Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Soupçons de conflits d’intérêts à la CCI : trois élus portent plainte

Soupçons de conflits d’intérêts à la CCI : trois élus portent plainte
Le siège social de la CCI Alsace Eurométropole n’est plus dans le bâtiment historique de la place Gutenberg mais à Schiltigheim.

Trois élus de la Chambre de commerce et d’industrie d’Alsace ont porté plainte contre leur propre institution auprès de la procureure de la République de Strasbourg, pour des soupçons de conflit d’intérêts dans l’achat d’un immeuble.

La justice va devoir s’intéresser aux conditions du déménagement du « CCI Campus » de la Meinau à Strasbourg, vers l’Espace européen de l’entreprise à Schiltigheim. Les trois élus qui avaient alerté la direction de la Chambre de commerce et d’industrie Alsace Eurométropole (CCI AE) en avril sur un conflit d’intérêts dans l’acquisition d’un bâtiment, ont porté ce signalement auprès de la procureure de la République le 5 juillet.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

À Saint-Louis, les pollueurs de l’eau épargnés, les contribuables sommés de payer

À Saint-Louis, les pollueurs de l’eau épargnés, les contribuables sommés de payer
La commune de Saint-Louis, située au sud de l’Alsace, à la frontière avec la Suisse, compte plus de 20 000 habitants.

Début mai, l’État a restreint la consommation de l’eau autour de Saint-Louis à cause d’une trop forte présence de polluants éternels. En l’absence de démarche juridique contre les responsables, les riverains et des budgets publics prendront en charge des millions d’euros de dépenses nécessaires.

5 mai 2025. La préfecture du Haut-Rhin restreint l’usage de l’eau courante dans l’agglomération de Saint-Louis. Les concentrations en polluants éternels relevées sont équivalentes à 3,5 fois les valeurs-limites autorisées. Ces molécules très persistantes dans l’environnement, aussi appelées par leur acronyme PFAS, viennent surtout de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, qui a utilisé des mousses anti-incendies composées de ces substances jusqu’en 2017. Sur les 60 000 habitants des neuf communes concernées, 3 000 ne doivent plus boire l’eau du robinet : les nourrissons, les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes immunodéprimées.

Des personnes non-inclues dans l’arrêté achètent également de l’eau en bouteille, de peur de tomber maladePhoto : Valentine Heitz / Rue89 Strasbourg / cc

En avril et juin 2025, la préfecture du Haut-Rhin a piloté deux réunions d’un comité de suivi de cette contamination. Il s’agit notamment de décider qui va payer les opérations nécessaires pour filtrer l’eau. L’aéroport de Bâle-Mulhouse peut y négocier sa participation à l’amiable. Contacté, par Rue89 Strasbourg, il assure « s’engager activement dans la recherche d’une solution et souhaite aider financièrement ». Mais « le montant exact n’a pas encore été déterminé ».

20 millions d’euros à trouver, pour commencer

Véolia, le délégataire en charge de la distribution de l’eau, se prépare à installer des unités mobiles de traitement par charbon actif, pour 6,5 millions d’euros. L’objectif étant de trouver une solution temporaire pour assainir l’eau. Par la suite, de nouvelles stations seront construites pour 13,5 millions d’euros et disponibles en 2027. Soit une somme totale de 20 millions d’euros hors taxes.

Les contribuables devront-ils payer une partie du montant ? C’est la direction que prennent les négociations entre les potentiels financeurs, presque tous publics : l’État, l’agence de l’eau Rhin-Meuse, la Collectivité européenne d’Alsace, la Région Grand Est, l’aéroport, l’agglomération de Saint-Louis… Seule l’agence de l’eau, financée par une redevance collectée auprès des usagers, a déjà acté d’un montant précis avec un maximum de 1,5 million d’euros. « Elle est pourtant censée faire uniquement de la prévention », déplore Bruno Wollenschneider, président de l’Association de défense des riverains de l’aéroport de Bâle-Mulhouse (ADRA).

Soutenez un média qui enquête sur les atteintes à l’environnement

Pour accéder à la suite de cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

Pour poursuivre ce travail, unique en Alsace, nous avons besoin d’une petite contribution de votre part. Chaque abonnement compte. Toutes les recettes servent directement à financer un journalisme engagé et documenté sur l’environnement à Strasbourg et en Alsace.

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Contre des élus strasbourgeois, la violence va des insultes publiques à la menace de viol

Contre des élus strasbourgeois, la violence va des insultes publiques à la menace de viol
barseghian

En mai, un retraité de Bouxwiller a été condamné par le tribunal judiciaire pour avoir envoyé des insultes et des souris mortes à Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg. Une décision qui intervient alors que les violences à l’encontre des élus se banalisent.

Agression du maire de Saint-Dié-des-Vosges et de sa compagne en pleine rue, tag appelant à tuer celui de Wattwiller, mortier tiré en direction de l’édile de Charleville-Mézières… À Strasbourg aussi, élus et agents portent régulièrement plainte pour des violences ou intimidations liées à leur statut.

En mai, un retraité de 75 ans résidant à Bouxwiller a ainsi été condamné à une amende délictuelle de 1 800 euros, trois mois de suspension du permis de conduire et l’obligation d’accomplir un stage de citoyenneté. Il avait envoyé à la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Écologistes), des photos pornographiques, deux cadavres de souris, et des textes insultants et la menaçant d’avoir « le gosier tranché » ainsi que d’autres promesses sexuelles misogynes relevant du registre du viol. La juge a considéré que ces actions sont un outrage « de nature à porter atteinte à sa dignité ou au respect dû à ses fonctions » et qu’elles constituent une « menace de commettre un crime ou un délit ». L’homme n’avait jamais été condamné auparavant.

Ces courriers envoyés anonymement à Jeanne Barseghian entre 2021 et 2025 entendaient contester la politique municipale relative… au stationnement.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Biodiversité : notre avenir commun se joue dans nos décisions et actions d’aujourd’hui !

Biodiversité : notre avenir commun se joue dans nos décisions et actions d’aujourd’hui !
Une vue du Ried.

François Criscuolo est chercheur en biologie évolutive du CNRS, au sein de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien à Strasbourg. Constatant l’effondrement de la biodiversité, il plaide pour un sursaut citoyen, face aux logiques industrielles.

Le climat évolue sous l’emprise de l’activité humaine. Les années 2015‑2024 figurent parmi les plus chaudes depuis 1850, et la disparition de 150 000 à 260 000 espèces depuis 1500 de notre ère illustre la rapidité des bouleversements comparée aux extinctions passées. Il nous faut donc revoir notre mode de pensée individuelle, afin de décortiquer les propositions politiques qui nous sont faites, à l’aune des réalités et non des idéologies.

L’urgence et la nécessité de cette réflexion heurtent nos habitudes et génèrent stress et angoisse1. Face à un sentiment d’impuissance, nombreux sont ceux qui jugent leurs actions insignifiantes, ou estiment que seules les autorités sont compétentes pour agir. Hélas, États et citoyens naviguent souvent entre déni et critiques des institutions (ou des ONG), limitant leurs réponses à des politiques « a minima ». Cette absence de réponse à la hauteur des enjeux aura un coût estimé sur les 25 prochaines années à une réduction de 19% des recettes économiques mondiales, soit bien plus que le coût lié aux efforts à fournir pour diminuer le réchauffement climatique2.

Malgré cela, les mesures adaptatives environnementales sont progressivement sapées, y compris par une partie de nos élus qui devraient pourtant, puisqu’ils sont les porteurs du projet commun de notre société, les défendre le plus ardemment. Il nous faut donc aller au-delà des discours aux objectifs électoralistes à court-terme et populistes qui veulent apaiser notre peur immédiate de l’inconnu ou de l’imprévisible, mais nous font courir un risque majeur. 

