Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

À Strasbourg, la préfecture banalise la vidéosurveillance par drone

À Strasbourg, la préfecture banalise la vidéosurveillance par drone
L’État a autorisé l’utilisation de drones pour surveiller Strasbourg pendant dix jours en janvier.

La préfecture du Bas-Rhin autorise les services de police à utiliser des drones pour surveiller Strasbourg pendant dix jours de janvier alors qu’aucun événement particulier n’est prévu à ces dates.

C’est une évolution classique pour les dispositifs sécuritaires. À Strasbourg, au tout début, les drones ont été utilisés dans les quartiers populaires. Ensuite, ils ont discrètement surveillé des manifestations. Puis ils sont apparus sur des évènements comme le Marché de Noël. Mais désormais, la vie courante semble suffire. Pendant dix jours du mois de janvier, la police nationale est autorisée à surveiller avec trois drones une zone très étendue de la ville.

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Colloque et expo Visual ecologies : études sur les images du monde vivant dans l’ère capitaliste

Colloque et expo Visual ecologies : études sur les images du monde vivant dans l’ère capitaliste
Élise Haselvander, Enquête matériaulogique (marbre rose et bordeaux) exposée du 22 et 24 janvier à la Misha, 2023.

Mercredi 22, jeudi 23 et vendredi 24 janvier, l’Université de Strasbourg et la Haute école des arts du Rhin accueillent les travaux d’Ornella Baccarani, Sonia Verguet, Julie Patarin-Jossec et Alexandra David. Les artistes exposent après avoir travaillé sur les rapports des humains aux écosystèmes dans le cadre d’une résidence appelée Visual ecologies.

Alors que des incendies ravagent Los Angeles et que de nombreuses images de cette catastrophe inondent les médias et les réseaux sociaux, le programme de recherche Cultures Visuelles de l’Université de Strasbourg étudie depuis 2023 les images de « mégafeux ». 

Dans ce laboratoire, les chercheurs et les chercheuses tentent de comprendre les effets de ces images sur les imaginaires dans un contexte de crise écologique. En lien avec ces grandes thématiques, un colloque est organisé les 22, 23 et 24 janvier : « Écologies visuelles : Expérience et vie des images à l’heure du capitalocène » (ère du capitalisme, NDLR).

Ce colloque accueillera aussi la sortie d’une résidence coordonnée par Sophie Suma et Simon Zara, Visual Ecologies, quatre artistes présenteront leurs travaux : Ornella Baccarani ; Sonia Verguet (designeuse culinaire) ; Julie Patarin-Jossec (sociologue) et Alexandra David.

Explorer les fonds marins

Ainsi mercredi 22 janvier à partir de 18h à la Cryogénie, Julie Patarin-Jossec, sociologue, cinéaste et performeur·se, se sert de ses explorations maritimes pour expérimenter différentes techniques d’imagerie. Développant un lien particulier à la matérialité de la photographie, la technique argentique lui permet de penser, dans sa démarche artistique, l’impact écologique des techniques utilisées pour créer.

Dans des séries de photographies et films, l’artiste fait parler la faune et la flore sous-marines, en tentant ainsi de reconsidérer la marchandisation des espèces et l’exploitation du vivant.

Pendant l’évènement, Julie Patarin-Jossec présentera son film The Measurement réalisé en 2023. Sa diffusion sera accompagnée d’un corpus de documents qui restituera son processus de recherche et l’articulera à son processus créatif.

Composé de photographies en noir et blanc tirées d’une exploration aquatique de l’artiste, The measurement présente un dialogue entre deux huîtres, enfermées dans une ferme aquacole, discutant de la politique spéciste et de la domestication des mollusques. 

Présentées comme les personnages principales de l’intrigue, les huîtres permettent à Julie Patarin-Jossec de repenser les manières de considérer l’univers non-humain. Elle critique un rapport qu’iel définit comme « colonial » à l’environnement (proposant d’articuler les questionnements écologiques à des revendications queers et féministes). Dans son travail, il ne s’agit plus de considérer le vivant comme une simple ressource mais plutôt de l’envisager comme un élément dont l’existence ne consiste pas à servir la vie humaine.

Penser la présence et l’absence de l’eau

Jeudi 23 janvier à partir de 19h30 à La Chaufferie, Ornella Baccarani, Sonia Verguet et Alexandra David s’associent à Béatrice Josse (curatrice, autrice, enseignante) pour une performance dînatoire immersive intitulée Slow-Water.

Ornella Baccarani est plasticienne et travailleuse de l’art. Son travail prend des formes diverses mais s’attache toujours à témoigner d’un ressenti intime et subjectif. Le quotidien la traverse et l’inspire : elle pense ses œuvres à partir du territoire, de ses habitants et de ses habitantes, du collectif et du monde qui l’entoure :

« À l’heure de la sixième extinction de masse, au moment où les idées climatosceptiques fleurissent sur X, avec la réélection de Trump, avec tout ce qu’on connaît de destruction du vivant, notre organisation sociale et économique qui considère le vivant comme une ressource, je véhicule malgré moi dans mes productions quelque chose qui va parler de cet état du monde. »

Ornella Baccarini

Au sein de ses créations, l’intime et le collectif coexistent et s’influencent en un mouvement perpétuel. Souvent, elle imagine des collaborations ou œuvres collectives. Durant leur résidence d’ailleurs, Ornella Baccarani et Sonia Verguet ont réalisé ensemble une œuvre abordant le port de Strasbourg. 

