Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Jeanne Barseghian estime avoir lancé 92% des 130 actions du plan climat de Strasbourg

Jeanne Barseghian estime avoir lancé 92% des 130 actions du plan climat de Strasbourg
Jeanne Barseghian estime avoir atteint ses objectifs de transition écologique.

La municipalité écologiste s’est félicitée lundi 18 août des premiers résultats de son « plan climat ». Mais nombre d’actions sont cofinancées par l’Etat et pourraient subir des réductions de budget.

C’est une litanie de chiffres comme la municipalité les apprécie : la part des Strasbourgeois surexposés au dioxyde d’azote est passée de 59% en 2019 à 1% en 2025, -38% d’émissions territoriales de gaz à effets de serre, un tiers de consommation d’énergie en moins par les services municipaux, plus de cinq milliers d’arbres plantés… Lundi 18 août, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Ecologistes) a présenté les « premiers résultats du plan climat » devant la presse, dans l’écrin du parc Schulmeister à la Meinau.

« Ce plan d’actions a été lancé dès le début de notre mandat, lorsque nous avons déclaré “l’état d’urgence climatique” », a rappelé Jeanne Barseghian, élue en juin 2020 et candidate à sa réélection en mars 2026. « Nous en voyons les premiers résultats mais d’autres sont à venir pour les années 2030 à 2050 », a-t-elle précisé.

Le plan climat de la municipalité se décline en 130 actions réparties sur trois axes, « ville engagée et solidaire », « ville résiliente au changement climatique » et « ville exemplaire ». « 92% de ces actions sont mises en œuvre en 2025 », assure Jeanne Barseghian qui rappelle qu’une bonne partie des actions font également partie du plan climat pour 2030 de l’Eurométropole, l’agglomération des 33 communes strasbourgeoises. Parmi ces actions, il y a par exemple l’installation de réseaux de chaleur urbaine ; la végétalisation des cours d’école et la renaturation de 132 000 mètres carrés, dont les 8 km de la route de la forêt du Neuhof ; des critères environnementaux pour les appels d’offres ; la collecte des biodéchets ; la création de réserves pour la biodiversité… La municipalité est restée évasive sur les 8% d’actions qui n’ont pas pu être lancées depuis 2020 mais elle a cité la baignade dans les eaux naturelles.

Révolution administrative

Plus de 157 millions d’euros ont été dépensés durant le mandat pour financer directement ces actions, ce qui porte la part du budget « favorable à l’environnement » de la Ville de Strasbourg à 27%, le double par rapport à 2021. D’une manière générale, la municipalité s’est attachée à embarquer toutes les directions des services administratifs dans la transition écologique, ce qui a nécessité la création d’une nouvelle direction dédiée. « Nous n’avions pas les moyens de mesurer nos consommations ni nos progrès », précise Marc Hoffsess, adjoint à la maire, en charge du pilotage du plan climat qui rappelle que les énergies fossiles fournissent 85% de la consommation municipale.

Ces orientations ont provoqué une nette augmentation de la masse salariale des services administratifs, vivement critiquée par l’opposition tout au long du mandat. « Je rappelle à ceux qui nous accusent de trop dépenser que si nous n’investissons pas maintenant, nous laisserons une dette écologique et sociale à nos enfants », a répété comme à chaque conseil municipal Syamak Agha-Babaei, premier adjoint à la maire, en charge des finances.

Une vue du parc Schulmeister. La municipalité revendique la création de trois nouveaux parcs urbains.

Des actions menacées

La municipalité s’enorgueillit d’avoir atteint en 2024 le niveau « 5 étoiles » de la certification des collectivités engagées pour la transition écologique de l’Ademe. Strasbourg n’avait que « 4 étoiles » en 2021 parce qu’il fallait notamment un… plan climat pour progresser. Mais Jeanne Barseghian rappelle que ce partenariat avec l’Etat est fragile :

« Les végétalisations des cours d’école étaient en partie financées par l’Agence de l’eau Rhin-Meuse et elle nous a avertis que les crédits ne seraient plus disponibles pour les écoles qui restent à transformer. Les rénovations thermiques des logements dépendent du dispositif de l’Etat Ma Prime Rénov et bien que l’Agence du climat ait enregistré quatre fois plus de demandes, les financements sont remis en cause… Nous sommes inquiets : alors que nous sommes en retard sur les investissements nécessaires, il est question de ralentir… »

Reste que ces efforts sont encore bien timides, surtout si l’objectif est de garder Strasbourg vivable en 2050, avec un scénario de réchauffement global de +4°C. La municipalité ne l’a pas évoqué lundi, mais l’annulation de la requalification de tout un pan de Strasbourg et de Schiltigheim à l’occasion de l’extension du tramway pèsera lourd sur les objectifs de réduction des émissions de gaz carbonique.

« On est traumatisés », un collectif d’habitants emmène le bailleur social Domial devant la justice

« On est traumatisés », un collectif d’habitants emmène le bailleur social Domial devant la justice
Une partie des dégâts constatés par les locataires de Domial.

Amiante exposée, interruptions quotidiennes d’ouvriers, dégâts dans les appartements… À Strasbourg, des locataires ont assigné en justice le bailleur social Domial après deux années de travaux catastrophiques. Ils réclament réparation pour les désagréments subis et le préjudice moral.

Au croisement des rues de Berne et de Genève à Strasbourg, un long bâtiment angulaire s’étale sur plusieurs dizaines de mètres. Derrière ses façades blanches fraîchement rénovées, le quotidien des habitants s’est brusquement détérioré en 2023. « Quand on regarde de loin, c’est tout beau, tout neuf… Mais les travaux ont été un véritable enfer pour nous », souffle Céline, locataire du numéro 6.

