Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Plans sociaux, baisse de l’activité… L’industrie automobile alsacienne s’enfonce dans la crise

Plans sociaux, baisse de l’activité… L’industrie automobile alsacienne s’enfonce dans la crise

Dans le sillage des plans sociaux touchant les salariés de Dumarey et de Novares, d’autres entreprises du secteur automobile alsacien craignent des licenciements massifs.

Qui seront les prochains ? La question anime les discussions entre salariés à la pause-déjeuner ou à la sortie de l’usine depuis quelques semaines, au sein de l’industrie automobile alsacienne. « Tout le monde en parle, tout le monde suit ce qui se passe, il y a une crainte généralisée chez les salariés », explique Amar Ladraa, représentant CGT métallurgie dans le Grand Est. Les mauvaises nouvelles se multiplient, comme les fermetures d’usine inédites chez Volkswagen, celles de Michelin (1 254 salariés concernés) ou les licenciements massifs de l’équipementier Valeo, évoquées par la direction du groupe le 28 novembre.

En parallèle, les luttes sociales s’enchaînent. Les salariés de Dumarey Powerglide, à Strasbourg, avaient à peine fini leur mobilisation que ceux de Novares, à Ostwald, commencaient la leur, le 20 novembre, pour obtenir de meilleures conditions de départ. « C’est une crise sans précédent, je n’avais jamais connu ça en 20 ans de syndicalisme », souffle Amar Ladraa. Même diagnostic du côté de la CFDT : « Ça va mal aujourd’hui, et ça n’ira a priori pas mieux en 2025 ou en 2026, au contraire », prédit Olivier Delacourt, responsable Grand Est CFDT Métallurgie.

Les filiales d’entreprises allemandes menacées

La filière alsacienne est d’autant plus fragile qu’elle dépend de la santé de l’économie allemande. Si l’usine Dumarey est en crise, c’est principalement en raison de la perte de son client le plus important, l’équipementier allemand ZF, lui-même contraint de supprimer 33 000 emplois à cause de la baisse de ses activités. Les filiales françaises de groupes allemands sont également menacées. L’usine Schaeffler, qui emploie 1 300 personnes à Haguenau, craint des répercussions locales après l’annonce de la maison-mère le 5 novembre de la suppression de 1 900 emplois en Europe. « Au départ, il n’y avait pas d’autres informations, donc personne ne savait quelle filiale serait concernée par les licenciements », explique Mehmet Karaoglan, délégué CGT du fabricant de pièces pour moteurs thermiques, qui dispose d’entreprises dans plusieurs pays européens. Mais les signaux négatifs s’enchaînent à Haguenau depuis 2019, avec deux plans sociaux et une dégradation « constante » du dialogue social, selon Mehmet Karaoglan. « Tout nous donnait l’impression qu’on faisait forcément partie des 1 900 emplois à supprimer ».

Mais devant l’insistance des représentants syndicaux pour plus de précisions, la direction a fini par communiquer sur les filiales ciblées, et Haguenau ne devrait pas en faire partie. « Les plans sociaux concerneront l’Angleterre et l’Autriche, en tout cas dans un premier temps, confie le délégué syndical. Ça ne nous rassure, mais pas complètement, on sait bien qu’il y aura d’autres plans après ceux-là. On nous dit sans cesse, réunion après réunion, qu’on a du sur-effectif à l’usine ». La menace de la relocalisation pour les filiales de grandes multinationales étrangères n’est pas nouvelle, selon Olivier Delacourt, de la CFDT :

« Quand les temps sont difficiles, il y a souvent des réflexes protectionnistes chez les grands groupes. Et donc beaucoup de licenciements dans les filiales à l’étranger, par exemple en France pour les filiales de groupes allemands. C’est particulièrement le cas en ce moment. »

Les salariés en grève de l’usine Dumarey.Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg

Le fabricant de sièges pour véhicules utilitaires Isri, un groupe allemand, possède une filiale à Merkwiller, dans le Bas-Rhin. Selon Amar Ladraa, représentant CGT dans le Grand Est, il y règne une certaine angoisse face à la situation du marché de l’automobile en Allemagne :

« Il y a une dépendance évidente car ils ont perdu une commande importante de Renault en début d’année, qui s’est tournée vers l’utilitaire électrique. Comme beaucoup d’autres, l’entreprise a recours au chômage partiel depuis plusieurs mois à cause de la baisse d’activité. »

Diversification vitale

Mais la crise en Allemagne n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Le marché de l’automobile est en pleine mutation. L’échéance d’une interdiction des véhicules thermiques en Europe en 2035 se rapproche et la demande des constructeurs, clients des équipementiers et sous-traitants locaux, peine à s’adapter. « Les entreprises du secteur ont beaucoup de mal à s’aligner sur les prix de la Chine, estime Ludovic Party, directeur de l’animation de la filière automobile au Pôle véhicule du futur Bourgogne-Franche-Comté Grand Est :

« Parallèlement, on remarque qu’un certain nombre de PME n’ont pas réussi se diversifier comme il l’aurait fallu, à la fois pour réduire les risques et pour amorcer le virage de l’électrique. En gros, ce sont les chefs d’entreprise qui dépendent quasiment exclusivement de l’automobile thermique, qui sont aujourd’hui en première ligne face à la crise. »

Le fabricant de soupapes Tenneco, ex-Federal Mogul, basé à Schirmeck dans le Bas-Rhin, possède deux secteurs bien distincts : l’un pour les bateaux, qui profite de la bonne santé de l’industrie nautique, l’autre pour l’automobile thermique, bien moins fringant. « Cela fait un moment qu’on sait qu’il y aura de moins en moins de soupapes pour les voitures, et donc qu’on demande à la direction de faire autre chose, regrette Michel Aubry, délégué CFDT chez Tenneco Schirmeck :

« Mais le groupe n’a pas cette volonté, et on se retrouve aujourd’hui à être monoproduit, avec des machines qui ne serviront plus à rien bientôt et qu’on ne peut pas remplacer. »

L’usine regroupe aujourd’hui 180 employés, après en avoir compté 450 à la fin des années 90. L’activité n’a cessé de baisser depuis cette époque, passant de 23 millions de soupapes fabriquées en un an à 7,8 millions aujourd’hui :

« On a de la chance que le dialogue reste possible avec la direction locale, ce qui nous permettra, je l’espère, de lancer une fabrication de soupapes pour camions, ou par exemple dans le domaine de la petite marine. Au moins, ça repousserait l’échéance de la fin du thermique. »

La fin du chômage partiel de longue durée pourrait aggraver la crise

En revanche, l’échéance de la fin du contrat d’activité partielle de longue durée (APLD) elle, ne pourra être contournée. Tenneco, comme un certain nombre d’entreprises du secteur dont l’activité a fortement baissé depuis la crise du Covid-19, a eu beaucoup recours au chômage partiel partiellement financé par l’État pour survivre. Mais les contrats d’APLD ne peuvent durer plus de 36 mois, et la plupart arrivent à échéance entre fin 2024 et fin 2025. C’est le cas de Tenneco (en 2025), ou de Schaeffler, dès la fin 2024. « Le chômage partiel n’est de toute façon pas une solution à long terme mais c’est sûr que ça pourrait encore aggraver les choses pour nous en 2025, et sûrement encore en 2026 et en 2027 », estime le délégué syndical CGT Schaeffler Mehmet Karaoglan.