Au lieu de laisser notre peur de demain nous guider, il nous faut faire acte de liberté et responsabilité citoyenne, saisir notre angoisse issue de l’inaction, appréhender avec raison ce que sont les changements globaux, pour finir par apercevoir avec espoir et détermination comment y faire face, et faire nos choix électoraux en conséquence.  

L’environnement regroupe les facteurs abiotiques (climat, sol, air) et biotiques (les autres espèces, donc la biodiversité) qui forment un écosystème. Ces éléments interagissent suivant des schémas complexes nés de millions d’années d’évolution. La première constatation pour tout un chacun est qu’il n’existe pas de «potion magique» pour réparer un système aussi intriqué, d’autant plus si on inclue notre société humaine dans l’équation de ce qui devient alors un socio-écosystème3: les solutions simplistes qui se résument souvent à remettre en avant des gestions non-adaptées aux enjeux nouveaux environnementaux (récemment exemplifié par la loi Duplomb) sont vouées à l’échec car elles ne font que prolonger un lien à l’environnement qui se dégrade progressivement depuis l’après-guerre. Ainsi, nos décideurs politiques doivent s’appuyer sur l’expertise et les données scientifiques pour élaborer des démarches collectives intégrées, projetées sur des années, avec des évaluations régulières, en tenant compte des dimensions multiples qui touchent à la biodiversité. 

La charge politique de la biodiversité

La tendance en 2025 est à l’édulcoration des principes et des mesures de protections environnementales. C’est un courant mondial, qui prend sa source dans les difficultés économiques et sociales d’une partie de notre société. On peut discuter la réalité de ces difficultés, mais rien que de constater que tout un pan de la population affronte une situation dégradée doit susciter notre intérêt. La première chose à faire est de comprendre les racines de ce mal-être, de communiquer sur le bien-fondé des mesures de régulation qui sont décidées par le législateur, tout en imaginant des solutions qui répondent aux attentes actuelles de toutes les couches sociétales, des défenseurs d’un environnement préservé aux acteurs économiques qui exploitent la Nature. On comprend alors que traiter la question de l’environnement comme une question centrale des années 2025-2035 est d’abord une question politique et citoyenne.

Le plus important reste que nous soyons conscients du rôle que nous jouons en tant que citoyens. Devant l’urgence de la situation actuelle, les questions environnementales ne peuvent être considérées à la légère, et nos votes, souvent motivés par des considérations de « dégagisme », ne doivent pas nous éloigner du but commun à atteindre sur les 10-20 ans à venir. Pour cela, nous devons nous méfier des discours simplistes, car l’environnement est un système qui tire de son histoire biologique millénaire un enchevêtrement de facteurs qui lui permettent de s’autoréguler.

La gestion court-termiste remplace l’autorégulation millénaire

Au fur et à mesure que l’Humain extrait des ressources de ces environnements, les capacités d’autorégulation sont affectées, et doivent souvent être remplacées par des mesures de gestion, qui prennent en compte un nombre réduit de facteurs. Par exemple, l’appauvrissement des sols est traité via l’ajout d’intrants ou la présence de parasites ou de prédateurs par des traitements létaux chimiques ou cytogénétiques. Malgré leurs potentiels effets immédiats, ces réponses anthropiques restent des formules simples qui répondent partiellement aux attentes et entraînent des coûts nouveaux aux multiples impacts négatifs. Il n’existe pas de solution unique aux problèmes environnementaux actuels. 

Seules des approches qui mettent en jeu des avis de spécialistes de différents secteurs d’activités, scientifiques mais aussi des acteurs locaux, industriels, administrations, économistes, citoyens, et la mise en place de processus de collaboration seront de mise. 

Ces approches intégrées couplées à des mesures déployées sur un temps long, avec des évaluations régulières de l’efficacité des mesures appliquées, et donc des plans jalonnés de repères, permettront de rejeter les solutions erronées, et de répondre au piège de l’inaction. 

Si l’Etat trace le chemin, cette démarche pourra prendre ces racines à l’échelle locale où les volontés d’agir se concentrent aujourd’hui. 

La valeur économique de la biodiversité

La biodiversité ne rapporte rien4. Cette idée reçue est à corriger avec ardeur, car la valeur économique de la biodiversité est à mettre au centre des discussions entre partisans ou opposants aux réévaluations des décisions politiques pro-environnement qui planent actuellement au-dessus de nos têtes. Les concepts comme l’action des pollinisateurs, par exemple, sont à prendre en compte. Il ne s’agit pas seulement d’une question de volume de fleurs (ex : colza) ou de fruits (comme le cas du cassis) produits grâce à ces pollinisateurs, mais aussi de qualité nutritionnelle5 des aliments qui est améliorée par la présence de ces précieuses espèces de pollinisateurs. Ainsi, plusieurs résultats expérimentaux ont illustré comment les rendements et les revenus agricoles peuvent être significativement augmentés par le retour d’une biodiversité associée aux cultures (de 30 à 100 %).

Au-delà de ces considérations, cette richesse en espèces a bien d’autres effets qui rendent nos écosystèmes résilients face de nombreux impacts des changements globaux qui nous attendent, tels que la sécheresse, la pullulation d’espèces destructrices ou invasives, la détérioration de la qualité de l’eau, la captation de CO2 ou de méthane, la limitation des risques d’émergence de nouvelles épizooties…

Au final, défendre la biodiversité, c’est assurer la stabilité des écosystèmes avec des effets directs et mesurables sur les sociétés humaines, de l’économie à la santé. Détruire la biodiversité actuelle, c’est entamer la qualité de vie des générations futures, à l’horizon 2050-2100, soit celle de nos petits-enfants, sans avoir l’assurance de pouvoir les rétablir. Ce pour deux raisons principales : tout d’abord à cause du montant exorbitant des services rendus gratuitement par les écosystèmes qui est estimé à 125 000 milliards de dollars par an6. Qui payera pour cela si ces services doivent (pour ceux qui pourront l’être) être assurés par l’Humain ou sa technologie (pour autant que cette chimère technologique soit vraie) ?

Autre exemple indirect induit par l’appropriation des zones sauvages au profit de l’activité humaine : la promiscuité qu’elle provoque avec les espèces sauvages potentiellement porteuses de pathogènes. La crise de la Covid, qui a mis au grand jour la vulnérabilité de notre société face aux pandémies d’origine animale. Cette catastrophe mondiale s’est avérée avoir un coût exorbitant autant humain qu’économique. La seconde raison, c’est que rétablir à l’identique un écosystème détruit est une illusion scientifique, car il est le résultat de millions d’années d’évolution ayant mené à l’intrication d’éléments constitutifs dont la communauté scientifique est loin de connaître l’ensemble des mécanismes d’autorégulation. Encore moins sur des écosystèmes peu ou pas explorés (n’oublions pas qu’une grande partie de la biodiversité est encore inconnue, sans doute 80 % !). Mieux vaut donc préserver ce que l’on a.

La valeur pour la santé humaine 

Où partons-nous en vacances quand nous le pouvons ? Rarement le long d’une autoroute, nous recherchons souvent une retraite qui nous soustrait au stress quotidien des périodes d’activité professionnelle. Cette retraite est souvent faite d’un retour à la nature, parce que la biodiversité et ses paysages, ses sons, ou ses odeurs agissent comme autant de facteurs positifs sur notre santé7. Une étude du CNRS de 2022 est venue confirmer que les personnes les plus connectées à la nature sont également en moyenne en meilleure santé8

Maintenir la biodiversité et les pratiques qui la préservent est donc une question de santé publique. Ce constat est déterminant, puisque de nombreuses décisions au sujet de notre manière de traiter notre environnement impactent de fait la santé de certaines catégories socio-économiques, comme celle de nos agriculteurs. Ils sont parmi ceux le plus connectés à la biodiversité de l’agroécosystème et pourtant, les agriculteurs sont loin d’être la communauté socio-économique la plus heureuse qui soit.