Penser l’eau jusqu’à l’assiette

Sonia Verguet est designeuse culinaire. À travers ses buffets, elle tente de créer des liens, de susciter des échanges entre les participants et les participantes, notamment à travers les « occasions de bavardage » engendrées par les projets qu’elle conçoit.

Dans le cadre de la résidence Visual ecologies et pour parler de la thématique de l’eau, Sonia Verguet travaille à partir d’aliments qui nécessitent peu d’eau pour pousser (oignons, algues, vermicelles de Konjac…). Elle invite les participants et les participantes à s’interroger sur la quantité d’eau dans leur alimentation et sur la place de cet élément dans notre quotidien. Dans ce cadre, la nourriture n’est plus une simple ressource mais véhicule une possibilité de sensibiliser à l’écologie. 

« Les designers enlèvent, c’est le but de notre travail d’épurer, dit-elle. Je trouve que les designers, de fait, ont un regard presque écologique sur les choses parce qu’ils vont à l’essentiel. » Dans ses projets, comme dans ceux d’Ornella Baccarani, chaque geste, chaque élément est pensé – au mieux – en fonction de son coût, dans une logique éthique et écologique.

Au sein de l’espace de la Chaufferie, ce moment de restitution propose une rencontre entre les des deux artistes. Les travaux d’Ornella Baccarani (textuels, sonores…), ainsi que l’atmosphère visuelle et sonore immersive ici pensées (luminosité tamisée, jeux de reflets, bruits d’eau…) amplifient l’expérience gustative imaginée par Sonia Verguet. Quant à Alexandra David, elle invitera le public à essayer de devenir une grenouille.

Une restitution en ligne

Fruit d’un partenariat entre le programme de recherche Cultures visuelles et la Cryogénie, ce projet a été pensé dans une volonté de mettre en lumière l’articulation entre recherches scientifiques et recherches artistiques. En plus de ces propositions pensées dans des lieux d’exposition strasbourgeois, il est possible d’accéder à une restitution en ligne de ces résidences (composée d’entretiens, de schémas, de textes… qui permettent de mieux comprendre le travail de recherche et de création des artistes).

Manifestation pour la Palestine devant le Parlement européen mardi 21 janvier

Manifestation pour la Palestine devant le Parlement européen mardi 21 janvier
Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées, le 22 octobre 2024, pour dénoncer l’attribution d’un label européen à une ville Israélienne.

Le collectif Palestine 67 appelle à une mobilisation mardi 21 janvier devant le Parlement européen, en présence de quelques eurodéputés de gauche. L’objectif est d’interpeller les parlementaires européens afin d’obtenir la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

Le collectif Palestine 67 organise mardi 21 janvier entre midi et 14h un rassemblement devant le Parlement Européen, en présence d’eurodéputés de La Gauche européenne tels que Manon Aubry, Mounir Satouri ou encore Marc Botenga. Avec cet événement, le collectif souhaite appuyer une campagne internationale visant à suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne (UE) et Israël.

Cet accord, entré en vigueur en 2000, élève Israël au rang d’État associé de l’UE, lui permettant ainsi de bénéficier de financements européens. Ce partenariat n’a pas été révoqué après les bombardements systématiques de l’État hébreu sur la bande de Gaza au lendemain de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023. Les organisateurs du rassemblement réclament en outre un cessez-le-feu définitif et une réponse à la question de la Cisjordanie, dont l’occupation a été dénoncée par un rapport de la Cour Internationale de Justice en juillet.

Un week-end dédié à la cause palestinienne

Ce rassemblement se déroule dans le cadre d’un week-end européen de mobilisations en faveur du peuple palestinien. Une initiative portée par le Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, qui prévoit des manifestations dans plusieurs grandes villes ce week-end.

Jeanne Barseghian appelle les propriétaires de biens vides à loger les enfants à la rue

Jeanne Barseghian appelle les propriétaires de biens vides à loger les enfants à la rue
La maire de Strasbourg demande aux propriétaires de logements vacants de se mobiliser pour mettre à l’abri les familles à la rue cet hiver.

La maire de Strasbourg appelle les propriétaires publics et privés de logements vacants à la solidarité. En plein hiver, des centaines de personnes dont de nombreux enfants dorment dehors.

« Face à l’urgence dramatique d’enfants qui, le soir venu, sont contraints de dormir à la rue ou dans des voitures, je lance un appel à la solidarité à tous les propriétaires, publics comme privés, de logements vacants, déclare Jeanne Barseghian (Les Écologistes), maire de Strasbourg. Vous pouvez agir, vous pouvez permettre à des enfants d’avoir un toit. »

Dans un communiqué publié ce 20 janvier, la municipalité rappelle qu’en plein hiver, « des centaines de personnes dont de nombreux enfants dorment dehors. Chaque semaine, la Ville de Strasbourg réceptionne de nouveaux signalements d’enfants à la rue scolarisés dans ses établissements ». D’après la Ville, chaque nuit, elle met « près de mille personnes à l’abri », notamment grâce à la création de nouvelles places d’hébergement.

