Le ministre ultranationaliste israélien Ofir Sofer était invité pour une conférence à Strasbourg jeudi 14 novembre par l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). L’événement est finalement annulé. Sa venue avait été dénoncée par plusieurs associations et syndicats de gauche.
Dans l’ombre du suprémaciste Bezalel Smotrich, qui devait se rendre à un gala à Paris le 13 novembre, un autre ministre israélien avait prévu d’effectuer un passage en France cette semaine. Membre du même parti religieux d’extrême droite Hatzionout HaDatit, Ofir Sofer devait s’exprimer à Strasbourg, jeudi 14 novembre. Invité par l’Union des étudiants juifs de France Strasbourg (UEJF) à une table ronde dans un lieu tenu secret, le ministre de l’alyah et de l’intégration a finalement annulé sa participation.
Problème « logistique »
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80% des personnels enseignant et de vie scolaire ont fait grève mardi 12 novembre pour obtenir l’hébergement de collégiens sans-abri dans des logements de fonction vides. Face au refus réaffirmé par la Collectivité d’Alsace, les enseignants ont installé des familles dans les locaux.
« C’est du jamais vu. » Devant le collège Lezay Marnésia, quartier Meinau, Octave, assistant d’éducation, vient de faire le compte des grévistes mardi 12 novembre. 80% des personnels enseignant et de vie scolaire sont mobilisés pour obtenir l’hébergement de huit élèves de leur établissement. Après trois jours d’occupation d’un bâtiment, ils sont une trentaine devant le portail et attendent toujours une réaction de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), responsable des collèges d’Alsace et propriétaire d’une centaine de logements de fonction vides.
Le soir même, la mobilisation montera encore d’un cran. Sans solution proposée par la CeA, ils décideront d’abriter quatre familles dans le CDI du collège, « jusqu’à ce qu’un hébergement leur soit proposé ». Céline, enseignante en histoire, résume la situation :
« Nous avons conscience que notre place est en classe, devant nos élèves. Nous avons également conscience que la place de nos élèves n’est pas dans la rue. Nous allons remplacer aujourd’hui nos cours de français, de musique et de maths, par une leçon de solidarité. Nous espérons qu’ainsi leur génération sera moins égoïste que la nôtre. Nous informons la CeA que nous nous lançons dans une mobilisation qui prendra fin avec la mise à l’abri de ces enfants. »
Huit élèves du collège Lezay Marnésia dorment dehors à l’approche de l’hiver.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
« Quand viendront-ils nous abriter car nous avons très froid »
SMS d’une collégienne de 11 ans, sans-abri
Au matin du mardi 12 novembre, l’enseignante a entamé la lecture d’un message envoyé par une enfant de 10 ans au cours du week-end. Le SMS, adressé à la présidente de l’association Les Petites Roues Sabine Carriou, a aussi été imprimé sur des pancartes tenues par nombre de grévistes ce matin : « Bonjour Sabine, quand viendront-ils nous abriter car nous avons très froid et il pleut, la pluie est entrée, s’il te plaît dis moi quand ils viendront nous abriter. »
« Hier, on a rencontré un élève de 11 ans qui n’allait plus en cours parce qu’il ne voulait pas venir avec ses vêtements boueux. Il nous a dit que le collège lui manquait », raconte Loïc, professeur de maths au collège Lezay Marnésia. Président de l’association Un toit pour nos élèves, il relate une mobilisation croissante de l’établissement depuis près de dix ans. Une première cagnotte pour des enfants à la rue en 2019, des nuits passées sous tente en solidarité avec les familles. « On voit de plus en plus d’élèves sans-abri. On se demande jusqu’où ça va aller… », souffle l’enseignant mobilisé.
Loïc, professeur de maths au collège Lezay Marnésia.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Des logements de la CeA vides
À ses côtés, Émilie, professeure d’histoire-géographie, se dit « déterminée » face à la guerre d’usure lancée par la Collectivité d’Alsace. Elle regrette aussi la passivité du président de la CeA, Frédéric Bierry (Les Républicains) : « Pour nous, la dignité humaine et la mise à l’abri d’enfants devraient être des valeurs partagées par tous les bords politiques. » Au total, selon une présentation interne à la CeA datée de juin 2024, 162 logements de fonction sont vides dans les collèges alsaciens, dont 40 à 50 sur le territoire de l’Eurométropole.
Sans réponse de la CeA depuis le vendredi 9 novembre, une dizaine de grévistes ont interpellé son vice-président en charge « de la jeunesse et de la réussite éducative », Nicolas Matt. L’élu Renaissance avait annoncé sa présence au marché du boulevard de la Marne. Pendant plus de 20 minutes, deux enseignantes ont sommé le responsable politique de répondre à leur revendication :
« Nous avons deux logements vides au collège. Depuis le mois de juin, on demande à les utiliser. Le rectorat est d’accord. Le chef d’établissement et son conseil d’administration ne s’y opposent pas. Vous nous avez dit que cette solution est envisageable. Donc tout le monde nous dit oui, et un mois plus tard, il n’y a toujours pas de réponse… »
Nicolas Matt face au personnel du collège Lezay Marnesia, mardi 12 novembre. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Nicolas Matt : « Que fait l’État ? »
« Je veux bien qu’on accuse la Collectivité européenne d’Alsace de tous les maux, a répondu Nicolas Matt, mais que fait l’État ? » L’échange s’est ensuite éternisé. Le vice-président, membre du parti présidentiel Renaissance, a d’abord mis en avant les obstacles à l’utilisation de ces appartements vides : vote d’une décision en ce sens par le conseil d’administration, respect des normes de sécurité de l’appartement… Ces logements de fonction avaient pourtant été utilisés sans problème pour accueillir les réfugiés Ukrainiens par exemple.
