Projection du « technocentre » prévu à FessenheimPhoto : Capture d’écran
À côté du site de l’ancienne centrale nucléaire de Fessenheim dans le Haut-Rhin, EDF prévoit de construire un « technocentre », où seront fusionnés les gravats faiblement radioactifs des centrales démantelées dans toute l’Europe. Ces déchets pourront être réutilisés dans l’industrie conventionnelle, ce qui hérisse les associations écologistes.
« Madame, madame ! » Dans un salle de spectacle de Fessenheim dans le Haut-Rhin, lundi 14 octobre, 180 personnes sont rassemblées. Les regards se tournent vers un homme aux cheveux et à la barbe grisonnante, brandissant une pancarte. « Tous les débats publics sont des mascarades, nous n’y participerons pas ! », cingle-t-il d’une voix grave. « Alors partez », « Allez vous-en », réagit une partie du public.
Il faut dire que la thématique du jour est hautement polarisante : EDF soumet au débat public son projet de « technocentre », un centre de recyclage de déchets nucléaires considérés comme « très faiblement radioactifs ». Dans les tiroirs depuis 2018, le projet a d’abord reçu un avis négatif de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) avant que l’organisme ne change son fusil d’épaule. Il a fini par être intégré au plan France 2030 sous le gouvernement de Jean Castex, le 3 septembre 2020.
Voilà donc Fessenheim, quatre ans après la fermeture de la centrale, à l’aube d’un retour du nucléaire sur son territoire. Sous la forme, cette fois, d’un projet « d’économie circulaire » assure EDF. Tandis que ses opposants déplorent un objectif de « dissémination radioactive irréversible dans le domaine public ».
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Au sein du conseil municipal, le groupe socialiste compte cinq élus.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Opposants farouches à la municipalité écologiste, les élus socialistes de Strasbourg se laissent toute latitude pour s’allier au bloc macroniste dans l’hémicycle, en vue des prochaines élections. En interne, l’hypothèse inquiète plusieurs membres du parti.
En dehors de l’hémicycle du centre administratif, le Café Brandt est l’un des lieux les plus sûrs pour croiser un élu strasbourgeois. Au milieu d’une salle baignant dans une ambiance surannée et bourgeoise – boiseries, colonnes et serveurs cérémonieux – la socialiste Anne Pernelle Richardot rompt la torpeur : « Je considère que cette équipe municipale n’est ni de gauche, ni écologiste. » Avec la même verve que dans l’hémicycle, où elle ferraille depuis quatre ans contre la majorité dominée par les Écologistes (incluant le PCF), la conseillère d’opposition liste ses désaccords : le refus d’étendre la gratuité des transports aux moins de 25 ans et aux seniors, le refus de la gratuité des fournitures scolaires, la privatisation d’une parcelle du lac Achard, le financement (avorté) de la mosquée Eyyub Sultan…
« Naturellement, on devrait avoir plus de convergences avec cette équipe municipale, mais cette équipe ne mène pas de collectif de gauche », reprend l’élue. Sans alliance formelle, le groupe PS tenait au début du mandat une position de partenaire, plutôt mouvante. Dès 2021, l’unique adjointe socialiste, Céline Geissman, perd ses délégations alors que le groupe PS s’ancre fermement dans l’opposition. La tension entre les deux blocs se confirme d’un conseil municipal à l’autre, où les interventions socialistes sont souvent les plus acerbes contre l’action de la majorité.
La conseillère socialiste Anne Pernelle Richardot.
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Paul Varry était engagé pour la défense des cyclistes via l’association Paris en selle.Photo : Doc remis / Paris en selle
La Fédération des usagers de la bicyclette, Paris en Selle, le Collectif action deux-roues et d’autres associations appellent à un rassemblement partout en France samedi 19 octobre afin de rendre hommage à Paul, jeune cycliste tué mardi à Paris, écrasé par un automobiliste en SUV.
Dans un communiqué relayé en Alsace par le Collectif action deux roues (CADR 67) et Cyclistes associés pour le droit de rouler en sécurité (Cadres Colmar), la Fédération des usagers de la bicyclette appellent à un rassemblement « devant chaque mairie de France » samedi 19 octobre à 17h45.