Elle s’interrompt, puis se lève pour ouvrir une armoire. Elle en sort un large dossier jaune, le pose sur la table. À l’intérieur, des dizaines de courriels et de lettres adressés au bailleur social Domial, propriétaire de l’immeuble : des photos, des comptes rendus de conciliations, un inventaire précis de malfaçons et de désagréments vécu pendant les travaux de réhabilitation du bâtiment. En tournant les pages, elle s’arrête parfois. Des mois de travaux, des mois de galères pour des travaux qui se sont prolongés jusqu’en 2025, selon Domial.

Le 12 septembre, ils seront une dizaine de locataires à se tenir face à Domial devant un juge des contentieux du tribunal de Strasbourg. Il ne s’agira plus de parler travaux mais de demander réparation pour ce qu’ils estiment avoir enduré pendant des mois. Des dégâts, des finitions laissées en plan, mais surtout un préjudice moral. Ils réclament 4 500 euros chacun en compensation.

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#Domial

Plus de 50 spectacles engagés et face au public au FARSe du 28 au 31 août

Plus de 50 spectacles engagés et face au public au FARSe du 28 au 31 août
La compagnie Les filles du renard pâle sera présente avec son spectacle « roue giratoire », le samedi 30 et dimanche 31 août à l’espace vert du Cardo à Strasbourg

Le Festival des arts de la rue de Strasbourg (FARSe) célèbre ses dix ans du jeudi 28 au dimanche 31 août à Strasbourg avec une édition festive et engagée. Spectacles de rue, cirque, danse et théâtre investissent l’espace public pour quatre jours de fête.

Le FARSe, festival des arts de la rue financé par la Ville de Strasbourg, est programmé du jeudi 28 au dimanche 31 août. Repoussé de quelques jours par rapport aux années précédentes, le festival célébrera en 2025 ses dix ans d’existence.

« Cet esprit de festivité, c’est aussi l’envie de faire revivre la joie de se rassembler, autour de spectacles dans l’espace public strasbourgeois », résume Axel Goepfer, directeur artistique de l’événement. Cirque, théâtre, danse, acrobaties… Plus de 50 représentations sont prévues sur quatre jours, portées par une vingtaine de compagnies régionales et nationales.

Le village du FARSe fait peau neuve

Le village du FARSe sera installé dans la cour de la Manufacture des tabacs pendant toute la durée du festival comme en 2024. Animé par l’association Pelpass, des DJ sets et des jeux prolongeront l’esprit festif, chaque jour, de midi à minuit.

Un espace d’exposition invitera à revivre une décennie de souvenirs. Trois photographes fidèles du FARSe ont sélectionné leurs plus beaux clichés pour retracer l’histoire et l’évolution de ce rendez-vous de l’été strasbourgeois.

Autre nouveauté, des rencontres publiques seront organisées, dont deux au sein même du village. « On voulait aller plus loin et créer un échange entre le public et les artistes. Ces rencontres permettront de questionner ce qu’on voit, mais aussi d’entendre les artistes raconter comment le spectacle est né », indique Axel Goepfer.

Pour se repérer dans la foisonnante programmation, les organisateurs ont imaginé des parcours « clefs en main ». Des itinéraires adaptés aux publics « festif » et « familial » visent à limiter les déplacements tout en permettant de découvrir un maximum de spectacles.

Le retour des coups de cœur

Pour ouvrir cette édition anniversaire, le FARSe remet à l’affiche Sodade créé par la compagnie Minuit, coup de cœur de 2017. Ce spectacle qui mêle funambulisme et musique interprétée, a été sélectionné par un comité proche de l’événement. « Ce qui avait marqué, c’était l’émotion collective, le fait de vivre une œuvre tous ensemble, dans une foule », souligne Axel Goepfer, directeur artistique. Sodade sera présenté jeudi 28 août à 21h, puis à nouveau le vendredi 29 au même horaire, place Grimmeissen à la Petite France.

Bande annonce de Sodade, du cirque Rouages.

Une « déambulation festive » doit marquer le lancement du FARSe jeudi soir, juste avant la première représentation. La fanfare Hurluberlus, portée par la compagnie La Chose Publique, emmènera le public depuis le centre-ville jusqu’au lieu du spectacle.

Autre moment fort du week-end : la grande soirée anniversaire, samedi 30 août, sur la place Kléber. La compagnie Gratte-Ciel, déjà marquante en 2022 avec Place des Anges, revient avec une nouvelle création aérienne en grand format. Le spectacle sera suivi d’un concert du groupe LGMX, qui se définit comme un « brass band électro-pop ».

La rue devient féministe

Le FARSe donne aussi de la voix aux artistes engagés, et notamment à celles et ceux qui interrogent la place des femmes dans nos sociétés. La compagnie Détachement international Muerto Coco présentera Pour en finir avec l’origine du monde, un spectacle autour de la parentalité. Un moment à découvrir les vendredi 29 et samedi 30 août à 17h, à l’espace vert du Cardo durant lequel les autrices Raphaëlle Bouvier et Charlotte Perrin de Boussac y rassemblent des témoignages de femmes et d’hommes pour questionner le choix, ou non, d’avoir des enfants.

« L’espace public est un lieu d’origine, accessible et populaire. C’est là qu’on se rassemble pour faire entendre une parole. C’est important que le festival y propose des spectacles engagés, c’est une des forces des arts de la rue depuis toujours », explique Axel Goepfel

Bande annonce de Pour en finir avec l’origine du monde.

Parmi les propositions les plus engagées de cette édition, la compagnie Notre Insouciance arrive avec Jouir, un spectacle qui met en lumière un sujet encore trop souvent passé sous silence : le plaisir féminin. Entre stand-up et cabaret musical, la mise en scène mêle humour, poésie et délicatesse de ton pour créer un espace de parole sans tabou autour de la sexualité.