Nicolas Matt a ensuite souligné d’autres contraintes qui pèsent d’après lui sur la CeA :
« On a de très grandes difficultés pour tenir nos missions sur la protection de l’enfance. On manque de travailleurs sociaux. On a un millier de mineurs non-accompagnés qui arrivent chaque année en Alsace. On doit les placer, c’est notre mission. Il faut trouver des logements pour eux. Face à ce chiffre absolument incroyable, multiplié par dix en dix ans, nous avons décidé d’explorer toutes les possibilités, y compris les logements de fonction. »
Les manifestants et manifestantes sont sortis de cette entrevue sans engagement de la part de Nicolas Matt. Tout juste ont-ils obtenu une promesse d’être informés des suites d’une réunion de la CeA en fin de matinée au sujet de ces logements de fonction.
Les militants abritent quatre familles dans le collège
Le service communication de la Collectivité d’Alsace avait assuré qu’un communiqué serait publié dans l’après-midi pour répondre à la mobilisation des enseignants. Mais quelques heures plus tard, aucune nouvelle du Département. C’est finalement le collectif qui a communiqué : « Sans résultats ni réponse de la CeA, le collectif de personnels décide de mettre à l’abri quatre familles dans le collège » à partir de 19h. La grève devrait être suspendue dès mercredi 13 novembre, mais l’occupation perdurera pour héberger ces élèves jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée selon les enseignants et enseignantes. Elles affirment que 17 enfants et cinq de leurs parents ont ainsi été mis à l’abri, dans le CDI du collège. Les autres adultes étant restés au campement pour surveiller leurs affaires.
Contactée, la préfecture du Bas-Rhin, en responsabilité concernant l’hébergement d’urgence, n’a pas donné suite à notre sollicitation.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
La Maison des loges empoche des millions d’euros d’argent public pour héberger quelques centaines de sans-abris dans des conditions parfois mauvaises, voire dangereuses.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
L’État mandate une société immobilière pour héberger les sans-abris dans l’Eurométropole. Cette entreprise facture parfois plus de 5 000 euros par mois la mise à disposition de petits appartements.
Tous les jours à Strasbourg, des centaines de sans-abris appellent le 115 pour demander un hébergement d’urgence. Même des familles avec enfants, des malades ou des femmes isolées subissent des réponses négatives, faute de places disponibles.
L’État est pourtant censé fournir une solution à toutes les personnes qui le sollicitent. Pour se justifier, il indique dépenser 45 millions d’euros par an pour l’hébergement d’urgence dans le Bas-Rhin, un budget conséquent qu’il ne pourrait pas augmenter. Mais la préfecture n’explique pas pourquoi elle paye si cher ni comment elle se retrouve dépendante d’hôtels et d’acteurs immobiliers.
Le plus important d’entre eux est la Maison des loges. Cette structure méconnue n’a pas de site internet, ni de page sur les réseaux sociaux ou de coordonnées identifiables publiquement. Spécialisée dans « la gestion de biens », elle apparait dans les documents officiels sous un autre nom légal : Giraud Bastets. Selon nos informations, fin 2024, elle accueille près d’un millier de SDF dans l’Eurométropole.
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Raphaël Georges, place de la République à Strasbourg.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
La mémoire des Malgré-nous est honorée lors des commémorations de la Seconde guerre mondiale. Qu’en est-il, le 11 novembre, de celle des soldats alsaciens-mosellans combattant sous l’uniforme allemand lors de la Première ? Historien et chercheur, Raphaël Georges explique leur absence dans cet épisode de la série « Mais pourquoi ».
« Mes quatre arrière grands-pères ont été soldats allemands pendant la première Guerre mondiale. J’ai très vite découvert qu’il y avait peu d’écrits sur leur réalité dans les bibliothèques. » Originaire de Ribeauvillé, Raphaël Georges s’est étonné dès le lycée d’une mémoire nationale très partielle lorsqu’il s’agit des soldats alsaciens-mosellans qui se sont battus pour l’Empire allemand entre 1914 et 1918. Mais pourquoi les oublie-t-on, par exemple, lors des célébrations du 11 Novembre ?
Étudiant en licence d’histoire puis en master de recherche, il s’est plongé dans les premiers travaux scientifiques dédiés aux militaires d’Alsace et de Moselle pendant la « Grande Guerre ». De ses études est né un livre, Un nouveau départ – Les vétérans alsaciens-lorrains dans la France d’après-guerre (1918-1939), paru en février 2024 aux presses universitaires de Rennes.
Contexte d’unification
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Dans un diocèse miné par les tensions internes, allant jusqu’à la démission de l’archevêque Luc Ravel en mai 2023, l’arrivée de Pascal Delannoy était très attendue. Le nouvel archevêque de Strasbourg, en poste depuis le 21 avril, affirme sa fibre sociale.
Dans le monde calme et courtois du diocèse, le départ fracassant de Luc Ravel faisait mauvais genre. Après une période de tensions internes, l’annonce d’une visite apostolique par le Saint-Siège et les appels répétés à sa démission, l’ancien archevêque de Strasbourg a fini par rendre la crosse en mai 2023. Presque un an plus tard, en avril 2024, l’évêque de Saint-Denis, Pascal Delannoy, prend sa succession et marque vite sa différence.