Les associations de cyclistes veulent rendre hommage à Paul Varry, jeune cycliste militant de Paris en selles, tué par un automobiliste mardi soir, après une altercation boulevard Malesherbes alors qu’il circulait à vélo. Il avait 27 ans. Selon des premiers témoignages, l’automobiliste roulant dans un imposant SUV aurait refusé la priorité à Paul, ce qui l’aurait fait tomber. Après des échanges verbaux, l’automobiliste lui a roulé dessus, tuant le jeune homme sur le coup. L’automobiliste a été arrêté et mis en examen pour meurtre.
Pour la FUB, « ce drame résonne chez beaucoup d’entre nous. En tant que cyclistes, nous avons toutes et tous déjà été victimes de la violence motorisée : le coup de klaxon, les insultes, l’intimidation, les dépassements à brûle-pourpoint… Cette violence motorisée est largement banalisée et tolérée par les pouvoirs publics. Aujourd’hui, cette violence motorisée tue. »
Les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs appellent à manifester à Strasbourg ce lundi 21 octobre. Ils dénoncent le projet de taxe poids lourds et des retards dans le versement des aides de la Politique Agricole Commune.
Les syndicats FDSEA et Jeunes Agriculteurs continuent de filer la métaphore du monde à l’envers. Moins d’un an après avoir retourné les panneaux aux entrées des communes, les sections syndicales bas-rhinoises dénoncent « l’administration française qui continue de marcher sur la tête ». Elles annoncent une manifestation à Strasbourg dans la matinée du lundi 21 octobre. Un premier rendez-vous est donné à 10h15 devant la Collectivité européenne d’Alsace. Un second rassemblement aura lieu dans la rue Sainte-Marguerite devant l’agence de services et de paiement de la direction régionale Grand Est.
Un communiqué de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs du Bas-Rhin explique d’abord la mobilisation par un retard de paiement des aides européennes de la Politique Agricole Commune (PAC). Les versements doivent avoir lieu mi-octobre et pourtant, le 18 du mois, 20% des exploitants bas-rhinois n’ont pas reçu l’acompte des subventions européennes.
Le directeur de la FDSEA 67 Yohann Lecoustey s’insurge face aux causes de ces retards :
« On nous dit qu’il y a eu des problèmes de recrutement au niveau de l’agence de services et de paiement. On nous explique qu’il y a eu des dysfonctionnements dans les analyses des parcelles agricoles par satellite. Avec les fortes précipitations, les satellites ont repéré des zones inondées alors qu’elles ont été déclarées en culture. Ce genre d’anomalie entre déclaration de l’agriculteur et analyse du satellite doit être levé par un contrôle humain. C’est comme ça qu’on arrive à des exploitations qui attendent des versements de plus de 10 000 euros pour une anomalie qui concerne une petite parcelle de champs. Ce qui nous rend fou, c’est le côté ubuesque des raisons avancées. On a demandé de la simplification et six mois plus tard, on arrive à ce genre de situations. D’habitude, on a un taux de paiement au 15 octobre de 95% dans le Bas Rhin et cette année, on est à 80% du paiement, on se dit : vous n’avez rien compris. »
Selon le directeur de la FDSEA 67, l’action de ce lundi 21 octobre sera d’une bien moindre ampleur que le mouvement du début d’année : « On est en pleine période de travaux agricoles. On prévoit plutôt d’être une centaine d’agriculteurs et une quarantaine de tracteurs. »
La crainte d’une perte de compétitivité
L’autre raison de la colère des syndicats de l’agriculture productiviste se trouve dans le vote d’une première délibération sur la taxe poids lourds R-Pass ce lundi 21 octobre à la CeA. Yohann Lecoustey craint tout d’abord que les produits alsaciens subissent une imposition multiple au cours du processus de fabrication : « Si notre production est taxée à chaque déplacement, comment peut-on rester compétitif face à un poulet polonais taxé une fois ou deux. »
La mobilisation strasbourgeoise fait écho au rassemblement du collectif pour la compétitivité de l’Économie Alsacienne (CCEA). Dès 9h30, fédérations de transporteurs routiers, Medef Alsace et ses branches ainsi que syndicats agricoles manifesteront sur le parvis du siège de la CeA à Colmar. Un événement censé faire pression sur les élus et élues alsaciennes qui voteront une première délibération sur la taxe poids-lourds R-Pass.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Après des décennies sans passage de bateau, les plantes se sont imposées sur le canal du Rhône au Rhin.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
Le tribunal administratif de Strasbourg suspend les travaux de rénovation du canal du Rhône au Rhin. Il vient de rendre sa décision ce 18 octobre, suite à un recours déposé par des associations écologistes locales.