« C’est un sujet peu traité dans les spectacles que j’ai pu voir, dans mon expérience de femme. La jouissance c’est souvent abordé de manière précieuse et sensible, on ne n’y reconnait pas toujours », explique Juliette Hecquet, metteuse en scène de la pièce. Un spectacle né d’un manque mais également possible grâce au fait que la rue soit un espace ouvert au public selon elle :

« Dans la foule, il y a cet aspect de non pudeur, et on veut aussi jouer dessus en incluant le public. L’art de rue est forcément engagé. Quand on parle de jouissance, il y a des femmes et des hommes en plateau. L’idée est de pouvoir se reconnaître dans les parcours et de se dire qu’il y a plein de manière d’être la norme en sexualité. »

Le spectacle sera présenté samedi 30 août à 18h30 et dimanche 31 août à 16h, place Saint-Pierre-le-Jeune.

Pour pouvoir polluer autant que le reste de l’Europe, la FDSEA prête à « vider les rayons » des commerces

Pour pouvoir polluer autant que le reste de l’Europe, la FDSEA prête à « vider les rayons » des commerces
Un champ en Alsace.

La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs ont annoncé se mobiliser contre la censure de la loi Duplomb à partir du 20 août dans les supermarchés (la liste a été ajoutée en fin d’article). Ils estiment avoir le droit d’utiliser les mêmes pesticides que leurs voisins européens.

Jeudi 14 août, les représentants de la FDSEA 67, Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Bas-Rhin, ainsi que les Jeunes Agriculteurs (JA), ont dénoncé devant des journalistes à la Chambre d’agriculture à Schiltigheim ce qu’ils qualifient « d’hypocrisie » de la part du gouvernement et des citoyens français. Ils prévoient une série d’actions dans des supermarchés à partir du 20 août.

Objet de l’ire des représentants des agriculteurs productivistes, la censure par le conseil constitutionnel de l’article 2 de la loi Duplomb qui réautorisait l’usage de trois molécules dans les cultures : l’acétamipride, le sulfoxaflor et le flupyradifurone. Les sages ont jugé l’article contraire à la Charte de l’environnement adoptée en 2004 et ayant valeur constitutionnelle. L’acétamipride, une forme de néonicotinoïde, est notamment soupçonnée de freiner le développement du cerveau.

Promulguée le 12 août par le président de la République Emmanuel Macron malgré une pétition de deux millions de signatures demandant son retrait, la loi Duplomb promet de « lever les contraintes » pesant sur le métier d’agriculteur. Mais sans l’article 2, la FDSEA et les JA crient à l’injustice : les molécules interdites en France sont autorisées dans d’autres pays de l’Union européenne et selon eux, la pétition et son traitement médiatique ont alimenté une forme de « désinformation ».

Pas interdit, pas dangereux ?

Interpelés sur les dangers que représentent les insecticides et notamment l’acétamipride, les syndicats ont une réponse toute faite : « Si ce n’est pas interdit, c’est que ce n’est pas dangereux. »

Car si la France a bien interdit la substance en 2018, 26 pays de l’Union Européenne continuent d’autoriser leurs agriculteurs à utiliser de l’acétamipride. Et les produits issus de cette agriculture continuent d’être importés en France. « Pourquoi l’Union européenne et l’État, via l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, NDLR), auraient validé l’acétamipride jusqu’en 2033 si c’était nocif ? », interroge Franck Sander, président de la confédération générale des planteurs de betteraves et ex-président de la FDSEA 67.

À l’évocation des études pointant les effets de l’acétamipride sur la santé humaine ou l’environnement, tels que des problèmes du système nerveux, un risque cancérogène ou encore de fertilité, les représentants majoritaires des agriculteurs semblent peu préoccupés : « Ce n’est pas la question du jour », « je ne suis pas médecin ou scientifique. »

Dans un rapport de mai 2024, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a reconnu « des incertitudes majeures dans l’éventail des preuves de toxicité neurodéveloppementale de l’acétamipride » (toxicité pour la construction du cerveau) et indiqué attendre des données supplémentaires pour mieux évaluer ses risques. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) alerte également sur sa toxicité pour les pollinisateurs, essentiels pour les cultures par ailleurs.

Toujours pas de solution pour la betterave

Selon Franck Sander, dans le cas de la betterave, l’acétamipride reste « la seule solution réellement efficace contre la jaunisse ». L’insecticide interdit en 2018 avait bénéficié d’une dérogation entre 2020 et 2023 pour lutter contre une épidémie de cette maladie qui menaçait les rendements des betteraviers français et alsaciens. En 2025, le problème de la jaunisse persiste : « Cette année, il n’y a pas une région de France où il n’y a pas la jaunisse », affirme-t-il, déplorant « 30% de rendement en moins » pour les betteraviers.

L’Inrae a pourtant proposé aux agriculteurs des alternatives pour se passer de ce pesticide. Mais selon l’ex-président de la FDSEA du Bas-Rhin, les expérimentations sur le terrain n’ont montré « aucun effet concluant » et les solutions testées se sont révélées non viables :

« En 2020, dans le cadre du programme national de recherche et d’innovation, on nous a conseillé de planter des haies autour de parcelles de moins de cinq hectares pour favoriser la présence de coccinelles, censées réguler les pucerons. Mais cela ne fonctionnait qu’à moitié. »

En 2021, l’Anses a identifié quatre alternatives immédiatement mobilisables : deux insecticides, le flonicamide et le spirotétramate, ainsi que deux pratiques agricoles, le paillage et la fertilisation organique. « Le spirotétramate ne sera plus autorisé dès 2026 et le flonicamide ne peut être appliqué qu’une seule fois dans l’année », souligne Franck Sander. Quant au paillage, il le juge irréaliste :

« Techniquement, il faudrait des millions de tonnes de paille pour couvrir nos champs. Même si c’était faisable, le coût serait équivalent à la valeur totale de notre production de betteraves. »

« Vider les rayons »

Dans une lettre envoyée jeudi 14 août aux différentes enseignes de grande distribution du département, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs demandent le retrait des rayons d’une liste de produits pouvant contenir des traces des insecticides que la loi Duplomb voulait initialement réintroduire. Dès mercredi 20 août, ils se rendront dans les commerces et magasins de bricolage pour vérifier la mise en œuvre de cette demande. À défaut, ils indiquent être prêts à aller « jusqu’à vider les rayons » eux-même si nécessaire.

