édition sur la force, la détermination et l’humour des acteurs bodybuildés américains. Un shoot de testostérone qui convient très bien aux films de genre.

Le Festival du film fantastique de Strasbourg (FEFFS) accueille John McTiernan pour son édition 2024. Le réalisateur américain est plus habitué à diriger des gros muscles que des fantômes. Mais n’est-ce pas aussi là l’attrait du cinéma fantastique, cette capacité à s’approprier tout ce qui sort de l’ordinaire ?

Au programme de cette 18e édition, des projections des films de John McTiernan tout d’abord avec Die Hard 1 : Piège de Cristal et Die Hard 3 : Une Journée En Enfer. Des longs-métrages inoubliables avec un Bruce Willis au sommet de son art (brut). Autre œuvre du réalisateur américain : le très verdoyant Predator, là aussi avec un Arnold Schwarzenegger au top. Toutes les autres adaptations de cette franchise sont pâles à côté malgré les débauches d’effets spéciaux. La programmation du FEFFS donne aussi à voir Le 13e Guerrier avec Antonio Banderas… et son premier film : Nomads, l’histoire d’une horde de démons prête à envahir Los Angeles. Il ne faut pas oublier non plus Rollerball, un remake d’un film fantastique sur la violence dans le sport de 1975, et qui a donné lieu en son temps à un très bon jeu vidéo, Speedball.

A voir dans les salles du centre

Toutes ces projections, ainsi que les films en compétitions et les séances spéciales sont à voir dans les cinémas du centre de Strasbourg (cinémas Star, Vox ou UGC) du 20 au 29 septembre. Le festival accueille comme chaque année trois compétitions. La première est celle des films fantastiques européens évidemment, qui se conclut avec l’obtention d’un Octopus d’or, décerné à l’issue du festival. Treize films sont en lice, venant d’Ukraine comme U Are The Universe, où un camionneur de l’espace assiste à la destruction de la Terre, ou de Grèce comme She Loves Blossoms More, où trois frères tentent de faire revivre leur mère adorée.

Cuckoo, une certaine idée du film d’horreur, très classique (âmes sensibles ne cliquez pas sur le bouton rouge).

L’autre compétition majeure est celle appelée « Crossovers », qui mêle des films qui ne sont pas strictement des films de genre : des polars, des films noirs, etc. Dix films concourent dans cette catégorie pour obtenir un prix à l’issue du festival. On trouve dans cette catégorie cette année A Different Man où un homme défigurée bénéficie de chirurgie esthétique ce qui change toute sa vie, mais pas comme il l’aurait souhaité, ou The Last Stop In Yuma County qui revisite l’histoire d’un huis clos où se retrouvent des personnes en cavale…

Steppenwolf est un road movie de type Mad Max, sauf que c’est maintenant et que tout existe au Kazakhstan.

Le Festival du film européen accueille aussi une compétition internationale supplémentaire, celle des meilleurs films fantastiques européens. Une partie des films précédents y participe, et un jury décerne un Meliès d’argent, qui permet au film sélectionné de concourir auprès du Festival mondial du film fantastique, à Sitges en Espagne.

Depuis quelques années, le Festival accueille en outre une compétition internationale de films d’animation pour adultes. Huit films sont en compétition, dont par exemple Mémoire d’un escargot, qui a déjà remporté le prix du Festival d’animation d’Annecy, et qui raconte l’histoire d’un rétablissement après une séparation traumatique.

Mémoire d’un escargot a déjà été très remarqué au Festival du film d’animation d’Annecy.

Les séances spéciales, l’âme du FEFFS

Mais l’âme du Festival européen du film fantastique, ce sont ses séances spéciales comme la Nuit excentrique, prévue cette année le samedi 28 septembre au Star Saint-Ex, pour les amateurs d’humour décalé, ou les personnes très tolérantes d’une manière générale avec La Planète des Monstres, Tiens ta Bougie Droite et 2019 Après la Chute de New York… Ou bien le cycle des films de minuit, visible uniquement par les festivaliers les plus motivés. Cinq films sont proposés à cette catégorie : Handsome Guys, une histoire de rénovation de barraque qui tourne au vinaigre parce que le mal absolu dormait sous les fondations. In A Violent Nature suit la vengeance d’un tueur en série mort-vivant, Krazy House se place dans un huis clos avec des criminels en fuite et puis il y a Primitifs.

Primitifs, on a rien fait de mieux depuis La Guerre du Feu.

