Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Contre les vengeances, une « grotte mobile » pour changer d’opinion sur la prison

Contre les vengeances, une « grotte mobile » pour changer d’opinion sur la prison
La grotte mobile donne un aperçu de la vie en cellule. Le soulagement est palpable quand la porte se rouvre.

Enfermer les jeunes dans une cellule de prison pour leur faire passer l’envie d’y aller. C’est l’idée d’Adama Camara et de sa « grotte mobile ». L’ancien détenu était à Strasbourg fin juin.

« Les portes sont fermées, les menottes sont serrées comme le cœur de la madré », peut-on lire à l’intérieur de la « grotte mobile » : 9 mètres carrés, des lits superposés, un mini frigo, une plaque de cuisson, des toilettes, un évier et une étagère. Adama Camara a reproduit une cellule de prison, comme il l’a lui-même connue. À l’extérieur de la porte, il a même fabriqué l’œilleton à l’aide d’un couvercle de boîte de conserve. Les chiffres 55-852 sont inscrits au feutre noir. « C’est mon premier numéro d’écrou », explique-t-il.

En voulant venger son frère mort dans une rixe, ce natif de Garge-les-Gonnesses (Val d’Oise) a été condamné à huit ans de prison en 2018. En 2020, il en sort grâce aux mécanismes de réduction de peine et crée l’association Sada (Solidaire agissons dès aujourd’hui), pour lutter contre le phénomène des rixes et de la vengeance sans fin. Sada est aussi le nom de son petit frère.

Dans le même temps, il réalise une série documentaire intitulée « Rixes », dans laquelle il va à la rencontre des victimes et des familles de victimes de ces guerres des cités. Les deux saisons sont d’abord diffusées sur Youtube, puis sur la plateforme en ligne de France télévisions. Depuis avril 2025, c’est un nouvel outil de prévention qu’il met à disposition des adolescents et des structures associatives qui le lui demandent : la « grotte mobile ».

Mardi 24 juin, dans la matinée, le dispositif s’est arrêté dans les collèges Érasme à Hautepierre et Sophie Germain à Cronenbourg. Le soir même, Adama Camara s’est rendu au FC Kronenbourg et a discuté avec une quinzaine de jeunes, âgés de 14 à 16 ans, licenciés dans le club de foot amateur.

Dans la cour, à côté du stade, des chaises sont disposées en demi-cercle. En leur centre, en t-shirt orange, se trouve Adama Camara. La discussion sur les bagarres bat son plein, l’idée de vengeance est omniprésente. « La prison, c’est la destination finale, leur dit-il, c’est la mort ou la prison. » Le respect des adolescents pour l’ancien détenu est palpable. Mais malgré son discours et son parcours, beaucoup se disent tout de même prêts à risquer la prison pour venger un ami ou un frère. « Si quelqu’un tue quelqu’un d’autre, tu dois te venger, c’est obligé », estime Cadri, 16 ans.

Déconstruire l’idée de la prison comme un endroit cool

« Qui a déjà vu des vidéos de quelqu’un en prison sur les réseaux ? », demande soudain Adama. La majorité des jeunes lèvent la main. « Et vous voyez quoi dans ces vidéos ? », demande-t-il encore. « Des mecs qui font de la muscu, qui jouent à la play, qui fument, téléphonent », répondent, pêle-mêle, les adolescents. « Beaucoup de jeunes pensent que la prison est un endroit cool », déplore Adama.

Par groupes de cinq, les adolescents entrent dans la cellule avec lui. La porte est refermée à clef derrière eux. Il fait chaud, c’est exigu. Personne n’a envie de rester trop longtemps à l’intérieur. Adama explique : « On est là-dedans 22 heures sur 24. » En découvrant les toilettes et la chaleur, un des adolescents s’exclame : « Ouah, ça doit sentir ! »

« J’ai des amis qui m’avaient vendu la prison comme si c’était facile », confie Adama Camara dont l’objectif est de « déconstruire tout ce qu’on peut voir sur les réseaux sociaux par rapport à la prison ».

En sortant, les adolescents sont pensifs : « Ça m’a fait réfléchir « , concède Cadri. Pour Louseyni, la « grotte mobile » « change quelque chose. On réfléchit à deux fois avant de faire une bêtise… Ça fait peur. »

Une bande-sonore est en cours de création pour améliorer l’expérience immersive, « avec les cris, les bruits d’écrous, de clefs », détaille Séverine, membre de l’association Sada. Après l’Alsace, la « grotte mobile » doit poursuivre son tour de France. « On est appelés de tous les côtés », constate Séverine : « Nice, Caen, Le Havre, Laval, Montpellier, Toulouse… » L’association propose même d’intervenir en 72h en cas de crise et de rixe, mortelle ou non. La « grotte mobile » se rend sur les lieux du drame afin d’apaiser les consciences et de faire passer les envies de vengeance.

À la rentrée, Adama Camara compte bien stationner sa « grotte mobile » devant l’Assemblée Nationale : « Beaucoup de politiques s’expriment dans les médias pour dire que la prison c’est le Club Med », ironise Adama. Charge à eux de rentrer, à leur tour, dans la « grotte mobile ».

