Fabienne Keller a rejoint Agir en 2017, une composante du bloc présidentiel, après s’être désengagée du parti Les Républicains.Photo : Abdesslam Mirdass / Rue89 Strasbourg
Le 22 mai, neuf pays européens ont fait savoir leur désir de revoir certaines garanties fondamentales de la Convention européenne des droits de l’Homme. L’eurodéputée macroniste et ancienne maire de Strasbourg, Fabienne Keller, alerte sur la dangerosité de politiser une instance en charge de la justice.
Dans une lettre publiée le 22 mai à l’initiative de l’Italie et du Danemark, des représentants des gouvernements d’Autriche, de Belgique, de République tchèque, d’Estonie, de Lituanie, de Lettonie et de Pologne appellent à limiter les pouvoirs de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), en matière de migrations. Fabienne Keller, eurodéputée Renew (formation centriste alliée au centre-libéral en France) et ancienne maire de Strasbourg, alerte sur la dangerosité de ce qu’elle considère comme une « attaque directe » contre un « pilier du projet européen ».
Dans leur lettre, ces neufs pays aux gouvernements conservateurs affirment tenir à l’État de droit et à la démocratie. Ils demandent plus de libertés contre les étrangers criminels ou les ingérences étrangères sur leurs sols. Une prise de position de pays membres de l’Union européenne (UE) qui, selon Fabienne Keller, « donne un mauvais exemple » qui risque de « débrider les exigences » de certains gouvernements populistes en matière de droits fondamentaux :
« La CEDH date d’après la Seconde guerre mondiale et la Shoah. Elle prévoit que celles et ceux qui vivent des persécutions dans leurs pays ont droit à une protection dans d’autres, et que ce n’est pas négociable. »
La Cour européenne des droits de l’Homme, située à Strasbourg, est chargée d’appliquer la Convention du même nom, adoptée par le Conseil de l’Europe. Elle fête ses 75 ans en novembre 2025 et compte 46 États membres (la Russie a été exclue en 2022). Son but est de garantir que certains droits fondamentaux (droit à la vie privée, liberté d’expression, à un procès équitable…) soient respectés dans l’ensemble de ces pays.
Rue89 Strasbourg : Vous dénoncez une attaque par ces neuf pays des « fondements des libertés fondamentales » propres à l’Europe, quels sont-ils ?
Fabienne Keller : En tant que députée européenne, je suis particulièrement attachée à l’indépendance des juges et de la Cour européenne des droits de l’Homme. La Cour est l’un des piliers de l’État de droit en Europe, en veillant au respect de la Convention européenne des droits de l’Homme. Or, les neuf États signataires de cette lettre ouverte cherchent à réinterpréter la Convention en matière de migration irrégulière. Cette démarche représente un risque clair de remise en cause des garanties juridiques existantes, qui sont justement là pour protéger nos libertés fondamentales et les valeurs que nous partageons.
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Le Madleen, qui devait rejoindre Gaza avec une douzaine de militants pro-palestiniens à son bord, a été arraisonné par les autorités israéliennes dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 juin. Un rassemblement en protestation est prévu ce lundi 9 juin.
Le Collectif Palestine 67 appelle à un rassemblement lundi 9 juin à 18h place Kléber à Strasbourg pour protester contre l’arraisonnement par l’armée israélienne du navire Madleen, sur lequel se trouvait 12 activistes dont l’eurodéputée française Rima Hassan (LFI) et la militante écologiste suédoise Greta Thunberg. Le rassemblement vise également à demander leur libération.
Le voilier qui devait rejoindre Gaza a été dérouté, dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 juin. Un communiqué du ministère des Affaires étrangères israélien indique que le navire « fait route vers les côtes d’Israël. Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays ». L’organisation Freedom Flotilla Coalition, qui a affrété le Madleen, a dénoncé, lundi matin, une « violation manifeste des lois internationales », assurant que l’arraisonnement par Israël s’est déroulé dans les eaux internationales.
La France insoumise (LFI) et Les Écologistes appellent à manifester lundi 9 juin à 18 heures, place de la République à Paris. Plusieurs rassemblements sont prévus dans d’autres villes de France à la même heure.
Une association anti-coppruption a déposé en mai 2025 une plainte pour des faits de prise illégale d’interêt qui vise les conditions d’acquisition d’un terrain par le maire d’une commune du Haut-Rhin.Photo : DR / Rue 89 Strasbourg
Une association anti-corruption a déposé une plainte pour des faits de prise illégale d’intérêt qui vise les conditions d’achat d’un terrain par le maire d’une petite commune du Haut-Rhin. Un village de moins de 500 habitants du Sundgau où règne selon certains habitants une ambiance délétère.
« On vit dans un monde à part à Mooslargue », affirme un habitant de cette petite commune de moins de 500 habitants nichée au cœur du Sundgau. L’association AC ! – Anti-Corruption fondée en 2021 par un ancien d’Anticor a déposé plainte le 28 mai 2025 contre X pour prise illégale d’intérêt.
Déposée auprès du parquet de Mulhouse, la plainte vise les conditions d’acquisition en 2024 d’une parcelle de bois et de forêt par le maire de la commune, Pascal Sommerhalter. Elle pointe que l’édile, notaire de profession, a acheté en août 2024 ce terrain de 24 ares sans en notifier au préalable la municipalité qui pouvait exercer son droit de préemption, le terrain jouxtant une parcelle communale.
Une information tardive du conseil municipal
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L’Hôtel de la Région Grand Est à Strasbourg.Photo : PF/ Rue89 Strasbourg / cc
Si on leur demandait, 72% des Alsaciens voteraient en faveur d’une sortie de l’Alsace de la Région Grand Est, selon un sondage Ifop commandé par trois associations régionalistes.
Bientôt dix ans que la Région Grand Est existe, née des fusions des Régions Alsace, Champagne-Ardenne et Lorraine. Mais la collectivité régionale n’a toujours pas conquis le cœur des Alsaciens, selon un sondage réalisé par l’Ifop du 14 au 19 avril auprès d’un échantillon représentatif d’un millier de personnes.
Trois associations régionalistes, le Mouvement pour l’Alsace (MPA), Initiatives culturelles alsaciennes (ICA) et le Club perspectives alsaciennes (CPA), militent de longue date contre la Région Grand Est, qu’elles estiment dispendieuse, éloignée et peu efficace. Ces associations, encore traumatisées deux ans après la fusion des régions en 2016, avaient déjà commandé un sondage à l’Ifop sur la « disparition de l’Alsace ».
Mais cette fois, la question posée est plus sérieuse : la re-création d’une Région Alsace administrative, sortie de la Région Grand Est. Si un référendum posant cette question était proposé aux personnes interrogées par l’Ifop, 72% d’entre elles répondraient positivement. À noter que les associations régionalistes n’ont pas ajouté « on s’en fout » ou « ne se prononce pas » aux réponses disponibles, elles auraient pu aider à mesurer sur le « oui » était réellement un vote d’adhésion.