Un accompagnement de la Ville pour les propriétaires

En partenariat avec l’association Les Petites Roues, la municipalité héberge 30 familles dans ses logements vacants, mais son patrimoine disponible est « en voie d’épuisement ». Elle appelle donc à « un sursaut général de solidarité ». Sur le territoire de l’Eurométropole, environ 3 800 appartements privés sont vacants depuis au moins deux ans.

« Je crois en la solidarité strasbourgeoise qui s’est largement manifestée lors de la crise des réfugiés ukrainiens, assure Jeanne Barseghian. La Ville continuera résolument son engagement et se tient à disposition pour accompagner tout propriétaire souhaitant rejoindre cette dynamique dans la mobilisation de logements. »

Par ailleurs, la municipalité affirme avoir organisé une réunion ce 20 janvier pour réunir l’ensemble des partenaires du territoire pouvant agir dans le champ de l’hébergement d’urgence. « La Collectivité européenne d’Alsace, l’Eurométropole de Strasbourg, les bailleurs sociaux Habitation Moderne et Ophéa et l’association les Petites Roues ont répondu présent », détaille-t-elle. Avant de regretter l’absence des services de l’État, pourtant en charge, théoriquement, de loger inconditionnellement toutes les personnes qui le demandent.

Manifestation jeudi 23 janvier pour que la Collectivité d’Alsace loge des familles à la rue

Manifestation jeudi 23 janvier pour que la Collectivité d’Alsace loge des familles à la rue
En plein hiver, en 2025, des enfants dorment dehors à Strasbourg.

Des personnels éducatifs appellent à un rassemblement jeudi 23 janvier pour demander un plan de lutte contre le sans-abrisme. Le rendez-vous est fixé devant le Palais de la musique et des congrès, où la Collectivité européenne d’Alsace organise ses Assises de la protection de l’enfance.

« Monsieur le Président de la Collectivité européenne d’Alsace, il y a urgence. » C’est ainsi que commence la lettre ouverte destinée à Frédéric Bierry (LR), signée par les personnels mobilisés de 41 établissements scolaires alsaciens, 11 collectifs et associations de parents d’élèves, 19 associations et syndicats, 28 élus et élues, ainsi que trois militants et militantes.

Les signataires affirment dans leur lettre que « 80 à 100 enfants dorment dehors » à Strasbourg, alors que « l’hébergement d’urgence est un droit inconditionnel » en France, théoriquement. Face à ce constat, un rassemblement est organisé devant le Palais de la musique et des congrès, jeudi 23 janvier à 17h45, à l’occasion des Assises européennes de la protection de l’enfance. Ces dernières sont organisées par la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), qui est en charge de l’aide sociale à l’enfance.

Pour un plan d’action global

Les personnels éducatifs mobilisés estiment que l’État et les collectivités territoriales doivent cesser de se renvoyer les responsabilités mais plutôt mettre en place « un plan d’action global » ensemble. Ils demandent également « la communication et la mise à jour régulière du nombre et de l’état des logements vacants dont l’État et les collectivités sont propriétaires, qui pourraient être mis à disposition pour temporairement loger des familles ».

Pour rappel, la CeA se disait d’accord sur le principe d’héberger des personnes sans-abri dans ses logements de fonction vides en novembre, lorsque le personnel du collège Lezay Marnésia occupait l’établissement pour y mettre à l’abri des familles d’élèves. Mais la Collectivité avait finalement prétexté que ce n’était pas possible puisqu’elle souhaitait déjà y héberger des jeunes majeurs isolés.

Pour les signataires de la lettre, les Assises de la protection de l’enfance devraient être le moment d’initier une réflexion sur le logement des sans-abris, vu le « danger imminent » que représente le manque d’hébergements d’urgence pour les familles et les enfants à la rue.

En Alsace, des polluants éternels dans les rejets d’une centaine d’usines

En Alsace, des polluants éternels dans les rejets d’une centaine d’usines
L’entreprise Blue Paper à Strasbourg fait partie de ces usines alsaciennes dont les rejets contiennent des polluants éternels.

L’État a réalisé des analyses dans les eaux rejetées par 116 entreprises alsaciennes. Elles révèlent la présence d’un ou plusieurs polluants éternels dans la grande majorité des cas.

100 milliards d’euros par an pendant 20 ans. C’est le prix à payer pour les européens pour pouvoir débarrasser leur environnement des « polluants éternels », ces substances chimiques per- et polyfluoroalkylées (PFAS), selon une enquête publiée par Le Monde ce 14 janvier. Les responsables derrière cette pollution massive : les industriels qui utilisent des PFAS depuis les années 1950.

L’Alsace ne fait pas exception. La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a publié fin novembre le résultat de prélèvements réalisés dans les eaux rejetées par 116 entreprises alsaciennes appartenant aux Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).

Soutenez un média qui enquête sur les atteintes à l’environnement

Pour accéder à la suite de cet article, il faut être abonné. Pourquoi ?