« C’est une très bonne nouvelle pour nous », savoure Pascal Lacombe, du collectif Chaudron des alternatives. Le chantier de rénovation du canal du Rhône au Rhin vient d’être suspendu par le tribunal administratif de Strasbourg ce 18 octobre. Pour rappel, la Région Grand Est pilote un projet de remise en navigation de cette voie d’eau pour les bateaux de plaisance. Coût prévu des opérations : 46 millions d’euros d’argent public.
Une somme faramineuse qui devait servir à réaménager une section du canal de 24,5 kilomètres, abandonnée depuis les années 60. Rue89 Strasbourg avait exposé dans un dossier publié en avril 2024 que cet espace s’est transformé en refuge pour la biodiversité et abrite de nombreuses espèces rares et protégées. La mobilisation contre cette artificialisation s’était alors fortement intensifiée. La remise en navigation impliquerait par exemple de couper des arbres, de dégrader les berges et de racler le fond où des graviers et du bois morts constituent l’habitat d’une faune et d’une flore variées.
Malgré des rassemblements d’opposants, les travaux avaient débuté fin août. Les associations Porte du Ried nature ainsi que Wittisheim vies et nature ont déposé un recours contre l’arrêté d’autorisation du chantier, qui devrait être jugé sur le fond dans un délai de plusieurs mois.
Chantier bloqué jusqu’au jugement sur le fond
Représentées par le cabinet Hugo Lepage, les associations étrillent le projet qui porte selon elles de nombreuses insuffisances environnementales. Pour éviter que les destructions d’écosystèmes ne continuent avant le jugement définitif, elles ont déposé un recours en référé suspension afin de bloquer les travaux.
Le juge des référés a donné raison aux écologistes selon le tribunal administratif qui a rendu sa décision ce 18 octobre. Il a estimé qu’il y avait un doute sérieux sur la légalité de l’arrêté autorisant la rénovation du canal. Le magistrat a notamment relevé des insuffisances sur l’étude d’impact qui nuisent à l’information complète de la population et peuvent exercer « une influence sur la décision de l’autorité administrative ». Il souligne également que le projet n’a pas obtenu de dérogation « espèces protégées », pourtant obligatoire.
« Ce sont de graves lacunes que nous avons identifiées », considère Me Théophile Begel, qui représente les associations environnementales. Pour lui, « la décision du tribunal administratif est logique ». Il rappelle que la Région Grand Est a la possibilité de contester cette décision dans un délai de 15 jours devant le Conseil d’État.
« C’est probablement ce que nous allons faire », affirme Frédéric Pfliegersdoerffer, élu de la Région Grand Est en charge de la rénovation du canal. « Je suis très surpris, nous pensions que le dossier était solide, ajoute t-il. Nous avons ordonné l’arrêt du chantier et sa sécurisation dés que nous avons eu connaissance de la décision. Maintenant nous allons discuter avec les entreprises concernées pour connaitre les coûts que la suspension va engendrer. »
L’après-midi de lancement de l’expérimentation pour l’accès aux droits fini en fête de quartier.Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg
Au centre socio-culturel de la Musau, la maire Jeanne Barseghian a annoncé le lancement d’une expérimentation dans le secteur Neudorf-Musau visant à faciliter l’accès aux droits, ce mercredi 17 octobre.
Dans la grande salle du centre socio-culturel de la Musau, les chaises ne suffisent plus pour accueillir tout le monde. Ce mercredi 17 octobre, le petit bâtiment au centre du quartier prend des airs de colloque sur l’accompagnement social. Sur les badges, l’on retrouve une nuée de logos : France Travail, Caf, France Services ou Assurance maladie. « Faire ce lancement ici, c’est un symbole particulièrement fort, dans un lieu marqué par les émeutes de juin 2023 ». Dans le public mêlant plusieurs professionnels du social et habitants du quartier, on applaudit chaudement la maire, Jeanne Barseghian (Les Écologistes).
