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Mais nous ne lâchons pas cette pression sur les pouvoirs publics et nous resterons mobilisés tant que les conditions de travail sur place ne seront pas satisfaisantes pour les ouvriers, ni tant que les rejets des installations ne seront pas acceptables.
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Devant une soixantaine de personnes mardi 25 avril, Jeanne Barseghian a présenté son plan pour une avenue du Rhin « apaisée ». La réunion publique fut largement marquée par les craintes des acteurs économiques.
Première prise de parole sur la révolution des mobilités concernant la circulation dans l’est strasbourgeois pour Jeanne Barseghian. Ce mardi 25 avril, elle assurait une réunion publique sur la transformation de l’avenue du Rhin ; un « exercice de transparence » pour un « sujet complexe » que la maire promet de prendre « à bras le corps ». L’amorce de l’entreprise peut sembler timide et alambiquée. Mais son cap est ambitieux. D’ici 2030, l’avenue du Rhin pourrait passer à une circulation en 2×1 voie – contre 2×2 voies actuellement. Long de quatre kilomètres, l’axe relie la place de l’Étoile jusqu’au Port autonome de Strasbourg. 41 000 véhicules y circulent chaque jour dont 2 000 poids lourds.
Une ambition empruntée aux socialistes
L’avenue du Rhin est un « axe structurant » de Strasbourg qui conduit directement à l’Allemagne et dessert le Port autonome, « poumon économique » qui représente 10 000 emplois « indispensables ». Elle couvre un bassin de 50 000 habitants, entre le quartier de l’Étoile et celui du Port du Rhin, en passant par de nouveaux quartiers comme le Citadelle. Depuis 2009, l’avenue est considérée comme une « route à grande circulation« . Si l’avenue devait subir des « modification des caractéristiques techniques », l’État devrait y consentir.
Malgré deux arrêtés municipaux interdisant aux poids lourds d’y circuler entre 22h et 6h (2020), voire à toute heure pour ceux « en transit » (2012), les voisins ne constatent pas d’amélioration de leur cadre de vie. Faute de contrôle, l’interdiction n’est pas respectée.
En réalité, cette ambition d’y réduire de moitié la place réservée aux voitures est celle de l’équipe municipale précédente. En 2019, une mission d’information et d’enquête commandée par Roland Ries, formulait à ses adjoints 21 idées pour diminuer le trafic routier, améliorer la qualité de l’air et en faire un « axe apaisé ».
Un timide calendrier
Il conviendra donc pour la municipalité d’accorder les intérêts des acteurs économiques, ceux des usagers, des transfrontaliers et des riverains qui aspirent à une qualité de vie plus saine à proximité de l’avenue. Tout au long de la soirée, les élus évoquent le plan cyclable et le développement des trams « nord » et « ouest » ainsi que la prochaine mise en service de la ligne G comme autant d’alternatives douces au trafic (87% des automobilistes qui empruntent l’avenue du Rhin seraient seuls à bord de leurs voitures, selon les observations de la Ville).
Dans l’hémicycle quasi plein, Jeanne Barseghian a pour la première fois pris la parole sur les ambitions écologistes concernant l’avenue du Rhin. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
Un premier calendrier d’actions, timide et consensuel, a été annoncé par la maire. Un comité de suivi doit voir le jour début mai, une réunion publique doit avoir lieu à l’automne. À l’été 2023, des expérimentations seront menées pour qu’il soit plus facile de traverser l’avenue.
« Nous voulons que le temps d’attente aux feux soit réduit de 40% pour les piétons et cyclistes », précise Anna Trentini, cheffe de projet requalification du réseau autoroutier à la Ville. Dans le même temps elle assure qu’un suivi sera opéré concernant la qualité de l’air, du bruit et du trafic. Voilà pour le concret. Une heure après le début de la réunion d’information, le temps d’échange débute.
Témoignages policés
Dans la salle, Antoine Dubois, élu référent EE-LV Neudorf-Musau a la mission de distribuer la parole à celles et ceux qui le souhaitent. Il invite les acteurs économiques à « témoigner » les premiers. Anne-Marie Jean (Groupe Eurométropole écologiste et citoyenne), présidente du Port autonome et conseillère eurométropolitaine, explique être consciente des enjeux écologiques de l’apaisement de l’axe et fait valoir le « grand esprit de responsabilité » des 450 entreprises du Port.
Régine Aloird, présidente du Groupement des usagers des ports de Strasbourg (GUP), fait tout de suite savoir ses doutes. « Les industriels font déjà beaucoup d’efforts et la Région Grand Est est engagée auprès du Port autonome à assurer deux axes d’accès, je suis inquiète pour les entreprises lorsque vous dites vouloir réduire la taille de l’avenue à 2×1 voies », explique-t-elle. « L’accessibilité est la clé pour l’attractivité du port », abonde sa présidente, qui accepte de contribuer à l’effort mais demande des éléments chiffrés.
Le directeur général de la clinique Rhéna, située au Port du Rhin, fait lui aussi savoir ses questionnements. Certains patients ne peuvent pas utiliser le tram ou le vélo, notamment lorsque les soins sont ambulatoires (sans passer de nuit à la clinique). « Avec 110 000 personnes par an dont 44 000 urgences, il faut que l’accès pour les ambulances et les pompiers soient assuré », estime-t-il.
« Nous sommes au début du processus »
C’est au tour des transfrontaliers puis des voisins et usagers de l’avenue de s’exprimer. Les élus ne réagiront pas aux prises de paroles individuelles. « Nous sommes au début du processus, l’objectif était de réunir ce soir les parties prenantes mais le travail commencera vraiment dans les prochains mois », explique Jeanne Barseghian pour justifier ce choix.
Une habitante témoigne de la poussière noire qui se dépose sur ses fenêtres à cause de la pollution, des excès de vitesse qui rendent l’avenue dangereuse pour s’y promener avec des enfants. Un autre déplore l’absence de carte faisant état de la pollution au fil de l’avenue. « Je comprends bien les enjeux économiques, mais n’est-il pas prioritaire de privilégier la santé et l’environnement de vos concitoyens », raille un autre habitant. « Il faudrait changer de paradigme, redéfinir les enjeux ».
Des représentants d’associations cyclistes (CADR 67 et Strasbourg À Vélo) font valoir leurs demandes : des pistes cyclables séparées et des itinéraires propres et continus. Les élus Alain Jung (vice-président en charge des mobilités à l’Eurométropole, EELV) et Pierre Ozenne (adjoint chargé de la voirie, EELV) réitèrent les engagements municipaux et répètent, une fois encore, que le tram et le vélo sont des transports à privilégier et que le Port autonome est un acteur crucial de la Ville. Peu à peu, l’hémicycle se vide. « Je me demande pourquoi je suis venue », souffle une habitante de Neudorf avant de sortir de la salle.