Le modèle économique qui s’impose à eux induit dépendance envers un système souvent prédateur, exigence productive, cadence élevée, décalage entre valeur du travail et reconnaissance sociétale, conflit moral envers le bien-être animal et exposition à des produits dangereux. Ce dernier point est assez emblématique des stress quotidiens infligés à cette profession. L’utilisation de produits phytosanitaires est reconnue comme comportant des risques avérés pour la santé animale (bien sûr, les insectes qu’ils visent à détruire mais bien d’autres également comme les oiseaux des agroécosystèmes dont l’abondance a diminuée de 40 à 80% depuis les années 609). Pour l’Humain, les cas de cancer, perturbation endocrinienne, malformations à la naissance sont illustrés régulièrement.

De plus, nous savons que ces produits s’accumulent dans l’environnement et restent actifs pendant des années, voire des décennies. Un retour à un état initial sain sera donc un processus, au mieux, très lent10. Enfin, nous ne connaissons que peu de choses sur les produits engendrés par leurs dégradations une fois répandus dans les champs, ou par des effets conjugués (dits cocktails) de plusieurs produits associés ou des adjuvants utilisés, ou encore en lien avec des facteurs écologiques11 non pris en compte dans l’évaluation sanitaire de ces molécules. 

Répondre au défi du bien-être des agriculteurs est une priorité. Parce qu’ils sont les garants de nos ressources alimentaires avec des objectifs de production mais aussi de qualité. Parce que l’agroécosystème forge nos paysages12 et notre accès direct à la nature, qu’il soit à la campagne, sur nos rivages (pêche ou conchyliculture) ou à la montagne (agropastoralisme). Parce que l’agroécosystème actuel produit 25 % de nos émissions de gaz à effet de serre et participe ainsi grandement au réchauffement climatique. Parce que le déclin de la biodiversité trouve également ses racines dans les pratiques actuelles productivistes qui sont un héritage direct de la révolution agricole d’après-guerre, qui a accompagné l’amélioration des conditions de vie des générations de nos grands-parents et parents.

La biodiversité est une alliée de la productivité

La biodiversité des haies, des sols13 préservés des intrants et pesticides, s’avère être une alliée efficace pour assurer la productivité, et ce à moindre coût. Cette biodiversité sera également un atout maître pour faire face aux défis climatiques comme la sécheresse ou les épisodes d’inondations, en dressant des couverts végétaux, en retenant l’eau souterraine ou en absorbant des surplus dans des zones humides. Adapter les paysages agricoles est une des clefs du changement nécessaire.

Cette transformation ne peut être la résultante que du changement des pratiques actuelles, dont l’effort économique ne peut pas peser que sur la profession agricole. Il faut en lever les verrous qui sont, au moins de trois natures :

    l’assurance, pour chaque agriculteur, de retour sur les prises de risques économiques qu’engendrent la transformation des pratiques. la levée des freins existants, imposés soit par le système d’exploitation des matières premières agricoles (distributeurs, accords commerciaux globaux…) ou par des visions politiques mal-adaptées aux changements climatiques (PAC, part des programmes d’enseignement dans les lycées agricoles consacrée aux pratiques alternatives…). le changement de la vision que nous avons du rôle des agriculteurs dans cette transformation. 

Certes l’agriculture actuelle est émettrice d’un quart de notre CO2, et a ou fait disparaître une grande partie de la biodiversité de nos agroécosystèmes. Pour autant, les agriculteurs sont aussi ceux qui, en lien avec scientifiques, industriels, politiques et citoyens, ont le pouvoir de développer une agroécologie dont on ne connait que les contours, pour construire notre monde de demain.

La raison morale et l’alternative technologique 

Malgré toute notre puissance technologique, la productivité agricole stagne14 et a vraisemblablement atteint un maximum, avec des risques de productivité sur certaines céréales15. Quelle est la solution simple au dilemme de production qui s’impose ainsi à nous, étant donné que la population humaine continuera de croitre au XXIe siècle ? Augmenter les surfaces cultivées16 ? Mais celles-ci représentent déjà, à l’échelle mondiale, la surface de l’Afrique et de l’Amérique du Nord réunies. Et rien que pour le maïs en France, celle de la région Auvergne-Rhône-Alpes !

Autre solution, la sélection génétique de souches toujours plus productives ou résistantes. Mais la stagnation actuelle démontre les limites d’un système qui ne prend pas en compte les aspects épigénétiques, c’est-à-dire dérivés à la fois de l’information non-codée portée par la structure de l’ADN17 ou des effets croisés entre gènes et environnement. Ces modifications en partie héritables favorisent l’expression de certains gènes, phénomène dont on commence seulement à comprendre les effets majeurs sur les individus, leurs capacités d’adaptation ou leur santé18.

Quant à la disparition de la biodiversité, la technologie pourra-t-elle nous la rendre ? Rien n’est moins certain. Prenons le cas des insectes pollinisateurs : nous ne connaissons même pas la biologie ou le rôle écologique exact de la plupart des abeilles sauvages. Comment pourrions-nous être capables de les recréer le jour où elles auront disparu ? 

L’avenir nous appartient

Face à une situation de stress, les animaux réagissent de deux manières que les biologistes du comportement caractérisent par l’expression « Combattre ou Fuir ». Une analogie simpliste mais pourtant très parlante qui s’applique si bien à notre position actuelle. Faut-il admettre la dégradation climatique, la menace anthropique sur la biodiversité, faire la lumière et communiquer sur les risques encourus, pour travailler ensemble à une transformation adaptative de nos modes de vie qui en limitera les effets ? Ou faut-il en nier l’évidence scientifique et s’enfermer dans une posture idéologique dont le seul bénéfice est de surfer sur le trouble sociétal issu de nos incertitudes ? 

Mais si nos politiques ne pourront nier leur responsabilité face au jugement de l’Histoire, les électeurs et les électrices n’y échapperont pas plus. Nos actions, électorales, civiques, familiales ou professionnelles sont les briques élémentaires de notre réponse transformative. Nous pouvons encore, dans les quelques années qui viennent, réduire l’impact de notre société moderne sur la santé de notre environnement, et donc la nôtre. Mais, l’ensemble des spécialistes en conviennent : pour la biodiversité, nous sommes au bord du précipice. 

L’inflation de la consommation

L’humanité va utiliser autant d’énergie et de matière19 dans les trois prochaines décennies que celle utilisée dans les 10 000 dernières années : ce simple constat est un appel profond à un retour à la raison naturelle… 

Enfin et surtout, mettre en œuvre un mouvement citoyen sur ces questions, c’est porter une vision différente, commune, projetée sur le long terme, avec un but issu d’un consensus sur les moyens à mettre en œuvre. Les lieux de consensus peuvent être multiples (mairie, assemblées citoyennes, forum sur le net, réseaux sociaux, associations…) et certains existent déjà. Pour un exemple qui me touche, mais ne se veut pas réducteur, le CNRS et son institut Ecologie & Environnement déploie sur le territoire des infrastructures (Zones ateliers et Observatoires Hommes-Milieux) ou des évènements nationaux (Semaine Ecologie Environnement et Biodiversité, SEEB) qui permettent un échange sciences – partenaires locaux sur ses questions.

En 2025, lors des journées de la SEEB qui se sont tenues à Arc-et-Senans, Strasbourg ou Lyon, scientifiques, membres d’associations environnementales, représentants agricoles, industriels ou de communautés urbaines et citoyens ont pu s’exprimer pour parler de leurs visions de l’agroécosystème, avec toutes les divergences existantes. Cet exercice montre qu’au-delà des positionnements politiques, faire se rencontrer des personnes d’horizons différents est possible, et peut faire émerger des idées communes pour mieux avancer ensemble.

Les mesures globales gouvernementales se limitent à des ajustements économiques d’urgence. Cependant, replacer cet effort commun dans un projet consensuel d’une société mieux adaptée aux défis environnementaux qui se dressent devant nous est un message d’espoir, bien plus mobilisateur de nos efforts individuels.

