Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Pour répondre aux critiques, Alsace Habitat choisit ses médias

Pour répondre aux critiques, Alsace Habitat choisit ses médias
Francis Bentz, le 15 avril 2025.

Jeudi 24 juillet, Étienne Wolf et Francis Bentz, respectivement président et directeur général du bailleur social Alsace Habitat, ont répondu aux critiques de leurs locataires lors d’une conférence de presse où dix médias locaux étaient conviés, mais pas Rue89 Strasbourg.

Les locataires dénoncent l’augmentation des charges, le bailleur social pointe les « dégradations volontaires ». Jeudi 24 juillet, Étienne Wolf et Francis Bentz, président et directeur général du bailleur social Alsace Habitat ont répondu aux critiques de leurs locataires à l’occasion d’une conférence de presse, dont fait état un article des Dernières nouvelles d’Alsace, laissé en accès libre aux lecteurs et lectrices.

Depuis janvier 2024, au moins deux collectifs de locataires du bailleur social de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA) ont été créés pour contester l’augmentation de leurs charges. Après des aides ponctuelles concédées à certain·es locataires en 2024, la CeA a débloqué 116 000 euros en 2025 afin que les régularisations de charges ne dépassent pas 2 000 euros par logement – une enveloppe jugée insuffisante par les collectifs.

Audit commandé en juin

Frédéric Bierry, président (LR) de la CeA, a par ailleurs « commandé un audit d’Alsace Habitat à un opérateur extérieur pour évaluer la réalité des problèmes », a-t-il annoncé fin juin dans le cadre du débat sur la stratégie budgétaire de sa collectivité et face aux critiques de trois conseille·res départementaux de gauche.

Aux Dernières nouvelles d’Alsace, les deux dirigeants d’Alsace Habitat ont répété que ces augmentations de charges étaient liées à celles du prix du gaz et donc du chauffage et de l’eau chaude – un argumentaire constant depuis 2024. Ils dénombrent 141 locataires avec un rappel de charges supérieur à 2 000 euros en 2023, 24 en 2024 – sur 17 000 logements en tout, précisent-ils. Alors que le bailleur social réalise un chiffre d’affaires de 107 millions d’euros, il consacre entre « 15 et 18 millions d’euros » à « améliorer la performance énergétique » de ses logements et la même somme à la « requalification, sécurisation et embellissement du patrimoine ». 50 millions vont annuellement à la construction de 200 à 500 logements neufs.

Une transition toute trouvée pour laisser à la direction le choix d’évoquer un autre poste de dépense : les « dégradations volontaires ». « Alsace Habitat doit faire face à une montée des incivilités et de la délinquance pour un coût qui atteint deux millions d’euros », ou plutôt, « 1,7 million », apprend-on dans l’article. Entre le « non-respect des consignes de gestion des déchets » et les « problèmes de voisinage » ayant mené au recrutement d’un médiateur et d’une assistante sociale, Alsace Habitat a également « dépensé 250 000 euros dans la sécurité privée en 2024 ».

Les dirigeants vont jusqu’à envisager la création « d’une police interbailleurs qui permettrait de mutualiser des services de prévention et de surveillance », sans préciser sur quelle compétence du bailleur ou de la CeA ce nouveau service pourrait trouver sa base légale.

En toute fin d’article, le président Étienne Wolf consacre cinq mots aux 30 000 euros versés par l’ancêtre d’Alsace Habitat à une association d’aide au développement dont il est fondateur opérant entre la Côte d’Ivoire et Brumath (dont il est maire) : « J’ai la conscience tranquille. »

Le directeur général Francis Bentz, reconduit au printemps par le conseil d’administration, n’est quant a lui pas revenu sur les accusations de désorganisation, de potentiel favoritisme, d’incompétence, d’incapacité à la remise en question ou de mal-être au travail de certain·es salarié·es interviewé·es par Rue89 Strasbourg en avril 2025.

Contacté, le bailleur social n’a pas donné suite à notre sollicitation pour savoir dans quel cadre les deux dirigeants d’Alsace Habitat ont sélectionné les médias conviés à leur réponse aux critiques des locataires, dont une bonne part ont paru dans Rue89 Strasbourg.

Malgré les reculs environnementaux, les écolos alsaciens préparent la riposte

Malgré les reculs environnementaux, les écolos alsaciens préparent la riposte
Quelques années après le mouvement international pour le climat, le gouvernement français enchaine les reculs environnementaux.

De la maire de Strasbourg aux activistes du Chaudron des alternatives, en passant par Alsace Nature, la galaxie écologiste pense de nouvelles stratégies. Face aux défaites environnementales, elle veut rendre ses combats plus concrets et montrer qu’ils sont aussi des urgences sociales.

« Combien de fois on nous aura dit qu’on pense trop aux papillons et pas assez aux gens ? » Stéphane Giraud dirige Alsace Nature depuis 2008. Il est habitué aux discours prétextant « l’écologie punitive » pour ne rien changer. Mais en 2025, les attaques contre les mesures écologistes sont particulièrement virulentes avec l’adoption de la loi Duplomb favorisant l’agriculture industrielle, les coupes dans le fonds vert, des discours criminalisant les militants écologistes relayés dans certains médias… « Est-ce qu’on régresse culturellement ou est-ce que c’est le vieux monde qui se sent menacé et devient plus violent ? », s’interroge Stéphane Giraud.

Après le mouvement international pour le climat en 2018, la droite et l’extrême-droite ont réussi à supprimer avec obstination des mesures environnementales qu’elles voient comme des contraintes économiques. « L’écologie n’est pas un positionnement pour embêter le monde, c’est une science, ce sont des milliers de chercheurs qui nous alertent depuis des décennies », rappelle le directeur d’Alsace Nature. « Ce n’est pas un backlash écolo, c’est un backlash pour l’Humanité », pose Jeanne Barseghian, maire (Les Écologistes) de Strasbourg. Rue89 Strasbourg s’est entretenu avec des militants et militantes au sujet de la contre-attaque qu’ils et elles imaginent pour dépasser cette séquence.