Mardi 25 avril, une cinquantaine de personnes ont participé à une marche blanche en hommage à Enzo. L’adolescent de 17 ans, originaire de la cité de l’Ill, est décédé après avoir fui la police en sautant dans la rivière de l’Ill. Sa mère a déposé plainte pour « non assistance à personne en danger ».
Peu avant 15 heures, mardi 25 avril, cinq femmes discutent à voix basse. Elles attendent le début de la marche blanche sur le parking du stade de la Thur, dans le quartier de la cité de l’Ill à Strasbourg. « Il a grandi avec nous ce jeune », souffle Déborah qui habite à l’autre bout de Strasbourg, dans un autre quartier populaire, celui du Neuhof. Elle est venue en bus malgré la distance car « quand il arrive un drame, c’est normal d’être solidaire ». Le parking se remplit petit à petit, de nombreux manifestants portent des t-shirts blancs avec une inscription noire : « Justice pour Enzo ». À quelques mètres du point de rassemblement, Enzo s’est jeté dans la rivière de l’Ill pour fuir des agents de la brigade anticriminalité.
Sur le parking du stade de la Thur à la Cité de l’Ill, les soutiens sont pudiques avant le début de la marche et l’émotion plane. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
Des t-shirts blancs et une inscription : « Justice pour Enzo »
Dimanche 2 avril après 23 heures, Enzo se trouve à bord d’une voiture volée. Des agents de la bac repèrent le véhicule et « décident de procéder à son contrôle ». Les jeunes à bord sortent de la voiture, prennent la fuite rue de la Doller et se dispersent, selon le parquet de Strasbourg. Enzo saute dans la rivière de l’Ill et n’en ressort pas. Un corps est retrouvé 16 jours plus tard, le mardi 18 avril. Il faudra encore attendre deux jours pour identifier le jeune Enzo.
Pendant les deux semaines qui ont précédé Déborah était déjà mobilisée lors des battues organisées pour retrouver le garçon de 17 ans. La mobilisation était d’autant plus importante qu’Enzo était connu dans le quartier. « C’est un gamin comique, cascadeur, parfois un peu chiant mais toujours souriant », explique-t-elle avant d’ajouter : « Il était poli, vraiment pas un casseur ». Pendant ce temps sur le terrain de foot voisin, un entraîneur de l’Association Sportive Éducative Cité de l’Ill interpelle la tante d’Enzo. « On veut faire une minute de silence avant le début du match », explique-t-il en l’emmenant à la rencontre des apprenties joueuses.
Avant la marche, la tante d’Enzo va à la rencontre de footballeuses amateures qui font une minute de silence en souvenir de l’adolescent. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
« Il nous faut des réponses »
Puis la cinquantaine de personnes se dirigent vers la rivière de l’Ill. « Que s’est-t-il passé le 2 avril? », demande Edson, porte-parole de la famille, tout en désignant le lieu où le jeune homme est tombé. À une centaine de mètres du parking du stade de la Thur, l’herbe est haute et le rivage mal défini. Un chemin serpente le long de l’eau, au milieu des arbres tombants et des barrières de jardins privatifs. L’assemblée forme un cercle face au cours d’eau. « Nous avons 17 roses blanches que nous allons mettre à l’eau, une pour chaque année de sa vie », poursuit Edson avant de revenir sur le déroulement de la soirée du 2 avril.
« Nous sommes prêts à accepter le décès d’Enzo mais il nous faut des réponses », souffle Francky, un oncle du jeune homme. Samedi 8 avril, la mère d’Enzo a déposé plainte contre X pour « non-assistance à personne en danger » en visant « le policier ayant vu son fils se jeter à l’eau sans lui porter secours », selon ses déclarations et le communiqué du parquet.
Un grand frère aux petits soins
Sous le ciel gris d’un temps pluvieux, toutes et tous respectent la minute de silence. Les regards sont bas et les émotions pudiques. Soixante secondes plus tard, certains tentent d’applaudir. « La famille a besoin de soutien et de se sentir entendue. Elle se demande pourquoi c’est par voie de presse qu’elle a appris que le corps retrouvé était bien celui d’Enzo », clame Edson. Derrière lui, dos à la rivière, la famille se tient silencieuse, têtes baissées.
Pour commencer l’hommage, la famille se rend sur les berges de l’Ill, à 300 mètres de l’endroit où le corps du jeune homme a été découvert, deux semaines après sa disparition. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
« Il était un peu perdu, mais comme plein d’autres jeunes »
Alors que le petit groupe reprend la direction du parking pour entamer la marche blanche, Angelo, un autre oncle, rassemble ses pensées. « Je venais de trouver un patron qui acceptait de prendre Enzo en apprentissage », souffle-t-il, capuche sur la tête. Le jeune homme aurait pu apprendre un métier dans une boulangerie près de chez eux. « Il aimait bien les croissants et ce genre de choses », se souvient Angelo. Il en est convaincu, son neveu était déterminé à devenir boulanger, même s’il était encore déscolarisé : « Il était un peu perdu, mais comme plein d’autres jeunes », estime-t-il en refoulant des larmes.
Angelo a du mal à imaginer son neveu courir pour échapper à la police. « Il prenait surtout soin de sa famille et de moi aussi, pour les courses, le ménage, c’était pas un jeune qui fuyait quoi que ce soit », poursuit-il, la voix coupée. Selon lui, Enzo savait nager. « On a tous fait des conneries quand on était jeunes. Moi aussi j’en ai faites et je les regrette, mais c’est pas une raison”, conclut-il, ses yeux clairs balayant le sol. D’après l’homme un peu vouté sous son t-shirt blanc, Enzo ne savait pas qu’il empruntait une voiture volée. « Quand on monte à bord d’une voiture, on s’assure rarement qu’elle n’est pas volée », poursuit-il.
« C’est un schéma qui se répète »
Depuis l’annonce du décès de son fils, la famille d’Enzo se relaie auprès de sa mère, absente lors de la marche blanche. « C’était trop difficile pour elle », souffle une ancienne voisine. Angélique (le prénom a été modifié) se souvient aussi d’Enzo comme d’un garçon souriant et serviable, « qui aidait beaucoup sa mère ».