Accompagnée de la préfète déléguée pour l’égalité des chances, Marilyne Poulain, et d’une représentante de la Caisse d’allocations familiales, la maire annonce le lancement d’une expérimentation de trois ans sur le quartier Neudorf-Musau. Le dispositif vise à réduire le non-recours aux droits sociaux. À la tribune, les intervenantes rappellent quelques chiffres nationaux : le taux de non-recours au RSA s’élève à 34%, 50% pour le minimum vieillesse ou encore 30% pour l’assurance chômage.
Quatre « moments-clefs »
Dans la pratique, le dispositif mettra en place un baromètre du non-recours aux droits, mais aussi des actions de « détection » ou des « rendez-vous d’analyse des droits ». Pour améliorer la coordination entre les différents organismes, des événements réunissant régulièrement les organismes chargés des prestations sociales seront organisés. Aussi, pour encadrer ce travail collectif, trois groupes sont créés : un comité local de suivi, réunissant partenaires associatifs ou institutionnels avec un représentant des habitants, une « équipe projet » dédié au suivi opérationnel de l’expérimentation, et un groupe d’habitants.
Les partenaires associatifs et institutionnels viennent poser symboliquement une pièce de puzzle « Neudorf-Musau ».
Dans le projet, quatre « moments clefs » d’une vie concentreront l’attention des différents partenaires : le passage à l’âge adulte, l’arrivée d’un enfant, la séparation (notamment pour ceux ayant des enfants) et le moment où l’on rentre dans la catégorie « sénior ». « Les études montrent que c’est dans ces moments de transition qu’il y a le plus de risque de perdre le bénéficiaire », explique l’adjointe en charge des solidarités, Floriane Varieras. En s’appuyant sur les retours des trois groupes mobilisés, de nouveaux dispositifs pourraient être mis en place, précise l’élue, avec un budget prévisionnel de 771 800 euros co-financé par l’État, la Ville et la Caf.
Surmonter la « honte »
Lorsque le discours de Marilyne Poulain s’achève, une dernière salve d’applaudissement clos les prises de paroles. Assise dans l’une des rangées du milieu, Florentine D’Almeida semble satisfaite. Agente d’accueil depuis plus de 15 ans à la Caf, elle a souvent pu être témoin des difficultés rencontrées par les bénéficiaires :
« Ce qui entraîne le plus d’abandon dans les démarches, c’est lorsqu’on leur demande des pièces justificatives qu’ils n’ont pas sous la main. Ça les épuise. Parfois, ils ne tentent pas non plus à cause d’une mauvaise expérience avec les services, par exemple lorsqu’ils ont ont mal déclaré quelque chose et qu’ils se retrouvent à rembourser une somme importante. »
À sa gauche, son collègue Sofiane Akroh, chargée de mission « accès aux droits » acquiesce et renchérit : « On envoie des mails, des SMS, on appelle… Mais il y a un public invisible qu’on arrive pas à atteindre. J’espère qu’avec cette action on arrivera mieux à les repérer. »
Françoise Benoît est une figure bénévole historique dans le quartier.
Habitant le quartier depuis 47 ans, Françoise Benoît voit quotidiennement ce « public invisible », et comprend ses appréhensions :
« Il y a plein de circonstances qui font que les gens préfèrent se laisser parfois dépérir que de demander de l’aide, par peur d’être jugé. Ils appréhendent d’être vus s’ils se rendent dans un lieu public pour demander quelque chose. Mais ils ont aussi peur d’être jugé chez eux, si une assistante sociale se déplace. Il faudrait presque que tout se passe dans un tunnel sous-terrain, pour ne pas être vu. »
Après 16h, la maire, la préfète déléguée et une grande partie du public se rejoignent sur la place de Wattwiller, à quelques mètres du centre. Là bas, plusieurs structures ont installés des tables et ramené leurs ordinateurs pour proposer leur aides aux habitants de passage, alors que des animations enchantent les enfants du quartier.
France, Strasbourg, le 10 octobre 2024. Formation sur les violences faites aux femmes pour le personnel soignant des HUS et des cliniques.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
Depuis 2022, une cellule accompagne les victimes de violences conjugales au sein des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg. Reportage lors d’une formation des personnels hospitaliers pour mieux réagir face aux violences faites aux femmes.