Et cette impérieuse envie de sortir de la Région Grand Est semble concerner toutes les couches de la société alsacienne puisqu’une ventilation des répondants « oui » à la question précédente par leur âge, leur milieu socio-culturel ou leur vote au premier tour de l’élection présidentielle ne fait pas beaucoup varier le résultat :
Les scores les plus bas pour le « oui » se trouvent parmi les professions intermédiaires (64%). En outre, plus les sondés habitent dans des villes importantes, moins ils votent « oui » mais tout de même à 68% dans les plus grandes villes.
Si en 2018, 83% des sondés se déclaraient favorables à « une renaissance de l’Alsace », un vocable qui montrait bien la confusion entre l’Alsace géographique et l’Alsace administrative, le chiffre de 72% pour la re-création d’une Région Alsace en 2026 indique que près de dix ans après la fusion des régions, la Région Grand Est n’a pas encore réussi à établir sa légitimité et sa pertinence en Alsace.
Cet immeuble d’angle, situé 2 rue de Bouxwiller, a été construit par Eugène Brast en 1936.Photo : Digito / Achi-Wiki / cc
L’Art déco fête ses 100 ans. Apparu officiellement en 1925, ce mouvement artistique s’est décliné dans l’architecture, le mobilier, la joaillerie, la mode et les arts graphiques. Visite des façades Art déco de Strasbourg, parmi lesquelles se trouvent… le premier gratte-ciel de la ville.
À Strasbourg, tout le monde connaît le style Art nouveau, ces bâtiments sur les façades desquels les arabesques et les formes végétales prolifèrent et dont les toits prennent parfois la forme d’un bulbe. Apparus à la fin du XIXe siècle, pendant la période allemande de Strasbourg, une grande partie des immeubles Art nouveau (ou Jugendstil en allemand) se trouve dans la Neustadt.
Bien moins connus que leurs prédécesseurs, il y a pourtant à Strasbourg des bâtiments Art déco. Ce mouvement artistique d’entre-deux-guerres prend presque le contre-pied de l’Art nouveau : « Là où l’un était ondulant (Art nouveau), l’autre est zigzaguant (Art déco) », expose Christophe Didier, conservateur général des bibliothèques, adjoint à l’administration de la BNU et co-commissaire d’une exposition sur l’Illustration au temps de l’Art déco.
« L’Art nouveau est très floral, organique tandis que l’Art déco est plus géométrique, plus stylisé », ajoute-t-il. Selon lui, le point fondamentalement divergent entre les deux réside dans « la différence entre nature et géométrie ». Alors que la plupart des bâtiments Art nouveau se concentrent dans la Neustadt, le patrimoine Art déco strasbourgeois est plus « disséminé dans la ville », remarque Christophe Didier. Les bâtiments Art déco de Strasbourg se trouvent principalement dans le quartier des Halles et le quartier suisse de la Krutenau (rue de Berne, rue de Lausanne, rue Saint-Gothard).
Un style qui s’inspire des progrès techniques
En 1925, à Paris se déroule « L’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes ». C’est elle qui a donné son nom au mouvement. L’Art déco, ne s’inspire plus de la nature mais des progrès techniques, de l’industrie et des nouveaux moyens de transport comme les paquebots.
« Si la géométrisation et la symétrie sont de règle, le vocabulaire architectural Art déco peut adopter des formes variées, des façades nues, à pans plissés, à rotondes circulaires, du style paquebot à des formes presque radicales », décrit Robert Dulau dans son ouvrage Strasbourg 1900-1930.
Une des difficultés auquel se confronte le promeneur pour identifier les bâtiments Art déco dans Strasbourg réside sans doute là : le style Art déco a beaucoup de variantes. Les bâtiments peuvent tantôt avoir des façades avec des bow-windows à angle droit, des lignes très verticales, comme cet immeuble situé à l’angle de la rue Bouxwiller et de la rue des Bonnes-Gens ; tantôt des lignes plutôt horizontales, des arrondis, comme c’est le cas d’un immeuble à l’angle de la rue du Travail et la rue d’Ingwiller.
Cet immeuble d’angle, situé 2 rue de Bouxwiller, a été construit par Eugène Brast en 1936.Photo : Digito / Achi-Wiki / cc Immeuble au 8, rue du Travail. Style Paquebot. Tout en haut, un statue fait office de figure de proue. Construit par Ernest Misbach en 1934.Photo : Wilfred Helmlinger / Achi-Wiki / cc
Parfois les immeubles ont davantage des façades dites à gradins, comme celle du théâtre de la Scala au Neudorf, d’autres fois il s’agit d’un style classicisant. L’ancien bâtiment de l’Esca, rue des Pontonniers, en est un très bon exemple.
« La production Strasbourgeoise témoigne ainsi de la diversité des expressions Art déco », observe Robert Dulau dans son ouvrage. En tous les cas, les formes s’épurent, les architectes multiplient les ouvertures pour faire entrer la lumière dans les habitations (le bow-window est un motif récurrent) et la mode est aux toits plats. C’est d’ailleurs de cette époque que date la première maison à toit-terrasse de Strasbourg : la villa Berst-Knecht.
Villa Berst-Knecht, 4, rue Dotzinger. Construite par Théo Berst en 1926-1927, cette maison est la première de Strasbourg à avoir un toit-terrasse.Photo : Jeanne-Esther Eichenlaub / Rue89 Strasbourg / cc
Le style Paquebot : très en vogue à Strasbourg
C’est « un style qui s’épanouit dans le décor urbain strasbourgeois », comme le souligne Robert Dulau. Les immeubles paquebot sont souvent des immeubles d’angle et reprennent le vocabulaire architectural du bateau : rampes en métal rappelant les bastingages, corniches, hublots, horizontalité. On trouve beaucoup d’immeubles du style Paquebot dans le quartier suisse.
Immeuble de style Paquebot, au 15 rue Jacques Peirotes. Construit par Tim Helmlinger en 1936.Photo : Wilfred Helmlinger / Achi-Wiki / cc L’immeuble du 7, quai Rouget de Lisle. Représentatif du style Paquebot. Réalisé en 1933 par Tim Helminlinger.Photo : Jeanne-Esther Eichenlaub / Rue89 Strasbourg / cc Le rez-de-chaussé du 7 quai Rouget-de-Lisle, avec ses fenêtres « hublot » qui rappellent les paquebots.Photo : Jeanne-Esther Eichenlaub / Rue89 Strasbourg / cc
Un des plus beaux exemples de ce style est la Villa Schranz. Réalisée par Jules-Pierre Haas en 1935, elle se trouve dans le quartier du Rhin Tortu, au 9 rue de Sarcelles. Les terrasses étagées sur deux niveaux rappellent les ponts d’un bateau et les lignes du corps de garde renvoient aux bastingages. La métaphore marine a été poussée à son paroxysme puisque la villa incluait à l’origine un petit port de plaisance privé.
