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Invitée avec Fabienne Keller et Roland Ries à donner sa vision pour Strasbourg en 2040, Catherine Trautmann a esquissé un début de programme électoral, ou « un projet alternatif » comme elle le présente.
« Mon seul regret ? Avoir rejoint le gouvernement. » Invitée par la Fondation pour Strasbourg ce jeudi 24 octobre, Catherine Trautmann n’a pas manqué d’évoquer avec tristesse son renoncement à la mairie strasbourgeoise pour devenir ministre de la Culture de 1997 à 2000. La référence plaît à l’auditoire, où se sont massés de nombreux nostalgiques des prédécesseur·es de Jeanne Barseghian. À plusieurs reprises, le public applaudit l’actuelle présidente du groupe d’opposition socialiste au conseil municipal strasbourgeois. Ils étaient près de 400 dans l’auditorium de l’ENA – 200 dans une autre salle ouverte face à l’affluence – pour écouter les trois anciens maires décrire leur vision de Strasbourg pour 2040.

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Deux fois par mois, le Café des aidants réunit une dizaine de personnes qui accompagnent au quotidien un proche malade ou handicapé. Souvent isolées, elles peuvent alors partager leur expérience.
Les sourcils froncés, le pas vif et énergique au moment d’entrer dans la salle, un regard sur sa montre, Dominique1 prévient d’emblée : « Je suis désolée mais comme d’habitude il faudra que je parte à 16 heures pile, vous savez… » « Aucun problème Dominique, vous partez quand vous devez partir », lui répond calmement l’animatrice. Dominique pose son sac, s’assied, souffle un bon coup et jette un regard circulaire autour de la table. Le Café des aidants de ce jeudi 17 octobre est sur le point de commencer. La Mutualité française et l’Eurométropole de Strasbourg organisent deux réunions par mois à la Maison sport-santé, boulevard de la Victoire. Les personnes concernées peuvent s’inscrire à l’une des deux dates chaque mois.
Douze personnes – dont dix femmes – sont aujourd’hui venues parler de leur quotidien au chevet de leur proche malade ou handicapé. Si Dominique doit partir à 16 heures « comme à chaque fois », c’est que sa journée est chronométrée. Ses rares temps libres sont drastiquement limités. Elle s’occupe de son père âgé de 96 ans. « C’est en partie à ça qu’on reconnaît les aidants : ils ont toujours un œil sur leur montre, note Sabrina Bizon, psychologue spécialisée en gérontologie et animatrice du Café depuis dix ans. Quand on est aidant, on l’est souvent 24 heures sur 24 dans la tête. Le Café leur permet de couper et de se sentir moins seuls. » Juridiquement en France, le proche aidant est défini comme « la personne qui vient en aide, de manière régulière et non-professionnelle (…) à une personne en perte d’autonomie, du fait de l’âge, de la maladie ou d’un handicap ». On estime à 11 millions le nombre d’aidants en France, soit un ou une Française sur six.
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L’intersyndicale de Dumarey Powerglide appelle à un rassemblement devant l’usine vendredi 25 octobre, pour dénoncer la suppression de 248 emplois. Les salariés regrettent un dialogue difficile avec la direction.
« En ce moment c’est difficile, on craque », commence Malek Kirouan. Au téléphone, le syndicaliste CGT paraît abattu. « Plusieurs salariés réalisent à peine qu’au 25 janvier, ils seront licenciés. Certains dans l’usine, des solides pourtant, en viennent à pleurer. » Avec le départ de son principal client durant l’été, l’usine Dumarey Powerglide, spécialisée dans la production de boîtes de vitesses automobiles, a perdu près de 80% de ses commandes. Le 4 octobre, la CGT relayait la décision de la direction de supprimer 248 postes sur les 584 que comptent l’entreprise installée à Strasbourg.
Pour dénoncer les licenciements et réclamer des indemnités décentes, l’intersyndicale CGT-CFDT appelle à un rassemblement devant l’usine, vendredi 25 octobre à 13h. « Il y a beaucoup de colère dans l’usine, on voulait absolument marquer le coup cette semaine », explique le syndicaliste.
Au-delà des suppressions de postes et des choix stratégiques ayant mené à fragiliser l’entreprise (en la rendant dépendante d’un seul client, l’équipementier allemand ZF), les salariés mobilisés dénoncent aussi les échanges difficiles avec leur direction. « Elle nous méprise en nous proposant de partir avec une misère », reprend Malek Kirouan :
« Pour moi qui ai passé 34 ans dans la boîte, on me propose une indemnité supralégale de 10 000€, c’est peu. Et la plupart des salariés de l’entreprise ont beaucoup d’ancienneté à faire valoir. »
Alors qu’un protocole d’accord pour un fonds de garantie de 60 millions d’euros servant à financer le plan social avait été annoncé, lors d’une réunion du comité social d’entreprise le 9 septembre, ce dernier serait finalement remis en cause par son financeur, l’équipementier ZF. « Quand ils nous ont présenté la nouvelle, le fonds de garantie était censé être acquis, désormais ça paraît moins sûr. La conciliation se fera le 10 novembre. » Les grévistes comptent bien maintenir la pression d’ici là.