Engagée contre les atteintes à l’environnement, la rédaction suit de près les enjeux écologiques et travaille sur les alertes qui lui sont transmises. Sans Rue89 Strasbourg, la pollution de l’eau potable par les pesticides et des projets comme un stade de biathlon dans les Vosges, ou une route sur la colline de Lorentzen seraient bien moins connus des Alsaciens.

Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

Pour poursuivre ce travail, unique en Alsace, nous avons besoin d’une petite contribution de votre part. Chaque abonnement compte. Toutes les recettes servent directement à financer un journalisme engagé et documenté sur l’environnement à Strasbourg et en Alsace.

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous

À Hoenheim, des familles se relayent pour loger des enfants à la rue

À Hoenheim, des familles se relayent pour loger des enfants à la rue
Ramon Pacheco et Esther Pinillos, sociologue et professeure d’espagnol, accueillent depuis le 2 janvier une famille de cinq personnes.

Depuis le 20 décembre, trois foyers se sont relayés à Hoenheim pour loger cinq personnes dont deux enfants d’origine géorgienne, qui sinon dorment dans une voiture. Ces parents d’élèves se disent sidérés par l’inaction de l’État, qui ne met pas la famille à l’abri.

Dans une maison mitoyenne de Hoenheim, Ramon et Esther, 43 ans, accueillent depuis le 2 janvier la famille de deux fillettes qui vont à l’école avec leurs trois enfants. « Avant Noël, nous avons appris qu’ils dormaient dans leur voiture, les températures étaient négatives, on ne pouvait pas les laisser dehors », retrace Ramon. C’est la troisième famille qui se relaye pour loger ces cinq personnes, le grand-père, les parents et deux enfants, depuis le 20 décembre.

Lisez la suite pour 1€ seulement

    Jouez un rôle actif dans la préservation de la pluralité médiatique Plongez en illimité dans nos articles et enquêtes exclusives Participez librement à la discussion grâce aux « identités multiples »

Je m’abonne 

Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Ce que contient la décision de radiation du docteur Henri Brunner

Ce que contient la décision de radiation du docteur Henri Brunner
Le docteur Henri Brunner à la sortie de son audience devant la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins du Grand Est.

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

X n’est plus un réseau social, Rue89 Strasbourg s’en extrait

X n’est plus un réseau social, Rue89 Strasbourg s’en extrait
Dès le 20 janvier, Rue89 Strasbourg quitte X.

Rue89 Strasbourg quitte X, considérant que l’ancien réseau social Twitter est devenu une plateforme de désinformation et de propagande au service de ses intérêts et de l’extrême droite.

Depuis qu’il a racheté Twitter en octobre 2022, Elon Musk n’a eu de cesse de transformer le réseau social. Après avoir rétabli les comptes bannis pour avoir propagé des messages haineux ou mensongers, le milliardaire a modifié les algorithmes de la plateforme pour qu’elle affiche plus régulièrement et plus sûrement ses propres publications, qui se font régulièrement le relais de théories fumeuses adorées par l’extrême droite, de la propagande russe ou des manipulations. Il a ensuite supprimé la certification, permettant à de nombreux comptes conspirationnistes de prospérer et de retrouver la même légitimité que des médias ou des dirigeants politiques.

Elon Musk a ensuite supprimé l’essentiel des équipes de modération, arguant que les utilisateurs pourraient s’en charger eux-mêmes via des « notes de contexte » apposées sous les messages. Cette politique n’a évidemment pas empêché les entreprises de désinformation de prospérer mais elle a aussi miné la crédibilité des comptes des scientifiques par exemple, qui se sont retrouvés mis en cause par les utilisateurs dans leur propre domaine d’expertise. Puis le milliardaire s’est alors rapproché de Donald Trump et a mis la plateforme à son service. Lors du dernier mois de la campagne électorale américaine, Elon Musk a publié plus de 3 000 messages sur X selon une analyse vidéo du Monde, à trois quart politiques et pour inciter les utilisateurs et les utilisatrices du réseau social à voter pour Donald Trump.

50% de contenus polémiques en plus

Ça n’aura pris que deux ans mais au final, le résultat est là : X n’est plus un réseau social. C’est un média d’extrême droite, propulsé par ses utilisateurs, dans l’intérêt du milliardaire. David Chavalarias, chercheur du CNRS et auteur de Toxic Data, a démontré que X sur-représentait de 50% les contenus polémiques envoyés aux utilisateurs de la plateforme. Une analyse qui date de 2023, avant que l’accès de X aux chercheurs ne soit coupé.

Pour Rue89 Strasbourg, il n’est donc plus possible de rester sur X. Bien que les quelques 40 000 utilisateurs et utilisatrices qui nous suivent sur cette plateforme ne sont pas d’extrême droite et ne sont pas responsables des choix d’Elon Musk, nous ne pouvons plus participer par notre simple présence à cette vaste entreprise de manipulation. En restant sur X, nous encourageons nos lecteurs et lectrices à l’utiliser, ce qui revient à les exposer à la désinformation, au harcèlement et au pillage de leurs données.

