Alexis Valhas, maître de conférence en droit de l’Union Européenne à Sciences Po Strasbourg.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Maître de conférence à Sciences Po Strasbourg, Alexis Vahlas déplore la gestion du débat sur le partenariat avec l’université Reichman par la direction de l’établissement. Il esquisse une voie de sortie de ce conflit qui fracture la communauté étudiante et enseignante.
« Hybride ». Alexis Vahlas revendique le terme pour mieux souligner ses multiples casquettes. Le maître de conférence en droit public à Sciences Po Strasbourg a aussi officié en tant que conseiller politique de l’état-major de l’OTAN. Il a participé pour l’Union européenne à plusieurs missions internationales en Israël et dans les territoires palestiniens. Le responsable du master « Sécurité extérieure et sécurité intérieure de l’Union européenne » assume ne pas avoir d’idée définitive sur le partenariat de Sciences Po Strasbourg avec l’université Reichman, un établissement privé israélien. Ce partenariat a été suspendu en juin puis rétabli par une décision de la direction de l’Institut d’études politiques (IEP) plus tard dans l’année, suscitant le départ de plusieurs membres du conseil d’administration.
Rue89 Strasbourg : Pour les « anti-partenariats », l’université Reichman défend des positions bellicistes, qui seraient dénuées de perspectives humanistes et critiques vis-à-vis du conflit à Gaza. Qu’en pensez-vous ?
Alexis Vahlas : Le mode opératoire des forces armées israéliennes est en violation du droit international. Il y a manifestement un non-respect des règles de ce qu’on appelle le droit des conflits armés, où il y a des principes de proportionnalité, de distinction de la cible civile… Pour autant, est-ce que ces violations du droit international sont imputables à cette université ? L’établissement n’a jamais empêché de débats en son sein. Elle n’a jamais expulsé d’étudiants arabes israéliens (des Palestiniens qui ont la nationalité israélienne, NDLR). L’université Reichman n’a jamais exprimé d’approbation sur la stratégie de guerre totale à Gaza.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Les écologistes relancent le projet du tram nord à travers la création d’une convention citoyenne. À partir du mois de mars, 100 citoyennes et citoyens tirés au sort vont être formés afin de rendre des propositions à l’exécutif de l’Eurométropole de Strasbourg en octobre 2025.
Après le rejet de leur projet initial, les écologistes semblaient avoir besoin de prendre de la hauteur pour relancer le projet du tram nord. Vendredi 31 janvier, c’est au dernier étage du centre administratif que des élus de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) ont annoncé la création d’une convention citoyenne pour le futur de l’extension du tramway vers le nord de l’EMS. « L’objectif est de placer les citoyens au coeur de la responsabilité du projet du tram nord. La question qui leur est posée est simple: Comment aller au nord en tram ? « , amorce la maire écologiste de Schiltigheim, Danielle Dambach.
Composée de 100 citoyennes et citoyens tirés au sort, cette future convention citoyenne doit être « un panel représentatif des citoyens de l’Eurométropole de Strasbourg » assure la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian :
« Il faut dézoomer du tracé seul. Le projet du tram nord n’appartient pas qu’aux habitants de l’avenue des Vosges ou à ceux de l’avenue du Général de Gaulle, même si la moitié des membres de la convention sera tout de même concernée directement par la desserte du tram. »
Pour sélectionner les participants, plus de 50 000 courriers seront envoyés à des habitants de l’EMS tirés au sort pendant les mois de février et de mars. Ces citoyens décideront de candidater ou non pour participer à la convention citoyenne. Une fois les candidatures envoyées, un second tirage au sort permettra d’établir le panel des 100 personnes qui travaillera sur le projet.
Un rapport attendu pour le mois d’octobre 2025
Le groupe devra ensuite être formé aux différents enjeux et problématiques du projet. Pour accompagner les citoyens, un comité de tiers garants composé de trois à cinq experts indépendants sera constitué pour assurer le bon déroulement du processus. La formation sera assurée par « six sessions de deux jours » indique Jeanne Barseghian.
« La convention citoyenne n’est pas qu’une simple concertation. Les citoyens doivent produire un rendu sur lequel les élus s’appuieront pour débattre du futur projet », complète Danielle Dambach. Les préconisations citoyennes sont attendues par les élus de l’Eurométropole pour le mois d’octobre 2025.
Alain Jund, Danielle Dambach, Pia Imbs et Jeanne Barseghian lors de la conférence de presse du 31 janvier 2025.Photo : Dorian Mao / Rue89 Strasbourg
Carte blanche pour les citoyens
Les enjeux de cette convention citoyenne restent les mêmes que ceux du projet initial des écologistes : assurer la connexion de Strasbourg avec les communes du nord de l’Eurométropole. « La question du futur tracé est complétement ouverte, comme la question du maillage. Les citoyens auront vraiment carte blanche à partir des postulats de base du projet », indique Alain Jund, vice-président de l’EMS en charge des mobilités.