À rebours du style de Luc Ravel, auquel le Saint-Siège reprochait une gouvernance autoritaire, le nouvel archevêque répète comme un mantra son souhait « d’apaisement » et d’écoute. Contrairement à son prédécesseur, qui fut évêque aux armées, Mgr Delannoy a essentiellement connu des paroisses populaires, en officiant à Roubaix puis en Seine-Saint-Denis. Dans ses prises de paroles, il aborde très vite la doctrine sociale de l’Église, évoque le contexte économique, le taux de chômage, mentionne des films sociaux comme Les Misérables de Ladj Ly, ou Billy Eliott de Stephen Daldry.
Rencontré à l’archevêché le 31 octobre, le 107e archevêque de Strasbourg, Pascal Delannoy, expose ses combats et les priorités qu’il fixe à son diocèse.
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Le Musée historique de Mulhouse accueille une exposition sur les Malgré-Elles, ces Alsaciennes parties travailler en Allemagne pendant l’Occupation. Avec des photographies et des documents d’époque, le Musée rappelle que les Alsaciennes ont également souffert en Allemagne au service du IIIe Reich.
Du mercredi 20 novembre au dimanche 2 février, le musée historique de Mulhouse accueille l’exposition Les Malgré-Elles ainsi que des conférences et débats. Déployée en 2013 au Mémorial d’Alsace-Moselle à Schirmeck, cette initiative s’inscrit dans une volonté de rendre visible et donner la parole aux femmes qui ont été contraintes au Reichsarbeitsdienst (RAD), le Service de travail du Reich.
Emmenées en Allemagne alors qu’elles n’avaient qu’entre 17 et 25 ans, ces femmes étaient conditionnées pour adhérer aux idéologies du Reich mais également aux hommes. Souvent isolées et minoritaires, elles n’avaient aucun moyen de lutter contre l’endoctrinement. Tout au long de l’exposition, les portraits des initiateurs du projet du RAD se succèdent avec des documents d’archives retraçant une journée type des femmes installées aux camps. Des photographies de propagande en grand format tapissent les murs et viennent résonner avec les lettres rédigées par ces jeunes femmes.
Photo : Marine CortesePhoto : Marine Cortese
Dans la vie idéalisée des camps
L’exposition, située au 3e étage du musée, s’ouvre sur une photographie agrandie d’un portail menant à l’un de ces camps de travail, le LagerMaidenglück. Le Musée historique initie un parcours chronologique de la mise en place du RAD. Cette première partie permet de découvrir les visages derrière cette initiative, avec leurs idéologies et leur place dans la hiérarchie du Reich.
À première vue, ces femmes, dont la vie est rythmée par un emploi du temps strict et sous surveillance permanente, semblent pratiquer des activités banales ou quotidiennes – ces images ont été faites par les geôliers et par l’appareil coercitif du camp puisqu’il leur était interdit de prendre des photographies ou de fabriquer une quelconque forme de documentation qui pourrait témoigner de leur vie au camp. Il s’agit d’images de propagande qui étaient utilisées pour attester des bienfaits de l’enrôlement.
L’exposition se conclut avec la partie dédiée au Kriegshilfsdienst (KHD), le service auxiliaire de guerre, où les femmes étaient envoyées après avoir terminé leur service de travail. Pensant pouvoir retourner auprès de leur famille, ces jeunes femmes se voyaient finalement emmenées au front et dans différentes usines pour participer activement à l’effort de guerre.
La photographie d’un groupe de femmes, toutes portant des masques à gaz et la même tenue unie de travail, vient clôturer cette présentation des Malgré-elles. Dépouillées de toute identité et de toute volonté, ces femmes ont subi une double oblitération de leur l’histoire : invisibilisées par le régime, elles ont aussi été oubliées par les historiens.
Photo : Marine CortesePhoto : Marine Cortese
À la recherche de Josepha Burckert
Le Musée historique propose notamment une plongée dans le quotidien de Josepha Burckert, jeune mulhousienne de 18 ans qui, le 9 septembre 1941, reçut une lettre l’appelant au service du Reich. Plusieurs documents, prêtés par le Mémorial Alsace-Moselle, retracent le sombre quotidien de Josepha. On y découvre des photographies d’elle entourée d’autres femmes, de ses activités au camp mais également des documents plus officiels marqués par la signature du Reich.
Ces deux types de documents offrent un contraste saisissant : d’une part les photographies produites par les organes de la propagande nazie, montrant une version normalisée de la vie des femmes au camp, d’autre part les documents officiels du Troisième Reich, systèmes de lois et de règlements implacables qui démontrent les obligations et contraintes exercées sur ces femmes privées de leur liberté.
Ces deux faces de la même réalité permettent au visiteur de comprendre que les photographies mettant en scène des femmes occupées à des tâches ordinaires ne sont que simulacres, truchements et falsifications de la réalité bien plus violente de la vie des camps.
Étudiante en Master écriture critique et curatoriale de l’art et des cultures visuelles à Strasbourg. Mes recherches portent sur les enjeux politiques en art (écoféminisme, écologie, fiction).
De gauche à droite, Adrien Jonget de Citiz Lyon, Yvon Roche de Citiz Marseille, Martin Lesage de Citiz Alpes, Nicolas Guenro de Citiz Bordeaux, Marie Schlichtig de France Autopartage, et Jean-François Virot-Daub de Citiz Grand Est et Claire Lambert de Citiz Lille.Photo : document remis / Réseau Citiz
Les administrateurs et administratrices du Réseau Citiz ont mis en place une nouvelle gouvernance. Depuis octobre, quatre personnes remplacent les fonctions et mandats de l’ancien président et fondateur de Citiz.
Le post sur la page LinkedIn du Réseau Citiz pourrait presque passer inaperçu. Le 1er octobre, tous sourires, sept administratrices et administrateurs détaillent « une nouvelle organisation » au sommet de ce réseau d’entreprises d’autopartage.