C’est pourquoi lundi 20 janvier, le compte de Rue89 Strasbourg sur X cessera d’être actif. Il restera présent pour éviter un parasitage mais il ne publiera plus rien et nous cesserons de répondre aux messages via ce canal. Parallèlement, l’ensemble de nos fonctions de partages qui sont présentes sur notre site ne renverront plus sur X.

Cette date de départ coïncide avec l’installation de Donald Trump à la présidence des États-Unis, une date choisie par le mouvement Hello Quitte X, initié par David Chavalarias et la journaliste Magali Payen. Ce mouvement propose sur son site des outils pour supprimer son compte X, archiver ses tweets et retrouver ses contacts sur d’autres plateformes comme Bluesky et Mastodon. Rue89 Strasbourg invite tous ses lecteurs et lectrices à nous retrouver sur ces deux plateformes : @rue89strasbourg.com sur Bluesky et @Rue89Strasbourg@mas.to sur Mastodon.

Il est en outre bien évident que si Meta devait suivre la même voie que X, nous nous retirerions de Facebook, Whatsapp et Instagram de la même manière (voir ici tous les réseaux sociaux où nous sommes présents). Ce nouvel épisode nous permet de nous rappeler la nécessité de garder le contrôle sur nos canaux de diffusion. La plus sûre manière de se connecter à Rue89 Strasbourg, outre le site directement, est la newsletter quotidienne.

Deux députés de Strasbourg sur trois votent la censure du gouvernement Bayrou

Deux députés de Strasbourg sur trois votent la censure du gouvernement Bayrou

Jeudi soir, les députés de Strasbourg Sandra Regol (Les Écologistes) et Emmanuel Fernandes (La France insoumise) ont voté pour censurer le gouvernement de François Bayrou, conformément aux consignes de leur parti. Thierry Sother a également suivi la consigne du Parti socialiste et n’a pas voté la censure.

Jeudi 16 janvier après-midi, François Bayrou a échappé à une motion de censure de son gouvernement par l’Assemblée nationale. Déposée par une partie du Nouveau Front populaire, il s’agissait de la 150e motion de censure de la Ve République, mais surtout la 38e depuis la réélection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République !

Il n’y avait guère de suspense étant donné que le second groupe de l’Assemblée nationale, formé par l’extrême droite, a indiqué qu’il ne voterait pas la censure du gouvernement Bayrou. Puis dans la matinée de jeudi, le Parti socialiste a également confirmé, après bien des hésitations, que ses députés ne voteraient pas la censure non plus.

Des avancées ou des reculs ?

Une ligne à laquelle s’est tenue le nouveau député socialiste de la troisième circonscription du Bas-Rhin, soit Strasbourg-nord et Schiltigheim, Thierry Sother. Dans un communiqué, il indique « être toujours dans l’opposition, fidèle au Nouveau Front populaire » mais que des « négociations avec le Premier ministre ont permis d’arracher des victoires ». Il cite notamment l’abandon de la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale, de 500 postes à France Travail. Mais il voit aussi des avancées dans l’augmentation d’un milliard d’euros du budget des hôpitaux et l’ouverture d’une « conférence sociale avec les syndicats » pour remettre en cause « la retraite à 64 ans ». Et il prévient : « je suis plus que jamais prêt à voter la censure ultérieurement, en particulier lors de l’examen du budget, si nos demandes n’étaient plus entendues par le Premier ministre ».

Des arguments qui n’ont pas convaincu Sandra Regol. La députée écologiste de la première circonscription du Bas-Rhin, soit l’essentiel de Strasbourg, a elle-aussi suivi les consignes de son groupe en censurant le gouvernement Bayrou :

« Ces concessions, c’est du vent. La plupart des mesures annulées étaient des reculs considérables par rapport au programme du gouvernement Barnier. Je n’appelle pas ça des victoires. Les écologistes ont été bons élèves dans cette histoire, nous sommes allés rencontrer le gouvernement même si nous considérons qu’il est illégitime. Et le résultat, c’est un discours de politique générale qui ne prévoit rien pour l’environnement, après que nous ayons vécu l’année la plus chaude de l’Histoire. »

Quant à Emmanuel Fernandes, le député de la deuxième circonscription du Bas-Rhin, comprenant le sud de Strasbourg et Illkirch-Graffenstaden, a voté la censure du gouvernement sans hésiter puisqu’il faisait partie des signataires de la motion. Il déplore que les Socialistes s’excluent du Nouveau Front populaire :

« Le Parti socialiste rechute dans ses travers hollandistes, qui ont mené à la défaite en 2017. Le NFP n’a pas vocation à servir de béquille à une Macronie en déliquescence, comme le fait le Rassemblement national. À mon sens, les députés socialistes trahissent leur électeurs en n’ayant pas voté contre ce gouvernement. »

Pour que le gouvernement de François Bayrou soit renversé, il aurait fallu que 288 députés votent le texte. Seulement 131 députés l’ont voté, soit l’ensemble des 71 députés du groupe de La France insoumise, 36 sur 38 députés écologistes, 8 députés socialistes sur 66 et 16 membres du groupe Gauche démocrate et républicaine (sur 17).