Côté Rétrospectives, le FEFFS explore cette année le cinéma de genre australien, né grâce à l’impulsion du gouvernement de l’île dans les années 70. Ozploitation !, c’est son nom, propose 11 films des années 70 et 80 dont évidemment le premier Mad Max (1979) et Road Games (1981) avec Stacy Keach.

La bande annonce de Road Games.

Dernière recommandation : la version restaurée de Shaun Of The Dead pour les 20 ans de ce film culte, un bonbon d’humour british, de références culturelles et de soft-gore, avec en outre, une proposition d’invention du mouvement perpétuel à la fin. Il n’y a qu’une seule séance de programmée, mercredi 25 septembre à 18h au cinéma Star.

La bande annonce de Shaun Of The Dead

Pour les étudiants précaires à Strasbourg, une course au logement toujours plus angoissante

Pour les étudiants précaires à Strasbourg, une course au logement toujours plus angoissante
Une quarantaine d’étudiants attendent dans la rue pour visiter un studio.

Confrontés à une offre insuffisante et à une hausse continuelle du prix des loyers, les étudiants s’arrachent les rares appartements disponibles à Strasbourg. Des recherches longues qui mènent parfois à des situations dramatiques.

Visuellement, la file d’attente ressemble à la queue devant un club berlinois. 38 jeunes, en rang d’oignons, attendent d’un air anxieux dans la rue des Bouchers, mardi 10 septembre. Avec les minutes, d’autres têtes se rajoutent à l’étrange procession qui s’allonge jusque dans les escaliers d’un immeuble. Au 4e étage, après plus d’une heure d’attente, le sésame : cinq minutes pour visiter un studio. « C’est juste aberrant, souffle Ismaël en arrivant dans la file, je pensais au début que c’était pour la venue d’un Youtubeur, ou le magasin de donuts d’à côté… »

Arrivé de Paris pour étudier, Ismaël multiplie les prises de contact depuis des mois en prévision de son installation. Pour 100 annonces auxquelles il a postulées, il a obtenu 10 visites et 10 refus. « À force de faire des allers-retours, ça commence à te dégoûter de la ville. Je m’attendais à ce que ce soit quand même plus simple, mais même en faisant monter mon budget de 450 à 600 euros, je ne trouve rien. »

Entre Paris et Strasbourg, Ismaël multiplie les allers-retours en train pour trouver un logement.

Devant lui, la file est pleine d’histoires similaires. Des étudiants et étudiantes en détresse qui continuent d’attendre en désespoir de cause, malgré les maigres chances d’obtenir l’appartement. Pour le rush de septembre – qui commence, en réalité, dès le début de l’été – les quelques annonces d’appartements en ligne sont prises d’assaut par des centaines d’étudiants aux aguets. Et à chaque rentrée, cette course angoissante recommence.

L’offre toujours trop faible

Au bout de la file, la propriétaire de l’appartement, Karine, s’étonne de l’affluence à son rendez-vous. « J’ai ouvert un créneau en mettant le lieu et l’heure directement sur l’annonce, pour une heure initialement. Finalement, je suis restée là deux heures et demie, pour que tout le monde puisse visiter. » Possédant une « dizaine » d’appartements étudiants, Karine confirme que le même phénomène se répète tous les ans, estimant tout de même que la situation s’est dégradée depuis « au moins cinq ans, avec beaucoup d’étudiants surpris de se retrouver affectés à Strasbourg (la rentrée 2019 coïncide avec l’entrée en vigueur de la plateforme Parcoursup, NDLR).« 

Au final, la propriétaire se décide sur la situation personnelle :

« On a pris la personne qui avait la situation la plus compliquée puisqu’elle devait faire des allers-retours entre Mulhouse et Strasbourg. À l’inverse on n’aurait pas pris quelqu’un vivant avec ses parents à la Robertsau ou à l’Orangerie, souhaitant simplement se rapprocher de sa fac. »

Même expérience pour Michel, propriétaire d’un appartement en lisière du campus transformé en colocation. Dès qu’il poste sa publication, il est assailli : « J’ai eu une quarantaine de mails en moins d’une heure, alors que j’ai fait ma publication en fin de journée. » Tout en parlant, le quinquagénaire montre son portable et fait défiler une dizaine de SMS, tous rédigés avec la même prose : « Bonjour, je suis très intéressé par votre appartement… » Comme Karine, le degré d’urgence sera son premier critère.

Angoisse du logement

Mais quelques exemples d’empathie affichée n’effacent pas la logique du marché, où les enfants de garants aisés restent en position de force. Les discussions entre candidats et propriétaires ne s’embarrassent d’ailleurs pas de politesse. Les échanges se résument à des chiffres : les montants des salaires de ses parents.