Inclus dans le projet de tracé défendu par l’ancienne maire de Strasbourg, Catherine Trautmann (PS), l’ancien site de la brasserie Heineken « doit être pris en compte dans la réflexion » soutient Danielle Dambach. Une nouveauté par rapport au tracé du projet rejeté par le rapport d’enquête publique :
« On ne peut pas décider du futur du site tant qu’on ne sait pas où passera le tram. La collectivité européenne d’Alsace a candidaté pour implanter un collège sur le site de la brasserie de l’Espérance. Il faut intégrer tout ça aux réflexions sur le futur tracé du tram nord »
« Nous faisons confiance à l’intelligence collective afin de créer du consensus », conclut l’élue de Schiltigheim, l’absence de celui-ci ayant souvent été décriée par les opposants du feu-projet de tramway porté par la majorité écologiste.
Des délibérations pas avant le prochain mandat
En parallèle de la convention citoyenne, les représentantes écologistes de l’EMS ont annoncé la constitution d’un « Comité politique transpartisan ». Ce comité d’élus prévoit de regrouper l’ensemble des sensibilités politiques de l’EMS avec « les élus des communes directement concernées par le projet du tram nord » précise Pia Imbs. Ce comité suivra l’avancée des travaux de la convention et pourra interagir avec ses membres dans des temps définis.
« L’objectif est de redonner une vie au débat sur ce projet sans penser aux enjeux de 2026. Le tram nord n’est pas un moyen de tester sa popularité avant une élection, c’est un enjeu de service public. Les élus ne délibèreront pas sur le projet avant la fin du mandat », assène Jeanne Barseghian.
En effet, dans le calendrier présenté par les écologistes, la réalisation de l’enquête publique n’arrivera pas avant 2027, soit après les prochaines élections municipales. La livraison du tramway nord est projetée à l’horizon 2030 dans les communes du nord de l’Eurométropole.
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
En plein hiver, des dizaines de tentes installées dans un parc de Strasbourg, dans le quartier Montagne Verte.Photo : TV / Rue89 Strasbourg
L’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine mobilise son patrimoine pour héberger des familles sans-abris à Strasbourg. En plein hiver, de nombreuses personnes, y compris des enfants, dorment dehors.
Alors que l’État ne fournit pas de solution d’hébergement d’urgence à de nombreuses familles sans-abris à Strasbourg en plein hiver, l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL) annonce sa mobilisation dans un communiqué ce 31 janvier :
« Isabelle Gerber, présidente de l’UEPAL, a été alertée par La Cimade (une association de solidarité, NDLR) sur l’urgence à rechercher des solutions pour les dizaines d’enfants qui dorment dans la rue ou dans des voitures pendant cette période de grand froid. »
Le 20 janvier, c’est la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes) qui appelait à l’utilisation des biens privés vides pour loger les sans-abris. L’UEPAL est justement dotée d’un patrimoine immobilier important. « Nous avons immédiatement mobilisé les paroisses de l’agglomération strasbourgeoise et la Fédération de l’Entraide Protestante (FEP) Grand Est pour rechercher des lieux d’accueil [supplémentaires], au-delà de ceux déjà mobilisés par les associations protestantes et qui sont saturés », précise le communiqué.
Des familles dans un presbytère
Ainsi, un premier lieu d’accueil devrait apparaitre ces prochains jours. Avec le soutien financier de la Ville de Strasbourg, l’association Les Petites roues gérera un dispositif « pour au moins trois familles », selon Jean-Luc Sadorge, vice-président de l’UEPAL. « Elles devraient s’installer dans un presbytère, où deux chambres et une salle de réunion seront mises à disposition », ajoute t-il.
Le Chapitre de Saint-Thomas, qui administre plusieurs fondations, « a également répondu favorablement avec l’octroi d’un financement à hauteur de 9 000 euros pour permettre l’hébergement d’urgence des familles avec enfants en hôtel », complète l’UEPAL.
Un début de mobilisation de l’Église protestante, qui s’ajoute à d’autres démarches militantes portées par des Strasbourgeois et des Strasbourgeoises pour loger des sans-abris. « De notre côté, on va pousser les murs au maximum, c’est le début d’une dynamique qui se lance », prévient Jean-Luc Sadorge.
Ganimat Zahid, journaliste azerbaïdjanais menacé par le régime du président d’Azerbaïdjan Ilham Aliyev.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Journaliste azerbaïdjanais, Ganimat Zahid a alerté la police quelques jours avant l’assassinat de son compatriote Vidadi Isgandarli à Mulhouse. Entretien avec le réfugié strasbourgeois, qui continue de dénoncer les crimes et la corruption du régime d’Ilham Alyiev depuis Strasbourg.
Le 29 septembre 2024, Vidadi Isgandarli, un opposant politique azerbaïdjanais exilé à Mulhouse, est attaqué à son domicile par des hommes aux visages masqués. Aux alentours de 6h du matin, les assaillants s’introduisent dans son appartement et lui assènent 16 coups de couteau, avant de prendre la fuite. Baignant dans son sang, l’ancien procureur de 62 ans a tout juste le temps de joindre son frère par téléphone avant de perdre connaissance. Il succombe à ses blessures deux jours plus tard à l’hôpital.