Le collectif Vérité et justice pour Enzo organise un rassemblement vendredi 25 octobre, en mémoire d’Enzo et des victimes de violences policières. Enzo avait 17 ans lorsqu’il a trouvé la mort en avril 2023 dans des circonstances non éclaircies alors qu’il fuyait la police.
Plus d’un an après la mort d’Enzo, en avril 2023, une manifestation en mémoire de l’adolescent de 17 ans de la Cité de l’Ill est organisée vendredi 25 octobre à 18h30. L’appel s’étend à la commémoration de toutes les victimes de violences policières.
Le cortège doit se regrouper à 18h30 place de la Gare et doit se rendre jusqu’au palais de justice, quai Finkmatt. « Cette manifestation donne de la force et du courage », explique Angelo, l’oncle d’Enzo. « Elle doit donner aussi de la force à la maman d’Enzo, ça lui montre qu’il y a des gens qui n’oublient pas, qui comprennent notre douleur. »
Poursuivi par des agents de police le 2 avril 2023 parce qu’il était passager d’une voiture volée, l’adolescent s’est enfui en sautant dans l’Ill. Son corps ne sera retrouvé que 15 jours plus tard. Sa mère a porté plainte le 8 avril pour « omission de porter secours » mais elle a été classée sans suite. Depuis, la famille attend toujours désespérément d’obtenir des réponses. « On veut juste savoir ce qu’il s’est passé, avec des éléments pour prouver la version de la police », reprend l’oncle d’Enzo, Angelo. « Il y a une maman en souffrance, une famille qui se déchire… Ça fait un an qu’on attend, on se sent abandonné. »

Chaque année, le nombre de personnes déclarant vivre dans un habitat indécent augmente à Strasbourg et dans le Bas-Rhin. Les pouvoirs publics veulent faciliter les signalements grâce à une plateforme numérique et la Ville de Strasbourg prévoit d’instaurer un « permis de louer ».
Dans le Bas-Rhin, 9 200 logements privés sont potentiellement indignes selon une estimation de l’État. Les propriétaires devraient y réaliser des travaux pour que les habitats soient aux normes de salubrité. Mais une grande partie de ces cas sont inconnus des pouvoirs publics. Ces derniers se coordonnent, avec des associations de locataires, dans un « pôle de lutte contre l’habitat indigne » (PDLHI) depuis janvier. Ce pôle a présenté mardi 22 octobre son premier bilan.
D’une manière générale, le PDLHI observe que, ces dernières années, le nombre de signalements a augmenté. Il y en avait 630 en 2022, 748 en 2023 et 437 rien qu’au premier semestre 2024. « On ne peut pas en conclure qu’il y a plus de logements indignes », précise Ludovic Paul de la Direction départementale des territoires (DDT).
70% des signalements concernent Strasbourg. Les autres sont réalisés à Schiltigheim, Bischheim, Haguenau ou encore Sélestat. Depuis fin 2023, l’État a mis en place la plateforme numérique Histologe sur laquelle les locataires d’habitats indignes peuvent enregistrer leur requête.
Ensuite, en deux jours, le signalement est étudié puis, s’il est validé, redirigé vers le service hygiène et santé environnementale (SHSE) de la Ville de Strasbourg ou l’Agence régionale de santé pour le reste du Bas-Rhin. Le SHSE dispose aussi d’un guichet de signalement indépendant. Pour qu’une visite soit organisée, le délai est souvent de trois à quatre mois, puis les démarches s’étalent avec des éléments contradictoires demandés au propriétaire, les mises en demeure et le temps d’enclencher les travaux.