Marie Schlichtig est la nouvelle directrice de France Autopartage, la coopérative basée à Strasbourg dont les sociétés locales sont des clientes et adhérentes. Elle en était auparavant la directrice-adjointe. L’entreprise est présidée par Claire Lambert Serurier, par ailleurs directrice de Citiz Lille. Sur la photo, Jean-François Virot-Daub, directeur de Citiz Grand Est, est présenté comme porte-parole du réseau, tandis que Martin Lesage, de Citiz Alpes, prend la direction de Citiz développement, la filiale chargée d’implanter l’autopartage dans de nouveaux territoires.
Toutes ces personnes ont un point commun : elles reprennent des rôles et des fonctions occupées jusqu’à l’été par Jean-Baptiste Schmider, le fondateur du Réseau Citiz en 2002. Il n’est pas mentionné dans le post LinkedIn et n’apparaît plus dans l’organigramme de Citiz. Que s’est-il passé ?
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À partir du vendredi 8 novembre, la galerie Apollonia accueille les photographies de Frantisek Zvardon. L’exposition Toute une vie retrace les voyages qui ont profondément influencé la pratique du photographe tchèque, qui a élu domicile en Alsace.
Frantisek Zvardon développe un grand intérêt pour l’être humain et la nature. Il saisit des paysages spectaculaires et donne vie aux portraits d’hommes et de femmes. Dans ses photographies, l’artiste utilise le noir et blanc – hérité de son parcours à l’Institut de photographie de Brno (République Tchèque) – afin de révéler l’immensité du monde et lui donne même un aspect fantastique.
Une fois diplômé, il a mené de nombreuses expéditions qu’il a inlassablement documenté. Depuis 1987, Frantisek Zvardon s’est intéressé à l’édition et a publié près de 300 ouvrages illustrés. Il a notamment sorti des livres sur l’Alsace qui est devenue sa région de cœur avec sa famille, en 1985, pour des raisons politiques. Il s’est depuis passionné pour les multiples ressources culturelles et naturelles alsaciennes.
Au cours de sa carrière, Frantisek Zvardon a remporté de nombreux prix internationaux, comme le prix Unesco à Vancouver en 1976, le prix Olympus à Tokyo en 2019 ou encore le Grand Prix de l’Académie d’Alsace en 2019. Des expositions valorisent aussi son œuvre, en France, en Norvège et en République Tchèque.
Une forme de vérité en noir et blanc
À travers Toute une vie, l’équipe a réfléchi à combiner les portraits des Surmas, habitant·es de la vallée de l’Omo (Éthiopie), avec les paysages emblématiques du Grand Nord. Exposer des photographies uniquement en noir et blanc permet de révéler une forme de vérité et crée une harmonie dans la salle d’exposition. D’un côté, cette technique souligne l’atmosphère et la texture des paysages et, de l’autre, elle confère une émotion aux portraits.
La scénographie lie les photographies entre elles par des rythmes et des formes similaires et invite les visiteurs et les visiteuses à explorer la relation entre les corps et l’environnement. Une place est donnée aux conditions de travail de Frantisek Zvardon. Dans un atelier aménagé, comme dans un studio classique, on le voit cadrer un portrait de groupe aligné devant un drap noir et éclairé par un réflecteur de lumière. Cela opère à une mise à distance des sujets par rapport à leur contexte et isole les corps. De ce fait, les modifications corporelles et les peintures rituelles, auxquelles les surmas accordent une grande importance, ressortent au premier plan.
Vue de l’exposition Vue de l’exposition
L’équipe de la galerie Apollonia affectionne particulièrement Frantisek Zvardon. Son travail a déjà fait l’objet d’une exposition, Iron Heroes, en 2015, suite à l’ouverture de l’Espace Apollonia à la Robertsau. Neuf ans plus tard, une nouvelle collaboration voit le jour. Comme une rétrospective, toute une vie retrace la longue carrière du photographe et marque la pluralité de son œuvre.
Un concert est prévu le 16 novembre tandis que le bar de la galerie, le B’Art Garden, sera ouvert entre le 20 novembre et le 23 décembre. Les photographies exposées et signées par l’artiste – ainsi que les affiches et le journal d’exposition réalisés par les volontaires en service civique, Ariane Vercueil et Flora Le Pipec – seront mis en vente pour permettre au public de repartir avec un souvenir de l’exposition et de soutenir l’association Apollonia.
Étudiante en Master Écritures Critiques et Curatoriales de l’Art et des Cultures Visuelles, j’effectue mes recherches autour des études de genre et de sexualité avec un intérêt pour l’art activiste lesbien dans l’espace public.
Les enseignants sont entrés, accompagnés par des élus d’opposition de la Collectivité d’Alsace.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
Vendredi soir, une vingtaine d’enseignants et de personnels d’éducation du collège Lezay Marnésia sont rentrés dans l’établissement après les cours afin d’y rester la nuit. Ils demandent que les logements de fonction soient utilisés pour loger des familles dont les enfants scolarisés au collège dorment dehors.
Vendredi 8 novembre peu après 18h, une vingtaine d’enseignants et d’assistants d’éducation sont retournés dans les locaux du collège Lezay Marnésia à la Meinau au sud de Strasbourg. Leur objectif est de s’installer dans les salles jusqu’à ce que la Collectivité d’Alsace (CeA), propriétaire des bâtiments, accepte d’héberger des familles sans-abri dans deux logements de fonction du collège.