« Un quart des victimes de violences conjugales s’adresse à un soignant plutôt qu’aux forces de l’ordre. La manière dont vous réagissez peut faire toute la différence », annonce Priscilla Bur, coordinatrice de l’unité d’accueil et d’accompagnement des victimes de violences conjugales (Unavi) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), à la centaine de soignants installés dans l’Agora de l’hôpital de Hautepierre. Des professionnels hospitaliers, des infirmières libérales, des médecins généralistes, des sage-femmes libérales, ou des psychologues constituent cette troisième promotion. Créée à l’issue du Grenelle des violences faites aux femmes de 2019, cette cellule coordonne la prise en charge des victimes au sein des différents services des HUS. Elle a déjà sensibilisé 350 professionnels de santé depuis sa création en 2022.
Strasbourg, le 10 octobre 2024. Formation sur les violences faites aux femmes pour le personnel soignant des HUS et des cliniques.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
« Tirer la situation »
Célia Osswald, sage-femme libérale, est venue chercher des outils :
« Je suis confrontée à des situations de violences au quotidien. J’écoute. J’informe sur les droits. Je demande les attentes. On a peur d’être la seule à pouvoir tirer la personne hors des violences. Quand une femme est enceinte, je peux passer le relai à la protection maternelle et infantile. Mais pour les trois autres quarts de mes patientes, je me sens plus isolée. »
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Face à l’augmentation prévue des loyers chez les bailleurs sociaux à Strasbourg pour janvier 2025, des syndicats de locataires demandent leur gel et dénoncent une pression financière exorbitante sur des locataires toujours plus précaires.
« Un locataire sur quatre n’a pas pu payer un loyer au cours de la dernière année. » Dans deux communiqués diffusés mercredi 16 octobre, la Confédération syndicale des familles (CSF) et l’union départementale de Consommation, logement cadre de vie (CLCV) dénoncent l’augmentation à venir des loyers pour les locataires des bailleurs sociaux. Au premier janvier 2025, l’augmentation devrait correspondre à celle de l’indice de référence des loyers, soit 3,26%. Depuis 2021, selon la CSF, les loyers des bailleurs sociaux ont augmenté de 11%.
Geler plutôt qu’augmenter
Ce jeudi 17 octobre, c’est Ophéa, principal bailleur social de Strasbourg, qui lors de son conseil d’administration devrait voter pour cette augmentation. Dans son communiqué, la CLCV annonce que ses représentants s’opposeront à cette hausse, qui « fragiliserait encore plus les locataires, épuisés par les crises et en grande difficulté ». Les représentants des locataires devraient s’opposer à cette hausse au sein des conseils d’administration d’Habitation Moderne et d’Alsace Habitat.
Tant pour la CLCV que pour la CSF, l’annonce d’une hausse des aides aux logement (APL), pourtant elle aussi annoncée à 3,26%, ne suffirait pas à compenser celle des loyers. Pour un appartement à 420 euros hors charges par mois, si un locataire touche 170 euros d’APL, ce dernier devra payer 108 euros de plus en 2025 (soit 9 euros par mois). Car l’augmentation du montant de son aide ne couvrira pas celle de son loyer, selon une simulation de la CSF.
Cette dernière pointe également l’augmentation du coût du gaz (+5% depuis le 1er octobre) et de l’acheminement de l’électricité (+5% au 1er novembre) qui vient peser sur les finances des locataires. La CLCV qualifie l’ensemble de ces hausses de « bombe sociale ».
Les deux syndicats de locataires réclament « haut et fort le gel des loyers », afin notamment « d’éviter la spirale de l’endettement des ménages ». La CSF demande également un gel des loyers pour les logements au diagnostic de performance énergétique D ou moins, c’est-à-dire qui n’ont pas été réhabilités récemment.
Suite à la réunion du conseil d’administration d’Ophéa, les représentants des locataires du bailleur ont exprimé dans un communiqué « leur opposition catégorique à la hausse des loyers ». Ils dénoncent « une décision qui aggrave la précarité financière des locataires » et appellent « Ophéa à reconsidérer cette décision et à engager un véritable dialogue avec les locataires pour trouver des solutions plus justes et adaptées aux réalités actuelles. »
Manifestation de soutien à la Palestine, le 16 décembre 2023.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
Le Collectif Palestine 67 organise une nouvelle manifestation « contre l’invasion israélienne du Liban et contre le génocide en cours à Gaza », ce samedi 19 octobre. Elle débutera à 14h, à la place Kléber.