Selon Olivier Delacourt, de la CFDT, l’APLD agit encore comme un écran de fumée devant la réalité de la crise qui touche le secteur :

« Une entreprise comme Stellantis, à Mulhouse, repose en partie sur le chômage partiel encore aujourd’hui : une partie des salariés ne travaille qu’un ou deux jours par semaine. Ça leur permet de maintenir la tête hors de l’eau. En 2025, surtout au deuxième semestre, ce sera terminé. C’est là qu’on ressentira vraiment les effets de la crise. »

Dans un communiqué publié le 27 novembre, la CGT Grand Est estime que ce sont « plusieurs milliers d’emplois qui sont directement menacés dans la filière automobile » dans la région. Le syndicat appelle à une « mobilisation générale pour les emplois industriels » devant les locaux du Medef, le 12 décembre à Metz.

Grâce à Ithaque, Strasbourg est devenu un modèle national de lutte contre les addictions

Grâce à Ithaque, Strasbourg est devenu un modèle national de lutte contre les addictions
Fin des années 90, le bus itinérant d’Espace Indépendance sillonnent les rues de Strasbourg pour aller à la rencontre des usagers de stupéfiants.

Depuis 30 ans, l’association Ithaque multiplie les actions pour réduire les risques face aux addictions. Retour sur un combat avant-gardiste, constamment soutenu par la municipalité de Strasbourg.

« Ithaque, c’est comme une deuxième famille pour moi. Ils m’ont donné l’équilibre dont j’avais besoin quand je cherchais à sortir de la bouteille et du shit. » Jeudi 28 novembre, les micros du conseil municipal de Strasbourg ont amplifié des témoignages rares. Anciens alcooliques, accros à l’héroïne et autres stupéfiants ont pu s’exprimer dans une salle comble. À l’occasion du 30ème anniversaire d’Ithaque, il était impossible de ne pas donner la parole à ceux qui sont au cœur des préoccupations de l’association spécialisée dans la réduction des risques liés aux stupéfiants.

« Nous ne fermons pas les yeux sur la réalité du terrain »

Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg (Les Écologistes)

Comme l’a résumé la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian (Les Écologistes), cette philosophie appliquée sans relâche depuis 1994 a permis à Strasbourg de faire figure de modèle dans la politique sanitaire et sociale face aux addictions :

« Nous ne fermons pas les yeux sur la réalité du terrain. L’objectif c’est d’être à l’écoute des besoins et des difficultés qui s’expriment. C’est cette approche qui nous conduit à oser, à innover. Y compris sur des sujets qui peuvent paraître subversifs ou tabous mais qui correspondent à des réalités concrètes dans nos villes et dans nos territoires. »

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À Stimultania, les exils éternels d’Anne Immelé

À Stimultania, les exils éternels d’Anne Immelé
Vue d’ensemble de la dernière partie de l’exposition

Anne Immelé expose Melita, מלט −MLṬ, Refuge, un voyage photographique entre Malte et les rives de la Méditerranée à Stimultania. L’exposition itinérante rend visibles les exilés d’hier et d’aujourd’hui, en documentant leur traversée et leur arrivée. 

Photographe et co-fondatrice de la biennale de photographie de Mulhouse, Anne Immelé propose une nouvelle exposition intitulé Melita, מלט −MLṬ [melet], Refuge, jusqu’en janvier à la galerie Stimultania. 

Durant un voyage à Malte, elle est fascinée pour la mer Méditerranée, et par les grottes maltaises, qui bordent et ont constitué des premiers refuges pour les humains. En mêlant l’histoire des Phéniciens, ce peuple antique de marchands, et le présent des personnes en exil, elle a conçu une exposition qui met en avant le refuge que peut constituer la nature. L’exposition est itinérante, l’artiste accorde une grande importance à son propre mouvement, à celui de son projet, tout comme à celui des réfugiés dont elle dresse le portrait. Après avoir exposé en Italie à Trévise, dans une église, dans les rues de Palerme, à Malte et en Tunisie, l’exposition s’installe à la galerie Stimultania, dans le quartier Gare de Strasbourg. 

Melita, מלט −MLṬ (en hébreu), qui renvoie directement à la ville de Malte, s’attache à inclure une multitude d’interrogations d’actualité (politique, écologique, sociologique). Dans une démarche collective et militante, ce lieu prône l’accessibilité de l’art à travers différents ateliers de médiations, notamment leur jeu les mots du clic, qui permet de questionner les images qui nous entourent.

Un dialogue universel

Anne Immelé dresse un parallèle entre l’expansion du monde phénicien aux aurores de l’antiquité et la condition contemporaine des personnes contraintes de s’exiler. Elle part d’un constat : la quête d’un refuge est universelle. À travers ses photographies, elle propose une « constellation d’images qui opèrent une connexion entre l’intemporel des roches et l’éphémère des vies humaines ».

L’exposition se découpe en quatre parties, dont la dernière présente la nature comme un refuge. Pour l’artiste, les arbres avec leurs feuilles, les grottes ou encore les sols de sable représentent cette figure hospitalière, toujours prête à accueillir. Dans l’exposition, elle présente alors des grottes maltaises photographiées à différentes échelles, ou encore un arbre millénaire. Sur l’une des photographies, on peut d’ailleurs voir un homme s’abriter sous cet arbre gigantesque, les immenses racines lui servent à s’adosser et laisse penser à des bras tendus permettant de se reposer. La scénographie de l’exposition met en lien des êtres non-vivants, des éléments de la nature (feuilles, brindilles, cailloux) avec les photographies de Anne Immelé, proposant alors un espace harmonieux et original aux visiteuses et visiteurs.

Une expo sur, avec et pour les exilés 

La démarche de l’artiste se veut inclusive et bienveillante. Anne Immelé part à la rencontre d’exilés dans des centres d’accueil de différents pays, écoute leurs histoires, leurs traversées, et, admirant leur courage et leur force, elle décide de leur donner un espace d’expression. Dès l’entrée, un parchemin s’étend du plafond jusqu’au sol, et relate des épisodes tragiques de traversées meurtrières. On retrouve également une série de portraits accompagnée d’un petit texte qui résume l’histoire et le parcours de ces personnes en quête d’un refuge. 

Peu visibles, mal prises en charge, ces personnes sont parfois stigmatisées dans les pays d’accueil européens. Avec cette exposition, l’idée est de renverser l’image du « migrant menaçant » qui peuple les discours politiques. L’exposition se construit avec et pour ces personnes en transit, d’une part en écoutant leurs témoignages et en les rendant visibles aux yeux d’un large public et d’autre part en privilégiant les expositions dans des lieux moins conventionnels que des institutions muséales, accessibles à toutes et à tous comme des façades extérieures, des églises, des associations à l’entrée gratuite (comme Stimultania). L’idée étant que cette exposition s’extirpe des sphères privilégiées et leur soit ainsi adressée. 