Céline est mobilisée pour que les enfants scolarisés ne passent pas l’hiver dehors. Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
L’une des enseignantes mobilisées, Céline, détaille :
« Nous demandons à la CeA d’héberger dans ces logements vides depuis des mois les familles de nos élèves à la rue. C’est techniquement possible, ces appartements avaient été utilisés pour loger des réfugiés ukrainiens. On ne bougera pas tant qu’ils ne seront pas ouverts. »
Céline n’entend pas quitter l’établissement avant une réponse positive de la CeA.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
Émilie, enseignante en histoire géographie, précise :
« Notre action est déterminée parce que cela fait plusieurs années qu’on se mobilise pour loger des élèves à la rue et que le phénomène s’amplifie. L’année dernière, nous avions deux enfants dehors. Aujourd’hui, nous déplorons les cas de 8 ou 9 enfants qui dorment sous des tentes. C’est inacceptable. Ils n’en parlent pas forcément mais nous les voyons fatigués tous les jours. »
Fleur Laronze , élue PCF au département, devant le collège Lezay Marnésia.Photo : Thibault Vetter / Rue89 Strasbourg / cc
Fleur Laronze, conseillère d’Alsace d’opposition (PCF), était au côté des personnels d’éducation mobilisés vendredi soir :
« La majorité refuse pour l’instant de mettre à disposition les logements de fonction vides sous prétexte de vouloir y mettre des colocs d’anciens mineurs non accompagnés dedans. Mais on a très peu d’informations sur leur nombre. Il y en aurait peut être 70, soit la population pour occuper une trentaine de logements vacants. Or 162 logements de fonction sont vides en Alsace… »
Vers 19h30, la cheffe d’établissement a demandé que les personnes extérieures sortent des bâtiments. Il restait 23 enseignants et assistants d’éducation à l’intérieur. Les familles sans-abri n’étaient pas présentes vendredi, afin de « ne pas les exposer », selon une enseignante mobilisée.
Dans une grande enquête participative, le média indépendant StreetPress recense 320 sections locales de groupuscules d’extrême droite radicale en France. Parmi elles, sept à Strasbourg.
Sur la carte interactive publiée par StreetPress mardi 5 novembre, 320 sections locales et actives de groupuscules d’extrême droite radicale sont recensées. Construit pendant plus d’un an grâce à la participation des lecteurs et lectrices dont les journalistes ont vérifié les informations, l’outil permet également de connaître l’histoire de ces groupes. Ils sont, selon l’enquête, présents dans 130 villes à travers la France.
À Strasbourg, sept groupes sont listés, mais il en existerait aussi un à Saverne, deux à Colmar et quatre à Mulhouse. Pour les répertorier, StreetPress les a triés en cinq grandes familles : les identitaires, les confusionnistes, les nationalistes-révolutionnaires, les monarchistes et les catholiques intégristes.
Trois groupuscules nationalistes-révolutionnaires
Un premier groupuscule identifié a déjà fait l’objet de nombreuses enquêtes de Rue89 Strasbourg. Il s’agit des Strasbourg Offender, dont StreetPress considère qu’ils comportent une vingtaine de membres. Présents à certains matchs du Racing, ils ont agressé les proches, noirs, d’un des joueurs de l’équipe en avril 2022. En 2019, ils ont attaqué des supporters israéliens du Maccabi Haïfa et revendiqué leur action avec des saluts nazis.
Le second groupuscule s’appelle Les Vouivres et s’est importé du Val-de-Marne où il est né en 2022. Il compterait une dizaine de membres à Strasbourg et se contenterait pour l’instant de coller des stickers et de s’entraîner à boxer.
Le troisième groupuscule identitaire se nomme Les Lansquenets et a été fondé à Strasbourg en 2022, décrit par StreetPress comme l’orphelin du Bastion Social, dissous en 2019 pour « provocation à des manifestations armées dans la rue » et « provocation ou propagation d’idées incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence ». Ils seraient entre 10 et 20 et auraient les mêmes activités que lorsqu’ils agissaient au nom du Bastion Social, organisant conférences et cours de boxe.
Des intégristes et des identitaires
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X est une société catholique intégriste « réactionnaire, homophobe, anti-républicaine ». Considérée comme un « phénomène sectaire » par la Miviludes depuis 2017, elle compte 15 000 membres en France et une section à Strasbourg.
La cocarde est quant à elle un mouvement étudiant , où « on croise aussi bien des militants identitaires que des néofascistes ou des royalistes ». Le candidat du Rassemblement national (RN) aux législatives dans la 5e circonscription du Bas-Rhin, Thomas Estève, y était militant à Mulhouse, et trois autres membres du RN candidats ou suppléants à ces élections en Alsace avaient des liens avec ce groupuscule, selon une enquête de Rue89 Strasbourg.
Deux autres groupuscules, monarchistes, sont répertoriés par StreetPress : l’Action française et Strasbourg royaliste – Action légitimiste.
Le hall d’accueil de l’Icans en 2020Photo : Nathalie Stey / Rue89 Strasbourg
Les patients atteints d’une forme rare de cancer ont perdu leur oncologue à l’Institut de cancérologie de Strasbourg. La médecin est interdite d’accès à l’Icans après avoir préféré un contrat avec les Hôpitaux universitaires de Strasbourg.
Brassards noirs sur blouses blanches. Jeudi 7 novembre, quelques médecins ont entamé une contestation silencieuse à l’institut de cancérologie de Strasbourg (Icans). La critique porte sur une décision récente du directeur de l’institution, Xavier Pivot. Depuis le début de semaine, l’oncologue en charge de la filière sarcome ne peut plus accéder à son lieu de travail. Elle ne peut plus voir ses patients et patientes. Ses accès à son adresse électronique ont été fermés. Des dizaines de personnes ont ainsi vu leur rendez-vous dans la semaine du 5 novembre reportés. Ces patients attendaient un suivi précis de leur thérapie ou un retour de scanner sur leur rémission.