Un an après les premiers bombardements à Gaza, la situation continue de s’aggraver au Moyen-Orient. En parallèle, des marches en soutien à la Palestine et au Liban se tiennent avec constance à Strasbourg.
Ce samedi 19 octobre, une nouvelle mobilisation sera ainsi organisée par le Collectif Palestine 67, et démarrera à 14h, place Kléber. Le cortège défilera par la rue du 22 novembre, puis Grand’Rue, passera par la rue de la Division Leclerc, la rue de la Douane, et remontera enfin par la rue des Grandes-Arcades, jusqu’à revenir à la place Kléber.
Invasion au Liban
Dans son tract, le Collectif Palestine 67 dénonce l’invasion du sud du Liban par l’armée israélienne, entamée le 30 septembre 2024, ainsi que les bombardements causant « des milliers de morts et de blessés » et des déplacements de populations massifs dans le Sud et dans la plaine de la Bekaa.
Le collectif dénonce également les attaques de l’armée israélienne contre les casques bleus de la force Finul, faisant cinq blessés parmi les troupes des Nations Unies en 48 heures, mais aussi le « massacre » de la « population de Jabalia dans le nord de la bande de Gaza ». « S’ils se livrent à un massacre dans cette zone, c’est pour essayer de vider complètement le nord de la bande de Gaza et les forcer à se déplacer », commente Hervé Gourvitch, l’un des membres du Collectif Palestine. Le militant annonce d’ores et déjà que d’autres manifestations se poursuivront les samedis suivants.
Manifestation contre les violences sexistes et sexuelles à Strasbourg, en 2023.Photo : Mathilde Cybulski / Rue89 Strasbourg
Samedi 19 octobre, un appel national est lancé pour soutenir Gisèle Pélicot et toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. À Strasbourg la manifestation commencera place Kléber à 16h, avant de se diriger vers le tribunal.
« Le procès des 51 violeurs de Mazan montre la réalité de la culture du viol qu’il faut combattre. » Depuis le 2 septembre à Avignon, 51 hommes sont jugés pour des faits de viol et de viol en réunion sur une seule et même femme, Gisèle Pélicot. Parmi eux, son mari, Dominique Pélicot qui a organisé les viols sur sa conjointe, au préalable droguée par ses soins, pendant dix ans. Grâce à des centaines de vidéos, témoignant de la matérialité des faits dénoncés, le procès dit « de Mazan » a pu se tenir. La parole de la victime ne peut ni être niée, ni questionnée. L’ampleur de la mise en accusation et les profils diversifiés des accusés saisissent tant l’intérêt médiatique que populaire.
Les « bons pères de famille » sur le banc des accusés
Bien loin du cliché des agresseurs cagoulés, marginaux et menaçants opérant leur violence dans une ruelle sombre, les 51 hommes sont pour la plupart de « bons pères de famille », selon le terme de l’autrice et journaliste Rose Lamy. Dans les différents articles et sur certains plateaux télé, la question a même été soulevée : ce procès est-il celui de tous les hommes ?
Autre fait saillant de ce procès historique, la défense choisie par certains avocats des accusés a été commentée… et critiquée. Maître Guillaume de Palma par exemple, expliquait mi-septembre qu’il « y a viol et viol et que sans intention de le commettre, il n’y a pas viol ». Une phrase d’une violence inouïe pour les victimes de violences sexistes et sexuelles, tentant de déresponsabiliser ses clients, pourtant filmés en train d’abuser sexuellement d’une femme inconsciente.
La victime, saluée pour sa volonté que les audiences se tiennent en public plutôt qu’à huis clos, est devenue depuis un symbole de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Car si Gisèle Pélicot parle et témoigne, c’est que personne, en France, ne peut plus jamais se taire ou nier que les VSS sont un problème systémique auquel le gouvernement et la justice doivent s’atteler à répondre.
Les revendications portées samedi 19 octobre se concentrent sur les dispositions législatives. Les organisations exigent « une loi cadre intégrale qui prenne en compte tous les aspects de la lutte contre les VSS », et assurant « un suivi socio-judiciaire des agresseurs pour prévenir la récidive ».