Sur les t-shirt distribués à la famille, tous demandent « justice pour Enzo ». Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
Un peu en retrait, Louis (le prénom a été modifié), 25 ans, est venu apporter son soutien à la famille. « C’est un jeune qui est mort dans un contexte de course-poursuite avec la police », assène-t-il. « C’est un schéma qui se répète (en faisant référence à la mort de Zyed et Bouna, morts électrocutés après avoir fui la police, NDLR) et il est important localement de soutenir les familles en deuil », poursuit Louis, qui déplore l’absence de déclarations des partis politiques sur le sujet. Seul le groupe communiste du conseil municipal de Strasbourg a exprimé, par un communiqué publié le 24 avril, ses condoléances à la famille tout en affirmant :
« Sans minimiser aucunement les actes reprochés, il est indispensable que toute la lumière soit faite sur les conditions d’intervention des secours portés au jeune Enzo et sur les circonstances ayant conduit à son décès. »
La marche traverse la cité de l’Ill et se poursuit en direction du tram. Sa destination finale sera le commissariat. « La famille a beaucoup de questions, notamment sur l’absence de vidéos, sur l’identité des policiers de la bac, sur le délai entre la disparition d’Enzo et l’identification du corps, sur le temps que prend l’autopsie… », énumère le porte-parole.
« Personne ne mérite de mourir »
Dans la marche, les hypothèses fusent. « Quand on voit les images de la police pendant les manifestations, qui tournent en boucle sur les chaînes d’info, tu m’étonnes qu’on en ait peur », estime un ami de la famille.
Banderole en hommage au jeune Enzo. Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg / cc
Durant toute la marche, plusieurs personnes questionnent la présence de journalistes sur l’évènement. « Bien sûr qu’il faut en parler, mais il faut voir les commentaires haineux », déplore un marcheur. Avant le début de la manifestation, Déborah a décroché une banderole accrochée sur le grillage du stade. Un texte écrit au feutre noir et rouge, légèrement abîmé par la pluie, affirme notamment : « Ce garçon a eu sa punition et il ne fera plus de mal à personne ». L’air triste, désabusée, la manifestante venue de l’autre côté de la ville regrette de telles réactions : « C’est pas bien d’écrire ça, on ne peut pas juger quelqu’un juste comme ça. Personne ne mérite de mourir. »
Contacté, le parquet de Strasbourg n’a pas répondu aux demandes de précisions de Rue89 Strasbourg, ni sur l’avancée de l’enquête sur les circonstances de la disparition d’Enzo, ni sur une potentielle saisine de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Journaliste pour Mediapart depuis 2007, auteur de documentaires historiques et littéraires et ancien producteur de l’émission « Tire la langue » sur France Culture.
L’intersyndicale appelle à faire de la journée des travailleurs du 1er mai une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites. La manifestation strasbourgeoise partira à 10h de l’avenue de la Liberté.
Dans la foulée de l’allocution d’Emmanuel Macron, lundi 17 avril, l’intersyndicale a appelé à « faire du 1er mai une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire contre la réforme des retraites partout sur le territoire, dans le calme et la détermination » :
« Les propos tenus par le président de la République démontrent qu’il n’a toujours pas compris la colère qui s’exprime dans le pays. Il doit respecter la démocratie sociale et le rejet très majoritaire de cette réforme par la population. »
« Ta réforme on n’en veut pas qu’est-ce que tu ne comprends pas ! »
Dans un communiqué publié le 20 avril, l’intersyndicale a proposé de reprendre pour slogan la phrase d’un homme ayant interpellé le président de la République lors de son passage à Sélestat : « Ta réforme on n’en veut pas qu’est-ce que tu ne comprends pas ! »
À Strasbourg, le départ est prévu à 10h avenue de la Liberté, pour le même parcours que lors des dernières manifestations contre la réforme des retraites : le cortège passera place de l’Homme de Fer, porte de l’Hôpital, rue des Orphelins, quai des Pêcheurs et sur le pont d’Auvergne.
« Une réforme injustifiée, brutale »
Le 1er mai, journée internationale des travailleurs, commémore le début d’une importante grève des ouvriers étasuniens, le 1er mai 1886. Ils demandaient alors la journée de huit heures. Les 3 et 4 mai, plusieurs manifestants avaient été tués par la police.
En 2023, en France, la journée internationale des travailleurs sera aussi consacrée à la libération du temps de travail, en l’occurrence, contre une réforme qui implique de repousser l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Les organisations syndicales soulignent :
« Durant 12 journées de manifestations puissantes, de grèves, d’actions et d’initiatives locales, dans les entreprises, dans les services publics et sur les lieux d’étude, nous avons mobilisé des millions de travailleurs, travailleuses, de jeunes et retraité·es. Nous invitons tous les travailleurs et travailleuses, jeunes, retraité·es, comme l’ensemble de la population à venir massivement, entre collègues de travail, amis, en famille, pour obtenir l’abrogation de cette réforme injustifiée, brutale et injuste. »
Manifestation contre la réforme des retraites le 19 janvier 2023. Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg
Alors qu’Emmanuel Macron essaye de lancer de nouveaux projets, plusieurs syndicats prévoient des actions ces prochains temps, dans le but d’aboutir au retrait de la réforme des retraites. La CGT Énergie a par exemple annoncé 100 jours de colère et menace de « plonger dans le noir » le « Festival de Cannes, le Grand Prix de Monaco, le tournoi de Roland-Garros, le festival d’Avignon » ou encore les déplacements de membres de l’exécutif.
Les forces de l’ordre ont interpellé au moins neuf manifestants en marge de la manifestation contre la réforme des retraites jeudi 13 avril. Cinq d’entre eux ont passé près de 48 heures en garde à vue. Les quatre autres ont été placés en détention provisoire à la maison d’arrêt de l’Elsau tout le week-end avant d’être jugés en comparution immédiate. Témoignages.
Au bout du fil, Anaïs, 20 ans, est fébrile. « J’ai eu un numéro d’écrou… C’est comme si je pouvais être à nouveau emprisonnée très facilement », souffle-t-elle. À la fin de la manifestation contre la réforme des retraites jeudi 13 avril, la jeune femme est interpellée par des agents de la bac. Elle est alors suspectée d’avoir dégradé un abribus et volontairement dissimulé son visage. Lundi 17 avril, Anaïs sera condamnée au tribunal correctionnel pour le premier chef d’accusation, relaxée sur le second.
« Je ne comprends pas pourquoi ils m’ont maintenu si fort »
Dans une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, la jeune femme apparaît à terre, au pied de deux agents de police identifiés par un brassard orange. « Je savais que j’avais fait quelque chose de mal, j’ai fait une crise d’angoisse », explique-t-elle. Moins d’une minute plus tard, Anaïs se relève et est embarquée dans un véhicule des forces de l’ordre. Elle se décrit comme anxieuse et « traumatisée » par deux précédentes gardes à vue.
« Je n’ai pas réussi à tenir le stylo pour signer le papier après ma fouille », poursuit-elle, « je tremblais ». Tout au long de sa privation de liberté, Anaïs rassurera pourtant les autres manifestants au commissariat : « Pour eux c’était la première fois, ils n’avaient aucune idée de ce à quoi ressemblait une cellule. »
Quelques minutes avant l’interpellation d’Anaïs, une quinzaine d’agents de la bac attrapent Jérôme, membre du service d’ordre de la CGT. Il est alors soupçonné d’avoir lancé une bouteille sur les gendarmes. Place de la République, quelques manifestants errent encore vers 17 heures le 13 avril et les forces de l’ordre jettent des grenades lacrymogènes pour les disperser. Le père de famille a enlevé son chasuble syndical un peu plus tôt mais il porte encore un masque pour se protéger des gaz.
