Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

L’opposition profite d’une carte historique de la Palestine pour attaquer Jeanne Barseghian

L’opposition profite d’une carte historique de la Palestine pour attaquer Jeanne Barseghian
Jeanne Barseghian reçoit, de la délégation palestinienne, une carte historique de la Palestine qui date d’avant la création de l’État d’Israël.

En annonçant un jumelage avec un camp de réfugiés en Palestine, Jeanne Barseghian savait qu’elle s’attirerait les foudres d’une partie de son opposition. L’attaque a un peu tardé, elle s’est servie d’un cadeau offert à la maire.

L’histoire avait pourtant bien commencé. À la surprise générale, la maire (Les Écologistes) de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a annoncé jeudi 22 mai à l’AFP qu’elle souhaitait jumeler la Ville de Strasbourg avec le camp palestinien d’Aïda, près de Bethléem en Cisjordanie. Des liens existent entre le centre culturel de ce village formé par des palestiniens déplacés en 1948 et quelques associations strasbourgeoises, dont le Festival Musica, qui avait accueilli une troupe d’Aïda en 2023.

Donc, un jumelage, pourquoi pas ? Samedi 23 mai, Jeanne Barseghian invite, comme il est d’usage, les présidents des groupes d’opposition à rencontrer la délégation palestinienne à l’Hôtel de ville. La droite est représentée par Gabrielle Roesner-Bloch, les macronistes par Nicolas Matt et Pierre Jakubowicz, qui n’expriment pas d’opposition. Quant aux socialistes, ils ne sont pas présents mais leur présidente Catherine Trautmann s’en excuse dans un courrier où elle écrit que « c’est avec un grand intérêt que nous suivons ces initiatives qui témoignent de l’engagement de la Ville de Strasbourg en faveur de la solidarité internationale et auprès de la population palestinienne ». En 1993, alors maire de Strasbourg, elle avait reçu le dirigeant politique palestinien Yasser Arafat à l’Hôtel de ville.

Colère du Crif Alsace

Mais dimanche, cette belle union s’écroule. En apprenant que le jumelage avec la ville israélienne de Ramat Gan est « gelé de fait », la section alsacienne du Comité représentatif des institutions juives (Crif) publie un communiqué pour étriller l’initiative municipale, qualifiée « d’indigne » et de « faillite morale » :

« La Ville de Strasbourg rompt avec son rôle historique de dialogue et de réconciliation, et cède à l’intimidation et aux pressions exercées dans notre ville par des groupuscules extrémistes depuis des mois. (…) Comble de cette séquence, la visite de la délégation palestinienne a été marquée par la remise d’un “cadeau” en forme de carte d’Israël couverte de drapeaux palestiniens sur tout le territoire, sur lequel Israël a disparu. Accepter un tel cadeau tout en portant le keffieh quand on représente la Ville de Strasbourg est un choix politique grave et lourd de sens. »

Quelques heures plus tard, Pernelle Richardot, élue socialiste de l’opposition, publie sur Facebook et X un texte qui reprend l’accusation d’effacement d’Israël : « Ce n’est pas un appel à deux États, ni même un compromis difficile. C’est l’adhésion implicite à un projet de destruction, celui d’une vision où le peuple juif serait à nouveau nié, déplacé, effacé. » Des propos qui ont valu à Pernelle Richardot d’être invitée sur i24news. Du miel pour ce média qui soutient le gouvernement de Benjamin Netanyahou et qui fait campagne pour que les juifs de France s’installent en Israël. La séquence est sous-titrée : « Strasbourg, une mairie hostile à Israël ? »

L’opposition municipale change alors de ton et envoie, lundi 26 mai, une lettre commune à la maire, qui reprend les mêmes arguments du keffieh et de la carte « sur laquelle Israël avait purement et simplement disparu ». Le mardi 27 mai, c’est au tour de la Licra de reprendre les mêmes arguments. Elle a même suspendu un partenariat avec la Ville de Strasbourg visant à projeter un documentaire sur l’exil des Alsaciens pendant la seconde guerre mondiale devant des collégiens et des lycéens.

Une carte historique

Rencontrés mardi 27 mai, les membres de la délégation palestinienne s’avouent désolés de la tournure prise par les réactions à ce jumelage, dont ils attendent beaucoup. « La carte offerte à Jeanne Barseghian est une reproduction de la Palestine au moment des accords Sykes-Picot », indique Abdelfatah Abusrour, directeur du centre culturel Al-Rowwad à Aïda :

« La carte est une représentation de la Palestine à la fin de la Première guerre mondiale. Ce sont les puissances coloniales de l’époque qui ont décidé des frontières et même du drapeau palestinien, qui est né à cette époque. La Palestine avait été attribuée au mandat britannique. »

Cette carte, qui représente également un idéal palestinien, se trouve « dans toutes les maisons palestiniennes », assure de son côté Anas Abou Srur, du Comité populaire d’Aïda. Il précise :

« Il ne s’agit pas d’une négation d’Israël, qui n’existait pas à l’époque. C’est une carte qui montre d’où nous venons, réfugiés dans notre propre pays. Et en tant que tels, nous revendiquons un droit au retour, lequel nous a d’ailleurs été accordé par plusieurs résolutions des Nations unies, même si c’est en Israël. »

Le comité d’Aïda reconnait le droit d’Israël à exister

Le comité populaire d’Aïda est une organisation politique qui dépend du Comité des réfugiés palestiniens, lequel se place sous l’autorité du Fatah, le parti palestinien signataire des accords d’Oslo de 1993, qui reconnaissent notamment le droit d’Israël à exister. « Mais Israël, encore aujourd’hui, ne reconnait pas l’État palestinien, rappelle Anas Abou Srur, et aucune frontière n’arrête les colons. »

De son côté, Jeanne Barseghian ne s’avoue pas étonnée par cette polémique « construite de toutes pièces pour plaire à la droite et à l’extrême droite » :

« Dès le début de mon mandat, même pendant la campagne, j’ai été la cible d’accusations d’antisémitisme à peine voilées, alors que c’est à rebours de ce que je suis et de toutes les valeurs que je porte depuis mon engagement politique. Cette manipulation prend prétexte d’un cadeau, qui ne se refuse pas, pour me faire dire l’inverse de ma position, la solution à deux États, qui est pourtant rappelée dans le post en question !

C’est le signe d’une opposition désespérée, prête à prendre prétexte de n’importe quoi pour qu’on ne parle pas des bombardements sur les civils de Gaza, de l’aide alimentaire bloquée et de la catastrophe humanitaire qui s’y déroule. »

En aparté, des élus de la municipalité estiment, a posteriori, qu’il aurait été plus malin de ne pas diffuser les images des cadeaux de la délégation palestinienne, ce qui aurait peut-être permis de s’économiser cette polémique.

Une famille dort dans une école, dont l’appartement de fonction est vide depuis 9 mois

Une famille dort dans une école, dont l’appartement de fonction est vide depuis 9 mois
L’école Léonard de Vinci où loge la famille depuis début mai 2025.