« Même en cherchant des mois, en passant des heures tous les jours à chercher, je ne trouve rien », commente Pablo. L’étudiant colombien, qui vit à Nice depuis quatre ans, comptait se rendre à Strasbourg pour son master. « Je ne trouve rien. Je n’ai aucune solution pour vivre ici. Franchement ça me fait beaucoup stresser. Je pense que je vais abandonner, rester à Nice et faire un boulot alimentaire pour cette année. »

Pour Inès (prénom modifié), la situation est plus grave encore. Tout commence pour elle en avril 2023, lorsqu’elle reçoit une offre de renouvellement pour sa chambre. Elle hésite, puis finit par se convaincre de ne pas renouveler tout de suite. Sans grande expérience des logements étudiants, Inès pense qu’elle pourra reprendre une chambre plus tard, en fin d’été. « Quand je commence à regarder sur le site du Crous, en août, il n’y avait plus rien, aucune chambre. Et en dehors, dans les annonces du privé, je n’ai aucune réponse non plus, à part des arnaques. » Le directeur de la résidence finit par l’informer de son départ, en venant directement dans sa chambre.

L’ancienne résidence universitaire Paul Appell, toute proche du campus.

En tant qu’étudiante algérienne, son titre de séjour expire le 18 novembre, et elle doit attester qu’elle occupe un logement. « Cette situation est horrible, je ne suis pas bien. J’essaye vraiment de faire de mon mieux pour continuer de suivre mes études et trouver une solution sur mon temps libre, mais c’est très stressant à vivre. »

Alertée, la section strasbourgeoise de la Fédération syndicale étudiante (FSE) tente de contacter le Crous et échange avec la direction. « Après avoir bataillé pour obtenir un rendez-vous avec le directeur adjoint, Guillaume Kuhler, nous l’avons amené à s’engager pour trouver un logement d’urgence dans les plus brefs délais pour l’étudiante, et pour les autres dans une situation similaire. Puis, dans un second temps, à trouver une solution d’hébergement pérenne », rapporte Bertille, l’une des membres du syndicat, qui relate des négociations interminables. Elle reste très sceptique sur la volonté du Crous de se mobiliser.

Prix en hausse constante

La tension est semblable dans toutes les résidences étudiantes, privées et publiques, constate Mathilde Huault, de l’Observatoire territorial du logement étudiant. « On constate dans notre recensement que presque la totalité des résidences sont remplies. » Concernant leurs prix, tout dépend du bailleur : « Pour les résidences privées, on a des tarifs compris entre 500 et 600€ en général. Pour celles construites par des bailleurs sociaux, on se situe plutôt autour de 500€. Au maximum, on peut avoir des loyers allant jusqu’à 700€. »

Sans être membre d’un observatoire, Jessica arrive aux mêmes conclusions sur les prix du marché en écumant pour sa fille les plateformes locatives. « C’est une galère, on cherche à trois avec son papa et les prix sont exorbitants. Même en allant jusqu’à 700€ on ne trouve pas. Je suis aide-soignante et son père est maçon, pour nous c’est déjà beaucoup, sans compter les autres frais qui s’ajoutent. »

Conséquence logique de cette tension locative, le prix des loyers augmente continuellement à Strasbourg. Selon une étude sur le marché locatif étudiant du site LocService.fr, basé sur 5 000 annonces dans le Grand Est, il y aurait 2,17 fois plus de demandes à Strasbourg que de logements disponibles. Le prix médian proposé pour un studio serait de 547€ à Strasbourg contre 435€ à Nancy ou 419€ à Mulhouse. En 2023, le loyer médian à Strasbourg était de 523€, augmentant ainsi de 4,4% en une année.

Nasse et gazage de la Petite rue des Dentelles, six plaintes déposées contre la police

Nasse et gazage de la Petite rue des Dentelles, six plaintes déposées contre la police
Les deux accès à la Petite rue des Dentelles étaient bloqués.

Six personnes ont porté plainte pour « violences volontaires aggravées » devant le procureur de la République de Strasbourg, après avoir été gazées et bloquées entre deux pelotons de policiers dans une ruelle de Strasbourg en 2023.

C’est le député de la deuxième circonscription qui l’annonce dans un communiqué : six personnes ont porté plainte auprès du procureur de la République de Strasbourg pour « violences volontaires aggravées ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à huit jours », « non assistance à personne en danger » et « atteinte à une liberté individuelle ».