Vue l’augmentation du nombre de demandes, les démarches pourraient durer davantage car aucune augmentation des effectifs n’est prévue. Les agents techniques chargés d’effectuer les visites sont trois à l’ARS et huit au SHSE.
« On peut aussi réagir en moins de 24 heures s’il s’agit d’un risque immédiat comme un problème d’intoxication, de solidité du bâtiment ou de réseau électrique », ajoute la Ville de Strasbourg. Dans les cas où un danger direct pour la santé des occupants est constaté, la préfecture peut prendre un arrêté d’insalubrité ordonnant des travaux dans un délai défini. 23 arrêtés de ce type ont été pris en 2023. Les procédures prennent plus de temps lorsque le logement est « seulement » considéré comme indécent.
« On manque encore de leviers juridiques », reconnait Aurélien Bonnarel, conseiller municipal de Strasbourg (PCF) en charge du mal logement. Si le propriétaire ne respecte pas les mises en demeure, l’affaire peut prendre la direction du tribunal, ce qui crée des délais importants et peut décourager les locataires. Mais le PDLHI permet de faire le lien avec les procureurs et magistrats référents pour une meilleure prise en compte des démarches. Autre élément coercitif : la Caisse d’allocations familiales peut cesser de verser directement l’aide au logement au propriétaire.
La lutte contre l’habitat indigne repose surtout sur les signalements des locataires. Maryline Poulain, préfète déléguée pour l’égalité des chances, prévoit donc une campagne de communication auprès du grand public. Les travailleurs sociaux seront mis dans la boucle pour qu’ils accompagnent les habitants vers les plateformes.
De son côté, Brigitte Breuil, présidente de la Confederarion nationale du logement du Bas-Rhin, plaide pour une mesure de prévention qui « pourrait éviter l’apparition des signalements : le permis de louer ». Ce dispositif permis par la loi implique qu’avant la mise en location d’un appartement, le propriétaire doit démontrer sa conformité en envoyant un dossier à la municipalité. Et cette dernière peut visiter les logements pour vérifier. Aurélien Bonnarel affirme que le permis de louer devrait être expérimenté à Strasbourg courant 2025.

Appartements de 8 mètres carrés, fenêtres laissant passer la pluie, pas d’alimentation en eau… Suite au signalement d’une locataire, l’État ordonne à un propriétaire de 10 logements à Koenigshoffen de réaliser des travaux de mise en conformité.
En ouvrant, la porte d’entrée se coince contre un meuble. Pour entreposer ses affaires, Koczi se débrouille comme il peut avec son studio : le radiateur électrique, les plaques de cuisson et le four côtoient les cartons et les sacs cabas. Sur son frigo, une machine à café et un mixeur sont cachés derrière une petite télévision. « Ça fait 8,12 mètres carrés ici ». Koczi fait partie des locataires des dix chambres du 22 rue de la Tour à Koenigshoffen, à l’ouest de Strasbourg. Depuis le 14 octobre, l’immeuble fait l’objet d’un arrêté préfectoral de traitement de l’insalubrité. Une démarche rare, initiée par le signalement d’une habitante au service hygiène et santé de la Ville de Strasbourg.