Quatre dissidents menacés par Bakou
Une dizaine de jours avant l’attaque, un autre opposant azerbaïdjanais avait alerté les autorités de la menace qui planait sur Vidadi Isgandarli. Journaliste exilé à Strasbourg, Ganimat Zahid a été averti par une source haut placée à Bakou d’un projet d’assassinat nourri par le régime contre quatre dissidents réfugiés en Alsace et en Suisse. Les informations transmises aux autorités françaises n’auront pas suffi à éviter la mort de Vidadi Isgandarli.
Quatre mois plus tard, Ganimat Zahid revient sur cet événement dans un entretien accordé à Rue89 Strasbourg. Accompagné de sa fille, qui servira d’interprète lors de l’entretien, le journaliste raconte la menace qui s’abat, jusqu’en Alsace, sur ceux qui dénoncent l’autoritarisme et les exactions du clan Aliyev.
Ganimat Zahid revient sur cet événement dans un entretien accordé à Rue89 Strasbourg. Accompagné de sa fille, qui servira d’interprète lors de l’entretienPhoto : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Rue 89 Strasbourg : Depuis quand êtes-vous exilé en France et pour quelle raison avez-vous dû quitter l’Azerbaïdjan ?
Ganimat Zahid: J’ai commencé ma carrière de journaliste en 1990. De 2007 à 2010, j’ai été emprisonné en Azerbaïdjan. D’abord, parce que j’étais journaliste et, surtout, parce que j’étais rédacteur en chef d’Azadliq, le seul journal indépendant d’Azerbaïdjan, dont le nom signifie d’ailleurs « liberté ». Officiellement, j’ai été arrêté pour hooliganisme, parce que j’aurais agressé quelqu’un dans la rue. C’était l’argument du régime. Quand je suis sorti, je ne voulais pas prendre le risque de retourner en prison. Alors, j’ai décidé de quitter le pays avec ma famille. Grâce à l’aide de Reporters sans frontières, nous sommes arrivés en France en 2011, puis à Strasbourg en 2016. C’est ici que nous vivons depuis.
« Officiellement, j’ai été arrêté pour hooliganisme, parce que j’aurais agressé quelqu’un dans la rue. C’était l’argument du régime. »
Ganimat Zahid
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Journaliste indépendante, sensible aux thématiques environnementales, avec un focus sur les enjeux agricoles, énergétiques et les atteintes à l’environnement. Je couvre notamment l’actualité de la géothermie et du lithium alsacien.
A l’entrée de la gare de Strasbourg, après l’accident du samedi 11 janvier.Photo : Document remis / Arfan039
Samedi 11 janvier, deux tramways entraient en collision dans le tunnel sous la gare de Strasbourg, provoquant 68 blessés. Deux semaines après, des investigations sont en cours et le réseau de transports en commun est toujours impacté.
Deux tramways sont entrés en collision le 11 janvier, suite au recul d’une rame dans le tunnel sous la gare de Strasbourg. Conséquences de cet accident : 68 blessés et une paralysie du réseau.
« Le parquet de Strasbourg a ouvert une information judiciaire contre X des chefs de blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence », a annoncé Alexandre Chevrier, procureur par intérim ce 24 janvier. Avant d’ajouter que le but de cette enquête est de « déterminer d’éventuelles responsabilités sur le plan pénal ».
Pour rappel, le procureur avait affirmé le 11 janvier que les premières investigations ont permis d’écarter l’hypothèse d’un acte volontaire. L’enquête permettra de déterminer s’il s’agit d’une erreur humaine, d’une défaillance technique, ou des deux, et si quelqu’un est responsable de cet événement.
La CTS enquête
Parallèlement à l’information judiciaire, la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a ouvert une enquête interne pour comprendre les raisons de l’accident. Ces investigations interviennent après le dépôt d’une alerte par le syndicat UNSA CTS pour « danger grave et imminent ». Dans une lettre adressée à la direction, le syndicat a réclamé l’accès à l’enquête et aux mêmes informations que la direction générale de la CTS.
Dans les colonnes des DNA, Stéphane Daveluy, délégué syndical UNSA-CTS, a précisé cette demande : « Pour nous, il est hors de question de rouvrir le tunnel de la gare et de reprendre l’exploitation sans savoir pourquoi un tram est parti en marche arrière. On ne veut pas prendre le risque, la prochaine fois, d’avoir des morts. » Le syndicaliste s’interroge sur la consigne visant à stationner des trams dans la pente, comme c’était le cas pour la rame impliquée dans l’accident avant qu’elle ne parte en marche arrière.
L’accident de tramways a permis à l’UNSA de pointer du doigt plusieurs autres problèmes. Dans cet article d’Actu Strasbourg, Stéphane Daveluy déplore un mauvais enseignement du démarrage en côte, à l’origine de l’accident du 11 janvier. Le syndicaliste critique aussi des journées de rappel des fondamentaux trop espacées et pas assez longues, et réclame d’améliorer les conditions de travail pour prévenir l’arrivée d’accidents.