En décembre, documentaires, débats et soirées pour sortir de l’hypercentre

En décembre, documentaires, débats et soirées pour sortir de l’hypercentre
Une table-ronde drag show du Marché Off 2023.

On peut penser que le Marché de Noël monopolise les sorties en décembre mais il n’en est rien. Voici une sélection de concerts, évènements et expos pour bouger dans la ville en dehors des marchés surpeuplés.

Accaparée par le Marché de Noël, la Grande-Île peut faire figure de repoussoir en décembre. On pourra se rendre à une projection à la faculté de médecine sur les violences sexistes et sexuelles à l’Université. Dans des débats au Molodoï et au centre socioculturel de Koenigshoffen, il sera question d’engagement dans les quartiers et d’éducation populaire. On pourra danser au Molodoï, au CRIC ou dans l’espace culturel NooToos de l’église Saint-Pierre-le-Vieux, Strasbourg. Oui, l’agenda culturel du mois de décembre propose de déserter l’hypercentre de Strasbourg, exception faite pour la place Grimmeisen et son Marché Off.

Danser, boire et manger solidaire au Marché Off

Sorte d’anti-messe écolocompatible du Marché de Noël, le Marché Off occupe la place Grimmeissen tous les après-midis du mois de décembre. Coordonné par la Chambre de l’économie sociale et solidaire, la programmation statique et vivante du Marché Off met en avant les initiatives écologiques, les techniques de ré-emplois, les mécanismes de coopération et de solidarité… Le tout dans un environnement artistique préparé par l’équipe de L’Ososphère et agrémenté de produits du terroir alsacien, dont un vin blanc chaud à la confiture de mirabelle qui vaut à lui seul le déplacement (à 6€ les 30cl tout de même, on espère qu’à ce prix, il réduit la faim dans le monde).

La programmation se décline en « journées thématiques » pour chaque week-end : Agissons contre la précarité, consommons éthique, déconstruisons les barrières du genre, approprions-nous les mobilités durables, embarquons vers un futur inclusif, dessinons la ville de demain, raisonnons la consommation textile, construisons un monde respectueux du bien-être animal, cultivons les vies sur Terre, luttons contre les discriminations raciales, éveillons-nous grâce au livre… À noter que chaque dimanche à 18h30, il y aura un concert d’un artiste du Grand Est à découvrir.

Deux documentaires féministes

Le 3 décembre, le syndicat Alternative étudiante projette le documentaire Briser le silence des amphis. Réalisé en 2022 par Lysa Heurtier Manzanares et plusieurs collectifs de l’université de la Sorbonne, il met en scène les témoignages d’étudiantes et de personnels enseignants, racontant leurs vécus de violences sexistes et sexuelles.

À l’occasion du passage à Strasbourg d’Adeline de Lépinay, militante du mouvement d’éducation populaire et autrice du livre Organisons-nous !, plusieurs associations organisent une projection suivie de discussions au Molodoï jeudi 5 décembre à 19h. Le film Femmes Politiques raconte l’histoire d’un collectif d’habitantes de Stains (93) qui se mobilise pour les conditions d’éducation de leurs enfants et pour dénoncer les inégalités de moyens attribués aux écoles des quartiers populaires.

Cette soirée sera suivie d’un débat au centre socioculturel Camille Claus à Koenigshoffen le vendredi 6 décembre à partir à 19h. Les débats porteront sur les questions : « Éducation populaire et quartier populaire : Qui veut changer quoi ? Qui veut éduquer qui ? » L’événement est organisé par les associations et collectifs La Cab4n, Front de Mères Strasbourg, Gesticulations Grand Est, l’APEStE et d’autres.

Danser solidaire

Né de la rencontre entre une famille à la rue et une choriste strasbourgeoise, un concert de soutien est organisé à l’espace NooToos, mardi 10 décembre 2024. Mis en place par l’association strasbourgeoise Courant d’Art, l’évènement met en scène les chanteurs Isabelle Marx et Richard Doust, la chorale Soudara, le quatuor Noufissa Kabbou et le chanteur alsacien Edwàr.

Au programme, des mélodies venues d’Alsace et d’ailleurs ainsi qu’une exposition par le photographe Benjamin Roos. Les recettes de la soirée iront à la famille Aaram, réfugiée d’Afghanistan, qui a vécu plusieurs semaines sur le camp de Krimmeri à la Meinau :

« Ensemble, nous avons l’opportunité d’accompagner cette famille dans son processus d’intégration et de les aider à bâtir un avenir plus serein. »

Danser collectif

Depuis 2008, le collectif strasbourgeois OH! rassemble des musiciens et musiciennes locales autour de plusieurs genres musicaux, allant du jazz au rock en passant par des mélodies envolées. Samedi 14 décembre, ils organisent un grand mash-up dès 18h30.

L’occasion de découvrir la profondeur des compositions de Stéphane Imbs, les envolées guitaresques de La Strizza ou l’ensemble phare du collectif, le Dream Weapon Orchestra.

Danser Noël un peu partout

Il revient chaque année comme un rendez-vous des vieux amis qu’on attend avec enthousiasme et excitation : c’est Paye ton Noël. Après un bref passage au Marché Off, Paye Ton Noël s’installe place de Zurich du vendredi 6 au dimanche 8 décembre avec un programme composé de découvertes musicales et de spectacles foutraques.

La playlist de Paye ton Noël 2024.

Parmi la programmation, citons le retour du Grand colossal théâtre avec Batman contre Robespierre, une troupe qui a électrisé son public en août lors du Festival des arts dans la rue de Strasbourg. Et surtout le rendez-vous dont tout le monde a besoin : Justine chante Noël à donf, samedi 7 décembre à 15h, parfait pour se tuer les cordes vocales sur Vive le vent et se préparer à enterrer dignement 2024.

Le festival donne ensuite rendez-vous pour un festival de courts-métrages amateurs mardi 10 décembre au Star Saint-Exupéry puis s’installe pour trois soirées, neuf concerts, au Molodoï du jeudi 12 au samedi 14 décembre. Parmi les artistes invités, le rap chanté de Jean, la techno-pop de Yolande Bashing, le post-punk de Rank-O, ou la dark disco de Mon Cher Guy. Il faut y aller en confiance.

Et ce n’est pas fini puisque Paye ton Noël s’installe à la Grenze le week-end suivant, une première dans ce lieu, avec là encore deux petits concerts par soir et un DJ set pour finir. Parmi les artistes invités, citons le rap de Just Shani et l’electro de Ippon.

De la danse sous chapiteau

Pendant deux semaines, les chapiteaux de Graine de cirque au Port du Rhin accueillent des compagnies professionnelles pour le festival Noël en piste. Les séances en semaine sont réservés au public scolaire tandis que celles des deux week-ends sont tous publics. Cette année, Graine de cirque invite la Compagnie Si Seulement, une compagnie formée autour de la danse en 2013 par María del Mar Reyes et Hugo Ragetly, formés à École nationale de cirque de Montréal. Ven est un spectacle accessible à partir de cinq ans.