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Jeudi 24 octobre, le bar Le Local accueille une soirée de soutien pour la librairie indépendante L’Oiseau Rare, en difficulté financière depuis son ouverture il y a cinq ans.
En septembre 2023, Morgane Albisser, co-fondatrice de la librairie, café et galerie indépendante L’Oiseau Rare, glissait à Rue89 Strasbourg ne pas être sûre que son commerce passerait les fêtes de fin d’année. Un peu plus d’un an plus tard, le lieu existe toujours et les deux sœurs à sa tête ont lancé une campagne de financement participative.
Dans ce contexte, le bar Le Local à la Krutenau, organise une soirée de soutien à cette petite entreprise indépendante et féministe, jeudi 24 octobre. « Soutenir L’Oiseau Rare c’est aussi soutenir un modèle de commerces indépendants qui est sacrément en berne », souligne le texte présentant la soirée sur Facebook. Au programme, le groupe de stoner rock La Crainte, qui reversera toutes les recettes des entrées à la librairie.
Située sur le quai des Bateliers, la librairie, café et galerie féministe et indépendante a ouvert en mai 2019. Mais, comme l’expliquent les co-fondatrices sur la page de l’appel à dons, les confinements successifs puis des travaux sur la façade du bâtiment de leur commerce ont freiné son développement et l’ont empêché de trouver un équilibre financier. « Si les difficultés de départ nous ont empêchées de nous construire une trésorerie, le problème principal reste que sans celle-ci, nos charges augmentent sans arrêt et nos marges restent faibles », expliquent les libraires.
En cinq ans, les deux sœurs ont été contraintes de contracter trois prêts bancaires et ont besoin de 6 000 euros pour être au moins capable de payer leurs dettes auprès d’artistes, d’auteurs et d’autrices. « Avec 9 000 euros de plus, nous pourrions assainir notre découvert provisoire », poursuivent-elles dans leur explication en ligne.
« Nous pensons qu’une ville se caractérise aussi par les magasins indépendants qui la nourrissent et la dessinent aux yeux de ses habitants. L’Oiseau Rare fait partie de ceux-là, ceux qui tentent de transmettre des idées, prennent position et partagent une vision du monde. »
Diane et Morgane Albisser
Au-delà des livres, L’Oiseau Rare propose également des temps d’échange et de rencontre avec des auteurs, autrices et des artistes. Son espace café et sa terrasse sur le quai rend l’espace propice à la flânerie et à la pause, dans une zone de Strasbourg parfois très touristique.

Des dizaines d’enfants dorment sous tente avec leurs familles dans un campement du quartier de la Meinau, selon un constat réalisé fin octobre. La Ville de Strasbourg tente d’en scolariser un maximum.
Six petites filles sont accroupies au pied d’une tente, sur des palettes en bois. Certaines se penchent sur des feuilles pour écrire ou dessiner. La même scène a lieu sur plusieurs points du camp de Krimmeri, qui grouille d’enfants ce mercredi 16 octobre, jour de repos scolaire. D’autres préfèrent jouer, seuls ou à plusieurs. Un garçon qui ne doit pas avoir plus de cinq ans marche sur le chemin boueux, en trainant un parapluie.


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Le Parlement européen sera le théâtre de deux rassemblements mardi 22 octobre. Un premier demande le retrait d’un prix écologique à une ville israélienne, en raison de la guerre tandis qu’un second demande que l’Union européenne inscrive les Gardiens de la Révolution iranienne sur sa liste des organisations terroristes.
Les voies aux abords du Parlement européen de Strasbourg vont être encombrées mardi 22 octobre. Vers midi, La Cimade, l’Union juive française pour la paix, BDS, le Collectif judéo-arabe et citoyen pour la paix et le Collectif Palestine 67 appellent à un rassemblement pour protester contre l’octroi à Eilat, une ville israélienne, du label « Mission pour des villes neutres en carbone » de l’Union européenne.
Pour ces organisations, Eilat ne peut prétendre à cette distinction, qui vise à récompenser les villes européennes tendant à être neutres en émissions carbone à l’horizon 2030, en raison de la guerre que mène le gouvernement israélien contre les Palestiniens depuis octobre 2023 :
« Israël a détruit des centaines de dunums de terres agricoles, privant les Palestiniens du nord de la bande de Gaza de terres agricoles et de ressources vitales pour leur survie, tout cela en soutien à son blocus illégal de la bande et à ses restrictions sur l’entrée de denrées alimentaires depuis près d’un an. Depuis octobre 2023, les forces israéliennes ont cherché à priver les Palestiniens de près de 80 % des terres agricoles de la bande de Gaza. »
Certes les villes israéliennes progressent sur la gestion de l’eau mais ces organisations rappellent dans une lettre ouverte envoyée aux eurodéputés :
« Le niveau du Jourdain et de la mer Morte baisse de façon dramatique, en raison de la surexploitation des ressources en eau du Jourdain par l’usage intensif et privé des habitants des colonies implantées de façon illégale au regard du droit international en Cisjordanie occupée. »
Les organisations annoncent la présence au rassemblement de Dr Abdelfattah Abusrour, directeur d’une société culturelle et artistique d’un camp de réfugiés, de Tala Nasir, avocate palestinienne, d’Amal Khreisheh, directrice d’une ONG palestinienne et de Ziad Amro, militant des droits humains.
Peu après, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) appelera les eurodéputés à inscrire les Gardiens de la Révolution sur la liste des organisations terroriste de l’Union européenne. Les Gardiens de la Révolution forment une espèce d’État dans l’État en Iran, où ils servent de milice armée aux seuls ordres du Guide suprême d’une part, et de système de prévarication national d’autre part, avec la mise en place d’une économie parallèle aux ramifications internationales.
Si les Gardiens venaient à être tous désignés comme terroristes par l’Union européenne, cela permettrait le gel de leurs avoirs à l’étranger et en particulier en Europe.