Un réseau bloqué jusqu’à fin février
Après avoir annoncé un retour à la normale fin janvier, la CTS est revenue sur ses déclarations, la remise en état des infrastructures prenant plus de temps que prévu. Elle a annoncé une reprise de la circulation à la fin des vacances scolaires, soit le 24 février. En attendant, des bus de remplacement sont toujours disponibles entre les arrêts Rotonde et Gare centrale.
Après les drones dans les quartiers populaires, les drones au dessus du Marché de Noël ou des manifestations… les drones pour traquer les migrants !Photo : Ajairapara / Creative Commons
Vendredi 24 janvier, le tribunal administratif de Strasbourg a considéré que le recours judiciaire déposé par la Ligue des droits de l’Homme contre l’arrêté autorisant l’utilisation de drones avait été déposé trop tard.
Au tribunal administratif de Strasbourg, le juge des référés s’est prononcé, vendredi 24 janvier. La procédure de référé-liberté déposée la veille par la Ligue des droits de l’Homme (LDH) a été rejetée. Elle visait un arrêté de la préfecture du Bas-Rhin, publié le 17 janvier et autorisant la police à surveiller Strasbourg grâce à des drones, pendant dix jours de janvier.
Alertée par l’article de Rue89 Strasbourg, la LDH a saisi le tribunal administratif en arguant que cette autorisation, certains jours de janvier où aucun évènement particulier ne se déroulait, porte atteinte aux libertés fondamentales des Strasbourgeois et Strasbourgeoises.
Faute d’urgence
Mais faute d’urgence, le tribunal administratif a jugé la demande irrecevable. La procédure de référé-liberté est en effet réservée à des situations urgentes, où le juge a peu de temps pour décider étant donné la potentielle atteinte à une liberté fondamentale. Le recours intervenant plus de huit jours après la publication de l’arrêté, le magistrat l’a jugé tardif.
« Le tribunal ne s’est pas prononcé sur le fond, il n’a pas nié l’atteinte à nos libertés fondamentales », expose Ingrid Boury, présidente de la section Strasbourgeoise de la LDH.
L’association pourrait néanmoins poursuivre la décision de la préfecture via un recours pour excès de pouvoir. Celui-ci est plus long a être jugé, jusqu’à un an après son dépôt, selon la présidente.
En outre, Ingrid Boury précise que si un arrêté similaire venait à être publié par la préfecture dans le futur, la LDH saisirait à nouveau le juge administratif dans une procédure de référé-liberté.
Un détachement de policiers a mis fin au blocage du bâtiment de Sciences Po Strasbourg ce jeudi 30 janvier.
Selon des informations transmises par les étudiants et les étudiantes, des policiers se sont déployés devant le bâtiment de Sciences Po Strasbourg vers 6h30 ce jeudi 30 janvier. Ils ont ensuite procédé à l’évacuation des étudiants présents et mis fin au blocage mis en place depuis lundi, pour protester contre le rétablissement d’une convention de partenariat avec l’université Reichman en Israël.
Les étudiants mobilisés contre ce partenariat depuis fin 2024 accusent la présidence de l’université et la direction de Sciences Po Strasbourg de « réprimer le mouvement étudiant ». Plusieurs dizaines d’entre eux maintenaient un blocage des entrées de l’établissement, situé dans le bâtiment du Cardo, au sein de l’hôpital civil de Strasbourg.
Un « aveu de faiblesse »
« Cette action de répression par la force est un aveu de faiblesse d’une direction qui a définitivement rompu tout dialogue, poursuit le communiqué des étudiants. Ce n’est pas son premier coup d’éclat, cherchant à délégitimer le mouvement avec des accusations d’antisémitisme honteuses, mensongères et absurdes ».
Le blocage a été levé immédiatement mais les étudiants mobilisés, soutenus par une partie de leurs professeurs, assurent qu’ils n’en resteront pas là. Ils restent déterminés à « mettre fin au partenariat avec l’université Reichman », et à instaurer un « comité éthique pour l’étude de tous les partenariats ». Dès ce jeudi matin, ils appellent à un rassemblement dans le hall du bâtiment « des étudiants, enseignants et personnels administratifs choqués par cette répression » et à participer à une assemblée générale à midi.
Inspectée deux fois en 2023 par l’inspection de l’Académie de Strasbourg, l’École Michaël a été mise en demeure de modifier ses enseignements par le Rectorat, selon les DNA.
Les Dernières Nouvelles d’Alsace révèlent que l’École Michaël, un établissement privé de Strasbourg appliquant la pédagogie Steiner-Waldorf, a été mis en demeure en novembre par l’Éducation nationale « d’améliorer la situation pour chaque manquement constaté » lors d’une inspection en octobre 2023.