Ven de la Compagnie Si Seulement

Autre compagnie invitée, Hands some Feets vient de Finlande avec leur premier spectacle du même nom. Le duo formé par Liisa et Jeromy Nuuk, tous les deux issus de l’École supérieure des arts du cirque de Cambrai, se concentre sur des performances de cirque contemporain.

Présentation de Hands some Feets.

Marie-Hélène, ouvrière à l’Adapei : « On entre avec un handicap. On sort encore plus cassée » 

Marie-Hélène, ouvrière à l’Adapei : « On entre avec un handicap. On sort encore plus cassée » 
Marie-Hélène, ouvrière et délégué syndicale CGT à l’Adapei Papillons Blancs d’Alsace.

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Au collège Lezay-Marnésia, les succès d’une « leçon de solidarité »

Au collège Lezay-Marnésia, les succès d’une « leçon de solidarité »
Le collectif Droit au logement 67 déploie sa banderole devant la CEA.

Après trois semaines d’occupation du collège Lezay-Marnésia pour loger les familles d’enfants à la rue, la Collectivité européenne d’Alsace a fini par installer de jeunes majeurs isolés dans ses appartements de fonction vides. Entre temps, le collectif a réussi à faire de l’occupation de ces logements un sujet politique de premier plan.

Ils peuvent prier le Christ, la Vierge ou Frédéric Bierry, les portes de l’Hôtel du département resteront closes. Venus assister à une conférence sur le droit local, deux quinquagénaires se retrouvent perdus au milieu d’un rassemblement pour le droit au logement, mardi 26 novembre. Sur le parvis du bâtiment de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), la foule d’une centaine de personnes s’amuse du désarroi des passants et entonne ses slogans de plus belle. Une grande banderole jaune de l’association Droit au logement 67 les résume tous : « UN TOIT = UN DROIT ».

En criant, en chantant, de manière douce ou au mégaphone, les associations et les collectifs ne savent plus quoi faire pour être entendus par la CeA. « Ce soir, on a deux familles qui retournent sous tente. On alerte depuis le 25 septembre et rien n’est proposé ! » Au micro, Céline Balasse est professeure au collège Lezay-Marnésia, un établissement au centre de la mobilisation. Depuis le 12 novembre, une vingtaine d’enseignants et de personnels éducatifs se relaient dans le CDI pour y loger plusieurs familles dormant à la rue.

Leur mobilisation s’articule autour d’une équation simple, tenant sur une petite affiche : « 2 appartements de fonction vides, 8 élèves qui vivent sous une tente ». C’est la CeA qui est propriétaire de ces logements. Près de trois semaines après le début de leur mobilisation, le département refuse toujours catégoriquement.

Prime au rapport de force

Avant d’en arriver à l’occupation, le collectif aura épuisé toutes les voies de dialogue institutionnel possibles. Une première motion a été adoptée par le conseil d’administration du collège, le 6 février 2024, pour alerter la CeA sur la situation des familles. Le 20 juin, une « interpellation citoyenne » réunissant 496 signatures a été lancée sur la plateforme web de la CeA. Puis le 3 juillet, un premier rassemblement a été organisé devant l’Hôtel du département à Strasbourg.

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Fermeture des cantines de Strasbourg le 5 décembre

Fermeture des cantines de Strasbourg le 5 décembre

Dans un communiqué, la ville de Strasbourg annonce qu’en raison d’un préavis de grève, aucune de ses cantines ne sera ouverte le 5 décembre 2024.

Il n’y aura pas de cantine le 5 décembre à Strasbourg. Par communiqué de presse, la municipalité annonce qu’en raison d’un « préavis de grève impactant l’ensemble des personnels éducatifs », aucun accueil en cantine ne sera possible de 12h à 14h ce jour-là. Aucune démarche n’est à effectuer car les repas ne seront pas facturés, explique-t-elle.

« Les enfants devront impérativement être recherchés par un parent ou un·e représentant·e désigné·e sur le formulaire d’inscription au plus tard à midi et/ou 16h30 », précise l’institution.

Six école proposeront un service minimum d’accueil pour les écoliers scolarisés dans des établissements au ou moins 25% des enseignants seront grévistes. Les informations sont à chercher auprès de la direction de l’établissement scolaire :

    Quartiers Hautepierre – Cronenbourg : accueil à l’école maternelle Catherine – (1 place de la Comtesse de Ségur Quartiers Neudorf – Port du Rhin : accueil sur l’école primaire du Schluthfeld – (62 rue de Saint Dié) Quartiers Robertsau – Esplanade et Conseil des XV : accueil sur le site de l’accueil de loisirs Schwilgué (45-47 rue de la Doller) Quartiers Gare – Centre-ville et Krutenau : accueil sur l’école maternelle Sainte Madeleine (2 place Sainte Madeleine) Quartiers Elsau – Montagne Verte – Koenigshoffen et Poteries : accueil à l’école maternelle Gliesberg (10 chemin du Gliesberg) Quartiers Meinau et Neuhof : accueil à l’école Guynemer (11 rue d’Argenton- Annexe)

Ce rapport favorable aux « salles de shoot » que Bruno Retailleau ne veut pas voir

Ce rapport favorable aux « salles de shoot » que Bruno Retailleau ne veut pas voir
À Paris, le nombre de seringues ramassées autour de la HSA est passé de 150 à moins de 10 par jour.

Un rapport préconise l’ouverture de nouvelles salles de consommation à moindre risque. Il s’appuie notamment sur la réussite du dispositif installé depuis 2016 à Strasbourg.

« Les salles de shoot créent plus de problèmes qu’elles n’en règlent. » À entendre cette déclaration du ministre de l’Intérieur le 6 novembre, il est clair que Bruno Retailleau (LR) n’a pas lu le rapport commandé par les ministères de l’Intérieur et de la Santé concernant les Haltes Soins Addictions (HSA). Le dispositif a connu plusieurs appellations, comme la salle de consommation à moindre risque (SCMR), ou « salle de shoot » pour ses détracteurs. Rendue en octobre 2024, l’évaluation de cette expérimentation est positive. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection Générale de l’Administration (IGA) préconisent d’offrir un cadre légal stable aux deux HSA existantes à Strasbourg et à Paris, pour permettre l’ouverture d’autres centres en France.

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Pour protester contre l’austérité, Schiltigheim ferme ses services publics le 4 décembre

Pour protester contre l’austérité, Schiltigheim ferme ses services publics le 4 décembre
La maire de Schiltigheim, Danielle Dambach.

Le 4 décembre, les services publics de Schiltigheim seront à l’arrêt pour protester contre la baisse des financements de l’État aux collectivités. La décision a été prise par la quasi-totalité du conseil municipal, mardi 26 novembre.

Parés d’écharpes noires, les élus du conseil municipal de Schiltigheim ont voté une délibération visant à fermer tous les services publics de la commune pour une journée, mercredi 4 décembre. Votée lors du conseil municipal du 26 novembre, cette « grève » de la collectivité a été décidée pour protester contre « la pression budgétaire croissante exercée sur les collectivités locales », alors que dans le projet de loi de finances 2025, l’Assemblée nationale impose des économies conséquentes aux collectivités.