Des comités qui dépassent les partis germent dans les circonscriptions du Bas-Rhin, autour de Strasbourg, où la gauche a fait un grand chelem aux dernières législatives. Mais leur volonté d’exemplarité en matière d’unité se heurte à l’essoufflement militant.
L’heure tourne au Divanoo, un bistrot du centre de Bischheim, au nord de Strasbourg. L’assemblée générale du comité de base du Nouveau Front populaire (NFP) dans la 3e circonscription du Bas-Rhin, qui s’y réunit jeudi 17 octobre au soir, devait initialement conduire à l’adoption d’une « charte » sur laquelle un groupe de travail avait planché ces dernières semaines. Mais la discussion prend un tournant houleux.
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Le tribunal judiciaire de Strasbourg a été le terrain d’expérimentation de l’intelligence artificielle. Thierry Ghera, président du tribunal à ce moment-là, revient sur les enjeux soulevés par l’utilisation de cette technologie dans le monde judiciaire.
De l’intelligence artificielle dans les bureaux des juges. Pendant trois mois en 2019 et en 2021, les magistrats de deux pôles civils du tribunal judiciaire de Strasbourg ont participé à une expérimentation. Pour les aider à trancher certains litiges, ils pouvaient utiliser un outil d’intelligence artificielle.
Menées par le sociologue Christian Licoppe, les deux expérimentations ont soulevé des débats déontologiques et relatifs à la place du juge, à son rôle et à ses valeurs. Dans un article paru en septembre, le chercheur de l’institut des études et de la recherche sur le droit et la justice observe que l’utilisation de l’intelligence artificielle s’est finalement résumée à exploiter une grande base de données judiciaires, « combinant moteur de recherches et traitements statistiques ». Et ce, dans le but de « faire remonter à l’attention des juges des « cas similaires » [qui] équipent, aident et transforment la décision judiciaire ». Le chercheur note par ailleurs que les juges ont peu de temps pour apprendre à se servir d’un nouvel outil étant donné « la pression à produire des décisions et à gérer le flux des affaires qui pèse sur eux ».
Thierry Ghera a accepté de revenir pour Rue89 Strasbourg sur cette expérimentation et sa mise en place alors qu’il était président du tribunal judiciaire de Strasbourg. Entré dans la magistrature en 1988, Thierry Ghera est un habitué des innovations technologiques et spécialiste des enjeux qu’elles soulèvent. Contrairement au sociologue, il ne pense pas que l’utilisation de l’intelligence artificielle transforme la décision judiciaire. Il a par exemple participé à la création de la première messagerie en ligne utilisée par les juges et avocats au début des années 2000. Thierry Ghera est depuis janvier président de chambre à la Cour d’appel de Colmar.
Rue89 Strasbourg : quel était le but de l’expérimentation menée au tribunal judiciaire de Strasbourg ?
Thierry Ghera : D’un côté, nous voulions voir si un outil de l’intelligence artificielle était compatible avec les cinq principes de la charte éthique européenne, adoptée en 2018 (voir encadré). Et de l’autre, si cet outil était utile pour le justiciable et les juges, ou dans quelle mesure il pouvait l’être. Notre travail de juges consiste à trancher des litiges, à interpréter le droit et à l’appliquer selon une méthode appelée syllogisme judiciaire : appliquer le droit à des faits précis. Et à l’inverse des États-Unis ou de l’Angleterre, nous n’avons pas le fonctionnement du précédent, qui prend les autres décisions de juges comme une source de droit.
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Jusqu’au 10 novembre, le Zentrum für Kunst und Medien à Karlsruhe accueille l’exposition Margret Eicher. Digital Worlds. L’artiste mêle la popculture actuelle et la tradition ancienne des tapisseries de cours.
Lady Gaga, Elon Musk, BTS, Spiderman et d’autres personnalités contemporaines issues du cinéma, de la science-fiction, des jeux-vidéos et de la publicité, se retrouvent figées, mises en scène dans l’exposition individuelle de Margret Eicher au Zentrum für Kunst und Medien (ZKM) à Karlsruhe.
Espiègle et avec une bonne dose d’humour, ces Medientapisserien (tapisseries médiatiques, une marque déposée par l’artiste) s’inspirent des tapisseries médiévales, pendues aux murs des châteaux pour les réchauffer mais aussi pour relater des événements religieux, historiques ou mythologiques et glorifier le pouvoir et la richesse des commanditaires.
Sur les Medientapisserien en revanche, pas de propagande. Margret Eicher y dénonce la société du spectacle et aliénation par les réseaux sociaux. Qui sont les grands du monde actuel Qui adulons-nous aujourd’hui via Instagram, Facebook ou X ? Serait-elle l’aristocratie d’aujourd’hui ?
En figeant les célébrités de notre génération sur un support précieux et prestigieux, qu’est le travail tissé, elle met en lumière une relation paradoxale aux icônes d’aujourd’hui. Les tapisseries étaient au Moyen Age des œuvres réalisées sur commande par des artisans au service du pouvoir. Margret Eicher réalise quant à elle ses tapisseries sans commande, et donc sans contrainte sur son point de vue d’artiste singulier, critique et ironique.
Elle joue avec les codes de représentation médiatique, déplace les usages et pratiques, travaille sur le long terme alors que l’information des réseaux sociaux est éphémère… Bref l’artiste se joue de notre mémoire courte, des effets de chocs visuels provoqués par les médias, elle nous interpelle pour questionner nos modes de réception d’une information toujours dépassée… Ce qui reste à la fin, ce sont des personnalités connues, mais hors contexte et hors du temps. Margret Eicher invite au travers de cette exposition à ralentir, à prendre le temps de réfléchir, de regarder.