Considérée par le conservateur général du patrimoine Bernard Toulier comme l’un des plus beaux bâtiments de France du XXe siècle, la villa Schranz n’a pas toujours été du goût de ses contemporains. Elle fût un temps surnommée « Narreschiff » (littéralement « La nef des fous », en référence au livre du Strasbourgeois Sébastien Brant. La villa été classée dans l’inventaire des monuments historiques en 1992.
Pourquoi un tel amour pour le style paquebot? « L’intérêt spécifique pour l’architecture paquebot est peut-être lié, à Strasbourg, aux grands travaux du Rhin et à la création du port autonome en 1924, dont le trafic ne cesse d’augmenter dans l’entre-deux-guerres », avance la chercheuse Amandine Clodi dans son article « L’architecture paquebot à Strasbourg, une traversée au cœur de la modernité des années 1930″, paru en 2023. Outre des immeubles de rapport et des villas, on construit également dans ces années-là des bâtiments industriels et administratifs.
Gratte-ciel et façade accordéon
Dans les années 20-30, on reconstruit la ville. Après-guerre, il faut reloger la population. Des immeubles de rapport et des villas sont édifiés. On reconstruit également les infrastructures : écoles, églises, bâtiments publics et industriels. Dans ces dernières catégories, deux bâtiments Art déco interpellent particulièrement à Strasbourg: l’immeuble du gaz, 14, place des Halles et la tour Seegmüller, située au 11 presqu’île André-Malraux. L’immeuble du gaz a été réalisé par Gustave Oberthür en 1933. L’édifice est en béton. Sur sa façade principale, trois bow-windows plissés viennent rompre les lignes horizontales des façades latérales. Cette façade dite en accordéon est inédite à Strasbourg.
L’immeuble du gaz, 14 place de Halles est une réalisation de Gustave Oberthür. Il date de 1933.Photo : Jeanne-Esther Eichenlaub / Rue89 Strasbourg / cc
En 1928, un incendie détruisit les équipements portuaires de la ville. L’armateur Seegmüller confia alors la construction de nouveaux bâtiments à Gustave Umbdenstock. Il érige la tour Seegmüller en 1934. Il s’agit à l’origine d’un silo à céréales de 55 mètres de hauteur, réalisé en briques et béton. Au neuvième étage, un décrochement de niveau confère au bâtiment toute sa singularité. Cette technique n’est pas sans rappeler celle que l’on observe sur certains « buildings » américains. La Tour Seegmüller est d’ailleurs le tout premier gratte-ciel de Strasbourg. Depuis sa rénovation, la tour abrite la Maison universitaire Internationale.
La Tour Seegmüller au 11, presqu’île Malraux est le premier gratte-ciel de Strasbourg. Cet ancien silo à grains a été construit en 1934 par Gustave Umbdenstock.Photo : Greg Matter / Archi-wiki / cc
L’Art déco à Strasbourg revête donc bien des aspects. Les bâtiments sont tantôt très verticaux, avec des bow-windows, tantôt avec des façades à gradin, tantôt dans un style plus classique avec forces sculptures, tantôt avec une prédominance de lignes horizontales lorsque les architectes s’inspirent du monde nautique. Peut-on en déduire que cette diversité de styles est une spécificité strasbourgeoise et qu’il existe un Art déco Strasbourgeois ? « Typiquement strasbourgeois, je dirais non », tranche Christophe Didier tout en ajoutant : « comme il n’y a pas d’Art nouveau strasbourgeois ».
Laurent souhaite rester anonyme, son frère pose en premier plan;
Un patient atteint d’un cancer en phase 4 a vu son rendez-vous pour une IRM à l’Institut hospitalo-universitaire de Strasbourg annulé. À la même période, l’IHU a utilisé le personnel restant pour réaliser un examen sur des cochons et un cadavre dans le cadre d’un partenariat privé.
Laurent est l’un des patients dont l’examen via imagerie à résonance magnétique (IRM) à l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Strasbourg a été annulée, faute de personnel disponible en radiologie. L’homme de 58 ans, originaire de Colmar vit dans le Haut-Rhin depuis sa naissance. « Je déteste les hôpitaux. Petit, j’étais souvent malade et j’ai été opéré des amygdales. J’en garde un très mauvais souvenir. » Son expérience à l’IHU ne redorera pas l’image qu’il en a.
En décembre 2024, Laurent apprend être atteint d’un cancer du côlon, après avoir été admis à l’hôpital Louis Pasteur de Colmar à la suite d’un malaise :
« Je suis allé chercher des guirlandes de Noël dans le cabanon en bois pour décorer ma maison. J’ai eu soudainement très froid, je suis rentré chez moi et je me suis effondré. »
Un examen attendu et important
« On a découvert trois nodules au niveau de l’estomac, un nodule de 9 millimètres au niveau du foie et un nodule au poumon. Mon cancer était en phase 4 (généralisé dans l’organisme, NDLR)« , explique Laurent :
« J’ai demandé ensuite à être interné à l’Institut de cancérologie de Strasbourg (Icans). Le 7 février, je rencontre mon médecin, qui a pris rendez-vous pour une IRM à l’IHU le 26 mars. Et en fonction des résultats de cet examen, le chirurgien devait déterminer le mode opératoire. Un rendez-vous était pris le 4 avril pour une opération courant du mois de mai. »
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L’Institut Hospitalo-Universitaire de Strasbourg a reçu plus de 100 millions d’euros d’aide publique.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg
Secrétaires, radiologues et autres manipulateurs en radiologie ont signé un courrier alertant sur des « dysfonctionnements particulièrement graves » au sein de l’IHU de Strasbourg. Selon eux, la direction projette de prioriser la radiologie sur des animaux, plus rentable.
C’est un courrier de quatre pages qui offre une plongée hallucinante dans les coulisses de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Strasbourg. Mercredi 14 mai, onze salariés de l’établissement ont écrit au directeur de l’IHU, le professeur Christian Debry, et sa directrice des ressources humaines. Les radiologues, manipulateurs en électro-radiologie médicale (MERM) et les secrétaires signataires y décrivent « des dysfonctionnements éthiques et cliniques » doublés de pressions sur le personnel. Résultat : comme l’a révélé le journal Le Point, des personnes atteintes de cancer sont déprogrammées de leur scanner à l’IHU tandis que des manipulateurs en radiologie continuent d’intervenir sur des cochons. Mais le courrier révélé par Rue89 Strasbourg va plus loin : il dénonce une direction de l’IHU qui projetterait la fin de la prise en charge de patients dans son centre d’imagerie médicale.
La fin annoncée du centre d’imagerie médicale
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Rédacteur en chef de Rue89 Strasbourg. Spécialisé depuis 2019 en enquêtes locales, à Strasbourg et en Alsace sur des sujets variés allant de l’extrême-droite à l’hôpital public en passant par la maison d’arrêt de Strasbourg, les mouvements sociaux, les discriminations et l’expertise-psychiatrique.