Un supermarché ouvre à l’Elsau, après dix ans d’attente

Un supermarché ouvre à l’Elsau, après dix ans d’attente
Le nouveau supermarché de l’Elsau a ouvert le 24 décembre 2024. Une initiative très attendue par les habitants et soutenue par la Ville.

Le 24 décembre 2024, un supermarché Casino a ouvert ses portes à l’Elsau. Un commerce attendu par les 6 300 habitants du quartier, qui n’en avait plus depuis 2015.

Dix ans après la fermeture du supermarché Leclerc, un magasin Casino a ouvert le 24 décembre, rue Watteau dans le quartier de l’Elsau. « Le premier jour on a eu plus de mille personnes », relate Fatih Kiranta, le cogérant du supermarché. En moyenne, il quantifie la fréquentation entre 400 et 600 personnes par jour.

Irène Jestadt est venue faire ses courses du soir au supermarché de l’Elsau.Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

« Je trouve tout ce dont j’ai besoin »

Mardi 14 janvier, Irène Jestadt et Imane Lahsini, habitantes et membres du Conseil citoyen de l’Elsau, sont venues faire leurs courses ensemble. Dans les rayons, Irène Jestadt cherche les ingrédients qu’elle a notés sur sa liste pour son poulet tandoori du soir même :

« C’est plus pratique de venir ici. Avant, je prenais le tram ou le bus pour aller faire mes courses à Auchan ou Lidl (à Hautepierre NDLR). Je dispatchais mes achats en fonction de ce que j’allais faire en ville. »

Une option plus compliquée pour « les personnes à mobilité réduite comme les personnes âgées ou les personnes handicapées », affirme Imane Lahsini qui se déplace en son fauteuil roulant depuis sa naissance. « Je viens parce que les prix sont assez abordables et que je trouve tout ce dont j’ai besoin » confie-t-elle. Tom, du même avis, concède tout de même faire ses « courses du mois chez Lidl. Ici c’est plus pour la bouteille de lait qui me manque ». Derrière sa caisse, Seda Kulaber voit passer les clients toute la journée.« Tout le monde me dit être content », résume-t-elle.

Comme les quatre autres employés du supermarché, Seda Kulaber est une habitante du quartier. Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

Entre 2 500 et 3 000 références

Fatih Kiranta et son frère, Ferhat ont ouvert ce commerce avec l’ambition d’adresser les besoins immédiats des habitants. « On propose entre 2 500 et 3 000 références, avec trois gammes de prix différentes pour chaque produit », note Fatih. Le magasin, de 380 mètres carrés accueille plusieurs espaces pour des produits frais : un espace réfrigéré pour les fruits et légumes, une boucherie et une poissonnerie, ouverte du mercredi au jeudi. « Même Casino ne s’attendait pas à une telle offre », s’amuse le gérant.

Le magasin propose des fruits et légumes, venant du Marché Gare, dans une salle réfrigérée dédiée.Photo : Mahault de Fontainieu / Rue89 Strasbourg / cc

« On n’est pas que commerçants, on est aussi habitants », explique celui qui dit avoir « le commerce dans le sang ». Une expression à prendre au sens propre, puisque Fatih et Ferhat Kiranto sont les fils du gérant du Ege Market, une supérette un peu plus loin sur la même rue. Fatih voulait un magasin à l’image multiculturelle de l’Elsau :

« Ici, on peut venir acheter son jambon, comme sa viande halal. Nous avons reçu des critiques parce que nous ne vendons pas d’alcool mais c’est un choix qu’on a fait avec la Ville. Ici, beaucoup de personnes ont des problèmes d’addiction. C’est peut-être moins rentable mais on préfère attendre que les politiques de la Ville fassent leurs effets dans le quartier, peut-être dans six mois ou un an. »

Un an et demi d’efforts et une subvention

Les deux gérants du Casino ont mis un an et demi à faire aboutir ce projet. « C’était pas facile de décrocher une franchise à l’Elsau, vu l’image du quartier » avoue Fatih Kiranta. Grâce à l’aide de la Ville, ils ont été subventionnés à hauteur de 60% par le Fonds européen de développement régional (Feder) qui finance des projets dans les quartiers prioritaires (QPV). Une aide que Fatih décrit comme « précieuse » : « on a eu pas mal de problèmes pendant les travaux et les agents de la Ville étaient toujours joignables », pointe le gérant d’une trentaine d’années.

Après une boulangerie et une maison de santé, ce magasin est le troisième service à avoir ouvert à l’Elsau, un quartier qui avait été déserté par les commerces. « Il manque juste un distributeur de billets », notifie Seda Kulaber. Un service qui sera bientôt mis en place, assure Hülliya Turan, adjointe à la maire et élue référente du quartier.

Trois familles de l’école Saint-Jean hébergées au TJP

Trois familles de l’école Saint-Jean hébergées au TJP
Lundi soir, parents et enseignants ont aménagé deux salles de classe pour abriter des enfants à la rue avec leurs familles.

Le collectif qui a occupé deux salles de classe de l’école Saint-Jean depuis lundi pour abriter des enfants à la rue indique que trois familles sont logées jusqu’au 15 février au théâtre TJP.