L’industrialisation de la production textile au XIXe siècle a été à l’origine du développement des technologies de l’information. Les machines à tisser employaient des cartes perforées pour automatiser des motifs complexes dans les textiles. Ce processus rigoureux et précis ressemble à un « programme ». Par la suite, des cartes perforées ont été utilisées pour les premiers systèmes informatiques, comme méthode de stockage et de traitement de données. De ce fait, l’histoire de la production textile est une des plus anciennes formes de transmission d’informations programmées, ouvrant la voie aux technologies numériques modernes.
Les œuvres de Margret Eicher forment des rencontres dissonantes, entre l’art et la fabrique. Ces tableaux tissés semblent produits artisanalement, mais leur réalisation est industrielle, entièrement pensée sur ordinateurs.


Le cœur de cette exposition est la tapisserie de 30 mètres de longueur Battle : Reloaded (2022). Cette longue fresque fait référence à la Tapisserie de Bayeux du XIe siècle, qui relate la conquête de l’Angleterre par Guillaume le conquérant, alors duc de Normandie.
L’œuvre majeure de Margret Eicher met en scène Julian Assange, Lara Croft, Lady Gaga, les tortues ninjas et des soldats Lego. Ce sont des personnages qui prennent souvent des poses caractéristiques ou caricaturales. Par exemple, le personnage de jeux vidéo Lara Croft est en train de sauter et de tirer avec son arme, ou encore l’iconique chanteuse Lady Gaga qui est représentée dans sa robe de la cérémonie des Grammy Awards de 2010. Ces personnalités sont souvent collées bout à bout sur la tapisserie, même si elles n’ont aucun lien entre elles, et qui semble indiquer que toutes ces icônes se mêlent, peuplant le monde commun, partagé par tous.