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Quatre Alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht à Dirschau (Pologne).Photo : Document remis par l’AERIA
Si l’Alsace est longtemps restée en dehors des récits sur la Résistance, les Alsaciens ne sont pas restés silencieux face à l’annexion. Depuis les années 2000, les historiens redécouvrent ces trajectoires d’hommes et de femmes qui se sont opposés au nazisme.
Le 14 avril 1942, Marcel Weinum, un étudiant strasbourgeois de 18 ans, est décapité à Stuttgart. Condamné à mort par les nazis pour avoir tenté d’assassiner le gauleiter Robert Wagner à Strasbourg l’année précédente, il est une des rares figures de résistant connue en Alsace. Le fondateur du groupe de La Main noire n’est, toutefois, pas le seul Alsacien à s’être opposé au régime nazi.
Dès l’automne 1940, quelques semaines seulement après la défaite de l’armée française, des groupes clandestins s’organisent. Cheftaine des guides de France, Lucienne Welschinger fonde avec plusieurs amies, toutes engagées dans le scoutisme, l’équipe Pur-Sang. Dans un premier temps, elles fournissent une aide matérielle aux prisonniers de guerre français détenus en Alsace. Mais rapidement, elles mettent à profit leurs connaissances des itinéraires de randonnée dans les Vosges pour organiser des évasions vers la France.
Une colonne de prisonniers français en 1940.Photo : Archives de Strasbourg
Pour l’historien Jean-Claude Richez, qui publie l’ouvrage collectif « Résistantes et résistants strasbourgeois », « le scoutisme joue un rôle important dans les parcours de résistants en Alsace et ailleurs. Les valeurs, l’autonomie et la sociabilité scoute favorisant l’engagement des personnes. »
L’équipe Pur-Sang développe un important réseau et fait évader 250 prisonniers jusqu’en 1942. Paul Widmann, un architecte strasbourgeois, fournit les faux papiers nécessaires aux fugitifs. Lui s’est engagé dès l’annexion dans le réseau Hector, créé par des militaires français pour espionner l’armée allemande en zone occupée. Aidé par son épouse et un solide réseau de contacts, il fournit des renseignements au régime de Vichy, puis aux alliés.
L’équipe Pur-Sang. De gauche à droite, Lucienne Welschinger, Emmy Weisheimer, Alice Daul, Marie-Louise Daul et Paulette Falbisaner lors de la remise de la médaille de la Résistance française par le général Langlade le 15 décembre 1946 dans la cour du collège Saint-Etienne à Strasbourg.Photo : Document remis par l’AERIA
La résistance se développe malgré tout
La nazification à marche forcée de l’Alsace complique la tâche de ces premiers résistants. « Le parti nazi et les structures de masse sont implantées, tout l’appareil de contrôle et de répression est en place très tôt », explique Jean-Claude Richez. Malgré cela, des organisations clandestines se structurent. La Septième colonne d’Alsace et le vétérinaire Charles Bareiss développent d’importants réseaux de renseignements et d’évasions. À Strasbourg, La Main noire multiplie les actions de propagande antinazie. En 1941, ils sont rejoints par le Front de la jeunesse alsacienne constitué par des étudiants strasbourgeois. Ces derniers diffusent en 1942 des milliers de tracts invitant les jeunes alsaciens à refuser l’incorporation de Force.
Marcel Weinum, fondateur de La main noire.Photo : BNU Strasbourg Alphonse Adam, fondateur du Front de la jeunesse alsacienne.Photo : Wikimedia commons
En 1941, le Parti communiste fait son retour en Alsace annexée. Georges Wodli, un ancien révolutionnaire de novembre 1918 et cadre du parti, est envoyé clandestinement à Strasbourg pour organiser la Résistance. « Wodli met en place son réseau en contactant des anciens camarades du Parti et des syndicalistes, explique Jean-Claude Richez. Ce réseau s’appuie sur les cheminots et s’étend rapidement dans toute l’Alsace, jusqu’en Moselle. » Ces résistants communistes mènent des actions de sabotage et font du renseignement. Georges Wodli fera même paraître une édition bilingue et clandestine de L’Humanité.
Georges Wodli, militant du Parti Communiste.Photo : Journal L’Humanité – Gallica
« Les nazis cherchent à briser tout mouvement de contestation. »
Jean-Claude Richez, historien
En mai 1941, le groupe de La Main noire tente d’assassiner Robert Wagner en jetant des grenades sur sa voiture. La répression s’abat alors sur les jeunes résistants. Marcel Weinum est arrêté et condamné à mort et Ceslav Sieradski est exécuté d’une balle dans la nuque au camp de Schirmeck. En mars 1942, c’est l’équipe Pur-sang qui tombe à son tour. « Les Allemands se rendent alors compte de l’importance de ces réseaux, explique Jean-Claude Richez. Avec la mise en place de l’incorporation de force, les nazis cherchent à briser tout mouvement de contestation. » Les condamnations se veulent exemplaires. Ainsi, en janvier 1943, Lucienne Welschinger et Paul Widmann sont condamnés à mort. Ils n’évitent la peine capitale que suite à des pressions diplomatiques du Maréchal Pétain et du Vatican.
Le gauleiter Robert Wagner dans sa voiture à Strasbourg.Photo : Archives de Strasbourg
Georges Wodli n’a pas cette chance, il décède sous la torture le 2 avril 1943 au siège de la Gestapo à Strasbourg. Au printemps, c’est le réseau de Charles Bareiss qui tombe puis à l’été le Front de la jeunesse alsacienne. Le 15 juillet 1943, six jeunes sont fusillés, poursuit l’historien :
« Jusqu’à mi-1943, il y a un mouvement de refus du nazisme en Alsace qui est palpable, mais il va être cassé par la répression. Des centaines de personnes sont arrêtées. »
Ceux qui échappent aux arrestations plongent plus profondément dans la clandestinité et se concentrent sur le renseignement, une activité beaucoup plus discrète que l’aide aux évasions, les sabotages et la propagande. Au moment où la Résistance dans le reste de la France se structure et se renforce, les mouvements alsaciens, eux, sont brisés.
Le camp de sûreté de Schirmeck-Vorbruck, où 15 000 personnes ont été internées.Photo : Collection Mémorial Alsace-Moselle, fonds WEINLING
« Déserter une armée criminelle, c’est résister. »
Jean-Claude Richez, historien
À partir d’août 1942, les jeunes alsaciens sont incorporés de force dans l’armée allemande. Le refus du nazisme va alors prendre un tournant plus individuel, nombre de jeunes alsaciens tentent de fuir et le payent de leur vie. En février 1943, 18 incorporés de Ballersdorf essayent de passer en Suisse. Interceptés par des garde-frontières, trois sont tués sur place et 14 exécutés dans les jours suivants.