Faute d’un toit, une famille de migrants géorgiens dort à l’école élémentaire Léonard de Vinci depuis plus d’un mois. Selon nos informations, un logement de fonction municipal situé dans la même rue est pourtant vide depuis l’été 2024.

Chaque jour, à 5h, la famille hébergée à l’école Léonard de Vinci se réveille pour remettre en ordre la salle de classe où ils dorment. Toutes les affaires sont rangées. Depuis un mois, ce couple d’origine géorgienne, leurs trois enfants et un grand-père, sont obligés de suivre ce rythme éprouvant dans un espace exigu. « C’était la seule solution pour qu’ils ne se retrouvent pas à nouveau à la rue », explique Annabelle Rodrigues, enseignante et membre d’Elsau Solidaire, un collectif ayant permis à la famille d’obtenir cet abri de fortune.

À quelques mètres de là pourtant, juste derrière l’école Léonard de Vinci à l’Elsau, un logement de fonction est vacant depuis plusieurs mois. Cette coexistence entre le vide administratif et l’urgence sociale cristallise tensions et incompréhensions, pour les parents d’élèves mobilisés.

Promesses évasives

Ce logement de fonction appartenant à la Ville est resté inoccupé depuis août 2024. Pourtant à plusieurs reprises, des élus ont évoqué des « logements vacants » pour répondre aux besoins d’hébergement d’urgence, sans pour autant que ces annonces ne débouchent sur des solutions concrètes ou que cet habitat là soit clairement proposé.

Anabelle Rodrigues assure avoir multiplié les courriels à l’administration, sans succès. Si la Ville confirme l’existence du logement vacant, elle rappelle que tout hébergement municipal nécessite une vérification préalable de la conformité électrique et sanitaire. « Les services doivent mener des contrôles approfondis, cela prend plusieurs semaines, voire des mois », justifie Hülliya Turan (PCF), l’adjointe au maire en charge de l’Éducation, également référente du quartier.

La Ville se défend

L’élue communiste mentionne d’autres dispositifs d’urgence ayant été mise en place pour aider les familles, comme la création récente de « tiny houses » à la Robertsau. Elle affirme également que plus de 600 personnes sont prises en charge dans le cadre du plan d’hébergement d’urgence. Mais sans procédure accélérée pour ce logement, l’appartement à quelques rues de l’école, est encore indisponible.

Un rendez-vous est fixé samedi 28 mai avec une travailleuse sociale du centre communal d’action sociale (CCAS) pour trouver une solution rapide pour cette famille géorgienne.

À Bourgheim, un producteur laitier quitte l’agriculture biologique faute de marché

À Bourgheim, un producteur laitier quitte l’agriculture biologique faute de marché
La Ferme du Moulin à Bourgheim s’est désengagée du label bio pour sa production laitière.

Dans le pays de Barr, la Ferme du Moulin a décidé après cinq ans de production de lait biologique de retourner vers une exploitation conventionnelle, plus rémunératrice.

La Ferme du Moulin, à Bourgheim dans le pays de Barr, s’est transformée en 2019. À une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, Marc Reeb et Loïc Aliaga ont effectué la transition de toute leur exploitation vers l’agriculture biologique en adhérant à la coopérative Biolait. Sur 90 hectares, la ferme exploite des vignes, des grandes cultures pour nourrir le troupeau de 120 bovins et une production laitière.

Mais après le Covid, ces associés déchantent : le marché du lait biologique est moins rentable que celui du lait conventionnel. En 2024, ils font le choix de renoncer au label « Agriculture Biologique » et retournent dans leur coopérative laitière conventionnelle.

Sur les 90 hectares de la ferme, neuf sont dédiés à l’activité viticole, 50 aux grandes cultures exploitées et les hectares restants sont des prés.Photo : Pascal Bastien / Rue89 Strasbourg

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Enquête sur le rôle de la Russie dans l’agence en charge des frontières européennes

Enquête sur le rôle de la Russie dans l’agence en charge des frontières européennes
Le bâtiment Louise Weiss du Parlement européen

L’Union européenne enquête sur le rôle de la filière russe d’Atos dans la construction d’un système informatique de gestion de ses frontières. L’agence en charge de ce nouveau programme, l’EU-Lisa, se situe à Strasbourg.

Le parquet de l’Union européenne (UE) enquête sur le rôle du bureau moscovite de l’entreprise française Atos dans la construction du nouveau système électronique relatif aux frontières européennes. Selon le journal Financial Times, le groupe a eu recours à sa branche en Russie en 2021 pour l’achat de certaines licences d’un logiciel informatique, visant à récolter et stocker les données biométriques des visiteurs non-européens sur le sol de l’UE.

Ce projet aboutirait à la création de la plus grande base de données d’informations personnelles jamais constituée par l’UE, appellée EES (Entry/Exit System). L’agence européenne en charge de ces informations est située à Strasbourg, dans le quartier de Neuhof. Elle s’appelle l’EU-Lisa.

« La révélation de l’implication russe a fait naître des questions de sécurité importantes relatives à la refonte de toute l’infrastructure des frontières de l’UE », poursuit le Financial Times. Selon les documents consultés par le journal, la branche moscovite d’Atos est opérationnelle depuis 2016 grâce à un accord qui autorise les services de sécurité russes à avoir accès à ses activités. Les personnels d’Atos travaillant dans son bureau Russe auraient donc dû recevoir des autorisations spécifiques de l’UE pour acheter ce logiciel sensible.

Sécurité toute relative à EU-Lisa

Toujours selon le Financial Times, le bureau du parquet de l’Union Européenne enquête donc sur l’implication de Atos Russie. S’il ne commente ni ne confirme publiquement la tenue d’une enquête, aucune poursuite n’a été engagée pour le moment à l’encontre d’Atos.

En 2024, l’Office européen de lutte anti-fraude (Olaf) a également enquêté suite à des soupçons relatifs à l’implication de d’Atos Russia dans la construction du système EES. « Il a trouvé que des mesures prises en interne à l’agence EU-Lisa relatives à des problèmes de sécurité n’ont pas été suffisantes », poursuit le Financial Times. Si l’Olaf n’a pas poursuivi son enquête, il a effectué des recommandations à l’agence.

Au Financial Times, l’EU-Lisa dit être au courant des soupçons pesant sur Atos Russia et assure n’avoir aucun lien contractuel avec cette entreprise. Les documents consultés par le Financial Times ne permettent pas d’établir que Atos Russia était encore impliquée dans le travail sur le système EES après l’invasion de l’Ukraine en février 2022.

Les parties de logiciel achetées par Atos Russia concernent les remontées d’informations aux compagnies aériennes relatives aux informations des voyageurs (statut du visa par exemple).

« Je t’aime camarade », contre les violences vécues au sein de groupes militants

« Je t’aime camarade », contre les violences vécues au sein de groupes militants
Florence Poznanski a trop souffert de la violence en milieu militant pour ne pas tenter de modifier les rapports.