Les accueils jeunes et seniors, les services d’état-civil, ou encore les installations sportives resteront donc fermées. Pour la maire de Schiltigheim Danielle Dambach, l’objectif de la mesure est d’alerter sur les conséquences d’une « asphyxie budgétaire » voulue par le premier ministre Michel Barnier, estimant que « d’ici à 2025, 650 000€ pourraient disparaître » du budget de la Ville.

La justice suspend l’interdiction de la conférence de Rima Hassan à l’Université de Strasbourg

La justice suspend l’interdiction de la conférence de Rima Hassan à l’Université de Strasbourg
Rima Hassan, devant le Parlement européen en octobre 2024.

L’Université de Strasbourg avait interdit la tenue d’une conférence avec l’eurodéputée Rima Hassan prévue par le Comité Palestine Unistras jeudi 28 novembre. Cette décision a été suspendue par le tribunal administratif ce mardi 26 novembre. L’université va faire appel devant le Conseil d’État.

La salle est comble au rez-de-chaussée du tribunal administratif de Strasbourg, mardi 26 novembre à 10h. Devant trois magistrats administratifs saisis en référé, l’Université de Strasbourg (Unistra) a dû justifier son refus d’autoriser la venue de l’eurodéputée Rima Hassan (LFI), invitée par le Comité Palestine Unistras. En début de soirée, les juges auront tranché : l’Université de Strasbourg n’avait pas le droit d’interdire la conférence sans avoir auparavant discuté avec les étudiants des modalités d’organisation de celle-ci. La décision du président de l’Unistra porte atteinte, selon la justice, à la liberté d’expression.

« Aucune vocation politique »

Quelques minutes plus tôt, des manifestants ont accueilli l’eurodéputée, connue pour son engagement en faveur de la cause palestinienne, avec de grands drapeaux israéliens. Consciente de la tension présente dans la salle, la présidente du tribunal administratif Anne Dulmet, estime que « cette audience n’a aucune vocation politique » et que le fond de la conférence ne sera pas abordé. La liberté d’expression à l’université étant garantie par le code de l’éducation, seule « une menace réelle pour l’ordre public, reposant sur des circonstances particulières », peut justifier sa limitation. Elle annonce d’emblée qu’elle n’hésitera pas à suspendre la séance en cas de manifestations :

« Ce matin, nous avons à juger si le comportement de l’université constitue une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale. »

Le 20 novembre 2024 , l’Université de Strasbourg, présidée par le prêtre et théologien catholique Michel Deneken, avait refusé par courriel la demande de réservation d’une de ses salles pour que le collectif Palestine Unistras puisse inviter Rima Hassan pour une intervention sur les droits de l’Homme au Moyen-Orient. Effectuée le 7 novembre par les étudiants et étudiantes, la demande sera qualifiée de trop imprécise par l’avocat de l’Université, Me Olivier Maetz. Officiellement, l’université a invoqué des risques de troubles à l’ordre public pour ne pas autoriser la conférence.

Mais les prises de parole de Rima Hassan sont régulièrement sujettes à des interdictions universitaires. Le 22 novembre, le tribunal administratif de Paris a ainsi autorisé sa conférence à Sciences Po que l’institution voulait lui refuser. En mai, c’est le Conseil d’État qui a approuvé la venue de Rima Hassan à Paris Dauphine.

Le service d’ordre en question

Dans ces décisions, les magistrats administratifs ont systématiquement considéré que les risques de troubles à l’ordre public étaient peu circonstanciés. « Ce sont les idées, les opinions de Rima Hassan qui posent problème à l’université, estime Me Florence Dole, avocate du Collectif Palestine Unistras, alors que ses propos ont toute leur place dans ce cadre, ils intéressent le débat interne à l’université. » Elle rappelle le mandat de Rima Hassan au Parlement européen, ainsi que sa formation de juriste, sa spécialité en droits fondamentaux, en migrations internationales, et son expertise de la situation palestinienne.

La demande faite à l’université, pour la conférence du 28 novembre concerne un colloque sur le thème de l’Union européenne et les relations internationales. D’un côté, l’institution s’estime flouée : « On n’avait ni le contenu précis de la conférence, ni la salle précise, ni le nombre de participants… », précise Me Olivier Maetz. Le conseil de l’université considère que l’organisation du collectif a fait preuve d’amateurisme.

De l’autre côté, le collectif dit ne pas comprendre le refus sec, sans discussion, de l’Unistra. « On a fait la demande le 7, relancé le 18 et essuyé un refus le 20 », retrace Pauline, membre du collectif. « L’université a manqué à son devoir de permettre la diversité d’opinion », assène Me Florence Dole.

Pour justifier le refus sec, Me Olivier Maetz rappelle qu’en mars 2024, le collectif avait refusé de répondre aux conditions posées par l’université pour tenir la conférence de deux médecins revenus de Gaza. « On voulait avoir la liste des personnes inscrites et des précisions sur la sécurisation de l’évènement », explique-t-il. Iman, du Comité Palestine Unistras, rappelle que l’université leur avait surtout demandé une compensation financière pour le service de sécurité, trop élevée pour les moyens de l’organisation. « Habituellement, nous avons entre 15 et 20 étudiants qui font le service d’ordre et tout se passe très bien », soulève-t-elle.

« Il s’agit de censure »

Après ces échanges, la présidente du tribunal veut en savoir plus sur le contenu prévu de la conférence. Elle tente de déterminer si le collectif a menti sur le libellé, ou s’il a simplement fait une demande générale avant de fixer précisément l’angle choisi pour le débat.

Sur ses questions, Rima Hassan insiste :

« Je suis fréquemment invitée pour parler de droit international et de migrations. C’est à travers ces prismes que j’interviens pour aborder la question palestinienne. Au niveau de l’Union européenne, je fais partie de commissions et de groupes de travail spécialisés. Il s’agit de censure, ça ne me fait pas plaisir de venir devant les tribunaux pour avoir le droit de participer à des débats avec des étudiants. »

Sur ses réseaux sociaux, l’eurodéputée a annoncé qu’à chaque interdiction de ses prises de paroles, elle déposera un recours auprès du tribunal compétent. « Ce qui se passe devant vous se passe dans d’autres villes, d’autres pays, j’aimerais que l’Université de Strasbourg fasse preuve de courage », assène-t-elle avant de devoir retourner au Parlement européen.

Après plus d’une heure d’audience, les débats commencent à s’essouffler. Pour le Comité Palestine Unistras, Iman tient à expliquer que leur mission est de donner de l’information à la communauté étudiante, et que plusieurs de leurs évènements, en mars et en février, se sont très bien déroulés. « Nous voulons participer à mettre l’université au cœur de la cité, en y organisant des débats ouverts au plus grand nombre », conclut-elle.

Suivant une logique similaire à celles du tribunal administratif de Paris et du Conseil d’État, le tribunal administratif de Strasbourg a décidé, en fin d’après-midi du mardi 26 novembre, de suspendre le refus de l’Université de Strasbourg. « Il s’agit d’une victoire particulièrement importante, le juge des référés a joué son rôle de protecteur des libertés. Ces interdictions répétées doivent cesser pour permettre un débat d’intérêt général sur la situation d’une extrême gravité à Gaza », soulève Me Vincent Brengarth, avocat de Rima Hassan.