Affaires financières, violences sexuelles, scandales politiques… Comment travaillent celles et ceux qui révèlent ces informations d’intérêt public ? Secrets d’enquête, un podcast Rue89 Strasbourg qui raconte les coulisses du journalisme d’investigation. Troisième volet : enquêter sur l’incinérateur de Strasbourg.
En 2014, l’incinérateur de Strasbourg connait une grève historique. Exposés à des cendres cancérigènes et à l’amiante, les salariés demandent l’amélioration des conditions de travail et surtout la rénovation de l’usine. Après 83 jours de luttes, ils finissent par obtenir gain de cause. Le site exploité par Sénerval, une filiale du groupe Séché environnement, est mis à l’arrêt pour travaux en septembre 2016.
Deux ans et demi plus tard, et une ardoise de 200 millions d’euros pour l’Eurométropole de Strasbourg, l’incinérateur reprend son activité. Fin août 2019, Guillaume Krempp, journaliste à Rue89 Strasbourg, réalise un reportage sur l’inauguration de l’usine. Ce sera le point de départ d’une longue enquête, qui questionne tout d’abord l’état de l’incinérateur après plusieurs années de travaux.
Les investigations de Rue89 Strasbourg continueront pendant plusieurs années, pour documenter régulièrement l’exposition continue d’ouvriers à des substances toxiques dans la zone du port autonome de Strasbourg. Ou comment un groupe inscrit à la bourse de Paris a mis en danger ses salariés en renonçant à investir dans des opérations de maintenance de l’installation.
C’est l’objectif de votre média d’investigation local : porter l’attention du public et des décideurs politiques et économiques sur des injustices, ici sociales et sanitaires. Dans ce dernier épisode, il sera question de censure des ouvriers par la direction de l’incinérateur et des conséquences de notre médiatisation sans relâche de ce scandale sanitaire.

La collectif Thur écologiste et transports organise une marche au matin du dimanche 20 octobre à Rimbach-près-Masevaux pour mobiliser citoyens et élus sur la question de l’accès aux forêts privées pour les randonneurs.
Au cours de l’hiver 2024, Jean-Charles Muth, propriétaire d’une parcelle de forêt à Rimbach-près-Masevaux, a utilisé une loi de protection des espèces animales pour interdire l’accès aux randonneurs. L’affaire avait alors provoqué des protestations publiques (voir notre article), et quelques élus dont les députés Hubert Ott (Modem) et Emmanuel Fernandes (LFI) se sont mobilisés pour faire évoluer la loi.
Mais la dissolution de l’Assemblée nationale en juin a mis un terme aux espoirs législatifs de cette mobilisation publique. En octobre, l’accès des randonneurs aux sentiers traversant des parcelles privées est toujours soumis au bon vouloir des propriétaires. À Rimbach, le chemin disque bleu est condamné et le chemin du Steinweg (chevalet jaune) est toujours accessible mais détruit, en raison des machines de débardage qui exploitent le site et des intempéries selon Guy Lasbennes, président du Club vosgien de Masevaux.
Pour relancer la mobilisation publique contre cette privatisation de la nature, et obtenir l’abrogation de l’article 8 de la loi du 2 février 2023, le collectif Thur Écologie Transports (TET) organise une marche, dimanche 20 octobre, à Rimbach-près-Masevaux.
« Il y aura des prises de paroles et on a quelques petites surprises aussi, assure Jano Celle, vice-président de TET. On trouve dommage que plus rien ne bouge sur ce dossier, une prévarication privée qui devrait mobiliser tous les citoyens. Des sentiers de randonnées séculaires sont fermés dans d’autres massifs de France, comme dans les Pyrénées et en Chartreuse. »
TET a produit un document qui reprend toute la chronologie de l’affaire et prévoit d’envoyer une lettre ouverte aux élus de la communauté de communes de la vallée de la Doller. Toujours mobilisé, Jano Celle déplore que le collectif Thur Écologie Transport se retrouve seul à appeler à une manifestation contre cette privatisation. Au printemps, le Club vosgien et l’association Rimbach notre village avait participé ensemble à la mobilisation.
« On travaille avec la Collectivité d’Alsace, précise Joseph Peter, président de la commission environnement de la Fédération des clubs vosgiens. Notre objectif est d’établir un plan des itinéraires de promenades et de randonnées, ce qui n’a jamais été fait pour le Haut-Rhin. » Joseph Peter assure que la Fédération des clubs vosgiens est toujours mobilisée sur ce dossier mais précise que « rouvrir ces chemins aux randonneurs prendra du temps. »