La répression s’entend aux familles des réfractaires et beaucoup d’Alsaciens n’ont d’autre choix que d’accepter leur sort. Cependant, certains manifesteront leur refus jusque dans les rangs de l’armée, comme l’explique Jean-Claude Richez :
« Il y a eu des actes d’insubordinations, de sabotages et surtout des désertions. Pour moi, déserter une armée criminelle, c’est aussi résister. »
Jacques Knecht déserte l’armée allemande en 1944 et combat avec un maquis en Ardèche. Il sera repris et fusillé en 1945.Photo : Document remis par l’AERIA
Parmi ces déserteurs, certains rejoignent des maquis en Europe de l’Est ou en France. D’autre trouvent refuge en Alsace, cachés par leur famille ou dans les Vosges. « Ils profitent d’une permission pour ne pas rentrer dans leur unité et se cachent, détaille Jean-Claude Richez. On voit ainsi émerger de petits maquis. » Le plus important d’entre eux, à Volksberg, est démantelé en octobre 1944 :
« Quand les armées alliées arrivent, certains déserteurs sortent de leurs caches et rejoignent les forces françaises de l’intérieur pour combattre à leur côté. Il ne faut pas croire que ce sont des résistants de la dernière heure, ils ont pris des risques pour échapper à l’armée allemande et dès qu’ils ont pu rejoindre les alliés, beaucoup l’ont fait. »
Il en va de même pour les Alsaciens réfugiés en Suisse et dans le reste de la France qui se joignent aux armées de la libération à partir de l’été 1944.
Une mémoire empêchée par sa complexité
De nombreux Alsaciens se sont aussi engagés contre le nazisme depuis la France où ils se sont repliés en 1939. L’Université de Strasbourg, installée à Clermont-Ferrand, reçoit la médaille de la Résistance pour le combat de ses étudiants et personnels. Les juifs alsaciens expulsés en 1940 vont occuper une place importante dans les réseaux de la Résistance juive. Plus généralement, on retrouve des Alsaciens les armes à la main dans les maquis de France. La brigade Alsace-Lorraine dirigée par André Malraux, en rassemble 1 500 à partir de septembre 1944 et participe aux combats dans les Vosges et en Alsace.
Des résistants au maquis du Marquay en Dordogne le 14 juillet 1944, dans leurs rang, de nombreux Alsaciens et Mosellans.Photo : Comité pour la mémoire de la Brigade Alsace-Lorraine
Toutes ces dimensions complexifient le récit autour de la Résistance des Alsaciens. Pour Jean-Claude Richez, il est difficile d’en saisir l’ampleur tant ces engagements prennent des trajectoires différentes :
« C’est une résistance totalement éclatée. Résister en Alsace sous domination nazie, résister dans une armée nazifiée ou résister depuis la France occupée, ce ne sont pas les mêmes expériences. C’est difficile de construire une mémoire à partir d’engagements aussi différents. »
L’historien ajoute que les formes qu’a pris la Résistance en Alsace cadrent peu avec un récit national centré sur les maquis et l’action armée, invisibilisant pendant longtemps la contribution des Alsaciens à l’histoire de la Résistance.
Bertrand Pancher, à la tête du parti Utiles et Mohamed Sylla, en charge de la section bas-rhinoise.Photo : Romain Cunat / Rue89 Strasbourg
À un an des élections municipales, le mouvement centriste Utiles prépare ses premières candidatures dans le Bas-Rhin. Président du comité départemental, Mohamed Sylla veut élaborer un programme axé sur les services publics et le pouvoir d’achat.
Mardi 3 juin, Schiltigheim. Un nouveau parti politique centriste appelé « Utiles » lance sa campagne pour les élections municipales de mars 2026 en présence d’une vingtaine de personnes. Pour les accueillir, Bertrand Pancher, président d’Utiles et ancien député, et Mohamed Sylla, tout nouvellement intronisé président du comité du Bas-Rhin.
Mohamed Sylla est juriste et syndicaliste, il a été candidat aux élections législatives de 2024 dans la 3e circonscription du Bas-Rhin. Avec Bertrand Pancher, ils rappellent l’origine de leur parti né en 2023, dont l’acronyme signifie « Ultra-marins, territoires, indépendants, liberté, écologie et solidarités ».
Ce nouveau parti politique est lié à la formation parlementaire Liot, popularisée pour son opposition au gouvernement lors des échanges législatifs sur la réforme des retraites en 2023. « Le groupe Liot n’était ni un parti, ni un groupe parlementaire, nous avons donc créé Utiles », résume Bertrand Pancher. Utiles revendique 3 000 adhérents et 11 parlementaires.
Secrétaire général de l’Unsa 67 et de l’Unsa Lidl, conseiller prud’hommal et membre du conseil d’administration de l’Université de Strasbourg en tant que personnalité extérieure depuis 2025, Mohamed Sylla doit implanter le mouvement dans un maximum de communes du Bas-Rhin, soit en nouant des alliances, soit en présentant des listes autonomes :
« À Strasbourg par exemple, je serais ouvert à une stratégie commune avec Jeanne Barseghian, si celle-ci tient compte de nos préoccupations sociales. »
Consultation numérique, démarches physiques
Sur l’échiquier politique, Utiles revendique un positionnement à « l’ultra-centre, ni à droite, ni à gauche » mais ouvert à la collaboration avec celles et ceux « qui partagent nos projets ». Pour s’ancrer localement, les deux représentants disent vouloir travailler en Alsace avec le Mouvement régions et peuples solidaires (RPS) et Unser Land.
« Nous militons pour un choc par la décentralisation, afin de donner davantage de marge de manœuvre aux communes », ajoute Bertrand Pancher.
Tout au long de leur présentation, Mohamed Sylla et Bertrand Plancher insistent sur les concertations et leur envie de faire émerger des « propositions du peuple » pour « un gouvernement par le peuple ». Ils prévoient de multiplier les rendez-vous en Alsace durant tout l’été pour tenter de se faire connaître.
Avant d’élaborer un programme, Utiles prévoit de récolter des avis et envies des Strasbourgeois et Strasbourgeoises dans un « cahier de doléances » numérique en matière d’éducation, de santé, de sécurité, d’aménagement urbain ou de vie associative. Accessible en ligne à partir du 15 juin, ce vaste sondage sera ouvert jusqu’en décembre et donnera lieu à des « ateliers de co-construction » début 2026.
Mardi soir, Mohamed Sylla cite une liste de mesures que son parti souhaiterait porter dans les municipalités bas-rhinoises : une revalorisation des services publics de proximité, la fin de la dématérialisation des démarches, des contrats de sécurité locaux, d’autres pour l’éducation et la santé et tout ça avec la promesse de ne pas augmenter les impôts…
Michel Deneken, ancien Président de l’Université de Strasbourg, est le nouveau curé de la Robertsau.Photo : Fantasio Guipont / Rue89 Strasbourg / cc
Michel Deneken, président de l’Université de Strasbourg entre décembre 2016 et mars 2025, a été nommé curé de la paroisse catholique Saint-Louis, dans le quartier de la Robertsau, par l’Archevêché.