La militante féministe Florence Poznanski désire rompre le silence face à la violence vécue dans les milieux militants. Elle présentera sa conférence gesticulée « Je t’aime camarade », mercredi 28 mai à la Maison citoyenne et jeudi 29 mai à L’Orée 85.

« Il y a une citation de Sara Ahmed que j’aime beaucoup : rien ne garantit qu’en luttant pour la justice, nous serons justes », déclare Florence Poznanski, quarantenaire et militante féministe. L’activiste propose depuis 2023 une conférence gesticulée, un monologue mis en scène de manière théâtrale, intitulée « Je t’aime camarade, manifeste pour des organisations militantes plus joyeuses ». Elle sera en représentation mercredi 28 mai à la Maison citoyenne au Neudorf et jeudi 29 mai à l’Orée 85 à la Meinau.

Militante dans différents collectifs et engagée au Parti de gauche pendant 12 ans, Florence Poznanski souhaite par son expérience « apporter des éléments pour comprendre les mécanismes de violence au sein des groupes militants. »

En 2023, elle est en charge de la mise en place de la cellule contre les violences sexistes et sexuelles au Parti de gauche. Elle raconte :

« Il y avait des tensions très fortes entre les membres du parti et qui m’ont impactées directement. Je me suis sentie anesthésiée, j’avais l’impression de devenir une bureaucrate. Je n’avais plus envie d’agir. J’avais des tremblements liés à mes angoisses. Je n’avais pas d’espace pour en discuter et savoir que je n’étais pas seule à vivre cette expérience. »

Pour Florence Poznanski, « les oppressions systémiques de genre, de classe… influencent aussi les comportements des militants » :

« Ces mécanismes d’oppression rigidifient et infectent les luttes. Par exemple, lorsque l’on est confronté à des luttes qui épuisent, qui ne sont jamais gagnées, il y a une forme de tristesse profonde qui s’installe et qui réduit notre sensibilité jusqu’à notre volonté d’agir. »

Visibiliser les oppressions et en parler

L’activiste « ne pense pas qu’il soit possible d’abolir les oppressions. » mais elle souhaite « les visibiliser et les prévenir. » C’est lors de son expatriation au Brésil entre 2011 et 2020, qu’elle découvre le philosophe Paulo Freire et ses idées pour améliorer la cohésion au sein des groupes militants :

« Pour Freire, toutes les personnes sont dotées d’un savoir né de leur vécu. Rassembler les expériences permet de construire un « commun politique » et mener des actions collectives. Ce partage des récits de vie crée des liens entre les militants. »

La conférencière mène depuis lors des ateliers auprès de collectif et d’associations afin de libérer la parole au sein des milieux militants sur les tensions internes et les difficultés rencontrées dans les luttes. « Je suis intervenue dans un tiers-lieu associatif en 2024 dans le centre de la France », cite-t-elle en exemple :

« Les nouveaux bénévoles du tiers-lieu se sentaient peu valorisés alors qu’ils s’investissaient beaucoup. Ils essuyaient les critiques des anciens, déçus de voir que la fréquentation du lieu ne s’améliorait pas. Lors de l’atelier, on a crée un temps pour raconter les histoires personnelles et les griefs de chacun. Finalement, le conflit et les reproches se sont apaisés »

Une parole libérée mène à une lutte joyeuse

Cette parole libérée doit mener à une lutte plus joyeuse et créative selon Florence Poznanski :

« Comme l’ont théorisé Carla bergman et Nick Montgomery, deux militants canadiens, la joie militante s’installe quand la cohésion est importante entre les personnes. Elle crée une forme de spontanéité, la joie n’est pas que le bonheur, elle est aussi le fruit de souffrance. Mais la joie va permettre une forme de créativité. »

Pour illustrer son propos, elle s’appuie sur sa propre expérience au sein du Mouvement des sans-terre, une organisation brésilienne qui milite pour que les paysans sans patrimoine foncier puissent cultiver des terrains inutilisés. « Les conditions de cette lutte paysanne sont difficiles » raconte Florence Poznanski :

« La répression de la police est très forte, les militants s’installent sous des toiles de tente dans des conditions précaires… Pour réussir, la cohésion entre les membres doit être puissante. Alors pour célébrer leurs liens et sensibiliser, ils convoquent la poésie et le théâtre. »

Est-ce que militer dans la joie revient à produire une forme d’art ? Florence Poznanski admet qu’il « y a peut-être cette recherche créative dans ma conférence gesticulée. »

L’Université de Strasbourg assume de s’intéresser à la médecine non conventionnelle

L’Université de Strasbourg assume de s’intéresser à la médecine non conventionnelle
L’Université de Strasbourg propose des formations pour des pratiques de soins non conventionnelles.

Lors d’une table ronde sur les dérives sectaires en santé mardi 13 mai, les scientifiques de la faculté de médecine ont plaidé pour que l’Université de Strasbourg continue d’enseigner, avec un esprit critique mais ouvert, des éléments sur la médecine non conventionnelle.

« La science, ce n’est pas du scientisme, c’est le mélange de l’ouverture d’esprit et de la rigueur. » C’est ainsi que Jean Sibilia, doyen de la faculté de médecine de l’Université de Strasbourg (Unistra), introduit une table ronde sur les dérives sectaires en santé, mardi 13 mai. « Il faut être humble. Nous devons assumer qu’il y a des choses qu’on sait et des choses qu’on ne sait pas, que l’on peut accepter d’étudier. Les découvertes se font souvent comme ça », poursuit-il.

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Au nord de Strasbourg, le Nouveau Front populaire voit les municipales s’approcher sans stratégie

Au nord de Strasbourg, le Nouveau Front populaire voit les municipales s’approcher sans stratégie
Ils étaient 23 à l’assemblée générale de ce jeudi 22 mai 2025.

Devenus rares dans l’espace public, les militants du Nouveau Front populaire s’interrogent sur leur stratégie commune pour les élections municipales de mars 2026. Lors d’une assemblée générale du comité de base de la 3e circonscription du Bas-Rhin, certains membres doutent de sa capacité à fédérer à nouveau les forces de gauche.

« Pendant les législatives de 2024, on a été jusqu’à 70 dans cette salle », se remémore Alex Quiniou, membre du comité de base du Nouveau Front populaire pour la troisième circonscription du Bas-Rhin. Jeudi 22 mai, alors qu’il énumère les différents points à l’ordre jour, seulement 23 membres lui font face au café Divanoo à Bischheim. Certains sièges sont vides dans la grande salle du café, heureusement, la grande bibliothèque du fond de la pièce habille l’espace.

Le Nouveau Front populaire (NFP) est le nom de cette union éclair de la gauche pour les élections législatives anticipées de juin 2024, tous les candidats des partis socialiste, communiste, de La France insoumise et des Écologistes s’y sont ralliés. Pour la première fois depuis 1986, les trois circonscriptions urbaines de Strasbourg ont été remportées par la gauche.

Le NFP a disparu de l’espace public

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Velicious, premier restaurant végétalien strasbourgeois, veut reprendre du service

Velicious, premier restaurant végétalien strasbourgeois, veut reprendre du service
L’équipe de Velicious, de gauche à droite : Lydiane Harlé, Aurélie Haury, Elena Reckewell, Cédric Mincato.