Parmi les produits visés : noisettes, kiwis, poires, certaines préparations alimentaires, ainsi que des insecticides et anti-tiques. L’objectif de leur mobilisation est de provoquer « une prise de conscience » sur la présence de ces trois substances dans de nombreux aliments vendus en France malgré leur interdiction aux agriculteurs français.

Philippe parle alsacien à ses enfants, pour « sauvegarder toute une culture »

Philippe parle alsacien à ses enfants, pour « sauvegarder toute une culture »

Philippe Gillig a choisi d’apprendre la langue alsacienne puis de la transmettre à ses enfants. Un combat qu’il ne lâchera pas contre le recul de l’alsacien qu’il qualifie « d’ethnocide ».

Dans une maison d’Eckbolsheim, Philippe Gillig, 43 ans, est en pleine discussion avec ses enfants, mercredi 13 août. Alice, « 10 ans et demi » et Marius, « 7 ans et demi », demandent s’ils peuvent aller jouer dehors : « In zehn Minüte kennen ‘r drüsse spiele. » Depuis qu’ils sont nés, Philippe leur parle en alsacien, afin qu’ils comprennent la langue de leurs grands-parents et de leurs ancêtres.

Car malgré deux parents locuteurs, Philippe a bien failli ne jamais parler l’alsacien. « Mes parents passaient au français dès que j’étais dans la pièce », se souvient-il. « Je les entendais rire à gorge déployée en alsacien et quand je leur demandais de me traduire, ils me répondaient que ça n’aurait aucun sens. C’était très frustrant alors à 18 ans, j’ai décidé que je parlerai l’alsacien. »

Malgré des études préparatoires déjà exigeantes, Philippe Gillig s’envoie des manuels d’alsacien, lit des alsatiques, se rend à la Revue de la Choucrouterie et s’attache à participer aux réunions de l’association d’Junge fèr’s elsassiche (AJFE) qui met en relation les jeunes locuteurs. Il exige aussi de ses parents qu’ils lui parlent désormais en alsacien.

Une requête qui plonge ses parents dans « l’incompréhension », indique-t-il :

« Pour eux, l’alsacien était un truc du passé. Il y avait une nette fracture générationnelle, qu’ils entretenaient sciemment. Ils sont nés après la guerre, ont grandi avec l’interdiction de parler alsacien à l’école, on leur a dit toute leur jeunesse que l’alsacien était la langue des ploucs, une sorte d’allemand abâtardi, ce qui est faux. Il y avait des affiches “C’est chic de parler français”… C’était un ethnocide, on a cherché à faire disparaître une culture. Et puis l’alsacien étant une langue germanique, elle était associée aux horreurs du régime nazi. »

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Le président du Souvenir français de Woerth écarté après un discours contre l’extrême-droite

Le président du Souvenir français de Woerth écarté après un discours contre l’extrême-droite
Morsbronn-les-Bains, commémoration du 6 août 1870, un député RN du Bas-Rhin s’est senti visé par le discours antifasciste du président du Souvenir français de Woerth.

Après un discours dénonçant les idées d’extrême-droite, le comité du Souvenir français de Woerth a été « mis en veille » par la direction régionale. Benoît Sigrist, qui a prononcé le discours, est visé par une plainte du député RN Théo Bernhardt auquel l’association est allée jusqu’à présenter des excuses.

« Alors que le XXe siècle semblait avoir touché le fond de l’horreur, […] notre siècle est malheureusement le théâtre d’une nouvelle et inquiétante réapparition d’idées extrémistes. » Ainsi se conclut le discours de commémoration de la bataille bataille de Froeschwiller-Woerth en 1870 de Benoît Sigrist, président du comité du Souvenir français de Woerth.

Sur une estrade montée pour l’occasion à Morsbronn-les-Bains, au nord de l’Alsace, Benoît Sigrist se lance dans une tirade contre les « idéologies brunes et nauséabondes (…) d’extrême-droite », en « recherche incessante de boucs émissaires » et qui créent un contexte favorable aux guerres.

Dans le public, le député du Rassemblement national (RN) de la 8e circonscription du Bas-Rhin, Théo Bernhardt, n’apprécie pas. Pour lui, ce discours est une « insulte envers les 13 millions d’électeurs du Rassemblement national ». Il attend la fin de la cérémonie pour confronter Benoît Sigrist en personne. Le lendemain, l’élu de 25 ans annonce dans une vidéo sur les réseaux sociaux qu’il porte plainte pour « diffamation publique ».

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#Souvenir français#Woerth

Deux drones pour surveiller le mariage de l’Ami Fritz à Marlenheim

Deux drones pour surveiller le mariage de l’Ami Fritz à Marlenheim
Le mariage de l’Ami Fritz en 2023.

Depuis 1973, la commune de Marlenheim, à l’ouest de Strasbourg, organise une fête traditionnelle célébrant le « mariage de l’Ami Fritz ». Mais pour la première fois jeudi 14 août, cette soirée sera surveillée par deux drones.

Depuis 1973, le village de Marlenheim, près de Wasselonne à l’ouest de Strasbourg, organise le « mariage de l’Ami Fritz », qui retrace une scène du roman du XIXe siècle d’Erckmann-Chatrian. Plusieurs milliers de personnes se retrouvent à cette occasion pour célébrer les traditions alsaciennes, manger des bretzels et des tartes flambées (voir notre reportage en 2018)… L’ambiance est familiale et n’a jamais été assombrie par des vols ni des bagarres. Mais pour la soirée du jeudi 14 août 2025, deux drones seront déployés sur les toits de Marlenheim pour surveiller l’évènement.