Lier les urgences sociale et écologiste

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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Enquête ouverte pour actes de vandalisme sur l’immeuble des militants pro-Palestine

Enquête ouverte pour actes de vandalisme sur l’immeuble des militants pro-Palestine
La porte de l’appartement affichant son soutien à la palestine a été vandalisée en pleine journée dimanche 27 juillet.

La police de Strasbourg a ouvert une enquête suite à une nouvelle plainte pour des actes de vandalisme survenus les 25 et 27 juillet dans un immeuble de la Neustadt. Ce bâtiment, occupé par des militants engagés pour la cause palestinienne, a été visé par des tags hostiles et des dégradations dans le but de les intimider.

« C’est clairement stressant, surtout qu’on constate une escalade sur ce qu’ils peuvent faire », résume Vic, militant d’Urgence Palestine et habitant de la colocation visée par des actes de vandalisme ces derniers jours.

Dans cet immeuble du quartier des Contades à Strasbourg, tout commence dans la nuit du 24 au 25 juillet. Des tags insultants, comme « Fuck Palestine » ou « Bureau du HamaSS » sont découverts sur la façade. Deux jours plus tard, le 27 juillet, c’est la vitre de la porte d’entrée de l’immeuble qui a été brisée en pleine journée.

« Il ne faudrait pas que ça aille plus loin. Maintenant, ça nous conforte aussi dans notre envie de nous mobiliser pour la Palestine », poursuit le jeune militant. Deux plaintes ont été déposées au commissariat. La première a été déposée en février, lorsqu’une grande croix noire avait été tracée sur leur palier. Des stickers anonymes sont également régulièrement collés sur leur porte.

Ces faits surviennent dans un contexte tendu, où le soutien à la cause palestinienne peut être mal perçu, voire susciter des réactions violentes. Dans une réponse publiée dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, Pierre Haas, délégué du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) en Alsace, a jugé « provocateur » l’affichage de ce soutien dans le quartier. Une réaction que Vic ne comprend pas :

« Quand ils disent que c’est une provocation d’afficher un soutien à la Palestine dans ce quartier, ça revient à insinuer que tous les juifs sont sionistes, ce qui n’est pas le cas. C’est problématique. La majorité des gens dans le monde sont aujourd’hui du côté de la Palestine. »

Vic, militant d’Urgence Palestine

Des marques de solidarité dans le quartier

Dans le quartier, plusieurs voisins ont manifesté leur soutien. Un drapeau palestinien a été accroché à une fenêtre à quelques mètres de là, une lettre de remerciement a été glissée dans leur boîte aux lettres, et certains passants n’hésitent pas à leur adresser des mots d’encouragement dans la rue.

« On ne compte pas forcément sur l’enquête policière pour notre sécurité. Ce qui nous protège, c’est de montrer que le quartier n’est pas avec eux, et que la solidarité existe », confie Vic.

Dans un message publié lundi 28 juillet au soir, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian a affiché son soutien aux habitants et habitantes de l’immeuble et dénoncé l’escalade de la violence : « Nous sommes dans un pays libre, une démocratie. Nul ne peut être pris pour cible en raison de ses convictions, de ses engagements ou des causes qu’il défend. On ne répond pas aux idées par la violence. Jamais. »

Une trentaine d’organisations dénoncent également les actes dont sont victimes les militants. Une manifestation est prévue ce samedi à 15 h, place Broglie, en soutien à la Palestine et aux militants visés par les dégradations et messages hostiles de ces derniers jours. « Il ne faut pas avoir peur, on va continuer à se mobiliser », assure Vic.

La police a ouvert une enquête et saisi les enregistrements des caméras de vidéosurveillance du secteur.

Trois ans après, toujours trop de pesticides dans l’eau potable de 60 communes alsaciennes

Trois ans après, toujours trop de pesticides dans l’eau potable de 60 communes alsaciennes
L’eau de près de 60 communes aux alentours de Brumath et Haguenau est polluée aux pesticides.

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Au Port du Rhin, Blue Paper a dépassé les limites d’émissions de particules toxiques

Au Port du Rhin, Blue Paper a dépassé les limites d’émissions de particules toxiques
L’usine Blue Paper au Port du Rhin.

L’État a repéré que l’usine Blue Paper, entre le Port du Rhin et la Musau, émettait trop de dioxines et de furanes en 2024. Il s’agit de molécules toxiques et persistantes dans l’environnement. Après une mise en demeure de la préfecture, l’entreprise est repassée sous les valeurs limites en 2025.

Blue Paper fait partie des dix usines alsaciennes qui émettent le plus de polluants dangereux. Cette société implantée à Strasbourg, à côté des quartiers du Port du Rhin et de la Musau, produit du carton ondulé. En 2019, elle a inauguré un incinérateur de déchets non recyclables pour créer la chaleur nécessaire à son activité. La direction vantait alors un procédé écologique qui allait lui permettre d’économiser en évitant d’acheter du gaz. L’Agence de la transition écologique (Ademe) avait même soutenu le dispositif à hauteur de six millions d’euros.

Le collectif Strasbourg Respire, constitué de soignants, dénonçait cependant un « greenwashing » (une ambition écologique de façade) et alertait sur ce procédé qui risquait d’émettre des particules toxiques pour la santé humaine à cause des fumées d’incinération de ces déchets. Marc Cheverry, directeur chargé de l’économie circulaire de l’Ademe, rétorquait dans 20 Minutes que ces affirmations n’étaient pas fondées, étant donné que « des études d’impact [avaient] été menées ». Mais « ce qu’on craignait est arrivé », regrette finalement Thomas Bourdrel, médecin radiologue et porte parole du collectif Strasbourg Respire, en juillet 2025.

Émissions toxiques

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Strasbourg pas pressée d’autoriser la baignade dans l’Ill

Strasbourg pas pressée d’autoriser la baignade dans l’Ill
Les organisateurs ont indiqué qu’une vingtaine de personnes s’étaient baignées, malgré l’interdiction municipale.

À Strasbourg, les baignades urbaines se préparent mais il faudra attendre au moins 2026. Le Herrenwasser et la presqu’île Malraux ont été retenus comme sites potentiels. La qualité des eaux de l’Ill est jugée suffisante, hors épisodes de pluie.