« Cette situation me retourne l’estomac. Je pense à tous les rendez-vous annulés cette semaine et tous les patients de la filière sarcome qui sont pris en otage d’un conflit politique », résume une source interne à l’Icans.
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Ces informations ne peuvent être obtenues que par un travail de terrain et des relations de confiance que nos journalistes entretiennent avec des membres du personnel soignant.
Rue89 Strasbourg est aussi un média qui accompagne les mobilisations des soignants. Nous avons été la première rédaction à donner la parole aux mobilisés de la « minute de silence pour la mort annoncée de l’hôpital public ».
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Le conseil de l’Eurométropole se réunit ce vendredi.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
Les principaux projets de l’Eurométropole de Strasbourg étant lancés, les conseillers de l’assemblée des 33 communes vont traiter des points très techniques pour leur séance du vendredi 8 novembre. Mais l’opposition prévoit de parler des loyers et du tramway.
Vendredi 8 novembre à partir de 9h, les conseillers de l’Eurométropole de Strasbourg, la collectivité des 33 communes de l’agglomération, auront à traiter 76 points, dont 73 délibérations sur des sujets courants, et trois interpellations de l’opposition.
Deux délibérations doivent être présentées selon les mêmes modalités que la Ville de Strasbourg quatre jours plus tôt : une aide d’urgence pour le Liban et la communication du « rapport social unique », un document faisant état de la situation des quelques 6 000 agents de l’administration.
Avec l’extension de la ligne G, 30 nouveaux abris sont nécessaires. La collectivité doit donc voter (point 25) un avenant au contrat de concession accordé à JCDecaux pour la publicité dans l’espace public jusqu’en 2030. L’Eurométropole en a profité pour remettre en cause la présence des écrans publicitaires dans la ville. Une vingtaine d’écrans qui étaient simplement sur les trottoirs seront déplacés sous des abris CTS. Leur nombre total ne change pas, ils seront toutefois éteints plus longtemps la nuit, de 23h à 6h du matin en hiver et de minuit à 6h en été.
Les parkings Austerlitz, Gutenberg et Broglie, actuellement gérés par Parcus, sont remis sur le marché des offres de concession (point 28). La future société concessionnaire devra gérer les trois parkings ensemble et les rénover, notamment en améliorant leur bilan énergétique. Il sera aussi question du soutien à l’aéroport de Strasbourg (point 31), qui doit recevoir un total de 8 millions d’euros divisés entre l’Eurométropole, la Collectivité d’Alsace et la Région Grand Est au titre de la vocation européenne de Strasbourg. Dans une série de délibérations suivantes (59 à 73), l’Eurométropole se porte caution pour les emprunts souscrits par ses bailleurs sociaux, Ophéa et Habitation Moderne.
Deux débats sur le logement
En fin de conseil, l’opposition a déposé deux interpellations. Rebecca Breitman (Modem) prévoit de demander à l’exécutif métropolitain de s’engager sur un renforcement de l’offre de transports en commun, et notamment un meilleur cadencement du tramway. Une intervention qui trouvera de l’écho auprès du groupe des élus communistes, qui eux demanderont à l’exécutif auquel ils participent d’avancer sur la gratuité des transports en commun.
Rebecca Breitman prévoit en outre de demander à la présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs, d’accepter l’implantation d’un centre d’hébergement dans l’ancien fort Joffre à Holtzheim, commune dont elle est également la maire. L’État, qui possède les bâtiments, prévoit d’y loger 250 personnes à la rue. Pia Imbs refuse, suivant l’opposition d’un collectif d’habitants de cette commune, arguant que les services publics locaux sont incapables d’accueillir cette population. De son côté, Rebecca Breitman est moins volontaire pour défendre l’hébergement d’urgence de sans-abris lorsque les projets sont portés par la majorité écologiste. Elle s’est abstenue lundi en conseil municipal de Strasbourg de voter l’implantation de micromaisons pour héberger des familles sans-abri à la Robertsau…
Catherine Trautmann, conseillère municipale socialiste et dans l’opposition, doit intervenir sur la question des loyers. L’ancienne maire de Strasbourg voudrait que l’Eurométropole revienne sur la décision des bailleurs sociaux d’augmenter les loyers de 3,26%. Elle en profitera pour demander pourquoi un système d’encadrement des loyers, dont le principe a été acté nationalement en 2022, n’a pas été mis en œuvre par la collectivité.
De nombreux événements sont organisés à Strasbourg en amont des Assises des violences faites aux femmes.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
Du 4 au 28 novembre, la Ville de Strasbourg propose plus de 80 rendez-vous dans le cadre du Off des Assises des violences faites aux femmes. Séances de cinéma, tables-rondes, ateliers… Découvrez notre sélection des évènements à ne pas manquer.
En amont des 14e Assises des violences faites aux femmes, organisées les 29 et 30 novembre par la Ville de Strasbourg, plus de 80 rendez-vous sont proposés aux Strasbourgeoises et Strasbourgeois dans le cadre d’une version grand public de l’évènement (appelée le Off des Assises).
Créer son podcast
Dimanche 17 novembre, l’INA invite à créer son propre podcast grâce à ses archives. Au Shadok, des professionnels de l’information guideront les participantes et participants dans le montage des sons disponibles, sélectionnés selon cinq thèmes « en lien avec la lutte pour l’égalité de genre ».
À l’issue de quatre heures d’atelier, les podcasts réalisés en équipe seront diffusés dans la salle et pourront être écoutés autour d’un verre partagé.