Surprise pour le maire

Contacté par téléphone lundi 11 août, le maire de ce village de 4300 habitants, Daniel Fischer, n’avait pas été informé que la préfecture avait autorisé cette mesure de surveillance, malgré une réunion de préparation entre ses services, ceux de la police municipale, de la gendarmerie et de la sous-préfecture plusieurs semaines en amont de l’évènement : « Si ça peut servir à éviter quelque chose, je ne suis pas opposé aux drones. Mais il faut que ce soit utile, je ne souhaite pas être fliqué. »

Selon l’arrêté préfectoral publié le 8 août, le groupement de gendarmerie du Bas-Rhin a demandé le 21 juillet l’autorisation de capter et transmettre des images grâce à deux drones pour « protéger et sécuriser » l’évènement. Pour cinq heures entre jeudi 14 août, 21h et vendredi 15 août, 2h du matin, le préfet du Bas-Rhin a accédé à sa requête.

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Une vélorution samedi 16 août pour dénoncer la famine à Gaza

Une vélorution samedi 16 août pour dénoncer la famine à Gaza
Manifestation en soutien à la Palestine en décembre 2023

Le collectif Palestine 67 appelle à manifester samedi 16 août lors d’une « vélorution » pour dénoncer le massacre de civils et la famine à Gaza. Des départs à pied et à vélo sont prévus en direction de la passerelle Mimram, où une chaîne humaine sera formée en signe de solidarité.

« Les Palestiniens n’ont qu’un choix aujourd’hui : mourir ou s’affamer », déplore Rachida, membre du collectif Palestine 67. Avec ses collègues, ils organisent le samedi 16 août une « vélorution » (une manifestation à vélo) en soutien à la Palestine, afin de dénoncer les exactions de l’armée israélienne contre les civils et la famine organisée sur le territoire.

Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, près d’un habitant sur trois dans la bande de Gaza passe régulièrement plusieurs jours sans pouvoir se nourrir. « En juillet, plus de 320 000 enfants, soit l’ensemble de la population âgée de moins de cinq ans, sont exposés à un risque de malnutrition aiguë », alerte l’ONU. Parmi eux, des milliers souffrent déjà d’une forme sévère, la plus dangereuse, pouvant entraîner la mort en l’absence de soins rapides et adaptés.

Pas d’occupation du pont de l’Europe

Le collectif Palestine 67 donne rendez-vous à 14h30 place Kléber pour les cyclistes et à 17h au Jardin des Deux-Rives pour les piétons. Tous doivent se rejoindre sur la passerelle Mimram entre Strasbourg et Kehl à 17h30, un lieu choisi pour sa portée symbolique par les organisateurs :

« En Allemagne, il existe une très forte répression contre les manifestations pour la Palestine. Les habitants n’ont pas la même liberté pour dénoncer le génocide en cours dans la bande de Gaza. L’Europe, elle aussi, a sa part de responsabilité, notamment par l’envoi d’armes et par son manque d’entrain à imposer des sanctions à Israël. »

L’appel initial avait choisi le pont de l’Europe pour cette démonstration mais l’occupation de cette voie n’a pas été autorisée par la préfecture du Bas-Rhin.

Le collectif espère être rejoint sur la passerelle par des manifestants allemands afin de former une chaîne humaine. « Nous ne voulons pas nous adresser uniquement aux convaincus. Cette manifestation doit rassembler et toucher un maximum de personnes », souligne Rachida. Avec les vélos, ils espèrent attirer davantage l’attention des curieux sur leur message.

La dernière « Vélorution » a eu lieu le samedi 22 juin 2024

« Une indifférence des responsables politiques »

Mobilisé une première fois en octobre 2023, le mouvement de soutien à la Palestine est présent dans les rues depuis près de deux ans. « Il y a une fatigue qui se fait sentir parmi les manifestants mais nous sommes surtout angoissés et en colère », confie Rachida, également membre du Collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine. En l’espace de deux ans, le message reste en substance le même :

« Nous demandons la levée du blocus de Gaza pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire, un cessez-le-feu et des sanctions contre le gouvernement israélien. »

Mais sur place, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui se maintient au pouvoir grâce à l’extrême droite, prévoit d’occuper totalement l’enclave palestinienne, provoquant des condamnations internationales et des doutes au sein même de l’armée israélienne. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, l’armée israélienne a déjà fait plus de 60 000 morts, dont près d’un tiers sont des enfants de moins de 18 ans.

Lors d’une des premières manifestations pour la Palestine.

À Strasbourg, l’une des dernières manifestations pour la Palestine avait été interdite de passage dans le quartier du Contades et autour de la grande synagogue. Pour la préfecture, le parcours aurait été susceptible de provoquer « des troubles à l’ordre public entre la mouvance pro-palestinienne et des membres de la communauté juive ».

« Ce n’est pas normal que, dans la République française, il existe des lieux interdits aux manifestations, surtout lorsqu’il est question de dénoncer un génocide », dénonce Rachida. Une décision d’autant plus contestée que, dans ce quartier, se trouve un immeuble où résident également des militants pro-palestiniens visé plusieurs fois par des actes de vandalisme.

Expulsés du camp du Heyritz : « En Afghanistan, il n’y a pas de futur pour ma fille »

Expulsés du camp du Heyritz : « En Afghanistan, il n’y a pas de futur pour ma fille »

Démantelé à l’aube du mardi 12 août, le campement du Heyritz à Strasbourg abritait de nombreuses femmes et enfants ayant fui l’Afghanistan ou la Syrie. La France a accordé l’asile à une partie d’entre elles, qui se retrouvent à la rue le soir même.