« Le projet existe toujours, ça prend du temps, mais il verra le jour », assure Pierre Ozenne. L’adjoint à la maire de Strasbourg est notamment en charge du projet de baignade dans l’Ill. Le sujet est évoqué par les élus strasbourgeois depuis 2017. Annoncée pour 2019 puis repoussée à 2021, l’ouverture à la baignade reste, en 2025, toujours au stade de promesse. Mais les succès dans d’autres villes françaises, notamment Paris, ravivent les attentes des Strasbourgeois et Strasbourgeoises.

Pour Pierre Ozenne, la baignade urbaine pourra voir le jour durant le prochain mandat municipal, entre 2026 et 2032, mais ne sera pas possible à l’été 2025 :

« On pensait que se baigner dans l’eau de l’Ill aurait pu se mettre en place rapidement, mais il faut prendre en compte des questions de pollution des eaux, de gestion des cours d’eau et surtout de sécurité. »

Deux sites pour démarrer

Des études menées en 2021 et 2023 par le bureau Geonat Environnement ont permis de retenir deux sites parmi une quinzaine analysés dans la métropole strasbourgeoise pour initier le projet de baignade : les anciens bassins du Herrenwasser, entre les quartiers de l’Elsau et de la Montagne Verte, ainsi que la presqu’île André-Malraux, à la frontière entre Neudorf et l’Esplanade.

Le site du Herrenwasser est bien connu dans les discussions autour d’un retour à la baignade à Strasbourg pusqu’il a accueilli dès 1867 les premiers bains aménagés de la ville, avant de fermer en 1971 à cause de la pollution. Pour ce premier emplacement, un bassin de 1 000 à 1 200 m² est envisagé en face des jardins familiaux, ainsi qu’une zone enfant avec une hauteur d’eau maximale de 0,30 m.

Quant à la presqu’île André-Malraux, le lieu de baignade « pourrait se situer au niveau des Docks d’été », sur l’extrémité ouest de la presqu’île, précise Pierre Ozenne. Un bassin d’environ 1 500m2 est envisagé pour la zone de baignade avec « la mise en place d’un fond artificiel intermédiaire permettant de créer une pente allant de 0 à 1,80 m de profondeur », selon l’étude réalisée par Geonat et fourni par l’Eurométropole.

Il s’agit désormais de préciser les besoins et les contraintes pour chaque site explique Pierre Ozenne :

« Il faudra penser à l’installation des lignes d’eau, à la délimitation des zones autorisées à la baignade, et à la construction des accès à l’eau depuis les rives. Il faut aussi prévoir des infrastructures : sanitaires publics, vestiaires, casiers, ainsi que des équipements pour permettre la pratique d’activités aquatiques. »

L’élu se réjouit de cette perspective, qu’il perçoit comme une double avancée, sociale et écologique :

« Il s’agit de redonner un accès à la nature aux habitants, tout en veillant à ce que cette activité ne vienne pas nuire à un espace naturel. »

Risques de pollution en cas de pluies

Les études fournies par la ville ne révèlent ni pollution bactériologique, comme la présence d’Escherichia coli ou d’entérocoques intestinaux (signes de contamination fécale). Elles ne signalent pas non plus de pollution physico-chimique, notamment par l’azote ou le phosphore (deux éléments favorisant la prolifération d’algues vertes). Geonat reccomande toutefois de maintenir une surveillance régulière, avec des analyses au moins hebdomadaires en période sèche, afin de suivre l’évolution des taux.

Baignade du Herrenwasser (à droite) dans les années 1930 (CAS / Archi-Strasbourg)Photo : CAS / Archi-Strasbourg

La principale inquiétude concerne les épisodes pluvieux, lors desquels le risque de pollution bactériologique augmente, explique Pierre Ozenne :

« Il était nécessaire de recenser tous les points de rejet d’eaux usées et d’eaux pluviales dans le milieu naturel en amont des lieux de baignade, comme les canalisations principales et les déversoirs, qui renvoient les eaux à traiter dans l’Ill en cas d’orage ou de pluies abondantes. »

Il suffira donc de 5 mm de pluie pour suspendre la baignade. Par précaution, l’accès sera interdit pendant au moins 48 heures, le temps de vérifier la qualité de l’eau avec des analyses complémentaires réalisées chaque jour. Comme à Paris, la mesure vise à limiter les risques de pollution liés aux débordements d’égouts.

La reprise de la baignade ne pourra être accordée qu’après l’accord de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) en charge de l’analyse et de l’Eurométropole.

Prévenir la prolifération des rongeurs

La présence de faune sauvage à proximité directe des deux sites, notamment de rats et de ragondins, n’est pas considérée comme un problème pour la baignade, mais devra faire l’objet d’une surveillance particulière, précise la collectivité par écrit:

« La propreté du site doit être assurée. Pour ne pas attirer la faune sauvage et domestique, il y aura des actions de sensibilisation des promeneurs et baigneurs sur l’interdiction du nourrissage des animaux, mais aussi sur le ramassage des déchets, afin de ne pas favoriser le développement des rongeurs, notamment, qui posent des risques sanitaires tels que la leptospirose. »

Quant à la pollution potentielle liée à la navigation, elle ne constitue pas une inquiétude. « À moins d’un rejet volontaire depuis un bateau, il n’y a pas de risque, assure Pierre Ozenne, une fois les secteurs et les lignes d’eau délimitées, l’organisation devrait permettre une bonne cohabitation entre les différents usages. »

Des animations sur la rive pour compléter la baignade

« Pour nous, le principe est et restera que la baignade urbaine soit gratuite. Ce n’est pas un sujet financier. En revanche, d’autres activités commerciales pourront s’installer au bord de l’eau », explique Pierre Ozenne. Pour cela, la Ville de Strasbourg prévoit de lancer des appels à manifestation d’intérêts auprès de prestataires susceptibles de proposer des animations, mais aussi d’assurer la surveillance du site.

Pour l’heure, difficile d’en savoir plus, l’élu ne s’étale pas sur le sujet : « La phase opérationnelle n’est pas à l’ordre du jour avant le prochain mandat« .

À Strasbourg et alentours, un mois d’août plein de musique et de cinéma

À Strasbourg et alentours, un mois d’août plein de musique et de cinéma
Image d’archive, Farse 2018.