Apprendre le consentement aux enfants
Forcer à embrasser pour saluer, est-ce de la politesse ou une forme de violence ? Difficile question que celle du consentement expliqué aux enfants. Dans ses locaux, mardi 12 novembre, le Planning familial propose un temps d’échange sur comment les adultes peuvent parler aux jeunes de ce que les autres adultes n’ont pas le droit de leur faire. L’association partagera ses méthodes et ses outils.
Spectacles vivants et féministes
La compagnie Reviens pour discuter jouera son spectacle Je ne puis plus attendre, mon cœur est bien trop lourd à 14h30 et à 17h samedi 9 novembre à l’Espace égalité au Port du Rhin. La pièce de quinze minutes a été conçue pour sensibiliser sur l’homophobie dans les collèges ou les lycées.
Écrite en alexandrins, elle raconte dans un style satirique l’aveu d’Agnès à son amie Georgette. La première confie qu’elle éprouve des sentiments amoureux sortant des normes sociales, ce qui provoque l’angoisse de Georgette. Le spectacle a lieu en même temps que les portes ouvertes de l’Espace égalité, qui pourra être visité avant ou après une représentation.
Dans le spectacle Madame pirate, la Compagnie Secousses met en scène un personnage qui questionne l’émancipation féminine sur plusieurs époques. La représentation sera destinée à un public âgé de huit ans et plus mercredi 20 novembre au centre socioculturel de la Montagne Verte.
Elle aborde des questions telles que « Qu’est-ce qu’être une fille ? Une cheffe pirate ? Une capitaine d’équipe de foot ? C’est quoi le pouvoir féminin ? Que peut-on apprendre de ses ancêtres ? À qui appartient la cour d’école ? ».
Vendredi 22 novembre, c’est au tour de Club Poésie de mettre en musique les récits féministes de Monique Wittig, d’Ovidie ou encore de bell hooks. Tantôt jazz, tantôt militants, les morceaux seront accompagnés par un violon, une contrebasse et un piano. Intitulé Sous leurs mots, le spectacle est à destination de tous les publics.
Jeudi 28 novembre, la Pokop accueille la compagnie La Grenade et son spectacle Déborder. Celui-ci propose au public de « plonger dans un cauchemar » :
« Celui de Frida, une jeune femme grosse, qui s’est construite avec les cases étroites et les définitions réductrices que la société lui a transmises. »
Pendant 1h20, le personnage rêve et ne contrôle pas tout. Elle cherche son identité, à la frontière entre ses désirs, les injonctions et les normes desquelles elle doit s’affranchir.
Ateliers pour les femmes
Samedi 9 novembre, de 9h à midi, les associations À corps de soi et Cité des lionnes organisent un cercle de parole pour femmes exclusivement, autour de la question de l’indépendance financière comme moyen d’émancipation des violences. À destination des femmes adultes, le cercle invite donc à voir les finances et l’indépendance comme un « levier pour reprendre le pouvoir ».
Proposant une garde d’enfants sur place, les organisatrices entendent libérer la parole et les échanges sur le sujet souvent tabou de l’argent, étant donné qu’il fait partie du continuum des violences faites aux femmes. En 2021, 20% des appelantes du numéro national d’aide aux femmes victimes de violences dénonçaient une violence économique au sein du couple.
Mardi 12 novembre, ces mêmes associations organisent un second temps pour les femmes, de 18h à 21h. Cette fois, les échanges porteront sur la thématique de l’estime de soi :
« Se connaître et s’aimer sont des forces essentielles pour construire une vie épanouie et se protéger des violences. Nous explorerons ce qu’est l’estime de soi et comment elle peut devenir un véritable bouclier face aux situations de violence. »
Parfois présentée comme un outil d’émancipation, l’estime de soi est également considérée par l’autrice féministe Gloria Steinem comme une arme politique. Elle trouve ainsi que les femmes en grandissant ont moins d’estime d’elles-mêmes, alors que les hommes s’estiment toujours autant. Cette estime de soi permet notamment de faire face aux obstacles, lorsque son absence peut augmenter les risques de dépression ou favoriser l’anxiété. Là encore, une garde d’enfants est proposée sur place.
L’association Ru’elles organise un atelier d’écriture destiné aux femmes sur le pouvoir, leur place dans la société et leur liberté. Il s’inspire de l’autrice afroféministe américaine Angela Davis et sera suivi d’une sensibilisation aux luttes pour l’égalité des genres.
Autrice de Femmes, race et classe, de La liberté est une lutte perpétuelle ou encore de Les prisons sont-elles obsolètes ?, Angela Davis est considérée comme une icône des luttes féministes et antiracistes.
L’entrée de l’usine Dumarey Powerglide, au Port du Rhin.Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg
Les syndicats de l’entreprise de boîtes de vitesses Dumarey Powerglide, installée au sud de Strasbourg, ont décidé de bloquer l’usine à partir du vendredi 8 novembre, pour obtenir de meilleures indemnisations lors du plan social à venir.
Selon France Bleu Alsace, un piquet de grève doit être installé devant l’usine Dumarey Powerglide, au port du Rhin à Strasbourg vendredi 8 novembre dès 6h. Engagée dans des négociations sur les indemnités accordées aux 248 salariés qui vont perdre leur emploi, l’intersyndicale a décidé d’empêcher toute production sur le site.
Un délégué syndical CGT cité par France Bleu Alsace a l’impression « que la direction traine la patte, ne veut rien négocier, on tourne en rond ». L’intersyndicale demande à la direction de l’usine de mettre en place un fonds de garantie des salaires à hauteur de 100 millions d’euros, afin de permettre aux salariés licenciés, souvent âgés, d’atteindre l’âge de la retraite ou de retrouver un emploi.