Mains dans les poches, Modasser, 10 ans, secoue la tête de droite à gauche quand on lui demande s’il a peur de devoir quitter le camp. Sa mère, assise sur le sol à côté de lui, sourit doucement en voyant la mine courageuse de son fils. « Il ne sait pas vraiment ce qui se passe. Tous les jours, en réalité, il pleure… Le départ d’Afghanistan a été dur pour lui. »

Il est 6 heures du matin, au parc du Heyritz au centre de Strasbourg. Le soleil se lève à peine mais déjà, parmi les quelques 200 personnes présentes, chacun s’affaire à plier ses bagages. Le campement, installé depuis des mois entre les arbres, doit être évacué. Les occupants n’ont appris que la veille au soir qu’ils devraient partir à l’aube, sans trop savoir à quoi s’attendre. « Est-ce que je peux prendre ma tente avec moi ? Je l’ai payée, je ne veux pas la laisser », demande une jeune femme au milieu de la foule. Les bénévoles des associations présentes lui font signe que ce n’est pas possible. Elle devra l’abandonner. Comme tous les effets laissés sur place, la tente sera détruite.

6h30, des dizaines de policiers débarquent. Les journalistes et les associations sont expulsés du campement. Pas d’exception, même les travailleurs sociaux de la Ville de Strasbourg sont escortés à l’extérieur d’un périmètre mis en place pour cacher ce qu’il se passe à l’intérieur du camp. En l’espace de deux heures, les occupants sont dirigés vers cinq bus affrétés par la Ville. Direction les gymnases Branly dans le quartier des Contades, Jean-Fischart à la Meinau, et Jacques-Twinger à Koenigshoffen, où ils espèrent se voir proposer un hébergement.

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Le campement de sans-abris du Heyritz évacué

Le campement de sans-abris du Heyritz évacué
Des policiers CRS ont installé des barrières et expulsé les journalistes et les associations d’aide du camp pendant l’opération de démantèlement.

Après six mois d’existence, le campement du parc du Heyritz a été évacué par la police mardi 12 août. Environ 200 personnes ont été déplacées.

Les quelques 200 personnes sans-abri, dont une soixantaine d’enfants, ayant trouvé refuge dans des tentes, sous les arbres du parc du Heyritz, ont été délogées mardi 12 août au petit matin. Six mois après l’apparition des premières tentes dans cet espace coincé entre des jardins familiaux et un bras de l’Ill, les personnes sans-abri ont été orientées vers des bus. Elles devraient être transportées vers un gymnase où sera étudiée leur situation administrative. Dans le cas où elles n’auraient pas de titre de séjour, elles seront orientées vers un centre « d’aide au retour » situé à Bouxwiller. Et en cas de refus, elles se retrouveront à nouveau à la rue.

Le campement abrite autour de 200 personnes dont un tiers d’enfants.Photo : Lucie Dradem / Rue89 Strasbourg / cc

Un circuit administratif bien rôdé

Les policiers qui ont bouclé le périmètre dès 6h30 ont été mandatés par la préfecture du Bas-Rhin, elle-même sollicitée par la ville de Strasbourg, pour faire évacuer les lieux. Cette dernière a demandé au tribunal administratif l’autorisation de recourir à la force pour déloger les familles qui occupaient le parc sans droit ni titre. Pour ce faire, elle a notamment fait référence à la dangerosité des arbres et de la présence de l’eau, qui représenterait un risque pour les enfants. Le 25 juillet, le juge des référés a accédé à la demande de la Ville de Strasbourg.

Depuis sa formation en mars, le camp est composé de femmes, d’hommes et d’enfants originaires de pays divers, pour certains titulaires de titres de séjour, pour d’autres en attente d’une décision administrative, ou encore sans titre du tout. La Ville de Strasbourg y a installé des sanitaires et un point d’eau.

Présent ce mardi matin, Rasooli Ahmad Walid est un afghan passé par le Brésil puis la Guyane avant d’arriver à Strasbourg en 2022. « Ça fait 2 fois qu’on est sous les tentes, dit-il. La dernière fois, c’était au parc de la Montagne Verte et après le démantèlement, l’État ne nous a pas relogés. »

Président de l’association d’aide aux personnes sans logement Les Petites Roues, Sabine Carriou déplore une mécanique sans issue :

« C’est le septième démantèlement d’un campement que je suis à Strasbourg… Les personnes qui sont restées attendent un hébergement de l’État depuis six mois. Quant à celles qui n’ont pas ou plus le droit de séjourner en France, elles sont parties se cacher on ne sait où… Il sera complexe pour les travailleurs sociaux de les retrouver. »

Sabine Carriou s’étonne par ailleurs des méthodes de la police :

« On est toujours surpris. Les policiers arrivent en nombre et évacuent tous les travailleurs sociaux du camp. Ils mettent en place une sorte de barrière alors qu’il ne s’agit que de parents en détresse avec leurs enfants… Ils vivent une situation traumatisante et nous ne sommes pas autorisés à être à leurs côtés pour les soutenir. »

Un reportage complet autour de ce démantèlement est à suivre sur Rue89 Strasbourg.

La Ville reporte l’enquête publique sur la requalification du site Heppner

La Ville reporte l’enquête publique sur la requalification du site Heppner
Le report de l’enquête public devrait retarder le projet de quatre mois minimum.

Le site industriel Heppner, en friche, doit être requalifié pour accueillir un nouveau « quartier jardin ». Alors que le projet est accusé de manquer de transparence par l’opposition et certains habitants, la municipalité annonce le report de son enquête publique.

« Le dossier d’enquête publique n’est pas prêt », explique Suzanne Brolly, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de l’urbanisme et des espaces verts :

« Nous avons besoin de plus de temps pour préciser le projet avec les constructeurs, pour qu’il intègre et les besoins du quartier et les éléments importants pour la mairie ».

L’enquête publique autour du projet de requalification du site Heppner, situé dans le quartier Schluthfeld, au sud du Neudorf, était initialement prévue courant septembre. Elle doit porter sur la modification du Plan local d’urbanisme (PLU), nécessaire pour la transformation de ce site industriel presque entièrement artificialisé en futur « quartier jardin ».

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Gaza : le député Charles Sitzenstuhl visé par une plainte devant la Cour pénale internationale

Gaza : le député Charles Sitzenstuhl visé par une plainte devant la Cour pénale internationale
Manifestation pro-palestinienne, le 28 octobre 2023.