Le mois d’août sera marqué par le retour de plusieurs évènements culturels phares de l’été alsacien : Au grès du jazz, le FaRse, Fluctuations… C’est aussi l’occasion de s’éloigner de Strasbourg le temps d’un concert ou d’un film et de s’ouvrir à des évènements moins institutionnels.

Quand les corps crament sous le soleil d’août, la meilleure option reste la fuite. Dans la musique, le cinéma, la danse, le cirque… Et puis avec ses jambes aussi, filer loin de Strasbourg, pour d’autres lieux artistiques moins connus. Petit tour d’horizon de nos recommandations de l’été, très marquées par les évènements musicaux.

Entre la Méditerranée et le Rhin, Fluctuations ne choisit pas

S’invitant du Rhin à la Seine, jusqu’au Danube, le festival itinérant Fluctuations s’arrête à Strasbourg du 22 au 24 août, au Phare Citadelle. Articulée autour de différentes variantes de house, la programmation s’ouvre à des explorations larges, donnant notamment à entendre des artistes issues de la scène allemande, comme la chanteuse iranienne installée à Berlin Faravaz, dont les paroles, mélangeant allemand, iranien et anglais, donnent à entendre son exil.

Certains artistes s’ouvrent également à des sonorités plus méditerranéennes que rhénanes, comme le producteur et DJ KasbaH avec son album Musiques de fêtes, qui réunit plusieurs artistes autour de musiques orientales et électroniques. Ses propres compositions s’inscrivent également dans cette veine musicale, en usant d’instruments orientaux.

L’on retrouve également des influences de l’autre côté de la Méditerranée, avec les sets italo-disco de l’artiste française Seiun. Jouant principalement à Berlin et affiliée au label Nein Records, sa musique pioche allègrement dans les registres rétro, usant de synthés quasi antiques.

Du jazz dans les Vosges du Nord

Comme chaque mois d’août, le festival Au grès du jazz revient à La Petite-Pierre, dans les Vosges du Nord. Ancré dans la région depuis 2012, l’évènement est depuis devenu un rendez-vous institutionnel des amateurs de jazz en Alsace.

Son programme donne à entendre une trentaine de concerts gratuits, dont le groupe strasbourgeois Las Baklavas, qui puise dans le répertoire musical des Balkans ou de l’Amérique du Sud. On y retrouve également le groupe local FUZ4TET, qui s’inspire notamment d’influences « traditionnelles ukrainiennes ». Deux jeunes groupes plein d’énergie communicative dans leurs prestations sur scène. Du côté des concerts payants, on retrouve de nombreux noms célèbres de la scène jazz, dont Gabi Hartmann, qui a récemment sortie un nouvel album narratif « La femme aux yeux de sel ».

Le groupe strasbourgeois Las Baklavas.

Du gros son près de la gare

Le collectif Bon Vieux Temps (BVT), basé en Alsace du nord, lance une première édition du Bon Vieux Festival, deux jours de DJ sets de musique techno (house, hardtrance, hardcore…) dans un écrin de verdure, la pelouse du club de tir située entre la rue du Rempart et la voie métropolitaine. Outre la programmation « 100% locale et émergente », BVT promet « une ambiance conviviale » avec des stands créatifs, un foodtruck et un « coin chill ».

Du cinéma en extérieur tout l’été

Couverture, glacière, packs de bière… Tout ce qui peut servir à se mettre à l’aise sur un coin d’herbe est bon à prendre. Plutôt qu’être calfeutré dans une salle sombre, deux festivals nous invitent à passer nos soirées cinéma sous les étoiles, le regard tourné vers l’écran.

La 5ème édition du festival « Ciné Plein Air ! », imaginée par l’équipe du collectif Troisième Souffle, continue de nous proposer ses séances en plein air à Strasbourg et aux alentours.

Au programme du mois d’août : des sorties récentes comme Le Grand Bain de Gilles Lellouche ou Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte, ainsi que des classiques du grand écran avec L’Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock, Big Fish de Tim Burton ou encore Les Blues Brothers de John Landis. Pas moins de douze séances sont prévues entre Strasbourg et ses alentours.

Une autre soirée ciné, intitulée « Cinéma Voyageur », prendra place le 3 août à Wildersbach, pour une projection sous son chapiteau itinérant. Porté par le collectif parisien Synaps, ce projet nomade met en lumière des films libres de droits, souvent issus de démarches indépendantes, créatives et engagées. À travers sa tournée estivale, l’association défend un cinéma en marge des circuits classiques de production et de diffusion.

Le film projeté ne sera choisi qu’au dernier moment, parmi une sélection de coups de cœur ou de créations produites par le collectif lui-même. Une séance unique, à prix libre, pour une expérience de cinéma rare, conviviale et participative.

Un été au vert avec Alsace Nature

Alsace Nature et son réseau d’associations invitent tout au long de l’année à découvrir la faune et la flore locale à travers une série d’événements immersifs. Balades contées en forêt, sorties nocturnes à la rencontre des chauves-souris ou encore parcours inspirés de contes et légendes rythment cette programmation nature, accessible sur l’ensemble du territoire.

Parmi les rendez-vous proposés cet été : une sortie à la tombée de la nuit avec le Groupe d’études et de protection des mammifères d’Alsace (Gepma) pour observer les chauves-souris autour du fort Kléber, une exploration sonore sur la colline du Bastberg à Bouxwiller menée par l’association Les Piverts, ou encore une balade ornithologique au parc de l’Orangerie à Strasbourg, accompagnée par la LPO Alsace.

Le FARSe souffle ses dix bougies

Dix ans que le FARSe transforme la ville en scène à ciel ouvert, dix étés à faire tanguer le bitume sous les pieds des acrobates, des jongleurs, des clowns et des poètes de passage. Pour cette édition anniversaire, du 29 au 31 août, le festival des arts de la rue déploiera une vingtaine de compagnies dans l’espace public strasbourgeois.