François Criscuolo

    Sartre, célèbre philosophe français, dit bien que ce qui nous angoisse, cette notre liberté de ne rien faire et d’ensuite le regretter. ↩︎Kotz, M., Levermann, A., & Wenz, L. (2024). The economic commitment of climate change. Nature, 628(8008), 551-557. ↩︎Felipe-Lucia, M. R., Guerrero, A. M., Alexander, S. M., Ashander, J., Baggio, J. A., Barnes, M. L., … & Dee, L. E. (2022). Conceptualizing ecosystem services using social–ecological networks. Trends in Ecology & Evolution, 37(3), 211-222. ↩︎Le PIB national pourrait très bien inclure les bénéfices de la biodiversité en termes de services rendus économiques. Carrasco, L. R., Nghiem, T. P. L., Sunderland, T., & Koh, L. P. (2014). Economic valuation of ecosystem services fails to capture biodiversity value of tropical forests. Biological Conservation, 178, 163-170. La richesse nationale devient alors un concept basée sur la santé environnementale, qui englobe une santé économique : Dasgupta, P., & Levin, S. (2023). Economic factors underlying biodiversity loss. Philosophical Transactions of the Royal Society B, 378(1881), 20220197. ↩︎Perrot, T. (2018). Contribution des pollinisateurs dans la production de colza et de tournesol en zone atelier « Plaine et Val de Sèvre » (Doctoral dissertation, Université Bourgogne Franche-Comté). ↩︎Cardinale, B. J. et al. Biodiversity loss and its impact on humanity. Nature 486, 59–67 (2012) ↩︎Cet article analyse les données de plus de 950 publications et suggère des effets positifs sur notre santé mentale, physique et cognitive. Nejade, R. M., Grace, D., & Bowman, L. R. (2022). What is the impact of nature on human health? A scoping review of the literature. Journal of global health, 12, 04099. ↩︎Barragan‐Jason, G., de Mazancourt, C., Parmesan, C., Singer, M. C., &Loreau, M. (2022). Human–nature connectedness as a pathway to sustainability: A global meta‐analysis. Conservation Letters, 15(1), e12852. ↩︎ Moreau, J., Rabdeau, J., Badenhausser, I., Giraudeau, M., Sepp, T., Crépin, M., … & Monceau, K. (2022). Pesticide impacts on avian species with special reference to farmland birds: a review. Environmental Monitoring and Assessment, 194(11), 790. ↩︎Voir cet article mesurant la réduction de présence des pesticides dans les fermes biologiques dans une zone expérimentale des Deux-Sèvres. Fuentes, E., Moreau, J., Millet, M., Bretagnolle, V., & Monceau, K. (2024). Organic farming reduces pesticide load in a bird of prey. Science of the Total Environment, 930, 172778. ↩︎Cette étude récente montre comment la léthalité des pesticides varie avec les conditions climatiques ou le régime alimentaire…Tissier, M. L., Shahmohamadloo, R. S., & Guzman, L. M. (2025). Pesticide risk assessment in a changing world. Global Change Biology, 31(4), e70203. ↩︎Ils représentent en surface la moitié de la France métropolitaine, et à l’échelle mondiale la surface de l’Amérique du Nord et de l’Afrique. ↩︎Toute une partie de cette faune du sol associée de manière très intriquée aux plantes (qui ne forment plus qu’un organisme, appelé holobionte) permet d’expliquer de manière très convaincante des diversités de croissance. Cela doit nous rappeler que tout n’est pas génétique. Voir Wang, T., Vandenkoornhuyse, P., & Ling, N. (2024). Comment la plante et le microbiote s’influencent mutuellement et conséquences conceptuelles. Vandenkoornhuyse, P., Quaiser, A., Duhamel, M., Le Van, A., & Dufresne, A. (2015). The importance of the microbiome of the plant holobiont. New Phytologist, 206(4), 1196-1206. ↩︎ Liu, F., Xiao, X., Qin, Y., Yan, H., Huang, J., Wu, X., … & Doughty, R. B. (2022). Large spatial variation and stagnation of cropland gross primary production increases the challenges of sustainable grain production and food security in China. Science of the Total Environment, 811, 151408. ↩︎ Comme le riz et le blé à l’échelle mondiale. Gerber, J. S., Ray, D. K., Makowski, D., Butler, E. E., Mueller, N. D., West, P. C., … & Sloat, L. (2024). Global spatially explicit yield gap time trends reveal regions at risk of future crop yield stagnation. Nature Food, 5(2), 125-135. ↩︎ Cet article modélise les possibilités et les limites de cette voie de développement à l’échelle mondiale.. Gerber, J. S., Ray, D. K., Makowski, D., Butler, E. E., Mueller, N. D., West, P. C., … & Sloat, L. (2024). Global spatially explicit yield gap time trends reveal regions at risk of future crop yield stagnation. Nature Food, 5(2), 125-135. ↩︎ La modification chimique des bases sucrées de l’ADN, la méthylation, modulent l’ouverture du double brin et favorise ou non l’expression des gènes concernés. Razin, A., & Cedar, H. (1991). DNA methylation and gene expression. Microbiological reviews, 55(3), 451-458. Newell-Price, J., Clark, A. J., & King, P. (2000). DNA methylation and silencing of gene expression. Trends in Endocrinology & Metabolism, 11(4), 142-148. ↩︎ Deux exemples frappants qui montrent comment l’environnement modifie notre trajectoire de vie via l’épigénétique : fumer modifie la méthylation de certains gènes associés au cancer dans le poumon. Li, J. L., Jain, N., Tamayo, L. I., Tong, L., Jasmine, F., Kibriya, M. G., … & Pierce, B. L. (2024). The association of cigarette smoking with DNA methylation and gene expression in human tissue samples. The American Journal of Human Genetics, 111(4), 636-653. Le taux de methylation est un marqueur du vieillissement animal et des conditions de vie difficiles peuvent expliquer l’âge de nos cellules :  Lemaître, J. F., Rey, B., Gaillard, J. M., Régis, C., Gilot‐Fromont, E., Débias, F., … & Horvath, S. (2022). DNA methylation as a tool to explore ageing in wild roe deer populations. Molecular Ecology Resources, 22(3), 1002-1015. Lu, A. T., Fei, Z., Haghani, A., Robeck, T. R., Zoller, J. A., Li, C. Z., … & Singh, K. (2023). Universal DNA methylation age across mammalian tissues. Nature aging, 3(9), 1144-1166. ↩︎Pour donner quelques chiffres, ce sont 90 millions de tonnes d’espèces animales péchées chaque année, ou 30 milliards de m3 d’eau utilisées en France (dont 10 % pour l’agriculture). ↩︎

En Alsace, la transmission des fermes reste délicate pour préserver l’agriculture paysanne

En Alsace, la transmission des fermes reste délicate pour préserver l’agriculture paysanne
Entouré de futurs agriculteurs, Christian Haesig raconte la transmission de sa ferme.

Alors que la moitié des agriculteurs français seront partis à la retraite en 2035, la transmission des fermes devient un enjeu essentiel pour le monde agricole. Une question pourtant rarement anticipée et semée de contraintes, particulièrement en Alsace.

« Tout le monde a trouvé son siège ? » À l’ombre des arbres, Christian Haessig scrute la vingtaine d’étudiantes et étudiants candidats au brevet professionnel « responsable d’entreprise agricole » du CFA agricole d’Obernai. Dans son jardin, aux abords de son ancienne ferme à Saâles dans la vallée de la Bruche, le paysan retraité accueille ces agriculteurs en herbe pour témoigner de la transmission de sa ferme, lundi 23 juin.