Suite à la perte de son principal client, l’équipementier automobile ZF, l’usine de boîtes de vitesses automatiques est quasiment à l’arrêt depuis plusieurs semaines, mais quelques lignes de production restent actives.
La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg doivent s’adapter à des risques croissants d’inondation et de sécheresse. Mais les mesures prévues par le Plan climat sont bien modestes face à un réchauffement climatique anticipé de quatre degrés supplémentaires.
Mardi 5 novembre, la Ville et l’Eurométropole de Strasbourg ont tenu leur seconde conférence territoriale pour le climat. Dans une salle du Palais des congrès et de la musique, les élus et élues écologistes ont fait le point sur un des cinq axes du plan climat : l’adaptation du territoire au changement climatique. Décrit comme trop ambitieux par l’Autorité environnementale lors de son adoption en 2019, le plan doit voir ses objectifs atteints pour 2030. Danielle Dambach, vice-présidente (Les Écologistes) de l’Eurométropole, l’assure : « On va y arriver, sinon ça sera la double punition. » Celle d’avoir engagé des dépenses publiques et de devoir payer les dégâts qui n’auront pas pu être évités.
Dans les esprits planent les images des inondations meurtrières à Valence en Espagne. « Vu les phénomènes extrêmes, il est de notre responsabilité, en tant que pouvoir public, de protéger les populations », appuie la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian (Les Écologistes).
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Le harcèlement scolaire touche un enfant par classe selon les chiffres de l’Éducation nationale.
Par les témoignages croisés de Romain et Juliette, « J’ai harcelé » revient sur une histoire de harcèlement scolaire, 20 ans plus tard. Un podcast d’utilité publique à diffuser dans tous les établissements scolaires.
Des moqueries sur une manière de parler. Un crachat au visage. Un cartable rempli jeté en pleine tête. Le podcast commence par installer une histoire de harcèlement scolaire. Les scènes, aussi banales que violentes, se déroulent dans un collège. Romain, aujourd’hui 33 ans, commence par prendre la parole. L’homme donne son titre à la série de six épisodes d’une vingtaine de minutes chacun : « J’ai harcelé ».
Le podcast est le fruit d’un travail de deux ans de la journaliste pour Arrêt sur images Estelle Ndjandjo et la Strasbourgeoise Paola Guzzo, reporter pour France Bleu Alsace. Il sera publié le jeudi 7 novembre, journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire.
Une parole rare
La première force de ce podcast est d’amener la parole de celui qu’on entend trop peu dans ces histoires. L’auteur du harcèlement s’exprime beaucoup dans les premiers épisodes. Avec deux décennies de recul, il parle de l’effet de groupe et d’une violence naissante en lui suite au divorce de ses parents. « J’ai été un super connard », concède-t-il dès le début de la série.
Le père de Romain témoigne aussi. Sur les coups de cravache qu’il a subi plus petit, sur son incapacité à incarner une autorité aux yeux de son fils. Peu à peu, l’enquête progresse sur un phénomène de société répandu – plus d’un élève par classe est victime de harcèlement scolaire selon les chiffres de l’Éducation nationale – avec une question qui revient sans cesse : d’où vient cette violence que l’on exerce sur autrui ? D’où vient cette violence que l’on subit ?
Le point de vue de Juliette
Puis vient la parole de Juliette. Celle dont on connait déjà les brimades et autres humiliations quotidiennes au collège raconte l’abandon puis le rejet, d’une violence inouïe, par sa mère. Elle est aujourd’hui banquière, se décrit comme « joviale ». Mais il y a près de 20 ans, Juliette a fait une tentative de suicide. Elle se souvient des comprimés Lexomil volés à sa grand-mère et d’une bouteille de whisky achetée dans une supérette. Elle évoque aussi le réveil qui a suivi, à l’hôpital.
Régulièrement, les témoignages sont contextualisés par une psychologue spécialisée en thérapie comportementale. Delphine Py donne des statistiques. Elle décrit les conditions favorables au harcèlement scolaire et les signes qu’un enfant en est victime. Elle introduit les notions de traumatisme simple ou complexe, pour mieux comprendre les conséquences de violences subies sur le temps long.
Le pardon
Un autre moment fort du podcast se trouve au quatrième épisode. Il fait le récit des échanges par messages qui ont eu lieu plus de dix ans après les faits. Romain qui demande pardon. Juliette qui lui demande de ne plus jamais faire ça, « même à une personne que tu hais ». Dans sa voix, l’émotion est encore vive. Mais malgré la violence subie et le traumatisme toujours présent, elle parvient à pardonner. Pour enfin passer à autre chose, pour ne pas continuer de vivre avec cette colère.
La fin de la série explore notamment les plans de lutte contre le harcèlement scolaire mis en place par l’Éducation nationale. Une manière de mettre fin à l’impunité des harceleurs dont parle Romain, sans détour : « Dans mon souvenir, on n’a eu aucun problème, jamais. Personne n’a pris la défense de Juliette. Elle a dû se plaindre, mais je n’ai jamais remarqué aucune sanction. »
Le travail d’Estelle Ndjandjo et Paola Guzzo brille dans la diversité des paroles données. « J’ai harcelé » donne à entendre le point de vue d’un harceleur et sa victime, de leurs proches, camarades ou parents, de professeures et autres spécialistes du sujet. Le podcast prend ainsi la hauteur nécessaire pour aborder cette problématique dans toute sa complexité. Une histoire émouvante qui ne tombe pas dans le sentimentalisme. La série reste une enquête, sur les causes, les conséquences et les tentatives de résoudre un phénomène de société ignoré par les adultes, et qui a fait souffrir tant d’enfants. Une investigation de société et d’utilité publique, à diffuser dans toutes les établissements scolaires.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.