Le Village du FARSe retrouvera cette année la Manufacture des Tabacs, transformée pour l’occasion en point de ralliement entre le public et les artistes. On y viendra pour flâner, échanger, mais aussi pour mettre la main à l’encre lors d’un atelier de sérigraphie sur vêtements. Pour ses dix ans, le festival inaugurera également des temps de rencontre en bord de scène ou au village, histoire de prolonger les échanges une fois le spectacle terminé. En toile de fond, une exposition photo reviendra sur une décennie de moments suspendus, saisis par trois regards fidèles : ceux d’Alban, Elyxandro et Abdesslam.

Des tags d’intimidation sur l’immeuble de militants pour la Palestine

Des tags d’intimidation sur l’immeuble de militants pour la Palestine
Ces inscriptions ont été réalisées dans la nuit du 24 au 25 juillet et nettoyées dans la matinée du 25 juillet, au pied d’un immeuble à Strasbourg.

Des inscriptions hostiles à la Palestine ont été taguées sur un mur, au rez-de-chaussée d’un bâtiment de la Neustadt dans la nuit du 24 au 25 juillet. Elles ciblaient des militants engagés pour Gaza.

« Fuck Palestine », « Bureau du Hamas, 4e étage ». C’est le message qu’ont pu lire, vendredi 25 juillet au matin, deux militants pour la cause palestinienne, au pied de l’immeuble où ils vivent en colocation. Ces tags ont été réalisés pendant la nuit, avec un drapeau français directement sur la porte, marqué de la boucle dorée de soutien aux otages du Hamas.

« Moi je suis habitué, j’ai tendance à minimiser. Pour mes colocs c’est différent… » Planté devant la façade de son immeuble, Gabriel regarde du coin de l’œil les marques du nettoyage effectué le matin même. Pour ce militant du collectif Urgence Palestine Strasbourg, c’est le dernier acte d’une escalade d’intimidations :

« D’abord c’était juste des autocollants. Puis j’ai eu un premier tag, une marque noire sur la porte de mon appartement le 23 février. J’avais porté plainte mais il ne s’était rien passé. »

Enquête ouverte

Tout a commencé lorsqu’il a accroché un drapeau de la Palestine sur son balcon, à côté des drapeaux LGBTQI+ et Kanak. Puis, depuis samedi, une banderole avec la phrase « De la mer au Jourdain », en référence au territoire entre ce fleuve et la Méditerranée incluant la Cisjordanie, Israël et la bande de Gaza. Pour Gabriel, le slogan attise les fantasmes : « Non, ça ne veut pas dire “les juifs a la mer”, il s’agit de reconnaître le droit des gens nés sur place à y rester, dans un État Palestinien. »

Gabriel, militant d’Urgence Palestine Strasbourg.Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg

Devant son immeuble, il assure que la plupart des passants sont solidaires. « C’est important, ça permet de montrer qu’on n’est pas isolés. » Il commente la déclaration du président du Consistoire israélite de Strasbourg, Maurice Dahan, qui sous-entendait sur France 3 Alsace, que cette banderole dans le quartier de la Synagogue était une provocation. « Cela voudrait dire que les Juifs sont forcément sionistes et ne peuvent pas soutenir la Palestine. Mais c’est faux, malgré tout ceux qui veulent le faire croire. »

Gabriel assure qu’il ne cessera pas de se mobiliser. Il a déposé plainte. La police a ouvert une enquête et saisi les enregistrements des caméras de vidéosurveillance du secteur.

La justice valide l’expulsion du camp du Heyritz sans exiger d’alternative

La justice valide l’expulsion du camp du Heyritz sans exiger d’alternative

Le tribunal administratif de Strasbourg a validé vendredi 25 juillet la demande de la Ville pour faire évacuer le campement de migrants installé dans le parc du Heyritz. Une centaine de personnes, dont plusieurs familles, devront quitter les lieux sous huit jours, sans qu’aucune solution d’hébergement ne leur ait été proposée.

« On est venus en France pour sauver nos vies. » La voix de Mohammad Hussain, 44 ans, résonne dans la salle d’audience du tribunal administratif de Strasbourg, mercredi 23 juillet. Derrière lui, plus d’une soixantaine d’habitants et d’habitantes du campement du parc du Heyritz ont fait le déplacement. Certains sont debout, d’autres sont assis sur des chaises rajoutées à la hâte, faute de places suffisantes sur les bancs en bois.

Face à eux, la Ville de Strasbourg demande au juge des référés l’autorisation de recourir à la force publique pour évacuer le campement. Elle explique ne pas avoir d’alternative, après avoir demandé en vain que les occupants partent d’eux-mêmes, le 24 juin.

« Il y a urgence à trouver des hébergements »

Installé depuis mars 2025 sur les berges du parc du Heyritz, à la frontière du quartier de Neudorf, le camp abritait encore 116 réfugiés et demandeurs d’asiles en juin et 180, dont 60 enfants, selon les derniers décomptes. Une situation que la Ville, représentée par Me Guillaume Llorens, juge préoccupante. « Le campement est exposé à des risques de chute de branches, notamment en cas de vents violents. Il y a des risques d’incendie à proximité des tentes et le site, situé en bord d’eau, est dangereux pour les enfants en période de vacances scolaires », avance-t-il.

Un argumentaire qui ne convainc pas Me Sophie Schweitzer, Me David Poinsignon et Me Gabriella Carraud, en charge de la défense des familles. « Les personnes qui y vivent y sont contraintes. Tout le monde sait que ce n’est pas une situation idéale, mais aucune solution de mise à l’abri ne leur est proposée », rappellent-ils.

Me David Poinsignon ne cache pas son exaspération :

« Ce type de requête pour obtenir une expulsion devient routinière, presque automatique, la municipalité devrait anticiper et organiser la mise à l’abri sans attendre le démantèlement du camp. Il y a urgence à trouver des hébergements. »

Un préfet qui manque à l’appel

En France, l’hébergement d’urgence relève normalement de la compétence de l’État et donc du préfet, qui le représente dans le département. C’est lui qui doit organiser la mise à l’abri des personnes sans solution de logement, via le numéro unique 115, lié au SIAO (Service intégré d’accueil et d’orientation).

Le 13 juin, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a sollicité l’intervention du préfet du Bas-Rhin pour que des solutions soient proposées aux occupants du campement. Une requête restée sans suite, selon la municipalité, qui affirme n’avoir eu d’autre choix que de saisir la justice pour en obtenir l’évacuation.