Au CHU de Strasbourg, l’omerta persiste sur les pratiques du professeur Philippe Bachellier

Au CHU de Strasbourg, l’omerta persiste sur les pratiques du professeur Philippe Bachellier
Pour de nombreuses opérations, le professeur Philippe Bachellier n’a consulté aucun de ses pairs pour s’assurer de la pertinence d’une intervention chirurgicale.

Aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, les critiques des expérimentations menées par le professeur Philippe Bachellier sur des malades du cancer sont étouffées. Soutenu par les instances dirigeantes, le chirurgien considère comme hostile toute personne qui émet des doutes. Une plainte pour harcèlement a été déposée contre lui en septembre 2023.

« Bonjour, je suis de la DGSI. Arrêtez d’embêter le professeur Bachellier. » Voici l’extrait d’un appel en numéro masqué reçu par l’auteur de ces lignes. L’échange téléphonique a eu lieu quelques jours après avoir sollicité un entretien avec le chirurgien Philippe Bachellier. L’ancien chef du pôle des pathologies digestives hépatiques et de transplantation au centre hospitalier universitaire (CHU) de Strasbourg a fait l’objet d’une enquête du journal Le Point en mai 2024. Témoignages de chirurgiens à l’appui, le professeur Bachellier est accusé d’avoir opéré des dizaines de personnes atteintes de cancer contre toute indication médicale. Des patients ont ainsi subi une opération inutile qui a encore dégradé leur fin de vie.

Un an plus tard, Rue89 Strasbourg a voulu comprendre le silence, médiatique et institutionnel, qui a suivi ces révélations. Une dizaine d’anciens collègues du chirurgien ont accepté de répondre à nos questions, sous couvert d’anonymat.

Le chirurgien de la dernière chance

Du cinquième étage de l’hôpital de Hautepierre, Philippe Bachellier fait rayonner le CHU de Strasbourg au niveau national. Aidé par une communicante salariée de l’association SOS Foie Pancréas, l’éminent chirurgien fait venir en Alsace des patients de toute la France. Ces derniers sont attirés par une opération de la dernière chance, là où aucun autre spécialiste du foie ou du pancréas ne souhaiterait opérer. Gaël (le prénom a été modifié), un soignant et ancien collègue du professeur Bachellier, explique :

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De Gaza à Schiltigheim, le récit d’Ismaïl, journaliste survivant

De Gaza à Schiltigheim, le récit d’Ismaïl, journaliste survivant
Ismaïl et Tamara dans leur appartement de Schiltigheim.

Journaliste palestinien de Gaza, Ismaïl Rabah a été ciblé par l’armée israélienne comme tous ses confrères en octobre 2023. Il raconte les semaines d’enfer qu’il a vécues avec sa famille avant de trouver refuge à Schiltigheim.

Dans un appartement aux murs blancs du centre de Schiltigheim, Ismaïl Rabah prépare un café pressé tandis que sa femme, Tamara, passe un appel. Il débarrasse une table remplie des dinosaures en plastique de Mahmoud, son fils de 10 ans. Ce dernier traverse la pièce avant de sortir jouer avec un copain de l’école venu le chercher. Eleen, 11 ans, sort de sa chambre avec une pile de livres pour les ramener à la médiathèque Frida Kahlo. Adnan, 6 ans, teste des poses improbables sur le canapé tout en jouant sur un téléphone.

Ce quotidien banal, Ismaïl a bien cru ne jamais le retrouver. Journaliste et fixeur palestinien, il a failli mourir sous les bombes israéliennes à Gaza qui se déversent sur l’étroite bande de terre depuis le 8 octobre 2023. Huit mois après son arrivée en France, le 26 octobre 2024, il n’en revient toujours pas d’être vivant.

« Et pourtant, je connais la guerre », commence-t-il, en anglais :

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Initiative citoyenne, « Nous Strasbourg » veut influer sur les élections municipales

Initiative citoyenne, « Nous Strasbourg » veut influer sur les élections municipales
Yves Sager, Dominique Bézu et Frédéric Cadiot présentent leur association Nous Strasbourg le 11 juillet.

Une poignée de Strasbourgeois ont créé une association appelée « Nous Strasbourg ». Leur objectif est d’interpeller les candidats aux élections municipales, avec des propositions issues de discussions publiques.

« Je me sens moins seul », commence Dominique Bézu, vice-président de Nous Strasbourg, en regardant la petite assemblée réunie au Club de la presse de Strasbourg vendredi 11 juillet. Avec Yves Sager, président de l’association, et Frédéric Cadiot, secrétaire, Dominique Bézu présente un mouvement de démocratie participative « parti d’un petit groupe, confronté à l’état du monde qui s’enflamme et se déchire, et à notre impuissance collective à prendre les choses en mains. »

Créé en mars, le « petit groupe » aimerait comprendre ce que veulent les Strasbourgeois pour les six prochaines années et donner voix à ces envies auprès des candidats aux élections municipales de mars 2026 dans une logique transpartisane.