Assis au fond de son fauteuil, lunettes posées sur le nez et casquette blanche vissée sur la tête, Christian Haessig se lance :

« Vendre, pour faire quoi ? C’est la question que devraient se poser les futurs agriculteurs retraités. Dans une transmission, le plus important est de définir ce qui est essentiel pour le cédant, mais aussi pour l’acquéreur. La relation humaine, dans un tel événement, passe trop souvent après les chiffres, les investissements, les marchés… Et si ces questions sont passées sous silence, ça ne peut pas bien se passer. »

Christian Haessig, agriculteur à la retraite et fondateur de la laiterie du Climont, à Saâles.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg

Avec sa femme, Annette Haessig, ils ont cédé leur ferme à un jeune couple, étranger au milieu agricole, en 2023. Le processus de réflexion autour de cette transmission a commencé en 2018, bien avant sa concrétisation : « Au moment de penser notre retraite, nous étions horrifiés à l’idée de devoir dégager. Notre histoire et notre vie sont ici. Nous ne voulions pas partir. »

Soutenez un média qui enquête sur les atteintes à l’environnement

Pour accéder à la suite de cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

Pour poursuivre ce travail, unique en Alsace, nous avons besoin d’une petite contribution de votre part. Chaque abonnement compte. Toutes les recettes servent directement à financer un journalisme engagé et documenté sur l’environnement à Strasbourg et en Alsace.

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Lutte ouvrière mobilise contre les annonces de François Bayrou

Lutte ouvrière mobilise contre les annonces de François Bayrou
Un militant de Lutte ouvrière lors de la manifestation du 1er-Mai 2024 à Strasbourg.

Des militants de Lutte ouvrière seront présents devant deux supermarchés strasbourgeois les 22 et 23 juillet pour discuter des choix budgétaire du gouvernement de François Bayrou.

Lutte ouvrière appelle à venir rencontrer quelques uns de ses militants et militantes mardi 22 juillet devant le supermarché Aldi à Hautepierre et au matin du mercredi 23 juillet devant le supermarché E. Leclerc de Schiltigheim. L’objectif du mouvement politique d’extrême gauche est d’échanger à propos des annonces formulées par le Premier ministre François Bayrou mardi 15 juillet pour réduire le déficit de l’État en 2026, selon un communiqué :

« Dans son discours du 13 juillet, Emmanuel Macron s’est présenté en chef de guerre, prétendant défendre les libertés par la fabrication de missiles, de drones, d’obus, avec une augmentation supplémentaire du budget de l’armée de 6,5 milliards d’euros et présentant la Russie comme l’ennemi principal. (…) Les seules attaques que nous subissons viennent de nos propres gouvernements : retraites, droits des chômeurs, remboursements maladie, austérité budgétaire pour les services de santé et tous les services publics. »

Les militants espèrent mobiliser notamment à propos des coupes budgétaires annoncées mardi 15 juillet afin d’économiser 48 milliards d’euros par an :

« Les attaques contre les travailleurs viennent aussi des conseils d’administration des groupes capitalistes qui mènent une guerre sociale en intensifiant l’exploitation, en licenciant et en laminant les salaires. Et pendant qu’ils reçoivent 200 milliards d’euros d’aides financières par an, le gouvernement veut économiser plus de 40 milliards sur le dos de la population. »

Pour les opposants à Jeanne Barseghian, l’enjeu des collectifs d’habitants

Pour les opposants à Jeanne Barseghian, l’enjeu des collectifs d’habitants
Réunion publique liée au tram nord.

Tram nord, site Heppner, prix du stationnement… En première ligne contre plusieurs projets de la municipalité écologiste, les collectifs se sont multipliés au cours du mandat. Pour les différentes forces d’opposition, ces derniers constituent un potentiel vivier électoral.

Cinq minutes sur l’avenue des Vosges et déjà une cinquantaine de véhicules passent. Cette large rue cossue devait se doter d’un tram et se débarrasser de ses voitures, acquérir quelques arbres, une piste cyclable, une promenade… Cinq minutes suffisent à voir que rien n’a bougé. Pour faire échec au projet d’aménagement du « tram nord », la mobilisation d’une partie des habitants aura été cruciale.

Dans les cafés du quartier, les rendez-vous se sont enchaînés alors que toutes les réunions publiques étaient prises d’assaut. Au terme d’une mobilisation sans équivalent dans le quartier, la commission d’enquête publique finira par rendre un avis défavorable au projet en s’appuyant en partie sur les contributions reçues.

En réaction aux projets de la municipalité menée par Jeanne Barseghian (Les Écologistes), d’autres collectifs se sont organisés tout au long de son mandat. Cultivant des liens parfois très étroits avec les différents élus d’opposition, ces collectifs ont été souvent cruciaux pour ces derniers. Alors que les prochaines élections municipales approchent, une question se posera : leur engagement citoyen contre les projets municipaux peut-il se muer en engagement politique ?

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

Un site public pour rassembler les sorties culturelles de l’Eurométropole

Un site public pour rassembler les sorties culturelles de l’Eurométropole
Répétition pour un concert participatif au Maillon en avril 2024.

Concerts, expositions, spectacles, événements gratuits… L’offre culturelle proposée par les structures de l’Eurométropole de Strasbourg a été réunie sur un site public dédié.

L’Eurométropole de Strasbourg a lancé jeudi 17 juillet une plateforme culture.strasbourg.eu, dédiée à l’ensemble de l’offre culturelle de l’agglomération. Spectacles, concerts, ou encore expositions, le site centralise les propositions de sorties et permet « à l’ensemble de ses habitantes et habitants de disposer d’un outil performant facilitant l’accès à l’offre culturelle sur l’ensemble des 33 communes », indique l’Eurométropole dans un communiqué de presse.

L’Eurométropole précise que les souhaits de 950 personnes ont été collectés pour définir les objectifs de cette plateforme. Après deux ans de travaux, elle vient combler « un manque de visibilité » souligne Fanny Dehlinger, responsable de la communication de la direction de la culture :

« Le site de la collectivité, Strasbourg.eu, a un trafic d’information orienté sur d’autres thématiques. Les rubriques culturelles n’étaient pas suffisamment visibles au milieu des sujets institutionnels. »

Le magazine Coze à la manœuvre

Outre des rubriques dédiées aux professionnels de la culture, la plateforme propose des actualités, un agenda culturel et une recherche personnalisable grâce à des filtres (type de public, accessibilité, proximité, gratuité…). « C’est aussi un outil pour le corps enseignant, pour l’organisation de programmes culturels, en cohérence avec la politique d’éducation artistique et culturelle », ajoute la collectivité dans son communiqué.

Le site met aussi en avant un répertoire d’activités artistiques ainsi que des circuits thématiques et les « parcours patrimoniaux » permettant de découvrir le territoire à travers son histoire. Une « valorisation » pour l’agglomération, renforcée par la labellisation de l’Eurométropole comme « Pays d’art et d’histoire », délivré le 16 juillet.

Les données publiées proviennent de BeCoze, une association qui édite déjà un agenda culturel, chaque mois sur de petits livrets distribués gratuitement et sur Coze.fr, précise Fanny Dehlinger :

« Nous assurons un travail de modération et d’éditorialisation. Mais toutes les demandes de publication devront passer par Coze. Si quelqu’un souhaite inscrire un événement, il devra le faire via leur interface. L’information remontera ensuite automatiquement chez nous. »

Aurélie, ligaturée à 30 ans, pour être femme sans être mère

Aurélie, ligaturée à 30 ans, pour être femme sans être mère

Après s’être longuement interrogée sur son absence de désir d’enfant, Aurélie Villaumé a choisi de se faire ligaturer les trompes à 30 ans. Vécue comme une libération, cette stérilisation assumée bouscule son entourage et questionne une société structurée autour de la famille.

Deuxième sexe, Trois femmes puissantes, En bons pères de famille… Imposante et joliment décorée, la bibliothèque d’Aurélie Villaumé capte le regard dans le salon de son appartement strasbourgeois. Sur les étagères, d’innombrables ressources féministes s’intéressent aussi bien au droit de la famille qu’à l’Histoire ou à la sexualité. « Quand je pars en week-end avec des amis, j’en emmène toujours avec moi pour les mettre à disposition », explique la jeune femme, avant de détailler le contenu des quelques titres qu’elle a choisi de mettre en avant sur un présentoir.