Un jeu de renvoi de responsabilités entre la Ville et l’État que dénonce Me Sophie Schweitzer :

« Ce n’est pas la seule solution. La Ville, en la personne de la maire, a la possibilité de ne pas expulser sans donner de garanties d’hébergement derrière. Si elle considère que le préfet est défaillant dans son obligation de mise à l’abri, elle peut engager sa responsabilité, voire même l’attaquer en justice. »

Fin juillet, ni la préfecture ni la municipalité n’ont apporté de garanties de mise à l’abri. La Ville affirme toutefois avoir engagé une procédure contre l’État pour dénoncer son inaction en la matière.

« C’est une lutte sans fin »

Vendredi 25 juillet, le tribunal administratif a donné raison à la Ville. Dans son ordonnance, il fait suite à sa demande d’évacuation sous huit jours, avec possibilité de recourir à la force publique si nécessaire.

« La décision rendue est un copier-coller des autres ordonnances, ils n’ont même pas pris en compte nos demandes », regrette Me Sophie Schweitzer :

« Ils prétendent avoir dressé un tableau pour analyser les situations personnelles des habitants du campement et prévoir des hébergements, mais c’est faux. »

Selon l’avocate, seules les personnes relevant d’un hébergement de la CADA, c’est-à-dire les demandeurs d’asile officiellement enregistrés dans le dispositif d’accueil de l’État, pourraient éventuellement se voir proposer une place. « Pour tous les autres, ce sera la rue. Dans huit jours, ils vont les entasser dans un gymnase, faire le tri, et ils repartiront dehors. C’est une lutte sans fin. »

Les avocats prévoient désormais de se rendre sur le campement pour informer les habitants de la décision et se préparer à l’évacuation.

Le néonazi Valentin Linder aurait tenté de s’évader de la maison d’arrêt avec un terroriste

Le néonazi Valentin Linder aurait tenté de s’évader de la maison d’arrêt avec un terroriste

Mardi 22 juillet, Valentin Linder (ex-président du Bastion social), l’accusé du meurtre du professeur Dominique Bernard et un troisième homme auraient tenté de s’évader de la maison d’arrêt de Strasbourg.

« Le 22 juillet 2025, à l’occasion d’interventions techniques, ont été découvertes des dégradations sur les portes de trois cellules du quartier d’isolement de la maison d’arrêt de Strasbourg. La partie inférieure des battants était en effet sciée puis colmatée avec une pâte blanche. Plusieurs lames de scies ont été découvertes dans l’établissement. » Dans un communiqué diffusé vendredi 25 juillet, la procureure de Strasbourg Clarisse Taron affirme que trois hommes ont été placés en garde à vue pour 24 heures suite à ce qui semblerait être une tentative d’évasion de l’établissement pénitentiaire situé dans le quartier de l’Elsau.

Néonazi et terroriste islamiste en bande organisée ?

Parmi eux, selon Le Parisien, Valentin Linder, néonazi et ex-dirigeant du Bastion social, condamné à trois ans de prison dont un avec sursis en avril 2025 pour des « infractions à la législation sur les armes et participation à un attroupement ». Avec lui en garde à vue, Mohammed Mogouchkov, terroriste islamiste mis en cause pour l’assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras en octobre 2023. Il est en détention provisoire et mis en examen pour « terrorisme et assassinat ». Le troisième détenu est incarcéré pour des faits de « violences aggravées et infractions à la législation sur les stupéfiants ». Les trois hommes « contestent toute participation aux faits ».

La procureure indique que les mesures de garde à vue « ont été levées », qu’une information judiciaire a été ouverte vendredi 25 juillet « des chefs de tentative d’évasion et recel de remise illicite d’objets à détenus, le tout en bande organisée ». Une enquête est donc en cours.

« Des mesures de sécurité ont été prises sans délai et tous les détenus du quartier d’isolement ont été transférés dans d’autres établissements », conclut le communiqué.

Daniel construit sa ZAD, au milieu des cultures intensives de l’Ackerland

Daniel construit sa ZAD, au milieu des cultures intensives de l’Ackerland

Coincée entre les champs de l’Ackerland, la bande de terre de Daniel ressemble à une oasis forestière. Il y construit sa cabane, cultive sa nourriture et un mode de vie libre, tout en parlant à ses voisins des « incohérences de la société ».

« Je ne vais pas mentir et dire que c’est le bonheur, que tout est simple. Mais franchement, je ne suis pas malheureux », pose Daniel. En cet après-midi de juillet, la température approche des 40°C. Impossible de rester au soleil, il faut se réfugier à l’ombre des cerisiers, des bouleaux, ou des noyers.

À l’ombre des arbres, la cabane deux étages de Daniel en plein Ackerland.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Heureusement, des arbres peuvent pousser dans cette étroite parcelle. Daniel vit sur une bande de terre de 300 mètres de long pour 11 mètres de large. Elle contraste au milieu des cultures intensives de l’Ackerland, juste à côté de Breuschwickersheim. « Je dois avoir une vingtaine d’espèces d’oiseaux, des hiboux, un pic, des mésanges… Ça me fait du bien de les observer, de voir comment elles interagissent entre elles », confie t-il.

Les arbres de la parcelle de Daniel s’élèvent au-dessus du maïs et du blé.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Chapeau, lunettes de soleil, tee-shirt et pantalon clairs, il doit s’adapter aux aléas climatiques, entre les hivers rudes et les canicules. Il se distingue avec son univers punk, son quotidien de débrouille sans emploi ni revenus stables, dans une zone géographique où les gens qui sortent de la norme sont rares. À quelques kilomètres à l’ouest de Strasbourg, rien ne dépasse de ces lotissements sortis tout droit du rêve américain, tout le monde semble avoir une vie bien rangée. Chaque terrain agricole ou constructible est prisé et exploité. « Chez moi, c’est une ZAD, une zone à défendre de la gourmandise agricole », estime Daniel.