Le salon de thé et restaurant végétalien Velicious, qui a fermé ses portes à l’été 2024, lance une campagne de financement pour rouvrir. L’enseigne compte proposer quelques changements sur sa carte.

Velicious, l’enseigne qui se définit comme « premier restaurant végétalien de strasbourg », lance une nouvelle campagne de financement participatif lundi 26 mai, pour rouvrir ses portes. Créé en 2015 par Cédric Mincato et Elena Reckewell grâce à un premier crowdfunding, le restaurant Velicious a nourri les végétaliens et végétaliennes strasbourgeoises pendant neuf ans, jusqu’à être contraint de quitter son local, en juillet 2024.

À cette date, une décision de la cour d’appel de Colmar a mis fin à son bail de location, entraînant la fermeture de l’établissement et la mise au chômage de ses dix salariés. Cette décision est intervenue après huit ans de bataille juridique.

Une fermeture compliquée

Pour demander la fin du bail, le syndicat de copropriété de l’immeuble a invoqué une clause du règlement de copropriété imposant un « usage bourgeois » des locaux et les réservant à un « usage mixte ». La copropriété avait pourtant toléré une activité de restauration depuis 2006, au même emplacement.

Les voisins de l’établissement avançaient ainsi un problème de pollution sonore et des odeurs de nourriture. Cédric Mincato, propriétaire de l’enseigne, affirmait en 2024 que son restaurant causait pourtant « très peu de nuisances ».

Après une première décision de justice en faveur de la copropriété, les fondateurs de Velicious ont interjeté appel, en vain. Le 27 juin 2024, la cour d’appel de Colmar a confirmé le jugement de première instance. Velicious est expulsé après huit ans de bataille juridique avec ses voisins.

Un esprit similaire, une exécution différente

Pour sa nouvelle version, les fondateurs de Velicious comptent modifier légèrement leur proposition végétalienne, comme l’explique Cédric Mincato : « On va se concentrer sur la partie salon de thé et pâtisserie. » Ils continueront de proposer de la petite restauration telle que des sandwichs ou des salades, sans service à table. Leur objectif est de mettre en avant les formules petit-déjeuner. « On ouvrira le matin, c’est une des nouveautés qui me plaît le plus dans cette possible réouverture », insiste le restaurateur.

Pour ce projet, deux solutions sont étudiées. Celle d’avoir un premier local dédié à la production de la nourriture, excentré du centre-ville et un second dédié à la vente, au centre de Strasbourg. Celle sinon d’avoir un seul local combinant production et vente, à proximité du centre de la ville.

Retenter le financement participatif

Pour financer ce nouveau départ, Velicious a choisi la plateforme Blue Bees et estime avoir besoin de 60 000 €. La campagne de 30 jours est lancée le 26 mai et prendra fin le 24 juin.

De deux personnes, les créateurs passeront à quatre : Cédric Mincato et Elena Reckewell s’associent à Lydiane Harlé et Aurélie Haury, deux anciennes employées de la première version du restaurant. Pour l’enseigne ceci est « un geste fort, pour relancer Velicious avec celles et ceux qui l’ont incarné au quotidien ».

À Eschau, la culture du maïs et de betterave oblige à déconnecter un captage d’eau potable

À Eschau, la culture du maïs et de betterave oblige à déconnecter un captage d’eau potable
En se dégradant dans l’environnement, la chloridazone se transforme en chloridazone desphényl.

L’eau potable de Plobsheim et Eschau est contaminée par la chloridazone desphényl, un métabolite de pesticide. Une pollution détectée depuis septembre 2021 par l’Agence régionale de santé du Grand Est.

Le chloridazone desphényl est une substance déjà découverte dans l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), comme Rue89 Strasbourg l’a présenté (à lire ici et ). Ce métabolite de pesticide est issu de la dégradation de la chloridazone, un pesticide auparavant utilisé dans la culture intensive de la betterave, interdit d’utilisation en France depuis décembre 2020.

Sur le site de l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, il est précisé que cette interdiction est liée au « non renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché [par le producteur] pour des questions de rentabilité » et « qu’il n’est pas possible de conclure sur les potentiels mutagènes ou génotoxiques de la chloridazone-desphényl ».

Un seul forage responsable de la pollution

Uniquement alimenté par le forage d’Eschau, l’unité de distribution fournissant l’eau potable des deux communes bas-rhinoises est gérée par l’EMS. Par un arrêté préfectoral paru le 29 avril, la préfecture du Bas-Rhin a autorisé l’Eurométropole à poursuivre la distribution de l’eau potable malgré le dépassement de la limite de qualité pour la chloridazone desphényl sur cette infrastructure. Cette valeur, déterminée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), est de 0,1 µg/l pour ce métabolite du chloridazone.

Cette dérogation de la préfecture permet à l’EMS de continuer à distribuer l’eau potable pour une durée de trois ans, tant que le niveau de chloridazone desphényl reste inférieur à la nouvelle limite dérogatoire, à savoir 0,5 µg/l dans l’eau.

Une pollution connue depuis septembre 2021

Dans un rapport adressé aux membres du Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques (Coderst), organe de l’État aidant à la prise de décision du préfet, que Rue89 Strasbourg a obtenu, il est indiqué que la pollution à la chloridazone desphényl du forage d’Eschau a été découverte lors d’un prélèvement le 6 septembre 2021. À l’époque, c’était la première fois que le métabolite de pesticide était recherché dans l’eau potable de cette unité de distribution.

« À la suite de cette première constatation, des prélèvements et analyses complémentaires ont été demandés par l’ARS (…) Ces contrôles renforcés mis en œuvre se poursuivent actuellement. Ils confirment la situation de non-conformité réglementaire pour le paramètre suivant : chloridazone desphényl », est-il précisé dans le document.

Le taux de chloridazone desphényl alors relevé est de 0,351 µg/l, soit plus de trois fois la limite de qualité pour la distribution de l’eau potable. Selon les données collectées par l’ARS depuis cette date, la limite de qualité de 0,1 µg/l a été dépassée à neuf reprises.