Des réunions citoyennes à développer

Depuis novembre 2024, ce groupe a tenu une quinzaine de réunions dans un local associatif du Neudorf, fréquentées chacune par une dizaine de personnes. « Nous n’avons imposé que deux règles aux participants », détaille Dominique Bézu :

« Les citoyens qui venaient à nos réunions devaient respecter la confidentialité des discussions et ne pas mentionner leurs éventuelles appartenances politiques. Nous voulions, sur le modèle des conventions citoyennes, un débat transpartisan. »

« Nous ne demandions même pas leur nom aux participants », ajoute Yves Sager. Driss Rharrouz, vice-président de l’association, assure :

« Même si ça s’est fait par bouche à oreille, le public était vraiment à l’image de Strasbourg avec des personnes issues des quartiers populaires, d’autres issues des minorités de genre, etc. »

« On ne peut pas nier qu’il y avait une majorité d’hommes », nuance Yves Sager, l’un des quatre hommes présents sur les cinq membres de l’association.

Influer sur les programmes

Trois thématiques se sont dégagés des débats selon Dominique Bézu : « la démocratie participative, l’écologie et la ville solidaire. Tout ce qui touche au logement, à la précarité, alors que 25% des habitants de Strasbourg vivent sous le seuil de pauvreté ».

Yves Sager détaille la prochaine étape de l’association :

« Nous allons poser des questions précises aux candidats aux élections municipales. Nous attendons des réponses concrètes de leur part. Nous cherchons à influer sur les programmes, afin qu’ils contiennent autre chose que de vagues principes. »

Par exemple, Dominique Bézu prévoit de questionner les candidats ainsi :

« Est-ce qu’il est tolérable que des enfants qui vont à l’école de la République dorment sous tente ou à la rue ? Quelles sont vos solutions ? »

Mais Yves Sager prévient :

« On veut être la vox populi (voix du peuple, NDLR). Si les politiques n’entendent pas la vox populi, on parlera un peu plus fort jusqu’à ce que nous soyons entendus. À la fin du processus, nous pourrons nous rallier à une liste ou construire notre propre liste. »

L’association devrait poursuivre ses débats après les élections municipales, assure Yves Sager.

« On collabore avec une dictature » : une licence de l’Unistra en Azerbaïdjan fait scandale

« On collabore avec une dictature » : une licence de l’Unistra en Azerbaïdjan fait scandale
Le bâtiment qui abrite l’Ufaz à Bakou.

L’Université de Strasbourg a décidé d’étendre son partenariat avec l’Université franco-azerbaïdjanaise de Bakou pour une nouvelle licence de chimie. Remous au conseil d’administration, où certains élus demandent la fin de ce partenariat devenu gênant.

Mardi 8 juillet 2025, le conseil d’administration de l’Université de Strasbourg (Unistra) s’est prononcé en faveur de la création d’une licence de chimie en partenariat avec l’université franco-azerbaïdjanaise de Bakou (Ufaz) avec 16 voix pour, mais 15 contre et 5 abstentions.

« Un passage en force et un flou réglementaire »

Cette décision intervient alors que la commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU), instance chargée d’évaluer et valider les diplômes avant leur officialisation, s’était prononcée contre ce partenariat le 1er juillet par 26 voix contre 9. Pierre Gilliot exprime son incompréhension :

« Presque 75 % des élus ont dit non ! La présidence de l’Unistra a préféré s’asseoir sur cette décision de la CFVU. Avec d’autres élus, nous allons saisir le tribunal administratif pour faire annuler cette délibération. C’est insupportable de voir la CFVU ainsi écrasée. »

De son côté, l’Université de Strasbourg répond à Rue89 Strasbourg que « la convention de partenariat ayant conduit à la création de la nouvelle licence a bien été soumise au vote du CFVU et du conseil d’administration en juillet 2024 ». Le vote de juillet 2025, assure l’Unistra, ne portait que sur la « maquette pédagogique et technique » du diplôme et qu’il ne s’agissait pas « de remettre en cause le cursus des 30 étudiants azerbaïdjanais déjà engagés dans une année préparatoire ».

Mais cette lecture des faits est loin de convaincre les opposants. « L’an dernier, les conseils ont certes décidé de poursuivre les échanges avec l’Ufaz, mais nous élus, avions déjà protesté. Depuis, l’exécutif à la tête de l’Unistra a changé, c’est un point important », souligne Matthieu Schneider, du groupe Au Pluriel, dans l’opposition mais également ancien vice-président. Selon lui, cette licence n’a été lancée qu’à titre expérimental, ce qui justifie de reconsidérer la création d’une L1 cette année.

La nouvelle délibération est dénoncée comme un « passage en force » par l’opposition. « Soit le conseil d’administration est consulté, soit il ne l’est pas. Il n’y a aucun sens à y siéger si tout est déjà décidé », poursuit Matthieu Schneider.

L’entrée de l’Ufaz arbore le logo de l’Université de Strasbourg.Photo : capture d’écran

Les représentants de l’Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (Afges) se sont abstenus lors du vote du 8 juillet. Même si l’association est opposée par principe à ce partenariat, indique la première vice-présidente Clara François dans un communiqué : « Nous avons choisi de nous abstenir, refusant de pénaliser directement des étudiants pour une décision institutionnelle qu’ils ne maîtrisent pas. »

Un partenariat autour de la pétrochimie

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#Azerbaïdjan#Mathieu Schneider#Pierre Gilliot

Pierre Jakubowicz trouve que les Strasbourgeois pensent comme lui

Pierre Jakubowicz trouve que les Strasbourgeois pensent comme lui
Pierre Jakubowicz, entouré par Anne Reymann (à gauche) et des bénévoles de « Strasbourg on y croit ».