Daniel fait pousser des plantes aromatiques.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Terrain grignoté par l’agriculture

Lui a atterri là après avoir sympathisé, à Strasbourg, avec le propriétaire de cette parcelle abandonnée. Désormais décédé, ce dernier lui a proposé d’y habiter en 2015. Elle était grignotée petit à petit par les agriculteurs d’à côté. « Quand je suis arrivé, ils n’y croyaient pas, pour eux ça n’appartenait à personne. Ils pensaient que je squattais. Je les ai invités à vérifier sur le cadastre avec le maire, se remémore Daniel. C’était il y a 10 ans maintenant. »

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Pour qu’Israël laisse entrer l’aide humanitaire à Gaza, deux manifestations fin juillet

Pour qu’Israël laisse entrer l’aide humanitaire à Gaza, deux manifestations fin juillet
Deux manifestations de soutien à Gaza sont prévues, vendredi 25 et dimanche 27 juillet.

Alors que les habitantes et habitants de Gaza sont affamés par le blocus de l’aide humanitaire imposé par Israël depuis mars, deux manifestations sont prévues à Strasbourg pour demander la fin du blocus et un cessez-le-feu, vendredi 25 et dimanche 27 juillet.

Sur fond de photo d’un enfant victime de famine, le collectif Palestine 67 appelle à deux mobilisations à Strasbourg pour réclamer le cessez-le-feu et la fin du blocus humanitaire mis en place par Israël dans la bande de Gaza. Elles auront lieu place Kléber, vendredi 25 juillet à 18h et dimanche 27 juillet à 17h.

Comme suggéré sur des vidéos diffusées sur Instagram, notamment par la journaliste palestinienne Bisan Owdale, le collectif prévoit de faire du bruit à ces deux occasions, littéralement. « Apportez casseroles, couvercles, cuillères : faisons entendre la voix de la famine », écrit-il.

Stopper la famine

Les revendications sont les suivantes : stopper le génocide et la famine à Gaza, exiger l’arrêt du blocus et demander l’accès à l’aide humanitaire d’urgence, mettre en place des sanctions contre l’État d’Israël et un imposer un embargo sur les armes qui lui sont livrées.

Ce territoire Palestinien est entouré d’Israël, de la mer et de l’Égypte. Depuis le 2 mars 2025, le blocus imposé par Israël est total, rapporte l’Organisation des nations unies (ONU). C’est-à-dire que l’État hébreux est seul à autoriser ou non l’entrée et la sortie de la bande de Gaza. Même par la mer, le territoire est gardé par Israël, qui est allé jusqu’à interpeller un convoi humanitaire et ses passagers dans les eaux internationales entre le 8 et le 9 juin.

Depuis, la population gazaouie dont les infrastructures ont été pour la plupart détruites par l’armée israélienne depuis octobre 2023, doit survivre avec le peu d’aide humanitaire qui est autorisé à pénétrer sur son sol. 400 points d’aide humanitaire avaient été mis en place pendant le cessez-le-feu temporaire en janvier 2025. En juillet 2025, ils ne sont plus que 4, sous contrôle militaire, rapporte Médecins sans frontières (MSF) :

« Deux millions de personnes sont concentrées dans un périmètre toujours plus restreint. Depuis 20 mois, sous le regard de la communauté internationale, plus de deux millions de personnes subissent des bombardements incessants, l’instrumentalisation de la nourriture, de l’eau et de l’aide, des déplacements forcés répétés, et une déshumanisation systématique. »

Le 21 juillet, l’ONU a indiqué avoir assez de nourriture pour assurer la survie de toute la population de la bande de Gaza pendant deux mois, si celle-ci n’était pas bloquée aux frontières. Et même lorsque celle-ci est acheminée dans l’enclave, l’armée israélienne vise les Palestiniens et Palestiniennes qui tentent d’en bénéficier. Ainsi, l’ONU dénombre, « depuis le 27 mai, plus de 800 personnes […] tuées par l’armée israélienne alors qu’elles tentaient de se procurer de l’aide. Les tirs visant des foules affamées se répètent, au point de transformer l’accès à la nourriture en un acte de survie à haut risque ».

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À Strasbourg, les associations obligées de rationner les distributions alimentaires

À Strasbourg, les associations obligées de rationner les distributions alimentaires
Les associations accueillent de plus en plus de monde à leurs distributions alimentaires estivales.

La Ville de Strasbourg, le Secours Populaire et Abribus constatent une augmentation constante de la fréquentation de leurs distributions alimentaires estivales. Les associations ont dû mettre en place des restrictions.

À 11h30 le mercredi 23 juillet, un petit groupe de personnes patiente déjà devant les grilles de la Fabrique de Théâtre, à Strasbourg. Depuis le 9 juillet, le lieu est chaque jour investi par une quinzaine de bénévoles du Secours Populaire et de l’association Abribus. Accompagnés par des employés de la Ville de Strasbourg, ils organisent une distribution alimentaire à midi.

Du mercredi au dimanche, des centaines de personnes viennent y chercher un repas : plusieurs associations et services sociaux se relaient sur le lieu. « C’est un point de repère, décrit Camille Vega, directeur du Secours populaire dans le Bas-Rhin. On donne accès à de la nourriture, à des toilettes, à de l’eau, mais aussi à la culture, aux soins… »

L’opération existe depuis 2020, et vise à prendre le relai alors que plusieurs associations freinent ou arrêtent leur activité durant la période estivale, grâce à un financement de l’État et de la municipalité. En 2024, 24 000 repas ont été distribués au total. Chaque année, de plus en plus de Strasbourgeois et Strasbourgeoises ont recours à ce dispositif.

Hausse permanente de la demande

« Sur ces deux premières semaines, nous avons déjà une augmentation de 20% du nombre de personnes présentes à nos distributions par rapport à 2024 », commence Camille Vega, avant d’ajouter :

« Nous expliquons depuis des années que nous arrivons au bout de nos capacités. La semaine dernière nous avons déjà accueilli 450 personnes, pour une capacité d’accueil maximum de 500. En 2020, nous distribuions 270 paniers en moyenne, et en 2024, 400. »

Même constat pour L’Étage, restaurant solidaire qui prendra le relais de la distribution en soirée dès le 4 août. Les 150 repas fournis chaque jour risquent de partir « en 30 minutes », estime un des chefs de service de l’association, Wima Farzan.