Retour dans les ordres pour Michel Deneken. L’ancien président de l’Université de Strasbourg (Unistra), qui a terminé son second mandat en mars, a été nommé par l’archevêque de Strasbourg au poste de curé de la paroisse catholique Saint-Louis, situé dans le quartier la Robertsau.
Évoquée sur le blog de la Robertsau, l’information a été confirmée par la chancellerie de l’Archevêché de Strasbourg auprès de Rue89 Strasbourg. Considéré comme un potentiel candidat pour les élections municipales de 2026, l’homme d’Église de 67 ans doit prendre ses nouvelles fonctions ecclésiastiques à partir du 1er septembre.
Une nomination en attente d’agrément préfectoral
Originaire de Lingolsheim, Michel Deneken est docteur en théologie catholique. Ordonné prêtre au diocèse de Strasbourg en 1985, il a été le premier homme d’Église à prendre la tête d’une université française lors de son élection à la présidence de l’Unistra en décembre 2016.
Avant sa nomination officielle à la tête de la paroisse Saint-Louis, une dernière étape administrative est en cours à la préfecture, en raison de l’application des règles concordataires. « Nous attendons l’agrément préfectoral pour officialiser cette nomination, mais cela ne devrait pas poser de problème. On espère que cela arrivera avant début juillet », indique la chancellerie de l’Archevêché de Strasbourg auprès de Rue89 Strasbourg.
Contacté, Michel Deneken n’a pas répondu à nos sollicitations avant la publication de cet article.
Journaliste indépendant basé en Alsace, je m’intéresse de près à l’écologie et aux entreprises du territoire alsacien. Membre du collectif Enketo depuis mai 2025, j’enquête sur les pollutions chimiques des industries.
Manifestation organisée par le Collectif Palestine 67 ce 7 juin à 14 h.Photo : PF / Rue89 Strasbourg / cc
Une manifestation est organisée samedi 7 juin par le collectif Palestine 67 dénoncer les violences en Cisjordanie et la guerre dans la bande de Gaza. Les organisateurs réclament un cessez-le-feu immédiat, la fin du blocus et la reconnaissance d’un État palestinien par la France.
Le collectif Palestine 67, regroupant une vingtaine d’organisations, organise une manifestation pour dénoncer un « génocide » dans la bande de Gaza et demander la reconnaissance d’un État palestinien par la France et l’Union européenne. Le départ est prévu samedi 7 juin à 14h, place de la Gare à Strasbourg.
Depuis l’attentat du 7 octobre 2023, l’armée israélienne y mène une répression qui a fait plus de 50 000 morts. Récemment, des points de distribution d’aide alimentaire, confiés par Israël à une société privée, ont été visés par des tirs de l’armée israélienne, ce qui a provoqué de nouvelles victimes parmi les familles qui venaient chercher un peu de nourriture après des semaines de privations. Le dévoilement des plans du cabinet de sécurité début mai, visant à conquérir l’ensemble de la bande de Gaza, ne laissent guère de doutes sur les intentions du gouvernement d’extrême droite israélien.
Mobilisé depuis novembre 2023
Les organisateurs de la manifestation strasbourgeoise réclament, depuis novembre 2023, un cessez-le-feu immédiat et le retrait de l’armée israélienne de la bande de Gaza. Le collectif dénonce l’usage de « l’arme de la famine » et demande la levée des restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire. Le collectif appelle en outre à des sanctions contre Israël, la poursuite de la procédure engagée par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien et la suspension de l’accord d’association entre l’UE et Israël.
Le rassemblement est fixé à 14 h sur la place de la Gare, le cortège s’élancera ensuite vers la rue du Maire-Kuss, avant de longer la rue du 22-Novembre et la rue des Aveugles, empruntant la Grand’Rue pour rejoindre la rue Gutenberg. Il continuera ensuite par la rue des Hallebardes pour aboutir place de la Cathédrale.
Le Convoi de l’eau avait réuni une cinquantaine de militants l’an dernier.Photo : Convoi de l’eau alsace
Des dizaines de cyclistes vont parcourir l’Alsace du samedi 7 au lundi 9 juin pour sensibiliser aux enjeux des ressources hydriques. Ponctué de rendez-vous, le parcours doit s’achever devant le Parlement européen de Strasbourg.
Des tables-rondes, des démonstrations et des rencontres pour sensibiliser les Alsaciens à la préservation de l’eau. C’est le concept du Convoi de l’eau, formé par une quelques dizaines de cyclistes, et qui doit partir de Mulhouse samedi 7 juin pour arriver à Strasbourg lundi 9 juin.
Le Convoi de l’Eau est une manifestation initiée en 2023 par le collectif écologiste Les Soulèvements de la Terre pour dénoncer les méga bassines et leur pression sur les ressources hydriques des territoires. Les Résistances de la Terre 68, une association écologiste du Haut-Rhin, s’est inspirée de ce modèle de manifestation revendicative pour sensibiliser à la question de l’eau en Alsace. « En Alsace, on n’a pas de méga bassines mais on a Stocamine » scande pour une seconde fois Cécile Germain, co-organisatrice de l’événement et membre du parti Les Écologistes.
En mai 2024, une cinquantaine de personnes avait participé à la première édition de ce convoi. « On a déjà quarante inscriptions, on espère être une soixantaine à pédaler », développe la militante. « Les inscrits viennent de différentes associations : Alternatiba, Extinction rébellion, Les Soulèvements de la Terre… » ajoute-t-elle.
Un trajet symbolique
« Notre convoi de l’eau met en lumière des thématiques spécifiques au territoire alsacien » précise Cécile Germain. Le parcours est ponctué d’arrêts qui s’attardent chacun sur un enjeu lié à la gestion des ressources en eau. « En Alsace, on ne peut pas parler d’eau sans parler de Stocamine, ce sera donc notre premier arrêt, » détaille la militante. Stocamine est une ancienne mine de potasse à Wittelsheim, où des déchets ultimes ont été stockés (voir notre couverture complète). La mine risquant de s’effondrer, tous ces déchets menacent de polluer la nappe phréatique alsacienne. Le tribunal administratif doit rendre sa décision le 17 juin sur la validité du confinement définitif de ces déchets.
Chaque soir, une table ronde est prévue. La première, prévue le samedi 7 juin à 17h, a donc pour thématique « Eau et Industrie » et se tiendra Ô Bon Jardinier à Ingersheim. « On va notamment parlerdu lithium et des PFAS (polluants éternels, NDLR) et plus généralement de la consommation de l’eau dans l’industrie », complète Cécile Germain.