Quatre communes concernées dans l’EMS

Interrogé sur cet arrêté préfectoral publié en mai 2025, soit plus de quatre ans après la première détection de chloridazone desphényl en quantité excessive, le vice-président de l’Eurométropole en charge de la qualité de l’eau Thierry Schaal explique : « La démarche de demande de dérogation nécessite des dépassements dans la durée. Nous sommes entrés dans une surveillance étroite dès le premier dépassement ! »

Thierry Schaal, maire de Fegersheim et vice-président en charge de la qualité de l’eau à l’Eurométropole de Strasbourg.Photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Au total dans l’EMS, quatre communes sont concernées par des dépassements de seuil réglementaire sur le chloridazone desphényl : Oberhausbergen, Holtzheim, Eschau et Geispolsheim. Sur les risques sanitaires liés à ces dépassements, le maire de Fegersheim Thierry Schaal se veut aussi rassurant :

« Il y a eu des légers dépassements de la valeur réglementaire de 0.1 µg/L. Mais la valeur sanitaire, définie par l’Agence régionale de santé et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), est de 11 µg/L. Nos mesures entrent dans des proportions 100 fois moins élevées ! »

« Nous n’avons aucune contamination au-dessus des seuils réglementaires au niveau des polluants éternels. »

Thierry Schaal, vice-président de l’Eurométropole en charge de la qualité de l’eau

Assisté du responsable de la qualité de l’eau à l’EMS, Thierry Schaal insiste sur les efforts de l’EMS :

« Nous contrôlons près de 300 pesticides et leurs métabolites dans l’eau de l’Eurométropole. Le budget d’analyse est de 600 000 euros par an. Notre approche est préventive et nous permet d’éviter de mettre en place un traitement de l’eau des habitants de l’Eurométropole. Par ailleurs, nous n’avons aucune contamination au-dessus des seuils réglementaires au niveau des polluants éternels. »

Des mesures radicales prises par l’Eurométropole

Pour rétablir la situation et fournir une eau potable respectant les limites de qualité aux habitants, l’EMS a prévu un plan radical : déconnecter le forage d’Eschau du réseau d’eau potable avant 2028. Une décision rare, que l’EMS n’a dû prendre que pour un captage situé à Holtzheim, aussi concerné par des dépassements en lien avec une contamination au-dessus du seuil réglementaire en chloridazone desphényl. Pour compenser cette fermeture, l’EMS prévoit de connecter le réseau d’eau potable des habitants d’Eschau à d’autres captages d’eau. Le montant de l’opération est chiffré à 7 millions d’euros hors taxes.

Cette infrastructure de distribution d’eau potable doit, à terme, être reliée à un captage situé à Illkirch-Graffenstaden ainsi qu’à un nouveau champ de captage à Plobsheim. Encore en phase de test, ce second captage devrait fournir 1 000 mètres cubes par heure d’eau potable au réseau. Cette première phase doit se terminer au printemps 2026 avant « une seconde phase ultérieure d’essais » indique le site de la mairie de Plobsheim. En attendant, la chloridazone desphényl coule toujours dans l’eau des robinets des habitants de Plobsheim et d’Eschau.

La délégation d’Aïda en Palestine espère plus d’un jumelage qu’un symbole

La délégation d’Aïda en Palestine espère plus d’un jumelage qu’un symbole
Saïd Alazzeh, président du comité populaire d’Aïda.

Samedi 24 mai, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian et quelques élus ont reçu quatre représentants du camp d’Aïda, en Palestine, en vue d’un jumelage qui doit être voté au conseil municipal de juin.

« Je ne vois pas ça comme un risque politique, plutôt comme une responsabilité. » Jeanne Barseghian, maire écologiste de Strasbourg, va proposer au conseil municipal du 23 juin d’établir une jumelage avec le camp de réfugiés palestiniens d’Aïda, situé en Cisjordanie, à deux kilomètres au nord de Béthléem. Quatre représentants du camp sont venus à Strasbourg préciser leurs attentes et ont déjeuné avec quelques élus, samedi 24 mai.

Sixième jumelage officiel

La Ville de Strasbourg est déjà jumelée à la ville israélienne de Ramat Gan et plusieurs collectifs pro-palestiniens demandent à la maire de couper ce lien depuis l’offensive israélienne à Gaza. L’édile répond avoir gelé ce partenariat et propose ce nouveau jumelage palestinien qui prendrait la forme d’échanges dans le domaine de la culture et du sport. Ce serait le sixième jumelage de la Ville de Strasbourg, alors que la France a annoncé vouloir reconnaître l’Etat de Palestine en juin également.

En 2023, des musiciens et danseurs d’Aïda sont déjà venus à Strasbourg dans le cadre du festival Musica et la Ville entretient des liens avec Béthléem depuis les années 2000. En 2018, Roland Ries s’est rendu dans la ville palestinienne. « Il y avait des liens préexistants mais je souhaite qu’ils deviennent officiels », précise Jeanne Barseghian.

« Nous attendons beaucoup de ce jumelage », insiste Anas Abou Srour, directeur exécutif du centre de la jeunesse du camp d’Aïda :

« Nous essayons de construire des ponts entre les gens d’Aïda et les autres cultures, sur leurs ouvertures d’esprit, leur manière de penser, tout ça malgré les frontières et la distance. Les Israéliens tentent depuis des années de nous isoler, donc nous devons rester ouverts au monde. »

Avec le centre de jeunesse du camp d’Aïda, Anas Abou Srour dit avoir hâte d’établir des projets entre jeunes, dans les domaines de l’art, de la musique, du sport, de l’agriculture, des technologies ou du changement climatique. « Je sais que la municipalité de Strasbourg est écologiste, c’est une occasion d’échanger sur nos pratiques », sourit-il. Essentiellement, il attend des échanges sur le long terme. « Il ne s’agit pas d’aide humanitaire mais de construire des projets durables », insiste-t-il. En France, le camp est déjà jumelé avec la ville de Nogent-sur-Oise depuis 2009.

Saïd Alazzeh, président du comité populaire d’Aïda avec Abdelfattah Abusrour, directeur général du centre culturel d’Aïda.Photo : CB / Rue89 Strasbourg

Projets culturels dans quotidien empêché

Établi sur un terrain prêté par la Jordanie aux Nations Unies en 1950, le camp d’Aïda est sous contrôle palestinien depuis les accords d’Oslo. En 2023, il abritait 7 244 personnes dont près de 2 500 enfants sur une surface de moins d’un kilomètre carré, juste à côté du mur de séparation entre la Cisjordanie et Israël. « L’accès à l’éducation supérieure et les perspectives professionnelles de nos jeunes sont réduites », déplore Anas Abou Srour.

Camp d'Aïda
Camp d’AïdaPhoto : document remis

Il décrit des figures politiques de l’Autorité palestinienne âgées, qui ne constituent plus des modèles pour les jeunes, et des conditions de vie qui marginalisent les Palestiniens de Cisjordanie :

« Le nombre de points de contrôle de l’armée israélienne augmente régulièrement et faire des trajets entre deux villes est toujours très long. À l’issue d’un de ces contrôles, j’ai été détenu dans une prison israélienne sans motif et sans procès pendant neuf mois, avant d’être relâché. C’est à ça que ressemble notre quotidien. »

Le président du comité populaire d’Aïda, Saïd Alazzeh, rappelle que la Palestine est occupée par Israël et que l’Etat légitime des actions violentes des colons israéliens pour le contrôle des terres, voire des meurtres de civils palestiniens. « En mai, la Knesset (le parlement Israélien, NDLR) a voté pour permettre l’annexion de 60% de la Cisjordanie, mais malgré ça j’espère que nous fêterons un jour la Palestine libre et indépendante », souffle-t-il :

« Aux yeux du monde, la résistance est interdite pour les Palestiniens, elle est qualifiée de terrorisme alors qu’elle constitue un droit fondamental, celui d’un peuple à disposer de lui-même. »