À Strasbourg, l’appel à manifester a été signé par une vingtaine d’organisations : La France Insoumise 67, Jeune Garde Antifasciste, Justice & Libertés , Alternative étudiante Strasbourg, Europe Cameroun Soldarité, Femmes du 3è Millénaire, Wietchip, TİP France-Les Groupe des Femmes du TİP, les Ecologistes, CGT UD67, Solidaires Alsace, Jeunes Écologistes Alsace, Mouvement des Jeunes communistes du Bas-Rhin, Jeunes Génération.s Strasbourg, Jeunes Insoumis·es Strasbourg, Fédération du Bas-Rhin du Parti Communiste Français, On Crèvera Pas au Boulot, FSU67, NPA l’Anticapitaste.
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Lina était portée disparue depuis le samedi 23 septembre.
Le parquet de Strasbourg annonce ce 16 octobre que les enquêteurs de la gendarmerie ont retrouvé près de Nevers le corps de Lina, qui était portée disparue depuis septembre 2023.
Lina, adolescente de 15 ans, avait disparu le 23 septembre 2023 aux environs de Plaine près de Schirmeck, où elle habitait. Après un peu plus d’un an, l’affaire connait un triste dénouement. Selon un communiqué du procureur de la République de Strasbourg diffusé mercredi 16 octobre, son corps a été retrouvé dans le cadre des « recherches actives des enquêteurs de la gendarmerie ».
Les fonctionnaires se trouvaient alors « dans une zone boisée et isolée de la région de Nevers », en Bourgogne-Franche-Comté, précise le parquet :
« Le corps a été retrouvé immergé dans un cours d’eau situé en contrebas d’un talus. Le véhicule Ford Puma utilisé par Samuel Gonin avait été géolocalisé à cet endroit le 24 septembre, le lendemain de sa disparition. Les analyses génétiques effectuées par l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont permis de confirmer qu’il s’agit du corps de Lina. »
Le procureur ajoute que « des expertises médico-légales vont être ordonnées par les magistrats instructeurs aux fins de rechercher la cause de la mort ».
En 2023, l’équipe du collège Lezay Marnesia se mobilisait déjà pour une famille à la rue.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg
En octobre 2024, des collégiens et leurs familles sont encore à la rue. Des élus et personnels éducatifs demandent à la Collectivité d’Alsace de les héberger dans les logements de fonction vides des collèges.
« Une élève scolarisée dans notre établissement vit depuis plusieurs semaines sous tente, en compagnie de sa famille qui compte une fratrie de quatre enfants âgés de 2 à 16 ans. » Cette phrase laconique illustre la brutalité de la réalité sociale à Strasbourg en ce mois d’octobre 2024. Elle est issue d’un communiqué signé « le personnel éducatif du collège Lezay Marnésia » à la Meinau : « Nous ne nous résignerons pas à faire cours devant des adolescents qui quittent nos classes pour se mettre à l’abri sous une tente. »
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La CGT organise une projection du film S’ils touchent à l’un d’entre nous lundi 21 octobre au Foyer de l’étudiant catholique à Strasbourg. Ce documentaire célèbre l’instauration d’un rapport de force dans une boulangerie industrielle du groupe InVivo en Moselle.
La CGT a coproduit un film sur le combat d’ouvriers de la boulangerie industrielle Neuhauser à Folschwiller en Moselle. Implanté dans l’entreprise en 2016, le syndicat est parvenu à obtenir 70% des suffrages lors des élections professionnelles et a immédiatement instauré un rapport de force avec la direction de cette entreprise, filiale de la coopérative InVivo, afin d’obtenir de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires.
La bande annonce de S’ils touchent à l’un d’entre nous.
Appelé S’ils touchent à l’un d’entre nous, ce film prend pour fil rouge la tentative de licenciement de Christian Porta, le délégué du syndicat Neuhauser CGT après qu’il ait mené des luttes contre des plans de licenciements en 2017 et 2018 et obtenu le passage à 32 heures de travail hebdomadaires payées 35. Le syndicat s’est en outre engagé dans d’autres luttes, comme la défense des droits des femmes, des personnes LGBT ou en exigeant de la direction que les invendus soient distribués à des associations venant en aide aux personnes sans-abris.
Pour la CGT, ce film permet de rappeler aux ouvriers que, parfois, la lutte paie. Le syndicat organise une projection au Foyer de l’étudiant catholique au centre-ville de Strasbourg, lundi 21 octobre à 19h. Le délégué syndical Christian Porta, principal protagoniste du film, sera présent pour un débat après la projection, ainsi que le député européen LFI, également syndicaliste, Anthony Smith.