Étapes dans les Vosges
Le lendemain, le convoi longera le piémont vosgien, une occasion d’évoquer l’eau dans le paysage montagnard. Les cyclistes s’arrêteront à Dambach-la-Ville autour de 12h30 pour échanger avec Florian Beck-Hartweg, un vigneron, au sujet de l’agriculture en montage. Le cortège rejoindra ensuite la ferme de Tuttenhausen pour une table ronde sur « Les retenues collinaires, l’enneigement artificiel et l’accaparement de la ressource en eau », complète Cécile Germain.
Le dernier jour, une pause est prévue sur le site historique de la maison éclusière, près de l’ancienne « zone à défendre » du Moulin. « C’est un lieu symbolique où des milliers de personnes ont manifesté contre le Grand contournement ouest. Nous espérons que les Strasbourgeois nous y rejoignent avant de se rendre devant le Parlement européen à midi », développe l’organisatrice.
Pour achever ce parcours, une dernière table ronde se déroulera sur la place du Marché de Neudorf à 14h, pour questionner la place de l’Homme dans l’écosystème de l’eau.
Cécile Germain regrette un manque d’engagement des communes traversées : « Pour trouver un lieu où planter nos tentes, on a sollicité des mairies. Mais on n’a essuyé que des refus. » Les militants dormiront donc sur des terrains de particuliers.
La présidente de l’Eurométropole, Pia Imbs.Photo : Pierre France / Rue89 Strasbourg
Mise en place depuis janvier 2022, la Zone à faibles émissions fût l’une des mesures marquantes du mandat de Pia Imbs. Pour la présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, sa suppression ne bouleverse pas son action, tant l’État montrait peu de volonté à l’appliquer.
« C’est une décision qui met les collectivités locales en porte-à-faux », regrette d’emblée Pia Imbs, la présidente de l’Eurométropole de Strasbourg :
« Je fais six réunions ZFE par an depuis le début du mandat avec les élus des communes limitrophes ou avec les acteurs du monde économique. À chaque fois, on effectuait des ajustements, on adoptait les dérogations nécessaires… Je pense que l’Eurométropole a fait le maximum sur ce dossier. »
Coercition inexistante
Présentée par ses détracteurs comme un modèle « d’écologie punitive », la ZFE resta pourtant plutôt laxiste à Strasbourg. Les sanctions pour les conducteurs des véhicules qui ne respectent pas les critères sont restées théoriques, en l’absence d’outils de contrôle, comme des lecteurs automatiques des plaques d’immatriculation. La livraison de ces équipements a été repoussée à 2027.
« Non seulement l’État communiquait peu, mais le matériel promis depuis 2022 n’a jamais vu le jour », reprend Pia Imbs. La situation est similaire dans d’autres villes de France qui n’ont pu que repousser les contrôles comme Montpellier ou Bordeaux.
En parallèle, l’élue alsacienne regrette le désengagement financier de l’État en matière d’incitation à changer de véhicules. Dans un décret publié le 29 novembre 2024 au Journal officiel, l’État a supprimé la prime à la conversion des véhicules anciens, dont l’immatriculation datait d’avant le 1er janvier 2011 pour ceux roulant au gazole, et avant le 1er janvier 2006, pour les autres carburants. Le bonus écologique, une aide financière pour l’acquisition de véhicules peu polluants, est aussi passé de 4 000 à 3 000 euros dans la foulée.
Prime à la pédagogie
« De toute façon, j’estime que la politique ZFE ne devait pas être répressive ni punitive », évacue en bonne centriste Pia Imbs après avoir très vite constaté les retards matériels. Pour y pallier, l’élue assure avoir misé davantage sur la « pédagogie » en menant une « politique d’encouragement » :
« Initialement, les habitants ont pu craindre des sanctions et agir en conséquence. Mais tout le monde s’est rendu compte que les contrôles n’existent pas. Je l’ai moi-même évoqué en toute transparence. Je crois en revanche qu’il faut rappeler que des alternatives à l’autosolisme existent : proposer par exemple des trains cadencés plus nombreux, comme nous le faisons avec le Réseau express métropolitain européen (REME). »
Cette « pédagogie » s’est traduite par sept campagnes de communication successives portées par l’EMS depuis 2021 et une procédure de diagnostic par l’Agence du climat, pour aider les particuliers à connaître le montant des aides à la conversion de leur véhicule.
Pas encore enterrée
Dans un rapport paru en octobre 2024, l’Agence d’urbanisme de Strasbourg Rhin supérieur (Adeus) a publié un bilan intermédiaire de la ZFE : 3 547 véhicules interdits ont été renouvelés grâce aux aides de l’Eurométropole entre août 2021 et août 2024, pour un coût total de 10 millions d’euros. Un nombre à mettre en rapport avec les 280 000 véhicules immatriculés dans l’Eurométropole au 1er janvier 2023.
« Surtout, nous avons fait baisser les concentrations moyennes de dioxyde d’azote de près de 40% », insiste la présidente de l’Eurométropole. L’Adeus est plus prudente et préfère noter que si « la qualité de l’air de l’Eurométropole s’améliore tendanciellement, il est difficile d’attribuer cette évolution à la seule ZFE, même si l’on peut observer une accélération du renouvellement du parc automobile roulant dans l’Eurométropole. »
Si Pia Imbs assure vouloir poursuivre les efforts en matière d’accompagnement des particuliers, elle rappelle que la suppression de la ZFE n’est pas encore définitive. Si un retrait de l’article est peu probable lors de son examen par la Commission mixte paritaire, réunissant députés et sénateurs, le gouvernement pourrait miser sur une censure de la disposition par le Conseil constitutionnel, en estimant que l’article supprimant la ZFE n’a pas de lien avec l’objet initial de la loi, la « simplification de la vie économique ». L’institution peut être saisie par le président de la République, le Premier ministre, les présidents des deux chambres, ou par un groupe de 60 députés ou de 60 sénateurs. Comme d’autres élus et automobilistes, la présidente de l’Eurométropole attend avec attention le résultat de cette procédure pour savoir si elle doit revoir l’ensemble de sa politique des mobilités…
Plusieurs antennes de la radio France Bleu publient des lettres ouvertes adressées à leur direction.Photo : document remis
Dans une alerte à leur direction, 24 salariés d’Ici Alsace (ex-France Bleu Alsace) dénoncent la « verticalité » des décisions prises par Radio France. Le mouvement de contestation est suivi par 35 des 44 antennes locales du réseau Ici.
Vingt-quatre salariés de l’antenne alsacienne de la radio Ici (ex-France Bleu Alsace) ont signé un message adressé à leur direction, témoignant d’une défiance à l’égard des prises de décisions. Dans ce court texte, une partie de l’équipe s’alarme de la « verticalité des décisions », d’une « baisse de l’offre de proximité », d’un « message flou » de la direction ou encore de la programmation musicale unifiée décidée depuis Paris.
Cette démarche s’inscrit dans une mobilisation plus large : la première lettre, initiée début mai par l’antenne d’Ici Roussillon, a rapidement été suivie par d’autres stations régionales. À ce jour, 35 stations sur les 44 du réseau régional de Radio France participent à ce mouvement.