Bassam Abu Srour, Anas Abu Srour et Saïd Alazzeh au côté de Jeanne Barseghian, samedi 24 mai 2025.Photo : CB / Rue89 Strasbourg

Marre des déclarations symboliques

« Il ne faut pas laisser nos enfants s’habituer à l’oppression, la résistance est naturelle, ce qui est anormal, ça serait de l’accepter », enchaîne le directeur général du centre culturel du camp, Abdelfattah Abusrour. Ils précise que du jumelage avec Strasbourg, il attend une collaboration d’égal à égal. « Nous sommes une cause politique, pas humanitaire », souligne-t-il, précisant en avoir « marre » de toutes les déclarations et prises de paroles « symboliques » :

« Nous voulons travailler avec Strasbourg, construire ensemble des projets. La culture, l’art, l’éducation, ce sont des outils que tous les humains comprennent quel que soit leur pays ou leur religion. À Aïda, nous savons mieux que personne ce dont nous avons concrètement besoin. »

Après que quelques élus ont pris la parole, parfois en français, parfois en anglais, parfois en arabe, les échanges formels se terminent par une dernière intervention d’Abdelfattah Abusrour :

« À celles et ceux qui assimilent le soutien de la maire de Strasbourg au camp d’Aïda à de l’antisémitisme, je veux dire que ça n’a rien à voir et que les juifs, les musulmans et les chrétiens ont toujours vécu ensemble et continueront de le faire. Ce n’est pas une question de religion, c’est une question de justice. »

La délibération pour la création du jumelage entre Strasbourg et le camp d’Aïda sera étudiée le 23 juin en conseil municipal. « J’espère qu’elle sera adoptée à l’unanimité et qu’elle permettra d’inspirer l’Élysée ou les institutions européennes », conclut Jeanne Barseghian.

Luka, 15 ans, migrant sans-abri et champion de France de lutte

Luka, 15 ans, migrant sans-abri et champion de France de lutte
Luka s’entraine avec son petit frère à un exercice de plaquage.

Arrivé de Géorgie avec sa famille en 2023, Luka est champion de lutte gréco-romaine. En même temps qu’il représente la France dans des compétitions internationales, il passe ses nuits dans une salle de classe à l’Elsau.

Luka a 15 ans. Depuis le 5 mai 2025, il est abrité par le personnel et des parents d’élèves de l’école élémentaire Léonard de Vinci à l’Elsau. L’adolescent dort dans une salle de classe avec ses parents, ses petits frères et son grand-père. La famille a fui la Géorgie deux ans plus tôt pour des raisons politiques. D’après les mots du père, lui et le grand-père sont activement recherchés par le gouvernement de leur pays d’origine. Depuis 2023, la famille alterne entre des hébergements d’urgence et des nuits dans une voiture.

Chaque soir, une pièce de l’établissement est donc transformée en dortoir. Et chaque matin à 7h, la famille doit avoir rangé ses matelas et ses affaires pour que la salle accueille les élèves. « On a à peine le temps de dormir. C’est très fatigant, se lever tôt, aller à l’école, puis faire les entrainements de lutte le soir, mais il faut que je le fasse », confie Luka.

Luka Tsetskhladze et sa famille devant l’école où ils sont abrités.Photo : Romain Cunat / Rue89 Strasbourg

Entrainement intensif

Un soir de mai, la famille se retrouve à la sortie de l’école comme chaque jour. Tous ensemble, ils se dirigent vers un parc de jeux en extérieur. Sec et musclé, Luka semble timide, il reste silencieux. Élève de troisième, il a suivi des cours toute la journée. Il se prépare maintenant à filer au club de lutte Olympia à Schiltigheim, comme il le fait tous les soirs avec ses parents et ses deux frères, eux aussi inscrits. « Je ne loupe jamais un entrainement », assure l’adolescent.

Alors que sa séance débute à 19h30, il arrive souvent dès 18h pour s’entraîner avec les plus jeunes. Luka commence par s’exercer avec Maté, son petit frère de 12 ans. Quand le deuxième de la fratrie fait une pause, Luka enchaîne les pompes, sans se laisser une minute de répit. « Il ne s’économise jamais », observe son entraîneur, Cédric Buffolder.

Luka, en tenue de lutte gréco-romaine, s’entraine avec son petit frère.Photo : Romain Cunat / Rue89 Strasbourg

Après plus d’une heure d’entraînement qu’il s’impose en plus, il démarre son propre cours, fait de combats où il ressort vainqueur la plupart du temps. Même en compétition, la majorité de ses combats se terminent par un score sans appel : 8-0, ce qui provoque une victoire directe. En Géorgie déjà, la lutte était une passion familiale. Luka a pratiqué ce sport « depuis [qu’il sait se] tenir debout », d’abord avec ses parents, puis rapidement en club. Son père était également lutteur et ses frères s’y mettent désormais.

Contacté par le ministère des sports

À son arrivée en France, Luka a intégré le club de Schiltigheim où son talent a ébloui les entraineurs. Il est même devenu champion de France en 2024, et s’est classé troisième au niveau mondial dans sa catégorie de poids et d’âge. Il se souvient encore avoir cherché lui même un nouveau club avant de demander à ses parents s’il pouvait aller voir.

Son potentiel est tel qu’il a été contacté par le ministère des Sports pour rejoindre le pôle espoirs de la Fédération Française de Lutte & Disciplines Associées (FFLDA). Pourtant, il n’est plus autorisé à participer aux compétitions en 2025. La réglementation interdit aux mineurs étrangers de concourir après leurs 15 ans, s’ils ne justifient pas d’une inscription plus de trois ans dans un même club. Luka, qui avait pu se présenter jusqu’à ses 14 ans, ne comprend pas cette exclusion. « Il a été très frustré, mais il s’est accroché. Il ne se plaint pas. Il s’entraîne comme un acharné, compétition ou pas », confirme son entraîneur, qui espère que les logiques administratives ne freineront pas sa progression trop longtemps.

Trouver sa place en France, au-delà du sport

« On n’a pas le temps de sortir ou de jouer, on trouve à peine le temps de dormir », témoigne Luka. Sans ordinateur ou télévision, il a peu d’occupations. Il regarde des vidéos sur son téléphone, des combats de catch sur YouTube.

Au parc, après l’école, et avant l’entrainement, l’un des rares moments où Luka trouve le temps d’aller sur son téléphone.Photo : Romain Cunat / Rue89 Strasbourg

Le jeune homme s’est fait des amis au collège. Mais il ne leur parle pas de sa situation, seuls ses professeurs sont au courant. Luka préfère des discussions plus légères sur le sport, surtout le football, le basket, et bien sûr la lutte. En dehors de l’école, il ne voit pas ses camarades. Il reste essentiellement avec sa famille.