Restrictions

Sumitra Gopal, porte-parole d’Abribus, n’est pas surprise par cette augmentation constante de la demande pour ce dispositif ouvert à tous :

« Beaucoup de personnes n’ont pas d’autre possibilité que ces distributions alimentaires. Ces personnes, très vulnérables, peuvent notamment être à l’origine de la construction de campements. À cinq minutes d’ici, au parc du Heyritz, un campement s’est reconstruit pour la deuxième fois. Ils sont 162, dont 53 enfants de 0 à 18 ans. »

Des familles qui n’ont souvent pas d’autorisation de travailler, de se loger, et qui se retrouvent sans aucune ressource. Les distributions alimentaires estivales sont un dispositif d’aide inconditionnel. Elles ne demande aucun justificatif aux demandeurs, partant du principe que chaque personne présente à la distribution en a besoin. Comme l’explique Camille Vega, ce système atteint ses limites :

« Nous avons déjà dû mettre en place des restrictions… Nous ne fournissons plus de repas aux personnes qui ne sont pas en capacité de se déplacer. Avant, nous pouvions donner plusieurs repas à une personne qui venait pour ses proches. Et nous demandons aux familles si leurs enfants en bas-âge peuvent partager un panier repas. Certaines acceptent. »

Manque de moyens

« Face à une telle demande, il ne faut pas se contenter de boucher les trous pendant l’été, regrette Sumitra Gopal, mais nous n’avons pas assez de moyens ». Les subventions de la distribution estivale ont légèrement augmenté, elles sont passées de 185 000 euros (170 000 de la Ville et 15 000 de l’État) en 2024 à 205 000 (150 000 de la Ville et 55 000 de l’État) en 2025.

Mais pour Sumitra Gopal, « la politique de l’État reste insuffisante », et ne permet pas de « viser la racine du problème ». Les maraudes estivales s’arrêtent le 31 août. La porte-parole d’Abribus s’inquiète aussi du fonctionnement de la transition à la rentrée, avec la mise en place des dispositifs qui devront être suffisamment efficaces pour répondre à ces besoins importants.

Accusé de voyeurisme à la piscine, il se suicide avant son procès

Accusé de voyeurisme à la piscine, il se suicide avant son procès
Maître Fleur Toutain devant le tribunal judiciaire de Strasbourg, le 23 juillet 2025.

L’homme interpellé le 9 juin en train de filmer des fillettes dans les vestiaires de la piscine de Hautepierre s’est suicidé avant son procès, qui devait se tenir le 23 juillet à Strasbourg.

L’audience avait été reportée au 23 juillet pour demander une expertise psychiatrique du suspect. Le 9 juin, l’homme de 52 ans était surpris par Brice, un père de famille, en train de filmer sa fille mineure dans les vestiaires de la piscine de Hautepierre.

Entre son interpellation et le procès, l’homme, lui-même père de deux enfants, est resté libre. Il s’est suicidé avant l’audience, entraînant de fait l’extinction de l’action publique (plus de suspect, plus de poursuites pénales, l’homme est présumé innocent).

Il était accusé de « voyeurisme commis sur un mineur – utilisation d’un moyen pour apercevoir à son insu et sans son consentement ses parties intimes » pour les faits du 9 juin. L’homme était également poursuivi pour atteinte « à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement ou transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel » entre le 1er janvier 2023 et le 9 juin 2025.

Travailler avec la Ville de Strasbourg

Le président de séance, Marc Picard, a précisé qu’une soixantaine de vidéos d’enfants nus non identifiés ont été retrouvés chez le suspect. Son avocate, Maître Laura Javaux, estime que le décès de son client est en partie lié à la médiatisation de l’affaire. « Mon client était un homme acculé, effondré, la pression médiatique a des conséquences, sa mise à mort virtuelle a conduit à sa mise à mort réelle », a-t-elle asséné.

L’avocate des parents d’enfants filmés à leur insu, Maître Fleur Toutain, a brièvement réagi pour ses clients à l’issue de l’audience : « Nous ne voulons pas aggraver l’annonce dramatique du décès et souhaitons respecter le deuil de cette famille. Mes clients continueront à être en lien avec la Ville de Strasbourg afin de prévoir des aménagements pour les piscines. » Lesdits parents ont refusé tout commentaire à la presse, encore sous le choc de l’annonce du suicide.

Maître Grégory Thuan Dit Dieudonné, avocat de l’association Innocence en danger, devant le tribunal judiciaire de Strasbourg le 23 juillet 2025.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

L’avocat de l’association Innocence en danger, Maître Grégory Thuan Dit Dieudonné, précise que l’expertise psychiatrique du suspect révélait une conscientisation de ses actes. « Il se rendait de plus en plus compte des conséquences de ses actes et avait un profil de collectionneur, ressentait une honte intense et profonde, et aurait dû bénéficier d’un suivi psychologique », explique-t-il. Pour autant, l’expertise ne relevait pas de risque suicidaire ni de dangerosité criminologique (risque de récidive).

En juin, un évêque était décédé après s’être défenestré à Geispolsheim, à l’approche de son procès pour pédocriminalité.

Le Conseil d’État réautorise le chantier du canal du Rhône au Rhin

Le Conseil d’État réautorise le chantier du canal du Rhône au Rhin
La bataille juridique continue concernant le canal du Rhône au Rhin.

Le Conseil d’État a annulé, ce 22 juillet, une ordonnance du tribunal administratif de Strasbourg qui suspendait la rénovation du canal du Rhône au Rhin. Le chantier peut donc théoriquement reprendre. Il menace des écosystèmes rares selon des associations locales.

Abandonnée depuis les années 60, une section de 24 kilomètres du canal du Rhône au Rhin accueille une biodiversité foisonnante. De nombreuses espèces rares ont pu s’installer sur ces berges sauvages ou dans des dépôts de graviers et de bois morts immergés. Mais la Région Grand Est pilote un projet de rénovation de cette voie d’eau, à hauteur de 46 millions d’euros d’argent public, afin d’y permettre la navigation de plaisance.

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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Le projet de « quartier jardin » sur le site industrialisé Heppner se précise lentement

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L’entrée du site Heppner, bientôt transformé.

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