L’arrestation de Jérôme. (Vidéo TV / Rue89 Strasbourg / cc)
« C’est la première fois que je suis arrêté », raconte-t-il au téléphone, encore bouleversé. La voix tremblante, il décrit les conditions de sa garde à vue :
« Il faut bien se rendre compte qu’on est présumé innocent quand on est en garde à vue. Pourtant ils n’ont jamais appelé ma femme. On a dû dormir sur du béton. Le petit matelas et la couverture qu’ils m’ont proposé sentaient l’urine, donc j’ai préféré avoir froid. C’est mon avocate qui a réussi à joindre mes camarades de la CGT, qui ont dit à ma compagne que j’étais incarcéré. »
Pas de proches au bout du fil
Jérôme et Anaïs n’ont pas pu parler à leurs proches, de leur interpellation jeudi 13 avril jusqu’à leur sortie de la maison d’arrêt de Strasbourg, lundi 17 avril au soir. « Mes interlocuteurs remettaient systématiquement ma demande à plus tard, il n’y a qu’en prison qu’on m’a à nouveau proposé d’appeler ma femme, mais je n’étais pas en état de le faire, j’étais trop fébrile », poursuit Jérôme. « J’avais le numéro de l’avocat de la CGT dans mon téléphone, mais je n’ai pas eu le droit de le contacter donc j’ai été conseillé par l’avocate commise d’office, qui a très bien plaidé ma défense », enchaîne-t-il.
Le partenaire d’Anaïs a tenté plus de 25 fois de joindre l’hôtel de police le lendemain de son arrestation. Des appels très brefs (quelques secondes) à chaque fois, comme en attestent les captures d’écran transmises à Rue89 Strasbourg. « Il a appris que j’étais en détention provisoire le jour de ma comparution immédiate », explique Anaïs, soit quatre jours après la manifestation.
Un important dispositif policier a été déployé partout où passait le cortège. Photo : GK / Rue89 Strasbourg / ccPhoto : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Contactée par courriel, la police nationale du Bas-Rhin n’a pas donné suite à notre demande de précisions et a renvoyé Rue89 Strasbourg à la page du service public consacrée à la garde à vue. On y lit notamment que « la personne gardée à vue peut demander à communiquer avec un de ses proches par écrit, par téléphone, ou à avoir un entretien ».
Pas de soin en garde à vue
Toutes les personnes interrogées dans le cadre de cet article ont affirmé avoir été averties de leurs droits lors de leur arrestation, notamment de la possibilité d’avoir accès à un médecin. Le 13 avril, alors qu’il est tombé pendant son interpellation, Jérôme a la main en sang. Anaïs, elle, a mal au pied droit. « Un palet de lacrymo brûlant est tombé sur ma chaussure, ça a fait fondre ma chaussette », retrace-t-elle.
Dans les deux cas, les prévenus ont pu voir un médecin mais celui-ci ne leur a pas procuré de soin. « J’avais trop mal pour remettre ma chaussure, heureusement qu’il faisait froid en cellule, je pense que ça a apaisé la brûlure », estime Anaïs.
« En garde à vue, le médecin est là pour attester que l’état de santé des prévenus est compatible avec la détention », indique Me Bolla, l’avocate des manifestants interpellés. « Il peut faire des prescriptions, mais il n’a pas à prodiguer des soins », poursuit-elle.
Une détention inattendue
Après un passage devant la juge de la détention et des libertés environ 24 heures après leur interpellation, Anaïs et Jérôme apprennent qu’ils vont passer le week-end en détention. « Je ne m’y attendais pas du tout, je suis père de famille, employé depuis plus de 20 ans au même endroit, bien sûr que je me serais présenté au tribunal lundi », promet Jérôme : « Il y avait toutes les garanties pour me laisser rentrer chez moi le week-end. »
Pour Anaïs, souffrant de crises d’angoisses, le week-end a été particulièrement éprouvant. « J’ai dit à la juge que j’avais besoin de rentrer chez moi, d’avoir du calme, de retrouver mes repères, mon chat, mon copain… C’était vraiment pas nécessaire, cette détention », regrette-t-elle : « Ça m’a vraiment fait peur. »
La détention provisoire permet au procureur de demander qu’une personne interpellée soit incarcérée jusqu’à sa comparution immédiate, lorsque sa remise en liberté présente un risque. Six cas sont prévus dans la loi, parmi lesquels « empêcher une pression sur les témoins ou les victimes ainsi que sur leur famille » ou « garantir le maintien de la personne mise en examen à la disposition de la justice ». Sur une ordonnance que Rue89 Strasbourg a pu consulter, la juge justifie le placement en détention provisoire par la nécessité de « mettre fin à l’infraction » et « prévenir le renouvellement de l’infraction ».
Une exception, en principe
« La détention provisoire doit être une exception », précise Me Bolla. « J’ai été scandalisée et très étonnée par ces mesures, on a l’impression qu’il s’agit d’une consigne qui a été donnée au parquet et qu’il y a un désir de faire des cas d’école de ces interpellations de manifestants », estime-t-elle.
Une fois arrivés à la maison d’arrêt, dans la soirée de vendredi, « les surveillants ont eu l’air surpris de nous voir arriver et rester, ils ont plutôt l’habitude de voir des personnes accusées de délits plus importants que ceux pour lesquels nous attendions un jugement », estime Jérôme. Il passe le week-end en cellule avec un autre manifestant, avec lequel ils parlent longuement et s’épaulent dans l’attente.
« La cellule doit faire huit mètres carrés, c’était un vrai trou à rat avec aucune intimité. Les toilettes sont ouvertes, il y a une petite table où on ne peut même pas manger mais bon, il y a une télé pour avoir un peu d’information de l’extérieur. »
Jérôme, manifestant placé en détention provisoire
« Évidemment qu’on ne lâche rien »
L’après-midi du lundi 17 avril, près de 96 heures après leurs interpellations, les quatre manifestants sont donc présentés en comparution immédiate au tribunal correctionnel. Tous sont jugés coupables des violences qui leur sont reprochées et écopent de peines allant de travaux d’intérêt général à de la prison ferme.
Aucun n’a été interdit de manifester, malgré les réquisitions systématiques du parquet en ce sens, mais deux d’entre eux ont été condamnés à trois ans d’inéligibilité. « C’est embêtant car je suis représentant syndical depuis 2011 », souffle Jérôme. Inquiet, il a finalement découvert que cela n’impactait que les mandats publics. Il pourra donc se présenter aux élections professionnelles de son syndicat, en juin prochain. « Et de toute façon je vais continuer à manifester, c’est notre droit, évidemment qu’on ne lâche rien », conclut Jérôme.