Une plainte formulée par un collectif de 114 avocats contre plusieurs ministres et députés pour complicité de crimes internationaux en Palestine a été présenté au procureur de la Cour pénale internationale. Le député de la 5e circonscription du Bas-Rhin, Charles Sitzenstuhl, fait partie des personnes ciblées.

Le collectif Avocats pour la justice au Proche-Orient a transmis au bureau du procureur de la Cour pénale internationale une plainte pour que l’institution internationale enquête sur les actions de l’exécutif français en Israël et en Palestine. Pour ce collectif, qui revendique 114 membres, les membres du gouvernement français « pourraient être considérés, comme complices, au sens de l’article 25(3) du Statut de Rome des crimes relevant de la compétence de la CPI, commis par l’armée israélienne contre la population civile palestinienne dans le territoire palestinien occupé (Bande de Gaza et Cisjordanie) », indique un communiqué.

La plainte mentionne le président de la République Emmanuel Macron, le Premier ministre François Bayrou, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, le ministre des Armées Sébastien Lecornu et 19 députés membres de la commission des Affaires européennes – dont fait partie le député de la 5e circonscription du Bas-Rhin, Charles Sitzenstuhl (Renaissance). Ce dernier s’est pourtant exprimé pour que la France garde ses distances avec le gouvernement israélien dès novembre 2023. En juin, le député a même été applaudi par la gauche à l’Assemblée nationale alors qu’il rappelait que la « légitime défense d’Israël [contre les terroristes du Hamas] n’est pas la vengeance sans fin [contre les civils gazaouis, hommes, femmes et enfants. »

La justice internationale impuissante

Dans sa plainte, le collectif estime que les personnes visées, y compris les députés cités, « ont joué un rôle de soutien diplomatique, politique et moral à l’État d’Israël, alors qu’ils ne pouvaient pas ignorer ni l’intention des dirigeants israéliens ni la nature des crimes commis dans le territoire palestinien. »

Avant d’être examinée par les juges de la CPI, le procureur de la CPI, Karim Khan, doit cependant déterminer s’il existe suffisamment d’éléments pour justifier l’ouverture d’une enquête. En novembre 2024, ce haut magistrat britannique avait demandé l’arrestation du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, et du ministre de la défense, Yoav Galant, après avoir enquêté sur les actions de l’armée israélienne dans la bande de Gaza après l’attaque du 7 octobre 2023.

Il est depuis la cible de mesures de rétorsion de la part du gouvernement américain et d’une intense campagne de dénigrement. Accusé d’agression sexuelle sur une collaboratrice, il a choisi en mai de se mettre en retrait temporairement.

En mai 2024, il avait requis l’arrestation des responsables du Hamas, Yahya Sinwar, Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri (Deif), Ismail Haniyeh, tous exécutés par Israël depuis. Contacté, Charles Sitzenstuhl a indiqué qu’il ne souhaitait pas répondre.

« Ça devient normal d’être scrutée » : des Strasbourgeoises face au sexisme de salles de fitness

« Ça devient normal d’être scrutée » : des Strasbourgeoises face au sexisme de salles de fitness
Une jeune femme s’entraîne dans une salle de fitness en non-mixité féminine le mardi 5 août

Regards insistants, drague lourde, commentaires graveleux… Être dans une salle de fitness en tant que femme signifie souvent faire face à toute une panoplie de comportements sexistes. Plusieurs Strasbourgeoises témoignent avoir dû changer de salle de sport pour se protéger.

Assise sur une des machines du Gym Fit, une salle de sport du quartier de l’Esplanade, Lara, 19 ans, fait une pause dans son entraînement mardi 5 août. Elle pratique le fitness depuis trois ans mais cela fait seulement sept mois qu’elle fréquente cette salle. Le club est plus proche de son université mais ce n’est pas seulement pour des raisons logistiques qu’elle en a changé :

« En novembre 2023, dans l’ancienne salle de sport où je m’entraînais, le One Fitness à la Meinau, j’étais en train de faire des squats et quelqu’un m’a indiqué que j’étais filmée. J’ai vu qu’une personne avait son téléphone tourné vers moi. Je suis allé la confronter et lui ai demandé d’effacer la vidéo. »

En se remémorant ce qu’elle évoque comme une simple anecdote, Lara hausse les épaules, résignée. « Il l’a effacée, ça s’est arrêté là. » Elle n’a pas pu prévenir les gérants de la salle, ils n’étaient pas sur place. « Mais ce n’est pas grave, la personne avait déjà honte », minimise la jeune fille. Elle n’a cependant plus jamais remis les pieds au One Fitness depuis, « en partie car je ne m’y sentais plus en sécurité ».

Lara n’est pas la seule strasbourgeoise à témoigner d’un changement de club après une agression sexuelle ou des comportements sexistes. Les salles de sport attirent de plus en plus d’adhérents : en 2024, elles comptaient 6,7 millions d’adhérents en France, soit un million de plus qu’en 2018. Les femmes représentent près de 60% des pratiquants de fitness en 2020, mais 64% des adeptes de musculation sont des hommes. Les salles de sport restent donc un univers très masculin, comme en témoignent les Strasbourgeoises interrogées.

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Deux courriers menaçants envoyés à la maire d’Orschwihr

Deux courriers menaçants envoyés à la maire d’Orschwihr
La maire d’Orschwihr Marie-Josée Staender, entourée de ses adjoints Marc Ackermann et Bénédicte Weber

La maire d’Orschwihr, un village près de Guebwiller, a reçu deux courriers menaçants et remettant en cause sa probité. Elle a porté plainte en n’entend pas « céder à la peur ».