Après dix mois de consultations, Pierre Jakubowicz est prêt à débuter l’élaboration de son programme pour les élections municipales.

Dans son quartier général de campagne, au cœur du Neudorf à Strasbourg, Pierre Jakubowicz et une partie de son équipe bénévole ont présenté les premiers retours de sa campagne de consultation publique jeudi 10 juillet.

Selon les premières analyses d’environ 3 500 contributions écrites et 6 500 rencontres de terrain, les préoccupations prioritaires des Strasbourgeois·es concernent les mobilités, la sécurité et le cadre de vie. Puis, viennent la démocratie locale, le vivre ensemble et le pouvoir d’achat. « Évidemment, il n’y a pas de grosse surprise », admet le conseiller municipal (Horizon) d’opposition dans un costume de plus en plus sombre.

Partage de préoccupations

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Félix, une vie de lutte sans smartphone : « Si un jour je dois aller en prison, j’irai »

Félix, une vie de lutte sans smartphone : « Si un jour je dois aller en prison, j’irai »

Habitant en zone blanche, militant au sein de collectifs décroissants et technocritiques, Félix se bat au quotidien contre le numérique. « Ermite malgré lui », il dénonce la discrimination subie par celles et ceux qui choisissent de vivre sans smartphone.

Ici, le chien s’appelle Zad. Félix Zirgel nous accueille chez lui ce jeudi 1er juillet. Le militant de 32 ans vit avec sa famille dans trois petites maisons aux volets bleus à une vingtaine de kilomètres de Remiremont (Vosges). Constatant notre désarroi face à l’absence de réseau, l’hôte de ces lieux paisibles annonce avec fierté : « Ici, c’est une zone blanche ! » À une table posée au bord d’un chemin fleuri, en surplomb d’un terrain en zone Natura 2000, Félix verse le café. Il roule sa première clope avant de prendre ses notes manuscrites. Il ne lui faut pas cinq minutes pour prononcer le mot de colère :

« Fin mai 2025, j’ai perdu l’accès à mes comptes bancaires. Le Crédit Mutuel a mis fin aux codes envoyés par SMS pour la double authentification des paiements en ligne. On a fini par trouver une solution avec le Digipass donc je suis moins en colère. Mais je sais que petit à petit, ça va être de plus en plus dur de vivre sans smartphone. »

Du numérique à l’Holocauste

Félix abhorre cette société qui a fait du smartphone une propriété évidente. Militant pour la décroissance depuis 2015, le lecteur du journal éponyme décrit l’appareil comme « la quintessence même du capitalisme, une symbiose entre le monde de la tech et le complexe militaro-industriel ». Le discours est rodé, la pensée construite. Félix pourrait ainsi parler des heures dans son débit un peu saccadé. Puis il s’excuse après avoir évoqué le lien entre la société d’informatique américaine IBM, le début du numérique et l’Holocauste : « Ça va, je ne me disperse pas trop ? »

Chez Félix, la lutte contre le smartphone est existentielle. Elle puise ses origines dès l’enfance passée en périphérie de Colmar. Fils d’une institutrice et d’un principal de collège, le petit Alsacien n’a pas le droit aux jeux vidéo. Il se souvient des cabanes construites dans la forêt, près d’une rivière. Il raconte ces amis qui mentaient quand il toquait à leur porte : « Certains disaient qu’ils avaient des devoirs. Mais je savais qu’ils étaient devant leur écran. » « Je me sentais très seul », conclut-il.

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Les DNA reconnues coupables d’une « faute inexcusable » suite au suicide d’un salarié

Les DNA reconnues coupables d’une « faute inexcusable » suite au suicide d’un salarié
Le siège des Dernières Nouvelles d’Alsace, rue de la Nuée Bleue à Strasbourg. (photo Pazit Polak / Wikimedias commons / cc)

Le tribunal judiciaire de Strasbourg a condamné lundi 8 juillet les Dernières nouvelles d’Alsace à indemniser la famille d’un salarié qui s’est suicidé en 2019. Il estime que l’entreprise a commis une « faute inexcusable » en ne prenant pas en compte une alerte de son comité social et économique.

En 2019, un employé des Dernières nouvelles d’Alsace (DNA) s’est jeté du toit des locaux dans lesquels il travaillait, rue de la Nuée-Bleue, au centre ville de Strasbourg. Dans une décision rendue publique lundi 8 juillet, le pôle social du tribunal judiciaire de Strasbourg reconnaît une « faute inexcusable » de l’entreprise et la condamne à verser 30 000 euros de dédommagement à la fille et à la veuve de la victime, rapportent les DNA.

Le tribunal note, selon les DNA, qu’au moment où le technicien de maintenance de 43 ans décède, les DNA et L’Alsace, sont en train de rapprocher leurs équipes dans le cadre d’Ebra, la filiale médias du Crédit Mutuel. En juin 2019, le CHSCT, organe de consultation en charge de l’hygiène et de la santé au travail intégré dans le comité social et économique, avait exercé son droit d’alerte « pour tous les salariés des DNA, mettant en garde contre les risques psychosociaux induits par cette transformation ».

Selon le jugement du tribunal, ce droit d’alerte n’a cependant été suivi d’aucune action concrète de la direction. En 2020, un autre salarié des DNA s’est suicidé puis une troisième en 2023. Les DNA indiquent que l’entreprise « se réserve la possibilité d’interjeter appel ».