« Aucun enseignement en sciences »
Le quotidien cite un courrier du recteur de l’Académie de Strasbourg, Olivier Klein, qui fait état de « non-respect du droit à l’éducation, de l’instruction obligatoire et des normes minimales de connaissances » :
Dans les « classes hors-contrat (7 sur 9 au total, NDLR) observées lors de la visite de contrôle », les « situations d’apprentissage ne permettent pas l’acquisition progressive des compétences et connaissances du socle commun », tance la missive. « L’équipe d’inspection relève que le temps consacré à l’apprentissage des mathématiques, notamment, est insuffisant. Les emplois du temps ne mentionnent aucun enseignement en sciences, ni en histoire-géographie, ni en éducation morale et civique », poursuit le document.
L’École Michaël accueille 167 élèves du CP à la classe de 3e, qui sont encadrés par une vingtaine de professeurs. Joint par Rue89 Strasbourg, le directeur pédagogique par intérim en 2023, Sébastien Wessler, déplore un courrier en « total décalage avec les observations faites par les inspecteurs lors de leur visite ». « Cette lettre arrive près d’un an après l’inspection, note-t-il, alors qu’à la suite des remarques positives des inspecteurs, nous pensions associer de nouveau nos classes à l’Éducation nationale. »
Subventions en suspens
Sylvie Meyer, directrice de l’école primaire, a répondu aux DNA que l’emploi du temps hebdomadaire avait été modifié afin de mettre les créneaux d’enseignement en cohérence avec les demandes de l’Éducation nationale. Le quotidien indique qu’une nouvelle inspection s’est déroulée en décembre 2024 afin de déterminer si ces modifications sont réellement appliquées. Ses conclusions ne sont pas encore connues.
En attendant les conclusions de cette nouvelle inspection, la Ville de Strasbourg a mis en suspens deux subventions prévues pour l’École Michaël, une pour des travaux de toiture qui devait être votée en décembre, et une pour le fonctionnement général qui devait être votée en mars.
La faculté des sciences historiques de l’Université de Strasbourg et de théologie se situe au sein du palais universitaire de Strasbourg.Photo : Clara Sapienza / Rue89 Strasbourg
À la tête d’une des listes du mouvement Refonder, candidat aux élections de l’Université de Strasbourg, se trouve un professeur visé par une procédure disciplinaire et une plainte pour harcèlement moral.
Le mouvement « Refonder » promet que si ses candidats sont élus aux élections universitaires, il compte œuvrer pour la transparence et la démocratie dans l’enseignement supérieur. « Refonder » fait partie des trois listes candidates aux élections pour diriger l’Université de Strasbourg (Unistra) – les scrutins auront lieu du 4 au 6 février. Pourtant, le candidat de Refonder en tête de liste pour la commission de la recherche dans le secteur 3, celui des sciences et technologies, est visé par une procédure disciplinaire et une plainte pour harcèlement moral.
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Les prélèvements d’eau potable analysés proviennent parfois de l’eau du robinet. Photo : Lodiag
Une étude d’UFC-Que Choisir du Bas-Rhin publiée jeudi 23 janvier 2025 confirme la contamination de l’eau de Strasbourg aux polluants éternels ou PFAS. Retour sur un problème sanitaire régional.
Dans un communiqué publié jeudi 23 janvier, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir et l’association écologiste Génération futures ont révélé les résultats de leurs analyses sur la qualité de l’eau à Strasbourg et à Mulhouse. Huit polluants éternels – des per- et polyfluoroalkylées plus connus sous le nom de PFAS – ont été retrouvés dans l’eau du robinet analysée. Les mesures ont été effectuées entre juin et novembre 2024 par un laboratoire indépendant. Ce dernier a détecté l’un de ces polluants éternels, le perfluorooctane sulfonate (PFOS), à hauteur de 1,9 nanogramme par litre (ng/l). Utilisés dans la fabrication de produits anti-adhésifs et de mousses anti-incendie, les PFOS sont toxiques. Ils sont interdits à la production et d’utilisation depuis 2019 en Europe.
Des normes qui ne rassurent pas
Cette étude fait écho à une enquête d'Ici Alsace (anciennement France Bleu Alsace). Des mesures avaient révélé que les eaux du robinet de Strasbourg et d’Ammerschwir près de Colmar sont contaminées aux polluants éternels. Au micro d'Ici Alsace, Thierry Schaal, vice-président de l’Eurométropole en charge de la gestion de l’eau potable, a assuré que les PFAS présents dans l’eau de l'agglomération ne contiennent que des concentrations inférieures aux valeurs limites. Selon la norme européenne appliquée en France à partir de 2026, la somme des 20 principaux PFAS ne doit pas excéder les 100 ng/l.
Mais l'UFC-Que Choisir estime que ces normes sont obsolètes et qu'elles ne permettent pas de garantir l'innocuité des eaux testées :
"Cette valeur de 100 ng/l ne se base sur aucune donnée toxicologique. C'est simplement le niveau de détection qu’atteignaient les méthodes d’analyse il y a quelques années. (...) Si l’on prenait la norme bien plus protectrice pour les consommateurs que le Danemark appliquera en 2026 (2 ng/l pour la somme de quatre PFAS), alors le prélèvement de Strasbourg serait non-conforme."