Le 20 mars 2023, ces six personnes s’étaient retrouvées bloquées dans la Petite rue des Dentelles, à la Petite France au centre ville de Strasbourg, après la dispersion par les forces de l’ordre d’une manifestation contre la réforme des retraites. Des policiers rue du Bains-aux-Plantes repoussaient les manifestants tandis que leurs collègues, Grand’rue, les empêchaient de sortir de la ruelle… La situation, déjà critique, est devenue dangereuse après l’utilisation par les policiers de gaz lacrymogène sur les manifestants, qui ont étouffé pendant de nombreuses minutes sans pouvoir sortir.

Les six personnes sont assistées de trois avocats parisiens – Maîtres William Bourdon, Vincent Brengarth et Jim Villetard. Les identités des plaignants n’ont pas été dévoilées. Les avocats indiquent dans leur courrier que ces plaintes ont été déposées après un « travail conséquent de collecte de preuves [et] de témoignages de plusieurs mois ».

Selon ces avocats, les manifestants étaient « parfaitement pacifiques et rien ne justifiait l’usage de la force et des armes » :

« Les images de divers médias attestent de I’extrême vulnérabilité dans laquelle se trouvaient les manifestants, certains suffoquant et allant pour plusieurs d’entre eux jusqu’à perdre connaissance. »

« L’étroitesse des lieux, presque confinés, aurait pu avoir des conséquences totalement irréversibles », concluent les conseils.

Ils demandent en outre au procureur de la République « l’ouverture d’une enquête préliminaire » et « des sanctions contre les fonctionnaires et responsables en cause ».

Retour des contrôles « d’une sélection de véhicules » à la frontière allemande

Retour des contrôles « d’une sélection de véhicules » à la frontière allemande
Retour à Strasbourg pour ces Français venus en Allemagne alors que la frontière franco-allemande était fermée au début de la pandémie de covid fin avril 2020.

Le gouvernement allemand a mis en place des contrôles aux frontières à partir du lundi 16 septembre pour une durée de six mois. La police allemande assure que le trafic restera fluide.

« Depuis ce matin, la frontière surgit à nouveau dans notre quotidien, bien réelle. » Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, de même que son homologue à Kehl, s’en est émue par communiqué ce lundi 16 septembre : les contrôles de police sont de retour à la frontière franco-allemande pour une durée de six mois. Sous pression de l’extrême-droite, victorieuse lors de deux élections régionales, le gouvernement allemand a décidé de mettre en application une récente révision du code de l’espace Schengen. La coalition de gauche (sociaux-démocrates, écologistes et libéraux) peut ainsi rétablir les contrôles d’identité aux frontières allemandes pour une durée de six mois, renouvelables pendant deux ans maximum.

Des contrôles « ponctuels » et ciblés

Auprès de l’agence de presse allemande, le porte-parole de la police nationale allemande a assuré que « tous les véhicules ne seront pas contrôlés ». Un autre porte-parole de la police nationale, à Offenburg, décrit des contrôles ciblant l’immigration illégale « dans les bus internationaux, ainsi que les trains et les trams qui traversent la frontière ». La même agence décrit des contrôles « ponctuels » et rapporte l’absence d’embouteillage dans la matinée du lundi 16 septembre à l’entrée de Kehl en Allemagne.

Le retour de ces contrôles à la frontière intervient après des succès électoraux de l’extrême-droite aux élections régionales. Début septembre, le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) a réalisé des scores historiques dans les régions de Thuringe (32,8% des voix) et de Saxe (30,6%). L’annonce s’inscrit également aussi dans le contexte d’une récente attaque au couteau par un jeune Syrien de 26 ans. Ce dernier a fait trois morts et huit blessés dans la nuit du 23 au 24 août dans la commune de Solingen.

Les personnes en situation irrégulière sur le territoire allemand pourront être refoulées à la frontière, a indiqué la ministre de l’intérieur Nancy Fraeser (SPD). Selon cette dernière, les contrôles déjà mis en place aux frontières avec la Pologne, la République tchèque, l’Autriche et la Suisse ont permis de refuser l’entrée de 30 000 personnes depuis octobre 2023.

Dans plusieurs établissements scolaires alsaciens, la rentrée est « une catastrophe »

Dans plusieurs établissements scolaires alsaciens, la rentrée est « une catastrophe »
L’équipe de l’école maternelle Gustave Doré a fait « école morte », mardi 10 septembre.