Remous internes dans la campagne de Jean-Philippe Vetter

Remous internes dans la campagne de Jean-Philippe Vetter
Jean-Philippe Vetter lors d’une conférence de presse en juin.

En lice pour les élections municipales à Strasbourg, le candidat Les Républicains (LR) Jean-Philippe Vetter a vu le président des jeunes LR du Bas-Rhin quitter sa campagne et ses positions sur l’écologie désavouées par le nouveau président de LR, Bruno Retailleau.

Sale temps pour faire campagne. Lors de son « grand banquet républicain » au parc de Pourtalès, dimanche 6 juillet, le candidat aux élections municipales Jean-Philippe Vetter (Les Républicains) a dû faire face à de soudaines trombes d’eau. Le conseiller municipal d’opposition s’est tout de même affiché tout sourire avec les soutiens de son mouvement Aimer Strasbourg, taillé sur-mesure pour les élections. Mais ce qui devait être une célébration de sa démarche d’ouverture et d’écoute s’est réduit à un appel à l’union dès le premier tour face à Jeanne Barseghian, candidate à sa réélection.

Rupture avec les Jeunes républicains

Outre ce raté, Jean-Philippe Vetter doit aussi composer avec la défection du président des Jeunes Républicains du Bas-Rhin, Yazid Knibiehly. Ce dernier a annoncé aux DNA son désengagement, critiquant des problèmes de « communication » internes. Contacté par Rue89 Strasbourg, Yazid Knibiehly doute de la sincérité des appels à l’union de Jean-Philippe Vetter :

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Arrêtée à la frontière allemande, une journaliste syrienne déshabillée et fouillée malgré ses papiers

Arrêtée à la frontière allemande, une journaliste syrienne déshabillée et fouillée malgré ses papiers
Sandra Alloush, journaliste de 37 ans, est arrivée en France en 2015.

Au matin du lundi 16 juin, la journaliste Sandra Alloush, réfugiée syrienne arrivée en France en 2015, a été arrêtée par la police allemande à la frontière entre Strasbourg et Kehl. Un épisode traumatisant dû au rétablissement des contrôles aux frontières allemandes.

« Je ne pensais pas être un jour confrontée à une telle violence. » Sandra Alloush a 37 ans, un enfant et une carrière de journaliste européenne et de militante en faveur des droits humains bien entamée. Lundi 16 juin au petit jour, elle prend le train depuis Strasbourg en direction de Berlin pour enregistrer un projet de podcast. Mais arrivée à la gare de Kehl, le convoi est stoppé. « Un policier allemand m’a demandé mes papiers, je les lui ai donnés », retrace-t-elle.

Elle lui fournit sa carte de résidente en France, qui lui sert de document d’identité. Car depuis 2023, Sandra Alloush attend patiemment le renouvellement de son passeport. « Ma carte de séjour en France est ma seule preuve d’identité, en plus du papier qui atteste que la préfecture étudie ma demande de passeport depuis deux ans », précise-t-elle. Un détail qui déplaît au policier allemand, qui lui demande de sortir du train.

Une menace à la sécurité ?

Les contrôles à toutes les frontières ont été rétablis en Allemagne pour six mois à partir de mars 2025, une disposition permise par l’Accord de Schengen qui les avaient effacés en 1985. Pour les justifier, le chancelier allemand Friedrich Merz a invoqué de « sérieuses menaces à la sécurité et à l’ordre public liées aux niveaux élevés de migration irrégulière et trafic de migrants, ainsi que la pression sur le système de demande d’asile ». Depuis mai, les officiers de police allemands peuvent refuser l’accès au territoire fédéral à certaines personnes.

Pourtant, Sandra Alloush est déjà réfugiée en France depuis près de dix ans. Elle n’effectue donc pas de « migration irrégulière » et ne présente aucun risque de demander l’asile en Allemagne. « Je lui ai expliqué que j’ai le droit de voyager dans l’espace Schengen librement. C’est d’ailleurs ce que je fais en raison de mon travail depuis des années », poursuit-elle. Mais ses arguments ne réussissent pas à convaincre le policier :

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Les votes des députés alsaciens sur la loi favorisant l’agriculture industrielle

Les votes des députés alsaciens sur la loi favorisant l’agriculture industrielle
Les députés se sont prononcés ce 8 juillet sur la loi Duplomb.

L’Assemblée nationale a adopté le projet de loi visant à « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » mardi 8 juillet. Conspuée par les écologistes qui y voient un recul majeur, elle prévoit de réautoriser un pesticide interdit, de restreindre les prérogatives de l’Office français de la biodiversité et de favoriser les fermes usines. Voici ce qu’ont voté les députés alsaciens.

Laurent Duplomb, sénateur Les Républicains de Haute-Loire, est au centre de l’attention. Cet éleveur laitier incarne un courant particulièrement conservateur et productiviste du milieu agricole. C’est sans surprise que cet ancien syndicaliste à la FNSEA, qui enchaine les contre-vérités scientifiques dans la presse, est devenu l’instigateur de la proposition de loi « Duplomb », constituant un renoncement environnemental majeur.