Le quotidien L’Alsace révèle que la maire d’Orschwihr, Marie-Josée Staender, a reçu deux lettres de menaces déposées à la mairie. Ces courriers anonymes remettent en cause la probité de l’élue sur deux dossiers de cette commune viticole près de Guebwiller selon le quotidien. Les courriers visent « les travaux de rénovation énergétiques réalisés à la maison forestière de la commune ; et la création d’un nouveau lotissement au lieu-dit Le Sommerfeld » :

« Nous t’avions dit de ne pas toucher au Sommerfeld. Le village ne t’appartient pas. » Pour conclure sur un ton plus intimidant : « Nous faisons le serment de vous punir, toi et ton copain. »

Extrait de L’Alsace

Élue dans la commune depuis 34 ans et maire depuis 2020, Marie-Josée Staender déclare à L’Alsace qu’elle n’entend pas céder à la peur, en précisant que « sa porte est toujours ouverte ». Elle a porté plainte pour ces menaces à deux reprises et entend se représenter aux élections de mars 2026.

Ces mises en cause ont également été adressées à la préfecture du Haut-Rhin, laquelle a demandé des explications… à Marie-Josée Staender. La maire relate à L’Alsace qu’elle a dû se justifier sur ses choix et s’est sentie « mise en cause dans mes fonctions de maire ».

#Orschwihr

Celia, alias Keldéchet : « La révolte passera par les émotions »

Celia, alias Keldéchet : « La révolte passera par les émotions »
Celia, alias Keldechet sur Instagram, à Strasbourg le 8 juillet 2025.

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Roman graphique et militantisme queer : rétrospective Alison Bechdel à Bâle

Roman graphique et militantisme queer : rétrospective Alison Bechdel à Bâle
Alison Bechdel pose au milieu de sa propre rétrospective à Bâle.

Auteure de « Lesbiennes à suivre » et du fameux test de Bechdel, l’Américaine Alison Bechdel a écrit et dessiné des romans graphiques engagés, souvent autobiographiques et pleins d’humour. Le musée de la caricature et du dessin humoristique de Bâle lui consacre une grande rétrospective jusqu’à fin octobre.

Son test est presque plus connu qu’elle. L’auteure de BD Alison Bechdel est née en 1960 en Pennsylvanie. Elle débute sa carrière avec la série Dykes to watch out for (littéralement « Lesbiennes à suivre ») dont les planches sont publiées dans le magazine féministe WomaNews, à partir de 1983.

C’est dans cette BD, résolument queer et militante qu’est évoqué pour la première fois le « test » mettant en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins dans les oeuvres de fiction. Dans cette série, un personnage explique que pour qu’un film ne soit pas sexiste, il faut qu’il réponde à trois critères : au moins deux personnages féminins, qui parlent entre elles d’autre chose que d’un homme. Le test de « Bechdel » était né.

L’oeuvre d’Alison Bechdel est loin de se résumer à ce test. Ses réalisations sont exposées au musée de la caricature de Bâle, à l’occasion de la plus grande rétrospective organisée à ce jour en Europe. 250 planches, films et objets tirés de l’univers de l’auteure américaine sont présentés dans l’exposition jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Une scénographie originale et colorée

Le musée a fait le choix de présenter une oeuvre par pièce et chaque pièce a une couleur différente. L’exposition commence au rez-de-chaussée, dans une salle dont le mur du fond est couleur Lila. Sur ce même mur comme autant de portraits de familles sont présentées les protagonistes de « Lesbiennes à suivre ». Dans cette série, à laquelle Alison Bechdel a mis un coup de crayon final en 2008, elle raconte les aventures d’une bande de copines lesbiennes dans une ville moyenne des États-Unis.

Des planches originales sont suspendues sur les murs, entre les portraits des protagonistes. Tous les extraits d’œuvres présentés dans le musée sont des originaux, en anglais. Mieux vaut donc maîtriser un minimum la langue de Shakespeare. Les cartels explicatifs, eux, sont en anglais et en allemand.

Sexualité et dynamiques familiales : des thèmes majeurs de l’œuvre de Bechdel

À l’étage dans une pièce complètement rouge, ce sont des crayonnés, des planches originales mais aussi des aquarelles de « C’est toi ma maman ? » qui sont exposées. Dans ce roman graphique paru en 2012, elle questionne ses relations avec sa mère. Sur un mur, un miroir barré d’une citation de Donald Winicott : « Le précurseur du miroir est le visage d’une mère » pose les bases de la réflexion que l’auteure va développer tout au long de la BD.

Une autre salle, intégralement bleue, est consacrée à « Fun home – une tragicomédie familiale », le best-seller qui lui a valu le prix Eisner en 2007 (la plus haute distinction américaine en BD) et lui assuré une visibilité internationale. Elle y dévoile son enfance, son père secrètement bisexuel, au un goût imparable en matière de décoration d’intérieur, à la fois professeur d’anglais et embaumeur. Sur les murs au trait noir fin est dessinée… la représentation de la maison d’Alison Bechdel.

Dans une toute petite salle, volontairement laissée blanche cette fois-ci, ce sont des planches de sa « Coming out story » que le visiteur peut lire. Le titre est écrit dans la même police que celle utilisée pour annoncer les films et livres d’horreur des années 70. Pleine d’humour, l’œuvre de Bechdel est à ses débuts intégralement en noir et blanc.

Au fur et à mesure de sa carrière, la couleur irrigue son oeuvre. Dans le roman sur sa mère, la seule couleur à apparaître est le rouge. Dans son dernier opus, « Spent », paru en 2025 et présenté dans la dernière salle, toutes les planches sont colorées par sa compagne.

Les visiteurs déambulent ainsi de pièces en pièces, changeant d’ambiance, de décor mais suivant le fil narratif de son œuvre, autofictionnel au départ, autobiographique par la suite. La rétrospective permet de se plonger ou de se replonger dans une œuvre dense, intime et pourtant universelle. Les planches exposées décortiquent le processus de création de ses romans graphiques et proposent d’en découvrir les bonnes pages, l’essentiel donc d’Alison Bechdel. L’exposition a débuté le 5 juillet et est visible jusqu’au 26 octobre.