Une contamination régionale
En 2023, un consortium de médias intitulé le Forever Pollution Project avait révélé l'étendue de la pollution aux PFAS en Europe. En Alsace, les bords du Rhin sont particulièrement touchés. L'enquête, republiée par Rue89 Strasbourg, révélait la contamination de 200 sites en Alsace, avec un pic à 941 ng/l dans la commune du Vieux-Thann dans le Haut-Rhin.
Rue89 Strasbourg a aussi cartographié les résultats d’une étude de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) sur les prélèvements d’eaux rejetées par des entreprises alsaciennes pouvant "présenter des dangers (incendie, explosion, etc.) pour l’environnement, la santé et la sécurité publique" Cette étude a révélé la présence de PFAS dans 99 des 116 sites analysés en Alsace. Parmi eux, des entreprises de l’Eurométropole de Strasbourg comme la papeterie Blue Paper à Strasbourg, le complexe Alsachimie et Butachimie de Chalampé (Haut-Rhin) ou encore le cimentier Holcim à Altkirch.
Toute la nappe alsacienne polluée
Cette pollution de l’eau se retrouve aussi au niveau de la nappe phréatique d'Alsace. En 2024, Rue89 Strasbourg a détaillé les résultats d'une étude réalisée par l’Observatoire de la nappe d’Alsace (Aprona). Cette dernière a révélé que 97,5% des 200 points de mesure en Alsace sont contaminés par l'acide trifluoroacétique, appelé TFA. Cette molécule, de la famille des PFAS, est très peu connue. Aucune étude n’a encore été réalisée pour documenter sa toxicité. De ce fait, elle continue à être utilisée.
Ce que l'on sait, en revanche, c'est que le TFA est issue de la dégradation d’un pesticide fluoré, le flufénacet. Ce pesticide, utilisé dans les grandes cultures céréalières (blé et orge principalement), est vendu par les entreprises Bayer et BASF. La commercialisation de ce produit, officiellement reconnu comme perturbateur endocrinien l'année dernière, devait cesser en 2013. Mais le pesticide a fait l’objet de neuf dérogations émanant de la Commission Européenne, permettant à Bayer et BASF de continuer réaliser à vendre cette molécule toxique.
Une recherche de solutions en cours
Face à l’urgence de la situation, des chercheurs de l’Université de Strasbourg se sont fixé comme objectif de trouver une solution contre l’accumulation de cette pollution (lire notrearticle). Stéphane Vuilleumier et Michaël Ryckelynck cherchent ainsi le micro-organisme qui sera capable de dégrader les milliers de PFAS existants pour lutter contre leur accumulation dans les milieux naturels. Un projet audacieux et complexe, toujours en cours au moment de publier cet article.
D'autres solutions sont envisagées pour dépolluer les environnements. D’abord par une interconnexion des réseaux d’eau pour diluer les polluants. D'autres communes préfèrent installer des filtres au charbon actif (en projet à Mommenheim). Selon une enquête publiée par Le Monde, "la facture vertigineuse que les Européens devront payer pour éliminer les PFAS de leur environnement" se situe "entre 95 et 2 000 milliards d’euros sur vingt ans".
L'école maternelle Albert Le GrandPhoto : Google Maps
Des parents et des enseignants de l’école maternelle Albert Le Grand à Strasbourg se mobilisent vendredi 31 janvier pour mettre à l’abri une petite fille de 4 ans et sa famille, actuellement à la rue.
Malgré tous leurs efforts, aucune solution d’hébergement n’a été proposée au collectif de parents et d’enseignants de l’école maternelle Albert Le Grand au Neudorf. Depuis novembre, ils interpellent la Ville de Strasbourg et la préfecture du Bas-Rhin sur cette situation, sans succès. Déterminés et voyant les températures nocturnes hivernales baisser, ils ont décidé de manifester vendredi 31 janvier devant l’école, afin de rendre publique la détresse de cette famille.
Dans un communiqué, le groupe de parents d’élèves indique être « soutenu par le collectif Pas d’enfant à la rue » mais « sans résultat malheureusement pour l’instant, malgré de nombreuses demandes aux pouvoirs publics et un appel quotidien au 115, pris d’assaut à cette période ».
Nouvelle occupation ?
Dans leur texte, les parents d’élèves préviennent que « si aucune solution n’est proposée dans les prochains jours pour trouver un toit à cette famille, nous n’excluons pas de faire dormir la petite fille et ses parents dans l’école, en attendant une nouvelle positive des services de l’État ».
Les parents de l’école Albert Le Grand s’inspirent d’une opération menée par les parents de l’école Saint-Jean près des Halles. Une occupation nocturne de l’établissement avait permis de débloquer des hébergements temporaires pour quatre familles d’élèves sans-abri.