« Ce sont des gens qui ne veulent jamais déranger. Ils te répondent si tu viens vers eux, mais sinon ils se font tout petits », témoigne Nicolas Poulin, enseignant et membre du collectif Elsau solidaire, qui les a mis à l’abri dans l’école : « Un jour, je leur ai proposé un croissant. Ils ont refusé. Je ne saurai jamais si c’était par pudeur, par peur de déranger, ou parce qu’ils n’en voulaient vraiment pas. »

La famille a fait une demande de statut de réfugié politique, mais cette dernière a été refusée. « Notre avocat ne faisait pas bien son travail. Il ne signait rien, il n’a pas attesté nos preuves devant le tribunal », relate Luka. Elsau solidaire et la famille travaillent maintenant pour obtenir un passeport de talent sportif pour le jeune lutteur.

« On craignait le gouvernement »

Luka rêve de représenter la France dans des compétitions internationales un jour. Si son destin administratif reste incertain, son avenir dans la lutte semble déjà tracé. En attendant, il continue de se battre tous les jours, dans la vie comme sur le tapis. « Si on devient citoyens français, je remercierai tout le monde et je le dirai à toute mon école », lance t-il. « Positif, positif », répète le sportif, comme un mantra.

Luka assis à la table du parc où la famille a l’habitude de se rendre chaque fin d’après-midi.Photo : Romain Cunat / Rue89 Strasbourg

Même si le quotidien est précaire en France, Luka affirme que sa vie est moins difficile qu’en Géorgie : « Pendant cinq ans, on vivait dans la peur. On ne dormait pas, on craignait le gouvernement, on craignait tout le monde, même nos voisins. » Il raconte le départ sans regret, mais non sans inquiétude : « Je n’étais pas triste, mais j’étais craintif. On ne savait pas comment allait se passer le trajet, on ne pouvait même pas le voir sur Internet, on n’avait pas de réseau. »

Luka aimerait évidemment que lui et sa famille aient une solution d’hébergement pérenne. « Comme ça je serais encore plus concentré sur la lutte, pour devenir champion », explique t-il. À l’instar de centaines d’autres Géorgiens à Strasbourg, il se heurte au durcissement de la politique d’accueil des migrants voulue par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau (Les Républicains). Pour mettre fin à ces situations d’errance, des associations comme La Cimade demandent au contraire la régularisation des sans-papiers présents en France. Les partis de gauche défendent, à minima, un assouplissement des règles d’obtention de titres de séjour.

L’ex-directeur d’un bailleur social alsacien condamné pour prise illégale d’intérêts

L’ex-directeur d’un bailleur social alsacien condamné pour prise illégale d’intérêts
Un immeuble propriété de la SIBAR, aujourd’hui Alsace Habitat, dans le quartier de l’Elsau.

Le tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné l’ancien directeur de la Sibar – absorbée par Alsace Habitat – pour avoir favorisé les entreprises de son fils et son frère dans l’attribution de nombreux marchés.

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Rapport Europa Vallée : 260 000 euros gaspillés pour renier l’avis et l’envie des Alsaciens

Rapport Europa Vallée : 260 000 euros gaspillés pour renier l’avis et l’envie des Alsaciens

Le rapport sur le développement touristique en Alsace centrale décrit un territoire favorable à d’autres projets que celui d’Europa Vallée. Malgré le résultat de cette étude à 260 000 euros, la collectivité d’Alsace vient de voter une délibération favorable aux ambitions d’Europa Park.

Jeudi 22 mai, le maire Les Républicains de Marckolsheim apprend par Rue89 Strasbourg le vote d’une délibération sur Europa Vallée par la Collectivité européenne d’Alsace (CeA). Frédéric Pfliegersdoerffer se dit alors « littéralement sidéré » par la modification du Schéma de cohérence territorial de la région de Strasbourg (Scoters) pour le rendre favorable aux ambitions d’Europa Park. Comme l’a révélé Rue89 Strasbourg, la famille Mack, propriétaire du célèbre parc d’attractions à Rust, ambitionne de construire un complexe hôtelier entre Sundhouse et Diebolsheim, juste de l’autre côté du Rhin. Le projet initial s’étendait sur plus de 150 hectares, principalement des terres agricoles.

Un « passage en force » de la CeA

Également conseiller régional et président de la communauté de communes du Ried de Marckolsheim, Frédéric Pfliegersdoerffer estime que le projet d’Europa-Park en Alsace centrale n’est pas adapté au territoire. Il rappelle que les habitants et habitantes ont exprimé des revendications contraires à l’occasion d’une étude commandée l’Agence de développement d’Alsace (Adira) en 2020 et finalisée en février 2023. Le maire de Marckolsheim dénonce le « passage en force » de la Collectivité européenne d’Alsace :

« Je fustige cette méthode qui fait passer ce genre de délibérations sans consulter les élus des territoires. Je pensais que l’on était raccord entre la CeA, la Région et l’État pour dire que le projet de la famille Mack n’a pas encore suffisamment de maturité. Cette délibération votée, c’est une victoire pour Europa Park au détriment des habitants du Ried. »

De l’argent public, un rapport opaque

Depuis février 2023, la dernière partie du rapport sur le développement de l’Alsace centrale est restée confidentielle. L’étude a coûté 260 000 euros, dont 100 000 euros de la Région Grand Est et la même somme par la Collectivité européenne d’Alsace. Un financement public qui n’a jamais empêché l’Adira de refuser de communiquer le travail mené par les cabinets de consulting EY, Arcadis et Ceresco. En exclusivité, Rue89 Strasbourg donne accès à ce rapport. Son contenu est éclairant sur les raisons de l’opacité maintenue par les soutiens du projet Europa Vallée.

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Au conseil de l’Eurométropole : permis de louer et refonte de la collecte des déchets

Au conseil de l’Eurométropole : permis de louer et refonte de la collecte des déchets
Il s’agira déjà de l’un des derniers conseils de l’Eurométropole du mandat.

Lors du conseil de l’Eurométropole de Strasbourg du vendredi 23 mai, une délibération instituant un « permis de louer » sera présentée pour lutter contre l’habitat indigne. Une autre délibération importante dans la refonte du système de collecte des déchets sera également examinée.

Cinq jours après un conseil municipal particulièrement chaotique, secoué par le blocage des forains, les élus de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) prennent à leur tour le chemin de l’hémicycle, ce vendredi 23 mai. Parmi les 60 délibérations examinées lors de la séance, l’exécutif propose de voter la mise en place d’un « permis de louer », une autorisation préalable à la mise en location d’un bien par des propriétaires, pour lutter contre l’habitat indigne.

En prime, la majorité présente également une délibération actant la refonte de son système de collecte des déchets. Après une phase d’expérimentation dans quatre de ses communes, l’EMS souhaite présenter un plan pour rationaliser et améliorer le tri des déchets.

Au quartier Gare, bientôt un permis de louer

C’était une délibération très attendue, annoncée dès 2021 par la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian : le permis de louer va enfin être présenté au conseil de l’Eurométropole. Précisons d’emblée : il s’agit d’une expérimentation, cantonnée au seul quartier de la Gare, réputé pour être un vivier d’appartements insalubres. Pour lutter contre leur prolifération, l’Eurométropole souhaite imposer que les propriétaires du secteur demandent d’abord l’autorisation de louer leur bien.