Selon France 3 Grand Est, l’Université de Strasbourg a communiqué qu’elle ferait appel de cette décision devant le Conseil d’État, soutenant que « l’ordonnance du jugement ne vaut pas injonction d’autoriser la tenue de la conférence ». Parallèlement, dans un post Instagram, le Comité Palestine Unistras a donné « rendez-vous jeudi à 18h sur le campus » pour la conférence.

Marché de Noël : barrages filtrants, fouilles de véhicules et drones dans le ciel pendant un mois

Marché de Noël : barrages filtrants, fouilles de véhicules et drones dans le ciel pendant un mois
Barrage filtrant à l’entrée de la Grande Île, en 2022.

Pendant un mois, la préfecture du Bas-Rhin met en place les traditionnelles mesures de sécurisation autour du marché de Noël, entre barrages filtrants, fouilles des voitures et drones. Et avec elles, des restrictions de circulation, certains rues seront à sens unique pour les piétons.

Nouveau préfet, même dispositif. Pour assurer la sécurité de l’édition 2024 du Marché de Noël, le nouveau préfet du Bas-Rhin, Jacques Witkowski, a indiqué mardi 26 novembre lors d’une présentation à la presse qu’il avait repris les mêmes principes que ceux utilisés lors des éditions précédentes, d’autant que ces principes ont été approuvés, certifiés, tamponnés par un audit de l’Inspection générale de la police nationale.

21 points d’accès

C’est donc reparti pour un mois de barrages filtrants sur 21 points d’accès à la Grande Île de Strasbourg, des fouilles des véhicules aux points de passage, des drones en permanence dans le ciel et des policiers partout. En cas d’incident, les forces de l’ordre devraient pouvoir réagir dans la minute mais, assure Jacques Witkowski, l’objectif de ce dispositif de sécurité est bien de « se mettre au service d’une manifestation festive ».

Mesures de sécurité prévues pour le Marché de Noël, lors des week-ends à gauche, de manière exceptionnelle à droite.

Une manifestation d’audience mondiale qui devrait, selon les pronostics des professionnels du tourisme, atteindre les niveaux de fréquentation de l’édition précédente. En 2023, le record a été établi à plus de 3,3 millions de visiteurs. La grande question sécuritaire, c’est la gestion des flux : tout faire pour éviter que trop de gens ne s’agglutinent au même endroit, afin de prévenir des mouvements de foules qui peuvent être dramatiques.

Pour améliorer ces flux de circulation piétonne, la préfecture et la Ville de Strasbourg ont choisi d’instaurer des sens de circulation dans certaines rues. Les plus étroites, comme la rue des Orfèvres ou la rue de l’Outre entre la place Kléber et la place du Temple-Neuf et les plus fréquentées comme la rue Mercière, la rue du Maroquin entre la Cathédrale et le Palais Rohan… Ces sens de circulation ne devraient être activés que lors des périodes habituellement les plus intenses, c’est à dire les week-ends, voire les mercredis.

L’accès à la Cathédrale déplacé

Quant à la Cathédrale elle-même, elle ne sera plus accessible que par sa façade sud, via la place du Château. Et si la situation l’exige, la station de tram Homme-de-Fer pourrait être également fermée temporairement.

« Nous procéderons à une gestion des flux par clapets », a précisé Jacques Witkowski, qui a cité plusieurs fois son expérience dans la sécurisation des Jeux olympiques lorsqu’il était préfet de la Seine-Saint-Denis :

« C’est-à-dire que si les policiers constatent visuellement ou par les drones qu’une zone est trop dense en visiteurs, nous en fermerons l’accès temporairement, le temps de la résorption. Nous serons vigilants à faire en sorte que ces fermetures temporaires n’embolisent pas les zones à proximité. »

Jeanne Barseghian, maire (Les écologistes) de Strasbourg, a insisté sur l’importance des parkings-relais dans l’amélioration de l’accès au centre-ville :

« Les automobilistes ne seront plus orientés vers le centre-ville lorsqu’ils chercheront le Marché de Noël mais vers des parkings-relais, afin qu’ils se rendent en tramway au centre-ville. Quant aux bus, ils devront désormais disposer de créneaux de dépose et de reprise de leurs voyageurs, ce qui évitera l’engorgement de certains point d’accès. »

Deux parkings supplémentaires ont été aménagés : au Zénith, doté d’une navette faisant la liaison avec le centre-ville et devant la clinique Rhéna.

Les contes et les familles à l’honneur

Pour son édition 2024, le Marché de Noël reprend la thématique du livre, un brin obligatoire puisque la ville est Capitale mondiale du livre 2024, en faisant une large place aux contes, aux histoires, à la famille et au monde de l’enfance.

Le plan officiel de Strasbourg, capitale de Noël 2024 Photo : Ville de Strasbourg

La Ville de Strasbourg a installé un chalet dédié à la rencontre des éditeurs alsaciens, place Saint-Thomas, occupé chaque jour par un éditeur différent tandis que rue Brûlée, la cour de l’Hôtel de ville accueille une « chambre de lecture », un décor « entouré de sapins majestueux qui invite à la rêverie, à la convivialité et au partage en famille ».

Un polluant éternel contamine la quasi-totalité de la nappe phréatique alsacienne

Un polluant éternel contamine la quasi-totalité de la nappe phréatique alsacienne
Le TFA a été retrouvé dans 97,5% des points de mesures analysés par l’Aprona.

L’Observatoire de la nappe d’Alsace a repéré un polluant éternel dans 97,5% de ses 200 points de mesure. Ce composé est issu, notamment, d’un herbicide classé comme perturbateur endocrinien.

Il a discrètement contaminé l’Alsace. Son nom : le TFA. Derrière ces trois lettres se cache l’acide trifluoroacétique (TFA), polluant éternel appartenant à la famille des PFAS (alkyls perfluorés et polyfluorés). Ce composé « extrêmement persistant dans l’environnement » a été identifié partout, ou presque, dans la nappe phréatique alsacienne.

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Thibault Vetter suit les collectifs militants et les associations qui se mobilisent partout dans la région face aux projets écocides, comme de nouvelles zones d’activités sur des terres cultivables. Il enquête sur diverses sources de pollution, les pesticides, les usines, et leurs impacts sur la santé publique. Un travail de l’ombre, qui nécessite beaucoup de contacts et le décorticage de nombreuses alertes.

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Ithaque a 30 ans et propose des événements sur l’accompagnement des usagers de drogues

Ithaque a 30 ans et propose des événements sur l’accompagnement des usagers de drogues
Entrée de la salle de consommation à moindre risque Argos et de l’hébergement pour 20 personnes, deux structures gérées par l’association Ithaque.

Pour ses 30 ans, du mardi 26 au samedi 30 novembre, Ithaque propose un programme mêlant projections, journée porte ouverte et soirée de soutien, afin de faire connaître l’accompagnement et la prévention des addictions.