« Ma dernière claque, ça a été Désirer la violence. » Un livre dans lequel la journaliste Chloé Thibaud explique comment le cinéma normalise un certain nombre de comportements violents à l’égard des femmes dans des scénarios qui font la part belle aux « bad boys ». Une lecture qui résonne avec le vécu de la jeune femme. Elle s’assoie dans son canapé, une tasse faite par ses soins entre les paumes, avant de dérouler le fil d’une voix calme et posée.

Aurélie Villaumé dans son salon à Strasbourg.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg

Briser le cycle de la violence

Aurélie Villaumé a 31 ans et assume de ne pas vouloir un enfant. En février 2024, elle s’est fait ligaturer les trompes (voir le glossaire en fin d’article) pour ne pas procréer. « J’y ai longuement réfléchi », retrace-t-elle :

« J’ai commencé à être sûre de mon choix autour de 28 ans mais c’était plutôt non depuis ma vingtaine. J’étais très influencée par la pression sociale à la maternité, le récit autour de l’horloge biologique et les attentes de mon entourage. Ce n’était pas facile de savoir ce que je voulais, moi pour moi. Il m’a fallu déconstruire l’idée que si l’on n’est pas mère, on n’est pas femme. Quand on grandit là-dedans, c’est compliqué. »

Cette série est réservée à
nos abonné⸱es.

Cet été, découvrez des portraits de révolté·es qui ont transformé leur indignation en lutte quotidienne. Un épisode chaque vendredi, jusqu’à fin août.

Envie de suivre la série ? C’est le moment parfait pour s’abonner.

☀️ Jusqu’au 31 août 2025, abonnez-vous à 59€ pour un an, soit l’équivalent de 2 mois offerts,
en choisissant l’offre annuelle avec le code ETE2025.

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Rassemblement vendredi 19 juillet en soutien aux Afghans réfugiés en Iran

Rassemblement vendredi 19 juillet en soutien aux Afghans réfugiés en Iran
Manifestation des Afghans de Strasbourg en août 2021

Des Afghans de Strasbourg organisent un rassemblement de soutien vendredi 19 juillet pour protester contre la politique de l’Iran vis à vis des réfugiés de ce pays voisin.

Des membres de la communauté afghane à Strasbourg ainsi que l’Association culturelle des Afghans de Strasbourg (Acas) appellent à un rassemblement vendredi 19 juillet de 17h à 19h, place Kléber à Strasbourg. L’objectif est de protester contre la politique migratoire iranienne, selon un communiqué :

« La République islamique d’Iran a mis en place un système fondé sur l’humiliation, l’abus et le racisme d’État. Des milliers d’Afghans y travaillent dans des conditions dégradantes, sans contrat, sans sécurité, pour des salaires bien inférieurs au minimum légal, soumis à des abus constants de la part de leurs employeurs. »

Mais depuis quelques semaines, cette politique s’est encore durcie :

« Une vague d’arrestations arbitraires, de confiscation de biens, de destruction de documents officiels, de violences physiques et d’expulsions collectives a de nouveau frappé la communauté afghane en Iran. De nombreux réfugiés ont été conduits de force à la frontière, abandonnés sans eau, sans nourriture, sans abri. »

« Saignée intolérable » ou « lucide » : les annonces budgétaires divisent les élus alsaciens

« Saignée intolérable » ou « lucide » : les annonces budgétaires divisent les élus alsaciens
François Bayrou a intitulé sa présentation du mardi 15 juillet « Le moment de vérité »…

En plein été, le Premier ministre François Bayrou a annoncé ses orientations pour le prochain budget, avec l’objectif de réaliser près de 44 milliards d’euros d’économies. Ses annonces polarisent fortement les élus alsaciens.

« Vol en bande organisée » pour le député (La France insoumise) Emmanuel Fernandes, ou « exercice de lucidité » pour le député (Les Républicains) Patrick Hetzel. Les réactions des élus alsaciens divergent fortement aux annonces d’économies présentées par François Bayrou ce mardi 15 juillet.

Le Premier ministre a été chargé de trouver 50 milliards d’euros d’économies annuelles, afin de ramener le déficit de l’État sous la barre des 3% du produit intérieur brut (PIB). À l’été 2024, l’Union européenne a alerté la France sur son « déficit excessif », une procédure depuis suspendue. François Bayrou ne pouvant toucher aux recettes, sabrées depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017, il a annoncé une série de mesures d’austérité : des réductions dans le fonctionnement de l’État, une « année blanche » pour les pensions de retraites et les allocations (de fait non revalorisées malgré l’inflation, NDLR), des coupes dans les budgets des collectivités locales, etc (voir ci-dessous).

En ajoutant la suppression de deux jours fériés (le Premier ministre a mentionné le 8 mai et le Lundi de Pâques), il obtient 43,8 milliards d’euros d’économies annuelles, soit un déficit correspondant à 4,6% du PIB. Seul le budget du ministère des Armées augmentera en 2026, de 3,5 milliards d’euros selon les annonces du président de la République du 13 juillet.

Franck Leroy espère sauver les collectivités

Le président (Les Républicains) de la Région Grand Est, Franck Leroy, a salué dans un communiqué un « acte courageux » du Premier ministre, dont il salue « la responsabilité » et « la lucidité ». Mais Franck Leroy a tiqué sur la ligne de 5,3 milliards d’euros qui s’adresse aux collectivités :

« Les régions devront prendre leur part de l’effort national. Mais il est indispensable de rappeler que l’effort est déséquilibré. L’État, qui a produit l’essentiel de la dette, ne peut faire reposer la quasi-totalité des ajustements sur les épaules des collectivités, alors même que ces dernières réalisent 75 % de l’investissement public. »

Franck Leroy appelle donc à un « véritable dialogue avec l’État, pour construire un cadre équitable et soutenable », c’est à dire à des négociations pour que les actions de la Région Grand Est, dans les trains régionaux, dans les lycées, dans la formation, ne soient pas supprimées.

Des députés prêts à voter la censure

Le député de la 3e circonscription du Bas-Rhin, Thierry Sother (PS) a déploré dans un communiqué que « les mêmes recettes soient utilisées » :

« Le pire, c’est l’année blanche : toutes les prestations versées par l’État, tous les dispositifs de redistribution, toutes les pensions vont être gelées, alors que les prix, eux, vont continuer d’augmenter. C’est aux plus précaires que l’on va demander de payer le désendettement. Une année blanche, c’est en fait une année noire. C’est un impôt caché. »

Il rejoint l’analyse de Sandra Regol, députée (Les Écologistes) de la 1ère circonscription du Bas-Rhin, qui résume ainsi les annonces de François Bayrou : « il n’y a rien qui va ». L’élue développe :

« Cet endettement ne s’explique que par les 62 milliards d’euros par an, que le gouvernement a supprimés des recettes de l’État depuis 2017 ! La dépense publique est restée stable pendant toutes ces années. Je ne m’attendais pas à un tel saccage. Il n’y a aucune annonce sur les recettes… Avec une taxe sur les super profits, et une taxe sur les plus riches, on arrivait aux 50 milliards d’euros supplémentaires sans avoir à rogner sur le quotidien des Français. »

Emmanuel Fernandes, député (La France insoumise) de la 2e circonscription du Bas-Rhin, qualifie les propositions de François Bayrou « d’assaut final dans la guerre sociale menée par Emmanuel Macron depuis 2017 » :

« Concrètement, une année blanche correspond à 2 000 bâtiments qui ne seront pas rénovés, 87 000 places de licences universitaires qui ne seront pas ouvertes, 10 000 postes d’enseignants qui ne seront pas financés… C’est une saignée intolérable dans nos services publics. 5,3 milliards d’économies pour les collectivités, c’est l’équivalent de 760 000 places de crèche ou 135 000 postes de sapeurs pompiers. »

Il précise que le Nouveau Front populaire (alliance électorale réunissant LFI, les Écologistes, le PCF et le PS à l’Assemblée nationale, NDLR) a un programme budgétaire axé sur la justice fiscale pouvant être mis en place pour 2026. Dès septembre, il est ainsi prêt à voter la censure du gouvernement.