Ce nouveau « régime d’autorisation préalable à la mise en location » n’entrera en vigueur qu’au 1er mai 2026. Seuls les logements locatifs construits avant 2006 seront concernés. La demande devra être formulée dès la première location, mais être renouvelée à chaque changement de locataire. Les propriétaires devront fournir un dossier technique exposant notamment « la performance énergétique, l’électricité, le diagnostic amiante… » Des visites éventuelles du logement pourront être exigées, avant l’acceptation d’un dossier.

Selon les services de l’État, il y avait environ 9 200 logements insalubres dans le Bas-Rhin fin 2024, dont 30% à Strasbourg. Et dans capitale alsacienne, près de 16 000 logements privés présentent une étiquette énergétique F ou G, et sont donc considérés comme des passoires thermiques.

Un meilleur tri des déchets

Dans la lignée de sa stratégie « Zéro déchet 2021-2026 », visant à réduire de 15% la totalité des déchets ménagers et de moitié le poids de la poubelle bleue (les « ordures ménagères résiduelles » ou OMR), une nouvelle délibération va être soumise au vote des élus de l’EMS.

Elle fait le point sur une expérimentation lancée en mai 2024 dans quatre communes de l’EMS, Achenheim, Plobsheim, Vendenheim et Reichstett, visant à réduire l’importance des OMR. Les mesures mises en place varient : une collecte moins fréquente des poubelles bleues, passant de toutes les semaines à toutes les deux semaines. En revanche, les collectes des déchets triés deviennent plus fréquentes.

Le rapport sur l’expérimentation, joint à la délibération, explique que cette réduction de la fréquence de collecte des ordures ménagères résiduelles est « le levier le plus efficace afin d’inciter les usagers au tri des déchets » et promeut la collecte des triés au porte-à-porte. À Plobsheim, cela aurait conduit à une baisse de production des OMR de 20%, une hausse du tri d’autant et une hausse de la collecte des déchets alimentaires de 50%.

La délibération présentée vise à étendre cette nouvelle politique du déchet à l’ensemble des communes de moins de 10 000 habitants de l’EMS. Une mise à disposition de 40 000 bacs pour la collecte sélective des déchets (le tri) sera actée, ainsi que de nouveaux conteneurs dédiés à la collecte de cartons, et l’adoption d’une fréquence de collecte de 15 jours pour les OMR, « en alternance avec la collecte sélective ». Jusqu’à présent, les habitants déposaient eux-mêmes leurs ordures recyclables en containers.

Des mesures supplémentaires sont également prévues, notamment pour améliorer la sensibilisation et la communication autour de ces changements, pour un budget total estimé à 4 millions d’euros.

Lourd déficit pour Rue89 Strasbourg en 2024

Lourd déficit pour Rue89 Strasbourg en 2024
Depuis 2024, Rue89 Strasbourg dispose d’un « service marketing » pour améliorer notre acquisition d’abonnés avec Sahra Lakraa et François Werckmann.

En 2024, il aura manqué près de 24 000€ à Médialab, l’entreprise éditrice de Rue89 Strasbourg pour équilibrer son budget. Les abonnements ont bien progressé mais nos charges beaucoup plus.

Chaque année à la fin de l’hiver, il y a ce mail de notre expert-comptable qui annonce, tel une note d’examen, comment l’année précédente s’est déroulée. Et pour 2024, la petite phrase a été rude à lire : Médialab enregistre une perte de 23 925€. Pour une entreprise indépendante comme la nôtre, c’est une très mauvaise nouvelle car nous n’avons pas de milliardaire, ni de banque, dans notre capital pour renflouer la trésorerie. Une telle perte, ça veut dire que toute notre structure manque d’argent et que nous devrons renoncer à nos projets de développements, voire réduire nos dépenses, en 2025. C’est le second exercice en perte, toute l’entreprise est fragilisée.

Alors bien sûr, au rayon des bonnes nouvelles, il y a une nette progression des recettes : +14% tout de même par rapport à 2023, et ce alors que nos demandes de bourses d’enquête auprès de divers organismes ont toutes été refusées.

Abonnements en hausse

Le nombre d’abonnements actifs a bien progressé, passant de 1 917 fin 2023 à 2 365 fin 2024, à un cheveu de l’objectif que nous nous étions fixé (2 400). C’est encore peu pour une métropole de plus de 500 000 habitants, ce qui nous fait croire qu’il existe une « marge de progression » comme disent les analystes. La part des abonnements directs dans nos revenus atteint 60%.

La publicité continue sa décrue et ne représente plus que 16% de nos recettes mais, assez étonnamment, le volume d’annonces légales commandées sur Rue89 Strasbourg a doublé malgré un marché extrêmement verrouillé, farouchement défendu par quelques acteurs majeurs de la presse industrielle. En 2024, aucun des grands donneurs d’ordres que sont les collectivités ou les préfectures pour leurs annonces d’enquêtes ou de marchés publics n’a utilisé les services de Rue89 Strasbourg.

Charges importantes

Les salaires et charges de nos six collaborateurs permanents et de notre douzaine de journalistes indépendants constituent bien évidemment le premier poste de dépenses de Médialab (70%). Une proportion conforme à la promesse que nous faisons à nos abonné·es, qui veut que chaque euro dépensé dans Rue89 Strasbourg serve à produire du journalisme local.

Au début de l’année 2024, nous avons décidé de légèrement augmenter nos salaires et tarifs des piges, afin d’essayer de s’approcher des montants en vigueur dans le secteur même si nous en sommes encore loin. Mais ce faisant, nous avons franchi une sorte de seuil dans le calcul de nos cotisations sociales, ce qui a fait augmenter la masse salariale de 50 000€ au lieu des 30 000 prévus. Le reste des dépenses est essentiellement composé de nos investissements en développements techniques et du loyer que nous versons pour nos locaux.

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Pionnier du reconditionnement, Envie pourrait disparaître en Alsace

Pionnier du reconditionnement, Envie pourrait disparaître en Alsace
Chaque année, Envie Haute Alsace emploie 42 personnes en réinsertion professionnelle.

La structure haut-rhinoise d’Envie, une coopérative d’insertion professionnelle spécialisée dans le reconditionnement, risque de perdre son accès aux épaves de matériel électroménager. Une situation qui pourrait concerner Envie Strasbourg d’ici 2027.

Tournevis en main, Youssef Mohamed démonte une cuisinière pour inspecter l’état des foyers. « Je suis à la réparation des appareils de cuisson aujourd’hui, mais je suis passé par le lavage, la réparation des machines à laver, la vente et les livraisons », explique l’homme de 43 ans.

Lancé dans un programme de réinsertion professionnelle après des problèmes judiciaires, il travaille chez Envie Haute Alsace depuis cinq mois. L’entreprise est située dans une zone industrielle à Sausheim, en banlieue de Mulhouse. Elle collecte, répare et revend des petits et gros appareils électroménagers pour de la seconde main.

Salarié depuis cinq mois chez Envie Haute Alsace, Youssef Mohamed a changé plusieurs fois de poste.

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