En décembre 1994, rue de Bischwiller, Ithaque ouvrait un premier stand pour accueillir les usagers de drogues. À rebours de la rhétorique sécuritaire et moralisatrice entourant les addictions, l’association n’exige pas l’abstinence comme condition préalable à l’accueil et aux soins. 30 ans plus tard, Ithaque n’a pas quitté le quartier Gare et reste un soutien solide, pour les usagers de drogues.

L’association est notamment célèbre pour sa salle de consommation à moindre risque située dans l’enceinte de l’Hôpital civil de Strasbourg. Les usagers de drogues y trouvent un espace où consommer dans des conditions sécurisées. C’est aussi un lieu où un accompagnement peut-être mis en place avec des infirmiers, des travailleurs sociaux, des médecins, des psychiatres ou encore des psychologues.

Les enjeux du soutien aux personnes présentant des addictions sont souvent mal compris. Pour son anniversaire, l’association propose donc un programme visant à faire mieux connaître ses réalisations et sa manière d’accompagner.

Lumière sur un tabou

La semaine s’ouvre mardi 26 novembre à 20h, avec la projection de deux films au cinéma Star : d’abord le court-métrage Ulysse et nous, suivi d’un débat en présence de la réalisatrice Julia Laurenceau. Puis le film My Beautiful Boy de Felix Van Groeningen, qui raconte l’histoire d’un père tentant d’aider son fils face à une addiction à l’héroïne.

Le jeudi 28 novembre, un colloque se tiendra au Centre administratif de la Ville de Strasbourg, abordant le contexte de la création d’Ithaque, et donnant la parole à ses usagers. L’après-midi, des conférences portant sur la légalisation du cannabis en Allemagne, la géopolitique des drogues ou la place des usagers dans les dispositifs de santé suivront.

Une soirée festive organisée au Molodoï se tiendra le vendredi 29 novembre ; elle commencera par la conférence gesticulée du clown Michel Machin, proposant « une approche décalée du sujet tout en gardant l’objectif d’informer, de questionner, de favoriser les échanges » sur ce sujet tabou et pourtant « omniprésent dans la société ». Enfin, le samedi 30 novembre, une journée porte ouverte se tiendra dans les locaux de l’association, au 12 rue Kuhn à Strasbourg.

Le Centre sur les droits des femmes du Bas-Rhin appelle à l’aide

Le Centre sur les droits des femmes du Bas-Rhin appelle à l’aide
Léa Toledano, présidente du CIDFF du Bas-Rhin.

Le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Bas-Rhin lance une campagne de financement afin de trouver les fonds pour pouvoir payer sa trentaine de salariées, qui ont été augmentés par l’État sans compensation.

Il manque plus de 100 000€ au Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Bas-Rhin pour payer les salaires de sa trentaine d’employées. Son budget habituel, composé essentiellement de subventions publiques, ne permet pas de couvrir les augmentations des salaires dues à l’extension de la « Prime Ségur » au secteur social, soit 248€ bruts par mois pour chaque salarié, rétroactive à partir de janvier 2024.

Cette prime a été accordée par arrêté en août par le gouvernement sortant, sans que sa compensation par les finances publiques pour les associations n’ait été discutée ni proposée. Résultat : tous les CIDFF de France sont en difficulté et la fédération nationale a lancé un fonds d’urgence pour soutenir ses associations. Le CIDFF du Bas-Rhin a mis en ligne sa propre collecte afin de faire face à cette soudaine dépense obligatoire.

Une situation menaçante pour le CIDFF

Dans un communiqué, Léa Toledano, présidente du CIDFF 67, alerte :

« Bien sûr c’est une bonne chose pour nos salariées qui méritent d’être gratifiées pour un travail qui est difficile et exigeant mais sans le financement de la part des pouvoirs publics, nous nous retrouvons pour la première fois face à une situation extrêmement menaçante pour notre association. »

Le CIDFF du Bas-Rhin agit depuis 50 ans pour soutenir les femmes victimes de violences en leur apportant une écoute, des conseils et un accompagnement. L’association intervient également dans l’insertion professionnelle des femmes, leur formation et leur accès à l’emploi et participe à la sensibilisation et à l’information contre les stéréotypes sexistes et pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes. L’association tient des permanences à Strasbourg, mais aussi dans la plupart des villes du Bas-Rhin.

De l’Afghanistan au procès Pélicot, les féministes réclament la fin du patriarcat

De l’Afghanistan au procès Pélicot, les féministes réclament la fin du patriarcat

Lundi 25 novembre, un millier de personnes ont défilé dans les rues de Strasbourg contre les violences patriarcales. Des dominations quotidiennes au travail jusqu’aux législations afghanes réduisant les femmes au silence, les manifestantes ont réclamé la libération de toutes les femmes.

« Y’en a marre. » Capucine a 16 ans. Place Dauphine, dans la soirée du lundi 25 novembre, elle porte une pancarte sans fioriture : « Aux femmes assassinées, la patrie indifférente. » S’il est important pour elle de marcher en cette journée internationale contre les violences faites aux femmes, c’est surtout à cause de « tout de qui se passe dans le monde » :

« Il y a le procès Pélicot qui juge une cinquantaine d’hommes qui ont violé une femme, les jeunes filles qui sont obligées de se marier en Afghanistan, la réélection de Trump, un homme ouvertement misogyne, aux États-Unis, les femmes qui meurent à Gaza… »

Si elle se considère « protégée » des violences patriarcales dans sa bulle lycéenne et militante, Capucine est fière d’être « étiquetée » comme féministe par son entourage. « Ça veut dire qu’on peut venir me parler, que je suis un safe space », sourit-elle. « Car si tous les hommes ne sont pas des agresseurs, presque toutes les femmes ont connu des violences par des hommes », assène la lycéenne.

« Trop de femmes vivent des violences »

Selon une série d’études et de statistiques, 97% des mis en cause par la police ou la gendarmerie, dans des affaires élucidées de violences sexistes et sexuelles (VSS) en 2023 sont des hommes. Tous les mis en cause depuis septembre pour avoir violé Gisèle Pelicot, endormie par son mari, sont des hommes. Tous les trois jours en moyenne, un homme tue sa compagne ou son ex-compagne.

Dans la foule qui attend le début des prises de paroles, Carolane, 33 ans, se tient un peu en retrait. L’enseignante chercheuse est triste et en colère. « Trop de femmes vivent des violences et l’intérêt de ce genre de manifestations, c’est de se faire entendre dans l’espace public, qu’on soit beaucoup dans la rue », résume-t-elle.