Cette dernière a finalement été adoptée par l’Assemblée nationale ce mardi 8 juillet, après un parcours parlementaire tumultueux. Sur les 15 députés alsaciens, 11 ont voté pour (extrême droite, droite et presque tous les centristes) et 4 ont voté contre (gauche et un député Modem). Suite à ce vote, une étudiante a déposé une pétition contre la loi Duplomb sur le site de l’Assemblée nationale. Elle a dépassé le million de signatures en quelques jours.

Aider l’agro-industrie

La loi affiche l’objectif de « lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur ». Le point le plus sensible du texte est la réautorisation de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Cette molécule était entièrement interdite en France depuis 2020 pour ses impacts vertigineux sur les écosystèmes, notamment les pollinisateurs. De premières études commencent à montrer une toxicité pour le système nerveux humain ou des liens avec certains cancers.

Cela n’a pas empêché Louise Morel, députée (Modem) de la 6e circonscription du Bas-Rhin, de voter en faveur de la loi. Elle assure que le texte a évolué depuis sa version initiale : « Il ne prévoit pas une réintroduction automatique mais un mécanisme de dérogation très encadré, qui ne pourra s’appliquer que si deux conditions strictes sont réunies : une impasse technique doit être avérée et un programme de recherches d’alternatives crédibles doit être mis en place. »

Elle ajoute que « les zones humides (menacées par la première version du texte, NDLR) ont été clairement protégées » et que « l’indépendance et les prérogatives de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses, NDLR) sont finalement respectées ».

Faciliter l’élevage intensif

La loi permet de faciliter l’agrandissement des fermes-usines en relevant les seuils à partir desquels les élevages porcins (passe de 2 000 à 3 000 cochons) et avicoles (passe de 40 000 à 85 000 poules) sont soumis à des procédures d’évaluation environnementale. Le texte qualifie enfin les mégabassines, ces gigantesques réserves d’eau pour l’agro-industrie, « d’intérêt général majeur ».

« Une des causes du malaise des agriculteurs réside dans les contraintes plus lourdes qu’on leur impose en France par rapport à leurs voisins européens », explique Françoise Buffet, députée de la 4e circonscription du Bas-Rhin, reprenant les arguments préparés par la FNSEA, premier syndicat agricole connu pour ses positions productivistes : « Il est temps de leur faire confiance : ce sont eux les premiers exposés aux produits qu’ils utilisent, et la préservation de l’environnement, leur outil de travail, est dans leur propre intérêt. »

La Confédération paysanne, syndicat agricole écologiste, dénonce de son côté un texte conçu pour une minorité de producteurs. Par exemple, seul 3% des élevages seront concernés par l’élévation des seuils, comme il s’agit de ceux qui sont soumis au régime des installations classées, soit de très grosses exploitations.

Des scientifiques, de nombreuses associations citoyennes, les partis de gauche et même une partie des membres de la majorité présidentielle alertent sur un recul face aux enjeux environnementaux, avec de fortes conséquences sur la santé publique et les écosystèmes.

« 83% des Français opposés au retour des néonicotinoïdes »

« Ce texte qui prétend répondre à la crise agricole ne fait que valider un modèle qui met les agriculteurs en danger », estime Sandra Regol, député Les Écologistes de la 1ère circonscription du Bas-Rhin. Issue d’une famille de paysans, elle a voté contre cette loi qui « enferme les exploitants dans la dépendance aux pesticides, sans répondre aux enjeux de revenus ou de lutte contre la concurrence déloyale » :

« Ces néonicotinoïdes ultra-toxiques provoquent des cancers, la maladie de Parkinson, des troubles de la fertilité… Les députés qui voteront ce texte aujourd’hui feront le choix de défendre les lobbies de l’agrochimie au détriment des Français, qui sont à 83% opposés au retour des néonicotinoïdes. »

Même décision pour le député La France insoumise de la 2e circonscription du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes. Il évoque « un texte dicté sous la pression des lobbys agricoles les plus productivistes, incarnés par la FNSEA, au détriment d’une agriculture durable et de l’intérêt général ».

Plus étonnant, Hubert Ott, député Modem de la 2e circonscription du Haut-Rhin, a également voté contre ce texte. « Je suis député d’un territoire profondément agricole et viticole. Ici, personne ne joue à faire semblant », commence t-il :

« Cette loi ne répond pas à l’essentiel, elle ne fait que renforcer la défiance là où nous devrions reconstruire un lien de confiance. Je suis de ceux qui sont convaincus que l’agriculture et l’environnement sont compatibles. Je n’ai pas voté ce texte de circonstance, qui passe à côté des urgences du monde agricole. Il n’y a pas un mot sur les revenus. »

Une association célèbre 50 années de soutien aux femmes victimes de violences conjugales

Une association célèbre 50 années de soutien aux femmes victimes de violences conjugales
Solidarité Femmes 67 aide des femmes à poser qu’elles sont en situation de violences conjugales.

Depuis 1975, l’association Solidarité Femmes 67 accueille, écoute, et héberge les femmes victimes de violences domestiques. Un travail d’accompagnement sur le temps long, qui doit composer avec la saturation des services sociaux et l’imprévisibilité des financements.