Jacques Bresson, bénévole de MonTramJyTiens soutient le projet de tram nordPhoto : Pierrot Destrez / Rue89 Strasbourg
Conglomérat de 27 associations, le collectif Cap tram nord a réagi mardi 28 janvier à l’avis défavorable de la commission d’enquête au projet d’extension du tram vers le nord de l’agglomération. Il espère que les élus vont abandonner leurs querelles pour que l’extension se réalise rapidement.
Rassemblés mardi 28 janvier, les membres de 27 associations rangées sous la bannière du collectif Cap tram nord ont déploré « l’instrumentalisation politique en prévision des élections municipales de 2026 » du projet d’extension du tramway vers le nord de l’agglomération. Principal chantier d’aménagement du mandat écologiste à la Ville et à l’Eurométropole de Strasbourg, le projet du tram nord a été vivement combattu par l’opposition. Il est bloqué depuis décembre suite à un avis défavorable de la commission indépendante d’enquête publique.
Réagissant un mois après cette annonce, le collectif dénonce des luttes politiciennes « indécentes » et appelle à un « front commun transpartisan […] pour résoudre de façon intelligente, constructive et programmatique les problèmes auxquels l’Eurométropole est et sera confrontée ».
Le collectif fait référence au changement climatique et à ses effets sur la santé des habitants de l’agglomération. Pour Jacques Bresson, de l’association MonTramJTiens, « le dérèglement climatique n’attend pas » alors que la commission d’enquête évoquait un « faux sentiment d’urgence ». Après les pics de pollution enregistrés en janvier, Jacques Bresson fustige l’absence d’alternatives proposées par la commission, bien que ce ne soit pas son rôle. « Il faut qu’ils se positionnent sur autre chose, on ne peut pas en rester là », déplore-t-il.
Un projet perfectible
Selon le collectif, le rapport de la commission d’enquête met en exergue les craintes des automobilistes, tout en minorant les effets de la circulation sur la qualité de vie et la santé des habitants de l’Eurométropole. Avec le tram nord et ses aménagements, notamment un grand parc entre Strasbourg et Schiltigheim, le collectif espérait une amélioration de la qualité de l’air, une diminution de la pollution sonore, un désengorgement de la station Homme-de-Fer et un meilleur partage de l’espace public entre les modes de transports. « On veut moins de voitures », résume Jacques Bresson alors que la commission d’enquête a rappelé à plusieurs reprises que les voitures étaient essentielles aux déplacements.
L’objectif du tram nord était aussi de relier les quartiers du nord de l’Eurométropole au centre de Strasbourg, au nom d’une « équité territoriale ». De vastes ensembles résidentiels ne peuvent se rendre à Strasbourg que par des bus très fréquentés et à la fiabilité dégradée. « Les habitants du nord de l’Eurométropole sont des citoyens punis, » assure de son côté Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, une autre association membre de Cap tram nord. Il déplore un manque global d’infrastructures de transports, notamment cyclables, pour la cité des Écrivains, un quartier prioritaire de Schiltigheim et Bischheim.
Cap tram nord a adressé une lettre au préfet du Bas-Rhin pour qu’il prononce l’utilité publique du projet malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique. Une possibilité qui est survenue en 2019, après les avis défavorables contre l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO), et qui avait permis sa construction. Mais le GCO était alors porté par l’État, tandis que le tram nord est porté par l’Eurométropole et la Ville de Strasbourg, souvent en opposition à la préfecture du Bas-Rhin. En attendant, le collectif prévoit d’organiser « plusieurs actions publiques » afin d’éviter que l’extension du tram vers le nord ne soit oubliée par les élus.
Total fait des dons à l’Université de Strasbourg, notamment pour l’école de chimie. Rue89 Strasbourg a pu consulter une convention de mécénat, document sensible dévoilant l’emprise que la multinationale souhaite établir dans l’enseignement supérieur et la recherche.
Total et l’Université de Strasbourg (Unistra) auraient préféré garder ce document confidentiel. Quand il s’agit d’un partenariat entre une université et une multinationale pétrolière, l’opacité est la règle. Le collectif Scientifiques en rébellion en a fait les frais. En juin 2024, le groupe de doctorants et doctorantes a demandé à l’Unistra les termes d’une convention de mécénat avec Total. Sans réponse, le collectif a saisi la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). Elle a ainsi contraint la fondation Jean-Marie Lehn à transmettre des informations en janvier 2025. Cette fondation a été créée pour faire transiter l’argent entre des groupes privés et le pôle de recherche en chimie de l’Unistra. Révélations sur un document qui expose l’influence que peut avoir une entreprise comme Total sur le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche.
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Philippe Carli (à gauche), le président du groupe Ebra, propriétaire des DNA et de l'Alsace, lors d'une conférence au club de la presse de Strasbourg en janvier 2023.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg
Le P-DG du groupe Ebra a annoncé sa démission ce mardi 28 janvier. Philippe Carli se trouvait sous pression des rédactions du groupe après avoir affiché son soutien à l’extrême-droite sur LinkedIn.