Au mégaphone, un poème pour les femmes iraniennes est déclamé. La nuit est tombée sur la place et quelques flambeaux éclairent les manifestantes. « D’ici nous saluons Gisèle, nous sommes l’espoir et aucune femme ne marche jamais seule », poursuit une militante féministe. Elle évoque le retrait de la Turquie en juillet 2021 de la convention d’Istanbul, un accord international de 2011 visant à éradiquer les violences faites aux femmes. Mais elle vise aussi la France :

« Car si la Turquie ne traite pas bien les femmes, la France ne respecte pas non plus ce texte. Elle n’intègre pas la notion de consentement pour définir le viol dans le code pénal alors que la Convention le mentionne, ça doit changer ! »

Une idée qui, en renversant la charge de la preuve, divise parmi les juristes et les féministes. Puis une représentante du mouvement de libération des femmes kurdes prend la parole. « La violence contre les femmes, la destruction de nos droits qui continue dans plusieurs pays, ça va au-delà des frontières », souligne-t-elle. Elle évoque le Soudan, où plusieurs femmes se sont suicidées après avoir été violées, le viol étant utilisé par les hommes comme une technique de guerre. « Lutter pour nos droits, pour une vie libre, nécessite une résistance collective », conclut-elle, acclamée par la foule.

« Grandir en tant que femme me fait peur »

Une fois le cortège en marche, quelques fumigènes sont allumés et les slogans fusent. Madeleine, également lycéenne, craint la montée des idées d’extrême droite. « Grandir en tant que femme me fait peur, mais au moins on est ensemble », sourit-elle. La violence, elle la perçoit dans la rue, où elle est parfois harcelée.

Ece, 36 ans, pousse son vélo au milieu de la foule. « La libération est possible, il faut juste démanteler le patriarcat », sourit-elle. Originaire de Turquie, elle trouve que son pays natal banalise les violences mais que la France n’est pas en reste. « Toutes les femmes ont déjà été harcelées dans la rue, même les très jeunes, ça peut commencer quand on a 10, 11 ans », estime-t-elle. Quant à la solidarité entre les femmes de différents pays, elle la chérit :

« Ça fait une dizaine d’années que les combats des unes font les victoires des autres, sur le droit de vote, celui de disposer de son corps, d’être autre chose qu’un objet dont les hommes sont propriétaires. On se bat chacune dans nos pays, on s’entend, on s’écoute. Même si chaque pays a des problèmes différents, qu’en France on a plus de droits qu’en Afghanistan, qu’on est mieux loties ici qu’à Gaza… C’est en luttant collectivement qu’on va gagner. »

Un peu plus loin, Clémentine, 31 ans, donne des exemples quotidiens de l’oppression qu’elle et ses amies subissent quotidiennement. « Les hommes qui prennent la parole à notre place, qui font des monologues, qui nous coupent, qui font des blagues lourdes… » Dans un contexte de travail, ou même sur les pistes cyclables :

« À vélo, ça arrive que des hommes s’emportent et ça me fait toujours peur. Je me demande quelle est l’étape d’après si c’est si facile pour eux de hausser le ton. »

Plusieurs centaines de personnes ont marché à la tombée de la nuit. Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Dénoncer la charge mentale

Face à ces évènements, Clémentine se sent mal et a envie de se révolter. « Donc je manifeste », conclut-elle en partant saluer une amie. Le cortège arrive place d’Austerlitz, alors que la pluie commence à tomber. Inès a un bonnet vissé sur la tête et un accent d’ailleurs. Tout juste arrivée de Toulouse, elle identifie les violences patriarcales surtout au sein de son couple. « Ce n’est pas que j’en fais plus que lui, car si je lui demande de participer aux tâches, il le fait. C’est surtout que je pense plus à ce qu’il faut faire », explique-t-elle, décrivant sa charge mentale :

« Ça peut évoluer si on en parle, mais la plupart de mes amies n’en parlent pas. Si tout le monde se tait c’est comme tout, ça ne change pas. C’est pour ça qu’il faut manifester collectivement. »

Beaucoup de femmes durant la manifestation ont estimé ne pas être « la mieux placée » pour parler des violences patriarcales. D’autres encore se sentent privilégiées d’être en France et pas en Afghanistan, tout en craignant que l’extrême droite ne vienne remettre en cause les droits des femmes, le droit à l’avortement surtout.

Romane s’est donné des objectifs atteignables. Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Portant fièrement sa pancarte, Romane clame haut et fort vouloir la fin du patriarcat comme cadeau de Noël. « C’est un truc que je demande en sachant que je ne l’aurai pas », précise-t-elle en riant. Mécanicienne cycliste, elle constate être oppressée dans sa vie de tous les jours. « Je ne me sens pas respectée, je dois constamment parler plus fort que les hommes pour qu’on m’entende au même niveau qu’eux », estime-t-elle :

« Dans la sphère familiale, je sens que mes frères sont plus écoutés que moi. Ils ont plus de poids et plus de choix, de faire ou non des études, d’avoir ou non de l’ambition. Ça me met en colère et je me sens impuissante. »

Place du Corbeau, Morgane et Marie ferment la marche. Les inégalités, elles les observent elles aussi dans leur travail. « Je suis professeur des écoles et je vois bien que les femmes vont plutôt être en maternelle, avec les petits, comme si c’était leur place », explique Morgane. « Et évoluer dans un emploi, progresser, ça a l’air plus compliqué quand tu es une femme », appuie Marie.

Marie à gauche et Morgane à droite.Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg

Manque de confiance envers les hommes

Le résultat de ces oppressions, réelles ou perçues par les deux amies ? « Ça suscite de la peur de l’angoisse et finalement on a encore moins confiance en nous », explique Morgane, chez qui le procès Pélicot a fait naître un manque de confiance envers les hommes de son entourage. « On se demande si on les connaît vraiment, car au procès ce sont des hommes qui ont l’air ordinaires qui sont accusés », soulève-t-elle.

Toutes deux considèrent que la solution passe par l’éducation, au consentement par exemple et au respect, dès le plus jeune âge chez les petits garçons et les petites filles. « Avec les femmes du monde entier, nos combats sont similaires, ils sont juste à différentes échelles », conclut Marie : « Comme si on savait très bien ce qu’on vivait les unes les autres, c’est la sororité. »

La médecine du travail alerte Horizon Amitié sur la détresse psychique de ses salariés

La médecine du travail alerte Horizon Amitié sur la détresse psychique de ses salariés
L’État verse des millions d’euros tous les ans à Horizon Amitié, acteur majeur de l’aide sociale à Strasbourg.

Un médecin du travail a rédigé une alerte à l’attention de la direction d’Horizon Amitié concernant la souffrance morale exprimée par des salariés. Ces derniers décrivent un management très anxiogène au sein de l’association.

« J’ai constaté les éléments cliniques suivants : pleurs, tremblements, difficultés d’élocution du fait du vécu émotionnel de la situation… » Les observations d’un médecin du travail lors de sa « trentaine de consultations réalisées à la demande des salariés » d’Horizon Amitié sont alarmantes.

Le 16 juillet, le docteur Boris Duquesnel de l’Association de conseil en santé au travail (ACST) a décidé de rédiger une alerte sur les risques psychosociaux, à destination de la direction. Rue89 Strasbourg a pu la consulter. Cette importante association strasbourgeoise compte 250 employés et accompagne 2 000 personnes dans des centres de réinsertion, d’accueil de réfugiés ou de sans-abris.

« Je vous informe que j’ai constaté la présence d’un risque pour la santé des travailleurs, avec une souffrance morale exprimée par au moins une quinzaine de salariés », écrit le médecin du travail. Il liste des éléments « mentionnés régulièrement » lors des rendez-vous :

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