Ce vendredi après-midi de juin, Naïma (prénom modifié) est de passage au Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Flora Tristan pour payer son loyer. Un sourire illumine son visage lorsqu’elle salue les travailleuses sociales de permanence ce jour-là. « C’est grâce à cette association que je trouve la force de me lever le matin », explique-t-elle avant de raconter son histoire.

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Festival Les IRÉductibles : Six jours pour penser les luttes à Meisenthal

Festival Les IRÉductibles : Six jours pour penser les luttes à Meisenthal
Atelier à Artopie en 2023, à Meisenthal.

Du 9 au 14 juillet, le tiers-lieu militant et culturel Artopie à Meisenthal organise un festival appelé Les IRÉductibles autour de thématiques liées aux luttes rurales et urbaines.

Pendant six jours, Artopie, l’association Les P’tites gouttes et Extinction Rébellion Strasbourg organisent le festival Les IRÉductibles à Meisenthal. Du 9 au 14 juillet, le programme des « intenses réflexions engagées » propose des formations, des rencontres, des ateliers, des spectacles et des concerts autour des luttes rurales et urbaines.

Le premier jour, mercredi 9 juillet, est consacré à la formation des bénévoles. Le 10, le festival commencera avec une conférence gesticulée intitulée « Tout dévalider » par Pierre Vatel. Il se poursuivra avec un atelier d’éducation populaire autour de la question « Les chef·fes : comment s’en débarasser », par Sacha Maille.

Les autres thèmes abordés lors d’ateliers, lectures, conférences ou rencontres sont les suivants : « Mécanique du privilège blanc », « Technocentre », « Point sur la situation en Kanaky », « L’accaparement des terres », « Algorythme : enjeux d’aujourd’hui et demain », « Autodéfense juridique » ou encore « Numérique : dégooglisation et sécurité », un atelier animé par l’association strasbourgeoise Hackstub.

DJ sets et ateliers

Les 10 et 13 juillet, les journées se termineront par des DJ sets dès 21h. Le 11 juillet, elle se conclura par une grande course d’orientation nocturne, prévue à partir de 22h30. Le 12 juillet, les collectifs incitent à se rendre à la soirée Domino Fescht à Lemberg, qui fait jouer des groupes de rock sur la place du village à partir de 20h.

Le 14 juillet, Artopie invite les volontaires à participer au démontage du festival. Tout au long des six jours, d’autres ateliers, pour les adultes et les enfants, se dérouleront sur place – podcast, atelier badge, balades… Les participantes et participants sont invités à proposer des activités, rassemblées dans un tableau consultable à l’accueil.

Pour se rendre à Artopie en transports en commun, il faut prendre le train jusqu’à Wingen-sur-Moder. Le festival est à prix libre et il est possible de dormir sous une tente installée à proximité. Les organisateurs et organisatrices conseillent d’emmener de l’argent liquide pour payer les repas et boissons.

À Strasbourg, les étudiants étrangers précarisés par des frais d’inscription exorbitants

À Strasbourg, les étudiants étrangers précarisés par des frais d’inscription exorbitants
La faculté de droit, sur le campus de l’Esplanade à Strasbourg.

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« On va de l’avant » : le centre socio-culturel de l’Elsau rouvre ses portes

« On va de l’avant » : le centre socio-culturel de l’Elsau rouvre ses portes
La façade du centre socio-culturel de l’Elsau

Après deux audits, un signalement au procureur et une liquidation judiciaire en mars, le centre socio-culturel de l’Elsau a rouvert ses portes ce lundi 7 juillet.

Lundi 7 juillet, le centre socio-culturel de l’Elsau rouvre ses portes. À l’issue d’une saga judiciaire de plus de deux ans, il a changé de gestionnaire et proposera des activités aux enfants tout l’été 2025.

En mars 2023, Rue89 Strasbourg avait révélé les dérives du centre social et culturel (CSC) de l’Elsau. Conflits d’intérêts, organisation floue, dépenses intraçables… Les partenaires financiers de cette structure essentielle dans le quartier populaire de l’ouest de Strasbourg finissent par signaler la gestion du CSC au procureur de la République de Strasbourg en mai 2024. Puis en mars 2025, quatre financeurs publics du centre refusent de maintenir les subventions de l’association gestionnaire, qui est contrainte de demander sa liquidation judiciaire. Celle-ci est prononcée le 11 mars 2025.

Mais la page est définitivement tournée pour Brahim Mahi, nouveau chef de projet du CSC. Il vient d’être embauché par la Ville avec deux agents d’accueils, Judith NGaka et Ouahide Kharmaz, pour gérer le centre pendant trois ans. « On va de l’avant, on va de l’avant et on va de l’avant », répète-t-il, tout en expliquant ne pas vouloir se comparer à l’ancienne équipe du centre. Pour le moment, la Ville de Strasbourg finance seule le fonctionnement du CSC.