Un manque de considération des employés
La centralisation des décisions se manifeste par une multiplication des réunions entre la direction nationale et les antennes régionales. Un journaliste de l’antenne strasbourgeoise estime que « la direction d’Ici Alsace communique une fois par jour en moyenne avec la direction nationale. » Or, ces réunions débouchent sur des changements que les salariés estiment « imposés sans concertation préalable ». « On a appris comme ça que nos reportages locaux passeraient de 2 minutes 30 à 2 minutes », témoigne le journaliste, qui préfère rester anonyme. Il tient cependant à préciser que la direction régionale n’est pas directement responsable : « Ce sont eux aussi des exécutants ; ils ont peu de marge de manœuvre face aux injonctions nationales. »
Selon ce journaliste, la direction nationale serait en outre « condescendante, voire méprisante » de l’audience locale. En témoignent la mise au second plan des émissions culturelles : « On nous a dit que ça n’intéressait pas les auditeurs », explique-t-il. Dorénavant, l’accent serait mis sur des sujets considérés comme plus en vogue : gastronomie, animaux ou bulletins d’information positifs, jugés plus attractifs par les baromètres de fréquentation de la direction nationale.
Une direction nationale et web
Une logique de nationalisation des programmes se ressent et se traduit par une réduction de la production régionale : « Depuis septembre, dans l’émission matinale, le journal local est passé de toutes les demi-heures à toutes les heures », rapporte le journaliste. Des auditeurs réguliers lui confient qu’ils zappent désormais vers d’autres stations, sachant qu’il faudra patienter une heure avant le prochain bulletin alsacien. Parfois, la rédaction alsacienne produit des émissions sur des sujets exclusivement locaux qui ne trouvent jamais de créneau pour être diffusés.
Parallèlement, la production numérique et vidéo est valorisée par la direction nationale au détriment de la radio : « À chaque reportage, il faut aussi préparer un article pour le site web », déplore le journaliste. Un baromètre des articles les plus performants est régulièrement communiqué à la rédaction, ce qui est perçu comme une pression pour produire des articles à fort potentiel d’audience. Si le journaliste reconnaît que la consommation d’information évolue vers Internet, il insiste sur le fait que ces orientations nationales ne garantissent pas la pérennité d’un média centré sur la radio locale.
Frédéric Perrin était un membre actif de la lutte anti-lithium à Soufflenheim.Photo : Paciane Rouchon / Rue89 Strasbourg
Quatre mois après avoir dévoilé son intention de forer à Soufflenheim, Lithium de France suspend son projet. Si certains opposants se réjouissent, d’autres appellent toujours au retrait définitif du dossier et déplorent un manque de communication de la part de l’industriel.
Une décision « pragmatique et responsable », se réjouit le maire de Soufflenheim, Camille Scheydecker, dans un communiqué publié le lundi 2 juin sur la page Facebook de la mairie. Le matin même, l’élu vient de recevoir un courrier de Lithium de France, annonçant la suspension de son projet de forage controversé à Soufflenheim.
En février dernier, l’industriel avait annoncé son intention de forer un puits de près de trois kilomètres de profondeur à environ 150 mètres des habitations les plus proches, afin de confirmer la présence de saumures géothermales riches en lithium dans les sous-sols de Soufflenheim. Jugée inacceptable par de nombreux riverains et élus locaux, la proximité avec les habitations avait poussé le conseil municipal, la communauté de communes et la mission régionale d’autorité environnementale, à exiger un retrait immédiat du projet.
« C’est un projet qui pourrait reprendre »
Alors que la consultation publique en cours depuis le mois de mars touche à sa fin, ce n’est pas un retrait définitif, mais une suspension qui est prononcée par Lithium de France, la veille de la deuxième et dernière réunion publique qui aurait dû avoir lieu mardi 3 juin. Dans son courrier, l’industriel informe de sa décision de « suspendre le projet de forage exploratoire à Soufflenheim et d’annuler la réunion publique prévue mardi 3 juin car les conditions de sérénité et de sécurité indispensable au bon déroulement du dialogue avec les habitants de Soufflenheim ne sont pas réunies. » Contacté, Lithium de France n’a pas souhaité commenter sa décision.
Joint par téléphone le jour même, le maire de Soufflenheim redit son enthousiasme :« Je suis ravi que Lithium de France ait pris en compte l’opposition claire, nette et franche de la population, ainsi que le refus exprimé par le conseil municipal », se réjouit-il. Interrogé sur le caractère non définitif de cette suspension, l’élu réaffirme son refus catégorique de soutenir un projet aux contours similaires :
« Oui, c’est un projet qui pourrait reprendre, mais peut-être pas à Soufflenheim… et certainement pas sur le lieu précis où il était prévu. La municipalité continuera à dialoguer avec Lithium de France, mais on s’opposerait bien entendu à la reprise de ce projet au même endroit. Nous l’avons dit, nous ne voulons pas d’un forage aussi proche des habitations. »
Une communication « maladroite »
Au sein du collectif anti-lithium de Soufflenheim, la nouvelle divise. Si certains voient dans cette annonce une victoire, beaucoup la reçoivent avec précaution, voire scepticisme, comme en témoigne Frédéric Perrin, un habitant du village très impliqué dans la lutte anti-lithium :
« La réelle bonne nouvelle serait l’arrêt définitif de ce projet ou un avis défavorable de la part du préfet. La suspension n’est pas une victoire, elle amène surtout plus de questions. La réunion de demain est annulée… et l’enquête publique ? Est-ce qu’elle est suspendue, comme le projet, ou est-ce qu’elle se clôture sans la réunion ? »
Frédéric déplore également une annonce tardive et l’absence d’échange direct entre l’industriel et la population :
« On ne peut pas dire qu’il y ait un véritable dialogue avec Lithium de France. À la première réunion publique, on a posé des questions auxquelles on n’a jamais eu de réponses. La deuxième réunion qu’on nous avait promise n’a jamais eu lieu. Et aujourd’hui, on apprend 24h avant que la réunion de clôture est annulée… Toute leur communication est faite en dernière minute. C’est maladroit et ça fait monter la pression chez les habitants. »
Le maire, Camille Scheydecker, assure que la consultation publique suivra son cours jusqu’au 11 juin, comme prévu initialement. « Il y a beaucoup de choses qui ont été dites, de nombreuses personnes se sont manifestées, c’est bien normal que tout cela soit pris en compte », commente-t-il. Les conclusions du commissaire enquêteur devraient être rendues comme prévu au début du mois de juillet. Par ailleurs, la préfecture a accordé une autorisation de forage à Lithium de France le 16 mai 2025, dans la commune de Betschdorf, à 11 kilomètres de Soufflenheim.
Journaliste indépendante, sensible aux thématiques environnementales, avec un focus sur les enjeux agricoles, énergétiques et les atteintes à l’environnement. Je couvre notamment l’actualité de la géothermie et du lithium alsacien.