Deux semaines après la rentrée, les syndicats d’enseignants dénoncent déjà le manque de moyens humains, à tous les niveaux, et les classes surchargées dans de nombreux établissements scolaires alsaciens. Plusieurs grèves ont été organisées et des lettres ont été adressées au recteur de l’académie de Strasbourg pour dénoncer la situation.

Dans le quartier de Cronenbourg à Strasbourg, pas un seul enfant n’a franchi la grille de l’école maternelle Gustave Doré, mardi 10 septembre. L’ensemble du personnel de l’établissement était en grève ce jour-là. Devant le portail fermé, une petite dizaine de personnes discutent. « L’objectif est que cette année se passe mieux que la précédente, donc on a décidé de marquer le coup dès la rentrée », témoigne une enseignante de l’établissement.

L’équipe pédagogique de l’école maternelle réclame le recrutement de plusieurs accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) :

« Dans l’école, huit élèves handicapés sont accueillis en classe sans l’accompagnement adapté à leurs besoins. C’est intolérable. Tout le monde en paye le prix. Le bien-être des élèves concernés est très affecté, mais ce manque d’effectif perturbe aussi la qualité d’apprentissage de toute la classe. »

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#rentrée

Dernière de sa congrégation, sœur Marie-Paul s’est reconvertie en logeuse d’étudiants

Dernière de sa congrégation, sœur Marie-Paul s’est reconvertie en logeuse d’étudiants
À 92 ans, sœur Marie Paul est la dernière sœur de la Congrégation des servantes à Strasbourg.

Dans l’immeuble discret de la Congrégation des servantes, dont elle est la dernière membre à Strasbourg, sœur Marie-Paul accueille une petite dizaine de jeunes dans des chambres étudiantes à bas prix. La nonagénaire assume sa vision sociale du rôle de l’Église.

Au matin, ça commence par le claquement des talons battant le béton. S’ensuit la cacophonie des touristes, essaimant vers la cathédrale puis, tard en soirée, les dégaines aléatoires des saoulards écumant les bars du secteurs. Du matin au soir, tous types de piétons passent par la rue des Sœurs au centre de Strasbourg. Mais entre les salariés et les fêtards, l’allure de sœur Marie-Paul dénote. Plus lente, moins audible.

Au milieu de cette rue bourgeoise, bondée, bruyante, la nonagénaire paraît discrète. En tant que membre de la Congrégation des servantes de l’Eucharistie à Strasbourg, elle a connu des époques plus glorieuses pour l’organisation. Après une forte expansion, s’étendant jusqu’au Venezuela, en Hongrie ou encore en Pologne, la congrégation féminine décline.

Autrefois plein de vie, le « foyer eucharistique » de Strasbourg se dépeuple, au point qu’il n’en reste plus qu’une : sœur Marie-Paul, la dernière sœur de la rue des Sœurs. Résolue à ne pas laisser le lieu vide, la religieuse se met en tête de le transformer en foyer étudiant.

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Dans les usines d’Alsace, la gauche peine à exister face à l’extrême droite

Dans les usines d’Alsace, la gauche peine à exister face à l’extrême droite
Le syndicaliste CGT Amar Ladraa, lors d’une réunion du NFP à Strasbourg.

Durant la courte campagne des élections législatives anticipées, les militants du Nouveau front populaire ont peiné à être audibles dans les usines. Selon ses partisans ouvriers, la gauche reste fortement dépréciée face à un discours nationaliste rodé et efficace.

C’est plus fort que lui. Comme un réflexe musculaire, André lève toujours le poing devant l’objectif. Pendant qu’il prend la pose, toute l’usine se vide pour la fin du service ; les voitures filent les premières du parking, puis les cars remplis de salariés, dont l’un s’assoupit déjà dans son siège. Bientôt, l’usine elle-même pourrait s’en aller.

Discutant avec André sur le perron de l’entreprise, marquée des lettres de la société « Dumarey », patiente un autre vétéran de l’usine de boites de vitesses, Malek Kirouane. Les deux syndicalistes CGT affichent respectivement 34 et 33 ans dans l’entreprise. À l’attention de chaque collègue qui passe, une pique, une vanne ou un sourire complice. Mais la bonne humeur s’efface dès que l’on évoque le racisme dans l’usine et les bons scores du Rassemblement national chez les ouvriers : « Dans mon atelier, à la fonderie, ils te disent ouvertement qu’ils vont voter Rassemblement national », commence André avec un rictus :

« Dans le temps c’était différent. Les gens qui votaient pour Jean-Marie Le Pen avaient honte. Même s’il y avait déjà des électeurs d’extrême droite parmi les ouvriers, ils n’en parlaient pas ouvertement. »

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