« Ce qui s’est passé ce week-end m’a mis une énorme claque », admet Anaïs, « je ne m’attendais pas à aller en prison ». La jeune femme est également militante féministe. Participer au mouvement social lui tient à cœur. Incertaine encore de retourner dans les cortèges, elle prévoit, si elle s’y résout, de se cantonner aux défilés syndicaux et de ne pas scander des slogans trop véhéments.
« lls ont réussi leur coup »
Jules (le prénom a été modifié) a lui aussi été interpellé suite à la manifestation du 13 avril pour « participation à un regroupement illégal avec arme et incitation à la rébellion ». Il a été libéré après « 46 heures et 45 minutes » de garde à vue. L’enquête est encore en cours, il sera prévenu des suites par courrier. L’étudiant strasbourgeois de 22 ans nie avoir commis les actes qui lui sont reprochés. Si sa garde à vue a été si longue, c’est selon lui parce qu’entre son interpellation et son audition par un officier de police judiciaire se sont passées 44 heures. Il a ensuite été libéré et n’a pas été emmené en détention provisoire.
En principe une garde à vue dure 24 heures et peut être reconduite de la même durée pour certains motifs. « Je ne suis pas sûre que l’incapacité matérielle d’auditionner un prévenu dans les temps justifie son maintien en garde à vue », estime Me Bolla.
Pour Jules, Jérôme et Anaïs, une chose est claire : ils ont été détenus longtemps car ils sont manifestants. « Et ils ont réussi leur coup, je compte rester en retrait lors des manifestations désormais », explique Jules, qui n’est pourtant pas mis en examen au moment de la rédaction de cet article. Lors du rassemblement lundi 17 avril, auquel il a participé, il dit avoir été mal à l’aise : pour la première fois depuis le début de la mobilisation, il a eu peur. « J’ai vu qu’on pouvait être arrêté pour rien, bien sûr que c’est effrayant et que je trouve ça injuste », assène-t-il.
Après l’annonce du décès d’Enzo, l’association Icared organise une marche blanche en son hommage à la Cité de l’Ill mardi 25 avril.
Pour rendre hommage à Enzo, jeune homme de 17 ans qui s’est jeté dans la rivière de l’Ill pour échapper à des policiers de la brigade anticriminalité (BAC), une marche blanche est organisée à l’initiative de l’association Icared mardi 25 avril.
« Nous sommes solidaires de la douleur [de la famille] et nous voulons leur montrer notre soutien en organisant une marche blanche, une marche pacifique et solidaire en son honneur », explique l’association sur Facebook. Le rendez-vous est donné à 15 heures au stade de la Thur, à la Cité de l’Ill de Strasbourg.
Des battues ont été organisées pour retrouver Enzo. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
Les personnes qui souhaitent participer sont invitées à venir habillées en blanc, « pour réclamer justice et pour exprimer [leur] solidarité envers tous ceux qui souffrent de la perte d’un être cher », selon le communiqué.
L’association appelle à emmener des bougies, « des mots de soutien ou tout autre signe d’affection pour la famille et les proches d’Enzo ».
La famille porte plainte pour non-assistance à personne en danger
L’adolescent de 17 ans a été porté disparu la nuit du 2 avril. Un corps retrouvé dans l’Ill a été identifié comme étant le sien jeudi 20 avril, soit 18 jours plus tard. Plusieurs battues avaient été organisées entre temps pour le retrouver.
Sa famille a porté plainte contre X pour « non-assistance à personne en danger », visant « le policier ayant vu son fils se jeter à l’eau sans lui porter secours », selon les déclarations de sa mère et le communiqué du parquet de Strasbourg. Ce dernier précise que « des investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances de cette disparition ».
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
La communauté de communes Mossig et Vignoble souhaite financer la construction de 17 kilomètres de pistes de VTT artificielles dans la forêt. Mais la collectivité reste muette au sujet du financement du projet, qui coûtera plusieurs millions d’euros d’argent public, au grand dam des opposants à ce Trail center.
La communauté de communes Mossig et Vignoble (CCMV) s’étend de Marlenheim à Wangenbourg en passant par Wasselonne (à l’ouest de Strasbourg). L’agglomération prévoit de construire un Trail center : 17 kilomètres de pistes artificielles de VTT dans la forêt, ainsi que des bosses goudronnées, un tapis roulant et des obstacles sur huit hectares de prairie, en amont de Wangenbourg-Engenthal. Des estimations du coût du projet s’élèvent à près de quatre millions d’euros selon les Dernières nouvelles d’Alsace. Dans un diaporama de présentation du Trail center, la CCMV indique qu’elle compte prendre en charge deux millions d’euros.
La CCMV incapable de communiquer sur le financement du projet
Le Trail center devrait donc aussi être financé grâce à des subventions du Département, de la Région ou encore de l’État. Mais cet aménagement semble pourtant complètement à rebours des engagements du collectif informel Massif des Vosges, qui réunit les Régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, ainsi que six départements dont la Collectivité européenne d’Alsace (CeA). Cette structure entend trouver des solutions face à la menace que représente le tourisme pour les écosystèmes vosgiens.
La prairie du Langacker, sur laquelle la CCMV entend construire des infrastructures. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
« Nous souhaitons limiter au maximum les nouveaux projets d’aménagement. Nous devons tout repenser, proposer de nouvelles activités, plus douces », déclarait Christophe Le Rouge, coordinateur du collectif Massif des Vosges dans une enquête publiée par Rue89 Strasbourg en décembre. Un financement du projet par ces collectivités locales serait donc incohérent.
802 500 euros de la Collectivité d’Alsace
Cela n’a pas freiné la Collectivité d’Alasace, qui a communiqué à Rue89 Strasbourg qu’elle participera « à hauteur de 802 500 euros au financement du Trail center de Wangenbourg ». La collectivité estime que « ce projet a fait l’objet d’une concertation approfondie avec les élus, les acteurs socio-professionnels du secteur et les associations sportives du territoire ».
De son côté, la Région Grand Est déclare qu’elle « n’a pas été officiellement sollicitée pour un soutien financier en faveur de ce projet ». La préfecture du Bas-Rhin n’a pas répondu à nos questions pour le volet qui concerne l’État.