« Les collègues sont heureux et soulagés de pouvoir continuer d’être un média crédible, non-militant et non-politisé. » Déléguée syndicale SNJ aux Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA), Marie-Sophie Kormann savoure la nouvelle : le P-DG du groupe Ebra a annoncé sa démission mardi 28 janvier. Comme l’a révélé Mediapart, Philippe Carli exprimait son soutien à l’extrême-droite sur LinkedIn à travers des « j’aime » concernant des publications de la députée européenne Sarah Knafo (Reconquête) et d’autres personnalités d’extrême-droite.
« Pour un salarié, ce serait une faute grave »
Depuis, plusieurs syndicats du groupe Ebra, propriétaire de neuf titres de presse régionale à l’Est de la France, ont appelé à sa démission : « On avait tous la même approche, explique Marie-Sophie Kormann, pour un salarié ce serait une faute grave, il en est de même pour un directeur général du groupe Ebra, on ne peut pas utiliser les réseaux sociaux comme ça. » Du côté des DNA et de l’Alsace, une lettre ouverte a aussi été adressée à la direction du groupe lundi 27 janvier. Mardi 28 janvier, elle avait récolté les signatures de 90 salariés des deux titres de presse quotidienne régionale. Voici un extrait du courrier :
« Fiers d’exercer au sein de titres historiquement porteurs des valeurs de l’humanisme rhénan et de la Résistance, nous exprimons notre consternation et notre colère à l’adresse d’un dirigeant décrédibilisé qui, par ses prises de position publiques, entache notre réputation et notre travail. Nous réaffirmons l’indépendance de notre travail journalistique. Nous demandons aux dirigeants du Crédit Mutuel de tirer toutes les conséquences du discrédit provoqué par l’expression publique de Philippe Carli. »
Selon Marie-Sophie Kormann, Philippe Carli ne manquera ni aux journalistes, ni aux responsables syndicaux des rédactions propriétés du groupe Ebra :
« Les salariés le voyaient une fois par an. En général, c’était pour nous parler de la manière dont il va couper dans les coûts de fabrication, la masse salariale. C’est un patron qui est venu en disant qu’il allait redresser les titres, en développant le chiffre d’affaires et les activités annexes, comme l’événementiel, et en faisant des économies. Le seul constat qu’on a pu faire, c’est qu’il sait faire des économies. »
Le Crédit Mutuel reconnaissant
Par communiqué, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale « salue cette décision responsable » de Philippe Carli. Le Crédit Mutuel, actionnaire unique du groupe Ebra, estime que cette démission « doit permettre aux rédactions du groupe Ebra de retrouver leur sérénité dans un contexte économique qui reste difficile pour le secteur. » Et le groupe bancaire de saluer l’action de l’ex-P-DG :
« Il a fait preuve d’un engagement sans faille pour profondément transformer et assurer la pérennité des neuf titres du groupe, confrontés à une crise sans précédent (crise démocratique, digital first, explosion des coûts du papier et de l’énergie, tension sur le portage, inflation, pression des gratuits, etc.). »
« Il y a eu ces dernières années trois suicides que nous n’oublions pas. »
Jean-Frédéric Tuefferd, représentant SNJ-CGT des DNA
Représentant SNJ-CGT des DNA, Jean-Frédéric Tuefferd dresse un bilan plus critique des sept années du P-DG à la tête du groupe Ebra :
« Avec pour mot d’ordre Digital first, Philippe Carli a engagé beaucoup de réformes et a laissé beaucoup de gens sur le bas côté. Il a voulu moderniser l’entreprise avec une certaine brutalité dans la méthode. Il y a eu ces dernières années trois suicides que nous n’oublions pas. »
Une suite pleine d’interrogations
Du côté des syndicats des DNA, on s’interroge aussi sur la suite au niveau social. Comme l’indique la représentante SNJ-CGT Marie-Sophie Kormann, « de nouvelles négociations pour encore rogner nos acquis sociaux allaient s’ouvrir, sur notre congé épargne-temps, sur la grille de rémunération et sur la création de deux catégories de journalistes et cadres administratifs. Les anciens garderaient leur temps de travail et leur salaire tandis que les nouveaux travailleraient au forfait-jour. »
Le groupe Ebra n’a pas annoncé de directeur par intérim à sa tête. Dans son communiqué, le Crédit Mutuel indique vouloir « poursuivre les travaux en vue du rétablissement économique du Groupe Ebra pour atteindre l’équilibre financier ».
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l'extrême-droite à l'hôpital public en passant par la maison d'arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l'expertise-psychiatrique.
Des visages et des témoignages d'habitants et d'habitantes des campements. Des révélations sur le business de l'hébergement d'urgence, sur les expulsions de familles par l'État, sur la tension alimentaire à Strasbourg, ou sur la réalité du plan Grand froid, au-delà de la communication préfectorale. L'engagement de Rue89 Strasbourg sur le sans-abrisme, c'est de vous donner accès à toutes ces informations qui font rarement la Une des médias traditionnels.
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