Dans un courriel envoyé mercredi 15 janvier au soir à ses membres, le collectif Solidarité des Bonnes Gens indique mettre fin à l’occupation nocturne de l’école Saint-Jean, débutée lundi 13 janvier. Trois familles dont les enfants sont scolarisés dans l’établissement de la rue des Bonnes-Gens, près des Halles, ont pu emménager mercredi soir dans six chambres d’artistes appartenant au théâtre TJP, rue des balayeurs dans le quartier de la Krutenau. Elles pourront y rester jusqu’au 15 février.

La Ville de Strasbourg a mis en relation le TJP et l’association Les Petites Roues, qui ont signé une convention d’occupation temporaire. « On va assurer le passage de bénévoles sur place », indique Sabine Carriou, présidente de cette petite association qui finance la mise à l’abri de dizaines de personnes précaires grâce à une cagnotte solidaire.

Pour le collectif Solidarité des Bonnes Gens, l’installation de ces « 8 enfants et de 5 parents est une pause bienvenue dans un quotidien trop souvent marqué par l’incertitude ». Pour autant, indique le collectif, « cette avancée est une première étape mais ne signe pas la fin de notre mobilisation ». Le collectif composé de parents d’élèves et d’enseignants entend continuer à venir en aide à tous les enfants sans hébergement dont il aura connaissance pour les mettre à l’abri avec leurs familles en cette période de grand froid. Le collectif se réserve la possibilité de « reprendre l’école pour les loger » en cas d’absence d’autre solution.

En outre, le collectif dispose d’une cagnotte participative, dont les fonds sont utilisés pour « maintenir au chaud » les enfants et les parents se trouvant « dans des situations très précaires ». Sans titres de séjour, ces familles ne peuvent pas être abritées dans une école occupée. Elles craignent de commettre un délit qui pourrait servir de motif pour les renvoyer vers leur pays d’origine.

Débats et ateliers sur le numérique au service du capitalisme de surveillance samedi 18 janvier au Shadok

Débats et ateliers sur le numérique au service du capitalisme de surveillance samedi 18 janvier au Shadok

La coopérative Commown organise une après-midi de sensibilisation autour des enjeux du numérique samedi 18 janvier au Shadok.

Alors que le numérique s’est infiltré dans tous les aspects de la vie contemporaine, la question du contrôle des algorithmes et des données est plus essentielle que jamais. Les gesticulations de l’extrême droite pour mettre la main sur les réseaux sociaux aux États-Unis n’étant qu’un dernier épisode du même problème : nous utilisons des outils que nous ne possédons pas et dont la finalité n’est pas de nous rendre service.

Face à cette situation, qui se dégrade de jour en jour, des alternatives se mettent en place et notamment au sein du mouvement coopératif. Commown par exemple propose de louer ses appareils plutôt que les acheter, ce qui lutte déjà contre le phénomène de mode. Telecoop propose d’en finir avec les abonnements illimités, rappelant le coût écologique de chaque minute d’appel, de chaque mégaoctet téléchargé. Fairphone, une entreprise néerlandaise, construit des téléphones réparables…

Des débats citoyens urgents

Commown propose toute une après-midi pour échanger sur ces sujets samedi 18 janvier au Shadok à Strasbourg. Le programme débute à 14h avec une table-ronde intitulée Obsolescence et capitalisme de surveillance, même combat ! avec Agnes Crepet, responsable de la longévité logicielle chez Fairphone ; Lise Breteau, avocate et membre du collectif GreenIT ; Edlira Nano, doctorante au sein de l’équipe Limites Numériques, membre de La Quadrature du Net et de l’April et Harmonie Vo Viet Anh de Hackstub.

À 15h40, deux ateliers sont programmés au même moment. Le premier imaginera « le numérique en 2040 avec un monde sans smartphone » tandis que le second présentera des solutions pour atteindre la « sobriété numérique ». À 17h30, la journée se terminera avec Donne-moi ta main, une « conférence gesticulée » de Julian Augé qui évoque la surveillance des écoles à Internet en passant par les transports.

À Strasbourg, le plan grand froid de l’État, c’est 13 lits pliables pour sans-abris

À Strasbourg, le plan grand froid de l’État, c’est 13 lits pliables pour sans-abris
Le très modeste plan grand froid de l’État en 2025 à Strasbourg.

Avec les températures négatives, la préfecture du Bas-Rhin a enclenché le plan grand froid dimanche 12 janvier pour augmenter son dispositif d’hébergement d’urgence. Mais concrètement, ce plan ne permet d’abriter que 13 personnes sans domicile fixe supplémentaires à Strasbourg.

Après l’annonce par la préfecture du Bas-Rhin du déclenchement du « plan grand froid – vigilance jaune » dimanche 12 janvier, Rue89 Strasbourg a voulu préciser à quoi cela correspond concrètement. L’État annonçait alors « l’ouverture de places [d’hébergement] supplémentaires » pour les sans-abris, sans donner leur nombre. Interrogée sur ce point, la préfecture n’a pas accepté de donner plus de détails. Peut-être se doutait-elle que l’écart entre les besoins et ce qu’offre le dispositif serait choquant ?

Cet article fait partie de l’édition abonnés. | Déjà abonné ? Connectez-vous

Abonnez-vous maintenant pour poursuivre votre lecture

Abonnez-vous
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,

Monsieur le Préfet, que font ces enfants dans la rue ?