Sollicités à plusieurs reprises par Rue89 Strasbourg, la CCMV et son président Daniel Acker n’ont transmis aucune information sur le coût exact de la construction des aménagements et les dotations prévues. Michèle Eschlimann, maire de Wasselonne, et Daniel Reutenauer, maire de Balbronn, conseillers communautaires, n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
Les opposants dénoncent un manque de transparence démocratique
Joint au téléphone, Patrick Bastian, conseiller communautaire de la Mossig et du Vignoble en tant que maire de Zehnacker, et conseiller régional du Grand Est, ne donne pas d’indication précise sur le financement de ces pistes de VTT :
« Peut-être qu’il y aura des investisseurs privés, mais nous discutons encore de tout ça. Je ne me prononcerai pas. On a vu que des habitants s’opposent mais pour la CCMV, le Trail center, c’est une bonne chose, ça va amener de l’activité. Les touristes iront dans les restaurants du coin. »
La forêt de Wangenbourg-Engenthal dans laquelle seront peut-être construits des kilomètres de pistes de VTT. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc La forêt de Wangenbourg-Engenthal dans laquelle seront peut-être construits des kilomètres de pistes de VTT. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
« Comme s’il n’y avait pas d’autres solutions pour susciter de la vie dans un village que d’artificialiser des zones naturelles… En plus, là, ça risque de ne rien changer pour les commerces car il y aura une cafétéria sur place », souffle Frédéric Ichtertz, du collectif Nature et cadre de vie, qui milite contre le projet.
Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, estimait dans un article publié fin 2021 que la construction de ce type d’installations devrait être limitée aux zones déjà urbanisées, dans les vallées, mais surtout pas sur des sites naturels. Pour l’association environnementaliste, le Trail center est un projet écocide destiné au tourisme de masse.
Selon le collectif Nature et cadre de vie, vu l’augmentation du prix des matériaux depuis début 2022, le Trail center risque de coûter plus cher à la collectivité que ce qui était initialement prévu. Les opposants dénoncent une « information incomplète » transmise par les élus locaux : « Il y a un déficit de transparence démocratique. On parle d’argent public, de notre argent. Ils ne nous disent rien malgré nos demandes. C’est une certaine vision de la politique, à l’ancienne… », considère Frédéric Ichtertz : « Je pense que la vraie raison de ce flou sur le budget, c’est qu’ils n’ont pas encore trouvé les financements. »
Une augmentation des taxes dans la communauté de communes
Dans une convention partenariale entre la CCMV et le département datée de 2020, un plan de financement prévisionnel était basé sur 450 000 euros de la Région, 200 000 euros de l’Union Européenne et 230 000 euros de l’État. Le département du Bas-Rhin (désormais Collectivité d’Alsace) devait contribuer à hauteur de 832 500 euros. Mais ce tableau n’est certainement plus d’actualité d’autant qu’à l’époque, le Trail center ne devait couter que 2,8 millions d’euros, contre 4 millions désormais.
Pour ne rien arranger, les contraintes budgétaires semblent cristalliser des tensions parmi les élus de la CCMV, comme en atteste le procès verbal du conseil communautaire du 22 mars 2023. Lors d’une discussion sur les orientations budgétaires, Michèle Eschlimann, maire de Wasselonne, a notamment évoqué « l’augmentation de certaines taxes nécessaires au regard de l’augmentation global des coûts ».
Jacques Fernique, au premier plan, sénateur écologiste, a pris position contre le Trail center. Photo : TV / Rue89 Strasbourg / cc
Le maire de Zehnacker Patrick Bastian a quant à lui exprimé « son inquiétude concernant le coût estimé de la [rénovation de la] piscine [de Wasselonne] ». Il s’est « interrogé sur la réelle priorité d’un tel chantier ». Patrick Bastian a ajouté que « l’augmentation des taxes n’est pas une bonne solution dans le contexte actuel et que la communauté de communes doit, elle aussi, faire des sacrifices ». Dans le procès verbal, il est aussi précisé que les élus ont des « documents de support au débat », dont une « présentation du budget Trail center ». De son côté, le sénateur écologiste local Jacques Fernique a publié début avril un communiqué fustigeant le projet d’aménagement :
« Écologiquement d’abord, ce projet est une aberration, le Trail center va grignoter des espaces naturels précieux. Économiquement aussi, c’est un non sens. […] Des millions d’euros d’argent public sont gaspillés pour un projet qui n’a rien d’une priorité. »
Le début des travaux est toujours prévu à l’été 2023.
L’archevêque de Strasbourg Luc Ravel a annoncé sa démission jeudi 20 avril. C’est la fin de dix mois d’une crise au sein du diocèse de Strasbourg. Résumé d’une affaire de fin de règne aux multiples rebondissements.
Archevêque de Strasbourg depuis 2017, le début de la fin commence en juin 2022 pour Mgr Luc Ravel. À cette date, le Vatican annonce le lancement d’une « mission apostolique », une sorte d’enquête interne, concernant les méthodes managériales de l’ancien évêque aux armées. Dix mois plus tard, l’archevêque de Strasbourg démissionne officiellement. Résumé d’un feuilleton à rebondissements, entre crise ouverte avec le Vatican et soulèvement d’une partie des croyants catholiques contre leur archevêque.
Dès le 27 juin, le Vatican missionne l’évêque de Pontoise Mgr Stanislas Lalanne et le secrétaire émérite du dicastère pour le clergé Mgr Joël Mercier pour enquêter sur le terrain du diocèse de Strasbourg. Une trentaine de prêtres et de laïcs sont auditionnés. Selon le journal La Croix, ce sont bien les méthodes managériales de Mgr Luc Ravel qui font l’objet des investigations ecclésiastiques.
En octobre 2022, Mgr Lalanne rend ses conclusions au Vatican. Toujours d’après La Croix, le cardinal Marc Ouellet convoque ensuite l’archevêque de Strasbourg pour lui signifier la volonté du Saint-Siège de mettre fin à ses fonctions. Fidèle aux exigences du Concordat, la représentation du Pape demande à Luc Ravel d’envoyer une lettre de démission à l’Elysée.
Monseigneur Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, lors d’une conférence de presse le mardi 5 octobre 2021. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Une série d’évictions
Mais l’archevêque de Strasbourg ne suit pas la consigne. Plusieurs sources évoquent une date limite pour la présentation de la démission, le 15 février. Mi-février, Luc Ravel aurait envoyé un courrier… avec un texte trop flou pour être pris comme une démission.
Le conflit entre Luc Ravel et le Vatican devient public un mois et demi plus tard. Mardi 4 avril, les Dernières Nouvelles d’Alsace révèlent le limogeage de l’évêque auxiliaire Mgr Christian Kratz par voie de courrier sous la porte à 6 heures du matin. L’archevêque de Strasbourg défend cette éviction en pointant la passivité du religieux dans une affaire de matériel pédopornographique détenu par un aumonier du collège Saint-Étienne à la fin des années 2000. Mais selon La Croix, qui cite une source romaine, cette décision de Luc Ravel aurait une autre motivation : Mgr Christian Kratz était pressenti par le Vatican pour prendre la place d’archevêque de Strasbourg.