Patrick Hetzel, député LR de la 7e circonscription bas-rhinoise, soutient son groupe politique dans un communiqué ; il y défend l’année blanche, la baisse du nombre de fonctionnaires, le gel des prestations sociales et la lutte contre « les arrêts de travail abusifs ». Il déplore en revanche l’absence de mesures « pour lutter contre le coût de l’immigration » et aimerait que la baisse du nombre de fonctionnaires aille encore plus loin. Il estime que la politique budgétaire pèse trop sur « ceux qui travaillent ou ont travaillé toute leur vie » et assure que son groupe politique sera « force de proposition dans le débat budgétaire qui s’ouvre pour dégager des économies supplémentaires ».

Contactés pour obtenir leurs réactions, Frédéric Bierry, président (Les Républicains) de la Collectivité d’Alsace, Jeanne Barseghian, maire (Les Écologistes) de Strasbourg et les autres députés alsaciens n’ont pas répondu.

Dans les rivières d’Alsace, forte hausse de la mortalité des poissons

Dans les rivières d’Alsace, forte hausse de la mortalité des poissons
Près d’une dizaine de mortalités de poissons ont été identifiée en Alsace ces deux derniers mois.

Plusieurs cours d’eau alsaciens ont été touchés par des mortalités de poissons depuis le début du mois de mai. Charges polluantes, sécheresses et faible débit, les causes de ces mortalités peuvent être multiples mais les responsabilités sont rarement établies.

« Je n’ai jamais vu autant de mortalités en Alsace en si peu de temps » affirme Florian Pinto, pêcheur depuis plus de trente ans dans les rivières alsaciennes. Sur son compte Facebook ces derniers mois, le quadragénaire n’arrête pas de relayer différentes publications de pêcheurs signalant des mortalités et des pollutions observées dans les cours d’eau d’Alsace.

Depuis le début du mois de mai, l’Ill, l’Ehn, la Kirneck, le Bruscherrunz, ou encore le Bourbach ont connu un épisode de mortalité piscicole, allant de quelques dizaines de poissons à plusieurs milliers de cadavres retrouvés, comme cela a été le cas lors de la mortalité massive qui a touché l’Ill au nord de Colmar, dimanche 1er juin.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

L’État met fin à l’hébergement spécial des Ukrainiens

L’État met fin à l’hébergement spécial des Ukrainiens
Le centre d’accueil strasbourgeois des réfugiés ukrainiens, dans la salle de la Bourse, en mars 2022.

L’État a montré qu’il pouvait loger efficacement et rapidement les migrants en hébergeant les Ukrainiens qui ont fui la guerre en 2022. En Alsace, il prévoit de diviser ce dispositif de moitié en 2025 et d’y mettre fin en 2026.

Mars 2022. Moins d’un mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’État français mettait en place un vaste dispositif d’hébergement d’urgence pour Ukrainiens. À Strasbourg, la préfecture du Bas-Rhin a fait transformer la salle de la Bourse en centre d’accueil pour coordonner des centaines de mises à l’abri par des associations, des communes et des particuliers. L’efficacité du plan d’action avait choqué les associations, dans un contexte où le système d’hébergement d’urgence était saturé depuis plusieurs années, avec de nombreuses personnes d’autres nationalités obligées de dormir dehors.

La file des Ukrainiens et Ukrainiennes devant la salle de la Bourse en 2022.Photo : Evan Lemoine / Rue89 Strasbourg

Décembre 2024. Michel Barnier, alors Premier ministre, envoie une circulaire aux préfets demandant « une réduction progressive du parc d’hébergement » des Ukrainiens et Ukrainiennes, en passant de 9 000 à 4 000 places, fin décembre 2025, à l’échelle nationale. Il demande dans le même temps la poursuite « des efforts de formation et d’accompagnement vers l’emploi », pour autonomiser celles et ceux qui souhaitent rester en France.

Abonnez-vous

Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.

Contribuez à consolider un média indépendant à Strasbourg, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.

    Paiement sécurisé
    Sans engagement
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Les trois scénarios pour ouvrir la gare à 360 degrés à partir de 2040

Les trois scénarios pour ouvrir la gare à 360 degrés à partir de 2040
Une vue d’ensemble des modifications envisagées.

Trois scénarios sont à l’étude pour relier l’Est et l’ouest de la gare centrale à partir de 2040. Quant aux rues Wodli et du Rempart, elles devraient être transformées à partir de 2030.

« C’est le projet du siècle », affirme Christophe Chartrain, directeur régional des gares SNCF du Grand Est. Ce projet, appelé « Gare 360 degrés », doit permettre à la gare de Strasbourg d’accueillir des visiteurs depuis son flanc ouest. Après une déclaration d’intention en mai 2023, la SNCF, la Région Grand Est et la Ville de Strasbourg ont dévoilé vendredi 11 juillet les premiers scénarios à l’étude.

La gare de Strasbourg accueille 78 000 voyageurs par jour, 43 départs et arrivées sur chacun de ses neuf quais. Elle doit s’agrandir en deux grandes étapes pour orienter près de 100 000 voyageurs à l’horizon 2030.

Premiers aménagements d’ici 2030

« L’idée est d’amorcer rapidement un premier transfert des voyageurs vers l’arrière-gare, notamment après la construction du parking silo », introduit Stéphane Watelot, directeur du projet pour la SNCF. Prévu pour 2027, ce parking devrait s’installer entre les wagenhaus du nord de la rue du Rempart et le Technicentre. Mais sa capacité a été réduite de 800 à 600 places, et il pourrait prendre du retard.

Les premiers aménagements concerneront le bâtiment des Douanes, situé à l’angle de la rue du Rempart et de la rue Wodli, actuellement en partie occupé par La Grenze. Il sera réhabilité à partir de 2030 pour accueillir des services aux voyageurs, quelques commerces, et servira de point d’ancrage aux futurs quais routiers destinés aux cars interurbains et autres services de transport.

Une vue des accès au nord de la gare, rue du Rempart. Photo : Lise Leménorel / Arep

En continuant vers le nord, le tunnel de la rue Wodli, qui passe sous les voies ferrées, pourrait être réservé aux mobilités douces. Cet aménagement permettra aux piétons d’accéder directement aux quais, sans passer par le boulevard Wilson, devant la gare.

Une vue de l’accès à la gare depuis la rue Wodli.Photo : Lise Leménorel / Arep

Devant la gare, le « tunnel des Postes », situé devant l’arrêt du tram C, sera ouvert au public pour offrir un quatrième accès aux quais. Il sera ensuite prolongé vers la gare basse à l’horizon 2040. La marquise, la halle métallique construite au XIXe siècle, fera l’objet d’une restauration prévue d’ici 2034.

Passerelle, bâtiment voyageur ou salle d’échange ?

« Si pour le moment rien n’est arrêté », assure Stéphane Watelot, trois scénarios ont été présentés vendredi 11 juillet pour construire le lien entre l’Est de la gare et les quartiers ouest.

Le premier scénario propose la création d’une « salle d’échange souterraine », avec commerces et services, reliée au parvis central et au quartier des Remparts par un passage au même niveau.

Le premier scénario de franchissement étudié.Photo : Lise Leménorel / Arep

Le second projet imagine un nouveau bâtiment, également doté de services, accessible par une passerelle franchissant les voies de remisage depuis l’arrière-gare.

Le second scénario de franchissement étudié intègre une passerelle supplémentaire.Photo : Lise Leménorel / Arep

Le dernier scénario se limite à une passerelle piétonne reliant la rue des Remparts au parvis de la gare sans création d’espace supplémentaire. Ce dernier scénario est cependant considéré comme « peu viable » par la SNCF, en raison de l’encombrement des quais qu’il implique.