Monsieur le Préfet, que font ces enfants dans la rue ?
Une mère seule et sa fille dorment dehors en plein hiver.

Des dizaines d’enfants dorment dehors à Strasbourg, malgré des températures extérieures négatives. Alors que le préfet du Bas-Rhin est sommé de réquisitionner un gymnase, Jacques Witkowski garde un silence glaçant.

Monsieur le préfet, vous avez dernièrement montré un intérêt fort pour la responsabilité des parents de mineurs interpellés pour des violences urbaines en fin d’année. Vous avez beaucoup communiqué sur ce sujet auprès des médias. À l’AFP, vous résumiez ainsi les courriers envoyés aux parents : « J’ai donc souhaité les interpeller vivement : que fait votre fils dans la rue ? » Depuis le début de l’année 2025, plusieurs associations vous interpellent sur le sans-abrisme à Strasbourg. Toutes font face à votre silence sur la question suivante : « Que font des enfants à la rue en plein hiver ? »

Au parc Eugène Imbs, 31 enfants dorment dehors

Il a fait -5° dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 janvier. Avec des températures du même ordre prévues les jours suivants, la préfecture du Bas-Rhin a annoncé l’activation du niveau 1 du plan « grand froid ». Des places d’hébergement d’urgence supplémentaires ont été ouvertes, d’après un communiqué de la préfecture. Combien de personnes ont pu en bénéficier ? Nos questions auprès du service de communication de la préfecture restent sans réponse. Une chose est sûre : au parc Eugène Imbs, près d’une centaine de personnes, dont deux femmes enceintes et 31 enfants, continuent de dormir dehors. Monsieur le Préfet, que font ces enfants dans la rue ?

Depuis le mois de décembre 2024, des parents d’élèves appellent à l’aide pour héberger 12 enfants scolarisés à l’école Saint-Jean. Ils ont tout d’abord manifesté devant l’établissement. Le collectif Pas d’enfants à la rue vous a envoyé un courrier ainsi qu’à la Ville de Strasbourg pour demander l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence. Faute de réaction des services de l’État, le collectif de la rue des Bonnes-Gens est passé à l’action en occupant deux salles de classe dans la nuit du 13 janvier pour héberger deux familles. Elles auraient dormi dehors sans la solidarité de ces parents d’élèves et des militants et militantes œuvrant pour le droit au logement. Monsieur le Préfet, que font ces enfants dans la rue ?

Sont-ils exclus parce qu’étrangers ?

Selon l’adjointe en charge des solidarités Floriane Varieras, la Ville de Strasbourg a indiqué à la préfecture que plusieurs gymnases sont prêts à accueillir des personnes sans-abri. L’année dernière, à la même période, les températures minimales avoisinaient aussi les moins quatre degrés. Deux gymnases avaient été ouverts pour une capacité totale de 160 personnes. Les deux structures avaient été rapidement saturées. Elles le seraient sûrement cette année encore.

Les sans-abris du camp Eugène Imbs ou de l’école Saint-Jean sont-ils exclus des dispositifs d’hébergement parce qu’ils sont étrangers ? Le code de l’action sociale et des familles dispose, dans son article 345-2 : « Toute personne sans abri en situation de détresse médicale, psychique ou sociale a accès, à tout moment, à un dispositif d’hébergement d’urgence. » Ainsi l’hébergement d’urgence est inconditionnel en France. Monsieur le Préfet, que font donc ces enfants à la rue ?

Mais voilà, la préfecture n’a toujours pas ouvert un seul gymnase. En matière d’hébergement d’urgence, l’État n’a pas d’obligation de résultat. Mais force est de constater que l’obligation de moyens n’est pas respectée. Selon nos informations, la première phase du plan « grand froid » n’a permis que l’ouverture de 13 places d’hébergement supplémentaires…

Un silence glaçant

À moins que la situation actuelle ne soit que l’application d’une doctrine nouvelle ? Le refus d’héberger des êtres humains sans abri par grand froid viendrait-il de la hausse des expulsions d’étrangers exigée par le ministre de l’Intérieur lors d’une réunion en octobre 2024 ? Serait-ce la suite logique de la déclaration du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur l’État de droit, qui ne serait « pas intangible, ni sacré » ?

Si la disparition de l’hébergement inconditionnel en France est désormais officielle, il conviendrait de sortir de ce silence glaçant monsieur le Préfet. Et si ce n’est pas le cas, que font ces enfants à la rue ?

L’Arsea désormais en charge de la gestion de l’hébergement d’urgence dans le Bas-Rhin

L’Arsea désormais en charge de la gestion de l’hébergement d’urgence dans le Bas-Rhin
Abonnez-vous

Cet article fait partie de l’édition abonnés. Pour lire la suite, profitez d’une offre découverte à 1€.

Contribuez à consolider un média indépendant à Strasbourg, en capacité d’enquêter sur les enjeux locaux.

    Paiement sécurisé
    Sans engagement
Abonnez-vous maintenant pour suivre l’actualité locale.

Déjà abonné⋅e ?

Connectez-vous
,