Dans la foulée, Mercredi 5 avril, une quinzaine de catholiques ont manifesté sur le parvis de la Cathédrale pour demander la démission de l’archevêque. Quelques jours plus tard, des « chrétiens du diocèse de Strasbourg » créent une pétition pour lui demander de quitter ses fonctions. Elle atteint rapidement plus de 1 000 signatures. Acculé vers la sortie, Mgr Luc Ravel a passé ses dernières semaines d’archevêque de Strasbourg bunkérisé. Certains le décrivent comme malade. D’autres assistent impuissants à la série d’évictions lancée par l’évêque : mardi 18 avril, le vicaire général Hubert Schmitt est évincé du conseil épiscopal. Comme les Dernières Nouvelles d’Alsace le racontent, il est accusé d’attouchements sur un jeune servant de messe il y a trente ans.
Un diocèse fictif pour limoger Luc Ravel
Le lendemain, mercredi 19 avril, les Dernières Nouvelles d’Alsace révèlent une procédure canonique visant le père Bernard Xibaut, chancelier du diocèse, pour des « gestes déplacés » sur un séminariste en 2006. Quelques jours plus tôt, le père Bernard Xibaut prenait la parole sur BFM Alsace pour évoquer la probable démission de l’archevêque de Strasbourg.
Le Boléro de Ravel a pris fin le jeudi 20 avril. Craignant sans doute d’autres évictions et une division plus profonde encore du diocèse de Strasbourg, le Vatican a choisi une voie en dehors du Concordat, qui ne nécessite pas d’approbation de la part du président de la République. Mgr Luc Ravel va être transféré dans un diocèse fictif, comme l’avait été l’évêque d’Évreux Mgr Jacques Gaillot, exfiltré en 1995 en étant nommé dans le diocèse de Partenia, en Algérie.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, le corps retrouvé dans l’Ill mardi 18 avril est celui d’Enzo. L’adolescent de 17 ans était porté disparu depuis la nuit du 2 avril 2023.
C’est grâce à ses empreintes digitales que le corps retrouvé dans l’Ill, mardi 18 avril, a été identifié, selon les Dernières nouvelles d’Alsace. Il s’agit d’Enzo, 17 ans, dont la famille n’avait plus de nouvelles depuis la nuit du 2 avril. « Des investigations scientifiques sont en cours pour déterminer les causes exactes du décès », indique la même source.
Des circonstances « à déterminer »
Cette nuit-là, le jeune homme a sauté dans la rivière de l’Ill alors qu’il était poursuivi par des policiers de la brigade anti criminalité, en pleine nuit. Il n’est pas réapparu depuis et la famille, sans nouvelles, a organisé deux battues pour tenter de le retrouver.
Une vingtaine de personnes se sont mobilisées pour tenter de retrouver Enzo. Photo : CB / Rue89 Strasbourg / cc
Mercredi 19 avril, plusieurs personnes s’étaient réunies spontanément devant le commissariat central après avoir été averties qu’un corps, non identifié encore, a été retrouvé.
Six jours après la disparition d’Enzo, sa mère a porté plainte contre X pour « non-assistance à personne en danger », visant « le policier ayant vu son fils se jeter à l’eau sans lui porter secours » – selon ses déclarations et le communiqué du parquet de Strasbourg.
Dans ce même communiqué, la procureure de la République précise que « les investigations se poursuivent pour déterminer les circonstances de cette disparition ».
Alors qu’il arrivait en Alsace, mercredi 19 avril, le président de la République s’est exprimé contre la sortie de l’Alsace de la région Grand-Est. À rebours des souhaits du président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry.
Tout sourire, mine rayonnante, Frédéric Bierry donnait l’impression d’un homme comblé en sortant de l’hôtel de ville de Sélestat, mercredi 19 avril. Pendant deux heures, le président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA) avait pu échanger en compagnie d’autres élus locaux avec Emmanuel Macron. Ce jeudi 20 avril, dans les colonnes des Dernières nouvelles d’Alsace, le président de la République s’est pourtant montré hostile à son projet phare : la sortie de l’Alsace du Grand-Est.
Dans l’avion vers l’Alsace, le président de la République s’est exprimé sur le sujet, prenant clairement le parti du statu quo : « Je suis aussi attaché à ce que l’on ne crée pas de nouvelles divisions. Je veux que les Alsaciens que j’aime, car je leur ai donné cette place, sachent que la région Grand Est leur apporte beaucoup. C’est le cas notamment pour les transports, l’aménagement du territoire. C’est plus que ce que l’Alsace aurait pu faire seule. »
Au cours de sa visite, il ne s’était pas exprimé sur le sujet. Photo : Roni Gocer/ Rue89 Strasbourg/ cc
L’alignement des planètes n’aura pas lieu
Une semaine avant la visite élyséenne, jeudi 13 avril, Frédéric Bierry convoquait une séance plénière exceptionnelle de la CEA pour lancer une « grande contribution citoyenne« . L’objectif était de recueillir des propositions, sur les mesures que l’Alsace pourrait prendre si elle récupérait les compétences d’une région. Le président de la CEA assurait à qui voulait l’entendre que « l’alignement des planètes » était imminent. La « contribution » d’Emmanuel Macron est claire : le retour de la région Alsace n’a pas l’air d’être souhaitée par l’Élysée.
« Toutes les planètes sont alignées… Sauf Jupiter », raille le conseiller de la CEA Jean-Philippe Vetter (LR), membre de la majorité de Frédéric Bierry. « Depuis que nous ne sommes plus en campagne, les propos du candidat Macron contredisent ceux du président Macron ».
Le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry Photo : JFG / Rue89Strasbourg
L’embarras de la majorité présidentielle
Pris à défaut par les propos de leur chef, les élus alsaciens de la majorité présidentielle essaient depuis d’éteindre l’incendie. Dans un communiqué particulièrement alambiqué, signé par des députés, des sénateurs et l’eurodéputée Fabienne Keller, les figures locales de la Macronie expliquent avoir pu échanger avec le Président : « Nous, comme lui, souhaitons que toute évolution territoriale, tout changement de périmètre ou d’organisation, se fasse depuis le terrain, dans le dialogue et le respect mutuel de tous les acteurs ». Avant de conclure, dans une formule incantatoire : « La porte reste ouverte, mais la méthode rappelée. »
« Leur réaction est invraisemblable. » Pas convaincu, le député et conseiller départemental Raphaël Schellenberger moque la naïveté de leur groupe : « Je pense qu’ils découvrent eux même la duplicité d’Emmanuel Macron. Et ça interroge sur la proposition de loi pour une sortie du Grand-Est qu’ils mettent en avant, puisque le Président dit clairement que le sujet d’un redécoupage ne sera pas discuté. »
Dans un communiqué publié jeudi 20 avril, Mgr Luc Ravel a annoncé sa démission. Son successeur n’est pas encore connu.