De nouveaux partenariats

Le rôle de Brahim Mahi est de repenser les partenariats du centre pour que d’ici trois ans, il soit à nouveau géré par une association locale, et non par la Ville. « Jeudi 3 juillet, nous avons fait une pré-ouverture du centre pour rencontrer les associations du quartier », explique Ouahide Kharmaz. Parmi les associations rencontrées, il cite Dacip, qui doit aider à la création d’un espace d’insertion professionnelle, mais aussi le P’tit Labo, qui gère déjà un tiers-lieu à l’Elsau, le club Boxe Française Savate (BFS) « et une dizaine d’autres » :

« Je sors tout juste d’une réunion avec 12:21, une compagnie (de théâtre et de danse, NDLR) qui va créer une résidence artistique de 24 mois à l’Elsau. »

Par et pour les habitants

Les premières portes ouvertes du CSC ont eu lieu vendredi 4 juillet. Une réouverture attendue par les habitants du quartier, très concernés par les problèmes de gestion du centre et son futur. L’ambiance est resté légère, selon Ouahid Kharmaz : food truck, animations organisées par l’association Arachnima et la Ville de Strasbourg, stands d’associations du quartier et musique… « On a eu d’excellents retours des habitants du quartier, avec lesquels on a pu se poser et discuter », conclut Brahim Mahi.

Cette nouvelle prise de contact avec les habitants d’Elsau est cruciale pour Brahim Mahi : « Tout ce que l’on fait, on veut que ce soit fait par les habitants, pour les habitants. » Lundi 7 juillet au matin, le centre de loisirs pour les 6-11 ans du CSC a pu rouvrir. Sur les 24 places, 15 ont été prises « et nous sommes en train de valider de nouvelles inscriptions », ajoute Brahim Mahi.

Lettre aux députés : « Ne votez pas cette loi toxique pour la santé et l’environnement »

Lettre aux députés : « Ne votez pas cette loi toxique pour la santé et l’environnement »
Les députés risquent de voter en faveur d’un grand recul environnemental sur les pesticides.

Des associations adressent une lettre ouverte aux députés alsaciens pour leur demander de voter contre la loi Duplomb. Débattue ce 8 juillet à l’Assemblée, elle prévoit notamment de ré-autoriser des pesticides interdits et de faciliter l’élevage intensif.

Mesdames, Messieurs les Députés,

Alors que notre pays traverse l’une des vagues de chaleur les plus intenses de son histoire, les signaux d’alerte environnementaux se multiplient. Nous avons franchi 7 des 9 limites planétaires. En France, un tiers des captages d’eau potable ont été fermés en 30 ans à cause de pollutions chimiques. L’air que nous respirons rend malade, les pollinisateurs disparaissent avec la biodiversité, mettant en péril 84% des cultures dépendantes de la pollinisation.

Dans ce contexte critique, vous serez amenés à vous prononcer ce 8 juillet sur la « Loi Duplomb », adoptée en commission mixte paritaire (CMP) le 30 juin. Ce texte, sous couvert de simplification, fragilise encore davantage les garde-fous environnementaux. Dimanche dernier, des citoyennes et citoyens ont manifesté à Strasbourg et à Colmar pour demander l’abandon de ce projet. Leur message est clair : oui, le monde agricole a besoin de soutien, mais non, cela ne peut se faire au détriment de notre santé, de notre eau, de notre avenir.

Assouplissement des règles pour les élevages industriels

Réclamer le retour de pesticides interdits, comme les néonicotinoïdes, revient à nier des décennies de recherches scientifiques sur leur toxicité. Ces substances, interdites depuis 2016, sont destructrices pour les abeilles et les écosystèmes, et néfastes pour la santé humaine. Leur réintroduction serait un non-sens éthique et écologique, d’autant que 83% des Français y sont opposés (selon un sondage IFOP commandé par Générations Futures, NDLR). La filière apicole, confrontée à d’autres difficultés, ne s’en relèverait pas. 

Le texte issu de la CMP va à contresens du dialogue. Il est imposé sans débat parlementaire. Il renforce le poids des syndicats agricoles dominants au détriment des autres parties prenantes. Il prévoit notamment :

    La modification des équilibres dans les comités de bassin (instances de concertation qui élaborent les politiques de gestion de l’eau, NDLR), portant à 30 % les acteurs économiques (agriculture, industriels) au détriment des acteurs dits « non économiques » que sont les consommateurs et les associations, qui ne représenteraient alors plus que 10 % des représentants.  
    La reconnaissance d’un « intérêt général » aux projets de prélèvements agricoles ou d’ouvrages hydrauliques contestés. 
    L’assouplissement des règles pour les élevages industriels, en contournant l’avis des citoyens, alors que 84% des Français sont opposés à l’élevage intensif (d’après un sondage IFOP demandé par 30 millions d’amis).
    Et des remises en cause du rôle des agences d’État dans la protection de l’environnement.

Construire un autre modèle, avec les associations

Vous êtes attachés, comme nous, à l’Alsace, à la qualité de son eau potable (menacée notamment par Stocamine, les Polluants éternels, etc.), à la préservation de ses paysages et de ses milieux naturels. L’agriculture façonne nos territoires ; ses choix nous engagent collectivement. Mais ces choix doivent être débattus, co-construits, et non imposés.

Nous vous demandons solennellement de ne pas voter cette proposition de loi. Ce rejet ne doit pas clore le débat, mais au contraire ouvrir un véritable chantier de concertation : celui d’un modèle agricole viable, juste, et respectueux de la santé humaine comme de la planète. Il est temps de sortir de la logique d’opposition pour construire ensemble des solutions durables. 

Avec toute notre considération, 

Alsace Nature
Ligue pour la Protection des Oiseaux Alsace
Fédération des Syndicats des Apiculteurs du Bas-Rhin
Union Nationale de l’Apiculture Française