Le troisième scénario de franchissement étudié. Photo : Lise Leménorel / Arep

Les transformations de la rue du Rempart

Pour structurer le projet « Gare 360° », la municipalité a prévu 1,5 million d’euros pour les études de conception à court terme, hors parking, qui devraient s’achever en 2026. Ces études porteront aussi sur les besoins à venir de la SNCF, en particulier l’extension du plateau des voies. Les travaux pourraient débuter en 2033.

Christophe Chartrain, de SNCF Gares et connexions, anticipe un besoin de « 18 à 25 voies d’ici 2050 » contre 9 voies de passage en 2025, et 5 voies avec heurtoirs. Des espaces pourront être pris sur les ateliers de maintenance, qui seront délocalisés.

Quant au devenir des « wagenhaus » et des bastions, les élus de la Ville de Strasbourg n’ont guère précisé les éléments publiés par Rue89 Strasbourg en 2023. Il est question d’un hôtel du groupe Melt dans le « Wagenhaus 32 » ainsi que la création d’un parc naturel urbain. Le projet prévoit également un village culturel responsable, associant événements festifs et initiatives culturelles, une recyclerie, ainsi que d’autres lieux dédiés aux échanges, aux ateliers de réparation et au recyclage.

#Gare à 360 degrés

Le maire de Saint-Dié-des-Vosges frappé en pleine rue

Le maire de Saint-Dié-des-Vosges frappé en pleine rue
Portrait de Bruno Toussaint, maire de Saint-Dié-des-Vosges.

Le maire de Saint-Dié-des-Vosges Bruno Toussaint et sa compagne ont été agressés en pleine rue par un ancien agent municipal mécontent.

Il avait reçu des menaces de mort et une cartouche de chasse par La Poste en septembre 2024. Samedi 12 juillet, Bruno Toussaint, maire (divers droite) de Saint-Dié-des-Vosges, a été pris à partie puis agressé par un ancien agent de la commune. Dimanche 13 juillet, sa compagne et lui ont annoncé porter plainte, relate Le Parisien.

L’homme de 33 ans a interpellé l’édile et sa compagne à l’occasion de la Nuit blanche, un évènement culturel nocturne à Saint-Dié. Vers 23 heures, l’ancien agent municipal, visiblement ivre, a alpagué Bruno Toussaint et son épouse en dénonçant le non-renouvellement de son contrat. Le parquet d’Épinal précise que l’agent avait démissionné.

À Ici Lorraine, Bruno Toussaint retrace le déroulé de l’agression :

« J’ai proposé dans un premier temps de recevoir cette personne en mairie. Il a haussé le ton, mon épouse lui a demandé de se calmer et il l’a violemment poussée. Au bout d’un moment, je lui ai dit que le mieux était qu’on rentre chez nous et quand je pars, je prends un grand coup dans le dos et un coup sur l’oreille. »

L’épouse de Bruno Toussaint a tenté de s’interposer et a elle aussi été poussée, précise France 3 Lorraine.

Des policiers municipaux ont ensuite interpellé l’homme de 33 ans, qui a été placé en garde à vue. Ils ont également porté plainte pour « outrages, propos sexistes et racistes et rébellion selon le parquet d’Épinal, cité par Ici Lorraine. L’homme sera jugé par le tribunal correctionnel lors d’une audience de comparution immédiate mardi 15 juillet.

En 2025, la CeA prévoit trois millions d’euros en moins pour la culture et le patrimoine

En 2025, la CeA prévoit trois millions d’euros en moins pour la culture et le patrimoine
Le Palais du Rhin est l’un des bâtiments remarquables de la place de la République à Strasbourg. Il abrite la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) qui organise les journées du Patrimoine à Strasbourg.

Alors que la Collectivité européenne d’Alsace a terminé l’année 2024 avec un excédent de 109 millions d’euros, le budget accordé à la culture et au rayonnement du patrimoine alsacien est réduit de 3 millions d’euros pour 2025.

Le budget primitif dédié au rayonnement du patrimoine et de la culture alsacienne, établi chaque année par la CeA (Collectivité européenne d’Alsace), diminue depuis plus de trois ans. Pourtant, la CeA a clos son compte financier 2024 avec un excédent de 109 millions d’euros, une exception parmi les collectivités départementales françaises.

En mars, les élus de la collectivité ont voté un budget 2025 de 20 779 585€ pour la culture et le patrimoine, contre 24 070 164€ en 2024, soit une réduction de 3 290 579 €. Ainsi le secteur de la lecture publique par exemple perd 53 % de ses crédits (passant de 1 376 300 € en 2024 à 646 353 € en 2025) et le programme régional d’ateliers d’écriture n’obtient plus aucun financement. La CeA supprime également l’opération Artiste en collège, qui « permet à des collégiens de travailler aux côtés d’un artiste ».

Moins d’argent pour les musées et pratiques artistiques

Pour 2025, la CeA n’alloue plus de budget aux expositions du musée scientifique Le Vaisseau à Strasbourg, alors qu’elle y consacrait 464 100€ l’an dernier. Au Haut‑Koenigsbourg, l’enveloppe d’investissement consacré au « petit équipement et l’aménagement » chute de 191 500 € à 27 354 €, soit une baisse de plus de 85 %. La collectivité annule aussi deux appels à projets d’accompagnement à l’éducation artistique et culturelle, représentant un investissement pour du matériel à hauteur de 100 000 €.

« Ça fait deux, voire trois ans, que la collectivité d’Alsace complique l’accès à la culture, et la pérennité de ses acteurs : on finance moins d’associations, d’institutions et on augmente le prix des prestations pour accéder à la culture », accuse Florian Kobryn, conseiller d’Alsace dans l’opposition (LFI). Il souligne par exemple que Le Vaisseau a augmenté son tarif au cours des dernières années ; le billet d’entrée est passé de 8 € en 2022, à 11 € en 2023, puis 12 € en 2025.

Le rapport de budget de la CeA note « une contraction (diminution, NDLR) de 5 à 25 % des subventions de fonctionnement aux structures », chiffre qui ne prend pas en compte les suppressions complètes de certains programmes d’après Florian Kobryn. Le rapport mentionne aussi « la suspension de certains appels à projets thématiques annuels ou dispositifs », comme le soutien à l’innovation dans les pratiques artistiques amateurs et l’aide à la diffusion en Alsace.

Des économies qui impactent l’emploi

Pour Florian Kobryn, cette diminution constitue « un choix politique et non économique. Ça fait plusieurs années que l’excédent budgétaire est important, il n’y a pas besoin d’économiser sur la culture. » Il met en garde : « Le monde de la culture est un milieu fragile, et là on diminue le budget du monde associatif et celui des secteurs qui créent de l’emploi pour les artistes, c’est un danger pour la pérennité de ces métiers.  »

Interrogée sur ces coupes budgétaires par Rue89 Strasbourg, Pascale Schmidiger, vice‑présidente de la CeA en charge du patrimoine et du rayonnement alsacien, a répondu par écrit :

« Face aux contraintes budgétaires imposées par l’État depuis 2021, 300 millions d’euros de dépenses non compensées et 120 millions d’euros de baisse des recettes fiscales, la Collectivité européenne d’Alsace doit adapter son engagement financier dans tous les domaines, y compris la culture. »

Pascale Schmidiger détaille :

« Nous poursuivons nos actions culturelles essentielles : les programmes d’éducation aux médias et de culture scientifique restent intacts, nous prévoyons 430 000 € supplémentaires pour les pratiques artistiques amateures d’ici 2027, et nous maintenons le financement des orchestres de Strasbourg et de Mulhouse. »

La représentante de la CeA précise aussi, que concernant certaines suspensions de dépenses, il s’agit parfois de « suspensions temporaires. »

#Pascale Schmidiger