C’est la fin de la crise ouverte entre le Vatican et l’archevêché de Strasbourg. Jeudi 20 avril, l’archevêque de Strasbourg Mgr Luc Ravel a annoncé par communiqué : « Alors que nous sommes entrés dans ce magnifique temps de Pâques, j’ai présenté ma démission au Saint-Père, pour qui je prie tous les jours ». Conscient de la contestation suscitée par son management jugé autoritaire au sein du diocèse, l’ancien évêque aux armées rappelle son engagement contre les agressions sexuelles et viols au sein de l’Église catholique :
« J’ai toujours agi au plus près du droit et de ma conscience (…) pour prendre des mesures difficiles, mais qu’on m’aurait ultérieurement reproché de ne pas avoir prises, au vu des éléments en ma possession (…) Ce souci de la vérité et de la justice que j’ai toujours cherchées à l’égard des prêtres, des fidèles, et en particulier des personnes victimes que je n’oublierai jamais. »
Luc Ravel a publié un communiqué annonçant sa démission le jeudi 20 avril 2023. Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg / cc
Le successeur de Luc Ravel n’est pas encore connu. Contactée, la communication du Vatican n’était pas en mesure de donner plus d’informations sur le futur de l’archevêché de Strasbourg. Il est possible qu’un archevêque temporaire soit nommé dans l’attente d’une nomination officielle.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
Emmanuel Macron entamait mercredi 19 avril ses « 100 jours de l’apaisement » à Muttersholtz. Bâclée dans son déroulé et anecdotique dans son contenu, l’opération de communication n’a pas convaincu les locaux.
Dos voûté sur sa chaise, Hugo plonge ses rétines dans l’écran bleuté de son ordinateur. Seul dans l’open space désert de l’entreprise Mathis à Muttersholtz, il griffonne quelques notes sur un papier, dans son jargon d’ingénieur. Comme tous les matins, il est arrivé au bureau à sept heures et demie, sans déjeuner. Rien ne change, ce mercredi 19 avril sera une journée comme les autres. À la même heure pourtant, une nuée de journalistes franciliens convergent vers la gare de l’Est à Paris, direction Sélestat, puis Muttersholtz et, enfin, son lieu de travail.
Bien sûr, aucun média ne s’intéresse à l’existence d’Hugo. Les regards des journalistes étaient entièrement tournés vers le président de la République, Emmanuel Macron, qui effectuait une visite pour congratuler les dirigeants de sa boîte – Mathis réalise des structures en bois. À mesure que sa venue se précise, le temps s’étire et les locaux se vident, les salariés se pressent pour voir le président. « Moi, y aller ? Non, je m’en fous », décrète Hugo, catégorique. « Et ça n’a rien de politique, je ne fais pas de boycott contre lui, je trouve juste que ça ne sert à rien. »
Les chaînes ont pu installer leur duplex dans le hangar de Mathis. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc
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Le syndicat Force ouvrière des Hôpitaux universitaires de Strasbourg a déposé un préavis de grève pour le jeudi 20 avril afin de dénoncer le manque d’effectifs et la désorganisation, délétères pour les soignants et les patients, dans deux services de chirurgie à l’hôpital de Hautepierre.
Il y a le discours du président de la République. Puis il y a la réalité. Dans son allocution du lundi 17 avril, Emmanuel Macron s’est vanté d’avoir « investi massivement dans notre hôpital ». Au Centre hospitalier universitaire de Hautepierre, les effets d’un tel investissement se font attendre. Le 11 janvier, le syndicat Force ouvrière (FO) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) recevait un mail d’alerte sur la situation des services de chirurgie maxillo-faciale et de chirurgie du rachis. Envoyée par une soignante, il est présenté comme « un cri d’alerte au nom de tout l’équipe. Les équipes maxillo et rachis sont à bout de force mentale et physique !!!! »
À l’hôpital de Hautepierre, « les équipes maxillo et rachis sont à bout de force mentale et physique » alerte un membre du personnel soignant. Photo : Martin Lelievre / Rue89 Strasbourg / cc
« Nous aurions dû rester fusionnés deux semaines… »
Dans un long courriel, un membre du personnel soignant lance l’alerte sur management du fait accompli :
« Comme à chaque vacance, nous fusionnons nos deux services qui se trouvent sur le même étage. Nous aurions dû rester fusionnés deux semaines et finalement on nous annonce que cela va durer minimum deux mois et demi. »
L’application brute d’un ratio du nombre de lits par rapport au nombre de soignants produit des effets délétères selon cette personne : « Cela se passe toujours mal, notre effectif cible est amputé, sous prétexte que pour un service de 28 lits, l’effectif est de deux infirmières et deux aides-soignantes. » Or, les services touchés par cette fusion forcée ont des particularités, décrites dans le mail d’alerte :
« Un patient opéré doit régulièrement être vu dans la nuit (constantes, nombreuses perfusions, pansement, patient trachéotomisé, patient bouche bloquée par élastique, etc.). Avec 10 à 12 patients parfois sans compter les autres, les infirmières sont débordées ! Surtout que ce sont rajoutées les reconstructions mammaires, une opération délicate qui nécessite une surveillance chaque heure ! Avant ces patientes allaient aux soins intensifs mais cela n’est plus possible par manque de place… »
La réponse des cadres : « C’est comme ça »
Ces détails, tirés du quotidien des soignants, comptent peu face à une logique comptable rendue indépassable à cause du « contrat d’avenir », signé par les HUS pour sortir de l’endettement et basé sur l’optimisation des effectifs soignants, notamment par la fusion de services. Le détail des engagements de l’hôpital public vis-à-vis de l’Agence régionale de santé est d’abord resté confidentiel, puis le contenu du « contrat d’avenir » a été révélé par Rue89 Strasbourg.
Le mail se termine en exhortant à l’action :
« Résultats : des équipes à bout, en pleurs… Nous le faisons savoir à nos cadres, mais la réponse reste brève, on nous répond que “c’est comme ça”. Nous ne voulons pas les accabler car nous connaissons les conditions actuelles, mais là ce n’est plus possible, nous devons faire quelque chose ! »
Arrêt des fusions de services
Dans son communiqué, le syndicat FO des HUS déplore qu’en février, une réunion entre la direction des ressources humaines et la direction des soins se soit terminée sans résultat concret pour les équipes. Pour cette journée de mobilisation du jeudi 20 avril, les revendications sont les suivantes :
arrêt de la fusion des deux services,
réévaluation de la charge de travail avec un ratio soignant / patient plus juste,
un respect des effectifs et des plannings,
une évaluation de la charge de travail en prenant en considération les spécificités des services et du nouveau turn-over des services, imposé par le manque de lits dans l’établissement.
Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.